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Lundi 14 avril 2025, retrouvez Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique et chaque lundi c'est le quart d'heure américain.
00:09Nous retrouvons depuis Washington notre correspondant américain en visio avec nous, Pierre-Yves Dugas.
00:14Bonsoir Pierre-Yves, merci beaucoup d'être avec nous au plus près du pouvoir américain pour nous aider à percer les mystères de la politique commerciale de Donald Trump
00:24et surtout des revirements et des ajustements permanents de la politique commerciale de Trump telle qu'elle a été planifiée le 2 avril dernier.
00:34Oui, les mystères, parce qu'il y a plus simplement un mystère, ce sont des mystères, plusieurs couches de mystères.
00:44La Maison-Blanche a beau nous expliquer que tous ces revirements correspondent en fait à une démarche délibérée.
00:50Alors si c'est vrai, c'est vraiment génial parce que là, plus personne n'y comprend quoi que ce soit et l'adversaire des États-Unis est totalement désarçonné
00:58parce qu'il ne va pas pouvoir comprendre quel est l'objectif final de négociation du champion de l'art du deal.
01:06Nous avons eu rien qu'au cours des derniers jours, plusieurs revirements sur le niveau de taxation, en particulier à la frontière des semi-conducteurs,
01:15des téléphones portables, des composants électroniques. On nous annonçait que ça faisait partie du paquet chinois à 145%.
01:22Finalement, on nous l'a sorti. Alors le marché s'est envolé. Et puis non, non, non, non, attendez, il y a un autre paquet qui va lui tomber dessus.
01:32Enfin, on ne sait plus où on peut aller. Et à cette couche de mystère s'ajoute une deuxième couche de mystère qui est comment fait-on pour,
01:43sur une période de 90 jours, négocier 90 accords commerciaux ? Alors Peter Navarro, 90 parce qu'il y a 90 pays.
01:52Peter Navarro, l'excellent collaborateur et conseiller du président Trump à la Maison-Blanche en matière industrielle et en matière commerciale,
02:03explique que c'est tout à fait possible de négocier 90 accords en 90 jours. Bon, OK, même si on met l'Union européenne dans un paquet de 27 pays,
02:13ça va être quand même assez compliqué. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'il va falloir faire des priorités.
02:17Des pays vont passer avant d'autres. Les Européens peuvent naturellement souhaiter qu'ils fassent partie des pays prioritaires
02:24compte tenu de l'énormité du commerce transatlantique, plus de 1 000 milliards dans les deux sens chaque année.
02:31Mais le Royaume-Uni a une carte à jouer, ne serait-ce que parce que le roi d'Angleterre a invité à nouveau Donald Trump
02:39pour une visite d'État. On sait que l'Australie y croit et peut-être que les Argentins y croient aussi.
02:46Regardez ce qui se passe avec l'Argentine. Aujourd'hui, le commissaire européen aux affaires commerciales arrive à Washington
02:51et son principal interlocuteur, qui devrait être le secrétaire au Trésor, Scott Besant, lui s'en va.
02:59Donc il ne va pas le rencontrer. Il s'en va où ? Il s'en va, bien évidemment, à Buenos Aires,
03:06où le gouvernement du président Millet va faire des annonces fracalcifiantes.
03:10Donc bonjour, good luck pour négocier tout ça. Et alors il y a encore un nouveau mystère qui s'ajoute à ça,
03:18c'est qu'in fine, c'est le président Trump qui va décider de tout ça.
03:23Peter Navarro, encore lui, nous l'a précisé hier, à la fin du compte, c'est lui le négociateur en chef.
03:30Et on sait que le président Trump a l'intention d'injecter des thèmes et des clauses qui n'ont rien à voir avec le commerce
03:38dans des négociations commerciales. Nous en avions évoqué cette perspective la semaine dernière.
03:46La défense de l'Europe, la participation militaire des Européens à l'OTAN, l'aide américaine en nature ou financière à l'Ukraine.
03:57Tout cela va faire partie du paquet final qui pourrait éventuellement être négocié entre Washington et les Européens.
04:05On ne sait pas où on va. Et alors, en ce qui concerne la Chine, c'est pareil.
04:11On ne sait pas ce que cherchent à obtenir Washington des Chinois.
04:16Scott Besant, avec beaucoup d'intelligence, a dit qu'il était dans l'intérêt des États-Unis d'encercler la Chine avec l'Inde, le Vietnam, la Corée, le Japon.
04:29Et il a mis le Cambodge aussi dans l'équation.
04:31Si les Européens peuvent saisir la balle au bon et essayer de montrer qu'ils peuvent coopérer à isoler la Chine,
04:39à mon avis, ça serait une très bonne chose pour faire avancer les négociations européennes.
04:43Le tout petit problème, c'est que cette stratégie-là, c'était celle qui avait été arrêtée par Barack Obama
04:49et qui a été jetée à la poubelle très très vite par Donald Trump en 2017,
04:55quand il a jeté à la poubelle, l'accord commercial du Trans-Pacific Partnership.
05:02Donc, va-t-on faire « back to the future » ? On ne sait pas. Les mystères de l'Ouest continuent.
05:09Bon, Trump avait bien cassé l'accord Alena-Nafta avec le Canada et le Mexique pour en refaire un, à peu près à l'identique,
05:17avec un nouveau nom, USMCA, aujourd'hui.
05:19Petite question subsidiaire, Pierre. Est-ce qu'on laissera demain, et quand je dis demain, je ne sais pas quand c'est,
05:24est-ce qu'on laissera demain toujours autant de pouvoirs commerciaux, j'entends, dans les mains d'un seul homme aux États-Unis ?
05:32C'est évident que nous vivons aujourd'hui les conséquences d'une énorme erreur
05:37qui a été commise à la fin des années 70 par le Congrès, qui a consisté, par une série de lois,
05:43à donner des pouvoirs propres au président en matière de négociations commerciales
05:47et avec une jurisprudence qui est intervenue depuis, où les tribunaux ont refusé de prendre position
05:54sur la définition stricte de ce qu'était une urgence commerciale.
05:58Donc, le président Trump a les mains libres pour plusieurs mois.
06:03Il y a un moment tout de même où le Congrès va devoir intervenir de par la loi
06:06et quelques voix s'élèvent parmi les républicains modérés,
06:12je pense aux sénateurs de l'Iowa en particulier,
06:17pour dire qu'il faudrait que le Congrès intervienne et mette son veto, si j'ose dire,
06:24pour renverser l'ordre des choses, à ces initiatives unilatérales prises par la Maison-Blanche
06:29et qui engage les Etats-Unis sans aucune consultation du Congrès,
06:33puisque comment pourrait-il être consulté ?
06:36Et ça change toutes les cinq minutes.
06:38Et puis, question effectivement qui se pose d'autant plus après l'exemption des produits d'électronique personnelle,
06:46l'exemption temporaire des tarifs dits réciproques et notamment des tarifs de 145% appliqués à la Chine.
06:53Donc, on a vu tout au long de ces derniers jours, Howard Leutnik, secrétaire au commerce,
06:57que vous expliquez comment on allait assembler les iPhones avec un petit tournevis et des vis sur des chaînes de montage aux Etats-Unis.
07:08Personne n'y croit. Et surtout pas Apple.
07:13Mais on est dans le domaine du fantasme médiatique qui parle au peuple maga.
07:19L'idée qu'on puisse fabriquer aux Etats-Unis des iPhones est une idée qui plaît à l'électeur maga.
07:31Le problème, c'est quand on voit la réalité de la fabrication des iPhones en Chine sur des campus,
07:36avec des dortoirs, avec des autobus qui amènent ces jeunes gens qui sont embauchés de manière saisonnière,
07:45qui sont payés 4 dollars de l'heure et qui viennent pour 3-4 mois,
07:50assembler pendant des heures minutieusement des composants mécaniques et des composants électroniques,
07:57souvent dans les usines de Foxcombe, c'est inimaginable aux Etats-Unis.
08:02En Californie, le salaire horaire est de 16,50 $.
08:06Vous imaginez la productivité qu'il faudrait entre les fourmis californiennes et les fourmis californiennes
08:15pour qu'on continue de produire plus de 200 millions d'iPhones tous les ans.
08:21Ce n'est pas possible. Apple a vu venir le danger de sa très forte dépendance à l'égard de la Chine.
08:29La société s'est diversifiée en termes de production au Vietnam et surtout en Inde.
08:3615% maintenant des iPhones sont fabriqués en Inde.
08:39Les iPhones sont également fabriqués au Brésil.
08:42Mais au Brésil, les coûts de production sont très supérieurs aux coûts chinois.
08:46Alors là, on continue dans la série des mystères aux couches qui s'accumulent.
08:54Le prix de l'iPhone, en gros, s'il est assemblé aux Etats-Unis avec des composants qui viennent de Chine,
09:00va augmenter de 15 à 20%.
09:02Mais s'il est assemblé avec des composants qu'il va falloir produire aux Etats-Unis,
09:06alors là, il peut tripler ou quadrupler.
09:08Il faudrait, on estime, les gens, les analystes qui suivent Apple,
09:14qu'Apple investisse à peu près 30 milliards de dollars par an pendant trois ans,
09:18rien que pour déplacer aux Etats-Unis 10% de sa chaîne d'approvisionnement.
09:24On ne voit pas Apple faire ça.
09:26Et d'autant plus que ces investissements sont des investissements à long terme.
09:31et il y a fort à parier que dans trois ans, cette politique très floue,
09:36pour employer un mot, un euphémisme, très floue en matière tarifaire du président Trump,
09:44dans trois ans, elle aura encore changé considérablement.
09:47Est-ce que les publications de résultats, là, sur les marchés,
09:50est-ce que ça va être un moment de libération de la parole des grands CEOs de Wall Street,
09:57Pierre-Yves, peut-être comme on n'a jamais vu, d'ailleurs,
10:00qu'il y ait du lobbying derrière les portes closes, je l'imagine, sans aucun problème,
10:06commencer à avoir des CEOs, je ne sais pas, le CEO de DHL aujourd'hui,
10:10alors bon, c'est global, mais qui dit qu'on commence à être un peu fatigué, etc.
10:14J'ai l'impression quand même que beaucoup de CEOs ne vont pas se priver de faire passer quelques messages,
10:18et pas juste à Donald Trump, au reste du monde également.
10:22Alors, je ferai des commentaires là-dessus, vous avez certainement raison, je partage votre avis.
10:28Mais, ils ont de quoi se consoler, en tout cas en partie,
10:34parce que le Congrès est censé, enfin, la faible majorité républicaine au Congrès
10:40est censée leur produire, d'ici quelques semaines, il faut qu'ils se dépêchent,
10:44des réductions d'impôts et confirmer la forte déréglementation
10:48qui peut beaucoup arranger leurs affaires, y compris leurs marges.
10:51Ça, c'est la première chose.
10:52L'autre élément, c'est que, vous savez...
10:57Donald Trump, il est fortement critiqué en Europe pour pratiquer une politique
11:05qui, dit-on, si l'on lit bien les grands experts européens de l'Amérique,
11:12est favorable à des oligarques.
11:14En fait, c'est pas vrai.
11:15On le voit bien en ce moment.
11:16Les oligarques sont en train de se révolter.
11:19Elon Musk a beaucoup à perdre dans une guerre commerciale avec la Chine.
11:22Il avait beaucoup à perdre à s'exposer en matière de réduction de dépenses publiques,
11:29et on le voit dans les chiffres des ventes de Tesla.
11:31Et tous ces grands patrons qui avaient le sourire sous le dôme du Capitole
11:35lors de l'appréciation de serment de Donald Trump,
11:38aujourd'hui, ils sont mécontents parce que cette politique n'est pas celle qu'ils souhaitaient
11:43en termes commerciaux.
11:45Donc, arrêtons de dire que Donald Trump gouverne pour les oligarques.
11:48Ça n'est pas vrai.
11:50Merci beaucoup, Pierre-Yves.
11:51Pierre-Yves Dugas avec nous chaque semaine, le lundi, en l'occurrence,
11:54dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse pour un quart d'heure américain.
11:57Plus que jamais nécessaire.
11:58Pierre-Yves Dugas, correspondant américain de Smart Bourse et de Be Smart for Change,
12:01avec nous en visio depuis Washington ce soir.
12:04Smart Bourse vous a été présenté par Silex.
12:15Conseils en investissement, produits structurés, gestion d'actifs, technologie.
12:19Smart Bourse

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