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Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour nous sentir à notre place ? Cette interrogation, insidieuse mais omniprésente, traverse les vies professionnelles comme une ombre sournoise et silencieuse. Elle interroge notre rapport au monde et à nous-mêmes : où commence et où finit l’accord entre soi et les attentes extérieures. Il faut en chercher l’origine dans la pensée des Lumières qui, la première, valorise la notion d’« autonomie ». Est lui-même celui qui pose ses règles, ses normes, celui qui décide par lui-même et, quelque part, choisit sa place. D’om le fait dans tous les domaines de notre vie, nous sommes attachés au fait d’avoir une place à soi, bien identifiée. [...]

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00:00Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour nous sentir à notre place ?
00:12Cette interrogation insidieuse mais omniprésente traverse les vies professionnelles
00:17comme une ombre sournoise et silencieuse.
00:20Elle interroge notre rapport au monde et à nous-mêmes.
00:23Où commence et où finit l'accord entre soi et les attentes extérieures ?
00:28Il faut en chercher l'origine dans la pensée des Lumières
00:31qui, la première, valorise la notion d'autonomie.
00:35Et lui-même, celui qui pose ses règles, ses normes,
00:39celui qui décide par lui-même et quelque part choisit sa place.
00:44D'où le fait que dans tous les domaines de notre vie,
00:47nous sommes attachés au fait d'avoir une place à soi bien identifiée.
00:52Cela nous permet de nous convaincre que nous sommes uniques.
00:56C'est quelque chose de rassurant et de valorisant.
00:59Si bien qu'à l'inverse, le moindre changement dans les places nous inquiète et nous dérange.
01:05Un salarié qui se voit attribuer un bureau dans un kajibi souffrira d'un manque de reconnaissance.
01:12Si bien que l'on parle de mise au placard.
01:15La manière dont les individus prennent spontanément des habitudes dans l'espace
01:19montre qu'il y a des endroits où ils se sentent mieux, plus protégés, moins exposés,
01:25mais aussi que certaines places sont plus valorisées que d'autres.
01:29En entreprise, cette quête prend une coloration particulière,
01:33oscillant entre aspirations personnelles et contraintes structurelles.
01:38Être à sa place n'est jamais un état figé.
01:41C'est une expérience mouvante, souvent marquée par un sentiment de décalage.
01:47Claire Marin, philosophe de la rupture, le décrit comme une tension permanente
01:52entre ce que l'on est et le sentiment de ce que l'on doit être.
01:57Ce décalage se manifeste dans des situations anodines mais révélatrices.
02:02Un poste qui ne correspond plus à nos compétences,
02:05une équipe où l'on peine à trouver sa place,
02:08des valeurs affichées par l'entreprise, mais contredites par la réalité des pratiques.
02:14Ces moments nous rappellent que le travail,
02:17loin d'être un simple outil de subsistance,
02:19est aussi un espace d'expression de soi.
02:23Pourtant, lorsque cet espace devient un théâtre
02:26où l'on joue un rôle étranger, la tension grandit.
02:29Le syndrome de l'imposteur trouve ici un terreau fertile,
02:33nourri par des environnements
02:35où la performance prime sur le fait d'être soi-même.
02:39L'individu, pressé par des attentes normatives,
02:43se retrouve écartelé entre les injonctions externes
02:46et sa vérité intérieure.
02:49Claire Marin parle de rupture comme d'un moment clé,
02:53l'instant où l'on réalise que l'on est devenu étranger à soi-même.
02:57Cette prise de conscience, bien que douloureuse,
03:00peut être une étape libératrice.
03:02En entreprise, elle se traduit souvent par un repositionnement professionnel,
03:07une reconversion, voire une démission.
03:10Mais tout le monde n'a pas la possibilité de quitter le navire.
03:13Les obligations financières, les responsabilités familiales
03:16ou simplement la peur de l'inconnu contraignent souvent au statu quo.
03:21Que faire alors ?
03:22Il s'agit de composer avec ce que l'on estime dissonant avec son credo,
03:27de trouver des stratégies pour se réapproprier son espace professionnel.
03:32Ici, la notion de micro-résistance prend tout son sens.
03:36Ces gestes subtils mais significatifs permettent de recréer un sentiment de liberté,
03:42changer une manière de travailler,
03:44refuser certaines tâches incohérentes avec ses valeurs
03:46ou encore réinvestir des projets alignés avec son éthique.
03:51Ces actes, à première vue insignifiants,
03:53redonnent du sens à l'expérience professionnelle.
03:57Être à sa place ne signifie pas atteindre une harmonie parfaite.
04:02C'est plutôt un alignement fragile
04:04à négocier sans cesse entre ses compétences,
04:07ses valeurs et son quotidien.
04:08Peut-être faut-il abandonner l'idée d'une place idéale
04:13pour embrasser celle d'une place à construire
04:16en évolution permanente.
04:18Cette posture exige une certaine souplesse
04:21mais aussi du courage,
04:23celui d'oser réévaluer ses choix et ses désirs
04:26en fonction du cadre dans lequel on évolue.
04:30En somme, être à sa place n'est pas une destination
04:33mais une expérience.
04:35Comme l'avait déjà compris Montaigne,
04:37« La pire place est de rester en nous,
04:40dans un petit confort intérieur,
04:42en se contentant de se satisfaire de qui on est,
04:45sans voir ce qui peut paraître fragile,
04:47incertain, changeant. »
04:50Le risque est alors de nous installer
04:52dans un personnage qui nous emprisonne.
04:54Ce qui est intéressant, en fin de compte,
04:57ce n'est pas de se trouver,
04:58mais au contraire de se déplacer
05:00ou, comme le dit encore une fois Claire Marin,
05:03essayer d'autres façons de vivre,
05:05même de manière imaginaire,
05:07et découvrir ses propres mouvements intérieurs.
05:10Sous-titrage Société Radio-Canada
05:13Sous-titrage Société Radio-Canada
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