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🔎 Nordahl Lelandais, l'affaire Erignac, … Il a croisé les plus grands criminels de France !
Pour inaugurer son nouveau format de "Grand Entretien", Le Nouveau Détective donne la parole à Jacques Dallest, figure majeure de la magistrature française ⚖️

Dans son dernier livre Sur les chemins du crime (Mareuil Éditions), il revient sur 42 affaires marquantes, vécues au cœur de l’instruction ou du prétoire 📚
Un témoignage rare, à la fois glaçant et profondément humain, sur ce que la justice pénale révèle de l’âme humaine.
Confidences d’un magistrat au long cours, entre fascination, doutes… et espoir.

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Transcription
00:00:00Souvent, l'homme tue sa femme parce qu'elle veut l'abandonner.
00:00:04Je le raconte, j'ai des exemples où la femme en a un peu marre de l'oisiveté de son compagnon ou de son alcoolisme.
00:00:11Donc le type craint qu'elle l'abandonne et il la tue.
00:00:14Ce sont des crimes où le type s'est levé le matin sans savoir qu'il allait tuer quelqu'un dans la journée.
00:00:30Bonjour à tous, je suis Cristobal Lecrève, bienvenue sur la chaîne du Nouveau Détective.
00:00:33Aujourd'hui, je suis avec Jacques Dalleste qui a été magistrat pendant une quarantaine d'années.
00:00:38Vous pouvez aussi nous écouter sous format podcast.
00:00:41Jacques Dalleste a sorti un livre sur les chemins du crime, édité par Mareuil Édition,
00:00:47qui est un super livre, je ne peux que vous le conseiller.
00:00:49Dedans, il raconte 42 crimes qu'il a instruits ou jugés pendant sa carrière.
00:00:56Bonjour Jacques Dalleste, comment allez-vous ?
00:00:57Bonjour Cristobal, très bien, merci de m'avoir invité.
00:01:00C'est avec grand plaisir, merci à vous d'être venu.
00:01:03Je vais directement commencer mon interview.
00:01:07Vous avez eu 40 années passées au cœur du crime.
00:01:10Pourquoi avoir choisi d'écrire ce livre maintenant ?
00:01:13Alors, ce n'est pas mon premier livre,
00:01:15puisque en 2015, il y a 10 ans, j'avais déjà sorti un livre qui s'appelait « Mes homicides »
00:01:20où je raconte mes relations avec des affaires criminelles
00:01:26que j'ai connues dans ma carrière, et notamment des affaires de grand banditisme et autres.
00:01:31Et j'ai continué.
00:01:32En 2023, j'ai sorti un nouveau livre, « Cold Case »,
00:01:35où je raconte un peu la problématique des crimes non élucidés,
00:01:39puisque j'ai dirigé une commission qui a réfléchi là-dessus.
00:01:43Et ce troisième livre, c'est un peu celui d'une trilogie.
00:01:46Cette fois, je parle des crimes élucidés, résolus,
00:01:49que j'ai connus, soit comme juge d'instruction,
00:01:52soit comme procureur de la République,
00:01:54soit comme avocat général d'Assise.
00:01:56Vous le dites dès l'introduction,
00:01:58vous avez aimé ces moments terribles, mais humainement passionnants.
00:02:01Qu'est-ce qui rend cette matière criminelle si fascinante ?
00:02:04Vous le savez, de tout le temps,
00:02:06et le nouveau détective est bien placé,
00:02:07puisque c'est un journal ancien,
00:02:09qui est le public, mais depuis très longtemps,
00:02:12en France comme à l'étranger,
00:02:13est friand d'affaires criminelles.
00:02:16Ça nourrit une très grande littérature.
00:02:20Et aujourd'hui, ce sont des téléfilms,
00:02:22des séries, des documentaires, des podcasts.
00:02:25Il y a toujours un intérêt.
00:02:27Alors, on parle même souvent de fascination du grand public.
00:02:31Pourquoi ?
00:02:31Parce que, finalement, le crime, c'est dans la vie.
00:02:34La vie, la mort, ça fait partie de notre environnement.
00:02:38Et puis, souvent, il y a l'idée de mystère qui passionne.
00:02:41On frissonne aussi par procuration.
00:02:43Vous êtes là sur votre canapé en train de dire un polar,
00:02:45et puis, quelque part, vous vous identifiez peut-être un peu à l'auteur, à la victime.
00:02:50Ça a toujours passionné.
00:02:51Vous avez vu la production de Polar, quoi.
00:02:53C'est énorme.
00:02:55Et ce qu'il y a un jour à la télévision,
00:02:57sans qu'il y ait un téléfilm, sans un crime, il y a toujours ça.
00:03:01Donc, c'est quelque chose qui a toujours intéressé.
00:03:03Et moi, ce que j'essaye de faire maintenant,
00:03:05c'est de rendre accessible à mes concitoyens,
00:03:08qui peuvent être des jurés de cour d'acide, d'ailleurs.
00:03:10Il ne faut pas oublier qu'un lecteur du Nouveau Détective peut un jour être tiré au sort,
00:03:15pour être juré de cour d'acide.
00:03:16C'est d'essayer de faire comprendre un peu comment ça fonctionne,
00:03:19cette machinerie judiciaire qui est un peu compliquée,
00:03:22qu'on découvre dans les médias.
00:03:24Et puis, quand vous êtes confronté à cela,
00:03:26c'est un univers de rendre un peu accessible
00:03:29ce domaine qui n'est pas très bien connu, finalement.
00:03:33Alors, vous disiez que le crime fascine.
00:03:36Est-ce qu'il y a des affaires qui fascinent,
00:03:39je vais parler plutôt du public, plus que d'autres ?
00:03:41Et pourquoi, en fait ?
00:03:42C'est quoi les conditions pour qu'une affaire,
00:03:44finalement, intéresse le grand public ?
00:03:46Alors, je vais vous dire, pratiquement,
00:03:47la plus belle affaire,
00:03:49la plus belle situation qui passionne le public,
00:03:52et donc les médias,
00:03:54ce sont les disparitions d'enfants,
00:03:56qu'on retrouve mort,
00:04:01ou qu'on ne retrouve pas,
00:04:02mais qu'on retrouve mort,
00:04:03et dont l'auteur n'est pas arrêté tout de suite.
00:04:05Vous voyez les épisodes ?
00:04:06Prenez l'affaire du petit Grégory,
00:04:08l'affaire du petit Émile.
00:04:10Pourquoi les enfants ?
00:04:11Parce que là, il y a un vrai phénomène d'identification.
00:04:14Tout le monde a des enfants,
00:04:16et il se dit, mais ça aurait pu être mon gamin.
00:04:19Et puis, c'est le côté indignation, quoi.
00:04:20On s'en prend à un enfant,
00:04:22et ça, ça suscite la révolte, quoi.
00:04:27La colère.
00:04:29Et puis, surtout,
00:04:31là, il y a la curiosité
00:04:33qui est aussi sollicitée
00:04:36quand on n'a pas l'auteur, tout de suite.
00:04:38Et si, en plus, le pire du pire,
00:04:40on retrouve l'enfant mort,
00:04:43assassiné,
00:04:45là, on se dit, c'est l'horreur,
00:04:47et il y a un danger public,
00:04:49il y a un assassin qui court.
00:04:50Donc là, c'est presque des ingrédients.
00:04:53Pour qu'une affaire...
00:04:54Et regardez le petit Émile,
00:04:55comme ça, ça draine.
00:04:56Il y a eu l'affaire du petit Grégory,
00:04:57mais il y en a eu beaucoup d'autres.
00:04:59La petite Louise,
00:05:00une enfant qui a été tuée
00:05:01en région parisienne
00:05:02par un type de rencontre.
00:05:04Il y a eu beaucoup d'affaires comme ça
00:05:06dans l'histoire judiciaire.
00:05:08Et ça a toujours suscité un grand intérêt.
00:05:10Pourquoi ?
00:05:11Parce que les gens se sentent concernés.
00:05:12Un règlement de compte, finalement,
00:05:14c'est un truc entre voyous.
00:05:16Tandis que le meurtre d'une personne
00:05:18adulte ordinaire, ça intéresse plus,
00:05:20et a fortiori un enfant.
00:05:21Voilà, c'est un peu l'explication.
00:05:24Et une fois qu'on a l'auteur,
00:05:28ça retombe.
00:05:29On va juger, je crois, en octobre,
00:05:31la meurtrière présumée
00:05:32de la petite Lola,
00:05:33vous savez, une gamine
00:05:34qui a été tuée à Paris.
00:05:35C'est une femme,
00:05:36elle a mis en cause.
00:05:38On a un peu oublié,
00:05:39alors que ça avait beaucoup
00:05:40défrayé la chronique.
00:05:42Donc, on en parle énormément
00:05:43de ces faits divers,
00:05:44tant qu'ils ne sont pas résolus.
00:05:46Puis le jour où on a un suspect,
00:05:48quelqu'un mis en examen,
00:05:49la pression retombe.
00:05:50Et ça redémarrera
00:05:51au moment du procès.
00:05:53Là, de nouveau,
00:05:54et je l'ai connu pour le meurtre,
00:05:55la petite Maïlis,
00:05:57en 2022,
00:05:58là, de nouveau,
00:05:58l'intérêt,
00:05:59parce que là,
00:06:00tout est mis
00:06:00sur la place publique.
00:06:03Alors, vous avez exercé
00:06:04à Rhodes, Lyon,
00:06:05Ajaccio, Marseille, Grenoble.
00:06:07Est-ce qu'il y a une juridiction
00:06:08qui vous a particulièrement marqué ?
00:06:10Pourquoi ?
00:06:11Alors, j'ai commencé,
00:06:12je voulais,
00:06:13à la sortie de l'école
00:06:14de la magistrature,
00:06:15je voulais être juge d'instruction.
00:06:16Ça m'intéressait,
00:06:17ce côté un peu recherche
00:06:18de la vérité,
00:06:19enquête et tout.
00:06:21Et mon premier poste,
00:06:22ça a été La Véron,
00:06:23Rhodes,
00:06:23petite ville,
00:06:24plutôt rurale.
00:06:26Et je ne suis pas resté
00:06:26très longtemps,
00:06:27je suis resté deux ans et demi,
00:06:28mais je raconte
00:06:29un certain nombre d'affaires
00:06:30que j'ai connues là-bas.
00:06:32J'ai fait mes classes
00:06:33d'une certaine manière.
00:06:34Après, je suis allé à Lyon,
00:06:35où là,
00:06:36c'est une autre dimension
00:06:37avec la criminalité organisée,
00:06:40les règlements de comptes,
00:06:41des trafics,
00:06:42des choses comme ça.
00:06:43Ça a été riche.
00:06:44Finalement,
00:06:44j'ai fait dix ans
00:06:45comme juge d'instruction.
00:06:46Donc, ça m'a appris
00:06:47à travailler,
00:06:49à essayer de rechercher
00:06:50les auteurs,
00:06:51puis aussi à questionner,
00:06:52à interroger quelqu'un
00:06:53à qui on reproche
00:06:54un viol, un meurtre.
00:06:55Ça a été très bénéfique
00:06:57sur le plan psychologique.
00:06:58Quand vous voulez faire parler
00:07:00quelqu'un,
00:07:00il ne faut pas l'agresser.
00:07:02Le boulot du juge,
00:07:03c'est d'instruire un dossier,
00:07:04c'est d'essayer de faire parler
00:07:05la personne en cause
00:07:05qui sera peut-être jugée
00:07:07à la fin.
00:07:08Et ça,
00:07:09ça a été passionnant.
00:07:10J'ai beaucoup appris.
00:07:11J'aimais beaucoup aller
00:07:12avec les enquêteurs
00:07:13le matin
00:07:13sur une perquisition,
00:07:15une opération,
00:07:16X ou Y.
00:07:17Et après,
00:07:18comme procureur,
00:07:19où là,
00:07:19je suis resté 15 ans
00:07:20procureur dans différentes villes,
00:07:22dont la Corse,
00:07:23avec Ajaccio,
00:07:24et Marseille,
00:07:25là,
00:07:25c'était encore autre chose.
00:07:28Comment on fait
00:07:28pour interroger quelqu'un
00:07:31qui a sans doute
00:07:32commis le pire ?
00:07:34Alors,
00:07:35le juge,
00:07:36il met en examen
00:07:37une personne
00:07:38contre laquelle
00:07:39il y a des indices
00:07:40graves ou concordants
00:07:41d'avoir commis une infraction.
00:07:43C'est ce que dit la loi.
00:07:43Donc,
00:07:44on met en examen
00:07:45quelqu'un qui est suspecté
00:07:46d'avoir commis
00:07:46un crime
00:07:47ou un délit.
00:07:48Le juge d'instruction,
00:07:49il intervient
00:07:49pour les affaires graves
00:07:51et les affaires complexes.
00:07:53Tous les crimes
00:07:54sont instruits
00:07:55par un juge d'instruction.
00:07:56Viol,
00:07:57vol à marmée,
00:07:58meurtre,
00:07:59ce sont des crimes.
00:08:00Et donc,
00:08:01le travail du juge,
00:08:03c'est de faire parler
00:08:04s'il le veut bien,
00:08:05puisqu'on ne peut pas forcer
00:08:06quelqu'un qui est suspecté
00:08:08de dire ce qu'il a fait
00:08:09ou ce qu'il n'a pas fait,
00:08:11puisqu'il peut être innocent,
00:08:13puisque le juge est instruit
00:08:14à charge et à déchats.
00:08:15Et aussi,
00:08:15deuxième chose,
00:08:16de connaître
00:08:16sa personnalité
00:08:18avec expertise psychiatrique,
00:08:20psychologique,
00:08:21tout ça pour rassembler
00:08:22un dossier
00:08:23qui,
00:08:24s'il est suffisant,
00:08:25pourrait être jugé
00:08:26par une cour d'assises
00:08:27s'il s'agit d'un crime
00:08:28ou par un tribunal correctionnel
00:08:30s'il s'agit d'un délit.
00:08:31C'est ça le travail
00:08:31qui peut durer
00:08:32six mois,
00:08:34un an,
00:08:34deux ans,
00:08:35trois ans,
00:08:35quatre ans.
00:08:36Ça dépend de la complexité
00:08:38de l'affaire.
00:08:39Et tout ça se fait
00:08:39dans une démarche
00:08:41assez confidentielle,
00:08:42puisqu'il y a
00:08:42le secret de l'instruction.
00:08:44Et s'il y a un procès,
00:08:45là,
00:08:46ce sera public.
00:08:46C'est quoi l'affaire
00:08:48la plus longue
00:08:48que vous ayez instruit ?
00:08:50Alors,
00:08:52quand on prend
00:08:53un cabinet
00:08:53de juge d'instruction,
00:08:54on récupère
00:08:54des dossiers
00:08:55de son prédécesseur.
00:08:56Donc,
00:08:56il y a des dossiers
00:08:57pour certains
00:08:57qui avaient déjà
00:08:58deux,
00:08:59trois,
00:08:59quatre,
00:08:59cinq ans d'âge.
00:09:01Est-ce qu'on les clôture
00:09:02à son tour
00:09:02ou est-ce qu'on les garde
00:09:03ouverts ?
00:09:04À une époque,
00:09:07l'instruction
00:09:08durait plus longtemps
00:09:09qu'aujourd'hui.
00:09:10Enfin,
00:09:11le temps d'incarcération,
00:09:12la détention provisoire,
00:09:13je pense à l'affaire Simone Weber
00:09:15qui est accusée
00:09:16d'avoir tué deux personnes.
00:09:18Elle a resté cinq ans
00:09:19en détention provisoire.
00:09:20C'était un collègue de Nancy
00:09:21qui avait instruit
00:09:22cette affaire.
00:09:23Elle est plus longue,
00:09:24ça a dû être
00:09:25trois ans,
00:09:26je pense,
00:09:27quatre ans.
00:09:28Mais le problème,
00:09:28c'est qu'à un moment,
00:09:29on est muté,
00:09:30on change de poste
00:09:31et votre dossier,
00:09:31vous le donnez
00:09:32à votre successeur.
00:09:33Mais il y a des instructions
00:09:34qui ont duré
00:09:35extrêmement longtemps.
00:09:35L'assassinat du juge Renaud
00:09:39à Lyon 1975,
00:09:41l'instruction a duré
00:09:4217 ans.
00:09:44Et elle a été clôturée
00:09:45en 92,
00:09:46pas par moi,
00:09:47mais par un collègue.
00:09:49L'affaire du petit Grégory,
00:09:51l'instruction dure
00:09:51depuis 1984,
00:09:53plus de 40 ans.
00:09:55Et le dossier
00:09:55est toujours en cours.
00:09:56Donc actuellement,
00:09:57il y a un juge d'instruction
00:09:58qui travaille sur cette affaire ?
00:09:59Il y a un juge,
00:09:59un magistrat de la chambre
00:10:00de l'instruction de Dijon
00:10:01puisque le dossier
00:10:02qui avait été instruit
00:10:03à Ipinal dans les Vosges
00:10:04a été délocalisé à Dijon.
00:10:06Et depuis 40 ans,
00:10:09c'est maintenant
00:10:09l'énième magistrat
00:10:11qui est dessus,
00:10:11travaille sur cette affaire
00:10:12de l'assassinat
00:10:13du petit Grégory.
00:10:14Il n'y a pas de limite
00:10:15dans le temps,
00:10:16même si aujourd'hui,
00:10:17on essaie de resserrer
00:10:19un peu tout ça.
00:10:20Et puis maintenant,
00:10:20avec les cold case,
00:10:21il y a des dossiers
00:10:22très anciens
00:10:22qui sont réouverts
00:10:25avec notamment
00:10:26l'intervention
00:10:27du pôle de Nanterre
00:10:28spécialisé.
00:10:29Et peut-être
00:10:30que des années plus tard,
00:10:31il y a des succès,
00:10:32on peut identifier
00:10:33l'auteur d'un crime
00:10:34qui a été commis
00:10:35il y a 20-30 ans.
00:10:36Pourquoi ?
00:10:36Parce que l'ADN
00:10:37qui est apparu
00:10:39dans les années 95
00:10:40permet d'avoir
00:10:41une empreinte génétique.
00:10:42Et là,
00:10:42ça peut être une signature
00:10:43qu'on n'avait pas avant
00:10:45et qui maintenant
00:10:47peut trahir
00:10:47l'auteur des faits
00:10:48qui a laissé son ADN
00:10:49sur un meurtre,
00:10:50sur un viol.
00:10:50Et c'est comme ça
00:10:51qu'on résout des affaires
00:10:53longtemps plus tard
00:10:53grâce à l'ADN.
00:10:55Est-ce que l'ADN,
00:10:55c'est la preuve des preuves ?
00:10:58Alors, il y a longtemps,
00:10:59on parlait de l'aveu
00:10:59qui était la reine des preuves.
00:11:01L'aveu a toujours
00:11:02son importance.
00:11:03Quelqu'un qui avoue
00:11:04de façon complète,
00:11:05ce n'est pas négligeable.
00:11:07Mais les déclarations verbales,
00:11:10on peut très bien revenir,
00:11:11se rétracter, etc.
00:11:13La preuve scientifique,
00:11:15c'est toujours la meilleure.
00:11:18Des empreintes digitales,
00:11:20des traces que vous laissez.
00:11:22Et ça,
00:11:23ça a considérablement fait avancer.
00:11:25Ça a pu permettre
00:11:25de disculper des gens
00:11:27qui étaient suspectés.
00:11:28On dit, finalement,
00:11:29ce n'est pas son ADN.
00:11:30Parce qu'on a vu des gens
00:11:31avouer des crimes
00:11:32qu'il n'avait pas commis.
00:11:34Mais l'ADN ne va pas tout dire.
00:11:36Vous voyez,
00:11:36sur nos verres,
00:11:38on laisse notre ADN.
00:11:40Si quelqu'un prend un verre
00:11:42et le pose sur une scène de crime,
00:11:44on va dire,
00:11:45mais pourquoi vous avez votre ADN ?
00:11:46Alors que ça aurait été
00:11:47une machination.
00:11:47En revanche,
00:11:48si on retrouve sur les vêtements
00:11:49d'une victime tuée chez elle,
00:11:51du sang,
00:11:53votre sang,
00:11:54il faudra vous expliquer
00:11:55comment il est arrivé là.
00:11:57Et pire,
00:11:57votre sperme,
00:11:59ça ne peut pas être un hasard.
00:12:00Parce que l'ADN,
00:12:01on peut se le transmettre
00:12:02des cellules par contact.
00:12:03Le sang,
00:12:04ce n'est pas tout à fait le cas.
00:12:05Tout ce qui est fluide humain.
00:12:07Donc, il y a ADN et ADN
00:12:08et certains peuvent être
00:12:09absolument déterminants.
00:12:10J'ai un bon exemple,
00:12:11l'affaire Norda-le-Landre,
00:12:12on a pu le confondre
00:12:15et il a été condamné
00:12:16uniquement parce que
00:12:17en retravaillant,
00:12:19en examinant minutieusement
00:12:20le coffre de la voiture,
00:12:22on a retrouvé une micro-trace de sang
00:12:23de la petite Maëlys
00:12:24dans le coffre arrière.
00:12:26Jusque là,
00:12:26on avait retrouvé son ADN
00:12:27sur les bords.
00:12:31Et lui avait dit
00:12:32« Oui, elle est venue la petite,
00:12:34elle a joué,
00:12:34elle est ressortie de la voiture. »
00:12:35C'était plausible.
00:12:36En revanche,
00:12:37une micro-trace de sang
00:12:38sur le coffre arrière,
00:12:40ça montrait qu'elle avait été
00:12:41sans doute transportée.
00:12:42Et là,
00:12:43le Landais a reconnu les faits.
00:12:44S'il n'y avait pas eu ça,
00:12:46il serait peut-être
00:12:46dehors aujourd'hui.
00:12:48Et la petite Maëlys,
00:12:49on la chercherait toujours.
00:12:51Et donc,
00:12:51ça a été la preuve déterminante,
00:12:53la preuve scientifique,
00:12:54l'ADN,
00:12:55qui a pu permettre
00:12:56de le juger,
00:12:56de le condamner.
00:12:57et d'élucider aussi
00:12:58l'affaire du caporal noyé.
00:13:01Dans votre livre,
00:13:02vous écrivez
00:13:02« Le crime n'est pas un concept,
00:13:04c'est une réalité choquante. »
00:13:06Qu'est-ce que la réalité du crime
00:13:07vous a appris sur l'homme ?
00:13:10Oui, alors,
00:13:11si vous lisez
00:13:12les grands classiques
00:13:12d'Ostoyevsky,
00:13:13« Crime et châtiment »,
00:13:14« La psychologie du meurtrier »,
00:13:16il y a mille raisons
00:13:17de tuer quelqu'un.
00:13:19Et moi,
00:13:20j'ai appris beaucoup là-dessus
00:13:23pour montrer aussi
00:13:23la complexité de l'esprit humain,
00:13:25pourquoi quelqu'un
00:13:25bascule dans le crime,
00:13:27alors que son frère
00:13:28ne le fera jamais.
00:13:29Il y a plein de choses
00:13:30qui peuvent jouer,
00:13:31la génétique et autres.
00:13:33Et puis,
00:13:33il y a la liberté individuelle
00:13:34qui fait que,
00:13:35et moi,
00:13:35ça m'a beaucoup intéressé
00:13:36justement d'être confronté à ça.
00:13:40Et certains écrivains
00:13:41le racontent bien,
00:13:42ce basculement
00:13:44qu'on peut tout savoir.
00:13:46On a tous un potentiel
00:13:48d'agressivité,
00:13:49plus les hommes
00:13:49que les femmes d'ailleurs,
00:13:51qu'on va maîtriser
00:13:52jusqu'au jour
00:13:53où ça peut éclater.
00:13:55Qui n'a pas eu
00:13:55un moment de colère
00:13:56vis-à-vis
00:13:57d'un membre de sa famille,
00:13:58de ses parents,
00:13:59d'un camarade d'école,
00:14:01de son employeur.
00:14:03Et de temps en temps,
00:14:03ça explose.
00:14:05Alors,
00:14:05il peut y avoir
00:14:06des troubles
00:14:06de la personnalité.
00:14:07Vous voyez,
00:14:08Gabriel Fortin
00:14:09qui a été condamné
00:14:09deux fois perpétue
00:14:10pour le meurtre
00:14:11des DRH,
00:14:12un type qui a tué
00:14:13quatre personnes
00:14:14dans une espèce
00:14:15d'odyssée sanglante.
00:14:17Il a été jugé à Valence,
00:14:18il a été jugé à Grenoble.
00:14:20Il a jamais...
00:14:21Une espèce de froideur.
00:14:22Lui,
00:14:22il avait eu un problème
00:14:23ancien.
00:14:24C'était un type
00:14:24qui n'avait pas été
00:14:26connu de la justice
00:14:27et qui à un moment
00:14:28a basculé dans le crime
00:14:28parce qu'il avait
00:14:29une rancœur
00:14:30contre le monde du travail.
00:14:31Il a tué quatre personnes.
00:14:33Donc,
00:14:33vous vous dites,
00:14:35trois personnes,
00:14:36qu'à un moment,
00:14:36ça peut arriver
00:14:37à pas mal de gens
00:14:38qui,
00:14:39dans leur vie,
00:14:40vont être en dépression,
00:14:42vont tomber
00:14:43dans des difficultés
00:14:44ou vont avoir
00:14:44un excès de colère,
00:14:46de haine
00:14:46qui explose.
00:14:47et souvent,
00:14:48ça se passe
00:14:49dans le milieu familial,
00:14:50l'amour amène
00:14:51à la haine
00:14:51pour plein de raisons
00:14:54et c'est ça
00:14:55qui est intéressant
00:14:56et même les psychiatres
00:14:57ont du mal à expliquer
00:14:58pourquoi tel homme
00:15:01ou telle personne
00:15:02tombe dans le crime
00:15:03alors qu'il n'a pas eu
00:15:05une enfance malheureuse,
00:15:06il a un job normal,
00:15:08il n'est pas écarté
00:15:09de la société
00:15:10et ça,
00:15:11c'est le grand mystère
00:15:12et que moi,
00:15:13je n'ai jamais résolu.
00:15:14C'est-à-dire qu'il y a
00:15:14toujours un moment,
00:15:15cet espèce de rupture
00:15:17en un trait
00:15:19dans quelques secondes
00:15:21qu'on a du mal à expliquer
00:15:22pourquoi.
00:15:22Alors,
00:15:23il y a des gens
00:15:23qui ruminent leur truc,
00:15:24qui préméditent,
00:15:26ça,
00:15:26c'est ce qu'on appelle
00:15:26l'assassinat,
00:15:28mais la plupart des crimes
00:15:29de sens
00:15:29sont des crimes d'impulsion,
00:15:31des disputes
00:15:32à la sortie d'un bar
00:15:33avec son voisin.
00:15:35L'alcool joue
00:15:36un rôle très néfaste.
00:15:38Souvent,
00:15:38l'alcool,
00:15:39et dans mon bouquin,
00:15:40je donne un certain
00:15:41nombre d'exemples.
00:15:42Si les gens n'avaient pas bu,
00:15:44ils n'auraient jamais tué.
00:15:45Mais il y a des gens
00:15:46qui agissent froidement
00:15:47et dans tous les milieux.
00:15:50Et ça,
00:15:50c'est le grand mystère.
00:15:51Je raconte l'histoire
00:15:52d'un universitaire brillant
00:15:54qui a tué sa femme.
00:15:56Ce n'est pas un milieu
00:15:57du tout défavorisé.
00:15:58Sa femme,
00:15:58qui était elle-même universitaire
00:15:59et qui a tiré
00:16:01à plusieurs coups de feu
00:16:03en présence de son fils,
00:16:05de leur fils.
00:16:06Voilà.
00:16:07Donc,
00:16:07personne ne peut se croire
00:16:08à l'abri
00:16:09de ça.
00:16:11On ne sera jamais,
00:16:12vous et moi,
00:16:13un tueur en série.
00:16:15Ni,
00:16:15je pense,
00:16:16un tueur crapuleux
00:16:17qui tuera pour de l'argent.
00:16:19En revanche,
00:16:19on peut tous,
00:16:20vous et moi,
00:16:21à un moment,
00:16:21avoir un coup de colère,
00:16:23de dépression.
00:16:23regarder ce qu'on voit
00:16:25avec des personnes âgées
00:16:26qui tuent
00:16:27ce qu'on appelle
00:16:27le meurtre compassionnel
00:16:28qui tuent
00:16:29parce que leur conjoint
00:16:30est malade,
00:16:31Alzheimer et tout.
00:16:32Il y en a eu encore
00:16:32il y a deux jours,
00:16:33je crois.
00:16:34Des gens bien,
00:16:35puis à un moment,
00:16:35parce que c'est la dégradation
00:16:37du corps,
00:16:38ils tuent leur conjoint
00:16:39ou se tuent
00:16:40en fin de vie.
00:16:42Et ce n'était pas des meurtriers.
00:16:44Donc cette capacité
00:16:45de criminel,
00:16:46je crois qu'on l'a tous,
00:16:47plus ou moins enfouie,
00:16:49que notre culture,
00:16:51notre éducation
00:16:51va refouler,
00:16:53puis jusqu'au moment
00:16:53où ça explose.
00:16:55Parce que le type
00:16:57qui est humilié
00:16:57par son voisin,
00:16:58qui l'injurie,
00:17:00qui lui fait...
00:17:01Au bout d'un moment,
00:17:02j'ai aussi des exemples
00:17:03comme ça,
00:17:04ça cumule,
00:17:05ça cumule.
00:17:06Et puis au lieu de parler
00:17:07de ce qui est un peu
00:17:08une forme de soupape
00:17:09de sécurité,
00:17:09on prend un fusil
00:17:10puis boum,
00:17:11on tire.
00:17:12Je donne des exemples
00:17:13d'un voisin
00:17:14qui tue son voisin
00:17:16et qui en meurt d'ailleurs
00:17:17de façon assez incroyable.
00:17:19L'accumulation de la rancœur,
00:17:21le silence,
00:17:21le fait qu'on n'extériorise pas,
00:17:24c'est vachement dangereux.
00:17:26Parce que finalement,
00:17:27c'est comme ça
00:17:28que ça peut exploser.
00:17:29Vous voyez,
00:17:29comme un détonateur
00:17:30qu'on a dans le cerveau
00:17:33et qui à un moment peut...
00:17:35Donc sur un mot,
00:17:36un geste,
00:17:39un truc qui arrive,
00:17:41qui peut faire exploser.
00:17:42Rien de commun
00:17:43entre un crime,
00:17:44une rixe à la sortie
00:17:45d'une boîte
00:17:46où tout le monde
00:17:47a un peu bu
00:17:47et il y a un coup
00:17:48de coteau qui part
00:17:48et le type
00:17:49qui va préméditer
00:17:50la mort du mari,
00:17:53de sa maîtresse.
00:17:55Voilà,
00:17:56il y a aussi
00:17:56des gradations.
00:17:58C'est pour ça
00:17:58que c'est très compliqué.
00:17:59Finalement,
00:17:59il y a plein de motifs,
00:18:01il y a plein de types
00:18:01de meurtres
00:18:02qui n'ont rien à voir
00:18:03les uns avec les autres,
00:18:04mais qui ramènent toujours
00:18:05au fait que j'évoquais.
00:18:06Le côté matériel du crime,
00:18:09c'est un acte terrible.
00:18:10On ôte la vie de quelqu'un
00:18:11et ce n'est pas un concept.
00:18:14C'est effectivement
00:18:15un acte matériel
00:18:16qu'il faudra montrer
00:18:17au juré.
00:18:18Qu'est-ce que c'est ?
00:18:19Comment il est mort ?
00:18:20Avec des plaies partout.
00:18:21Expliquer si les plaies
00:18:22étaient mortelles ou pas.
00:18:23On ne reste pas
00:18:24dans une définition floue.
00:18:27Pour matérialiser,
00:18:28l'intention de donner la mort.
00:18:31Donc c'est toujours sordide,
00:18:32ce qui est évoqué
00:18:33en cours d'assises,
00:18:34parce que c'est comme ça
00:18:35qu'on dira si ou non
00:18:36l'auteur a bien commis un meurtre.
00:18:38Et oui,
00:18:39il a donné un coup de couteau,
00:18:40il voulait-il tuer,
00:18:41mais s'il donne trois coups
00:18:42de couteau en plein cœur,
00:18:43c'est qu'il y a un problème.
00:18:44Ce n'était pas seulement
00:18:45pour blesser.
00:18:46Et donc on est obligé
00:18:47d'étudier de façon matérielle
00:18:49la commission du crime,
00:18:52montrer les plaies,
00:18:53chercher les projectiles
00:18:54et tout.
00:18:55Et ça, ça choque beaucoup,
00:18:56mais il le supporte,
00:18:57les jurés en cours d'assises.
00:18:59On montre des images
00:19:00pour, encore une fois,
00:19:02dire de quoi il s'agit,
00:19:03de quoi parle-t-on ?
00:19:04Pas systématiquement,
00:19:05dans les images,
00:19:06elles ne sont pas
00:19:06systématiquement montées.
00:19:07Oui, mais souvent,
00:19:08il y a deux choses.
00:19:09Il y a les images
00:19:10de ce qu'on appelle
00:19:10la scène de crime
00:19:11prise par les enquêteurs,
00:19:14le corps dans une pièce,
00:19:16et puis il y a l'autopsie.
00:19:18Là, ça se passe à l'hôpital
00:19:20où là, on découpe le corps.
00:19:22Ça, on ne le montre pas.
00:19:23Ça n'a pas un intérêt majeur.
00:19:24Ce qui est en revanche important,
00:19:26c'est de montrer
00:19:26comment il était placé
00:19:28dans l'espace,
00:19:29l'intéressé,
00:19:29les plaies.
00:19:30On les montre quand même.
00:19:31Les jurés ne sont pas
00:19:32obligés de regarder,
00:19:34mais il faut.
00:19:35Puis vous avez
00:19:36le médecin légiste
00:19:37qui vient témoigner
00:19:38à la barre,
00:19:39donc il commente aussi.
00:19:41Voilà,
00:19:41le projectile,
00:19:42il est rentré
00:19:43du côté du front,
00:19:45il est sorti,
00:19:46il faut l'expliquer,
00:19:46ça.
00:19:47Il a dit,
00:19:48ce monsieur,
00:19:49il a dix plaies.
00:19:50Il y en a neuf
00:19:51qui ne sont pas mortelles
00:19:51et une qui est mortelles
00:19:53parce qu'elles touchent
00:19:54le cœur,
00:19:55etc.,
00:19:55ou une artère,
00:19:57des coups à la tête.
00:19:58Est-ce que c'est
00:19:59la cause de la mort ?
00:20:00Voilà,
00:20:00c'est ça qui est important,
00:20:02d'expliquer
00:20:03comment la personne
00:20:04est morte,
00:20:05réellement.
00:20:06Est-ce que c'est forcément
00:20:07un acte volontaire
00:20:08ou ça peut être
00:20:09un peu accidentel ?
00:20:10Donc on est obligé
00:20:11de rentrer dans les détails
00:20:12très froids,
00:20:14très effrayants
00:20:15d'une certaine manière
00:20:16parce qu'on juge
00:20:18l'auteur d'un meurtre.
00:20:20Est-ce qu'un magistrat,
00:20:21il peut rester
00:20:21totalement neutre
00:20:22face à la souffrance,
00:20:24que ce soit des accusés
00:20:25ou des partis civils ?
00:20:26Est-ce que vous,
00:20:26ça vous est déjà arrivé
00:20:27d'avoir des moments
00:20:28de vacillement ?
00:20:29Peut-être même
00:20:30pendant le procès ?
00:20:32On n'est jamais neutre,
00:20:34en fait.
00:20:34On a tous
00:20:35notre humanité,
00:20:36nos émotions.
00:20:38Alors forcément,
00:20:39avec l'expérience,
00:20:41on se sent durci.
00:20:42C'est comme dans
00:20:42tous les métiers.
00:20:43Un médecin,
00:20:44il se sent durci.
00:20:45Un policier,
00:20:46voilà.
00:20:47Donc on prend de la distance
00:20:48et il vaut mieux
00:20:49parce que ça peut vous envahir.
00:20:50Moi, j'ai vu
00:20:51des centaines de scènes
00:20:52de crimes,
00:20:52des gens tués
00:20:53de toutes les manières,
00:20:54des enfants et tout.
00:20:55J'ai vu des centaines
00:20:56de criminels
00:20:57et je ne pouvais pas avoir
00:20:59une attitude d'indignation.
00:21:00Ce n'était pas
00:21:01ce qu'on attendait de moi.
00:21:02Il fallait que je me maîtrise.
00:21:03Mais forcément,
00:21:04il y a des affaires
00:21:04plus marquantes que d'autres.
00:21:06Celles qui touchent
00:21:07les enfants,
00:21:07c'est quand même...
00:21:09Voilà,
00:21:09c'est quelque chose.
00:21:11J'ai une affaire seulement
00:21:12dans ma carrière
00:21:13où je connaissais
00:21:14la victime
00:21:15avant qu'elle soit tuée.
00:21:17Parce que ça n'arrive jamais.
00:21:18Le procureur,
00:21:19il ne connaît pas la victime.
00:21:22On lui dit,
00:21:22on a retrouvé un cadavre.
00:21:24C'était le préfet
00:21:25Claude Erignac.
00:21:27Puisque j'étais en poste
00:21:28à Jacques-Sio
00:21:29depuis plus d'un an.
00:21:30Donc on se voyait,
00:21:31on se fréquentait beaucoup
00:21:32pour des cérémonies,
00:21:33pour des réunions.
00:21:35Et un soir,
00:21:35on m'appelle pour me dire,
00:21:36on vient d'assassiner
00:21:37le préfet Erignac
00:21:38dans la rue.
00:21:40Donc je me suis précipité
00:21:42et puis j'ai vu
00:21:42le corps du préfet.
00:21:43Donc c'était la seule fois
00:21:44où je connaissais la victime.
00:21:46Parce que ça n'arrive jamais.
00:21:47Vous êtes autorisé
00:21:48à couvrir l'affaire ?
00:21:51Ah oui,
00:21:51c'est le rôle du procureur.
00:21:52C'est pas vraiment
00:21:52couvrir l'affaire.
00:21:53Ah si,
00:21:53c'est le rôle du procureur.
00:21:54Même si vous connaissiez
00:21:55directement la victime ?
00:21:56Ah oui,
00:21:56bien sûr.
00:21:58Sauf si ça avait été
00:21:59un membre de ma famille.
00:22:01L'affaire aurait été délocalisée,
00:22:02on aurait saisi
00:22:03quelqu'un d'autre.
00:22:04Voilà,
00:22:04parce qu'il peut y avoir
00:22:05une sorte de subjectivité.
00:22:06Oui,
00:22:06bien sûr,
00:22:07mais ça,
00:22:09pas quand il s'agit
00:22:09de relations professionnelles.
00:22:11D'accord.
00:22:11Si c'est un membre
00:22:11de votre famille,
00:22:12bien sûr,
00:22:13là vous...
00:22:14Mais c'est la seule fois
00:22:15où la victime,
00:22:16je l'avais rencontrée
00:22:17de son vivant,
00:22:18avant les faits.
00:22:20Voilà,
00:22:21et donc ça,
00:22:21forcément,
00:22:22ça vous marque davantage.
00:22:25Et ça y est,
00:22:26souvent,
00:22:26j'allais assister
00:22:27à des autopsies et tout,
00:22:28je me disais
00:22:28que ce garçon,
00:22:29souvent sans déjeuner,
00:22:31il était plein de vie
00:22:32trois minutes avant les faits,
00:22:34quoi.
00:22:34Et il se retrouve
00:22:35à l'état de cadavre,
00:22:36et c'est terrible.
00:22:37comme une vie
00:22:38peut changer.
00:22:40Moi,
00:22:40j'étais sur des tueries
00:22:41à Marseille,
00:22:43une où il y a eu
00:22:43cinq jeunes
00:22:44qui se sont fait tirer dessus
00:22:45dans une voiture,
00:22:46il y a eu trois morts,
00:22:47on sortait les corps
00:22:48de la voiture
00:22:50pour les examiner,
00:22:52c'est des images
00:22:53qui me restent encore.
00:22:55C'est pour ça
00:22:56que je les ai racontées
00:22:56un peu tout ça
00:22:57dans les bouquins,
00:22:58c'est une forme aussi
00:22:58d'exutoire,
00:23:00aussi de faire partager,
00:23:02parce que j'ai beaucoup
00:23:02enseigné,
00:23:03j'enseigne encore
00:23:04en fac,
00:23:05peut-être à des étudiants
00:23:06qui seront pourquoi pas
00:23:07des avocats,
00:23:08des juges,
00:23:08des procureurs,
00:23:10leur faire passer
00:23:11un peu ce que j'ai vécu
00:23:12pour leur dire
00:23:13peut-être ça vous intéressera
00:23:14ou au contraire
00:23:15ça vous dissuidera,
00:23:16parce que ça,
00:23:17c'est pas pour moi,
00:23:18l'intérêt de raconter.
00:23:20Un peu de l'intérieur
00:23:21et avec ma subjectivité,
00:23:24dans le dernier chapitre
00:23:25du dernier livre
00:23:26où je raconte
00:23:26le procès Maëlys,
00:23:28je raconte un peu
00:23:28mon état d'esprit,
00:23:30si vous voulez.
00:23:31Ce qu'on fait assez rare,
00:23:32ce que font rarement
00:23:33les magistrats,
00:23:34les avocats écrivent
00:23:35beaucoup,
00:23:36les enquêteurs aussi,
00:23:37les magistrats assez peu,
00:23:39finalement.
00:23:40Dans la collection
00:23:41que je dirige,
00:23:42il y a l'ancien procureur
00:23:43qui a traité
00:23:44l'affaire Fourniray,
00:23:45qui a écrit un bouquin
00:23:46formidable
00:23:46où il raconte
00:23:48tout le procès
00:23:50et toutes ses rencontres
00:23:51avec Fourniray.
00:23:54Et c'est vraiment bien
00:23:55parce que
00:23:55les magistrats
00:23:56souvent écrivent
00:23:56assez peu
00:23:57et je trouve que c'est bien
00:23:59d'exprimer,
00:24:00montrer qu'on n'est pas
00:24:00des machines,
00:24:01qu'on peut se tromper,
00:24:02qu'on a des émotions,
00:24:03qu'on...
00:24:04J'ai souvent raconté
00:24:06que le soir
00:24:06quand je rentrais
00:24:07après un règlement
00:24:08de compte
00:24:08à Marseille,
00:24:09je mettais
00:24:10une émission
00:24:11de nature
00:24:12et sur des animaux
00:24:14parce que
00:24:14il y a des...
00:24:15Mais même néanmoins,
00:24:17quand vous dormez,
00:24:17vous avez des images
00:24:18qui réapparaissent.
00:24:19Et je me souviens
00:24:20encore beaucoup,
00:24:22c'est pour ça
00:24:22que ça me permet
00:24:23de les raconter,
00:24:24de mes rencontres
00:24:25avec des têtes
00:24:26d'homicide
00:24:27que je n'ai pas
00:24:27tous racontées
00:24:28parce que j'en avais
00:24:28encore beaucoup d'autres
00:24:29que j'aurais pu raconter
00:24:30et pour dire
00:24:32que si un jour
00:24:33vous voulez faire ce métier,
00:24:35vous allez être confrontés
00:24:35à ça.
00:24:36Si un jeune
00:24:36magistrat sort de...
00:24:38Un jeune étudiant en droit
00:24:39veut faire la magistrature,
00:24:41sort de l'école,
00:24:41il faut savoir
00:24:42que s'il est nommé
00:24:43au parquet,
00:24:44par exemple,
00:24:44substitue Toulon
00:24:46à...
00:24:47Peut-être que deux jours
00:24:48après sa prise de fonction,
00:24:49on va l'amener
00:24:50sur un crime
00:24:50ou un suicide
00:24:52ou un grave accident
00:24:53avec des morts.
00:24:55En fait,
00:24:55quand on est magistrat
00:24:56notamment du parquet,
00:24:57on est confrontés
00:24:58très régulièrement
00:24:59à la mort
00:25:00et à la mort brutale.
00:25:01Pas que criminels,
00:25:02accidentels,
00:25:04suicides
00:25:04et ça,
00:25:06il faut s'habituer à ça
00:25:08parce que ça fait partie
00:25:09du job.
00:25:10Le procureur rejoindra
00:25:11les enquêteurs,
00:25:12les pompiers
00:25:13et...
00:25:14Imaginez les collègues
00:25:15qui sont allés
00:25:16sur l'attentat
00:25:17du Bataclan.
00:25:19Il y a plusieurs
00:25:20jeunes magistrats
00:25:21qui vous rendent compte
00:25:21l'amas de corps
00:25:22comme c'est des trucs
00:25:23qui doivent vous rester
00:25:24ou Charlie,
00:25:25Charlie Hebdo,
00:25:26c'est des images
00:25:29qui vous restent
00:25:29toute votre vie.
00:25:31Mais c'est ce qui est
00:25:33passionnant dans le métier.
00:25:34Vous vous souvenez
00:25:34de la première fois
00:25:36que vous rencontrez
00:25:37la mort finalement
00:25:38que vous voyiez
00:25:38un corps,
00:25:39un cadavre ?
00:25:40Oui,
00:25:41j'étais élève magistral,
00:25:43on appelle ça
00:25:43auditeur de justice.
00:25:45J'étais à Annecy
00:25:45en stage,
00:25:47c'était ma ville natale
00:25:49et j'avais été
00:25:50à une autopsie
00:25:52parce qu'un type
00:25:53avait tué
00:25:55l'amant de sa femme
00:25:56ou...
00:25:56Oui, je crois.
00:25:58Il lui avait donné
00:26:00un grand coup
00:26:00de couteau de cuisine
00:26:01qu'il avait ouvert
00:26:02à l'abdomen
00:26:03et donc je suis allé
00:26:04assister à l'autopsie
00:26:05à l'hôpital.
00:26:05Il y avait une femme
00:26:06médecin légiste
00:26:07qui était très...
00:26:08tranquille, oui.
00:26:10Bon, et puis
00:26:10je me suis approché.
00:26:11Elle me demandait presque
00:26:12de tenir la calotte crânienne
00:26:13qu'elle était en train
00:26:14de scier
00:26:14avec une scie
00:26:16pour connaître
00:26:17les hématomes.
00:26:19Alors, j'étais un peu...
00:26:20Elle, elle était habituée
00:26:21à ça
00:26:22et le corps était ouvert
00:26:23et quand je suis arrivé,
00:26:24j'ai vu ce type,
00:26:25je me dis
00:26:26mais l'autopsie
00:26:26a déjà commencé.
00:26:27En fait, le gars
00:26:28l'avait embroché,
00:26:29il lui avait ouvert
00:26:30tout l'abdomen
00:26:31avec un gros couteau
00:26:31de cuisine
00:26:32et la victime
00:26:33avait réussi quand même
00:26:34depuis le lieu
00:26:35de la station
00:26:36à un parking
00:26:37du coup de couteau.
00:26:38Il avait traversé
00:26:39la rue,
00:26:40il s'était effondré
00:26:41dans le hall
00:26:41de l'hôpital
00:26:42qui était juste à côté.
00:26:43Il avait pu faire
00:26:44100 mètres
00:26:45avec les tripes.
00:26:46C'est énorme.
00:26:47Incroyable.
00:26:48Ça, voilà.
00:26:48Un truc,
00:26:48c'est mon premier autopsie.
00:26:50On en voit
00:26:51quand on est élève magistrat
00:26:52à l'école de la magistrature
00:26:53qui est à Bordeaux
00:26:54et après,
00:26:56j'en ai vu beaucoup.
00:26:57J'aimais pas trop y aller
00:26:58parce que souvent,
00:26:59c'est l'odeur
00:27:00qui vous reste.
00:27:02Alors, surtout
00:27:03quand le corps
00:27:04est en décomposition,
00:27:05en putréfaction,
00:27:06alors là,
00:27:07il faut avoir une blouse
00:27:09parce que ça vous imprègne
00:27:11les vêtements,
00:27:11il faut les jeter.
00:27:12Mais ça peut être intéressant
00:27:13pour mieux comprendre
00:27:15des choses.
00:27:17Je me souviens
00:27:17de deux cadavres
00:27:19carbonisés
00:27:19qu'on avait retrouvés
00:27:21dans une voiture,
00:27:22un accident de voiture
00:27:23avec incendie.
00:27:25Et bien,
00:27:25quand j'ai vu les deux corps,
00:27:26je ne savais pas
00:27:26quel était,
00:27:27c'était un couple,
00:27:28quel était l'homme et la femme
00:27:29à première vue.
00:27:30tellement les corps
00:27:30sont recroquevillés
00:27:31qu'il faut,
00:27:32après,
00:27:32on s'en rend compte.
00:27:33Mais c'est pour dire que,
00:27:35voilà,
00:27:36et j'en ai vu beaucoup,
00:27:36beaucoup,
00:27:37beaucoup,
00:27:37des barbecues,
00:27:38des meurtres
00:27:38avec incendie de voiture
00:27:39à Marseille.
00:27:41Donc,
00:27:41au bout d'un moment,
00:27:42on se détache.
00:27:43Voilà.
00:27:44Mais il y a quand même
00:27:45toujours des images
00:27:46qui vous restent.
00:27:46À titre personnel,
00:27:47l'affaire qui m'a le plus marqué
00:27:49dans votre livre,
00:27:51c'est « Mon père et mon amant ».
00:27:52J'ai trouvé que c'était
00:27:53l'une des plus bouleversantes.
00:27:54C'est l'histoire d'une fille
00:27:55qui tue son père
00:27:56après des années d'inceste.
00:28:00Quelle place la justice,
00:28:01elle peut laisser à la souffrance
00:28:02dans des cas aussi extrêmes ?
00:28:05Oui,
00:28:05c'est une bonne question
00:28:06parce qu'on focalise beaucoup
00:28:07sur l'auteur des faits.
00:28:09Voilà.
00:28:09La victime,
00:28:11qui là,
00:28:12est à la fois
00:28:12auteur du crime
00:28:14mais aussi victime,
00:28:14effectivement,
00:28:15d'inceste.
00:28:17Alors,
00:28:17on peut être,
00:28:18on peut compatir.
00:28:19J'ai eu toute une série
00:28:21de femmes,
00:28:22en même temps,
00:28:23j'instruisais ces dossiers,
00:28:24qui avaient tué quelqu'un.
00:28:25Leur conjoint,
00:28:26leur amant,
00:28:27son père,
00:28:28cette femme,
00:28:28qui était une femme,
00:28:29je le raconte,
00:28:31qui avait déjà 24 ans,
00:28:33très costaud,
00:28:33grande.
00:28:35Il vivait avec son père
00:28:37comme si c'était sa femme.
00:28:40Donc,
00:28:41jusqu'au jour,
00:28:41elle en a eu marre.
00:28:42Ils se sont disputés,
00:28:44elle l'a tuée.
00:28:45Elle n'a pas été condamnée
00:28:46et une peine d'ailleurs
00:28:47très longue.
00:28:48Elle avait souffert en silence,
00:28:49cette femme.
00:28:49Elle travaillait avec lui
00:28:50comme artisan
00:28:51et le type l'exploitait
00:28:52à tout point de vue.
00:28:53Il l'a considérait.
00:28:54Alors,
00:28:54c'était à la fois son employé,
00:28:55qu'il ne payait pas,
00:28:57sa maîtresse,
00:28:59sa fille,
00:29:00enfin,
00:29:00un espèce de confusion totale.
00:29:02donc,
00:29:03évidemment,
00:29:04tout ça,
00:29:05ça joue.
00:29:07Il y a deux aspects
00:29:08dans un crime.
00:29:08Il y a l'auteur qui est vivant,
00:29:10puisque s'il est mort,
00:29:11on ne peut pas le juger.
00:29:12Et là,
00:29:13on connaît beaucoup de choses
00:29:13de l'auteur des faits.
00:29:14Par contre,
00:29:15la victime,
00:29:15qui elle,
00:29:16n'est plus de ce monde,
00:29:16on ne sait pas finalement
00:29:18tellement qui elle était
00:29:19parce qu'elle n'est plus là,
00:29:22elle ne peut pas dire sa vérité.
00:29:24Des fois,
00:29:24on ne sait pas grand-chose
00:29:25de la victime.
00:29:25Si c'est un enfant,
00:29:28sa vie est courte.
00:29:30Des fois,
00:29:30on a à peine des photos d'elle,
00:29:32de son vivant.
00:29:34Il peut même arriver
00:29:35qu'il n'y ait pas de partie civile.
00:29:37Il m'est arrivé
00:29:38qu'il n'y a pas d'avocat
00:29:39pour la famille,
00:29:40les gens corrompus
00:29:41avec leur famille,
00:29:42alors que l'accusé,
00:29:42lui,
00:29:43a un avocat.
00:29:43Donc,
00:29:44il peut y avoir un peu
00:29:44une disproportion.
00:29:46On parle beaucoup de l'auteur.
00:29:48On fait son procès,
00:29:49c'est normal.
00:29:50On étudie sa personnalité
00:29:51et la victime,
00:29:52finalement,
00:29:53ou les victimes,
00:29:54puisqu'il peut y en avoir plusieurs,
00:29:55on sait peu de choses d'elle.
00:29:57Et si un avocat en partie civile,
00:30:00il peut les faire revivre,
00:30:01il leur expliquer
00:30:01que c'est des gens
00:30:02qui avaient des tas de projets,
00:30:03mais il manquera.
00:30:04Elle est absente,
00:30:05la victime.
00:30:06Quand vous avez une affaire de viol
00:30:08ou même de tentative de meurtre,
00:30:12la victime est souvent présente.
00:30:13Donc, physiquement,
00:30:14on peut lui poser des questions.
00:30:15Elle peut dire son traumatisme,
00:30:18tout ça.
00:30:19Elle peut s'exprimer.
00:30:20Mais dans une affaire de meurtre,
00:30:21ce n'est pas le cas.
00:30:22La victime n'est pas là.
00:30:23Et souvent,
00:30:24il peut arriver que l'auteur,
00:30:26puisqu'il n'y a pas de témoin
00:30:27forcément du crime,
00:30:28peut dire
00:30:28« Mais la victime,
00:30:29elle m'a provoqué,
00:30:30elle m'a fait ci. »
00:30:30Ce n'est peut-être pas vrai.
00:30:32Mais personne ne peut le contredire
00:30:34puisqu'il n'y avait pas de témoin.
00:30:35Quand le crime se passe,
00:30:37j'en rencontre un certain nombre,
00:30:38dans une cuisine,
00:30:40l'auteur a beau jeu dire
00:30:41« Elle m'a insulté,
00:30:43elle m'a fait ci. »
00:30:43« Mais comment on va le prouver ça ? »
00:30:46Et lui,
00:30:47ce qu'il explique,
00:30:48on va en prendre note
00:30:50et la victime ne dira rien
00:30:51puisqu'elle n'est pas là.
00:30:52Donc,
00:30:52est-ce que ce qu'il dit est plausible ?
00:30:55Et on ne saura jamais exactement
00:30:57quand tout ça s'est passé
00:30:58en tête-à-tête
00:30:59qu'est-ce qui s'est passé.
00:30:59Quand le crime se passe
00:31:00en pleine rue
00:31:01avec des propos,
00:31:03mais quand ça se passe
00:31:03comme souvent dans un domicile,
00:31:05vous ne savez pas
00:31:06ce qu'il s'est dit réellement.
00:31:07Et l'auteur peut essayer
00:31:08de minimiser sa responsabilité
00:31:10en disant
00:31:10« Elle m'a insulté,
00:31:11elle m'a provoqué,
00:31:12elle m'a... »
00:31:13Et vous ne savez pas si c'est vrai.
00:31:14Et c'est bien souvent comme ça en plus.
00:31:16Et ça peut arriver,
00:31:16bien sûr,
00:31:17ça peut arriver.
00:31:18C'est très facile
00:31:18de raconter une histoire,
00:31:20monter un scénario
00:31:21qui n'est pas celui de la réalité.
00:31:22Alors,
00:31:23surtout si,
00:31:23encore une fois,
00:31:24vous n'avez pas d'éléments
00:31:25qui permettent de dire le contraire.
00:31:27Si, par exemple,
00:31:28vous avez un cadavre par terre
00:31:29et avec des projections de sang
00:31:30sur le mur,
00:31:32on peut déterminer
00:31:33si le coup était porté
00:31:34quand la personne était couchée
00:31:35ou si elle était debout.
00:31:38Et ça peut confirmer
00:31:39ou contredire
00:31:40la thèse de l'auteur
00:31:41qui veut dire
00:31:41« Je lui ai donné un coup comme ça
00:31:43parce que si elle était couchée,
00:31:45ça veut dire qu'elle était plus vulnérable
00:31:46que si elle était debout
00:31:48dans une bagarre. »
00:31:49Il y a des aspects un peu matériels
00:31:51qu'on doit examiner
00:31:52qui vont permettre de déterminer
00:31:53si ce que raconte le type,
00:31:54l'auteur,
00:31:55peut être exact
00:31:57ou complètement faux.
00:31:59Ça, c'est la preuve matérielle.
00:32:02Mais quelquefois,
00:32:02on n'a rien de tout ça.
00:32:04Le type,
00:32:05il a tué sa victime,
00:32:07il l'a transporté dans sa bagnole
00:32:09et il va la jeter quelque part.
00:32:10Et donc,
00:32:12on retrouvera peut-être le corps
00:32:13longtemps après,
00:32:14on ne sait pas exactement
00:32:15ce qui s'est passé
00:32:16puisque le lieu où on découvre le corps
00:32:17n'est pas le lieu
00:32:18où il y a eu le crime.
00:32:19Bien sûr.
00:32:19Donc, ça joue en faveur de l'auteur.
00:32:22Et c'est ce qu'a fait Norda Lelandais.
00:32:23Il avait fait disparaître
00:32:24le corps de ces deux victimes.
00:32:26Quelquefois, ça marche
00:32:27puisqu'on ne retrouvera jamais la victime
00:32:29et l'auteur, il sera impuni.
00:32:31Vous avez jugé ou instruit
00:32:32de nombreuses affaires de féminicide.
00:32:34Vous écrivez
00:32:35« L'amour devenu haine
00:32:36arme la main meurtrière. »
00:32:38Est-ce le schéma le plus fréquent
00:32:39que vous ayez vu ?
00:32:40Oui.
00:32:41Oui.
00:32:42On voit des couples
00:32:43qui ont vécu longtemps ensemble
00:32:44qui, à un moment,
00:32:47on ne supporte plus
00:32:48pour mille raisons,
00:32:51évidemment.
00:32:52Et il y a...
00:32:54Souvent, l'homme tue sa femme
00:32:56parce qu'elle veut l'abandonner.
00:32:59Et je le raconte.
00:33:00J'ai des exemples
00:33:01où la femme en a un peu marre
00:33:02de l'oisiveté de son compagnon
00:33:04ou de son alcoolisme.
00:33:05Donc, le type craint
00:33:06qu'elle l'abandonne
00:33:07et il la tue.
00:33:08Je raconte l'histoire
00:33:09d'un ancien policier,
00:33:10d'un policier aussi
00:33:11qui a tué sa femme
00:33:12dans ces conditions.
00:33:12Et la femme,
00:33:16elle, quand elle tue son conjoint,
00:33:18c'est pour qu'il la laisse tranquille.
00:33:20Elle en a marre, quoi.
00:33:22Un peu comme...
00:33:23C'est ce que je raconte.
00:33:24Donc, ça, c'est des choses
00:33:26de la vie courante,
00:33:27de la vie quotidienne
00:33:28puisque chaque année,
00:33:29il y a entre 100 et 150
00:33:30homicides conjugaux,
00:33:34féminicides et meurtres de conjoints.
00:33:38Et donc, ça montre bien que...
00:33:40Et ça touche un peu tous les milieux.
00:33:42que c'est des choses,
00:33:44malheureusement,
00:33:45qu'on a même du mal à prévenir
00:33:47puisque malgré
00:33:47les bracelets électroniques,
00:33:49les bracelets anti-rapprochement,
00:33:52si un type est déterminé
00:33:54à tuer son conjoint
00:33:55ou son ex-conjoint,
00:33:55il peut y arriver.
00:33:57Très récemment,
00:33:57avec le procès de Mounir Bhouta.
00:33:59Ben oui.
00:34:00Alors, après,
00:34:01il y a eu des grosses carences
00:34:03des enquêteurs
00:34:04ou de la justice
00:34:04dans certains dossiers.
00:34:05Mais j'ai connu ça.
00:34:07Si vous avez quelqu'un
00:34:08qui, même avec un bracelet
00:34:09anti-rapprochement,
00:34:10vous savez,
00:34:10qui détecte
00:34:11si vous vous rapprochez
00:34:12dans l'environnement
00:34:13de la victime,
00:34:14mais le temps
00:34:14que les policiers arrivent,
00:34:17si le type est déterminé,
00:34:18il peut planter,
00:34:19tuer son ex-conjoint.
00:34:21Il sait qu'il va être arrêté.
00:34:23Mais j'ai connu
00:34:24des gens
00:34:25qui étaient tellement acharnés
00:34:26à la perte
00:34:26de leur femme,
00:34:28celui qui a mis une bombe
00:34:29dans la voiture,
00:34:29qu'ils sont prêts à tout.
00:34:31J'ai même connu
00:34:31une histoire
00:34:32à Chambéry
00:34:33où un type était en train
00:34:35de...
00:34:36On entendait ruler sa femme,
00:34:38les policiers ont été appelés,
00:34:39ils sont arrivés,
00:34:40le gars était en train
00:34:41de poignarder sa femme
00:34:42dans l'appartement.
00:34:43Il continuait à la menacer
00:34:45et un des policiers
00:34:46l'a tué,
00:34:47l'a battu
00:34:47pour protéger la femme.
00:34:48Donc, c'est pour...
00:34:49Même avec la présence
00:34:50des policiers,
00:34:50le gars était encore
00:34:51acharné
00:34:52à essayer de tuer ça.
00:34:53C'est pour dire
00:34:54que les sentiments
00:34:56personnels,
00:34:59familiaux
00:34:59sont les plus forts.
00:35:01Et ceux-là,
00:35:03quelqu'un qui est déterminé,
00:35:04il ne veut pas...
00:35:06Alors, il souvent...
00:35:07Enfin, un certain nombre
00:35:08se suicident,
00:35:09pas souvent.
00:35:09Quelquefois,
00:35:10ils se suicident,
00:35:10ils entraînent
00:35:11tout le monde dans la mort
00:35:12ou ils veulent absolument
00:35:14la mort de leur conjoint
00:35:16pour des tas de raisons.
00:35:18Et c'est pour ça
00:35:19que c'est très difficile
00:35:19d'empêcher des féminicides
00:35:21parce qu'il a...
00:35:23il arrive quelquefois
00:35:24que la femme
00:35:24n'ait jamais déposé plainte.
00:35:26Donc ça,
00:35:26comment savoir
00:35:27si un jour
00:35:27elle peut être victime
00:35:29et que même
00:35:30s'il y a déposé plainte,
00:35:33on ne peut pas...
00:35:33Puisqu'il y a 200 000
00:35:34à peu près personnes,
00:35:35femmes qui sont victimes
00:35:36de violences conjugales,
00:35:37on ne peut pas mettre
00:35:38des policiers
00:35:38derrière tous les suspects.
00:35:39Ce n'est pas possible.
00:35:40Et tous les pays du monde
00:35:41sont confrontés à ça.
00:35:43Comment essayer
00:35:43de prévenir
00:35:44un passage à l'acte
00:35:46d'une femme
00:35:47dont le conjoint
00:35:48habite dans les parages ?
00:35:51S'il commet un acte
00:35:51de violence,
00:35:52on pourra le juger,
00:35:53mais si ce n'est pas le cas,
00:35:55on a vu des gens
00:35:56qui n'avaient jamais
00:35:57frappé leur femme,
00:35:57enfin en tout cas,
00:35:58qui l'avaient peut-être fait,
00:35:59mais sans que la femme
00:36:00dépose plainte,
00:36:01qui un jour la tue.
00:36:02Donc il n'y a pas
00:36:02de signe avant-coureur.
00:36:04Et dans les quelques scandales
00:36:05qu'on a évoqués,
00:36:06là, il y a eu des ratés,
00:36:07c'est-à-dire que des victimes
00:36:08avaient déposé plainte
00:36:09et malheureusement,
00:36:10peu de choses ont été faites.
00:36:11Aujourd'hui,
00:36:12les choses ont quand même changé.
00:36:13Mais néanmoins,
00:36:14vous vous apercevez,
00:36:15et il y en aura malheureusement
00:36:16d'ici à la fin de l'année 2025,
00:36:18il y aura des femmes
00:36:19qui vont être tuées
00:36:20par leur conjoint.
00:36:21C'est triste à dire
00:36:22parce qu'il sera très compliqué
00:36:25de les empêcher d'agir
00:36:26de façon préventive
00:36:29parce qu'on n'a pas les moyens
00:36:31et qu'à un moment,
00:36:32on est dans la vie privée.
00:36:34Le seul lieu
00:36:35où la puissance publique
00:36:36ne pénètre pas,
00:36:37c'est la famille,
00:36:38c'est le domicile.
00:36:39La rue, il y a des caméras,
00:36:41le métro, tout ça.
00:36:42Mais chez vous,
00:36:44et chez vous,
00:36:45et je l'ai souvent dit,
00:36:46il y a des couteaux.
00:36:48Il peut y avoir
00:36:49des armes à feu aussi.
00:36:50Et donc, c'est vite fait
00:36:51qu'une querelle dégénère
00:36:52avec l'alcool ou pas
00:36:55et que ça,
00:36:55comment vous l'empêchez ?
00:36:57Même si la femme hurle,
00:36:59le temps que la police arrive,
00:37:02ça va être vite fait.
00:37:03Et j'en ai connu
00:37:04des dizaines d'affaires comme ça.
00:37:06Et ça, c'est toujours un échec
00:37:08de se dire
00:37:08qu'on aurait pu empêcher.
00:37:09Mais empêcher comment ?
00:37:11Justement, c'est malheureux.
00:37:12Pas simple.
00:37:12Avec votre quarantaine d'années
00:37:15d'expérience dans la magistrature,
00:37:16quels conseils, vous,
00:37:18vous pourriez donner
00:37:18à une femme
00:37:19qui cherche à se protéger
00:37:20de son mari ?
00:37:20Qui fait face à un mari violent ?
00:37:22Alors aujourd'hui,
00:37:23ce qu'il faut absolument,
00:37:23mais c'est valable aussi
00:37:24pour les abus sexuels,
00:37:25on le voit avec MeToo et tout,
00:37:27une femme violentée, abusée,
00:37:31systématiquement dépose plainte.
00:37:33Se signale.
00:37:35Pendant longtemps,
00:37:35elle ne le faisait pas,
00:37:37on n'osait pas.
00:37:37Ça peut être aussi
00:37:39une mise en danger pour elle.
00:37:41Oui, finalement.
00:37:41Mais il faut...
00:37:42Parce que les mesures
00:37:43derrière qui suivent,
00:37:43elles ne sont pas forcément
00:37:44assez protectrices.
00:37:46Alors, il y a les violences physiques,
00:37:48on peut laisser des traces,
00:37:49puis il y a les violences psychologiques
00:37:51qui sont plus difficiles à démontrer.
00:37:53Mais il faut,
00:37:54et c'est plus le cas qu'avant,
00:37:55en plus,
00:37:56il y a des associations
00:37:56qui viennent aider les victimes,
00:37:59tout de suite,
00:38:00aller déposer plainte.
00:38:01Ce qui ne veut pas dire
00:38:01que l'auteur ira en prison,
00:38:04parce que sinon,
00:38:05il y a plus de 200 000
00:38:06violences conjugales.
00:38:07Bon, ça peut être une gifle,
00:38:09mais qui est déjà
00:38:09un mauvais signe.
00:38:11On ne va pas imaginer
00:38:12que tous les auteurs
00:38:13de violences conjugales
00:38:13seront des meurtriers.
00:38:14Heureusement pas.
00:38:15Il y a plus de 200 000
00:38:16violences conjugales
00:38:17et finalement,
00:38:18il y a une centaine,
00:38:19100, 120 meurtriers.
00:38:20Donc, ça montre que,
00:38:21heureusement,
00:38:22tout le monde ne va pas tuer.
00:38:24Mais il faut surtout
00:38:24que les victimes se signalent.
00:38:26Et pour les affaires sexuelles,
00:38:27encore plus.
00:38:28Parce que là,
00:38:29c'est encore plus intime.
00:38:30Et que là,
00:38:31s'ils ne disent rien,
00:38:32ça se reproduira.
00:38:33Vous le voyez aujourd'hui,
00:38:34des gens révèlent
00:38:34qu'ils ont été abusés sexuellement
00:38:36il y a très longtemps.
00:38:37Et si on dépose plainte tardivement,
00:38:40il peut y avoir
00:38:41un problème de prescription.
00:38:42C'est-à-dire
00:38:42qu'on ne pourra pas poursuivre.
00:38:43Et ça rend difficile
00:38:44l'exercice de la justice
00:38:45si la victime
00:38:46ne s'est jamais manifestée.
00:38:48Aujourd'hui,
00:38:48il y a des soutiens multiples.
00:38:51Une femme est quand même
00:38:52beaucoup plus encadrée,
00:38:53soutenue, conseillée
00:38:54qu'auparavant.
00:38:55mais vous aurez toujours des femmes
00:38:57qui auront peur,
00:38:58qui culturellement
00:38:59n'oseront pas forcément
00:39:00faire cette démarche,
00:39:02qui ont peur d'être
00:39:03mises dehors.
00:39:04Enfin, il y a aussi
00:39:05plein d'inquiétudes
00:39:06qui ne sont pas faciles
00:39:08pour des femmes,
00:39:09notamment de milieux modestes,
00:39:11parce qu'elles remettent en cause
00:39:13plein de choses.
00:39:14Et puis même la famille
00:39:15du conjoint
00:39:15ne sera pas du tout
00:39:17solidaire d'elles.
00:39:18Donc, il y a plein de contraintes
00:39:20à la fois culturelles,
00:39:21sociales, sociologiques
00:39:22et autres,
00:39:23économiques,
00:39:24qui font que des victimes
00:39:25ne se signalent pas.
00:39:27Et un jour,
00:39:28ça peut terminer dans le sang.
00:39:31D'où l'intérêt
00:39:31de les aider au maximum,
00:39:33mais je sais que c'est difficile.
00:39:35Pour, dans certains quartiers,
00:39:36pour une femme,
00:39:37d'aller voir,
00:39:38aller au commissariat
00:39:38ou aller voir
00:39:39une maison de la justice,
00:39:42c'est déjà un peu suspect
00:39:43aux yeux de certains.
00:39:44Comment, mais qu'est-ce
00:39:45que tu es allée faire ?
00:39:46Elle a fait une démarche
00:39:47qui peut être critiquée
00:39:48dans son entourage.
00:39:50Parce que ce n'est pas évident
00:39:51de faire ces démarches
00:39:52dans certains endroits
00:39:53où on sait très vite
00:39:55ce que vous faites.
00:39:57Donc, il y a des numéros verts,
00:39:58il y a des gens
00:39:59qu'on peut appeler
00:40:00pour avoir des conseils,
00:40:00mais à un moment,
00:40:01il faut faire une démarche.
00:40:03Il faut dire,
00:40:03je signale,
00:40:04je dépose plainte.
00:40:05Et ça, il faut à un moment
00:40:06se ressortir de chez soi.
00:40:08Il faut donc vraiment
00:40:09que ces femmes soient
00:40:09le plus soutenues possible.
00:40:11Vous pensez que
00:40:12la justice,
00:40:15elle devrait être
00:40:15peut-être réformée ?
00:40:17vis-à-vis de ça ?
00:40:18Enfin, réformée ?
00:40:19Il y a déjà beaucoup.
00:40:19Dans l'aliment du raisonnable.
00:40:20Non, mais il y a eu
00:40:21beaucoup de lois
00:40:22qui ont été adoptées.
00:40:24Il y a des politiques pénales
00:40:26bien soutenues.
00:40:27Il y a des parquets
00:40:28qui s'organisent.
00:40:29Il y a des sections spécialisées
00:40:30de magistrats
00:40:31pour les violences moulières.
00:40:32On a beaucoup progressé.
00:40:33Donc, je pense qu'on prévient
00:40:35grâce à ça des crimes.
00:40:37Il aurait pu se passer
00:40:37si on n'avait pas mis en place ça.
00:40:39Néanmoins, je vous dis,
00:40:40il y aura toujours
00:40:40ceux qui passeront en travers.
00:40:41Je vous dis,
00:40:43il est quasiment impossible
00:40:44d'empêcher des crimes
00:40:45dans un milieu clos.
00:40:49Je raconte un certain nombre
00:40:50de rixes à domicile.
00:40:51Comment vous les empêchez ?
00:40:52Ils ne disent plus,
00:40:53vous avez un ami,
00:40:54vous buvez,
00:40:55à un moment,
00:40:55vous le disputez,
00:40:56vous pliez un coup.
00:40:56Comment vous l'empêchez ?
00:40:57Personne ne pourra l'empêcher
00:40:59parce que c'est un acte
00:41:00non réfléchi.
00:41:02Je raconte,
00:41:02la plupart des crimes
00:41:03que je raconte,
00:41:04pas tous,
00:41:05ce sont des crimes
00:41:05où le type s'est levé
00:41:06le matin sans savoir
00:41:08qu'il allait tuer
00:41:08quelqu'un dans la journée.
00:41:09Il le regrettera après coup.
00:41:13Et donc,
00:41:13comment prévenir
00:41:14un acte impulsif
00:41:15sans signer avant-coureur ?
00:41:18Vous mettez
00:41:18tous les juges du monde,
00:41:20tous les policiers,
00:41:21sauf à ce qu'il y ait
00:41:21des caméras
00:41:22dans les chambres à coucher,
00:41:24dans tous les appartements.
00:41:25Et même s'il y avait
00:41:26une caméra reliée
00:41:27au commissariat,
00:41:27le temps que la police vienne.
00:41:29Mais vous imaginez,
00:41:30après,
00:41:31c'est le respect des libertés.
00:41:32On ne peut pas non plus
00:41:34s'immiscer
00:41:35dans la vie des gens.
00:41:37Sinon,
00:41:37on est dans un état totalitaire.
00:41:39C'est clair.
00:41:40Donc,
00:41:41à un moment,
00:41:43il y a toujours...
00:41:44Alors,
00:41:45il y a un contrôle social
00:41:45qui peut se mettre en place.
00:41:46Si les voisins
00:41:47entendent des choses,
00:41:49qu'ils le signalent.
00:41:50Parce qu'il y a aussi ça.
00:41:51Ah ben,
00:41:52moi,
00:41:52je ne veux pas me mêler
00:41:52des affaires des autres.
00:41:53On entend hurler un gamin
00:41:54qui est frappé.
00:41:56Et si on ne fait rien,
00:41:56on est fautif.
00:41:57Il faut aussi
00:41:58que l'environnement
00:41:59vienne en soutien,
00:42:00que les citoyens
00:42:01fassent des démarches
00:42:01civiques
00:42:02s'ils entendent
00:42:03des choses
00:42:04qu'ils le signalent.
00:42:05Combien il y a eu
00:42:06d'affaires comme ça,
00:42:07de meurtres d'enfants,
00:42:08de souffrances,
00:42:10alors que les voisins...
00:42:11La petite Amandine,
00:42:12là, récemment,
00:42:13il y a plein de choses.
00:42:14Voilà.
00:42:14Donc,
00:42:14c'est collectif.
00:42:15Ce n'est pas seulement
00:42:16une question de police,
00:42:17de justice.
00:42:17C'est une question
00:42:18de société.
00:42:18Et tous les citoyens
00:42:21me ment.
00:42:22Vous, moi,
00:42:22on peut être dans une situation,
00:42:24on voit une voix
00:42:25où on entend quelque chose.
00:42:26Il faut le dire.
00:42:27Si les gens ont peur,
00:42:28mais ce n'est pas mes affaires.
00:42:29Je l'ai connu,
00:42:30ce discours.
00:42:31Moi, j'ai envie de leur répondre.
00:42:32Écoutez, cher monsieur,
00:42:33chère madame,
00:42:33si c'est vous,
00:42:34un jour la victime,
00:42:35ne déposez pas plainte.
00:42:37Puisque vous dites
00:42:37que vous,
00:42:38vous ne voulez rien faire
00:42:38pour les autres.
00:42:39Mais si vous êtes
00:42:39à votre tour victime,
00:42:42est-ce que vous accepteriez
00:42:43que finalement,
00:42:43on n'ait rien fait pour vous ?
00:42:44C'est trop facile
00:42:45de se mettre dans la position
00:42:46« Ah, mais on va,
00:42:46j'aurai des ennuis et tout. »
00:42:48Mais la vie en société,
00:42:50c'est aussi de la solidarité
00:42:51un minimum.
00:42:53Ça peut vous arriver.
00:42:54Donc, il y a toujours
00:42:55un peu cette idée
00:42:56que moi, je ne veux pas d'ennuis.
00:42:58Je ne veux pas témoigner,
00:42:59je ne veux pas d'ennuis.
00:43:00En fait,
00:43:01vous ne voulez pas
00:43:01que votre petit confort
00:43:02soit mis en cause.
00:43:03Et ça, il faut casser.
00:43:06Et on appelait
00:43:07à la conscience des gens
00:43:09qui, encore une fois,
00:43:10peuvent être à leur tour
00:43:10un jour victime.
00:43:12Ça peut arriver
00:43:13plus vite qu'on ne croit.
00:43:14Alors, ce que j'ai
00:43:15beaucoup constaté
00:43:16dans votre livre aussi,
00:43:18c'est la présence d'alcool
00:43:19et de parcours
00:43:20de vie particulièrement
00:43:21difficiles.
00:43:22Et je me suis dit,
00:43:23le fait d'être alcoolisé
00:43:25pendant un acte criminel,
00:43:27comme un crime de sang notamment,
00:43:28est-ce que c'est
00:43:29une circonstance
00:43:30atténuante finalement ?
00:43:31Est-ce qu'avant
00:43:31un parcours de vie difficile,
00:43:33c'est une circonstance
00:43:33atténuante ?
00:43:34Est-ce que la justice
00:43:35peut excuser certains...
00:43:37Enfin, pas excuser,
00:43:37bien sûr,
00:43:38peut minimiser
00:43:39certains comportements
00:43:40parce qu'on n'était pas
00:43:41dans son état normal ?
00:43:42Alors, en droit,
00:43:43le fait de s'être
00:43:44alcoolisé
00:43:45ou d'avoir pris
00:43:46des produits stupéfiants
00:43:47n'est pas une circonstance
00:43:48atténuante.
00:43:50Évidemment,
00:43:51puisque vous l'avez fait
00:43:52librement,
00:43:52personne ne vous a obligé
00:43:53de boire
00:43:53ou de prendre
00:43:54des produits stupéfiants.
00:43:55Regardez quand
00:43:56les accidents de la route,
00:43:58c'est même
00:43:58une circonstance aggravant.
00:43:59Si vous prenez le volant
00:44:00et que vous avez bu,
00:44:01vous tuez quelqu'un,
00:44:02c'est aggravant.
00:44:03Alors, vous avez suivi
00:44:04l'affaire de Maëlys
00:44:06de bout en bout.
00:44:08Pourquoi vous avez décidé
00:44:09de clôturer votre livre,
00:44:11mais au-delà de ça,
00:44:11de clôturer votre carrière
00:44:12sur cette affaire-là ?
00:44:14Alors, je ne l'ai pas suivi
00:44:15complètement de bout en bout
00:44:16puisque j'étais procureur général.
00:44:17Donc, ce n'est pas moi
00:44:18qui suivais l'affaire,
00:44:19c'était le procureur
00:44:20de la République,
00:44:21de Grenoble.
00:44:22Moi, je la voyais
00:44:23de plus loin.
00:44:24En revanche,
00:44:24j'ai assuré l'accusation,
00:44:26j'ai soutenu l'accusation,
00:44:27comme on dit, pendant le procès,
00:44:29qui a duré trois semaines,
00:44:31janvier, février 2022.
00:44:34En fait, c'est l'affaire
00:44:36la plus médiatique du moment
00:44:38puisque cette affaire,
00:44:40on en avait beaucoup parlé,
00:44:42Norda Lelandel,
00:44:43le caporal noyé,
00:44:44la petite Maëlys.
00:44:45Il y a eu beaucoup d'émissions,
00:44:46d'ailleurs, même peu de temps
00:44:47avant le procès.
00:44:48Et j'allais régulièrement
00:44:50à la cour d'assises
00:44:51avant cette affaire.
00:44:52Je soutenais l'accusation.
00:44:53Je l'ai fait dans un certain
00:44:54nombre d'affaires.
00:44:55Je les raconte d'ailleurs
00:44:56dans le livre.
00:44:58Et là, je trouvais normal
00:44:59que ce soit le procureur général
00:45:00qui soutienne l'accusation
00:45:01dans la mesure où il y avait...
00:45:03On a fait une grosse organisation.
00:45:05Il y avait deux salles d'audience
00:45:06avec retransmission.
00:45:08Chaque jour,
00:45:08on avait entre 500 et 1 000 personnes
00:45:10qui attendaient
00:45:10pour entrer au palais de justice.
00:45:13Des étudiants,
00:45:13beaucoup de monde.
00:45:14C'est énorme.
00:45:15Énormément de gens.
00:45:15On avait accrédité,
00:45:16je crois,
00:45:18une centaine de journalistes.
00:45:20Ils étaient là
00:45:21dans la salle des pas perdus.
00:45:22Donc, c'est le grand procès.
00:45:24Et on était sur la fin du Covid.
00:45:26Il y avait encore le Covid.
00:45:27On a oublié.
00:45:28Donc, on avait encore les masques
00:45:30qu'on enlevait pendant l'audience,
00:45:33plus ou moins.
00:45:34Et tout ça s'est bien passé.
00:45:35On a mis un an à organiser le procès
00:45:37qui a eu un coup.
00:45:39Tout s'est bien passé.
00:45:40On a pu juger.
00:45:42Et finalement,
00:45:43l'auteur a été condamné.
00:45:45Et c'est une affaire marquante.
00:45:46Et comme je quittais mes fonctions
00:45:48quelques mois après,
00:45:49j'ai voulu en terminer par ça.
00:45:51C'était bien que l'affaire
00:45:52soit jugée
00:45:53pendant que j'étais encore
00:45:53en activité.
00:45:55Et je vous dis,
00:45:56ce n'était pas mon premier dossier.
00:45:58J'en ai pris beaucoup d'autres avant.
00:46:01La cour d'assises,
00:46:02ça m'a toujours intéressé
00:46:03parce que c'est la phase finale.
00:46:05C'est là que tout se dit.
00:46:06C'est le grand théâtre,
00:46:07entre guillemets.
00:46:09C'est ça qui est important,
00:46:10qu'on donne au public le dossier.
00:46:12Et puis voilà,
00:46:12ça s'est passé.
00:46:13On n'a pas eu de problème.
00:46:15La condamnation a été prononcée.
00:46:17Il n'y a pas eu d'appel.
00:46:17Ça, c'était bien
00:46:18parce qu'imposer à la famille
00:46:20ou aux victimes
00:46:22un nouveau procès,
00:46:23c'était quand même
00:46:24difficile à imaginer.
00:46:26Et puis voilà,
00:46:27et depuis,
00:46:28le temps passe
00:46:29et Nanda Lollandais
00:46:30est en prison.
00:46:32Il a même fait un enfant,
00:46:33d'ailleurs,
00:46:34de ses visiteuses.
00:46:36Il a changé de nom
00:46:36puisqu'il a pris le nom
00:46:37de famille de sa mère.
00:46:40Voilà,
00:46:40et peut-être qu'on reparlera
00:46:41un jour de lui
00:46:42d'une manière ou d'une autre.
00:46:44Vous, vous parlez
00:46:44d'un effroi collectif.
00:46:45Qu'est-ce qui, selon vous,
00:46:48a tant choqué la France
00:46:48dans cette affaire ?
00:46:49C'est la personnalité
00:46:50de l'accusé ?
00:46:51L'innocence de la victime ?
00:46:53Oui, c'est à la fois
00:46:54le fait qu'il y ait
00:46:54deux victimes
00:46:55à quelques mois d'intervalle.
00:46:58L'un,
00:46:58un caporal
00:46:59qui était ivre.
00:47:00La petite,
00:47:00Maëlys, 8 ans,
00:47:01qui ne demandait rien
00:47:02à personne
00:47:03dans un lieu improbable.
00:47:04On était dans une fête
00:47:05de mariage
00:47:06dans un village.
00:47:07Au mariage
00:47:08de ses propres parents, non ?
00:47:09Pas de ses propres parents.
00:47:10Ah, c'est pas de ses propres parents.
00:47:10Non, non,
00:47:10c'est des amis
00:47:11de ses parents.
00:47:14Et la petite,
00:47:14elle est enlevée
00:47:15à 3h du matin
00:47:16par un type
00:47:17qui était là
00:47:18par hasard,
00:47:19enfin,
00:47:19Manda Lollanda,
00:47:20qui était un ami
00:47:21du marié.
00:47:23Il est arrivé
00:47:24en bermuda,
00:47:25cool,
00:47:26bon,
00:47:26il avait pris de la coque
00:47:27et malheureusement,
00:47:27il a croisé la route.
00:47:28La petite,
00:47:29sachant qu'il avait déjà
00:47:30commis des actes sexuels
00:47:32des semaines auparavant
00:47:34sur des petites cousines.
00:47:35Ouais.
00:47:35Donc, bref.
00:47:36Qui avait été pris en vidéo.
00:47:37Ce qui était terrible,
00:47:38c'est souvent,
00:47:39on voit avec le petit Émile,
00:47:40c'est l'image de l'enfant,
00:47:41on voit le sourire,
00:47:42c'est les images
00:47:43qu'on voit régulièrement.
00:47:44On voyait la petite
00:47:45avec sa robe blanche,
00:47:46avec un petit sourire malicieux.
00:47:48Donc,
00:47:48tout le monde
00:47:48se sent touché par ça.
00:47:50C'est pour ça
00:47:51que l'affaire
00:47:51a eu un retentissement.
00:47:52Plus le fait
00:47:53que Norda Lollandais,
00:47:54il apparaissait
00:47:54comme un prédateur
00:47:55avec déjà un meurtre.
00:47:58Tout ça,
00:47:58il y avait un peu
00:47:58les ingrédients
00:47:59pour faire une affaire importante.
00:48:01C'était l'affaire
00:48:01française du moment.
00:48:03Et aujourd'hui,
00:48:04quand vous citez
00:48:04Norda Lollandais,
00:48:05ça parle encore
00:48:06à beaucoup de gens.
00:48:08Heureusement,
00:48:09encore une fois,
00:48:09l'affaire a été élucidée.
00:48:11Ça a pu être jugé
00:48:12dans de bonnes conditions.
00:48:13Et voilà,
00:48:14c'est ce qu'il faut retenir.
00:48:16Alors,
00:48:16dans votre livre,
00:48:17vous écrivez
00:48:18sur le comportement
00:48:19de Norda Lollandais
00:48:19pendant son procès,
00:48:21ses gestes,
00:48:22etc.
00:48:22Est-ce qu'il vous est apparu
00:48:24comme un criminel
00:48:25ordinaire
00:48:26ou il avait quelque chose
00:48:27en plus ?
00:48:29Alors moi,
00:48:30j'ai noté
00:48:30qu'effectivement,
00:48:31il avait une certaine
00:48:32humanité,
00:48:33etc.
00:48:33Mais je n'ai jamais vu
00:48:35vraiment déstabiliser.
00:48:37On sentait un type
00:48:38avec une froideur quand même.
00:48:39Il était capable
00:48:40de réactions humaines,
00:48:42évidemment.
00:48:44Il a baissé la tête
00:48:45et tout ça.
00:48:46Mais j'ai bien noté,
00:48:47et ça ressemblait bien
00:48:49au dossier,
00:48:49que c'était plutôt,
00:48:50pour moi,
00:48:50c'est un psychopathe,
00:48:51c'est indifférent
00:48:52à la souffrance des autres.
00:48:53Et finalement,
00:48:54je me demande
00:48:55si ce n'était pas
00:48:55plus sur son sort
00:48:56qui s'apitoyait
00:48:57que sur le sort
00:48:58de la famille.
00:48:59Le moment peut-être
00:48:59le plus fort,
00:49:00c'est quand la sœur
00:49:01de la petite Maëlys,
00:49:02Colline,
00:49:03la petite,
00:49:03a interpellé
00:49:05le nord-allemandais
00:49:06pour lui dire
00:49:06« tu parles, »
00:49:08parce qu'il a soutenu
00:49:09que c'était presque
00:49:10un accident.
00:49:11Puis en fait,
00:49:12il n'en a pas des mordus.
00:49:14Il a resté sur sa position.
00:49:17Son avocat a pu lui faire
00:49:19admettre qu'il avait donné
00:49:20un coup mortel.
00:49:22Mais quand même,
00:49:22j'ai vite noté
00:49:23qu'il n'y avait pas vraiment
00:49:24de sentiments,
00:49:25que tout ça était un peu factice.
00:49:27C'est qu'il était bien
00:49:28d'avoir mis hors d'état
00:49:30de nuire un individu comme ça
00:49:32dont je peux penser
00:49:33qu'il aurait pu tuer
00:49:34d'autres personnes.
00:49:34On sait qu'un procès d'assises,
00:49:37c'est aussi un moment
00:49:38pour faire parler le crime.
00:49:40Vous, à l'issue de ce procès,
00:49:41est-ce que vous avez eu l'impression
00:49:42qu'une certaine forme de vérité
00:49:44avait été atteinte ?
00:49:47Oui, alors vous savez,
00:49:48on ne sait jamais tout.
00:49:49Je le dis souvent aux familles,
00:49:51enfin aux parties civiles,
00:49:52il faut jurer
00:49:53quand je prends la parole.
00:49:55Mais vous savez,
00:49:55vous êtes face à un puzzle.
00:49:57On va vous donner des pièces
00:49:58qui vont s'assembler,
00:50:00puis il y aura des trous.
00:50:01Il manquera des choses.
00:50:03Là, on ne sait pas exactement
00:50:04la motivation de Nordal-Hollandais.
00:50:06Il y a des choses qui manquent
00:50:06parce qu'on ne sait jamais
00:50:07tout d'une affaire,
00:50:08surtout quand il n'y a pas de témoin.
00:50:10Donc le puzzle,
00:50:11il n'est jamais complet.
00:50:13Même s'il y a une condamnation,
00:50:15soit le type a reconnu les faits,
00:50:17il l'acceptera,
00:50:18soit il les conteste,
00:50:18il fera appel s'il le souhaite.
00:50:20Mais on ne peut pas prétendre
00:50:21tout savoir d'une affaire
00:50:22parce que souvent,
00:50:24il n'y a pas de témoin.
00:50:25Puis sur la motivation,
00:50:27il y a des zones d'ombre,
00:50:28il y a des choses comme ça.
00:50:29Je raconte un type qui a tué,
00:50:31un garçon qui a tué son père
00:50:32et ses frères, c'est trouble.
00:50:35Est-ce que c'est pour de l'argent ?
00:50:36Est-ce que c'est parce qu'il se sentait mal aimé ?
00:50:38Il y a plein de choses.
00:50:39Et donc, il manque toujours des explications.
00:50:41Et même après un procès,
00:50:42on a une vérité,
00:50:43mais qui n'est pas forcément la vérité,
00:50:45avec un grand V.
00:50:46C'est une vérité judiciaire.
00:50:49Voilà.
00:50:50Et ça, on est face à un travail humain.
00:50:52Si un jour,
00:50:52c'est l'intelligence artificielle qui juge,
00:50:55ce sera peut-être différent.
00:50:56Mais aujourd'hui,
00:50:58voilà.
00:50:58Et aujourd'hui,
00:50:59on peut faire appel
00:51:00d'un verdict de cour d'assises.
00:51:01Et il n'y a plus la peine de mort.
00:51:03Vous savez que jusqu'en 1981,
00:51:05si vous étiez condamné à mort
00:51:07en cour d'assises,
00:51:08vous ne pouviez pas faire appel.
00:51:10Il n'y a qu'un pauvret en cassation.
00:51:12Et donc,
00:51:13un certain nombre de tueurs en série
00:51:15aujourd'hui auraient été décapités
00:51:17avant 1980,
00:51:19à tous les coups.
00:51:20Donc aujourd'hui,
00:51:20on a progressé.
00:51:21On peut contester un verdict.
00:51:23Avant, ce n'était pas possible.
00:51:24Et on n'encourt plus la peine de mort.
00:51:26Donc on est...
00:51:27Voilà.
00:51:27Et ce qui donne quand même
00:51:29un désespoir à l'accusé,
00:51:31au condamné,
00:51:33ce qui peut frustrer les familles aussi,
00:51:35qui ont aimé que des choses soient dites.
00:51:37Et souvent,
00:51:37les familles sortent frustrées
00:51:40parce qu'elles espéraient
00:51:41que l'auteur,
00:51:42l'accusé,
00:51:42allait dire des choses,
00:51:43allait mieux s'expliquer.
00:51:44Et finalement,
00:51:45c'est rarement le cas.
00:51:46Pourquoi ?
00:51:46Parce que même si le type
00:51:48admet avoir tué,
00:51:49il a du mal à expliquer
00:51:50qu'il avait vraiment voulu tuer.
00:51:52Il a du mal à expliquer
00:51:53pourquoi il a fait ça.
00:51:55Et moi,
00:51:55j'ai très souvent noté
00:51:56que même après le procès,
00:51:58les victimes sont contentes du verdict,
00:52:01mais elles sont frustrées
00:52:02parce que le type,
00:52:03ce n'est pas exprimé.
00:52:05Parce qu'un procès,
00:52:06c'est intimidant
00:52:06et ce n'est pas forcément
00:52:07le meilleur endroit
00:52:08où l'accusé
00:52:09va se révéler complètement.
00:52:11Pour avoir assisté à des procès,
00:52:13je reconnais totalement
00:52:14que beaucoup d'accusés
00:52:15ont du mal
00:52:16à mettre des mots
00:52:18ou à reconnaître
00:52:18complètement leur culpabilité.
00:52:21Est-ce qu'ils ont du mal
00:52:22parce que justement,
00:52:25ils veulent mieux se défendre
00:52:26ou alors est-ce qu'ils ont
00:52:26vraiment du mal
00:52:27à se souvenir des faits ?
00:52:29Certains faits,
00:52:31moi je dis accusés
00:52:32qui vous disaient
00:52:32que c'était un film,
00:52:33je ne me souviens plus.
00:52:33Oui, oui, voilà.
00:52:34Il y a la parenthèse mentale
00:52:36qui est possible.
00:52:36D'autres,
00:52:37c'est par stratégie de défense
00:52:38pour minimiser
00:52:39leurs responsabilités.
00:52:42Donc,
00:52:43ils n'ont pas intérêt
00:52:44de révéler certaines choses
00:52:46qui pourraient être gênantes
00:52:47pour eux.
00:52:48Exemple,
00:52:49oui,
00:52:50la victime,
00:52:50elle m'a menacé
00:52:51alors que ce n'est peut-être
00:52:52pas vrai du tout.
00:52:53Donc,
00:52:53ils vont raconter
00:52:54et on ne pourra pas
00:52:54leur opposer un démenti.
00:52:56Donc,
00:52:56il y a une stratégie de défense
00:52:57que leur avocat peut leur conseiller.
00:53:00Il y a la propre conscience
00:53:01de l'intéressé
00:53:02qui dit
00:53:02est-ce que je vraiment
00:53:03je dis tout
00:53:04ou par froideur
00:53:06je vais garder pour moi.
00:53:08J'espère peut-être
00:53:09que la peine soit moins élevée.
00:53:10Ce qui est d'ailleurs
00:53:10une erreur
00:53:11parce qu'on dit toujours
00:53:12faut t'avouer
00:53:13est à moitié pardonné
00:53:14et ça joue en cours d'assise.
00:53:15Si l'accusé
00:53:16reconnaît
00:53:17plein de contrition,
00:53:19les jurés
00:53:19sont sensibles
00:53:20et la peine
00:53:21peut être bien inférieure.
00:53:22Si vous avez un accusé
00:53:23qui est froid,
00:53:24méprisant
00:53:24et qui dit
00:53:24boum,
00:53:25la peine
00:53:26elle n'est plus là.
00:53:27Souvent.
00:53:28Et donc,
00:53:28après,
00:53:29l'accusé
00:53:30ne va peut-être pas forcément
00:53:31adopter cette stratégie.
00:53:32Il y a des gens,
00:53:33même leur avocat
00:53:34ont du mal
00:53:34à leur faire changer
00:53:35de position
00:53:36parce que c'est très difficile
00:53:37de reconnaître les choses.
00:53:40On a des fois
00:53:40ses propres parents
00:53:41dans la salle.
00:53:42Enfin voilà,
00:53:43il y a toutes ces choses-là
00:53:44qui font qu'il restera
00:53:45toujours des zones d'ombre
00:53:46même après un verdict.
00:53:48Vous écrivez,
00:53:49pour revenir justement
00:53:50au chapitre de Nordal-Lelandais
00:53:51et de la petite Maïlis,
00:53:53vous écrivez
00:53:53que vous aviez eu
00:53:54la main qui tremblait
00:53:55pendant l'écriture
00:53:56de ce chapitre.
00:53:57est-ce que c'est la première fois
00:53:58que vous avez eu
00:53:58autant de mal
00:53:59à poser des mots
00:54:01sur une affaire ?
00:54:02Ce qui était plus simple,
00:54:06c'est que les faits
00:54:07étaient établis.
00:54:08On ne se trompait pas d'auteur.
00:54:10Donc,
00:54:10c'est déjà
00:54:11pas la démonstration
00:54:12de dire
00:54:13c'est lui,
00:54:13c'est lui.
00:54:14Mais j'étais pris
00:54:15par l'émotion en fait
00:54:16parce qu'on avait
00:54:17affaire des parents,
00:54:18on avait des enfants victimes,
00:54:21le poids médiatique.
00:54:23Vous savez,
00:54:23quand vous vous levez,
00:54:24je l'explique,
00:54:25devant une salle
00:54:26où il y a 150 personnes,
00:54:28une autre salle pleine
00:54:29où il y a du public,
00:54:31vous vous dites
00:54:31plus que disent
00:54:32les journalistes.
00:54:32Puis maintenant,
00:54:33c'est le tweet,
00:54:34le live tweet,
00:54:34on est en direct,
00:54:35vous savez que vous êtes
00:54:36sous contrôle,
00:54:37sous le regard
00:54:38de plein de gens.
00:54:39Donc,
00:54:39il y a à la fois
00:54:40du trac,
00:54:41forcément,
00:54:42de l'émotion
00:54:43qu'on ne peut pas dissimuler.
00:54:46Et moi,
00:54:47il m'est arrivé souvent,
00:54:48et je pense que c'était le cas,
00:54:49c'est au moment
00:54:50du prononcé de la peine,
00:54:52de ma demande de peine,
00:54:54que là,
00:54:54la voix peut un peu
00:54:55vacillée
00:54:56parce qu'il y a
00:54:56de l'émotion
00:54:57qui vous gagne.
00:54:58Même si j'en ai fait
00:55:00beaucoup de procès,
00:55:01je me suis forcément
00:55:02endurci,
00:55:03mais il y a toujours
00:55:03quelque chose
00:55:04que vous ne pouvez pas
00:55:06maîtriser
00:55:06et qui finalement
00:55:08donne de l'émotion
00:55:09aussi au public.
00:55:09Si on sent
00:55:10que l'avocat général,
00:55:11il est lui-même touché,
00:55:13je trouve que c'est mieux.
00:55:15C'est comme un acteur,
00:55:16entre guillemets,
00:55:17qui fait passer un sentiment
00:55:18qui semble authentique
00:55:20plutôt d'un truc
00:55:21que moi,
00:55:22je n'ai jamais eu
00:55:22pour habitude
00:55:23de vitupérer,
00:55:24d'hurler.
00:55:25Je trouve que c'est une erreur.
00:55:27On peut faire une démonstration
00:55:28plus froide
00:55:29sans concession
00:55:30pour l'accusé.
00:55:31Je crois que je ne l'ai pas été,
00:55:32je n'ai pas fait de concession
00:55:33vis-à-vis de Nordal-Lolandais,
00:55:34mais sans tomber
00:55:35dans l'injure
00:55:36ou dans l'exagération,
00:55:38je trouve que ça ne sert à rien.
00:55:39Ça n'a jamais été
00:55:40ma façon de faire.
00:55:40Quand vous avez quitté
00:55:42cette cour d'assises,
00:55:45ce procès de Nordal-Lolandais,
00:55:46vous êtes parti en homme apaisé
00:55:47ou en homme assez frustré ?
00:55:49Oui, non, apaisé,
00:55:51parce que le procès
00:55:52s'était bien déroulé,
00:55:53il n'y a pas eu d'incident,
00:55:54on s'était beaucoup démené
00:55:56pour ça.
00:55:57J'étais très heureux
00:55:58de voir autant d'étudiants,
00:56:00enseignants à la fac
00:56:02à Sciences Po Grenoble,
00:56:03je voyais plein,
00:56:04mais c'était vraiment bien.
00:56:05Les journalistes
00:56:06ont bien fait le job
00:56:07et pour la première fois
00:56:07de ma vie,
00:56:09j'ai répondu à une interview
00:56:10dans la salle des pas perdus
00:56:12après le verdict.
00:56:13Je ne l'avais jamais fait.
00:56:14Les avocats le font,
00:56:15toutes les suspensions.
00:56:16Moi, je ne l'avais jamais fait.
00:56:18C'est Dominique Rizet
00:56:20de BFM TV
00:56:20qui m'avait interviewé
00:56:21et j'ai essayé
00:56:22d'expliquer tout ça.
00:56:25J'avais une position
00:56:26de procureur général
00:56:28qui me permettait de dire
00:56:29que j'avais noté
00:56:32qu'il n'y aurait pas
00:56:32d'appel de la défense
00:56:33et que moi,
00:56:33de mon côté,
00:56:34je ne ferais pas appel.
00:56:36Voilà, donc c'était intéressant
00:56:37et j'étais bien content
00:56:38que ce soit fait.
00:56:39Et puis après,
00:56:40psychologiquement,
00:56:41je veux dire,
00:56:42voilà, on a fait le travail.
00:56:44Les parents repartent
00:56:45avec leur souffrance,
00:56:46malheureusement,
00:56:47parce que...
00:56:48Mais eux-mêmes
00:56:48étaient quand même contents.
00:56:50J'y mets depuis quand même...
00:56:52Ça faisait 5 ans
00:56:53que leur souffrance était là,
00:56:55de voir que tout ça,
00:56:56c'était plutôt bien terminé.
00:56:58Mais est-ce qu'un verdict,
00:56:59ça peut vraiment réparer
00:57:00la douleur d'une famille ?
00:57:01Non.
00:57:01Non.
00:57:02Un verdict,
00:57:02c'est la justice
00:57:03qui prononce une peine
00:57:05au nom de la société,
00:57:07du peuple français,
00:57:09mais les frustrations,
00:57:10la souffrance des victimes
00:57:11restera toujours,
00:57:12parce que,
00:57:13quel que soit le verdict,
00:57:14la petite Maïlis
00:57:16ne réapparaîtra pas.
00:57:17La personne tuée
00:57:17n'aura...
00:57:18Donc,
00:57:19même la punition
00:57:20n'équilibrera pas
00:57:22la souffrance.
00:57:23C'est le problème, ça.
00:57:25Et donc,
00:57:25on le voit aussi
00:57:26dans les affaires correctionnelles
00:57:27ou des accidents
00:57:28où les familles
00:57:30ne comprennent pas
00:57:30que les peines
00:57:31ne soient pas assez élevées.
00:57:32Mais on est
00:57:33dans des accidents
00:57:34parce qu'elles,
00:57:35elles ont perdu un proche.
00:57:37Et là,
00:57:37la justice ne peut pas réparer.
00:57:39On dit toujours
00:57:40dans la souffrance,
00:57:41il y a de l'irréparable,
00:57:43la souffrance humaine,
00:57:44quel que soit le verdict,
00:57:45même aux États-Unis
00:57:46où je crois
00:57:46que dans certains cas,
00:57:47les familles assistent
00:57:48à l'exécution
00:57:49d'un condamné,
00:57:51ça arrive dans certains états,
00:57:53même les familles
00:57:54n'en sortent pas spécialement apaisées
00:57:55parce qu'on a tué
00:57:56celui qui a tué
00:57:57leur fils ou leur fille,
00:57:59mais la vie continue
00:58:00et eux,
00:58:01elles garderont tout ça.
00:58:02Ce qui est difficile
00:58:03à admettre
00:58:03pour les familles,
00:58:04c'est que l'accusé condamné
00:58:06qui a tué
00:58:06retrouve une vie
00:58:07en prison
00:58:08plutôt confortable
00:58:09à leurs yeux
00:58:10et qu'un jour,
00:58:11peut-être,
00:58:12il sortira de prison.
00:58:13Ça,
00:58:14c'est difficile à admettre.
00:58:15Il m'a tué mon enfant
00:58:17et il sortira de prison.
00:58:18Voilà,
00:58:18ça,
00:58:19c'est le truc
00:58:20qu'on a humainement
00:58:23qu'il est impossible
00:58:24d'accepter
00:58:25quel que soit
00:58:26quand on a perdu un proche.
00:58:27Oui,
00:58:28on les comprend forcément.
00:58:29Ben oui,
00:58:29mais c'est la loi,
00:58:30c'est la société.
00:58:31On arrive vers la fin
00:58:34de cette interview.
00:58:35Vous,
00:58:35qu'est-ce que vous conseillerez
00:58:37à un jeune magistrat
00:58:39qui entre dans la profession ?
00:58:40Qu'est-ce que vous lui diriez ?
00:58:41Eh bien,
00:58:42je lui conseillerais
00:58:43alors de choisir
00:58:44ce qu'il veut,
00:58:45faire du pénal,
00:58:45du civil,
00:58:46mais s'il fait du pénal,
00:58:47comme on dit,
00:58:48s'il est juge d'instruction
00:58:49substitue,
00:58:50qui se passionne
00:58:51pour son métier,
00:58:52qu'il est de la curiosité
00:58:53intellectuelle,
00:58:54qui s'ouvre
00:58:55à des horizons
00:58:56qu'il connaît mal,
00:58:57rencontrer des journalistes,
00:58:59rencontrer des écoliers,
00:59:02des lycéens,
00:59:03de se sortir un peu
00:59:04de son palais de justice,
00:59:05parce que ça prend
00:59:06beaucoup de temps.
00:59:07On apprend beaucoup
00:59:08sur l'être humain.
00:59:09Vous savez,
00:59:09dans tout métier,
00:59:11il y a trois aspects.
00:59:12C'est valable pour tous les métiers.
00:59:13Des lieux,
00:59:15des moments
00:59:15et des rencontres.
00:59:16Vous allez rencontrer,
00:59:17aller sur des lieux
00:59:18extraordinaires,
00:59:19des fois,
00:59:20des situations étonnantes,
00:59:22des moments
00:59:23tragiques ou comiques
00:59:25que vous allez vivre.
00:59:26Mais c'est valable
00:59:27pour tous les métiers.
00:59:27Et enfin,
00:59:28des rencontres.
00:59:29Vous allez faire
00:59:29avec des gens formidables
00:59:30qui croisez votre route
00:59:32ou des gens détestables.
00:59:34Et c'est ça qui est intéressant
00:59:35dans tout métier,
00:59:36journaliste,
00:59:36tout ce qu'on veut.
00:59:37et c'est ça
00:59:38qu'il faut un moment.
00:59:39L'enrichissement de l'être humain,
00:59:41c'est la rencontre
00:59:41avec les autres.
00:59:43C'est de sortir
00:59:43de ces bouquins de droits
00:59:44qui vous mobilisent.
00:59:47Et aussi de vous améliorer
00:59:48vous-même.
00:59:49De dire,
00:59:49est-ce que moi,
00:59:50là,
00:59:50je vais peut-être progresser
00:59:53sur certaines choses.
00:59:54De ne pas croire
00:59:54que vous avez tous les pouvoirs
00:59:56parce que vous êtes procureur
00:59:58ou que vous pouvez imposer
00:59:58des choses.
01:00:00Il faut cultiver l'hésitation,
01:00:02le doute à un moment.
01:00:03Est-ce que j'ai raison ?
01:00:04Demander l'avis des autres.
01:00:06Ne pas croire
01:00:06qu'on sait tout.
01:00:08Que ça,
01:00:08ça mène au cold case
01:00:09à un moment.
01:00:09Ah ben ça,
01:00:10c'est pas la bonne piste,
01:00:11je la rejette.
01:00:13Voilà.
01:00:13Donc,
01:00:13de l'humilité.
01:00:14On le dit toujours,
01:00:15arriver à avoir
01:00:16un peu de modestie,
01:00:17de se dire,
01:00:17je me trompe peut-être,
01:00:19je demande l'avis d'un autre
01:00:20et c'est ça que je conseillerais
01:00:21à un jeune collègue
01:00:22ou un futur collègue.
01:00:23Et vous,
01:00:24après tout cela,
01:00:25est-ce que vous croyez
01:00:26encore en l'homme,
01:00:27en l'humanité ?
01:00:27Oui,
01:00:27oui,
01:00:28oui,
01:00:28je crois que je conclue
01:00:31comme ça ce livre
01:00:32en disant,
01:00:32malgré les milliers
01:00:35d'escrocs,
01:00:36voleurs,
01:00:37truands,
01:00:37assassins
01:00:38que j'ai rencontrés,
01:00:39je crois encore
01:00:40en l'être humain
01:00:40parce que sinon,
01:00:41on ne peut plus vivre.
01:00:42Si je voyais
01:00:43tous mes compatriotes
01:00:44comme des assassins,
01:00:45des escrocs,
01:00:46ce serait terrible.
01:00:47Donc,
01:00:48vous savez,
01:00:48dans l'être humain,
01:00:49il y a du magnifique.
01:00:50Regardez tout ce qu'il fait
01:00:52de beau.
01:00:53Et puis,
01:00:53il peut y avoir
01:00:53de l'horrible.
01:00:55Pour certains,
01:00:56ce sera une vie exemplaire.
01:00:58Prenez l'abbé Pierre.
01:01:00C'était le saint
01:01:01représenté.
01:01:01Puis on sait aussi
01:01:02qu'il avait une vie...
01:01:03Voilà,
01:01:04donc c'est des fois
01:01:05jamais tout blanc,
01:01:05tout noir.
01:01:06Donc,
01:01:07il faut plutôt voir
01:01:07la partie positive
01:01:08de l'être humain
01:01:09que la plupart des gens ont,
01:01:11sauf quelques êtres abominables.
01:01:14On a l'impression
01:01:15qu'ils sont nés
01:01:15pour faire du mal.
01:01:16Mais en dehors
01:01:17de ces gens-là,
01:01:18il y a une part positive
01:01:20dans l'être humain.
01:01:20Et même des délinquants
01:01:22que j'ai rencontrés
01:01:23ont des aspects sympas.
01:01:25Et bon,
01:01:27voilà,
01:01:27il y a un moment,
01:01:28c'est la fatalité,
01:01:29c'est le hasard
01:01:29qui vous tombe dessus.
01:01:31Mais croyons
01:01:31en l'être humain,
01:01:32c'est le plus important.
01:01:34Merci Jacques
01:01:34d'avoir répondu
01:01:35à ma question.
01:01:35Merci Cristobal,
01:01:36merci à vous.
01:01:37Je vous rappelle,
01:01:37Jacques Dallès
01:01:38qui a sorti son troisième livre
01:01:39sur les chemins du crime
01:01:40paru chez ma réédition.
01:01:43Ça se voit que je l'ai lu
01:01:43et je vous conseille
01:01:44de le lire à votre tour.
01:01:45Non, sérieusement,
01:01:46c'est un super bouquin.
01:01:47On voit qu'il a été travaillé.
01:01:49Ouais, ouais, ouais,
01:01:49non, mais je ne me présente pas,
01:01:51je ne me présente pas nu du tout.
01:01:53Voilà,
01:01:53merci de nous avoir regardés
01:01:54sur YouTube
01:01:55et écoutés en podcast.
01:01:56N'hésitez pas à commenter,
01:01:57liker,
01:01:58nous faire des retours.
01:01:59On arrive bientôt
01:02:00avec de nouvelles vidéos
01:02:01et on est ravis
01:02:03de produire tout ça.
01:02:04Voilà, au revoir.

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