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Une série d'attaques a été menée en France, depuis dimanche, contre des établissements pénitentiaires. Mardi matin, le garde des sceaux, Gérald Darmanin, était convaincu d'y voir la main d'organisations liées à la criminalité organisée. Écoutez la réaction de Vincent Monnier, chef du service Enquêtes au Nouvel Obs, auteur de "Narcocratie : comment ils ont pris le pouvoir" (aux éditions Albin Michel).
Regardez L'invité de Yves Calvi du 16 avril 2025.

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Transcription
00:00Jusqu'à 20h, RTL Soir avec Kif Calvi et Vincent Derosier.
00:04Il est 18h18, bonsoir Vincent Meunier, vous êtes chef du service enquête au Nouvel Observateur.
00:10Enfin moi je dis encore Nouvel Observateur, pardonnez-moi.
00:12Au Nouvel Obs, votre livre, Narcocratie, comment ils ont pris le pouvoir, vient de paraître aux éditions Albain Michel.
00:19Depuis dimanche, dans tout le pays, une série d'attaques violentes et coordonnées ciblent nos prisons et leur personnel.
00:24Pour le moment, aucune revendication claire n'a été exprimée, si ce n'est un acronyme tagué à plusieurs reprises des DPF pour défense des droits des prisonniers français.
00:35Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a très tôt évoqué la piste des représailles de la part de narcotrafiquants. Qu'en pensez-vous ?
00:42Oui, bonsoir Révi Calvi. Écoutez, pour l'instant, les investigations viennent seulement de débuter.
00:46Je crois qu'il faut se méfier de toute conclusion hâtive.
00:49On saura dans quelques jours, avec les éléments qui ont été recueillis, on aura peut-être une piste qui se dégagera.
00:56Dire que c'est aujourd'hui soit l'ultra-gauche, soit le narcotrafiquant, me semble bien hâtif.
01:02Tire alarme lourde, véhicule incendié, hold immeuble tagué.
01:07Sur le mode opératoire, retrouvez-vous la signature, par exemple, ou notamment des trafiquants de drogue ?
01:12Écoutez, c'est vrai que la présence d'armes lors de ces actions, notamment à Luin et puis à Toulon, laisse penser que ce sont des gens qui ont l'habitude d'avoir accès à ce type d'arsenal.
01:26Donc, on pense tout de suite aux narcotrafiquants. C'est vrai, c'est évident.
01:29Et puis, c'est vrai aussi qu'ils ont la capacité, comme ça, de monter des actions coordonnées ou tout au moins concertées, avec peut-être plusieurs groupes sur différents endroits.
01:42Là, il y a une dizaine de prisons qui sont concernées.
01:44La zone géographique de ces attaques, pour faire simple, Sud-Est et la région parisienne, là aussi, est-ce qu'il faut y voir un message particulier ?
01:51Ou en tout cas, est-ce que ça nous dit quelque chose des équipes, si je puis dire ?
01:56Peut-être qu'effectivement, c'est intéressant de voir que la plupart des attaques, je crois qu'il y a trois attaques en région parisienne,
02:03et puis tout le reste, c'est quand même sur une zone qui s'étend de Agin à Marseille.
02:08Donc, effectivement, il y a peut-être une concentration géographique qui est intéressante pour les enquêteurs à investiguer.
02:15Peut-être aussi voir si jamais la piste du narcotrafic des narcotrafiquants se confirme.
02:23voir quelle organisation a tissé des liens avec quelle organisation voisine.
02:31On sait que beaucoup de groupes criminels, en fait, ne se font pas seulement la guerre,
02:36mais collaborent ensemble pour monter des opérations d'importation de drogue ou des coups de force, parfois aussi.
02:43Au cours de vos enquêtes sur le trafic de drogue, aviez-vous déjà entendu parler du DDPF,
02:48qui veut dire, je le rappelle, Défense des droits des prisonniers français ?
02:53Eh bien, absolument pas.
02:55Non, non, c'est la première fois qu'on entend parler de cette organisation, cet acronyme.
03:00J'ai interrogé aussi des agents pénitentiaires qui n'avaient jamais entendu parler de ce groupe.
03:05Même, j'ai pu avoir accès au canal Telegram, c'est assez étrange.
03:10Ça a été créé dimanche, dans la journée dimanche, juste la veille des premières opérations.
03:20Ça se présente comme le canal officiel des droits des prisonniers français.
03:24Et le premier message, c'est non au projet d'Armanin, avec une photo du ministre derrière des barreaux et en survêtement.
03:31Et puis après, on parle de cigarettes, de droits de fumée dans les cellules, des coûts des communications téléphoniques qui sont trop chers.
03:40Et puis après, il y a pas mal de messages qui, depuis lundi, ont été quand même effacés.
03:46Donc, je crois qu'il y avait quelques vidéos qui concernaient des actions qui ont été menées,
03:50qui avaient été diffusées sur ce canal, qui ont été retirées.
03:53Donc voilà, tout ça est très mystérieux.
03:56Ce canal, en lui-même, est très mystérieux.
03:57Tout est mystérieux. Notre confrère spécialiste du grand banditisme, Frédéric Ploquin,
04:02semblait sceptique à la mi-journée sur notre antenne.
04:04Il n'imagine pas, lui en tout cas, et pour l'instant,
04:07que les narcotrafiquants puissent mener des opérations aussi coordonnées.
04:10Vous avez la même analyse ?
04:14Tout ça est vraiment très mystérieux, c'est vrai.
04:18Moi, je crois qu'ils ont quand même une capacité à se coordonner.
04:22Il y a beaucoup de contacts dans les prisons, on ne va pas se cacher,
04:25entre différents groupes.
04:27Si vous vous souvenez, par exemple, au cours des investigations suite à l'évasion
04:31de Mohamed Amra, ces conversations étaient écoutées et on s'est aperçus à un moment
04:38qu'il communiquait avec des gens, donc lui est originaire d'Evreux,
04:41il communiquait avec des gens de la DZ Mafia de Marseille,
04:46dans le but de faire main basse sur un point de deal de Saint-Nazaire.
04:49Donc vous voyez, il y a quand même des contacts, ce sont des réseaux,
04:54ils se parlent, ils montent des affaires ensemble.
04:57C'est vrai que là, c'est quand même très très coordonné.
04:59Ces organisations qui sont rivales pour certains points de deal
05:02sont capables quand même de fonctionner entre elles à certains moments
05:04quand leur intérêt est en jeu ?
05:06Tout à fait.
05:07En fait, on envisage souvent le narcotrafic comme une guerre de gangs,
05:13ce qui est vrai, souvent ils se font la guerre entre groupes géographiquement voisins
05:19pour des points de deal, mais d'autres sont capables de nouer des alliances,
05:22en fait des alliances ponctuelles, mais des alliances quand même
05:24pour importer des quantités de drogue ou pour monter des opérations,
05:30comme je vous disais, un peu coup de poing sur des opposants.
05:33Et puis, il y a une forme de narcotrafic où c'est un milieu qui est en train d'évoluer
05:39vers une forme d'externalisation, si vous voulez.
05:45C'est-à-dire que c'est une forme de service.
05:47Vous avez des groupes qui sont spécialisés soit dans la logistique,
05:50soit dans des groupes qui sont spécialisés dans les coups de force.
05:53Donc, on peut faire appel comme ça à différents groupes pour mener à bien des actions.
05:58De telles actions nécessitent quand même une grande préparation, une logistique,
06:01notamment en ce qui concerne les identités et les adresses des agents pénitentiaires.
06:06Et ce, dans toute la France, Vincent Monnier, c'est quelque chose qui est possible
06:09pour des narcotrafiquants.
06:12Ça me semble possible.
06:13C'est vrai que ça demande beaucoup.
06:14Ça demande des repérages.
06:15Ça demande certainement des vols de voitures en amont pour se rendre avec des voitures
06:21dont on change les plaques d'immatriculation éventuellement
06:23ou des voitures volées pour se rendre sur les lieux des attaques.
06:27Ça demande beaucoup de concertation, de coordination.
06:32Est-ce que c'est impossible ? Non.
06:33Est-ce que c'est difficile à monter ? Oui, certainement.
06:36Faire reculer le ministre de la Justice sur la construction de nouvelles prisons
06:40de haute sécurité, est-ce que ça pourrait être une possibilité ?
06:47Ça me paraît très au second degré, moi, déjà.
06:49Enfin, au second degré, si je puis me permettre.
06:50C'est vrai que là, on approche quand même de la loi va être adoptée à la fin du mois.
06:56Le projet est quand même sur les rails.
06:58Il y a déjà des réunions de pilotage pour la mise en place de ces prisons de haute sécurité
07:05qui ont été menées récemment.
07:07Donc, effectivement, le projet semble bien engagé.
07:10Et je ne vois pas le ministre reculer sur ces nouvelles mesures qui sont dans la loi.
07:20Une dernière question qui est celle que pose le titre de votre livre.
07:24Narcocratie, comment ils ont pris le pouvoir ?
07:26Ils l'ont vraiment pris ?
07:29Peut-être pas en France. Dans d'autres pays, la question se pose.
07:32En tout cas, ils sont une forme de pouvoir qui, depuis 10 ans, ne cesse de s'installer
07:36partout en Europe et, en fait, ils défient le pouvoir en place.
07:42Ils défient la justice, ils défient la police.
07:45Je rappelle aussi, en octobre 2022, en Belgique, le ministre de la Justice de l'époque
07:52avait été placé une dizaine de jours dans une maison sécurisée, une safe house, comme on dit,
07:58en bon français, suite à des projets d'enlèvement qui avaient été déjoués à la dernière minute.
08:05Et c'était aussi dans le but de lui faire pression sur le pouvoir belge
08:10en vue d'annuler une extradition d'un trafiquant de drogue.
08:14Merci beaucoup, Vincent Monnier, chef du service Enquête aux Nouvelles Ops.
08:19Votre livre Narcocratie, comment ils ont pris le pouvoir, vient de paraître aux éditions Edwin-Michel.
08:24Et je précise que c'est donc Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui sera l'invité demain matin à 7h40 d'RTL.
08:30Jusqu'à 20h, RTL Soir avec Yves Calvi et Vincent Derosier.

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