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Youssou N’Dour était l'invité de France Inter mardi 15 avril pour son nouvel album "Éclairer le monde - Light the World".

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00France Inter, le 7-10
00:057h48, Sonia De Villers, votre invitée est un chanteur sénégalais, l'un des chanteurs africains les plus célèbres au monde.
00:11Bonjour Yusundur, et bienvenue à France Inter.
00:15Il y a 30 ans, 7 Seconds avec Nanny Chéri faisait de vous une gloire planétaire de la world music.
00:22Depuis, vous avez vécu mille vies, vous vous êtes présenté à l'élection présidentielle, vous avez été longtemps ministre,
00:28vous avez monté plusieurs entreprises au Sénégal, des médias, des projets humanitaires sans jamais cesser de composer, de chanter avec votre groupe, le Super Étoile de Dakar.
00:37Vous revenez avec un album qui s'ouvre sur un message de paix, il s'intitule « Éclairer le monde ».
00:43Pourquoi Yusundur ? Parce que le monde s'enfonce dans l'obscurité ?
00:47Je pense qu'après la pandémie, tout le monde a dans son domaine posé cette question en se disant « qu'est-ce qui va se passer ?
00:57Qu'est-ce que je vais proposer ? Qu'est-ce que je vais amener ? »
01:00Et je pense que cet album est né autour de cette question-là, et c'est une réponse qui voit ce monde se refermer comme les gens se referment sur eux-mêmes.
01:11C'est une période de repli ?
01:13Oui, de repli, et la world music avait besoin aussi de sources, et je pense que nous sommes connus pour être les défenseurs de la world music.
01:21Ça, on l'écoute, « Tout pour briller ».
01:26Avec un refrain en français.
01:33« Tout pour briller »
01:37Tout pour briller, qui est en français, alors qu'en réalité, cet album, il est essentiellement en Wolof.
01:5590% des textes étaient en Wolof.
01:57Mais « Tout pour briller », c'est vraiment ça. C'est l'idée qu'il faut aller chercher au sein de chacun d'entre nous, en son cœur, les ressources pour s'ouvrir à nouveau, pour se donner la main, pour se regarder en face, au lieu de se poser en ennemi les uns vis-à-vis des autres.
02:14Oui, mais c'est un monde complémentaire. Je veux dire, chacun a quelque chose. Je pense que l'égoïsme, c'est quelque chose qui doit être banni.
02:23L'élection de Donald Trump est un choc pour le monde, Yusundur.
02:27L'impact pour l'Afrique est immédiat et très concret.
02:30La suspension des aides au développement humanitaire, 65 milliards de dollars l'année dernière.
02:35Six pays d'Afrique figurent parmi les dix premiers bénéficiaires.
02:39On parle énormément de la guerre commerciale et des barrières douanières.
02:43En réalité, ça, c'est dévastateur, la vie de millions de gens.
02:46Il faut que les dirigeants sachent une chose. Nous ne tendons pas la main. L'Afrique, c'est un milliard et quelques personnes. Il y a des ressources. Il y a une jeunesse, 60% de la population à moins de 25 ans.
03:00Donc, c'est un continent où on peut faire du business, où on fait du business sans montrer ça.
03:06Donc, nous ne tendons pas la main. Mais déjà, couper des choses comme ça, moi, je pense que, bon, dans le discours de Trump, on n'entend pas encore l'Afrique.
03:15Les États-Unis ont intérêt, aujourd'hui, à parler avec l'Afrique, à dealer avec l'Afrique, comme ils aiment bien ce mot, à dealer.
03:23Et c'est à leur avantage, comme nous aussi.
03:25Vous, vous avez une longue histoire avec les présidents américains. Vous, vous avez souvent négocié avec le bureau Oval.
03:33Vous avez été chercher George Bush pour lutter contre le paludisme et le sida.
03:38Vous avez négocié avec Bill Clinton sur la dette africaine. Vous êtes proche de Barack Obama.
03:45Et puis, vous pensez qu'il y a des liens possibles avec l'administration Trump ?
03:49Mais je pense que, bon, la musique, c'est pour entertainer les gens. Mais on sait qu'aussi, c'est une force qu'on peut utiliser.
03:56Bon, des fois, bon, on est d'accord de faire une photo pour parler d'une chose très importante, pour arriver à des résultats.
04:02Nous en avons besoin. Je pense qu'on ne va pas laisser tous les gens faire comme ça.
04:06Sous-titrage Société Radio-Canada
04:36C'est cette chanson. C'est ma préférée de l'album, ça me vale.
04:40Il y a des chansons d'amour dans cet album. Il y a des balades. Il y a des adresses à Dieu. Il y a des victoires au stade. On va y venir.
04:46Les femmes occupent une place importante dans cet album. Il y a un hommage au maire, par exemple. Pourquoi ?
04:53Cette chanson, elle est spéciale. J'étais en tournée, je pensais beaucoup à mon moment.
04:57Parce que, bon, quand je quittais la maison, chaque fois, je viens la voir et je ne la sentais pas très en forme.
05:03Et autour de la tournée, j'ai écrit cette chanson qui a été retenue pour l'album.
05:08On doit remercier aussi nos moments parce que, bon, voilà.
05:11Votre grand-mère a énormément compté, vous, dans votre enfance.
05:15Parce qu'en fait, je viens d'une famille griotte du côté de ma grand-mère.
05:20Les griots, ce sont les chanteurs, les gardiens de l'histoire.
05:25Et donc, j'ai eu tout ça par ma grand-mère qui m'a élevé et tout, éduqué.
05:30Et effectivement...
05:31Et cet héritage griot, il est aujourd'hui dans votre musique, dans vos chansons.
05:37C'est cet héritage griot qui fait que vous, comment dire, vous incluez toujours dans vos chansons
05:42un morceau d'histoire du Sénégal, un morceau de la culture sénégalaise ?
05:46Oui. Autant je garde l'histoire, mais moi aussi je raconte ma société, la société où je vis.
05:51Et cet héritage griot, il est aussi à l'origine de cet engagement citoyen, de cet engagement politique ?
05:58Mais avant, il n'y avait pas la radio ni la télévision.
06:01Le griot était, voilà, le trait d'union entre le peuple et ses dirigeants.
06:07Donc oui, je suis un griot des temps modernes.
06:10Et ce titre, Sama Habibi, qui dénonce le mariage forcé, le mariage forcé qui est interdit au Sénégal
06:19et qui pourtant demeure une réalité ?
06:22Je pense que demeure une réalité un peu partout dans le monde.
06:25En fait, c'est une lettre d'une jeune fille qui dit que malgré la richesse qui est devant,
06:31qui a attiré votre attention, je ne veux pas me marier avec cette personne.
06:36« Mon cœur m'appartient, je choisis où je vais ».
06:43Donc c'est une lettre qui, effectivement, est chantée par un Sénégalais, mais qui parle au monde.
06:50Cette lettre est chantée par un Sénégalais en Wolof, on l'a dit.
06:53C'est la langue la plus parlée au Sénégal.
06:55C'est une langue aussi parlée en Gambie et en Mauritanie.
06:59Elle permet de faire passer des messages partout dans le pays,
07:03y compris là où le français est moins parlé, moins utilisé, moins compris.
07:08Mais je pense qu'après, il y a eu des formats qui ont existé avant,
07:14parce que la langue française est la langue de travail et...
07:18La langue officielle.
07:18Officielle.
07:19Et donc, bon, voilà, tout se faisait autour de cette langue.
07:23Et après, il y a eu vraiment bascule vers le Wolof.
07:27Par exemple, quand on écoute la radio, il n'y a qu'à 13h qu'on fait le journal,
07:32ou midi qu'on fait le journal en français, tout le reste de la journée...
07:35Et en Wolof ?
07:35C'est en Wolof, et donc voilà.
07:37Et puis, avec la démographie, avec l'explosion de la jeunesse,
07:42voilà, le Wolof domine chez nous.
07:45Et en devenant une star de la pop, Yusundur, en gagnant un Grammy Awards aux Etats-Unis,
07:50vous auriez pu choisir de chanter majoritairement en anglais ?
07:54Peut-être que ça aurait été un choix plus commercial, plus porteur pour votre musique.
08:01Et c'est un choix pour vous, d'abord d'être resté au Sénégal,
08:05de ne pas avoir déménagé à Los Angeles,
08:08d'être resté au Sénégal et d'avoir continué à porter cette langue et cette culture,
08:13cette culture musicale aussi, le Mbalax ?
08:15Oui, moi je considère que la première langue, c'est la musique.
08:18C'est la première langue.
08:20Et donc, effectivement, bon, voilà, moi je suis né en Wolof,
08:24je pense que je chante mieux en Wolof.
08:27Pour l'autre question, bon, on est à l'aéroport, à Dakar, je peux partir.
08:31Même si j'habitais en France, bon, j'allais voyager un peu partout dans le monde,
08:34donc autant partir de là-bas.
08:36Oui, alors cette victoire au foot, on l'a fait, c'est un des titres de l'album.
08:42On l'a fait, c'est quoi ? C'est la victoire des Lyons à la Cannes,
08:45à la Coupe d'Afrique des Nations ?
08:46Voilà, on gagne la Cannes pour la première fois et on se projette pour une Coupe du Monde.
08:50En fait, la chanson est entre les deux.
08:52C'est ça.
08:53On gagne la Cannes, on gagne la Coupe du Monde.
08:54Donc c'est une vraie chanson de supporters ?
08:55De supporters, j'adore le foot.
08:58Les Lyons du Sénégal.
09:00Et il y a votre petit garçon qui chante.
09:01Oui, Nelson, qui porte le nom de Nelson Mandela.
09:05Et voilà, il chante juste, mais il est passionné par le football.
09:09Dès que j'ai fait cette chanson, il était là, il fait les chœurs.
09:12Bon, n'exagérons pas.
09:13Il a 11 ans.
09:13Il est à l'école.
09:18Et vous avez attendu ce dernier enfant pour donner le prénom de Nelson Mandela,
09:24qui a été quelqu'un de très, très important pour vous,
09:26que vous avez considéré comme un des pères de l'Afrique.
09:29Un père.
09:29Un père.
09:30Quand je l'ai rencontré, je n'ai pas pu me retenir.
09:33C'est un père.
09:34C'est quelqu'un qui...
09:35On a mené aussi un combat pour sa libération, pour son leadership.
09:41Je pense que c'est une fierté aussi pour toute l'Afrique, pour toute la communauté.
09:45Youssou Ndour, invité de France Inter.
09:48L'album s'appelle Éclairer le Monde.
09:50Merci beaucoup, beaucoup.
09:51Beaucoup, beaucoup.
09:52Et avec le Super Étoile de Dakar, vous serez à l'Olympia,
09:56samedi 19 avril, samedi prochain.
09:58Merci Youssou Ndour.
09:59C'est moi.
09:59Merci beaucoup.
10:00Merci beaucoup.

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