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Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise, était l'invité de "Face à Duhamel", dans BFMStory, sur BFMTV.

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Transcription
00:00– Jean-Luc Mélenchon, bonsoir. – Bonsoir.
00:09– Alain Duhamel, bonsoir. – Bonsoir.
00:11– Bonsoir Alain. – Merci d'être là, parce que vous faites rare sur les plateaux télé.
00:15– Oui. – Vous revenez des États-Unis et du Canada.
00:18Vous avez fait la promotion de votre livre, qu'on connaît bien, ici en France,
00:23« Faites mieux », qui a été traduit en anglais, mais alors qu'il n'y a pas le même titre,
00:26« Now the people ». Pourquoi ? Parce que « Faites mieux » en anglais, ça sonne bien.
00:30– Parce que la traduction littérale ne donnait rien, et puis parce que je voulais souligner,
00:38puisque c'est un livre traduit, donc il va être lu par des gens que ces questions concernent directement,
00:44qui ne me connaissent pas, lui donner le sens politique entier.
00:47C'est-à-dire que je pense que nous sommes dans l'ère du peuple et des révolutions citoyennes.
00:52Alors je dois m'expliquer auprès des uns sur ce qu'est l'ère du peuple,
00:55auprès des autres, pourquoi je n'ai pas dit révolution socialiste ?
00:59Et voilà, le titre doit rendre compte de ça.
01:02Et je suis assez content de l'intérêt que suggère, suscite la France insoumise
01:08dans le monde, compte tenu des aventures de la France, dans laquelle…
01:12– Comment on vous perçoit aux États-Unis ?
01:15On vous présente comme étant le leader de la gauche en France ?
01:20– Oui c'est plutôt comme ça, parce qu'ils ne connaissent pas, ils ne lisent pas la presse française,
01:24et quand ils la lisent, ils en ont une opinion assez pitoyable.
01:28Mais parce que vu de loi, eh bien l'homme de gauche qui fait 22%, quand le suivant est à 4%,
01:36vu de loi, vous savez ce que c'est, ils finissent par penser que c'est moi qui suis le plus avancé à gauche.
01:43Voilà, bon, alors ça me va, mais honnêtement je ne peux pas vous dire
01:47quelle perception on peut avoir, parce que globalement la situation est totalement différente
01:52au Québec, pour prendre cet exemple, et aux États-Unis.
01:55Aux États-Unis, dans la profondeur des États-Unis, et peut-être même beaucoup à New York même,
02:00la politique française c'est tout juste si ça ou est la France.
02:03Bon, au Québec c'est beaucoup plus direct, bien évidemment.
02:07Et puis on arrive dans un moment, je suis arrivé dans un moment de tension,
02:10ce qui a modifié ma manière d'être là-bas, ce que j'avais à y faire.
02:15Au départ, comme vous le dites, j'avais un livre, et puis on voit l'installation de M. Trump,
02:20il règne l'ambiance que nous on voit de loin, avec un Français qui a eu de maille à partir
02:26avec le service de la douane, et des contrôles aux frontières.
02:29Alors je me suis dit, puisque j'entre par Montréal, et par Montréal sur les États-Unis,
02:35eh bien je vais, il faut que je change le sens de ce que je fais là.
02:39Pourquoi ? Parce qu'il s'est passé un fait qui vous a échappé,
02:42c'est que M. Trump menace son voisin, le Canada, je crois que tout le monde s'en est rendu compte.
02:47Dans le Canada, il y a d'ailleurs le Québec, qui est pour nous une sorte d'amour permanent
02:53et nostalgique pour les Français, et personne n'a rien dit.
02:57Le président de la République française voit Trump, il se tape sur les cuisses,
03:02il s'enlève la poussière sur les épaules, pas un mot sur le Canada.
03:06La même chose avec le Mexique, je m'empresse de le dire, et j'ai fait les deux pays.
03:10Et puis arrive l'anglais, encore mieux, lui, il est chef du Commonwealth dont est membre, le Canada.
03:15Et alors quand un journaliste lui dit, alors monsieur, vous avez parlé du Canada avec M. Trump ?
03:19Un journaliste qui fait le boulot, quoi.
03:22Un autre, il répond, ah non, non, vous voulez nous fâcher avec Trump ?
03:25C'est-à-dire que personne n'a rien dit.
03:26Et là-bas, quelle que soit l'opinion politique, tout le monde fait la gueule
03:29parce que l'Europe ne s'intéresse à rien, d'après eux.
03:33La question, c'est comment combattre Trump, en fait ?
03:37Bon, alors, d'abord, Trump n'a pas que de mauvais côté
03:40dans la mesure où il a suscité une réaction du Canada
03:43et une réaction qui n'est pas une réaction de second plan
03:46puisque ce sont les libéraux qui ont gagné et qui ont battu les conservateurs
03:52alors que les conservateurs, qui ressemblent beaucoup aux Trumpistes
03:56par leur thème et par leur style, étaient grands favoris jusqu'à l'arrivée de Trump.
04:03Et ce sont les agressions de Trump contre le Canada qui ont brusquement tout changé.
04:08Et le Canada s'est retrouvé, réinventé, a changé le résultat des élections
04:14parce que la vérité, c'était que tout le monde était persuadé
04:17que les conservateurs allaient gagner et que finalement, de peu,
04:20mais ce sont les libéraux qui ont gagné et que ça n'est pas la même chose.
04:24Parce que d'un côté, il y a une droite libérale, disons classique,
04:28et de l'autre côté, c'était un populisme agressif, un populisme à la trompe.
04:33Et il a été battu, donc ça, c'était une bonne chose.
04:36L'autre point, et vous ne serez peut-être pas d'accord avec moi,
04:42mais l'autre point, c'est que ça a quand même un peu, ça ne me fait pas peur,
04:48c'est qu'il a un peu réussi à réveiller l'Europe quand même
04:53et à lui donner conscience d'elle-même et de la nécessité de son autonomie,
04:59y compris par rapport aux États-Unis.
05:02Ça a renforcé l'Europe finalement ?
05:04Paradoxalement.
05:05Mon point de vue, c'est que ça oblige l'Europe,
05:08qui n'en aurait peut-être pas eu le courage spontané
05:11ou, disons, la solidarité instinctive,
05:16mais a osé commencer à se différencier, voire à s'opposer.
05:22Alors, la France a toujours essayé de conserver un minimum de distance
05:27avec les États-Unis, sur le plan stratégique,
05:31et en règle générale sur le plan politique d'ailleurs,
05:33mais était quand même à l'intérieur de la cohorte.
05:39Et là, il y a le début de quelque chose,
05:42de prise de conscience que les intérêts ne sont pas forcément identiques,
05:45que la démarche ne doit pas forcément être commune.
05:47Et j'espère, alors là, je m'avance, je n'en suis pas sûr,
05:52j'espère qu'elle prend aussi conscience de ses intérêts,
05:55c'est-à-dire de la nécessité de tenir bon quand il le faut en face d'un Trump.
06:00– Écoutez, M. Duhamel, sur le premier point, je vais être d'accord avec vous.
06:06Sur le second, pas du tout, et je vais essayer de vous le démontrer.
06:09De vous le démontrer, pas un pur jugement idéologique,
06:13qui pour moi suffirait, mais je vais vous le démontrer.
06:15Je commence par le point numéro un.
06:17Dans toute crise, et je suis heureux que ce soit vous qui l'ayez dit et pas moi,
06:21il y a des opportunités qui se dessinent.
06:23Il ne faut pas avoir peur des événements, même quand ils paraissent terrifiants,
06:27car du moment que l'on analyse précisément les causes,
06:31qu'on arrive à prévoir assez précisément les effets,
06:34on peut intervenir et changer le cours de l'histoire.
06:36Vous avez raison, au Canada, eux-mêmes sont stupéfaits de ce que ça a produit.
06:41C'est-à-dire que tout d'un coup, y compris au Québec,
06:44on a ressenti une identité canadienne à réveil.
06:47Voilà. Alors ça, c'est vrai.
06:49Et j'ajoute que si je devais prolonger avec un petit peu d'humour,
06:53je dirais qu'on peut dire que M. Trump est sans doute l'un des anticapitalistes
06:57les plus efficaces du monde, puisque à lui tout seul,
07:00il a réussi à leur faire perdre quelque chose comme 590 milliards en une nuit.
07:04Et puis il provoque, et là je parle sérieusement, ça n'est plus de l'humour,
07:09il va mettre le monde entier en tension.
07:11Non, car passons les événements qui changent tous les jours.
07:14Il reste des droits de douane à 10%, à la place de droits de douane à 2%.
07:18On verra ce qu'il fera du reste, si ça sera vraiment 20%,
07:22105 pour les autres, 50 pour cela, mais 10%.
07:26C'est-à-dire que cet homme, premièrement, fait un aveu,
07:29non, ce n'est plus la main invisible du marché
07:32et la libre compétition non faussée qui fixe le prix,
07:37le prix désignant la valeur des objets.
07:38Non, c'est l'État. Il parle quasiment comme Brejnev.
07:43C'est l'État.
07:43– Donc ça vous approuvez ?
07:45– Alors, j'approuve le fait que…
07:47– Peut-être pas la méthode, mais en tout cas le…
07:48– Non, qu'on soit revenu à la réalité et au réalisme.
07:52La main invisible n'a jamais rien organisé à part le chaos
07:55et l'État doit jouer son rôle.
07:57Si je devais faire une démonstration sans prendre d'exemple
08:00dans mon propre programme, je disais, voyez,
08:03pourquoi la Chine, en même pas une génération,
08:05s'est redressée du désastre dans lequel elle était
08:08pour devenir la première puissance du monde, ce qu'elle est déjà.
08:12Donc ça, c'est voilà pour le print numéro un.
08:14Et puis, M. Trump nous oblige à réfléchir.
08:18Et ce qui d'ailleurs m'a frappé,
08:19c'est que ça n'a pas obligé tout le monde à réfléchir,
08:21ni aux États-Unis, ni au Québec.
08:23Par exemple, Trump arrivait dit,
08:25l'accord de Paris, c'est fini,
08:27autrement dit, il n'y a pas de crise climatique,
08:28il n'y a pas de bien commun,
08:29il n'y a pas d'intérêt général humain.
08:31Et personne n'en parle.
08:32Partout où je suis passé,
08:34s'il n'y avait pas eu moi,
08:34personne ne parlait de la crise climatique.
08:37Point 2.
08:37Attendez, juste pour la réponse de M. Duhamel,
08:40parce qu'il ne faut pas...
08:42J'espère que, en m'écoutant,
08:43peut-être vous allez réviser votre point de vue.
08:45Ce n'est pas vrai, hélas, M. Duhamel,
08:48car sinon, juste changer d'avis.
08:50J'aurais regardé autrement
08:51les opportunités qui se dessinent en Europe.
08:54Je suis frappé par leur caractère
08:57de petit toutou.
08:58M. Trump menace d'envahir un pays européen.
09:02Le Groenland, pour l'instant,
09:03appartient au Danemark.
09:04Réponse, zéro.
09:05Que dit le Danemark lui-même ?
09:07Ah, nous allons acheter des F-35,
09:09qui sont des avions américains,
09:10pour s'armer,
09:11et évidemment qui ne décollent
09:13que si les États-Unis approuvent.
09:15Mme von der Leyen,
09:16bon, alors vous me direz,
09:17ce n'est pas un aigle,
09:18ce n'est pas aujourd'hui qu'on l'a découvert,
09:19mais qu'est-ce qu'elle fait ?
09:21Elle dit, ah, nous allons nous armer
09:22pour faire face à la menace russe.
09:24Bon, très bien, allons-y.
09:25C'était totalement extravagant à mes yeux,
09:28mais qu'est-ce qu'elle fait ?
09:29850 milliards,
09:31excusez-moi si c'est 50 ou plus,
09:33peu importe.
09:34C'est ça, c'est 850 milliards,
09:36dont 150 qui sont empruntés.
09:38Ça veut dire, on autorise
09:39tous les États d'Europe
09:40à dépenser plus
09:42qu'ils n'avaient le droit jusque-là.
09:44On ne pouvait pas pour l'éducation,
09:45on ne peut pas pour la santé,
09:46on ne peut pas pour l'espace,
09:47bref, attendez, je termine.
09:50Mais par contre, pour les armes, on peut.
09:51Quelles armes ?
09:53Celles des États-Unis ?
09:54Il y a tous les Français
09:55qui sommes capables de nous équiper tout seuls.
09:57Tous les autres,
09:58vont aller acheter des armes nord-américaines.
10:00Et comme si ça ne suffisait pas,
10:02il se trouve que,
10:03j'ai fait le calcul que vous n'avez pas fait,
10:04M. Truchot,
10:05ni vous, ni votre collègue,
10:06ni aucun autre,
10:07c'est que ces 850 milliards,
10:09ça correspond,
10:10pile poil,
10:12aux 5% du PIB
10:14que M. Trump a demandé
10:15pour payer des armes américaines.
10:17Alors, je résume d'un mot.
10:18M. Trump
10:19est le représentant
10:21de l'impérialisme tributaire.
10:23Ça n'est plus par ces machines,
10:25les inventions que le capitalisme américain avance,
10:27il avance parce qu'il vous prend
10:28un tribut,
10:30douanier et militaire.
10:31– Bon.
10:33– Et puis après,
10:34on va parler de la gauche.
10:34– Oui, d'accord.
10:35– La réponse,
10:36la gauche en Europe.
10:37– Ah bah oui,
10:37quand même,
10:38je réponds.
10:38– Bien sûr.
10:39– Alors,
10:41d'abord,
10:43en ce qui concerne
10:44Trump lui-même,
10:45ce qui est quand même
10:46très intéressant
10:47sur le plan économique,
10:48c'est à quel point
10:49il n'a pas été le maître.
10:52Il est arrivé
10:53en roulant les épaules,
10:55en expliquant
10:55qu'il allait faire
10:57ce qu'il allait faire.
10:58Il faut dire qu'il l'avait vraiment dit
10:59pendant la campagne
11:00et que n'entendait pas
11:01que ceux
11:01qui ne voulaient pas entendre.
11:03Il avait vraiment dit,
11:04il l'a fait,
11:05comme c'était logique,
11:07ça a raté.
11:09Mais ce qui était,
11:10ce qui a été incroyable,
11:12parce que moi,
11:12je n'ai jamais assisté
11:13de toute ma vie
11:15à une volte-face
11:17aussi rapide
11:18de la part
11:19d'un chef d'État
11:20aussi puissant,
11:21il a été obligé
11:22de s'agenouiller
11:25en réalité
11:25devant les réactions
11:27du marché.
11:28Et le marché,
11:29je ne dis pas du tout
11:30que le marché soit
11:31un, idéal
11:32et deux,
11:33toujours lucide.
11:34Mais il n'empêche
11:36que quand Trump
11:37a voulu commencer
11:38à faire au sens littéral
11:40vraiment n'importe quoi,
11:41quand on parle
11:42de droits de douane
11:43de 120%
11:44pour les Chinois,
11:45c'est vraiment
11:45n'importe quoi
11:46au sens propre.
11:47Nous-mêmes,
11:48on veut maintenant
11:48taxer les petits colis chinois.
11:50C'est dans la même logique.
11:51Oui, mais d'accord.
11:51Oui, mais c'est dans la même logique
11:52de se protéger
11:53des produits chinois
11:54qui sont nocifs,
11:55qui n'ont pas
11:56les mêmes normes sociales.
11:57Dire qu'on va mettre
11:58120%
12:00sur l'ensemble
12:01des productions chinoises.
12:03C'est absurde.
12:04D'accord.
12:05Et c'est absurde.
12:05Mais on suit
12:06c'est logique aussi.
12:07Mais non,
12:08c'est absurde
12:08et ce qui d'ailleurs
12:09est très trumpiste,
12:11c'est mensonger.
12:12Parce qu'il y a
12:13un certain nombre
12:14d'exportations chinoises
12:15qui sont impérativement
12:17nécessaires
12:18pour les Américains.
12:19Bon, attendez-vous,
12:20laissez-moi terminer
12:21parce que chacun
12:21se trouve.
12:21Oui, oui, bien sûr.
12:22Bon, donc sur ce point,
12:24il a été obligé
12:25de faire une genuflexion.
12:28Je ne jure pas
12:29qu'il va en rester là.
12:31Il est très capable
12:32ensuite de refaire
12:33quelque chose
12:33en sens inverse.
12:34Mais il n'empêche
12:35qu'il a subi,
12:35ça on ne peut pas dire
12:36le contraire,
12:37un gros échec
12:37et qu'il a dû
12:38courber les Chines.
12:40Bon, et que,
12:42en ce qui me concerne
12:42en tout cas,
12:43j'ai trouvé que c'était
12:44au moins sur ce point précis
12:46positif.
12:47Ça n'efface pas le reste.
12:49Oui, oui, je comprends.
12:49Bon, en ce qui concerne
12:51les Européens,
12:52si vous voulez me faire dire
12:53que tout ça est trop lent,
12:54que tout ça correspond
12:56chez certains,
12:57y compris Mme von der Leyen,
13:00à des calculs
13:00qui ne sont pas forcément
13:01des calculs
13:02qu'on pourrait souhaiter,
13:03etc.,
13:04ça se défend.
13:06Bon, mais il n'empêche
13:08qu'on voit s'esquisser
13:10un certain nombre de choses
13:12qui n'étaient pas imaginables
13:14pour ne prendre qu'un seul exemple
13:16parce que je sens
13:17qu'on veut nous faire parler
13:18de la France
13:18et pour ne prendre...
13:19Je pense que ça intéresse
13:20aussi les Français.
13:21Non, ça n'est moins intéressant
13:22que ce qu'il dit.
13:23Bien sûr.
13:23Parce que le global
13:24commande le local,
13:25M. Trouchot.
13:26Et ce que fait M. Trump
13:27vous concerne,
13:28vous directement,
13:29et nous trois ici,
13:30parce que dans quelques mois,
13:31vous allez avoir
13:32des tensions sociales
13:33dans le monde entier
13:34à cause de ce temps.
13:35Allez-y, allez-y,
13:36terminez,
13:37M. Duhamel,
13:38que je vois comment je vous...
13:39Et alors,
13:41quand on prend
13:42un seul exemple
13:43qui est celui
13:44du comportement
13:45des Britanniques,
13:46les Britanniques
13:47qui ont fait
13:48pendant des décennies
13:49tout ce qu'ils pouvaient
13:50pour s'éloigner de l'Europe
13:52sont brusquement obligés
13:53de commencer
13:54à s'en rapprocher.
13:56Malgré le Brexit.
13:58Malgré tout,
13:59mais ça veut dire
13:59eux aussi
14:00d'être obligés
14:00de s'adapter.
14:01Ça veut dire...
14:02Je ne suis pas en train
14:03de dire
14:03qu'on va constituer
14:04une Europe
14:05dont la force,
14:05la puissance,
14:06la cohésion,
14:07etc.
14:07sera comparable
14:08à celle des États-Unis
14:10dans leur côté.
14:11D'ailleurs,
14:11la cohésion des États-Unis,
14:12c'est discutable,
14:13ce que je dis.
14:14mais à faire bouger
14:17et à faire bouger
14:18l'Europe en soi,
14:20c'est déjà un exploit,
14:21même si c'est bougé
14:22pas assez,
14:23trop tard,
14:24pas suffisamment
14:24et en désordre.
14:26Dans ce monde agité,
14:28quelle est la réponse
14:29de la gauche française
14:30aujourd'hui
14:31qui est dans l'opposition,
14:34qui pensait gagner
14:36l'église,
14:36finalement,
14:37qui pensait même
14:38pouvoir obtenir Matignon,
14:39qui ne l'a pas obtenu.
14:40Comment qui pensait,
14:40monsieur,
14:41nous les avons gagnés ?
14:42Oui, mais qui pensait
14:42avoir Matignon,
14:43vous ne l'avez pas eu.
14:43Donc aujourd'hui,
14:44c'est la droite
14:45et le centre
14:46qui gouvernent ces pays.
14:46Vous savez que dans
14:47tous les pays du monde,
14:48personne ne comprend
14:48qu'il y a eu des élections,
14:50qu'un parti les ait gagnées
14:51avec pas une majorité absolue,
14:53mais ce n'est pas lui
14:53qui dirige.
14:54Soit arrivé en tête.
14:56Mais ailleurs,
14:57ça suffit.
14:57Regardez en Allemagne,
14:59le SPD arrive en tête,
15:01c'est lui,
15:01et il est loin de la majorité.
15:03D'accord,
15:03mais justement,
15:04comment faire en sorte
15:05que la gauche gagne
15:05et gouverne ?
15:07Elle revienne au pouvoir ?
15:09Si vous voulez apporter
15:11des réponses à Trump
15:12à ce monde agité,
15:12j'imagine que vous voulez
15:14que la gauche revienne au pouvoir.
15:15Mais c'est quoi la solution ?
15:17Quel est votre emploi ?
15:17Je vais vous dire,
15:18c'est en secret.
15:20Il faut gagner les élections.
15:21Oui, mais comment les gagner ?
15:23Comment ?
15:24Un autre secret.
15:25En faisant campagne,
15:26en ayant un programme.
15:29Mais monsieur,
15:29je suis un démocrate,
15:30je ne vais pas faire des putschs,
15:32je ne vais pas appeler
15:33à des barricades.
15:34S'il y a des barricades
15:35dans ce pays,
15:36elles se feront toutes seules,
15:36elles n'ont pas besoin de moi.
15:38Donc, je ne peux faire
15:38qu'une chose,
15:39dire je respecte la démocratie.
15:40Il y a un programme commun
15:41à toute la gauche ?
15:42Mais attendez,
15:43on passe d'un sujet à l'autre.
15:44D'abord,
15:44ce n'était pas ça
15:44dont vous vouliez parler.
15:46Vous m'avez dit,
15:47que fait la gauche
15:47en face de ce monde ?
15:48J'allais vous répondre
15:49avec courtoisie
15:50pour des gens
15:50qui ne le sont pas
15:51avec moi d'habitude.
15:53Je ne peux pas parler
15:53pour tous les autres.
15:54Et puis,
15:55je vais vous dire,
15:55je n'ai pas envie
15:56de parler pour eux
15:57parce que certains d'entre eux,
15:59bon,
15:59on fait un choix.
16:00Je ne dis pas
16:01que je le respecte
16:02mais ils ont fait un choix.
16:03À cinq occasions de suite,
16:05ils ont refusé
16:06de voter la censure
16:07parce qu'ils avaient
16:08un arrangement de nuit
16:09passé avec M. Bayrou.
16:11Là, vous parlez
16:12des socialistes
16:12pour que ça soit bien clair.
16:13J'allais les nommer.
16:15Mais encore une fois,
16:16c'est vous qui faites le boulot.
16:17Mais François Hollande
16:18dit que ça ne sert
16:19à rien de censurer
16:19puisque si ce n'est pas
16:20François Bayrou,
16:21ça sera M. Lecornu
16:22ou un autre.
16:23Voilà,
16:23ça pourrait être moi par exemple
16:24parce que je vous rappelle
16:25quand même
16:25qu'on est arrivé en tête.
16:26– Vous pensez qu'Emmanuel Macron
16:27pourrait vous nommer un tirant ?
16:28– Mais attendez,
16:28non, non, non,
16:29on ne va pas tourner
16:30à la guignolade
16:30notre entretien.
16:32Je suis venu là
16:33parce que c'est M. Duhamel
16:34et que c'est sérieux.
16:35Alors, donc,
16:36c'est quoi votre question ?
16:38Que fait la gauche ?
16:38Je ne sais pas.
16:39Elle ne fait,
16:40je peux vous répondre,
16:41rien.
16:42Nous, les Insoumis,
16:44nous avons essayé
16:45de faire au moins une chose.
16:47C'est d'avoir
16:47un programme cohérent
16:48et deuxièmement,
16:50d'aller là où ça barde.
16:52Alors, on a choisi ça
16:53comme méthode
16:54un peu prétentieuse,
16:55je le reconnais.
16:56On a dit,
16:56bon, on va être
16:57l'autre voix de la France.
16:59Alors, me voilà
16:59sur les routes
17:00et d'autres.
17:01Aujourd'hui,
17:02vous avez Manon Aubry
17:03et Mathilde Panot
17:04qui sont en Pologne
17:05avec des pilules
17:06pro-avortement.
17:08Moi, je suis allé au Canada
17:10menacé d'invasion
17:11par le voisin.
17:12J'ai fait un discours
17:12en anglais
17:13pour dire,
17:13on t'a dit que c'était non,
17:14va te faire voir
17:15à M. Trump.
17:16Je suis allé au Mexique,
17:17je suis allé en Arménie,
17:18je suis allé au Liban
17:19à chaque fois
17:20pour porter le même message.
17:22On peut faire autrement.
17:23On est en train
17:23de perdre notre temps
17:24parce que notre temps
17:26devrait être consacré
17:27à vaincre
17:27les conséquences
17:28de la crise climatique
17:29et au lieu de ça,
17:30on fait la guerre,
17:31la guerre commerciale,
17:32la guerre des frontières,
17:34on perd notre temps.
17:35Voilà.
17:36Et il y a un programme à voir.
17:37Est-ce que nous,
17:38Français,
17:38on peut dire,
17:39oh, vous êtes que 69 millions,
17:41alors ça ne compte pas ?
17:42Si, ça compte.
17:43D'abord parce qu'on nous écoute
17:44et les gens ne nous connaissent pas trop
17:46donc ils continuent
17:47à rêver d'une France
17:48qui, hélas,
17:49n'existe pas tant que ça.
17:50Donc,
17:50ils attendent quelque chose.
17:51Et on peut dire des propositions.
17:53Pour l'instant,
17:53il n'y en a pas.
17:54Choisissez l'alignement.
17:56Ou vous êtes avec M. Xi Jinping
17:57ou avec M. Poutine
17:59ou avec M. Trump.
18:00Des gens qui veulent être
18:01avec derrière personne
18:02comme nous, Français,
18:04qui sommes des têtes dures,
18:05comme nous l'a enseigné De Gaulle,
18:06on sait qu'on peut.
18:07Bon.
18:08Même à ceux qui ne sont pas gaullistes,
18:09ils ont compris ça.
18:10C'est mon cas.
18:11Bon.
18:11Alors,
18:12premièrement,
18:12être non-aligné.
18:13Deuxièmement,
18:13je termine là-dessus,
18:14il faut faire des propositions
18:16qui soient celles du 21e siècle.
18:17avec une stratégie non-alignée
18:21alter-mondialiste.
18:22Faisons des choses
18:22sur des causes communes.
18:24Exemple,
18:24l'eau.
18:25Alors,
18:26je vous dis,
18:26ça fait 100 fois
18:27que je vous dis
18:27que c'est un sujet sérieux,
18:29que je viens à la télé,
18:30j'essaye de démarrer ma campagne
18:31avec la question de l'eau.
18:32Aujourd'hui,
18:33l'Inde vient de couper la flotte
18:34au Pakistan.
18:35D'accord ?
18:35Ce sont deux pays armés
18:37d'armes nucléaires.
18:38Couper la flotte,
18:39c'est un acte de guerre.
18:40Vous voyez bien
18:41que les grandes causes
18:42de l'humanité
18:43vont devenir des causes
18:45purement et simplement
18:46nationales et violentes.
18:48Il faut donc...
18:48Voilà ce que,
18:49en tout cas,
18:50moi,
18:50je porte pour le moment
18:51et je suis très fier
18:52que mes camarades
18:53aient accepté
18:54de faire comme ça
18:55et ils y vont tous
18:56avec beaucoup de dévouement
18:57et de bravoure.
18:58Mais la gauche
18:58est en désordre en France.
19:00Alors,
19:00certains disent
19:00que c'est à cause
19:01de Jean-Luc Mélenchon
19:01qui est en désordre.
19:02C'est lui le fauteur de troubles.
19:04Non.
19:04Alors,
19:05deux choses.
19:08La première,
19:08que la gauche
19:11ait besoin
19:12de se réinventer,
19:14ait besoin
19:15de mettre
19:15un programme commun,
19:17ait besoin
19:17un programme nouveau
19:19et ait besoin
19:20de définir
19:21son système
19:22de coopération,
19:24ça,
19:24c'est une évidence.
19:26Autrement,
19:26elle est certaine
19:27de perdre.
19:28Il ne faut pas oublier
19:29quand même
19:29que le fait nouveau,
19:30c'est que la gauche,
19:33toute tendance réunie,
19:34aujourd'hui,
19:35c'est entre 30
19:36et 32 %,
19:37selon les dernières
19:38élections.
19:39Ce qui est un score
19:40faible par rapport
19:41à l'histoire de la gauche ?
19:42C'est un score très faible.
19:43Évidemment,
19:43c'est 10 points de moins.
19:44C'est 10 points de moins
19:45que la moyenne
19:46de ce que fait la gauche.
19:49Et à l'intérieur,
19:50mais ça,
19:50on y reviendra peut-être,
19:51à l'intérieur de la gauche,
19:53ce sont les insoumis
19:54qui se portent bien.
19:55C'est-à-dire une gauche
19:56qui,
19:57par rapport
19:57à ce qu'était la gauche
20:00d'il y a 10 ou 20 ans,
20:01est une gauche
20:02de rupture
20:03par rapport
20:03à une autre gauche
20:04qui se veut
20:05ou se rêve
20:06ou espère redevenir
20:07une gauche
20:08de gestion.
20:09Une gauche
20:09aussi démocrate.
20:10Oui,
20:11entre autres.
20:13Mais je suis d'accord
20:14que,
20:15pour l'instant,
20:15il n'y a aucun effort
20:17de programme
20:18et de réinvention.
20:20Je suis d'accord.
20:20De leur part.
20:21Sauf chez les insoumis.
20:23Alors,
20:23attendez,
20:23on va voir aussi
20:25comment ça va être présenté
20:26dans les moments
20:27qui viennent.
20:28Mais je suis d'accord.
20:29Il y a eu un programme commun
20:30pour la législative.
20:30Non,
20:31mais attendez,
20:31il faut mettre
20:33la carte sur table.
20:34Je ne suis pas d'accord
20:35avec le programme
20:36mais je reconnais
20:36qu'il existe
20:37et qu'il a été travaillé.
20:39Alors,
20:39voilà,
20:40c'est un choix.
20:41Il y a des choses
20:42dans ce que dit
20:42Jean-Luc Mélenchon
20:43que je partage.
20:44Le fait que
20:45dans la mondialisation
20:47des risques
20:47et dans la mondialisation
20:49des comportements,
20:51il y ait une nécessité
20:52de réinvention
20:53de ce qu'on essaye de faire,
20:55oui,
20:55ça c'est vrai.
20:56C'est vrai
20:57et ça a peut-être
20:58clair, abstrait
20:58pour beaucoup de gens
20:59mais c'est une révolution
21:01au sens littéral
21:03et donc qui est,
21:05bon,
21:05pour ne prendre qu'un exemple
21:07que sur l'écologie
21:08qui est celle
21:09qui est sacrifiée
21:10en ce moment
21:10par rapport
21:11au dernier soubresaut
21:13de la crise
21:14que par rapport
21:15à l'écologie
21:15il y ait à faire
21:16des choix
21:17qui ne seront pas du tout
21:18tous agréables.
21:19Tant s'en faut,
21:20ben oui,
21:21mais là-dessus
21:22il faut dire des choses
21:23qui soient imaginables,
21:26tolérables
21:27et acceptables
21:28mais il faut travailler
21:30et il faut reconnaître
21:31que la gauche
21:32en dehors des insoumis
21:34n'a pas travaillé.
21:36Elle n'a pas travaillé,
21:37elle a travaillé
21:37les élections.
21:38Oui, mais cette gauche
21:39en dehors des insoumis...
21:40Attendez,
21:40elle a travaillé les élections,
21:42elle n'a pas travaillé
21:43les programmes.
21:43D'accord,
21:44mais la gauche
21:44en dehors des insoumis...
21:45Or, moi,
21:46pas ma conception
21:48mais ma conviction,
21:50ce qui est tout à fait
21:50autre chose,
21:51c'est que
21:52une gauche,
21:54quelle qu'elle soit,
21:54ne gagne que si elle a
21:56un programme à proposer
21:57et un programme
21:58compréhensible.
22:00D'accord.
22:01Pas un programme
22:02écrit en chinois,
22:03un programme compréhensible.
22:05En technocrate.
22:07Et pour l'instant,
22:08les insoumis
22:10ont leurs propositions,
22:11je ne les partage pas,
22:12mais...
22:12Mais ils ont des propositions.
22:13Elles ont des propositions
22:14et elles ont leur cohérence.
22:16Vous avez des propositions...
22:18Le problème,
22:18c'est que...
22:19Je peux vous montrer...
22:20Terminez votre...
22:20Non, non, mais Jean-Luc Mélenchon,
22:21vous avez des propositions,
22:22mais moi,
22:22quand j'entends
22:23ceux qui étaient avec vous
22:25au moment des législatives,
22:26puisque vous aviez présenté
22:27des listes communes,
22:28aujourd'hui,
22:29ils se disent
22:29qu'il faut trouver un système
22:31qui exclut Mélenchon.
22:32On ne veut plus de lui,
22:34on veut continuer sans lui.
22:35On veut même peut-être
22:36réaliser des primaires sans lui,
22:37etc.
22:37C'est ça que j'entends.
22:38Oui, oui.
22:39C'est paradoxal.
22:39Mais ça ne me dérange pas.
22:40Parce que c'est vous
22:41qui avez fait le meilleur score
22:41la dernière fois.
22:42C'est vous qui travaillez
22:43d'Alain Duhamel.
22:44Mais c'est pas à moi
22:46qu'il faut poser la question,
22:47je n'en sais rien.
22:48Et peut-être aussi c'est à vous,
22:49peut-être parce que parfois
22:50vous leur parlez durement.
22:51Ah bon ?
22:51Ah oui.
22:52Ah bon, eux non.
22:53Vous avez dit
22:53je ne les aime pas.
22:55Ah mon Dieu,
22:56je vous aime tous.
22:57C'est ça que vous voulez ?
22:58Non, c'est stupide.
23:00Nous ne transigerons pas
23:01sur une chose.
23:02C'est la question,
23:02ce que vient de dire Alain Duhamel,
23:04comme c'est Alain Duhamel
23:05qui le dit.
23:06Vous pourriez peut-être
23:06y réfléchir en vous y arrêtant.
23:08Ce n'est pas moi
23:09qui vous le dit.
23:10Est-ce que,
23:10pas vous M. Truchot,
23:11je veux dire en général
23:12ceux qui nous écoutent.
23:13Est-ce que vous avez compris
23:15qu'il s'est produit
23:16des faits majeurs dans l'histoire
23:18qui ont tout changé ?
23:20Maintenant c'est M. Trump
23:21qui met le point final
23:22à 40 ans de néolibéralisme échevelé.
23:25Il vient de le faire lui,
23:26pas Léonide Brezhnev
23:28ou je ne sais pas qui, lui.
23:30Deuxièmement,
23:31dans le monde entier,
23:32les gauches se sont effondrés,
23:34M. Truchot.
23:35Nous sommes le petit miracle européen.
23:38Il n'y a pas d'autre cas comme nous.
23:40Les gauches se sont effondrés.
23:41Pourquoi ?
23:42Parce que leur logiciel
23:43que j'ai partagé
23:44pendant 30 ans de ma vie
23:46ne fonctionne plus.
23:48Quel est ce logiciel ?
23:49Qui est de dire,
23:49voilà,
23:50nous n'allons pas faire
23:50on va brutaliser personne.
23:53On va faire de la croissance.
23:55On va faire toujours plus de croissance.
23:56Et ce qui aura été produit en plus,
23:58on va le partager
23:59en donnant plus à ceux qui ont le moins.
24:01Ça a marché.
24:02Mais arrive un jour
24:03où la croissance,
24:04sans fin,
24:05elle bute sur une difficulté.
24:07Le capitalisme est en panne.
24:08Vous n'avez pas l'air
24:08de vous en rendre compte.
24:10Mais la croissance
24:10a été divisée par deux
24:11depuis les années 60.
24:13Il n'y a pas besoin
24:13d'être un aigle
24:14pour comprendre
24:15que les capacités d'accumulation
24:16pour le capitalisme
24:18ont été divisées par deux.
24:19Deuxièmement,
24:20si on continue à dire
24:21la croissance,
24:22la croissance,
24:22la croissance,
24:23c'est pour ça que
24:23M. Duhamel,
24:25pas Jean-Luc Mélenchon,
24:26mais je souscris
24:27à la thèse
24:27Duhamelienne,
24:29dit,
24:29si vous continuez
24:30à faire comme avant,
24:31vous allez avoir
24:32un désastre de première grandeur.
24:33Je le dis aussi.
24:35C'est-à-dire,
24:35si vous continuez à croire
24:36qu'il vous suffit
24:37de produire toujours plus
24:38n'importe quoi,
24:39qui ne sert à rien,
24:41souvent,
24:41ou qui est détruit
24:42quasi instantanément,
24:44eh bien,
24:44vous aurez un désastre.
24:45Il faut donc tout changer.
24:47Ça veut dire
24:47que la gauche doit changer.
24:48Il faut qu'elle trouve
24:49une autre manière de faire.
24:50C'est pourquoi
24:50le concept central
24:52des insoumis,
24:54c'est la révolution citoyenne.
24:55M. Duhamel vient de dire
24:56que c'est un modéré,
24:57Duhamel.
24:58Il vous dit
24:58qu'il faut faire une révolution.
24:59– Il est quasiment
25:00maintenant insoumis, Alain, là.
25:01– Non, il ne faut pas.
25:02– Vous l'avez convaincu, là.
25:03– Non, je ne crois pas.
25:04Je crois,
25:05comme tous les êtres de raison,
25:06nous nous rendons compte
25:07que nous sommes devant un mur.
25:09Un type de droite,
25:10j'ai des amis de droite,
25:10figurez-vous,
25:11ça existe.
25:12Bon, c'est pénible souvent,
25:13parce qu'ils ont
25:13des opinions politiques lamentables.
25:15Mais nous sommes amis.
25:15Bon, eh bien,
25:17eux aussi comprennent
25:17qu'il faut renouveler.
25:18Ils ne peuvent pas
25:19revenir vous dire
25:20« Ah bon, on va régler le problème,
25:22c'est les Arabes et les musulmans.
25:23Et pour le reste,
25:24dorénavant,
25:24c'est comme auparavant,
25:25la retraite à 77 ans
25:28et tout ça, ça suffit. »
25:29Donc, tout le monde
25:30doit se réinventer.
25:31Nous avons un métro d'avance.
25:33Alors, je termine M. Truchot
25:34parce qu'il est perfide.
25:35Il a dit
25:36« Ah oui, mais finalement,
25:37vous n'êtes pas si nombreux que ça. »
25:38Mais M. Truchot,
25:40allons, M. Chirac a été élu
25:41avec 17% de voix
25:43au premier tour.
25:44« Moins de voix que moi. »
25:46Eh bien, c'est comme ça.
25:47– C'était des configurations différentes.
25:48– Heureusement,
25:50ben, heureusement.
25:51Mais le monde est ainsi fait
25:52que chaque moment est nouveau.
25:53– Après, il faut avoir
25:54une réserve de voix.
25:55Vous le savez bien,
25:55vous savez même mieux que moi.
25:56– Écoutez, je vais vous dire
25:57au deuxième tour.
25:57– Vous me passez la parole.
25:58– Attendez, je termine
25:59juste parce que là,
26:00je vais absolument finir
26:01avec cet argument.
26:02Peut-être y répondrez-vous
26:03vous-même, M. Duhamel.
26:04Mais bien sûr,
26:05il faut une réserve de voix.
26:06La dernière fois,
26:07à 400 000 voix près,
26:09si M. Roussel n'avait pas maintenu
26:10son absurde candidature
26:12alors qu'ils étaient
26:13mes alliés avant,
26:14eh bien, j'étais au deuxième tour.
26:15Et au deuxième tour,
26:16le pays tout entier
26:17se serait dit
26:18« Tiens, qu'est-ce qu'on fait ?
26:19Est-ce qu'on écoute ce gars
26:21qui nous explique
26:21la panification de l'autorité ? »
26:23Mais enfin, respecter la démocratie.
26:25Le peuple français,
26:26pas une collection d'abrutis
26:27qui, au sifflet,
26:28se mettent en rang
26:29suivant les ordres des partis.
26:30Les gens auraient tranché
26:31et je me serais incliné
26:33si j'avais dû perdre
26:34et l'autre se serait incliné
26:35s'il avait perdu.
26:36Ça s'appelle la démocratie.
26:38Donc, je n'ai pas un instant
26:39de trouble.
26:40Les partenaires
26:41avec lesquels j'ai fait affaire
26:43ne respectent rien.
26:44Pas leurs propres paroles.
26:46Vous venez de dire,
26:46M. Truchot, vous-même,
26:47il vous faut un programme.
26:48Très bien, nous en avions un.
26:50À peine l'ancre était telle sèche
26:51qu'il recommençait
26:53dire qu'il n'en voulait pas
26:54de la moitié.
26:55Alors, écoutez,
26:56le minimum qu'on puisse faire
26:57de francs...
26:57Je parle très sérieusement.
26:59Les Français regardent.
27:00Ils voient les menteurs,
27:02ceux qui se battent
27:02pour les sièges
27:03et ceux qui se battent
27:04parce qu'ils ont une idée.
27:05Alors, peut-être qu'on peut trouver
27:06que moi, je suis trop inspiré
27:08par moments,
27:08mais je le suis.
27:09Et les gens le comprennent.
27:11Il faut choisir entre
27:12des visions du monde,
27:14mes chers compatriotes.
27:15Et vous l'avez fait
27:16dix fois dans le passé.
27:17Eh bien, il vous faudra encore
27:18une onzième.
27:19Et celle-là, c'est moi.
27:20Ça sera en 2027
27:21et ça sera vous ou pas.
27:23On ne peut pas se passer
27:24de Jean-Luc Mélenchon
27:25à gauche.
27:26Non, mais c'est...
27:28Le problème, Mélenchon,
27:30moi, je suis tout à fait
27:30prêt à en parler
27:31sur ce qu'il inspire,
27:34ce qu'il a de positif,
27:35ce qu'il a de négatif,
27:37ce qui agace,
27:38ce qui intéresse, etc.
27:39Bon, tout à fait.
27:40Mais là,
27:41ce n'est pas ça
27:41que je veux dire.
27:42Ce que je veux dire,
27:43c'est que pour gagner,
27:44il ne suffit pas
27:45qu'il y ait le pôle
27:47de la gauche,
27:48moi, que j'appelle
27:48de rupture,
27:49c'est-à-dire vous,
27:50que d'autres appellent
27:51autrement...
27:53Radical, on nous a dit aussi.
27:54Voilà.
27:54Pourquoi pas ?
27:55Bon.
27:56Bref,
27:57il ne suffit pas
27:57que cette gauche-là
27:58ait un programme
27:59que je ne partage pas,
28:01mais qui ait un programme
28:02et une vision des changements
28:04que je ne partage pas,
28:06ou en tout cas,
28:07pas suffisamment,
28:08à vos yeux sûrement.
28:11Il faut qu'il y ait
28:12des partenaires
28:13qui soient des partenaires
28:14qui acceptent,
28:16eux aussi,
28:17d'avoir un programme
28:18et d'en discuter.
28:19Pour l'instant,
28:20il n'y a pas de programme
28:21de ce côté-là
28:22et de même
28:24que vous n'avez
28:25pour eux
28:26pas de considération évidente
28:28si j'écoutais
28:28ce que je vous disais...
28:29C'est la déception,
28:30M. Duhamel,
28:30qui me fait parler.
28:31Ces gens ont signé
28:32un programme,
28:33ils ne le respectent pas.
28:34que voulez-vous que je vous dise alors ?
28:36Après, on me dit
28:37« Ah ben, tu n'es pas d'accord ».
28:39Ce n'est pas à moi
28:39qu'il faut poser la question,
28:40c'est à eux.
28:41– Attendez,
28:42je continue à vous répondre.
28:45C'est absolument inévitable
28:48ce qui se passe
28:51dans la mesure où
28:53la gauche réformiste,
28:55la gauche sociale-démocrate,
28:57la gauche non-insoumise,
29:00qui est quand même
29:01la gauche qui a gouverné
29:02dans l'histoire en France.
29:04Quand elle a gouverné,
29:05c'est elle qui gouverne.
29:06– Oui, mais tous rassemblés
29:07ne font pas la moitié, alors...
29:08– Attendez,
29:09non, mais attendez,
29:10je vous réponds.
29:10Bon, cette gauche-là,
29:13elle a besoin...
29:17Elle a, au fond,
29:19choisi l'alliance avec vous
29:20pour des raisons électorales,
29:23accepté un programme
29:24que, dans le fond,
29:25elle ne partage pas,
29:27votre programme,
29:28et elle l'a rejeté ensuite
29:29d'autant plus facilement
29:30qu'elle ne partage pas
29:32sur le fond,
29:33et que ce ne sont pas
29:34les mêmes idées
29:34que vous défendez.
29:36Mais je dirais que ça,
29:37c'est ce qui complique
29:38aujourd'hui terriblement
29:39vos rapports,
29:40alors même que vous ne pouvez
29:41gagner qu'allier,
29:43mais que vous ne pouvez
29:43être allié qu'à condition
29:45d'avoir au moins
29:46un minimum
29:46de convictions communes,
29:48ce qui, aujourd'hui,
29:49n'est pas le cas.
29:51– Je peux admettre tout de même
29:52que quand on signe un papier,
29:53c'est qu'on y croit.
29:54Ils ont passé des nuits
29:55à négocier avec moi.
29:56– Non, non, non,
29:56je n'admets pas du tout ça.
29:58C'est ce que moi,
29:59je pense souhaitable
30:00dans l'absolu,
30:01mais ça n'est pas du tout
30:01la réalité.
30:02La réalité,
30:03c'est que le reste de la gauche
30:04a signé avec vous
30:05parce qu'avec vous,
30:06ils avaient une chance
30:07de s'en tirer
30:07et que sans vous,
30:08ils n'en avaient aucune.
30:09– Voilà, c'est ça.
30:10– Oui, en plus,
30:10c'est la première fois
30:11de l'histoire,
30:12M. Truchot,
30:12de l'histoire,
30:13qu'il y avait des candidatures
30:14communes au premier tour.
30:15C'est nous qui avons fait ça.
30:17Je faisais 22.
30:17– C'est un choix opportuniste,
30:19en fait, pour certains.
30:20– D'accord, bon,
30:20mais donc cette gauche-là,
30:22pour l'instant,
30:23ça n'est pas vraiment
30:23un partenaire pour vous.
30:25Mais il y a autre chose
30:27qui est plus grave
30:28et que vous avez évidemment
30:29remarqué,
30:30qui est que le mouvement
30:32général en Europe,
30:34on va en rester à l'Europe,
30:35le mouvement général en Europe
30:36n'est pas du tout celui
30:38d'une conquête électorale
30:40de la gauche.
30:41Le mouvement électoral en Europe,
30:43c'est un mouvement
30:44nationaliste et populiste,
30:47simultané,
30:48dans la quasi-totalité
30:49des pays,
30:50avec des degrés,
30:52des puissances,
30:53des rapidités,
30:53des incarnations
30:54qui sont différentes
30:55d'un pays à l'autre,
30:57qui sont plus séduisantes
30:58dans certains cas
30:58que d'autres,
30:59qui sont dangereuses
31:00dans tous les cas,
31:01et qui est l'énorme vague
31:03qui arrive.
31:04L'énorme vague qui arrive,
31:06ça n'est pas les insoumis
31:08et leurs éventuels alliés.
31:11La vague qui arrive,
31:12c'est la vague
31:13des populistes nationalistes,
31:15ce qui veut dire d'ailleurs
31:17deux dangers.
31:19Et ces deux dangers,
31:21tout le monde la voit.
31:22– Alors, cette vague,
31:22comment ils répondent ?
31:23Et puis ensuite,
31:24je voudrais qu'on parle aussi
31:25de cet acte anti-musulman
31:26qui a frappé la France
31:28et je voudrais vous faire réagir
31:29également là-dessus,
31:30parce que c'est aussi important.
31:31– Alors, je partage
31:32le diagnostic d'Alain,
31:34il faudrait être,
31:34Alain Duhamel,
31:35il faut être aveugle
31:36pour ne pas voir.
31:37En effet, le risque est là.
31:38Donc, ce qu'il faut faire,
31:39c'est analyser
31:40comment ça s'est passé ailleurs
31:41pour essayer, nous,
31:42de parer le coup avant.
31:44Partout ailleurs,
31:45la droite et l'extrême-centre,
31:47on va dire,
31:47pour être gênant pour personne,
31:50se sont fait absorber,
31:52pas par l'extrême-droite,
31:53ils essayent de la combattre,
31:54mais avec la pire des méthodes,
31:55c'est-à-dire en reprenant
31:56leurs idées,
31:57leur vocabulaire
31:57et le reste.
31:59Et le résultat,
32:00c'est qu'ils ont été,
32:00ils sont portés
32:01par des programmes
32:02que vous venez de décrire,
32:04nationalistes,
32:05on peut dire agressifs,
32:06chauvins
32:06et racistes.
32:08C'est pourquoi
32:09nous sommes arrivés
32:10à la conclusion
32:11que le dénominateur commun
32:12de nos adversaires,
32:14c'est le racisme,
32:15c'est le sexisme,
32:16c'est-à-dire ceux
32:17qui étaient considérés
32:18de haut par la gauche
32:19jusque-là,
32:20en disant tout ça,
32:21c'est sociétal,
32:22et puis il y a le social.
32:23Non,
32:24les êtres humains
32:24sont des êtres de culture
32:26et des êtres sociaux.
32:27C'est pourquoi
32:27on doit répondre
32:28aux deux aspects
32:29en menant cette bataille.
32:30C'est ce que nous faisons
32:31en France.
32:31Mais M. Duhamel,
32:33prenons le témoignage
32:34de l'histoire.
32:36Eh bien oui,
32:36on a déjà été entourés
32:37par Hitler,
32:38Mussolini, Franco,
32:40et nous,
32:40eh bien nous avons fait
32:41le Front populaire.
32:42Et le Front populaire...
32:43– On a vu Pétain ensuite.
32:45– Mais attendez,
32:46il s'est passé
32:46un certain nombre d'années,
32:47il faut donc aussi
32:48tirer une leçon.
32:49On ne va pas en plus
32:49être responsable de Pétain
32:51pendant que vous y êtes,
32:51non ?
32:52Bon, non,
32:52mais ce n'est pas moi
32:53qui m'ai dit du bien,
32:53c'est M. Macron.
32:55Donc, il y a eu des...
32:56– Non, il n'a pas dit
32:57du bien de Pétain.
32:57– Si, il a dit
32:58que c'était un grand stratège,
32:59ce qui n'est pas vrai,
33:00et que Maurras
33:01était un brillant intellectuel.
33:03– Non, non, non,
33:03il a dit que c'était
33:04un bon chef de guerre
33:06et que c'était
33:07un homme d'État lamentable.
33:09– Oui,
33:09mais on ne parle pas
33:10comme ça quand on dit.
33:11– Il a été...
33:11– C'est par l'œuvre
33:12de l'artiste.
33:13– Il a été...
33:14– Non, alors...
33:15– Il a été un bon...
33:16Vous ne m'étiez pas à deux.
33:17– D'accord, d'accord.
33:18– Déjà à deux,
33:18vous prenez les deux tiers du temps,
33:20mais alors en plus...
33:21– Non, mais je voudrais...
33:22– Ça a été un bon militaire,
33:24pas du tout le meilleur.
33:25– Laissons Pétain de Pétain.
33:26– C'était du côté des Français,
33:27mais ça a été un bon militaire
33:29et ça a été un chef d'État innommable.
33:31– Pardon Alain,
33:32M. Duhamel, écoutez,
33:35tout ce que vous voudrez,
33:36vous êtes brillant pour...
33:37Mais dans la même phrase,
33:39il y a Maurras.
33:40Maurras est un antisémite
33:42et un assassin.
33:43Donc, ce n'est pas...
33:45Quand on est président
33:46de la République française,
33:47quelles que soient ses opinions,
33:49il y a des choses
33:49qu'on ne dit pas.
33:51Voilà, point final.
33:52– Il nous reste peu de temps
33:52et je voudrais quand même...
33:53– Comment il reste peu de temps
33:54et je n'ai pas fini
33:54de ce que j'ai à dire.
33:55– Non, je voudrais quand même
33:56qu'on parle de cet acte
33:57anti-musulman.
33:57– Oui.
33:58– Parce qu'il a fait réagir
33:59beaucoup de Français.
34:01Et il vous a fait réagir,
34:02vous Jean-Luc Mélenchon,
34:03avec une image assez saisissante.
34:05On vous voit en larmes
34:07dans cette manifestation
34:08Place de la République.
34:09Vous veniez de rencontrer
34:10une femme, je crois,
34:11qui faisait part de son angoisse,
34:13de son inquiétude,
34:14de ses peurs
34:14par rapport à cette haine
34:15anti-musulman.
34:17Est-ce que l'islamophobie,
34:20alors c'est un terme
34:20qui est d'ailleurs contesté
34:21par certains,
34:22est-ce qu'elle est suffisamment
34:23combattue en France,
34:24notamment par ce pouvoir en place ?
34:27– Bon, je suis désolé
34:28de m'être donné à voir
34:30de cette façon.
34:31– C'était l'alarme sincère ?
34:33– On va écouter quand même, quoi.
34:34– Non, parce que certains
34:35ont douté de ces images.
34:38– Oui, oui, non,
34:39mais je suis accusé de tout,
34:40quoi que je fasse.
34:41Si j'embrasse quelqu'un,
34:42c'est qu'en réalité,
34:43je voulais le mordre.
34:44Si je pleure,
34:45c'est qu'en réalité,
34:46non, on parle sérieusement.
34:47Je suis, oui,
34:49bouleversé par cette situation.
34:51Mais comprenez,
34:51je suis un homme de gauche.
34:52Je suis né dans une famille chrétienne
34:54où on n'acceptait pas le racisme.
34:56– Voilà, pas besoin d'être de gauche
34:57pour le racisme.
34:57– Et je suis né au Maghreb.
35:00Donc ça me parle,
35:01peut-être un peu plus,
35:02bien plus,
35:03vous savez ce que c'est
35:03avec le temps,
35:04bien un peu émotif,
35:05bon, voilà,
35:06ça se passe comme ça.
35:07Mais ce n'est pas la première fois.
35:08Tout ce qui concerne la détresse,
35:11la peur,
35:12cette femme m'a dit
35:12nous partons avec la peur au ventre.
35:14Moi, je pense
35:15à mes milliers
35:16de petits compatriotes,
35:17peut-être aussi
35:18à mes neveux et nièces,
35:19qui sait.
35:20Et je me dis,
35:21non, ce pays est à vous.
35:23Je vous demande
35:23de vous en rappeler.
35:25N'acceptez pas
35:25de vous faire mettre
35:26sur le bord de l'assiette.
35:28Sinon, nous allons recommencer
35:29une horreur
35:30qui a déjà eu lieu une fois.
35:33On ne recommence pas ça.
35:34Il est temps d'arrêter
35:35et de dire stop.
35:36Et donc,
35:36tous les responsables politiques,
35:38quelles que soient leurs opinions,
35:39doivent se dire,
35:40maintenant,
35:41ça suffit
35:41de montrer du doigt
35:42les musulmans,
35:44de le ministre de l'Intérieur
35:46qui termine un discours
35:47en disant
35:47abat le voile.
35:48Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
35:49Vous m'imaginez, moi,
35:51dans ma pire période
35:51anti-calotin,
35:52quand j'avais 18 ans,
35:54si j'avais dit
35:54abat les crucifix,
35:55on aurait dit
35:56disons, toi,
35:56tu vas baisser un ton.
35:57– Sur le voile,
35:58vous aviez aussi
35:58détenu des propos
36:00assez laïcs,
36:01anti-voile.
36:01– Non, mais pas assez laïcs.
36:03Je dis les choses
36:03comme elles sont.
36:04Je ne comprenais pas
36:05pourquoi on se voilait.
36:07J'ai regardé,
36:08j'ai écouté,
36:09et tout le monde
36:09est accessible à la raison.
36:11Et l'une de mes amies
36:12à qui j'ai posé la question,
36:13qui ne porte pas de voile,
36:15et à qui je lui ai dit
36:15mais dis-donc, toi,
36:16t'es féministe
36:17et tu viens me dire
36:18que c'est bien le voile
36:19et tu t'abaisses devant l'homme ?
36:22Et elle m'a répondu,
36:22moi, je ne m'abaisse
36:23devant aucun homme,
36:24je ne m'abaisse devant Dieu.
36:25Non, monsieur Truchot,
36:26si vous voulez aller discuter
36:27les ordres de Dieu
36:28avec quelqu'un qui croit,
36:30vous y allez.
36:30Moi, j'ai décidé
36:31que ça ne servait à rien.
36:32– Alors, l'islamophobie,
36:33est-elle suffisamment reconnue
36:39il avait parlé
36:40d'antisémitisme résiduel ?
36:42Est-ce qu'il y a
36:42une islamophobie résiduelle
36:45en France ?
36:45– Il n'y a ni,
36:46à mes yeux,
36:46il n'y a ni islamophobie résiduelle
36:49ni antisémitisme résiduel
36:50en France.
36:51Il y a en France
36:52un antisémitisme virulent
36:55qui est en plus,
36:57qui depuis tout ce qui se passe
36:58à Gaza…
36:59– C'est aggravé,
36:59on est séduit.
37:00– C'est aggravé.
37:00– Je vous donne le mot,
37:01je vous donne le mot,
37:03monsieur Duhamel.
37:04– Et il y a évidemment
37:05une islamophobie en même temps.
37:07Il y a les deux,
37:08mais bien sûr,
37:09et le problème,
37:10ce n'est pas simplement
37:11le problème,
37:12chacun des deux
37:13est un gros problème,
37:14que ce soit l'antisémitisme
37:15ou l'islamophobie.
37:17Mais au-delà encore de ça,
37:19il y a le fait
37:20qu'on se retrouve
37:22dans une société
37:22qui est clivée
37:24comme jamais,
37:27non pas simplement
37:27sur des convictions
37:29idéologiques abstraites
37:30ou des choix politiques,
37:32sur la nature même
37:33des relations humaines.
37:35Et ça,
37:35c'est une situation…
37:38– C'est la fin
37:38d'un peuple
37:39et d'une nation.
37:39– C'est en tout cas
37:41le risque majeur.
37:43Et je pense que
37:43de ce point de vue,
37:45chacun doit apporter
37:46ses responsabilités.
37:47Et je voudrais en profiter
37:49pour dire quelque chose
37:49à Jean-Luc Mélenchon,
37:51qui est d'une parfaite courtoisie
37:53et avec qui c'est très facile
37:55d'échanger dans ces conditions-là,
37:57mais que dans la vie quotidienne
37:59et dans le combat politique,
38:01il a très souvent des accents,
38:05des outrances,
38:06des attaques,
38:08que lui-même,
38:08c'est sûrement ce qu'il va me répondre,
38:10mais il est très capable
38:11de le faire tout seul,
38:12que lui-même considère
38:13comme simplement des réponses
38:14au traitement qu'il subit,
38:16lui,
38:16mais qui,
38:17il n'empêche,
38:18crée,
38:19avec ses partenaires potentiels,
38:21mais aussi avec les Français
38:23qui n'ont pas de convictions
38:24particulières,
38:25qui ne sont pas ancrés
38:27avec celui-ci
38:28ou celui-là,
38:29mais qui écoutent
38:30et entendent
38:31et je pense que,
38:33je vous le dis
38:34comme je le pense,
38:35je pense que c'est
38:37au détriment
38:38de votre propre cause,
38:39ce qui après tout,
38:40moi,
38:40ne m'empêche pas de dormir
38:41puisque ce n'est pas la mienne,
38:43mais au détriment,
38:45je dirais,
38:47de l'intérêt
38:49de ce que vous essayez
38:51de porter.
38:52Vous portez des idées,
38:53ce ne sont pas les miennes,
38:54vous les portez
38:55en y réfléchissant
38:56et en travaillant,
38:57ce qui n'est pas le cas
38:58de tout le monde,
38:59mais en les exprimant
39:01comme vous le faites,
39:02moins vos idées d'ailleurs
39:04que les réponses
39:05aux critiques
39:06que vous subissez
39:07mais aux critiques
39:07que vous provoquez
39:08ou aux critiques
39:09que vous exprimez
39:10sur les autres,
39:11vous créez un climat
39:12qui est un climat
39:14à votre détriment,
39:16de tension,
39:17à votre détriment,
39:18mais également
39:19un climat
39:20de clivage supplémentaire.
39:23Vous êtes aussi
39:24un clivant.
39:25Oui.
39:25– Oui, mais vous l'assumez ça.
39:27– C'est une affaire de…
39:28– Pardon ?
39:28– Vous l'assumez
39:29d'être clivant finalement ?
39:30– Bien sûr.
39:30C'est une affaire
39:31de philosophie,
39:33politique,
39:34de conception
39:35de l'échange.
39:37Bon,
39:39notre société
39:40comme ça,
39:40je ne vous dis pas
39:41que ça a toujours été
39:42super performant,
39:43mais si c'était
39:44si contre-performant,
39:46on aurait vu
39:46à ma place
39:47surgir
39:48les belles personnes.
39:49madame Hidalgo
39:50à un 67,
39:52monsieur Jadot
39:53si raisonnable,
39:54à peine 4,
39:55ou bien monsieur Roussel
39:56si fréquentable
39:57puisqu'il est sur
39:58tous les plateaux,
39:592%.
39:59Et c'est moi
40:00qui fais 22.
40:01Pourquoi ?
40:02Parce que les gens
40:02savent qu'un homme politique
40:04sans défaut,
40:04ça n'existe pas.
40:06Mais des hommes politiques
40:07sans conviction,
40:07il y en a plein.
40:08Donc ils préfèrent
40:09celui qui a des défauts
40:10et des convictions
40:11que ceux qui n'ont pas
40:12de défauts
40:12et aucune conviction.
40:14Voilà comment les choses
40:15– C'est une question
40:15aussi de sincérité,
40:16c'est ce que vous dites,
40:17de sincérité.
40:17– Je plaide pour moi,
40:18je fais ce que je peux
40:19parce qu'il y a quelque chose
40:21de terrifiant
40:21dans ce miroir.
40:23Je ne mets pas en cause
40:24votre bonne volonté.
40:25En plus,
40:26pardon monsieur Duhamel,
40:27je vais le dire
40:28aussi courtoisement
40:28que je peux aussi là,
40:30c'est très typé socialement.
40:32Vous êtes un homme modéré
40:34parce que votre vie
40:35vous permet de l'être.
40:36Moi je suis un homme
40:37ce que je suis
40:39parce que la vie
40:40m'y a conduit
40:41et elle m'y a conduit
40:42avec une certaine rudesse
40:44dont je retrouve
40:45aujourd'hui les traits.
40:47Je suis un des enfants
40:48perdus
40:49de la présence française
40:51dans le Maghreb
40:52qui a vécu tout ça
40:53plus le reste.
40:55Et donc
40:55ces choses sont encore
40:57présentes en moi
40:58mais c'est très typé
40:59socialement.
40:59La plupart des gens
41:00aiment qu'on comprenne
41:02ce que vous dites
41:03et moi on comprend
41:04ce que je dis.
41:05Et nous avons fait le choix
41:06nous avons fait le choix
41:07fusse au prix du clivage
41:09monsieur Truchot
41:10de rendre les choses
41:11et après les gens
41:12trans choisissent
41:13et il est apparu
41:14que mon style
41:16était plutôt récompensé
41:17si vous voulez bien
41:18parce que vous
41:18vous êtes le meilleur
41:19observateur pour ça
41:20mais monsieur Duhamel
41:21vous connaissez
41:22quelqu'un d'autre
41:23en politique
41:23qui ayant scissionné
41:24du parti socialiste
41:26à une petite poignée
41:27à l'idée
41:27vous disiez
41:28qu'on était deux
41:29réussi en moins de 10 ans
41:30à construire
41:32un mouvement
41:32de la puissance
41:33du mouvement
41:34en deux mots
41:35en deux mots
41:36il y a des timings
41:37ah bah oui
41:37laissez-le parler
41:38Truchot
41:38oui d'accord
41:39mais il y a Guillaume Daré
41:40qui vient de s'installer
41:40mais Guillaume Daré
41:41il a qu'à en prendre
41:42son parti
41:42oui mais vous n'êtes pas
41:43tout seul
41:44allez-y
41:44en deux mots
41:45je connais quelqu'un
41:46qui était Mitterrand
41:47qui a fait plus que ça
41:48puisqu'il est parti de rien
41:49pour arriver à prendre un parti
41:51et l'Elysée
41:52oui qui faisait déjà 12%
41:53quand même le parti
41:53en question
41:54moi 3%
41:55il n'a pas rejeté le modèle
41:56non mais je veux dire
41:57il a poussé la performance
42:00plus loin
42:00mais je suis un de ses élèves
42:02donc ça veut dire Alain
42:04que Jean-Luc Mélenchon
42:05sera candidat en 2027
42:06il ne peut pas ne pas l'être
42:09en tout cas
42:11il fait et il dit
42:13tout ce qu'il peut
42:14pour que ce soit le cas
42:15en fonction de ses convictions
42:17qui ne sont pas les miennes
42:18que je respecte
42:19il le répète à chaque
42:20mais n'ayez pas peur
42:21personne ne va croire
42:22que vous êtes mélenchoniste
42:23alors ça je vous parie
42:25qu'après le débat
42:26il y aura des gens
42:27pour dire
42:28ah bah il n'est pas
42:29oui et moi aussi
42:29on va me dire
42:30tu t'es drôlement modéré
42:31pourquoi tu nous as
42:32pour affronter
42:33et alors
42:33vous serez candidat
42:35il va tomber en catalepsie
42:36non mais vous serez
42:36candidat en 2027
42:38il n'y a pas de suspense
42:39tu vois comment c'est
42:40oui il ne voulait pas
42:41me croire monsieur Duhamel
42:42je lui dis vous comprenez
42:42monsieur Duhamel
42:43c'est insupportable
42:44mais attendez
42:45je vous ai écouté
42:46pendant trois quarts d'heure
42:47monsieur le jour où
42:48j'aurais envie de
42:48vous parlez de programme
42:49vous parlez de volonté
42:50vous savez quoi
42:51je suis
42:51je fais partie
42:52d'une équipe
42:54et on verra
42:55lucidement
42:56on va bien
42:57se foutre de votre gueule
42:58avant
42:58parce qu'à toutes les émissions
42:59vous allez me demander
43:00alors alors
43:01on connait la réponse déjà
43:02de toute façon
43:02et si vous la connaissez
43:03pourquoi vous posez la question
43:04c'est pas pour ceux
43:05qui nous écoutent
43:06mais ceux qui nous écoutent
43:07ils sont plus malins que vous
43:11ils se disent
43:11ils ne veulent pas le dire
43:12et ben non en effet
43:13je ne veux pas dire
43:13ce que je vais faire
43:14parce que je ne sais pas
43:15on n'a pas décidé
43:16merci monsieur Truc

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