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Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, réagissait, mardi 29 avril, à la proposition du gouvernement de faire payer par les plateformes "des frais de gestion" de "quelques euros" pour les petits colis en provenance de Chine.

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Transcription
00:00La Vité Eco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, la France veut davantage taxer les petits colis en provenance de Chine.
00:09Un plan d'action en plusieurs étapes a été dévoilé ce matin par le gouvernement depuis la zone des douanes de l'aéroport de Roissy.
00:15Pourquoi maintenant ? Parce que les colis envoyés par les plateformes de vente en ligne Chine et autres Temu seront trois fois plus taxés aux Etats-Unis.
00:23A partir de ce vendredi, une décision de Donald Trump qui va entraîner un afflux encore plus important de ces colis en Europe.
00:31C'est en tout cas la crainte des autorités françaises.
00:34Bonsoir Yann Riveau-Allant.
00:35Bonsoir.
00:35Vous êtes à la tête de la Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin qui regroupe 130 marques de IKKS à Figaré en passant par Bach et Cézanne.
00:46La France a donc décidé de taper du poing sur la table et propose 1. de taxer les produits vendus par les grandes plateformes dès le premier euro.
00:55Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui au sein de l'Union Européenne.
00:57Et par ailleurs de renforcer les contrôles aux douanes. Est-ce que c'est une bonne méthode ?
01:02Sur le papier, ça a l'air d'être une bonne méthode. Dans les faits, c'est juste du flanc.
01:06Pour être très clair, aux Etats-Unis, il y a en effet une taxe de 100 dollars qui va être mise sur chacun de ces colis.
01:14Sachant qu'un colis en général fait autour de 50 dollars, ça va stopper définitivement toutes ces plateformes.
01:20De l'autre côté, on s'excuse de mettre une petite taxe dont on ne sait pas encore le montant pour payer le salaire des douaniers parce qu'ils vont avoir un peu plus de travail.
01:31Donc le problème, c'est quoi ? C'est que c'est trop compliqué ? C'est abstrait ?
01:34Que tout simplement, on devrait stopper ces colis définitivement. On devrait les taxer au minima à la TVA, à la taxe sur les produits importés qu'on doit avoir sur le textile.
01:44Et qu'aucune de ces taxes n'existe. Qu'aux Etats-Unis, il y a désormais cette taxe de 100 dollars qui va être mise en place, qui va tout stopper.
01:51Et que désormais, il y a toutes ces plateformes qui font deux fois plus de publicité d'ores et déjà sur des plateformes comme Google.
01:58Effectivement, il y a déjà davantage de publicité, notamment de la plateforme Chine, qu'on a pu voir ces derniers jours.
02:05Sauf que ce que vous savez aussi, c'est qu'il y a 27 pays au sein de l'Union Européenne et qu'il faut qu'ils se mettent d'accord au sein des 27 pour pouvoir changer les taxes aux frontières.
02:16Donc, ça ne peut pas se passer du jour au lendemain. Déjà, vous avez gagné deux ans. A priori, ces taxes vont être mises en place à partir de 2028 et non 2030.
02:25On ne va pas entrer dans le détail, mais on sait que ce n'est pas simple.
02:282028, c'est-à-dire, si je reviens en arrière et si je pense à Chine, il y a maintenant trois ans, c'est une société qui faisait à peine 3 milliards de dollars versus 40 maintenant.
02:38C'est une société qui faisait à peine quelques millions en France versus 3 milliards maintenant. Donc, on peut patienter pendant trois ans, on peut patienter des dizaines de milliers d'emplois encore qui vont être détruits.
02:48On peut patienter pour attendre que tous nos centres-villes soient définitivement vides. On peut patienter comme ça toutes ces années.
02:53On a cette capacité de pouvoir, ne serait-ce qu'avec la loi anti-fast fashion qui avait été votée il y a un an à l'Assemblée nationale, d'avoir vite et fort.
03:00Dans toutes ces mesures, il n'y a pas une seule fois où on rappelle que cette loi doit être votée.
03:05Il y a notre ministre de l'Écologie, du ministère de la Transition écologique, qui n'est pas là et qui ne rappelle pas à quel point l'affichage environnemental est une bonne mesure aussi pour pouvoir stopper ces colis.
03:16Et donc, ce ne sont pas des mesures, ce sont des mesurettes qui ne sont que de la communication pour faire croire qu'on va arrêter cette plateforme vis-à-vis des États-Unis, alors que dans les faits, il n'y a rien, définitivement rien.
03:28Alors, vous ne pensez pas qu'il va y avoir la mise en place d'une taxe dès 2026 ?
03:33C'est en tout cas ce qu'ont dit les membres du gouvernement de Bercy, du ministère de l'Économie et des Finances qui se sont déplacés en nombre ce matin à Roissy.
03:42Ils ont dit qu'ils n'allaient pas attendre 2028, mais qu'ils allaient mettre en place, là aussi on ne va pas rentrer dans le détail, mais des frais de gestion à partir de l'année prochaine pour qu'il y ait déjà quelque chose.
03:52Et sur le papier, ça devrait être 2 euros par colis et 50 centimes par produit. Donc, je prends par exemple un colis Chine, à peu près de 50 euros, je vais avoir 5 colis dedans, 5 produits dedans, je vais grosso modo payer 4,50 euros de plus.
04:06Donc, mon colis va passer de 50 euros à 54,50 euros.
04:11Et donc, ce n'est pas dissuasif ?
04:12Ça ne change strictement rien. De toute façon, ces produits à la fois exploitent les ouvriers qui sont en Chine, qui sont à peine payés 18 centimes par produit fabriqué.
04:21Ils doivent travailler près de 100 heures par semaine. Donc, on a de l'exploitation d'un côté. Il y a des TVA qui ne sont pas payés.
04:28Il y a Chine qui a fait 3 milliards d'euros en France l'année dernière. Je demanderais justement clairement que Chine déclare son chiffre d'affaires et je suis sûr qu'il déclare beaucoup moins que ce qu'ils font réellement.
04:40Donc, il y a aussi une fraude fiscale qui est caractérisée. Il y a une capacité à pouvoir polluer à l'infini.
04:4780% de ces produits sont en polyester et ils finissent sur la plage du Ghana ou dans d'autres déchèteries.
04:53C'est effectivement du plastique.
04:54Donc, tout explose. Le chômage explose. Et pour cela, on va au maximum mettre une petite mesure où on mettra potentiellement 4 euros de taxes par colis.
05:04Sachant que les autorités de l'Union européenne ont dit par la voix du commissaire européen au commerce qu'ils craignaient un véritable tsunami.
05:13C'est aussi votre crainte.
05:15Et l'État a le devoir de nous protéger, de protéger nos emplois, de protéger la planète, de protéger notre pouvoir d'achat.
05:23Et clairement, avec cette suite de mesures, il n'accomplit pas son devoir.
05:27Sachant que Chine représente déjà plus de 90% des 12 millions de petits paquets quotidiens qui arrivent en Europe.
05:35Qu'est-ce que vous dites en parallèle aux consommateurs qui achètent sur ces plateformes ?
05:40Un Français sur cinq a acheté des produits de mode sur Chine en 2024 d'après l'Observatoire économique de l'Institut français de la mode.
05:48Qu'est-ce que vous lui dites ? Vous lui dites que c'est mal ?
05:50Je pense que justement, c'est l'angle qu'il ne faut jamais prendre.
05:53Est-ce qu'on reproche à un alcoolique de boire ? Est-ce qu'on reproche à un fumeur de prendre trop de cigarettes ? Non.
05:59Ces plateformes déclenchent des addictions.
06:01Ces plateformes, avec leur prix ridicule, avec leur capacité de faire des surinvestissements publicitaires,
06:08avec leur capacité de nous faire passer des heures sur leur plateforme,
06:11nous mettent dans des bulles cognitives qui nous empêchent de réfléchir quand on achète.
06:15Donc il n'y a pas de responsabilité de la part du consommateur, à votre avis ?
06:19Il n'y a surtout pas à en avoir.
06:21C'est du devoir de l'État de nous protéger, et non pas de chacun des consommateurs, d'avoir de son côté des bons gestes.
06:28Pourquoi est-ce que le consommateur devrait être responsable quand l'État ne l'est pas ?
06:32Que qu'attendez-vous de l'État ?
06:33Vous avez parlé de la mise en place, l'entrée en vigueur de cette loi sur la fast fashion.
06:39Qu'est-ce qu'il peut faire concrètement aujourd'hui, le gouvernement français, tout seul,
06:43puisque, je le répète, les droits de douane sont de la responsabilité de l'Union européenne ?
06:48Reprenons les mesures qu'il peut y avoir dans la loi.
06:501. Interdiction de la publicité.
06:52Si on stoppe la publicité, on stoppe justement le carburant de ces véhicules, de ces plateformes,
06:57et donc, ils ne pourront plus avoir de croissance.
06:59Mais pour quel motif peut-on stopper la publicité ?
07:01Parce qu'on décrète que ce sont des produits qui font de l'ultra-fast fashion,
07:07et comme c'est de l'ultra-fast fashion, on décide qu'on va interdire la publicité.
07:11Le deuxième point, c'est qu'il y a un système de bonus-malus,
07:14qui est basé sur l'affichage environnemental,
07:16malus que devront payer ces plateformes parce que leurs produits sont de faible qualité,
07:19et qui iront justement dans un bonus pour pouvoir aider les marques françaises à inibler ou à recycler les produits.
07:25Dernier mot, si vous le voulez bien,
07:27est-ce que vous avez une idée du nombre d'emplois détruits par ces plateformes ?
07:31Je peux vous dire que déjà, ces trois dernières semaines,
07:34c'est six ans d'emplois qui ont été détruits,
07:36à la fois chez Céa et chez Caporal, qui a dû fermer définitivement le rideau.
07:40Entreprise marseillaise.
07:41Tout à fait.
07:42Donc, on a plusieurs milliers d'emplois, en effet, qui ont été détruits ces deux dernières années,
07:46et on voit clairement que ça continue.
07:47Merci beaucoup Yann Riveau-Allen, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin.
07:52Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

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