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Neïla Latrous reçoit Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce vendredi 22 mars 2024.

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Transcription
00:00 Vous évoquez la croissance, Pierre-Maurice Comissier, elle était prévue à 1,4%,
00:03 effectivement, vous aviez dit, hautement improbable.
00:06 On commence à monter un débat sur l'insincérité du gouvernement
00:11 dans sa construction des budgets, un débat en amateurisme.
00:13 Est-ce que vous avez un point de vue ?
00:15 Est-ce que c'est l'insincérité ? Est-ce que c'est l'amateurisme ?
00:16 - J'ai tout à fait un point de vue.
00:17 - Je vous rappelle à ceux qui nous écoutent et qui nous regardent
00:19 que vous avez été ministre de l'Économie, alors on a regardé les chiffres,
00:22 vous n'aviez pas eu, vous, à retoucher notamment les chiffres de vos budgets.
00:27 Vous aviez très légèrement corrigé une prévision de croissance, très légèrement.
00:32 - Et surtout, on avait diminué le déficit de 5,2 à 3,9.
00:35 - Et donc, ça veut dire quoi ? Qu'on ne sait plus faire un budget aujourd'hui ?
00:38 - Je vais vous dire, je vais répondre à votre question d'abord sur l'insincérité,
00:40 parce que c'est très important.
00:41 Je préside ce qu'on appelle le Haut Conseil des Finances Publiques.
00:43 C'est lui, ce Haut Conseil, qui est chargé de dire si une prévision est adaptée ou pas,
00:48 si elle est insincère ou pas, et je déteste ce terme d'insincérité.
00:52 Je vais vous dire pourquoi. L'insincérité, ça suppose l'intention de tromper.
00:55 Je n'accuse pas le gouvernement d'avoir eu l'intention de tromper les Français.
00:58 - Mais alors quoi ? Il ne sait plus faire de budget ?
00:59 - Je pense qu'il était trop optimiste, et c'est ce que nous avons dit.
01:02 - Ce n'est pas la première fois depuis 2017 ?
01:04 - Et ce n'est pas la première fois, en effet, mais là, ça a été dans des proportions plus importantes.
01:09 Le consensus sur la croissance, le consensus des économistes était à 0,8 %,
01:13 au moment où il y a eu 1,4, nous lui avons dit que c'était trop optimiste.
01:15 Après, on a adapté, c'est les 10 milliards d'euros. On est toujours à 1 %, c'est encore relativement optimiste.
01:21 Et quand je dis vérité des prix, elle doit être sur tout.
01:22 Je pense qu'il faudrait, si je peux me permettre un discours de la méthode, dire voilà,
01:27 oui, la croissance sera pour cette année moins élevée que nous le pensions,
01:31 et pour un contexte économique.
01:34 Nous avons par ailleurs des efforts à faire, et ils doivent être consentis.
01:38 Nous devons les financer. Le déficit est trop élevé, et il faut se remettre sur une trajectoire crédible.
01:42 - Il faut dire la vérité aux Français ?
01:43 - Dire la vérité aux Français, c'est la meilleure façon de faire.
01:46 Et dire la vérité, ce n'est pas dramatiser, ce n'est pas dire que nous sommes en faillite,
01:49 ce n'est pas dire que nous sommes la future Grèce, c'est dire simplement,
01:51 voilà, maintenant nous changeons de trajectoire, ou plutôt,
01:54 nous nous remettons sur la trajectoire et nous changeons de cours.
01:57 Nous avons été dans le quoi qu'il en coûte, c'est vraiment fini.
02:00 Nous avons été dans une réponse aux crises par la socialisation et par la dépense publique.
02:04 Nous n'avons pas les moyens pour le moment.
02:06 Voilà comment nous allons faire. Voilà les dépenses que nous allons maîtriser.
02:10 Voilà comment nous allons le faire.
02:11 Et pourquoi ? Et faisons-le de façon intelligente, et faisons-le ensemble.

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