C'est un secret de famille qui ne sera jamais percé. Plus de soixante-dix ans après, l'affaire Dominici demeure l'un des mystères les plus obsédants de la chronique criminelle, enfoui derrière les murs d'une ferme posée sur les rives de la Durance, entre Manosque et Digne. Dans la chaleur d'une nuit d'été, les Drummond, le père, la mère et leur petite fille de dix ans, étaient retrouvés massacrés dans ce coin isolé. Ils s'étaient arrêtés pour camper. On a entendu des coups de feu mais personne n'a rien vu.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0114h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:06Voici l'assassin. Gaston Dominici, le grand-père, a avoué son crime.
00:11La veille encore, sa culpabilité ne faisait plus de doute.
00:13Ses deux fils avaient montré dans une grange de la Grande-Terre la place où le père était allé décrocher l'arme
00:18avec laquelle il allait abattre la famille Drummond et qu'il avait ensuite jeté dans un trou de la Durand.
00:23Bonjour, c'est un secret de famille qui ne sera jamais percé.
00:30Plus de 70 ans après, l'affaire Dominici demeure l'un des mystères les plus obsédants de la chronique criminelle.
00:37Enfouie derrière les murs d'une ferme, sur les rives de la Durand, entre Manosque et Digne.
00:42Dans la chaleur d'une nuit de l'été 1952, les Drummondes, le père, la mère, leur petite fille de 10 ans
00:49étaient retrouvés massacrés dans ce coin paisible.
00:51Il s'était arrêté pour camper, on a entendu des coups de feu, mais personne n'a rien vu.
00:58La ferme des Dominici va rapidement se trouver à l'épicentre de la tragédie.
01:02Une famille de paysans, méfiants, taiseux.
01:06Pour les policiers, ils savent, forcément, mais ils ne disent rien.
01:10Les soupçons vont s'arrêter sur le patriarche, Gaston Dominici, c'est lui qui aurait foudroyé les Anglais.
01:15Il va même avouer, mais que cachent ces déclarations qui pourraient n'être qu'un écran de fumée.
01:20Pourquoi la vérité continue-t-elle à s'échapper ?
01:24Question posée aux invités de l'heure du crime, la seule émission Radio 100% fait divers.
01:28L'affaire Dominici, le tueur de la Grande Terre, c'est tout de suite sur RTL.
01:34Mardi 5 août 1952, 7h15 du matin, les gendarmes Louis Romanet et Raymond Bouchier de la brigade de Fort Calquier
01:50arrivent à moto à la Grande Terre, une grosse ferme en bord de Durance, en contrebas du village de l'Urse,
01:57à une vingtaine de kilomètres de Manosque.
01:59On leur a signalé une personne morte près de la route, ainsi que des coups de feu pendant la nuit.
02:05Les gendarmes aperçoivent tout de suite une voiture verte stationnée sur le bas-côté, immatriculée en Angleterre.
02:12Un lit de camp est déplié.
02:14Juste à côté, une femme sur laquelle on a jeté une couverture.
02:18Elle gît face contre terre, les pieds nus.
02:21La robe est relevée à mi-jambe, le visage bleu taché de sang.
02:25Un autre cadavre, celui d'un homme, est repéré à quelques mètres.
02:29On a renversé sur lui un lit de camp.
02:32Ses tennis sont délacés.
02:34L'adjudant Romanet fait le tour de la voiture.
02:36Une Hillman Minx, dont l'intérieur semble avoir été fouillé.
02:41Quand un homme surgit, sans prévenir, dans son dos.
02:45Veste et pantalon de velours, chapeau, grosse moustache.
02:49C'est le propriétaire de la Grande Terre, Gaston Dominici, 75 ans.
02:54Il déclare tout de suite avoir entendu des coups de feu pendant la nuit.
02:58Il a eu très peur.
02:59Il dit qu'il y a une troisième victime, une petite fille.
03:02Elle se trouve près du petit pont de pierre qui enjambe la voie ferrée.
03:07Le corps est retrouvé à moins de 100 mètres de la ferme.
03:10Le crâne est fracassé.
03:12L'enfant fuyé est un danger, même si ses pieds nus ne sont ni sales, ni écorchés.
03:18Elle est habillée, mais sa culotte est retrouvée dans un buisson.
03:21Les trois morts de la Grande Terre sont la famille Drummond, domiciliée à Nottingham.
03:28Le père, Sir Jack Drummond, 61 ans, scientifique et diététicien de renom.
03:34Son épouse, Anne, 45 ans, et leur fille, Elisabeth, 10 ans.
03:388 heures, le docteur Henri Dragon examine les victimes.
03:43Les parents ont été tués en premier sous le murier.
03:46Jacques Drummond a été touché de deux balles en pleine poitrine.
03:51Son épouse a reçu trois tirs imprécis.
03:54Une balle a touché le cœur.
03:56La petite Elisabeth a été frappée à la tête à coup de crosse.
03:59Coup tellement violent que la crosse de l'arme s'est brisée.
04:03Un gros éclat de bois sera découvert sous le corps.
04:0715h30, un jeune commissaire de police de Marseille, Edmond Sébeil, est sur place.
04:13Un de ses adjoints retrouve, à demi immergé, en bord de Durance, une carabine déglinguée.
04:18Une M1 Rock Ola automatique, 8 mm, de l'armée américaine.
04:25C'est bien cette arme qui a abattu les parents et frappé à mort la petite fille.
04:30Les occupants de la ferme ignorent d'où vient cette fameuse carabine.
04:34Le commissaire Sébeil imagine une attaque qui a dégénéré.
04:39Peut-être une tentative de vol qui se serait transformée en bain de sang.
04:44Dès les premières heures, son regard se tourne vers la famille Dominici.
04:48Le patriarche, Gaston, son épouse, Marie, surnommée la Sardine, totalement muette,
04:54et deux des neuf enfants qui vivent toujours à la ferme.
04:57Gustave, 33 ans, marié à Yvette, et Clovis, 47 ans, célibataire, qui vit un peu plus loin.
05:03La veille, la famille fêtait la fin des moissons, c'est une tradition.
05:08Le patriarche a entendu des coups de feu, il a pensé à des braconniers.
05:12C'est Gustave, à 5h45, qui a découvert le corps de la fillette.
05:17À cette heure-là, son père était déjà parti avec les chèvres dans la colline.
05:22Voilà donc pour les premières heures d'une affaire qui va devenir un des plus grands mystères criminels de l'histoire.
05:28Une famille anglaise abattue à coups de carabine.
05:30On est peu de temps après la fin de la guerre.
05:32Donc évidemment, tout de suite, ça attire beaucoup de commentaires et de soupçons.
05:36On va le voir évidemment au fil de l'heure du crime.
05:39Alors c'est un scénario qui fait penser aujourd'hui à une affaire actuelle.
05:42C'est l'affaire de Chevaline, tout simplement.
05:44Parce qu'il y a une famille anglaise qui est décimée.
05:46On va effectivement faire le parallèle des années plus tard.
05:49Mais pour l'instant, restons-en à l'affaire Dominici.
05:52Il y a d'entrée cette grande ferme qui est posée au bord de l'Adurance.
05:56A l'époque, il n'y a pas d'autoroute.
05:57Elle est au bord de la route nationale.
06:00Et puis il y a d'entrée ce clan familial qui attire tous les soupçons et qui va se déchirer.
06:05Bonjour Caroline Alasi.
06:07Bonjour Jean-Alphonse.
06:08Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
06:11Vous êtes journaliste, co-réalisatrice de la série L'affaire Dominici.
06:15Les mystères d'un triple crime qui est diffusé sur France TV.
06:19On peut d'ailleurs retrouver sur le replay de France TV.
06:24Cette extraordinaire histoire.
06:25Il n'y a pas d'autre mot, il n'y a pas d'autre terme.
06:27On est plus de 70 ans après et on continue à en parler.
06:30Alors Caroline Alasi, un triple crime.
06:34Il y a un souci tout de suite avec ce triple crime.
06:37C'est qu'il n'y a pas de mobile apparemment.
06:39En effet, vous l'avez dit, dès le départ, l'enquête démarre très mal.
06:43Puisque quand le commissaire arrive en début d'après-midi, les lieux ont été entièrement piétinés.
06:50Les affaires des Drummondes sont un peu éparpillées partout autour de la Hillman.
06:54Les corps ont été bougés.
06:55Les corps ont été bougés.
06:56On l'apprendra plus tard.
06:57Mais effectivement, les corps ont été bougés.
06:59Et pour lui, il y a une urgence à essayer de trouver des preuves matérielles.
07:03A essayer de trouver une solution.
07:05Dans les hypothèses de mobile, évidemment, on pense tout de suite à un vol.
07:08A la possibilité d'un vol.
07:09Mais on retrouve de l'argent dans la Hillman.
07:11Donc on l'écarte assez vite.
07:12On pense à un crime sexuel, évidemment.
07:14Mais l'autopsie qui sera faite plus tard dans la journée révèle qu'il n'y a rien eu de ce genre.
07:18Ni sur la petite fille, ni sur la maman.
07:21Donc voilà.
07:22Donc on écarte déjà ces mobiles-là.
07:23Mais il en reste d'autres.
07:25Alors il y a quelque chose aussi qui est frappant.
07:27Et ça, le commissaire Sébet, il arrive de Marseille.
07:29Il a beau être jeune, mais il a quand même un petit peu d'expérience.
07:32Ça, il le voit tout de suite.
07:33C'est qu'il y a beaucoup de violence.
07:35Il y a un acharnement.
07:37Il y a plusieurs balles qui ont été tirées sur le papa et la maman.
07:39Et alors la petite fille, elle est massacrée ?
07:41Massacrée, effectivement.
07:43Et c'est ce qui choque l'Angleterre, mais aussi la France.
07:45Trois Anglais tués, ça fait beaucoup de bruit en Angleterre.
07:48La petite fille a 10 ans et elle a reçu des coups sur le crâne.
07:53Et l'autopsie d'Irak, c'était avec une rare violence.
07:55Donc sans doute frappée par quelqu'un de très robuste.
07:59Oui, c'est ça.
07:59Donc on va se poser des questions.
08:01Bonjour Jean-Louis Vincent.
08:03Bonjour.
08:04Merci beaucoup d'être avec nous dans l'heure du crime.
08:06Aujourd'hui, vous êtes ancien commissaire de police.
08:08Vous êtes l'auteur d'un ouvrage sur cette affaire,
08:12Affaire Dominici, la contre-enquête publiée aux éditions Vendemière.
08:16Alors Jean-Louis Vincent, vous êtes un des meilleurs connaisseurs de l'histoire.
08:19Donc vous avez beaucoup, beaucoup travaillé.
08:21Ça continue à vous obséder, on le sait.
08:23Parlez-nous juste un mot avant tout sur les Dominici.
08:26Les Dominici, ce sont des paysans basalpins.
08:29Et on dit qu'ils murmurent plus qu'ils ne parlent.
08:33Ça veut dire beaucoup de choses ça ?
08:34Gaston est un monsieur qui aime bien parler, mais pour plaisanter.
08:38Mais sinon, effectivement, ce sont des gens habitués à la dure,
08:41comme beaucoup de paysans de cette époque.
08:44Ils vivent donc dans la maison de Gaston.
08:46Il y a deux ménages, en fait.
08:48Il y a Gaston et sa femme.
08:50Et il y a son fils, Gustave, un des derniers,
08:53qui vit là avec sa femme, Yvette.
08:55Les deux jeunes ont un petit garçon, prénomné Alain.
08:58Et à ce moment-là, d'effet, Yvette est enceinte d'un deuxième.
09:02Donc ce sont des gens qui vivent une vie de paysans,
09:04qui travaillent beaucoup,
09:05et qui, comme beaucoup de paysans de cette époque,
09:08évidemment, sont plus préoccupés par le devenir de leur culture,
09:12parce qu'ils ne vivent pas, ils ne roulent pas sur l'or.
09:15Ce sont des gens assez rudes, susceptibles quelquefois d'être violents.
09:19Notamment Gaston, c'est la réputation qu'il a.
09:21Oui, effectivement, c'est un taiseux, Gaston.
09:23Et puis voilà, les gens du coin, comme ça,
09:25ils sont un peu repliés sur eux-mêmes.
09:27Cette ferme, elle est isolée.
09:28Ça ne parle pas beaucoup, tout ce monde-là.
09:31Jean-Louis Vincent, encore une question.
09:32Tout de suite, on sait que ce n'est pas une affaire ordinaire.
09:35On l'a dit avec Caroline Alasi,
09:36et notamment à cause de la mort de la petite fille.
09:39Mais il y a un déchaînement.
09:40Les journaux sont là, tout de suite.
09:42Il y a aussi les reporters radio qui sont là.
09:45Tout le monde est là.
09:46Il y a des dizaines de journalistes qui affluent.
09:49Oui, peut-être pas le premier jour.
09:51Mais enfin, assez vite, oui.
09:52Il y a beaucoup de journalistes qui viennent.
09:53Trois personnes d'une même famille
09:56qui meurent comme ça de mort violente au bord d'une route.
09:59Ça, ce n'est déjà pas fréquent.
10:00En plus, Jacques Drummond n'est pas n'importe qui.
10:03Très vite, on apprend que c'est un monsieur
10:05très connu en Angleterre, dans son pays,
10:07et qu'il a eu un rôle même majeur
10:09au moment du conflit de la Seconde Guerre mondiale,
10:12à savoir notamment l'alimentation du Britannique.
10:14Donc, tout de suite, effectivement,
10:16cette affaire prend une certaine ampleur
10:18liée à cette personnalité-là.
10:20Alors, justement, Caroline Alassi,
10:22je rebondis sur ce que dit Jean-Louis Vincent.
10:24Effectivement, on va se poser des questions
10:25sur M. Drummond.
10:27Parce que lui, il attire l'attention très vite.
10:30Il va y avoir beaucoup de fantasmes autour de lui.
10:32Oui, en effet, on est quelques années après la guerre.
10:34Il est possible, en tout cas, des hypothèses,
10:36disent qu'il aurait pu être agent secret, espion.
10:39En fait, c'est une zone, là-bas,
10:42autour du village de l'Urs,
10:44qui a servi de base pour le maquis,
10:46pendant la résistance.
10:47Tout ça, évidemment, crée beaucoup d'hypothèses,
10:51de suppositions, mais rien n'a été prouvé.
10:54Et on n'a jamais trouvé de traces
10:55d'un passé d'espion de Jacques Drummond.
10:57Alors, le commissaire Sébeil,
10:58le commissaire marseillais, lui,
10:59il est beaucoup plus terre à terre.
11:00Il a les pieds sur la terre, Sébeil.
11:02Lui, il n'y a pas de soucis,
11:04il n'y a pas d'espionnage.
11:05C'est la famille Dominici.
11:06Et ça, très vite, il pointe son doigt vers eux.
11:08En fait, il va suivre énormément de pistes.
11:10Et énormément de fausses pistes, aussi.
11:12Et je pense que c'est, à l'époque,
11:13extrêmement épuisant pour lui.
11:15D'ailleurs, il fera ce qu'on peut appeler
11:16aujourd'hui un burn-out, un mois plus tard.
11:18Mais il va suivre énormément de pistes.
11:20Et il s'attache beaucoup, effectivement,
11:22au Dominici, parce que sa curiosité
11:24a été éveillée par plusieurs faits.
11:26Notamment que la famille dit
11:27ne pas avoir entendu de cris ce soir-là,
11:29ce qui paraît quand même très étonnant,
11:30étant donné que la femme est à 100 mètres,
11:33en fait, de la scène de crime.
11:34Ça paraît étonnant.
11:35Et par ailleurs, quand il présente la carabine
11:37à l'aîné des Dominici,
11:39au fils aîné de Gaston, Clovis,
11:41Clovis a une réaction absolument incroyable.
11:44C'est-à-dire qu'il se met à trembler
11:45et il tombe à genoux, au sol.
11:48Et évidemment, le commissaire est très impressionné
11:51par cette réaction,
11:52même si Clovis n'en dit rien
11:53et ne dévoile rien.
11:54Une famille soudée par le silence,
11:58mais quelques bavardages vont tout changer.
12:01L'affaire Dominici, le tueur de la Grande Terre,
12:03oui, c'est moi qui ai fait péter les Anglais.
12:06L'enquête de l'heure du crime,
12:07on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:10L'heure du crime, jusqu'à 15h sur RTL.
12:13L'heure du crime consacrée au dernier mystère
12:21de l'affaire Dominici.
12:23Au mois d'août 1952,
12:25une famille anglaise,
12:26les parents, leurs filles de 10 ans,
12:28tuées près d'une ferme dans les Basse-Alpes.
12:31Une famille de paysans
12:32fait figure de suspect.
12:33Une confidence va changer
12:35le cours de l'enquête.
12:38Vendredi 29 août 1952,
12:40près d'un mois après la découverte
12:42des corps de la famille Drummond,
12:44les policiers perquisitionnent
12:45une maison du village de Lurs,
12:47à 1,5 km de la Grande Terre.
12:50Paul Maillet, poseur de voix à la SNCF,
12:54braconnier à 16h,
12:55connaît bien les Dominici.
12:57Il est questionné.
12:58Peu après le drame,
12:59il a rencontré son ami Gustave,
13:02le fils Dominici,
13:04lui a raconté que la petite Elisabeth
13:06était vivante quand il l'a retrouvée
13:08près du pont à 5h30.
13:10Il m'a dit qu'un de ses bras
13:11a remué faiblement.
13:13Il a entendu qu'elle ronronnait.
13:15Et puis, il est reparti.
13:17Trois mois plus tard,
13:18Gustave Dominici est confronté
13:20à Paul Maillet.
13:21Il confirme avoir laissé
13:22l'enfant agonisé.
13:24Quand on lui demande pourquoi
13:25il n'a pas cherché les parents
13:26de la fillette, il indique
13:27« J'ai pensé qu'ils avaient tué
13:29la petite et étaient partis. »
13:32Le fils parle au compte-gouttes.
13:34Avec lui, sur une heure
13:35d'interrogatoire,
13:37il reste une réponse d'une minute,
13:39comptabilise le commissaire Sébeil.
13:40Gustave est inculpé
13:42de non-assistance
13:43à personne en péril,
13:45jugé et condamné
13:46à deux mois de prison.
13:48Pour les policiers,
13:49le fils Dominici
13:50cache la vérité.
13:51À sa sortie de prison,
13:53il s'est à nouveau confié
13:54à son ami Maillet.
13:56« Si tu avais entendu
13:57cette nuit
13:58ces cris d'horreur,
13:59je ne savais plus
14:00où me mettre. »
14:03Jeudi 12 novembre 1953,
14:06quinze mois après les crimes,
14:07les policiers sont de retour
14:08à la Grande Terre.
14:09Gustave et Clovis Dominici,
14:11les fils de la maison,
14:13sont embarqués
14:14au palais de justice de Dignes.
14:16Ils sont placés en garde à vue.
14:17Silencieux,
14:18jusque dans la soirée.
14:19Là, Gustave indique
14:21que ce n'est pas à 5h30
14:23qu'il a trouvé le corps
14:24de la petite Anglaise.
14:25Mais bien avant,
14:26vers 4h,
14:27il a eu peur
14:28en voyant le cadavre.
14:30Il est rentré
14:30en courant à la ferme.
14:32Il a aussi trouvé
14:33celui de la maman,
14:34Lady Anne Dremonde.
14:36Il a bougé le corps.
14:37Il l'a pris par les chevilles.
14:39Il l'a retourné.
14:40Je voulais voir
14:41si elle était bien morte
14:42sur Gustave.
14:43Quelques heures plus tard,
14:44il explique que
14:45s'il a bougé les corps,
14:47c'était pour savoir
14:47s'il n'y avait pas
14:48en dessous des balles
14:49ou des douilles
14:50qui proviendraient de la ferme.
14:52« Je n'en ai pas trouvé
14:53ni ramassé »,
14:54certifie-t-il.
14:55Samedi 14 novembre,
14:57après presque 48 heures,
14:59de garde à vue,
15:00Gustave Dominici
15:01apparaît accablé,
15:03désemparé,
15:05en larmes,
15:05il déclare
15:06au commissaire Sébeil.
15:08« C'est mon père
15:09qui a fait ça.
15:10Il me l'a dit
15:11à 4h du matin
15:12dans la cour de la ferme.
15:14Mon frère Clovis,
15:16il est au courant. »
15:18Clovis Dominici,
15:20interrogé sur les accusations
15:21de son frère,
15:22est hésitant,
15:23mais il finit
15:23par les confirmer.
15:25Un soir,
15:25son père,
15:26qui venait de se disputer,
15:27une énième fois
15:28avec sa femme,
15:29et alors qu'il l'éructait
15:31de colère,
15:31a crié.
15:32« J'en ai tué 3 !
15:33J'en tuerai bien une quatrième
15:35s'il le faut.
15:36Oui, c'est moi
15:36qui ai fait péter
15:37les Anglais. »
15:39Le patriarche lui a raconté
15:40que cette nuit-là,
15:41il était sorti
15:42pour voir l'éboulement
15:43sur la voie ferrée.
15:45Il avait sa carabine,
15:46il s'est disputé
15:47avec l'Anglais,
15:48on s'est bagarré,
15:50j'ai tiré,
15:51il a ordonné
15:51à tout le monde
15:52de se taire.
15:53Et on va voir
15:55ce que va déclarer
15:55le patriarche Gaston Domini
15:57si dénoncé
15:58ou trahi
15:58par ses fils,
16:00notamment son fils
16:01préféré,
16:02Gustave.
16:03C'est bien trop tôt
16:04pour le savoir,
16:04chaque mot du vieux,
16:06comme on l'appelle parfois,
16:07va être pesé,
16:08sous-pesé
16:09par les enquêteurs,
16:10quitte à ce que
16:11d'ailleurs,
16:11les versions varient.
16:13Alors,
16:13il y a une certitude,
16:14c'est qu'en 2
16:15ou 3 mois,
16:16l'enquête
16:17a complètement
16:18changé
16:19d'allure.
16:20Caroline Alasi,
16:21vous êtes avec nous
16:22dans cette heure du crime,
16:23vous connaissez parfaitement
16:24ce dossier,
16:24vous êtes journaliste
16:25et vous avez co-réalisé
16:27la série
16:27L'Affaire Dominici,
16:28les mystères d'un triple crime
16:30qui est diffusé
16:30sur France TV.
16:33Le commissaire Sebeil,
16:34même s'il va être
16:34beaucoup critiqué
16:35par la suite,
16:36on va lui faire
16:36beaucoup de reproches,
16:37mais en tout cas là,
16:38il a le nez creux
16:39parce qu'il va voir
16:40le meilleur ami
16:41de Gustave Dominici
16:42parce qu'il se doute
16:43que cet ami,
16:44il a des choses à dire
16:45et ça marche,
16:46ça marche.
16:47Alors,
16:47l'ironie de l'histoire,
16:48c'est que ce n'est pas
16:49le commissaire Sebeil
16:49qui obtient les premiers
16:51aveux de Paul Maillet
16:52parce que lui est parti
16:53en fait se reposer,
16:55il est épuisé
16:56par les premières semaines
16:57d'enquête,
16:58mais peu importe,
16:59effectivement,
16:59le témoignage de Paul Maillet
17:01est déterminant,
17:01vraiment.
17:02Enfin,
17:02je veux dire,
17:02c'est le mur du silence
17:03qui se craquelle
17:05et c'est extrêmement important
17:06ce qu'il dit,
17:07c'est aussi extrêmement choquant
17:08parce que si Gustave
17:10dit qu'il a vu
17:11la petite bouger,
17:12ça veut dire
17:12qu'il ne l'a pas secouru
17:13et forcément,
17:14ça pose beaucoup de questions.
17:16Oui,
17:16la suspicion,
17:18elle vise les dominicis,
17:19c'est la seule piste
17:20qu'ont les enquêteurs
17:21ou bien ils cherchent
17:22à l'époque
17:22à savoir s'il y a
17:23d'autres suspects quelque part ?
17:24On a l'impression
17:25que ça s'est refermé
17:26autour des dominicis.
17:28Parce qu'ils ont épuisé
17:29beaucoup de pistes en fait.
17:30Ils ont interrogé
17:31tous les gens
17:31qui sont passés
17:32devant la ferme
17:33avant et après le crime.
17:35Ils ont interrogé
17:37à peu près tous les gens
17:38qui travaillent
17:39dans le coin
17:39et dans les environs.
17:41Donc,
17:41effectivement,
17:42ça s'épuise
17:42et comme on n'a pas
17:43de preuves matérielles,
17:44on ne peut compter
17:45que sur des témoignages.
17:46En fait,
17:46c'est la seule solution
17:47dans cette situation.
17:48Alors,
17:49les enquêteurs,
17:49ils vont creuser
17:50cette piste,
17:51la piste de Gustave
17:52parce qu'ils ont le sentiment
17:54que Gustave,
17:54c'est le maillon faible
17:55en quelque sorte.
17:56C'est le plus friable,
17:57en tout cas le plus accessible.
17:58C'est la vérité ?
18:00Oui,
18:00puis vous l'avez dit,
18:01en fait,
18:01sur une année,
18:02sur 15 mois,
18:03il va quand même
18:04dire beaucoup
18:05de mensonges
18:06à la suite
18:07et tout ça,
18:08en fait,
18:09en fait le suspect
18:09numéro un
18:10au moment
18:11de cet interrogatoire
18:11dont vous parlez
18:12qui se passe
18:13en novembre 53
18:14à Digne.
18:15Et là,
18:16il va avouer
18:16que son père
18:17est coupable,
18:17non pas lui,
18:18mais effectivement
18:18tout menait vers lui,
18:21le fait qu'il ait
18:21déplacé le corps,
18:22les faits qu'il ait
18:23entendu des cris
18:24alors qu'il disait
18:25ne pas en avoir entendu,
18:26enfin voilà,
18:26ça fait une petite accumulation.
18:28Alors,
18:29ce sont des aveux,
18:30ça va être beaucoup raconté
18:31ces aveux,
18:31il y a d'ailleurs
18:32parfois même
18:33des ouvrages
18:34qui divergent un peu
18:35sur ce qui a été dit,
18:35mais on sait
18:36qu'il y a eu
18:36beaucoup de tensions,
18:38il y a eu
18:38beaucoup de larmes,
18:39ce sont des aveux
18:40qui proviennent
18:41presque au forceps,
18:42j'ai envie de dire,
18:43on a cherché Gustave
18:44et finalement
18:45on l'a trouvé
18:45au petit matin,
18:46il avoue.
18:46Oui,
18:47le commissaire Sebeil
18:48a attendu
18:48d'avoir vraiment
18:49plusieurs éléments
18:50très importants,
18:51très probants
18:52avant d'arrêter Gustave.
18:54Il y a passé
18:54des mois et des mois
18:55pour vraiment
18:56avoir des arguments
18:57qui feraient craquer Gustave,
18:59mais effectivement
18:59il le fait craquer
19:01et c'est vrai que,
19:03enfin,
19:04je ne m'explique pas vraiment,
19:05je n'étais pas là ce jour-là,
19:06mais c'est vrai
19:07que c'est une très grande victoire
19:08pour le commissaire Sebeil,
19:09j'imagine,
19:10à ce moment-là.
19:10Oui,
19:10avec encore une fois
19:11beaucoup de tensions,
19:12ça n'a pas été facile,
19:13Gustave,
19:14ce n'est pas quelqu'un
19:14qui parle beaucoup,
19:15d'ailleurs les dominicis
19:16ne parlent pas beaucoup
19:16en général,
19:17mais là,
19:18bon voilà,
19:18donc il y a ces aveux
19:19qui sont importants,
19:20qui changent tout,
19:20évidemment,
19:21une page se tourne
19:21dans cette affaire,
19:22quoi qu'il arrive pour la suite,
19:24on a changé vraiment de rythme.
19:26Jean-Louis Vincent,
19:27vous êtes avec nous
19:27dans cette heure du crime,
19:28ancien commissaire de police,
19:30auteur de l'ouvrage
19:31sur l'affaire
19:32« Affaire Dominici »,
19:32la contre-enquête
19:34publiée chez Vendémière,
19:36vous connaissez bien
19:36ce dossier Jean-Louis Vincent,
19:38on le disait à l'instant
19:38avec Caroline Alasi,
19:40Gustave,
19:41l'un des fils,
19:42finalement,
19:43il se fait attraper
19:45comme ça,
19:45parce que c'est celui
19:46qui ment le plus
19:47chez les dominicis.
19:49Ils se sont révélés
19:50être tous des menteurs,
19:53à des degrés
19:53plus ou moins importants,
19:55Gustave étant le meilleur
19:56dans ce domaine,
19:57étant celui
19:58qui a le plus menti.
19:59Il a commencé par dire
20:00que, bien entendu,
20:01il n'était au courant de rien,
20:02petit à petit,
20:03devant les éléments
20:04que le commissaire Séveille
20:05a récupérés
20:06au fil des mois,
20:07parce que ça ne s'est pas fait
20:08en trois jours, ça.
20:09Il a fini par la suite
20:10par reconnaître
20:11différentes choses
20:12qu'il avait niées
20:14jusque-là,
20:15jusqu'au moment
20:15où il a accusé son père
20:16d'être l'auteur des faits.
20:18Alors, Jean-Louis Vincent,
20:19il y a Clovis aussi.
20:20Clovis, c'est l'autre frère,
20:21c'est le frère aîné,
20:22lui, il est un peu plus distant,
20:24il apparaît en second rideau
20:25dans ce dossier.
20:27Clovis, il va confirmer,
20:29effectivement,
20:29ce que dit son frère,
20:31il va lui aussi
20:33pointer du doigt
20:34le père,
20:35le patriarche,
20:36et je crois que
20:37lui, il ne va jamais
20:38se rétracter, c'est exact ?
20:40Absolument.
20:40Alors, Clovis, lui,
20:41c'est l'aîné des garçons,
20:43et lui, donc,
20:43il n'habite pas
20:45à la Grande-Terre,
20:45il habite dans le village
20:46de Pérouille,
20:47à six kilomètres de là,
20:49il va prendre
20:50de la bouche de son père,
20:51c'est ce qu'il va dire,
20:52après,
20:52que son père
20:53est bien le coupable.
20:54Il va donc dire,
20:55oui, mon père,
20:57moi, je n'étais pas là
20:57pour le voir,
20:58mais mon père m'a dit
20:58que c'était lui
20:59qui les avait tués,
21:00et, à la différence
21:02de son frère,
21:03Clovis, lui,
21:04jusqu'à la fin,
21:05va toujours maintenir
21:06ce qu'il avait déclaré,
21:07à savoir,
21:08mon père,
21:09de ce que j'en sais,
21:10bien entendu,
21:10est le seul coupable.
21:12Caroline Alasi,
21:14alors, effectivement,
21:15Clovis,
21:15il n'habite pas la ferme,
21:16donc il ne peut pas
21:16avoir entendu
21:17ces coups de feu
21:18qui sont si lointains,
21:18il est à la Pérouille,
21:20c'est à quelques kilomètres
21:20de là,
21:22l'autre frère,
21:24Gustave, lui,
21:25effectivement,
21:25il n'a pu entendre
21:27ces coups de feu,
21:27est-ce que les témoignages
21:29des deux filles
21:29sont cohérents,
21:30ou bien est-ce qu'ils se sont
21:31entendus pour donner
21:32une version unique ?
21:33Alors, effectivement,
21:34ils ne sont pas au même endroit,
21:35puisqu'il y en a un
21:35qui n'est pas sur place,
21:36mais le juge va justement
21:39leur proposer
21:40d'aller lui montrer
21:42où se trouvait la carabine
21:44à l'intérieur de la ferme,
21:46ils y vont l'un après l'autre,
21:47et ils désignent tous les deux
21:48la même étagère
21:49dans la remise,
21:50donc cet élément
21:51est assez important
21:53pour les enquêteurs,
21:53qui est accablante,
21:54puisqu'ils montrent tous les deux
21:56où était l'arme du crime.
21:57Après bien des silences,
22:00le vieux Gaston
22:01va avouer
22:02« L'affaire Dominici,
22:04le tueur de la Grande Terre,
22:05j'ai été surpris
22:06par le mari,
22:07j'ai tiré,
22:08ça a bardé »
22:09l'enquête de l'heure du crime,
22:10que va raconter le patriarche
22:12au policier ?
22:13A-t-il vraiment
22:14tout ce sang sur les mains ?
22:15C'est à suivre
22:16dans un court instant
22:17sur RTL.
22:18Jean-Alphonse Richard
22:21sur RTL
22:22et l'heure du crime.
22:2514h15,
22:26c'est l'heure du crime
22:27sur RTL.
22:29Dès qu'il était,
22:30il m'a dit
22:30« Je m'appelle Dominici,
22:31j'habite là,
22:32à cette ferme. »
22:33À un moment donné,
22:35au cours de la conversation,
22:36et à lui de pourpoint,
22:37en me désignant
22:38le côté droit
22:40de la voiture,
22:40il me dit
22:40« T'es,
22:41la femme est tombée là,
22:42elle n'a pas souffert. »
22:43Il raconte ça
22:44comme s'il y avait
22:44la citté.
22:46Retour aujourd'hui
22:47sur l'affaire Dominici.
22:49En août 1952,
22:50une famille anglaise,
22:51le père, la mère,
22:52leur fille de 10 ans,
22:53assassinée
22:54au bord d'une route
22:55des Basse-Alpes.
22:56La police porte
22:57ses soupçons
22:58sur les occupants
22:59de la ferme proche,
23:00les Dominici.
23:01Le patriarche est accusé
23:03par ses fils
23:03d'avoir perpétré
23:04le massacre.
23:07Jeudi 12 novembre 1953,
23:09au soir,
23:10Gaston Dominici,
23:1176 ans,
23:12est en garde à vue.
23:13Le commissaire Sébeil
23:14se retrouve face
23:15à un mur.
23:16« Vous ne m'aurez pas, »
23:18répète-t-il,
23:19l'œil malin.
23:20Installé dans la salle
23:21des conciliations
23:22du tribunal de Dignes,
23:23le vieux Dominici
23:24plaisante.
23:25« Ce fauteuil
23:26est vraiment beau.
23:27Vous me le donnerez
23:28quand je partirai ? »
23:29demande-t-il.
23:30Samedi 14 novembre,
23:31après 48 heures
23:32de garde à vue,
23:33le commissaire Sébeil
23:34montre les journaux
23:35du matin
23:36à Gaston Dominici.
23:38Il relate tous
23:39les déclarations
23:40de ses fils
23:41qui le désignent
23:41comme l'assassin.
23:42Le suspect est en colère,
23:44exaspéré.
23:45Il accuse sa femme
23:46d'avoir monté
23:47Gustave et Clovis
23:48contre lui,
23:49puis il ne dit plus rien.
23:50Il passe une dernière nuit
23:52sur son fauteuil,
23:53surveillé par un gardien
23:54de la paix de Dignes.
23:55Avec ce policier
23:57qui parle provençal,
23:58Gaston se laisse aller
23:59aux confidences.
24:00« C'était un accident »
24:02dit-il.
24:02Il est sorti
24:03pour aller vérifier
24:04l'éboulement
24:05sur la voie ferrée.
24:06Il avait son fusil.
24:08L'anglais l'a pris
24:09pour un voleur
24:10et il s'est jeté sur lui.
24:11« J'ai tiré,
24:12ça a bardé. »
24:13Dominici ne veut plus
24:14parler au commissaire Sébeil,
24:16mais il réitère
24:17ses aveux,
24:18modifiés,
24:19au commissaire de Dignes.
24:20Cette fois,
24:21il explique
24:21qu'il voulait voir
24:22Anne Dremonde
24:24se déshabiller.
24:25Il a été surpris
24:26par le mari.
24:27« La bagarre a éclaté.
24:29J'ai fait un péché
24:30d'amour »,
24:31déclare-t-il.
24:34Dimanche 15 novembre,
24:36Gaston Dominici
24:37est devant
24:37le juge d'instruction
24:39de Dignes,
24:40Roger Perriès.
24:41Il se rétracte.
24:42Je n'ai pas tué
24:42les Anglais.
24:43J'ai avoué
24:44parce que j'étais fatigué,
24:45je voulais dormir.
24:47Mais il va ensuite ajouter
24:48sur le ton
24:49de la confidence.
24:50« Je fais tout ça
24:51pour la ferme
24:53et pour mes petits-enfants.
24:54Je suis le plus vieux
24:55de la famille.
24:56Je dois me sacrifier.
24:58Je pense que vous avez compris,
25:00dit-il au juge.
25:02Une reconstitution
25:02est organisée.
25:03Le procureur,
25:04qui est présent,
25:05considère que Gaston Dominici
25:06a des gestes sincères
25:08et spontanés.
25:10Même si le patriarche
25:11se trompe
25:11sur le nombre
25:12de coups de feu
25:13ou de coups
25:14portés à la tête
25:15de la petite fille,
25:16il est,
25:17pour la justice,
25:18l'auteur des crimes.
25:20Et dès lors,
25:21la pendule de l'enquête
25:22s'arrête.
25:23Même si ses aveux,
25:25ils ne sont pas très précis
25:26et puis ils surgissent
25:28un peu de...
25:28Ils viennent de nulle part.
25:30Eh bien,
25:30la justice tient
25:31son suspect numéro un.
25:34Caroline Alasi,
25:35vous êtes avec nous
25:35dans cette heure du crime,
25:36journaliste co-réalisatrice
25:37de la série
25:38« L'affaire Dominici,
25:39les mystères d'un triple crime »
25:40diffusé sur France Télé.
25:43Effectivement,
25:44ses aveux,
25:45en pleine nuit,
25:46ils sont en plusieurs temps
25:47et ils sont curieux
25:48parce qu'il dit un peu tout
25:50et son contraire,
25:51le vieux Dominici.
25:52On a presque du mal
25:53à le suivre.
25:54En effet.
25:55Déjà,
25:56ce que je trouve
25:56assez étonnant
25:58de la part de Gaston,
25:59c'est d'avoir effectivement
26:00fait ses premiers aveux
26:01devant ce jeune policier.
26:04Le gardien de la paix.
26:05Le gardien de la paix.
26:06Qui parle provençal,
26:07pas toi.
26:07Qui parle provençal.
26:09On peut se dire
26:10qu'effectivement,
26:11il a été un petit peu
26:12touché.
26:16Peut-être qu'il est tard
26:17le soir, etc.
26:18Mais c'est sûr
26:18qu'il a une dent
26:19contre le commissaire Sebeil
26:20et que ce n'était pas à lui
26:21qu'il comptait faire ses aveux.
26:22Donc ça me semble aussi
26:24ressembler au personnage
26:25de Gaston Dominici
26:26d'avoir fait ses aveux.
26:26Un peu d'orgueil, c'est ça ?
26:27Voilà.
26:28À quelqu'un qui était simple,
26:29surveillant
26:29et qui n'était pas vraiment là
26:30pour les recevoir
26:31et ça a sans doute été
26:32un sacré moment
26:34pour ce jeune
26:35Vincent Guérino.
26:37Victor Guérino, d'ailleurs.
26:38Mais effectivement,
26:39ce qui va se passer ensuite,
26:40c'est qu'il ne va jamais
26:41raconter la même chose.
26:42C'est-à-dire qu'à ce jeune policier,
26:43il dit que c'est en gros
26:45un crime de la colère,
26:46de l'incompréhension.
26:47C'est-à-dire que lui
26:47et Jack Drummond
26:48se rencontrent.
26:49Aucun des deux ne parle
26:50la langue de l'autre.
26:51Incompréhension,
26:52le coupard, voilà.
26:53On peut comprendre
26:54cette version.
26:55Mais ensuite,
26:55ce qu'il va raconter au juge,
26:56c'est en effet
26:57qu'il a fait un péché d'amour.
26:58Et il va encore plus loin.
26:59Il dit qu'il aurait même
27:00eu une relation sexuelle
27:01avec Lady Drummond
27:03qui est quand même,
27:04je vous le rappelle,
27:05en train de dormir
27:06à la belle étoile
27:06à côté de son mari
27:07et de sa fille.
27:09Personne n'y croit tellement.
27:13de relation sexuelle
27:15et puis on la retrouve habillée.
27:17Cette femme,
27:17même si effectivement
27:18la jupe est un peu tirée
27:19vers le haut,
27:21elle est totalement habillée.
27:22Rien ne dit qu'il y a eu
27:23une relation sexuelle
27:24cette nuit.
27:25Il n'y a même pas
27:25de traces de violence, en fait.
27:27Voilà, c'est ça.
27:27Est-ce que...
27:29Il va dire
27:30le patriarche,
27:32Dominici, Gaston,
27:33qui protège sa famille
27:35et ses fils,
27:36il se sacrifie
27:37tout en disant
27:38qu'il n'a rien fait.
27:39Donc là,
27:40il y a tout
27:40et son contraire.
27:41Oui, il faut toujours
27:42beaucoup s'accrocher
27:43quand on...
27:44Il faut décoder.
27:46Exactement.
27:46Je pense que pour les enquêteurs,
27:47ça devait être
27:48vraiment extrêmement difficile
27:49à vivre.
27:51En tout cas,
27:51moi, je dirais que
27:52s'il est coupable,
27:53ça me semble la meilleure
27:54version à tenir.
27:55C'est-à-dire, oui,
27:56dire je me suis dénoncée
27:57pour protéger les miens.
27:58S'il est coupable,
27:59c'est une version
28:00qui s'entend.
28:01S'il ne l'est pas,
28:02je ne comprends pas
28:03pourquoi il a avoué
28:04la veille.
28:04Donc, c'est vrai
28:05que ce n'est pas
28:06complètement facile
28:07à comprendre.
28:08Avec ce point,
28:09quand même,
28:10Caroline Alasi,
28:11qui est important,
28:11c'est que Gaston Dominici,
28:13il ne donne pas
28:13beaucoup de détails,
28:14finalement.
28:15Il dit je les ai tués,
28:16mais il ne dit pas
28:17très exactement comment,
28:20etc.
28:20Il y a une reconstitution,
28:22mais il refait des gestes
28:22qu'on lui présente,
28:23finalement.
28:24En effet,
28:24on fait une reconstitution
28:25justement parce qu'on veut
28:26éclaircir comme ça
28:27certains points.
28:28Et d'ailleurs,
28:29au moment où on va
28:30lui donner la carabine
28:32pour qu'il coure derrière,
28:33enfin qu'il fasse
28:33comme s'il courait
28:34derrière la petite fille
28:36pour qu'on reproduise
28:37ce moment-là,
28:38en fait,
28:39il part en faisant mine
28:41de se suicider,
28:42donc de vouloir passer
28:44par-dessus le petit pont
28:45de pierre qui est là-bas
28:46au-dessus des voies,
28:48comme s'il ne voulait pas
28:49reproduire cette scène
28:50ou comme si elle n'était
28:51pas exacte
28:52ou comme s'il voulait
28:52brouiller les esprits.
28:54En tout cas,
28:55c'est un geste
28:55qui marque beaucoup
28:56à l'époque.
28:56Oui,
28:57c'est vrai que le procureur
28:58va beaucoup le relever
28:59lors du procès
28:59qui va venir.
29:00Jean-Louis Vincent,
29:01vous êtes avec nous,
29:02ancien commissaire de police,
29:03auteur d'un ouvrage
29:04sur l'affaire Dominici.
29:05Il varie beaucoup
29:07sur le mobile,
29:08Gaston Dominici,
29:09on vient d'en parler,
29:09mais c'est vrai
29:10que c'est étonnant,
29:10il change chaque fois
29:11de version.
29:12Ce serait plutôt
29:13une sorte de défense.
29:14Mais vous savez,
29:15dans toutes ces histoires
29:16criminelles,
29:17il ne faut pas croire,
29:17très souvent,
29:18il s'agit simplement
29:19de personnes
29:20qui, à un moment,
29:22se laissent aller
29:23à une pulsion de violence
29:24et ils n'ont pas
29:25de véritable mobile
29:26établi, sérieux.
29:29Et pour moi,
29:29l'affaire Dominici,
29:30c'est ça.
29:30D'ailleurs,
29:32l'avocat général
29:32au moment du procès
29:33l'avait dit,
29:33c'est un crime de la colère.
29:35Gaston Dominici,
29:36c'est un type
29:36qui, sur ses terres,
29:37se prend pour le grand patron.
29:39Pour moi,
29:40je pense qu'il va chercher
29:41la carabine
29:42pour leur faire peur,
29:43les faire déguerpir de là.
29:45Jacques Drummond,
29:46lui,
29:46ne se laisse pas intimider.
29:48Il essaye de lui prendre
29:49l'arme des mains
29:49et puis ça dégénère
29:50et il tue les parents.
29:52Et puis,
29:52quand on se retrouve
29:53avec la gamine
29:54sur les bras,
29:54que fait-on ?
29:55On réfléchit un petit peu
29:56et puis on dit
29:57si on la laisse,
29:58elle va parler.
29:59Et donc,
29:59on la tue aussi.
30:01Le patriarche sera seul
30:03à être jugé.
30:05L'affaire Dominici,
30:06le tueur de la Grande Terre,
30:07je me suis dit
30:08que ça pouvait être lui.
30:09C'est un tueur.
30:10L'enquête de l'heure du crime.
30:12On se retrouve
30:12dans un instant
30:13sur RTL.
30:13Au programme aujourd'hui
30:27de l'heure du crime,
30:28les mystères de l'affaire Dominici,
30:30une famille anglaise
30:30assassinée au bord d'une route
30:32en Haute-Provence
30:33à l'été 52,
30:35une famille de paysans,
30:36les Dominici,
30:37unique suspect,
30:39le patriarche a avoué
30:40au nom de l'honneur du clan.
30:41Deux ans plus tard,
30:43il est jugé.
30:45Mercredi 17 novembre 1954,
30:489h05 du matin,
30:50Gaston Dominici,
30:5177 ans,
30:53veston,
30:53chemise grise,
30:54cravate,
30:55écharpe à carreau,
30:56entre à pas lent
30:57dans le box
30:58de la cour d'assises
30:59des Bas-Alpes.
31:00Adigne,
31:01la salle est comble,
31:02surchauffée.
31:03L'écrivain Jean Gionneau
31:04est dans le public.
31:05L'accusé écoute
31:06sans réagir
31:07la lecture
31:07de l'acte d'accusation.
31:09Il tique
31:10quand on le décrit
31:11comme assez violent,
31:12buveur,
31:13autoritaire,
31:14renfermé.
31:15On l'interroge,
31:16on vous dit coléreux.
31:18Il m'arrive de l'être,
31:19mais pas du matin au soir.
31:21Vous insultez votre femme,
31:22vous la traitez
31:23de vieille sardine.
31:24Quand on est en colère,
31:26on ne sait plus
31:26ce qu'on dit.
31:27On lui reproche
31:28son silence
31:29à propos des assassinats.
31:30Il répond,
31:30pardon,
31:31c'est pas moi
31:32qui ai fait le crime.
31:33Gaston Dominici
31:34répète qu'il est innocent.
31:36La carabine,
31:37il ne l'a jamais vue.
31:37Il souligne
31:39qu'en revanche,
31:40Clovis,
31:40le fils dénonciateur,
31:42a failli s'évanouir
31:43quand on lui a présenté l'arme.
31:45Lui,
31:46il l'a reconnu.
31:47Moi,
31:48jamais.
31:48Le devoir du commissaire,
31:50c'était de l'arrêter.
31:51Lui,
31:51et pas moi.
31:54Le patriarche
31:55présente son petit-fils,
31:56Roger Perrin,
31:57comme un suspect potentiel.
31:59Je me suis dit
31:59que ça pouvait être lui.
32:01C'est un tueur,
32:03dit-il,
32:03en faisant allusion
32:04au métier du petit-fils.
32:06Il est garçon boucher.
32:07L'avocat de Dominici,
32:09maître Pollack,
32:10déplore l'absence de preuve.
32:11Maître Delorme,
32:12avocat de la partie civile,
32:14lui,
32:15n'a pas de doute
32:16sur la culpabilité
32:17de Dominici.
32:19Il fait remarquer
32:20qu'aucune des victimes
32:21n'a cherché à courir
32:23vers la ferme
32:24pour se mettre à l'abri.
32:26C'était pourtant
32:26le refuge
32:27le plus proche.
32:28L'avocat général
32:29décrit l'accusé
32:30comme un être autoritaire,
32:32presque diabolique.
32:3328 novembre,
32:35après deux heures
32:35de délibérés,
32:36Gaston Dominici
32:37est condamné
32:38à la peine de mort.
32:39Il regarde le banc
32:40où se trouvent
32:41ses fils Clovis
32:42et Gustave.
32:43Les salauds,
32:45murmurent-ils.
32:47Peine de mort
32:48pour Gaston Dominici.
32:49Caroline Alasi,
32:50vous êtes avec nous
32:51dans cette heure du crime.
32:53Il faut que vous nous décriviez
32:54un petit peu
32:54ce procès exceptionnel
32:56qui s'ouvre
32:57dans le petit tribunal
32:58de Digne.
32:59Vous en parlez
33:01dans votre documentaire
33:03la série
33:03L'affaire Dominici
33:05Les mystères d'un triple crime
33:06diffusé sur France TV.
33:09Effectivement,
33:09c'est le procès de l'année.
33:11On dit toujours ça
33:11mais là,
33:12c'est vraiment le procès de l'année.
33:13Oui,
33:13c'est un des grands procès
33:15de l'après-guerre
33:16qui est extrêmement médiatique,
33:17qui est suivi
33:18jour par jour
33:19comme un feuilleton.
33:21Les journalistes,
33:21d'ailleurs,
33:22décrivent
33:23sur des pages entières
33:24tous les allers-retours
33:26de ce procès
33:27qui est assez épique.
33:30Il s'y passe quand même
33:30énormément de choses.
33:32Alors,
33:32il se passe beaucoup de choses.
33:33Effectivement,
33:34c'est très dense.
33:35Il y aura une dizaine
33:36de jours de procès
33:36et chaque jour,
33:38il y a des surprises
33:38et des rebondissements
33:39et la presse à l'époque.
33:40Les journaux,
33:41évidemment,
33:41il n'y a pas de direct,
33:42mais les journaux
33:43relatent ça
33:44effectivement avec gourmandise.
33:47La star du procès,
33:48c'est évidemment
33:49Gaston Dominici.
33:50Il s'exprime
33:51assez facilement.
33:52Il prend la parole,
33:54il a réponse à tout.
33:55Oui,
33:55en fait,
33:55les premières personnes
33:57qui le découvrent au tribunal
33:58le trouvent très charismatique.
34:00Jean Gionneau,
34:01qui est là,
34:01le grand écrivain provençal
34:03qui assiste au procès,
34:04dit qu'il a une noblesse
34:05d'attitude.
34:06C'est très joli,
34:07je trouve,
34:08comme terme,
34:08mais il est effectivement
34:11étonnant,
34:12rusé,
34:12avec beaucoup de réparties
34:13et pourtant,
34:14il a très peu
34:14de vocabulaire français,
34:15il faut le savoir.
34:16Il parle majoritairement
34:17en provençal,
34:18Gaston Dominici,
34:19et ça aussi,
34:20Jean Gionneau,
34:20va le remarquer.
34:21Il y a quelques malentendus
34:22de syntaxe et de langage
34:24entre le juge
34:24et Gaston Dominici,
34:25d'ailleurs.
34:26Alors,
34:26qu'est-ce qu'il raconte ?
34:27Il dit,
34:27je suis innocent.
34:28Oui,
34:29il répète.
34:29Ça,
34:29il le jure.
34:30Ah,
34:30il le jure devant le peuple réuni,
34:32même.
34:32Ah,
34:32c'est ça.
34:34Oui,
34:34il dit qu'il est innocent
34:36et ce qui va commencer
34:38à être assez étrange
34:39dans ce procès,
34:40c'est qu'il va dire
34:41pas mal de choses
34:43qui accusent à la fois
34:44son fils,
34:45son petit-fils,
34:46Roger Perrin,
34:47sans vraiment accréditer
34:48ses thèses,
34:49sans donner vraiment de preuves.
34:50Donc,
34:51on ne sait pas très bien
34:52où on est,
34:52mais en tout cas,
34:53ça fait grandir
34:53un espèce de doute
34:54à l'intérieur
34:55de cette salle d'audience.
34:56Et il faut bien le dire,
34:57Caroline Alasi,
34:58parce que ça,
34:58c'est important,
34:59c'est qu'il y a beaucoup
35:01d'approximations
35:02presque sur les faits.
35:03On reste sur cet homme,
35:04on l'écoute parler,
35:05mais on reste un petit peu
35:06sur l'écume,
35:07c'est un procès spectacle,
35:08effectivement,
35:09et on ne va pas tellement
35:10au fond,
35:11etc.,
35:11on ne met pas
35:12le vieux Dominici
35:14face peut-être
35:15à des contradictions.
35:16Alors,
35:16on lui parle évidemment
35:17de ses aveux
35:18à plusieurs reprises,
35:19mais il nie
35:19les avoir faits
35:21en toute conscience.
35:21Donc,
35:21ça bloque.
35:22Il dit,
35:22j'étais fou,
35:24ou il dit à Sébeil,
35:25au commissaire Sébeil,
35:25il lui dit,
35:26qu'est-ce que vous avez mis
35:26dans mon café
35:27pour que j'avoue ?
35:28Donc,
35:28en fait,
35:28il nie avoir été
35:30sain d'esprit
35:31au moment où
35:31il a fait ses aveux.
35:33Jean-Louis Vincent,
35:34vous êtes avec nous,
35:35invité également
35:36de l'Ordre du crime,
35:37auteur de l'ouvrage
35:38L'affaire Dominici,
35:39la contre-enquête,
35:40et ancien commissaire de police,
35:41c'est dire que,
35:42évidemment,
35:42vous connaissez bien
35:43cette affaire,
35:44mais en plus,
35:44vous connaissez
35:44les mécanismes
35:47d'une enquête policière.
35:51À ce procès,
35:52alors,
35:52il y a les fils
35:52qui sont là,
35:53eux,
35:54ce sont les dénonciateurs,
35:55ils n'ont pas forcément
35:56le très bon rôle
35:57dans cette histoire.
35:58Quelle est leur attitude ?
36:00L'attitude des fils,
36:01comme je vous l'ai dit,
36:02il n'y en a qu'un
36:03qui maintient ses accusations,
36:04c'est le vice.
36:05Tous les autres disent
36:06non, non,
36:07en fait,
36:07ce n'est pas vrai.
36:08Ils sont tous
36:09à fond,
36:10derrière leur père
36:10pour dire que leur père
36:11n'y est pour rien.
36:12Et ils sont tous,
36:14en quelque sorte,
36:14en rage,
36:15parce qu'ils voient
36:16que le seul qui accuse,
36:17c'est Clovis,
36:18alors que si Clovis
36:19avait eu la bonne idée,
36:20entre guillemets,
36:21de dire,
36:22bon,
36:22mais j'ai menti,
36:23il est hautement probable
36:24que Gaston Dominici
36:25aurait été acquitté.
36:26Mais s'il est condamné,
36:27c'est parce que Clovis
36:29maintient ses accusations.
36:30Et oui,
36:30et ça,
36:30effectivement,
36:31ça le fait plonger,
36:32et attention,
36:32de manière très très grave,
36:33puisque à l'époque,
36:34il y a la peine de mort,
36:35et il est condamné
36:35à la peine de mort,
36:36cet homme.
36:37Jean-Louis Vincent,
36:38on a du mal
36:39à se faire une idée
36:40de qui a fait quoi
36:41dans cette histoire.
36:42Rien n'est vraiment
36:43très très clair.
36:44L'opinion,
36:45elle est plutôt partagée
36:45à l'époque.
36:46Comme toujours,
36:47ils sont partagés.
36:48Les Français ont été
36:48passionnés par cette affaire,
36:50parce qu'en plus,
36:51on la leur a servi
36:51un peu comme un feuilleton.
36:53Ce qu'on peut dire,
36:54c'est que la presse,
36:55elle, s'exprime,
36:56après le procès.
36:57Le message
36:57qu'elle a fait passer,
36:58c'est que clairement,
37:00vu toutes ces accusations
37:01réciproques
37:02qu'il y a eu
37:03dans cette famille,
37:04tout le monde est convaincu
37:05que ce sont les Dominici
37:07et que Gaston Dominici
37:08est probablement coupable.
37:10La question qui se pose
37:11est toujours la même après.
37:12Est-il le seul coupable ?
37:14Que s'est-il
37:15véritablement passé ?
37:16Voilà ce que pensent
37:18les Français
37:18à ce moment-là.
37:20Et c'est la grande question
37:21encore aujourd'hui,
37:21plus de 70 ans après.
37:23Caroline Alasi,
37:24peine de mort
37:25pour Gaston Dominici,
37:26ce n'est pas rien.
37:27Et pourtant,
37:28on a le sentiment
37:29que,
37:30ce n'est pas qu'il va
37:30s'en sortir,
37:31mais qu'on ne lui coupera
37:34pas la tête,
37:35cet homme.
37:36Oui, alors,
37:37Gaston,
37:37d'après ses avocats,
37:38pensait qu'il ne serait pas,
37:41voilà,
37:41qu'il ne subirait pas
37:42cette condamnation
37:43à la peine de mort.
37:44Donc,
37:44mais quand même,
37:45directement après la condamnation,
37:47il va dire qu'il ne veut pas
37:48payer seul,
37:49ce sont ses mots,
37:50et il va plus ou moins
37:52accuser,
37:53encore une fois,
37:53Roger Perrin
37:54ou Gustave,
37:54en tout cas,
37:55relancer des pistes
37:57qui vont être entendues.
37:58Donc,
37:59on va avoir
37:59une autre instruction
38:00menée par les commissaires
38:02Gillard et Chenevier,
38:04et on va tenter
38:05de trouver
38:06d'autres éléments,
38:07mais on ne trouvera pas
38:08assez d'éléments
38:08pour relancer un procès,
38:09il va garder sa condamnation.
38:11Le patriarche
38:13va être
38:13gracié.
38:15L'affaire Dominici,
38:16le tueur de la Grande Terre,
38:17coupable pour la justice,
38:19mais le peuple français
38:20l'a acquitté.
38:22L'enquête de l'heure du crime,
38:23je vous retrouve tout de suite
38:24sur RTL.
38:26Jean-Alphonse Richard,
38:27sur RTL,
38:28l'heure du crime
38:29jusqu'à 15h,
38:31Carrefour,
38:3214h15,
38:34c'est l'heure du crime,
38:35sur RTL,
38:36avec Jean-Alphonse Richard.
38:38Dans l'heure du crime,
38:39aujourd'hui,
38:40l'affaire Dominici,
38:41à l'été 52,
38:42en Haute-Provence,
38:43un homme,
38:43le paysan Gaston Dominici,
38:45condamné à la peine de mort
38:46pour avoir décimé
38:48à la carabine
38:49une famille
38:49de campeurs anglais.
38:51Malgré la sentence,
38:52aucune vérité
38:53ne s'est vraiment imposée.
38:56Mardi 30 juillet 1957,
38:59le président de la République,
39:00René Coty,
39:01commut la condamnation à mort
39:03de Gaston Dominici
39:04en réclusion à perpétuité.
39:07Trois ans plus tard,
39:07le patriarche quitte
39:08la prison des Beaumettes
39:10pour raison médicale.
39:12Amaigri,
39:13chauve,
39:13méconnaissable,
39:14il vient visiter la Grande Terre.
39:16Il y retrouve son fils Gustave.
39:18Clovis, lui,
39:19est décédé l'année précédente,
39:21cinq ans après sa libération,
39:23Gaston Dominici s'éteint
39:25à l'hospice de Dignes.
39:28En 2003,
39:30Alain Dominici,
39:31petit-fils de Gaston,
39:33avait demandé la révision
39:34du procès de Dignes.
39:35Il affirmait alors
39:36que le peuple français
39:37avait acquitté le patriarche.
39:39Malgré les doutes,
39:40les questions,
39:41les interprétations,
39:42aucune enquête
39:43n'a jamais été rouverte
39:44sur le triple meurtre
39:46de la Grande Terre.
39:47Il faut que la justice
39:49reconnaisse
39:49qu'à un certain moment
39:51dans l'affaire Dominici,
39:53il fallait un coupable
39:53et c'est Gaston Dominici
39:55qu'on a désigné
39:56et pas quelqu'un d'autre.
39:57On n'est pas allé chercher
39:58ou on n'avait pas
39:59les moyens matériels
40:00ou on n'a pas voulu
40:02aller chercher
40:02le coupable
40:03où il était.
40:03La voix d'Alain Dominici,
40:06petit-fils de Gaston
40:07et fils de Gustave
40:09dans un reportage
40:10pour TF1,
40:10c'était en 1993
40:12et effectivement,
40:13il demandait
40:13à ce qu'une action judiciaire
40:16se remette en route
40:17pour connaître la vérité
40:18dans cette affaire
40:18mais la justice est passée
40:20et le dossier
40:21n'a jamais été ouvert.
40:23Caroline Alasi,
40:24vous êtes avec nous
40:25dans cette heure du crime,
40:26journaliste co-réalisatrice
40:28de la série
40:28L'affaire Dominici,
40:29les mystères du triple crime
40:30qu'on peut retrouver
40:31sur France TV.
40:32Alors effectivement,
40:33il y avait cette tentation
40:34notamment d'Alain Dominici
40:36parce que le petit-fils
40:37s'est beaucoup battu
40:38pendant des années
40:38pour que le dossier
40:40soit ouvert.
40:40Lui, il ne croyait pas
40:41à la culpabilité
40:42de son grand-père.
40:44Ça n'a rien donné du tout.
40:45La justice est restée muette
40:46à tous les appels.
40:48Oui, oui,
40:48il y en a eu plusieurs
40:49depuis la fin des années 50.
40:52Plusieurs demandes
40:53de révision
40:53de la condamnation
40:55de Gaston Dominici
40:56qui n'ont en effet
40:57pas abouti.
40:59Et donc,
40:59on reste aujourd'hui
41:00sur la condamnation
41:01on est d'accord.
41:02Absolument.
41:03Du patriarche
41:05de Gaston Dominici
41:06qui...
41:07Il est toujours considéré
41:08comme le seul coupable.
41:09Comme le seul coupable.
41:10Même s'il a dit jusqu'au bout
41:11que ce n'était pas lui.
41:14Caroline Alasi,
41:15vous êtes allée sur place
41:16évidemment
41:16pour ce documentaire,
41:18cette série
41:20sur l'affaire Dominici.
41:22Est-ce que
41:23les fantômes
41:24de Dominici
41:25sont toujours présents ?
41:26Au pied du village
41:29de l'Urs,
41:29le petit village de l'Urs.
41:30Absolument charmant,
41:31village de l'Urs.
41:32C'est curieux
41:33que vous parliez de fantômes
41:33parce que c'est effectivement
41:34ce que j'ai ressenti.
41:36En fait,
41:37il y a beaucoup de choses
41:38qui ont changé.
41:39Il y a une autoroute
41:39qui est venue se coincer
41:40entre la Durance
41:41et le terrain
41:41des Dominici.
41:43Évidemment,
41:43la maison n'appartient plus
41:44aux Dominici.
41:45Mais il y a toujours
41:46ce petit pont de pierre
41:47et puis il y a toujours
41:48un mausolée
41:49en hommage à la famille
41:50et notamment avec
41:51des petites peluches
41:53en hommage à Elisabeth.
41:55Qui sont toujours là.
41:56C'est touchant.
41:57La maison n'appartient plus
41:58aux Dominici
41:59depuis très longtemps.
42:00Elle avait été vendue
42:01d'ailleurs après le drame,
42:02je crois.
42:03Elle avait changé de main.
42:04Donc effectivement,
42:05il y a toujours
42:05ce petit chemin
42:08qui vient de la route
42:09et qui va comme ça
42:10vers la Durance
42:11qui est maintenant coupée
42:11avec une autoroute.
42:12Mais effectivement,
42:13il y a toujours cet endroit.
42:14Jean-Louis Vincent,
42:16ancien commissaire de police
42:17et puis auteur d'un ouvrage
42:18sur l'affaire Dominici.
42:19Vous nous aidez
42:20à mieux comprendre
42:20cette histoire
42:22et vous la connaissez
42:22vraiment très très bien.
42:23Vous avez beaucoup
42:24beaucoup travaillé dessus.
42:25En quoi, selon vous,
42:27c'est une affaire exceptionnelle ?
42:30C'est une affaire
42:30qui a été hyper médiatisée.
42:33Alors je sais,
42:33on le dit pour beaucoup d'affaires.
42:35Mais au début des années 50
42:37quand même,
42:38on commençait à avoir
42:39des reportages télévisés.
42:40C'est une affaire
42:41qui a été exploitée
42:43par les journalistes
42:44du moment.
42:45Donc c'est une affaire
42:46qui a beaucoup fait parler,
42:47qui a beaucoup intéressé.
42:48Les personnages même
42:49étaient particuliers.
42:50C'est un drame familial.
42:51Ça se passe à l'intérieur
42:52de la famille Dominici.
42:54On s'accuse entre soi.
42:55Et puis vous avez Gaston,
42:56le personnage de Gaston,
42:58un vieux berger
42:59avec ses chèvres.
43:00On le montre
43:01avec ses bonnes moustaches.
43:03Grand-père sympathique
43:04de certains côtés.
43:05Mais monsieur
43:06pas gentil de l'autre.
43:08D'autant qu'il y a toujours
43:09quand même
43:10la part de mystère
43:11là-dedans
43:12à savoir
43:13comment s'est réellement
43:14déroulée cette affaire.
43:15Je suis totalement d'accord
43:17avec vous Jean-Louis Vincent.
43:18Caroline,
43:19alasie un mot là-dessus
43:20sur ce que dit
43:20Jean-Louis Vincent.
43:21Effectivement,
43:22en quoi c'est une affaire
43:23exceptionnelle pour vous ?
43:24Il y a ce mystère,
43:25évidemment,
43:25ça fait toute l'affaire.
43:27Moi je me rappelle toujours
43:27de l'un des journalistes
43:29des années 50
43:29parce que j'ai beaucoup
43:30travaillé sur les sources
43:31des témoins de l'époque
43:32qui dit
43:32quand on met le doigt
43:33dans l'affaire Dominici
43:34on n'arrive pas à en sortir.
43:36Ça nous vente,
43:36ça nous entête en fait.
43:38On a envie de trouver la clé.
43:38Et pourquoi ?
43:39Parce qu'on a le sentiment
43:40en permanence
43:41de toucher la vérité du doigt.
43:42En permanence,
43:43on se dit
43:43c'est sûr,
43:44c'est ça
43:44et en fait
43:45quelque chose
43:45vous ramène ailleurs.
43:46C'est fascinant.
43:47Je trouve ce mélange
43:49entre vérité
43:50et mensonge permanent
43:51qui fait qu'on n'y est jamais vraiment.
43:53Jean-Louis Vincent,
43:54je vous pose la question fatale.
43:56Coupable ou pas coupable
43:57Gaston Dominici ?
43:58Je suis convaincu
43:59que ce sont les Dominici.
44:01Je pense que Gaston Dominici
44:02est coupable.
44:03Ce que je crois
44:04c'est qu'il n'était pas seul
44:05au moment de la mort
44:07de la petite Elisabeth
44:08qui est vraiment
44:09la partie la plus grave
44:10de l'affaire.
44:11Et alors là,
44:12je ne peux pas vous dire
44:12qui a pu l'aider.
44:13Lui-même a mis en cause
44:15son fils et son petit-fils.
44:17Je ne serais pas
44:18du tout étonné
44:19que la mort
44:20de la petite Elisabeth
44:22ait été le résultat
44:23d'une oeuvre
44:24entre guillemets
44:24si on peut appeler cela
44:25une oeuvre
44:26commune.
44:27Si Gaston est coupable,
44:28il n'était certainement
44:29pas seul.
44:30Alors effectivement,
44:31il y a beaucoup de gens
44:32qui partagent.
44:33Vous êtes d'accord
44:33avec ça ?
44:34Juste un mot Caroline ?
44:35C'est une hypothèse plausible
44:37en effet.
44:38Le nombre d'accusations
44:40et rétractations
44:41laissent à penser
44:42qu'effectivement,
44:42ils n'étaient pas seuls.
44:43Jean-Louis Vincent,
44:44les acteurs de l'affaire,
44:45ils ont quasiment
44:46tous disparu.
44:47L'affaire Dominici,
44:48ça va rester un mystère.
44:50Oui,
44:50ça le restera
44:51parce qu'ils sont tous morts
44:52sauf une personne
44:54qui, à ma connaissance,
44:55est toujours là.
44:56C'est Yvette,
44:57la femme de Gustave,
44:58qui elle, en plus,
44:59était présente
44:59à la Grande Terre
45:00cette nuit-là.
45:00Donc,
45:01c'est une femme
45:02qui sait exactement
45:03ce qui s'est passé.
45:04Je n'ai pas le moindre doute,
45:06mais qui,
45:06de toutes les façons,
45:07ne parlera pas.
45:08Les Dominici,
45:08l'ont dit il y a longtemps,
45:10ils avaient envoyé un courrier
45:11au procureur de la République
45:13dans lequel il disait
45:14nous les Dominici,
45:15nous sommes nombreux
45:16dans la région
45:17et nous ne voulons pas
45:18que nos enfants
45:19et petits-enfants
45:20souffrent des conséquences
45:22de cette affaire.
45:23Donc voilà,
45:23nous vous le disons,
45:24nous n'y sommes pour rien.
45:26Les Dominici,
45:26n'y sommes pour rien.
45:27Merci beaucoup
45:29Jean-Louis Vincent
45:30et Caroline Alazi
45:31d'avoir été aujourd'hui
45:32les invités de l'heure du crime.
45:33Merci à l'équipe de l'émission,
45:34rédactrice en chef,
45:35Justine Vigneault.
45:36Préparation,
45:36Marie Bossard,
45:37Lisa Canales.
45:38Réalisation en direct,
45:39Pierre-Yves Foucault.