Le philosophe Michel Onfray était l'invité de Face à Michel Onfray ce samedi 19 avril sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de la multiplication des attaques visant des agents pénitentiaires : «Agent pénitentiaire, ce n'est pas un métier qu'on veut faire quand on a 10 ans»
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00:00À un moment donné, où est-ce que ça va s'arrêter ?
00:02Parce qu'on a vu ce qui s'est passé à Toulon, on a vu ce qui s'est passé à Aix,
00:05encore cette nuit au domicile d'un agent pénitentiaire du CPX Luine,
00:08où on se dit qu'à un moment donné, ça a pris des proportions qu'on ne maîtrise plus,
00:12qu'on ne maîtrise jamais en temps normal, mais que là, à quel moment ça peut s'arrêter ?
00:17Je veux dire, jusqu'au domicile des agents, on va faire quoi ?
00:20On va prendre un otage chez eux ? Je ne sais pas, on peut tout imaginer,
00:23mais ça peut aller très loin, en tout cas dans les exactions, oui.
00:26Il a raison, ça peut aller très loin.
00:27Il a complètement raison, y compris d'utiliser le mot « otage ».
00:30Quand il dit « otage », je pense qu'il l'entend prendre vraiment physiquement en otage,
00:34mais psychiquement, ils sont déjà pris en otage, ces gens.
00:36Quand vous avez 15 ans, vous ne dites pas « moi, quand je serai grand, je serai surveillant de prison ».
00:41Ce n'est pas un métier que vous faites en disant « j'ai la vocation de ces choses-là ».
00:43Vous finissez par le faire.
00:44Il y en a, il y en a, peut-être.
00:46Je pense qu'on pourrait faire une sociologie, ce sont quand même des gens modestes,
00:50ce sont des gens qui ne font pas ça en disant « j'adore la répression », « j'adore les clés, la prison », etc.
00:55Ce n'est pas un métier qu'on a envie de faire quand on a 10 ans.
00:58On veut être pompier, on veut être médecin, on veut être parachutiste, on veut être cosmonaute,
01:02mais voilà des métiers…
01:04Mais c'est un métier extrêmement difficile.
01:05C'est extrêmement difficile.
01:07C'est mal payé, il y a des considérations.
01:09Vous faites cracher dessus, vous ne dites rien, vous vous taisez, vous avez une humiliation.
01:12Puis là, maintenant, comment ça se fait-il, d'ailleurs ?
01:14Moi, je souhaiterais qu'on puisse savoir comment des gens peuvent dire
01:18« on sait où vous habitez, on sait quelle est votre voiture,
01:21on connaît la plaque mineralogique, on sait où vos enfants vont à l'école, etc. »
01:24Là, ce sont finalement des gens, je ne vais pas dire des lampistes,
01:27le mot n'est pas sympathique à leur endroit, mais des gens qui n'y peuvent rien.
01:30Ce sont des gens, comme beaucoup de policiers, comme beaucoup de CRS,
01:34ce ne sont pas des gens dont les parents sont professeurs de médecine
01:37et puis agrégés de sciences éco ou je ne sais quoi.
01:40Il y a un recrutement de gens extrêmement modestes.
01:42D'ailleurs, Bourdieu l'avait dit, dans « La misère du monde »,
01:44il y a donc une façon de prendre en otage des gens en disant
01:48« c'est vous qui allez payer », mais ce ne sont pas ces gens-là
01:50qui font un métier de fonctionnaire.
01:52C'est comme si on rendait responsable la personne
01:54qui vend des billets de train, des retards des trains.
01:58Ce n'est pas comme ça que ça se passe.