Le ministre de l'Économie était l'invité de BFM Politique ce dimanche 13 avril. Il a évoqué le projet de budget 2026 et les réductions de la dépense publique pour tenir l'objectif de maîtrise du déficit.
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00:00Pour en parler, Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière, est avec nous.
00:04Bonjour, merci d'être là.
00:06Mathieu Croissando, Nicolas Dose sont toujours sur le plateau de première édition.
00:11Nicolas, le ministre de l'économie et des finances a chiffré hier ses efforts pour boucler le budget 2026 à 40 milliards d'euros.
00:20C'est évidemment considérable, on va les trouver où ?
00:23D'abord, on ne les trouvera pas. Il n'y aura pas 40 à l'arrivée, c'est absolument certain.
00:26Mais souvenez-vous, ils ont fait les 40-50 en 25. On a péniblement réussi à toucher les 20.
00:31Après, l'arme de guerre, si vous voulez vraiment avoir de l'argent très vite, tout de suite, c'est l'année blanche.
00:36L'année blanche, vous décidez que vous n'indexez pas les pensions de retraite sur l'inflation,
00:40vous n'indexez pas le barème de l'imposé sur le revenu sur l'inflation,
00:42et vous n'indexez pas l'ensemble des minima sociaux sur l'inflation.
00:45Le truc, c'est qu'on n'a plus beaucoup d'inflation.
00:47L'effet 2022 qu'on a eu avec ce type de mesure, on ne l'aura pas en 2026,
00:51parce que l'inflation est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus faible.
00:54Les économies à réaliser, on les avait, les 40, si on faisait ça quasiment,
00:58enfin, on ne les avait pas, mais on était en 22 ou 23, on était facile à 30-35.
01:02Là, ce ne sera pas le cas.
01:03Après, on peut décider de monter les impôts, mais on a le record du monde,
01:06des prélèvements obligatoires, jusqu'où on monte les impôts.
01:08Après, le ministre, il dit qu'on ne va pas monter les impôts,
01:10mais en même temps, le débat est ouvert sur les impôts.
01:12En 25, on ne devait pas monter les impôts.
01:14Finalement, on n'a fait pratiquement que monter les impôts pour les efforts 25.
01:18Donc, il y a la solution fiscale.
01:19Et puis sinon, c'est la solution dépense.
01:21Mais si on ne fait pas l'année blanche, de toute façon, il faut aller taper dans le dur.
01:24Je vous rappelle que sur 1 000 euros de dépenses publiques,
01:26vous avez 465 euros de ces santé retraites.
01:28Donc, ça veut dire qu'on va à nouveau parler de la mise à contribution des retraités,
01:33qu'on va à nouveau parler des jours de carence,
01:34qu'on va à nouveau parler du remboursement des transports sanitaires,
01:37enfin, tout ce qui a fait hurler la gauche
01:38et sur lequel François Bayou a reculé en 25 pour éviter la censure.
01:42Frédéric Souillot, quelle est la ligne rouge pour vous ?
01:44Parce que c'est vrai que c'est une expression qu'on avait beaucoup entendue
01:46lors du budget 2025, les lignes rouges.
01:48Les vôtres pour 2026, c'est lesquelles ?
01:51Les lignes rouges pour nous, c'est encore une fois taper sur les plus faibles
01:56et les plus précaires, que ce soit sur santé, non-indexation des minima sociaux et tout cela.
02:03Et puis, lignes rouges, moi, je sais où les trouver.
02:07S'il a besoin de 40 milliards, 213 milliards d'aides publiques aux entreprises
02:12sans aucune conditionnalité.
02:14Donc, il met un petit peu de conditions.
02:15Dès qu'on verse des dividendes, il suffit de fixer le plafond ou le plancher.
02:20Et moins d'aides publiques aux entreprises, moins d'allègements de cotisations
02:24s'il veut retrouver de l'argent pour la sécu.
02:25Mais, en fait, c'est étonnant.
02:30Depuis 2017, c'est la même politique qui est menée.
02:34Donc, depuis 2017, on nous explique tous les ans à chaque budget, il faut trouver des économies.
02:38La facture du quoi qu'il en coûte, au bout d'un moment, elle arrive et elle va tomber sur la tête des travailleurs.
02:43On ne sera pas d'accord.
02:43Nicolas, les aides publiques aux entreprises, comme le suggère Frédéric Stouillot, c'est un levier ?
02:49Les aides publiques aux entreprises, le chiffrage admis n'est pas de 200 et quelques milliards d'euros.
02:53C'est le chiffrage qui est régulièrement repris par les oppositions.
02:57On est plutôt sur environ 140 milliards d'euros, dont l'essentiel sont des allégements de cotisations sociales.
03:01Alors, on peut décider, effectivement, de continuer à revenir en arrière sur les allégements de cotisations sociales.
03:05Mais si on ne veut pas avoir un emploi pénalisé de manière accélérée en allégeant, en supprimant des allégements de cotisations sociales,
03:13ça veut dire qu'il faut aller, là, on s'est arrêté à 2,2 SMIC, il faut dire qu'on n'allège plus, qu'on s'arrête à 2 SMIC, par exemple.
03:19On pourra faire quelques économies.
03:21Mais vous ne pouvez pas supprimer trop violemment les allégements de cotisations sociales qui ont été mis en place pour compenser l'excès du coût du travail.
03:27Parce qu'à ce moment-là, vous faites exploser le coût du travail et vous avez un effet dégradant sur l'emploi très rapide, si vous allez trop vite.
03:33L'autre piste, Nicolas, ce sont les retraités.
03:35Qu'est-ce qu'on peut leur demander concrètement aux retraités ?
03:38Ce qu'on peut leur demander, c'est de dire qu'au-delà d'un certain niveau...
03:40Rien dit Frédéric Souillot.
03:41Vous me posez la question, je vais vous répondre de manière technique.
03:44C'est un choix politique, ce n'est qu'un choix politique.
03:46Les retraités, vous pouvez dire qu'au-delà d'un certain niveau de pension, d'ailleurs, des propositions comme celle-là ont déjà circulé,
03:52quand le retraité est propriétaire et non endetté sur sa résidence principale,
03:57on va dire par exemple 3 000 euros nets de pension, est propriétaire de sa résidence principale,
04:01le politique décide, mais c'est un choix politique, je ne dis pas c'est bien, c'est mal.
04:05C'est un choix politique que l'abattement de 10%, par exemple, qui leur est accordé, disparaît.
04:09Et là, vous aurez dans les 2 à 3 milliards de recettes au mieux.
04:13Ligne rouge ?
04:14Mais c'est toujours la même chose, ils ont cotisé toute leur vie, ils ont...
04:19On parle des retraités les plus aisés.
04:22Enfin, les plus aisés, c'est quoi aisés ?
04:24Alors François Hollande disait au-dessus de 2005, maintenant on nous dit 3 000, ça veut dire quoi aisés ?
04:29Ils ont bossé toute leur vie, ils ont une pension de retraite à 3 000 euros,
04:33ils se sont souvent serrés la ceinture pour payer leur appartement ou leur maison,
04:37et aujourd'hui on va leur dire moins de 10%.
04:39On va leur demander de participer à un effort national.
04:41Oui, mais je pense qu'ils seraient d'accord pour participer à un effort national.
04:45Mais l'exemple vient du haut.
04:46À partir du moment où il n'y a pas d'exemple qui vient du haut,
04:50pourquoi ce seraient les retraités ou les plus précaires ?
04:53Alors, en parlant du haut, il y a les hauts revenus quand même
04:55qui sont aussi visés dans ce que disait hier Éric Lombard sur BFMTV.
04:59Ils sont taxés aujourd'hui, les hauts revenus.
05:00Il y a une taxe qui a été additionnelle sur le revenu qui a été mise en place par Fillon-Sarkozy en 2011,
05:05elle était exceptionnelle, il y avait le E de exceptionnelle dans Contribution exceptionnelle.
05:10On voit bien que 15 ans après, elle n'a pas bougé.
05:12On en a rajouté une autre exceptionnelle qui s'appelle la CDHR cette fois-ci,
05:16la Contribution différentielle sur les hauts revenus dans le budget de 2025,
05:20mais celle-ci est censée ne fonctionner qu'en 2025.
05:23Mathieu, quand on entend parler des retraités, des hauts revenus,
05:27est-ce qu'il y a de quoi fâcher tout le monde
05:29et peut-être à un moment de faire tomber le gouvernement Bayron ?
05:33Alors, il y a de quoi fâcher tout le monde ou en tout cas ne contenter personne
05:35puisque selon qu'on touche de toute façon à telle ou telle catégorie de la population,
05:38vous avez mécaniquement, et c'est bien logique, des gens qui s'y opposent.
05:43Mais là, les mesures sont…
05:45Vous pouvez demander par exemple qu'on ne touche pas aux impôts,
05:47comme le fait le parti Renaissance,
05:49alors que la gauche demande, elle, qu'on touche aux impôts.
05:51Vous pouvez dire qu'il faut toucher aux retraités,
05:52comme le disaient certains dans le bloc central,
05:54mais là, le RN dira non, on ne touche pas aux retraités.
05:56Bref, on voit bien que sur tous les sujets, il va y avoir une opposition.
06:00Est-ce que le gouvernement Bayrou tombera pour autant ?
06:02Le gouvernement Barnier est tombé pour des questions de budget.
06:04François Bayrou a passé beaucoup de temps
06:06à essayer d'acheter la neutralité des socialistes au mois de janvier.
06:09Il y a un risque, mais ça serait un risque politique,
06:12y compris pour les partis qui le feraient tomber
06:13puisque une nouvelle censure amènerait probablement une nouvelle dissolution
06:16et que ça, un certain nombre de partis n'y sont pas préparés.
06:19Nicolas, d'un mot, est-ce qu'on a la moindre idée
06:21du secteur auquel on va demander le plus d'efforts ?
06:23Ah non, on n'a aucune idée aujourd'hui.
06:24Mais en termes de ministères ?
06:26Ah bah si, enfin oui, il y a une sorte de...
06:28Allez, c'est principalement sur la sécurité sociale,
06:3018 milliards d'euros, mais je vous donne un chiffre à la louche,
06:32vous voyez, 14 sur l'État, donc la fonction publique d'État,
06:35et 8 milliards sur les collectivités locales.
06:37Il y a évidemment des économies à faire,
06:38notamment sur les effectifs de la fonction publique locale.
06:41On n'a pas fini d'en parler, le débat au Parlement,
06:43c'est au mois de octobre, novembre ?
06:45On va commencer à voir les premières pistes budgétaires,
06:48on les aura en juillet, après le débat, oui, ce sera à l'automne.
06:50On a le temps d'en reparler, merci d'avoir été avec nous ce matin,
06:53Frédéric Souillot, à suivre.
06:55Un peu progressif, il n'y a que ça de vrai.