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  • 16/04/2025
La comédienne Mélanie Thierry était l'invitée du 9h20 de France Inter, mercredi 16 avril, à l'occasion de la sortie du film "La chambre de Mariana”, d’Emmanuel Finkiel, en salles le 23 avril.

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00Avec votre invitée donc Mathilde Serrel, une actrice aussi cash que nuancée ?
00:04Bélaine Thierry, bonjour !
00:06Bonjour !
00:07Ça vous va, ça aussi cash que nuancée ?
00:08Je sais pas !
00:10Je crois qu'on va le voir.
00:11Le matin, qu'est-ce qui vous donne envie de vous lever et qu'est-ce qui vous donne envie de vous recoucher ?
00:16Ce qui me donne envie de me lever, c'est que ça braille à la maison.
00:19Il y en a trois.
00:20Il y en a trois, donc le réveil est matinal.
00:23Mais c'est bien, je veux dire, ça permet de se lever du bon pied.
00:30Le dernier a un an, c'est ça à peu près ?
00:32Dans quelques jours.
00:34À la fin de la semaine.
00:35Et vous recoucher ?
00:37Me recoucher à la fois, j'ai tellement...
00:39Impossible ?
00:39Non, c'est pas ça, c'est que j'aurais l'impression que ce soit déjà un sentiment de défaite de regagner son lit aussitôt, même s'il pleut des cordes.
00:49Je sais pas, j'ai envie de... Je suis souvent stimulée parce qu'il va m'attendre dans la journée.
00:54Donc vous renoncez pas ?
00:56Non.
00:56Vous êtes l'espoir d'ailleurs, on va en parler un peu plus tard dans ce nouveau film d'Emmanuel Finkiel.
01:01Tout ce qui s'est passé, c'est inscrit dans les cellules du corps et non dans la mémoire, dit l'écrivain Aaron Appenfeld.
01:08Qu'est-ce que ça vous évoque ?
01:11Eh bien, c'est-à-dire qu'il a traversé cette Shoah tout seul, dans la forêt.
01:16Il a vécu quatre ans dans la forêt.
01:18Il a vécu quatre ans dans la forêt et c'est vrai qu'il a vu à hauteur d'enfant ce monde cruel, brutal, sans repère, où il a fallu qu'il s'attache à la bonté des gens qui viennent lui tendre la main pour lui sauver la vie.
01:33Et cette Mariana est apparue.
01:37Alors on va en parler de cette Mariana, la chambre de Mariana.
01:40On vous découvre pour la troisième fois, aux côtés du réalisateur Emmanuel Finkiel, la chambre de Mariana, adaptée du roman de l'écrivain Aaron Appenfeld.
01:48Ça sort la semaine prochaine et on pose le décor.
01:50Nous sommes en 1943 en Ukraine.
01:52Vous êtes, Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close et cache un jeune garçon juif, Hugo, confié par son ami d'enfance, qui fuit le ghetto et la déportation.
02:02Qu'est-ce que vous avez découvert de vous dans ce film, avec ce jeune garçon, dans cette langue qui n'est pas la vôtre, car vous jouez pour la première fois en ukrainien.
02:10Qu'est-ce que vous avez découvert de vous dans cette autre langue ?
02:13Moi, je ne sais pas, mais ça a été un apprentissage important de devoir se frotter à une langue étrangère et de l'assimiler suffisamment pour pouvoir être libérée sur un plateau et pouvoir donner le regard à un enfant qui n'attend qu'une chose.
02:31C'est qu'on lui donne la main et qu'on le porte pour qu'on puisse raconter notre histoire ensemble.
02:37On va vous écouter en ukrainien, Mélanie Thierry.
02:39Traduction ?
02:48Je n'ai pas écouté.
02:50Vous lui promettez que vous allez le protéger.
02:51Si, si, je le protégerai.
02:52Oui, oui, il arrive et je le protège.
02:54Ça réchoue, je te protégerai.
02:57Vous avez donc appris cette langue, parfois, ce qui est intéressant, c'est que le réalisateur ne parle pas ukrainien non plus, donc c'est quand même un film qu'on tourne dans une langue qu'on ne connaît pas, ça fait fou.
03:05Oui, mais on est là pour ressentir, on est là pour regarder.
03:09Il y a des choses qui transpirent, des choses qui nous parviennent.
03:14Et puis le texte, il l'a écrit, il le connaît très bien, il arrive à trouver cette intériorité et faire en sorte qu'elle résonne, qu'elle nous parvienne et qu'elle puisse venir nous émouvoir.
03:24Oui, vous l'avez fait en tout cas, cet apprentissage, vous dites avec toute votre sincérité, tout votre amour.
03:29Alors, le réalisateur Emmanuel Finkel dit que vous n'avez pas la même voix en ukrainien qu'en français, vous n'avez pas le même corps non plus.
03:35Vous ne bougez pas, je suis un personnage en fait.
03:37J'essaye d'être un personnage et d'y croire jusqu'au bout.
03:41Alors oui, c'est vrai que la langue nous permet d'avoir d'autres résonances et que la voix se transforme malgré tout, malgré nous.
03:48Il y a peut-être une autre Mélanie Thierry, actrice, qui est née à ce moment-là aussi.
03:52Peut-être que vous faites autre chose, que vous n'autorisez pas.
03:53Non, c'est juste que j'essaye de parvenir jusqu'à un personnage et il faut qu'elle résonne dans une autre langue.
03:59Et effectivement, c'est un autre corps qui se met en remarche parce que ça implique tout le corps, une langue.
04:06Avec l'invasion russe et le conflit, le tournage a duré près de deux ans, s'est déplacé en Hongrie.
04:11Il n'a pas duré près de deux ans, il a mis deux ans à se mettre en route.
04:15Sinon, c'est vrai que ça aurait été très très long.
04:16Vous vous êtes retrouvée en Hongrie, mais du coup, en même temps que le début de l'invasion en Ukraine et de ce conflit,
04:25comment ça a résonné pour vous de jouer cette fiction en Ukraine au moment où la guerre se déclarait ?
04:30C'était troublant, c'était bouleversant parce que c'est une réalité qui nous fracasse finalement.
04:36Quand on a pu recevoir tous ces enfants qui venaient d'Ukraine pour le temps d'une audition,
04:42le temps de passer une après-midi et de voir si le personnage d'Hugo pouvait exister,
04:50il y avait comme une résonance à la fois où tu sais que les gamins ont traversé leur pays,
04:55ont pris des bus, ont pris des avions, se retrouvaient à Paris, complètement paumés.
05:00Et il y avait quelque chose, oui, où j'étais troublée, où on leur demandait de jouer quelque chose
05:08qui vivait en étant planquée dans un sous-sol chez eux à Kiv.
05:13Donc, il y a quelque chose qui ne va pas à ce moment-là.
05:17Au début du film, ce garçon juif de 12 ans doit se cacher des Allemands.
05:20A la fin, ce sont des soldats russes, enfin des soldats du RSS qu'il faut fuir.
05:25Votre compagnon depuis que vous avez 20 ans, quand même, est le père de vos trois enfants.
05:30Le même s'appelle Raphaël Haroche.
05:32On le connaît, il est chanteur, il est écrivain.
05:34En mars 2022, au début de la guerre en Ukraine, il a écrit ce message à propos de sa grand-mère, qui est ukrainienne.
05:39Oui, sa grand-mère était d'Odessa.
05:41Je relisais ce matin le journal de ma grand-mère Vala, son départ déchirant d'Odessa dans les années 20.
05:46Les longues séparations, l'armée russe, la guerre et nos années 20 à nous.
05:49Ce tremblement qui arrive, l'éternel retour de l'histoire.
05:52Un bloc qui se dresse et perdure d'une stupidité sans rémission, comme le dit magnifiquement Kundera.
05:58En quoi c'est un film qui vous a aussi plongé dans l'histoire de l'Ukraine et l'histoire de Raphaël ?
06:05En quoi ça m'a plongé ?
06:07Moi, j'ai un attachement à Appelfeld.
06:10Il se trouve que c'est sa première adaptation.
06:12L'écrivain.
06:13L'écrivain.
06:14L'auteur de la chambre de Marianne.
06:15Voilà.
06:16Et je le trouvais important de le célébrer et de donner à voir ce petit garçon qu'il a pu être.
06:31Le principe de narration, il faut le dire, c'est vrai, et de réalisation du coup.
06:35Et le suivant, c'est un petit garçon qui va devenir un pré-ado, parce que ça dure à peu près deux ans.
06:39Il est caché dans le placard de la prostituée qui est sa protectrice.
06:45Et il devine tout, en fait, par des bruits, par ce qui se joue dans les interstices, parce qu'il peut apercevoir à la fenêtre, parce qu'il peut deviner aussi du massacre ou de ce qui se joue.
06:56Et en même temps, l'écrit à Appelfeld aussi, il y a les mystères de la sexualité qui vont l'envahir.
07:02C'est quelque chose de très ambigu entre le désir et la mort.
07:06Et vous, vous êtes à la fois la mère de substitution pour ce petit garçon et la prostituée.
07:10C'est-à-dire que cette chambre est son refuge, à la fois cette Mariana, que va-t-elle faire avec ce petit garçon ?
07:19Elle n'en a pas la moindre idée, à la fois il va falloir le protéger, en a-t-elle vraiment envie ?
07:25Et puis ils ont besoin de faire connaissance l'un et l'autre.
07:30Mais petit à petit, ils vont se révéler, parce que c'est comme deux orphelins, ils ont besoin de croire à nouveau en la vie
07:37et de pouvoir s'insuffler comme ça, ce souffle de vie, pour pouvoir permettre d'y croire encore
07:43et de se dire que tout ça n'est peut-être pas fichu.
07:45Donc ils vont se réanimer l'un et l'autre.
07:47Après, cet endroit, cette chambre, oui, c'est sûr que ce n'est pas un endroit,
07:52c'est un drôle d'endroit pour s'éveiller à la sensualité et à la sexualité.
07:58On va écouter une lecture d'Aaron Appelfeld, puisque vous aimez le lire.
08:02C'est « Histoire d'une vie », son autobiographie, qui s'inspire de ce moment
08:06où il était dans la forêt et il a pu parfois se refier dans une cabane
08:09où il a croisé des prostituées qui ont donné ce personnage de Mariana.
08:13Donc, lecture de Guillaume Gallienne.
08:14« La maîtresse des lieux s'appelait Maria et elle vivait seule.
08:18Presque chaque nuit, un homme entrait dans la chaumière et il s'isolait derrière le rideau.
08:24Il commençait par parler et boire de la vodka.
08:27Puis il riait fort et finissait par se taire d'un coup.
08:32La scène se rejouait dans le même ordre nuit après nuit.
08:34Je me répétais « N'aie pas peur ».
08:38Et cependant, j'avais peur.
08:40Parfois, une sorte de plaisir étrange accompagnait la peur.
08:44La nuit ne s'achevait pas toujours dans le calme.
08:46De temps en temps, une dispute éclatait.
08:49Maria avait la langue bien pendue.
08:51Lorsque quelque chose lui déplaisait ou qu'elle avait l'impression de se faire avoir,
08:55elle élevait une voix menaçante et faisait trembler les murs de la hutte.
08:59Et si ce n'était pas suffisant, elle jetait une assiette, une chaussure
09:02ou tout autre objet qui lui tombait sous la main.
09:05Mais il y avait aussi des nuits où la rencontre se terminait dans le calme,
09:08par des baisers.
09:10L'homme promettait beaucoup d'amour et beaucoup de cadeaux.
09:13Et Maria, de son côté, minodait.
09:15Je m'allongeais près du poêle et les épiais.
09:18Parfois, je ne me retenais pas
09:20et j'espionnais par les fentes entre les planches au-dessus du poêle.
09:23J'avais si peur que je ne pouvais rien distinguer,
09:27mais une fois, je vis Maria entièrement nue.
09:30Un plaisir chaud m'inondait.
09:34Maria devient Mariana.
09:35C'est hyper beau.
09:36C'est dans la vie simple ou c'est dans...
09:39Histoire d'une vie, photographie d'Aaron Appelfeld.
09:41La chambre de Mariana,
09:44ce personnage de Maria va donner cette chambre de Mariana.
09:47Vous, ce roman, cette langue d'Aaron Appelfeld,
09:49qu'est-ce que ça vous fait ?
09:50C'est d'une grande pureté.
09:56C'est d'une grande simplicité.
09:58Ce n'est pas alambiqué.
10:00Il ne cherche pas à faire beau
10:01et pourtant, c'est d'une grande humanité.
10:03Ce que j'adore, c'est qu'il est toujours à vouloir célébrer la beauté.
10:07Je veux dire, on le voit qu'il est dans un monde
10:09comme ça, si brutal, à feu, à sang.
10:13Et il va pouvoir s'attarder sur une petite chose,
10:17un regard, une bonté.
10:20Une fleur, parce qu'il va passer du temps dans la forêt.
10:24C'est ce genre de choses que je trouve très belle.
10:26C'est qu'à la fois, pour pouvoir y croire,
10:28il faut toujours s'attacher à quelque chose,
10:30une petite chose qui nous sauve la vie, finalement.
10:33Il y a infiniment, dans son écriture,
10:35quelque chose qui va permettre l'espoir,
10:38la façon de tenir.
10:39Elle va permettre ça.
10:41Et puis, il y a cette façon aussi de vouloir toujours convoquer les fantômes
10:46pour pouvoir ne jamais oublier, finalement,
10:50s'accrocher à ses souvenirs,
10:52s'accrocher à cette transmission
10:54et pouvoir se sentir protégée
10:58quand, oui, le souvenir d'une mère revient.
11:01Vous avez été Marguerite Duras aussi pour Emmanuel Finkel.
11:05C'était dans La douleur, adapté du récit,
11:07que fait Duras de l'attente du retour de son mari résistant.
11:10Vous dites, Marguerite a eu du mal à me quitter.
11:12J'ai l'impression qu'on s'est beaucoup occupées l'une de l'autre.
11:15Elle est toujours avec vous.
11:16Mais comme avec Mariana,
11:18on s'est beaucoup occupées l'une de l'autre.
11:20J'ai la sensation, un peu, ce qui les rejoint à la fois,
11:25que ce soit la Marguerite ou Mariana,
11:27c'est ce guet désespoir.
11:28C'est à la fois, il y a quelque chose
11:30où il y a une tragédie qu'elle porte sur les épaules
11:33et en même temps, il y a quelque chose d'extrêmement solaire
11:38et d'enfantin, d'espiègle et de terriblement vivant.
11:43Vous lisez beaucoup, Ursenar, Gary, Baldwin, Maupassant, entre autres.
11:47J'avais vu dans votre deuxième portrait dans Libération,
11:49parce que le premier, c'était à vos débuts,
11:52que vous disiez que vous envisagiez facilement
11:55dans des métiers du peuple,
11:56mais que Duras, quand vous avez dû l'incarner,
11:58c'était une figure littéraire
11:58qui vous paraissait très, très loin de vous.
12:01Oui, j'avais la sensation
12:02que je n'avais peut-être pas forcément
12:03cette dimension littéraire
12:05pour pouvoir porter Duras
12:09et la faire exister.
12:10Après, ce qui m'a vachement protégée
12:11avec l'idée de jouer Marguerite,
12:14c'était que c'était Marguerite avant que ce soit Duras,
12:16qu'elle n'était pas encore écrivain à ce moment-là
12:18et qu'on était dans l'évocation Durasienne.
12:23Ça vous a protégé de la pression.
12:24Finalement, ça m'a vachement protégé de la pression.
12:26Vous avez quand même 25 ans de carrière.
12:28César, des récomparances,
12:29allez, en veux-tu, en voilà.
12:31Vous vivez toujours,
12:33vous le dites parfois dans les interviews,
12:34comme une prolo.
12:36C'est pas une prolo.
12:37Je vis simplement,
12:38je vis comme quelqu'un de populaire,
12:40je vis comme quelqu'un...
12:41Voilà, j'élève mes enfants,
12:43je cherche pas...
12:45Je vis simplement, en fait.
12:47Ça veut simplement dire ça, je crois.
12:49Ouais, mais il y a aussi un petit complexe,
12:51quand même, parfois, qui remonte.
12:52Non, il y a un complexe de rien du tout.
12:54Moi, j'adore retrouver la maison de famille en banlieue.
12:59J'adore passer mes déjeuners
13:01avec mon père, mes tantes et mes oncles.
13:04Quand vous avez démarré à 13 ans,
13:06vous étiez en effet à Sartrouville,
13:08vous êtes devenue mannequin,
13:09puis vous êtes devenue actrice.
13:11Vous êtes retrouvée sous les feux des projecteurs,
13:14vous êtes retrouvée dans cette interview
13:15dont on vous parle parfois de Thierry Ardisson,
13:18qui est un interview que vous voulez toujours pas revoir.
13:20Mais je l'ai pas revu,
13:21parce que je crois qu'elle a pas le moindre intérêt, en fait.
13:24Mais au-delà de ça,
13:24elle est même scandaleuse, non ?
13:26Vous l'avez dit ?
13:26Mais je sais pas, j'en ai pas le souvenir.
13:28Moi, je suis pas là,
13:29j'ai pas du tout envie de couper la tête à Ardisson,
13:31j'ai envie de couper la tête de personne,
13:32de toute façon, je suis contre la paix de mort.
13:33Je l'avais dit, je pense que c'est de l'ordre de l'inacceptable.
13:36Non, mais c'est-à-dire que...
13:37De prendre autant de plaisir à avoir des jeunes filles,
13:38devenir rouges écarlates et freiner leurs larmes.
13:41Oui, c'est un affreux sale et méchant,
13:43il y a quelque chose comme ça.
13:45Voilà, affreux sale et méchant.
13:46Ça, c'est sympa, c'est une belle comédie italienne
13:48que vous citez quand même,
13:49d'Eto'Escola.
13:51Et donc, moi, ça m'a aussi évoqué récemment
13:56des excuses qu'on a vues sur le plateau de quelle époque ?
13:59Donc, de Léa Salamé,
14:01de Baffi, lui qui disait,
14:02en fait, au fond, il regarde une compilation
14:04d'Evan qu'il faisait à l'époque avec les petites chanteuses
14:06qu'on appelait des proies faibles.
14:08Il dit, on n'était pas tendre avec Thierry,
14:10avec les chanteuses, il y a des choses qui me font honte
14:12aujourd'hui et il présente ses excuses.
14:14C'est pas mal, ça ?
14:14C'est bien, tant mieux.
14:15Ouais, il faudrait aller de ce côté-là un petit peu.
14:18On y vient sérieusement, de toutes parts.
14:22Des petites excuses.
14:23À ce propos, vous, pour quelqu'un qui a démarré
14:25à 13 ans dans le cinéma,
14:27vous êtes quand même passé au travers
14:29de ce qu'on a pu découvrir
14:31dans ce rapport terrible de la commission d'enquête
14:33sur la violence sexuelle et sexiste
14:35dans les milieux artistiques
14:36qui a été remis la semaine dernière.
14:38Une machine a broyé les talents.
14:41C'est quelque chose que vous,
14:42vous avez observé de près ou pas ?
14:45Non, mais tout ça est accablant.
14:46Je veux dire, c'est terrorisant
14:47et c'est effrayant.
14:49Mais il se trouve que moi,
14:51j'ai été assez protégée, en fait.
14:53J'ai pas été contrainte.
14:56J'ai pas le souvenir d'avoir...
14:58Forcément, on évolue dans un monde d'adulte.
15:01Alors, il y a des moments où on se dit
15:03que c'est pas tout à fait notre place,
15:04ce qui paraît assez normal.
15:06Mais j'ai jamais été confrontée
15:08à des situations comme ça
15:11où j'attendais qu'on vienne me sauver.
15:14Vous avez bientôt monté les marches à Cannes.
15:18Mélanie Thierry, je change complètement de sujet.
15:20Vous me faites rire quand même
15:21parce que vous dites que vous préférez dîner
15:22avec vos gosses que vous retrouvez dans les dîners
15:24avec un petit coup dans le nez
15:26à faire semblant d'être à l'aise.
15:27Donc, le festival de Cannes,
15:28je sais pas si ça vous met vraiment en joie.
15:29Je risque de mettre un petit coup dans le nez, évidemment.
15:31Mais je serais hyper heureuse de présenter un film
15:34et de pouvoir le découvrir.
15:36C'est quand même un endroit rêvé
15:38pour pouvoir faire une avant-première d'un film.
15:40Ce film, c'est l'adaptation de Nicolas Mathieu
15:43Connemara par Alex Lutz.
15:45Qu'est-ce que vous avez, vous, retenu de ce texte ?
15:47Vous êtes lectrice très attentive.
15:49On est dans le transfuge de classe, pour le coup.
15:52Et puis, on est dans la quarantenaire
15:54qui se pose mille questions
15:56et qui perd pied
15:58et qui a besoin de remettre un peu d'ordre dans sa vie
16:01et de revenir sur sa terre natale
16:04pour pouvoir faire le ménage
16:06et se raccrocher à quelque chose de concret.
16:09On va passer aux impromptus.
16:12Mélanie Thierry, vous connaissez le système ou pas ?
16:13Ce sont des réponses assez simples et courtes.
16:16Des propositions parfois un peu binaires, parfois moins.
16:19Est-ce que vous aimez toujours autant
16:21vous lever à 6h du mat' pour les gosses
16:23mais moins débarrassées ?
16:26Je me contente et je m'accommode des deux.
16:31Est-ce que vous êtes plutôt Montmartre ou Sartrouville ?
16:34Ah, je suis Montmartre depuis 20 ans.
16:37La ville ou la mer ?
16:40Je retourne à la mer, là, une fois que je vous quitte.
16:44Je fonce, prends mon TGV, retrouver les embruns.
16:47Et vous en avez besoin ?
16:49Disons que ça oxygène, ça permet de faire circuler les idées.
16:56Est-ce que vous votez ?
16:56Oui, je vote.
16:59Et liberté, égalité, fraternité, dans cette devise, vous choisissez quoi ?
17:02Liberté.
17:04Et Dieu ?
17:05Et Dieu ?
17:06Qu'est-ce que vous en faites dans tout ça ?
17:07C'est la fameuse question Jacques Chancel.
17:09Eh bien, il se cache.
17:10Il se cache très bien.
17:12Après, si une alliance est possible, je ne suis pas contre.
17:15Il faut l'apercevoir, un petit peu comme dans la chambre de Mariana, dans les interstices.
17:19Exactement.
17:20Merci beaucoup, Mélanie Thiry.
17:22La chambre de Mariana, adaptée d'Aaron Happenfeld par Emmanuel Finkiel.
17:26Ce sera en salle la semaine prochaine avec vous, Mélanie Thiry.
17:28Et aussi, on le signale, Artem Kirik, qui est un excellent acteur qui joue votre partenaire.
17:32Donc, de ses 12 à ses 14 ans, bonne journée à vous.
17:35Merci.
17:35Et bon, Zembrun.
17:37Et merci, Mathilde Serrel.

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