François Molins, ancien procureur général près de la cour de cassation, était l'invité de BFMTV ce mardi 29 avril.
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00:00La justice est dans une situation difficile parce qu'elle souffre d'une crise de moyens,
00:06elle a perdu la confiance à la société, il y a beaucoup de Français qui la trouvent à juste titre trop lente, trop complexe,
00:14elle est parfois mal comprise et elle souffre aussi, je pense, comme beaucoup d'institutions, d'une forme de discrédit.
00:22Parce que je pense qu'on vit dans une époque, il y a un certain nombre de responsables qui en jouent,
00:27on vit dans une époque dans laquelle il y a une montée des populismes.
00:31Et je pense que l'une des caractéristiques des populismes, c'est toujours d'exciter la défiance des citoyens
00:38contre les institutions et contre l'État de droit.
00:41Au fond, vous vous rendez sur ce qu'on disait à l'instant, vous nous entendiez peut-être depuis les coulisses de ce studio,
00:49lorsque vous entendez éventuellement les envies de candidature de quelqu'un comme Cyril Hanouna,
00:56qui a joué avec les interdits, notamment avec son émission, au point de finalement être interdit par les règles et les institutions,
01:01comme vous dites de l'ARCOM. Est-ce que ça, ça dit quelque chose de notre aimant ?
01:05Oui, je pense que ça dit quelque chose sur la façon d'appréhender les sujets de fond de notre société par beaucoup de nos concitoyens.
01:13Et je pense que c'est aussi quelque part le syndrome d'une forme de crise démocratique.
01:18Moi, ce n'est pas l'idée que je me fais de la politique.
01:20Et vous voulez justement, j'ai l'impression, la reconstruire à la fois, reconstruire l'image de la justice ?
01:27Oui, il faudrait.
01:29Mais est-ce qu'elle s'est abîmée aussi seule, la justice ? Vous le disiez à juste titre, parfois.
01:35Si vous voulez, la justice, elle est au cœur de la société, elle est en charge d'un certain nombre de problèmes et de litiges qu'il faut trancher.
01:43Et elle est, j'allais dire, toujours par définition, dans une forme de situation difficile.
01:48Parce que quand on va voir un juge, en général, on dit souvent que les décisions de justice font des ingrats ou des mécontents.
01:54La justice, il faut bien comprendre que, et ça explique aussi tous les climats de menace dont on parlera sûrement,
02:01le métier de juge et de procureur, c'est un métier qui est délicat et qui est exposé.
02:07Parce que c'est un métier dans lequel, en permanence, on sait qu'on va devoir statuer sur des affaires dans lesquelles on va prendre des décisions
02:14qui seront peut-être conformes au droit, mais qui vont être foncièrement impopulaires.
02:19Et ça renvoie tout ça derrière quelque chose qui est aussi vieux que l'office du juge, c'est que le juge, il n'est pas là pour faire plaisir.
02:27Il est là pour appliquer la loi et faire respecter le droit.
02:30Mais il se trouve que certaines de ces décisions peuvent venir heurter, effectivement, l'attente des attentes populaires ou populistes
02:38et que donc les décisions qui rendent ne sont pas comprises.
02:41Et je pense que c'est ça aussi qui alimente ce clivage et qui devrait, je pense, inciter l'institution à peut-être faire un effort beaucoup plus important
02:51pour expliquer ce qu'elle fait, comment elle travaille et quand elle rend des décisions de ce type, pourquoi elle les a rendues ?
02:56Essayer de faire de la pédagogie.