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00:00Et Eugénie Bastier, bonjour.
00:02Bonjour à tous.
00:02A l'occasion du blackout électrique en Espagne, dont les causes restent à déterminer,
00:06vous nous invitez ce matin à relire un roman, Ravage de Barjavel,
00:10où l'auteur de science-fiction imagine un monde où, soudain, l'électricité disparaît.
00:14Train à l'arrêt, métro fermé, communication coupée,
00:17des centaines de personnes bloquées dans des ascenseurs,
00:19des couilles dans les magasins, des gens paniqués dans le noir,
00:22une atmosphère de fin du monde.
00:24Avoir les scènes de chaos en Espagne et surtout le mystère autour de cette coupure d'électricité,
00:28j'ai immédiatement songé au roman de René Barjavel, Ravage, sorti en 1943.
00:34L'auteur de science-fiction imagine une société hyper moderne
00:37où un jour, au cours d'un conflit entre grandes puissances, l'électricité disparaît.
00:42Privée d'eau courante, de lumière, de moyens de déplacement,
00:45les habitants sombrent dans le chaos, la barbarie revient.
00:49Barjavel voulait alors alerter sur les dérives de la technologie
00:51et sur notre extrême dépendance à celle-ci.
00:54Alors en quoi ce livre, Ravage, nous parle-t-il d'aujourd'hui ?
00:57Cette dystopie était écrite dans un tout autre contexte.
01:00D'ailleurs, Barjavel termine son livre écrit en pleine Seconde Guerre mondiale
01:03par un éloge de la société paysanne et traditionnelle,
01:06aux accents quelque peu pétainistes,
01:08où le patriarcat fait sa réapparition et valoriser le goût du travail et de l'effort.
01:13Mais cela nous parle encore plus aujourd'hui qu'à l'époque,
01:16car nous avons une addiction aujourd'hui beaucoup plus forte
01:19à une source d'énergie abondante et bon marché.
01:21Nous oublions bien souvent à quel point notre confort, notre niveau de vie,
01:25nos libertés les plus élémentaires, communiquer, manger, se déplacer, se laver, se chauffer,
01:30sont tributaires de la fée électricité.
01:32Comme le dit le scientifique Jean-Marc Jancovici,
01:35un Français vit aujourd'hui comme s'il avait 600 esclaves à sa disposition.
01:40Alors oui, on peut juger la facture d'électricité toujours trop chère,
01:43mais celle-ci est sans commune mesure avec les services qu'elle nous rend.
01:46L'énergie est le nerf de la guerre, l'architecture souterraine et souveraine de nos vies.
01:50Dans quelle leçon en tirer ?
01:52Écoutez, d'abord que l'accès à une énergie abondante, sûre et relativement bon marché
01:57est l'enjeu majeur du XXIe siècle.
01:59Dans le capitalisme de la finitude qui caractérise notre temps,
02:03la course aux ressources et à l'approvisionnement en énergie sera cruciale.
02:07Il y avait d'ailleurs un contraste saisissant à voir lundi
02:09alors que le chaos régnait en Espagne.
02:11François Bayrou s'exprimait sur la souveraineté énergétique de la France
02:14dans un hémicycle désert.
02:16Les députés étaient en vacances et pour cause, c'était un débat sans vote.
02:21La politique énergétique de la France devrait passer par décret
02:24en toute opacité, sans loi discutée au Parlement.
02:27Ce sujet majeur qui va décider de l'avenir économique de la France
02:30dans les dix années qui viennent mérite mieux qu'un passage en contrebande.
02:34Et ce, alors qu'on apprend de la bouche de l'ex-patronne d'Areva, Anne Lauvergeon,
02:37qu'EDF sous-utilise délibérément son parc nucléaire.
02:41Elle explique aussi que le tiers des factures d'électricité des Français
02:44sert d'abord à subventionner le solaire et l'éolien.
02:47Si une leçon doit être tirée du blackout en Espagne,
02:50c'est que l'électricité est un sujet trop grave
02:52pour que sur cette question, les Français soient laissés dans le noir.
02:55Les Français, les patrons disent toujours la vérité,
02:57mais seulement quand ils ne sont plus aux manettes.
02:59C'est toujours pareil.
03:00Signature Europe 1, Eugénie Bastier.
03:02Merci beaucoup Eugénie.
03:03Allez, dans un instant, l'heure des pros sur Europe 1.
03:06Bonne journée.