Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, est l'invité de Tout le monde veut savoir ce mardi.
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00:00En tout cas, ce qui est certain, c'est que ça ne me surprend pas.
00:02Ça fait des années et des années que la Cour des comptes et le Haut conseil des finances publiques,
00:05que je préside tous les deux, alertent sur la situation budgétaire de la France
00:09et disent que nous avons un problème massif, qui est un problème de dette publique.
00:12Nous avons 3300 euros de dette publique, nous émettons 310 milliards d'euros de dette publique chaque année,
00:18nous remboursons 63 milliards d'euros, c'est la charge de la dette annuellement,
00:23et ça, ça commence à nous paralyser, à nous étrangler.
00:25C'est un problème de crédibilité, parce que nous devons de l'argent à des créanciers,
00:28c'est un problème de soutenabilité, parce qu'il faut que notre dette publique trouve à se placer,
00:33sinon, à ce moment donné, elle se renchait, et c'est surtout un problème de souveraineté,
00:36parce qu'avec un tel endettement, nous ne pouvons pas faire face aux investissements que nous avons besoin,
00:41la défense, il en a parlé, l'écologie, et ça reste très fort, la transformation écologique,
00:46transition écologique, et puis aussi l'innovation, parce que nous sommes en train de prendre du retard sur tout ça.
00:51Bref, il est temps que nous soyons entendus, d'autant qu'il y a eu quand même derrière nous deux années noires,
00:572023 et 2024 ont été, pour nos finances publiques, des années terribles,
01:01on devait être près de 3%, on a décalé de deux ans,
01:04et le déficit a augmenté en France, entre 2022 et aujourd'hui,
01:08alors qu'il a diminué partout après, ainsi que notre dette, qui est à 115% de PIB.
01:12Donc, je ne sais pas si c'est une pathologie, en tout cas, c'est une souffrance,
01:16et c'est quelque chose qu'il faut qu'on traite maintenant d'urgence,
01:19et qu'on traite de manière forte, avec de la volonté politique.
01:22– Les traités de manière forte, sur l'objectif de 40 milliards d'économies,
01:26puisque c'est celui qui est fixé, pour tenir les objectifs de déficit, 4,6%,
01:31est-ce que c'est le bon ordre de grandeur ?
01:34Est-ce qu'il faut, effectivement, faire 40 milliards d'euros d'économies ?
01:37Je précise, sans impôts, c'est ce que dit François Bayrou,
01:40est-ce que c'est le bon ordre de grandeur, et surtout, est-ce que c'est possible ?
01:43– Alors, d'abord, je ne me prononce pas sur le chiffre lui-même,
01:46parce qu'après, il y a plusieurs manières de mesurer.
01:47Je préférerais qu'on parle de croissance, de stabilité, de la croissance des dépenses en volume.
01:54Mais enfin, disons 40 milliards, ça ne me paraît pas loin de la cible,
01:57ça montre l'importance de l'écart.
01:59Vous savez, cette année, on fait passer le budget de 5,8 à 5,4% du PIB,
02:03à condition que les 5,8% soient tenus, ce qui n'est pas tout à fait évident,
02:08il faudra bien suivre les prévisions économiques, et la croissance est fragile,
02:12les dépenses, et il faut les tenir, et les recettes, et il faut les faire rentrer.
02:15Bon, et 5,8 à 5,4%, et on a l'impression d'être déjà dans l'effort.
02:19L'année prochaine, il faut passer de 5,8 à 4,6%, donc la marge est considérable.
02:24Et ensuite, chaque année, il y aura une marge de même nature.
02:26Il faut que les Français sachent que nous nous sommes mis dans une telle situation
02:30que nous n'avons pas d'autre choix que de faire un effort budgétaire.
02:34Et pour ça, en effet, de commencer par des économies en dépense,
02:37et de trouver un bon équilibre entre ces économies et les prélèvements obligatoires.
02:43Oui.