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00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:02Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports.
00:10Oui, la fnote, comme on l'entend dans le débat public. Bonjour François Deletrasse.
00:14Bonjour.
00:14Bienvenue sur Europe 1. Gare à l'entrée, demain mardi à Paris, de deux trains de la colère.
00:19A leur bord, des centaines d'usagers et d'élus locaux, des lignes Paris-Orléans-Limoche-Toulouse, la Polte comme on dit,
00:26et la ligne Paris-Clairmont-Ferrand. Alors tous ces gens montent à Paris, ils vont garder Austerlitz pour manifester,
00:32dire leur ras-le-bol de voir utiliser deux lignes qu'ils décrivent comme sinistrées, des lignes sinistrées.
00:38Jusqu'à quel point François Deletrasse ?
00:40Elles sont sinistrées parce que ça fait 40 ans qu'on n'y fait rien.
00:46Le ferroviaire en France est dans une période de dizaine depuis toujours.
00:50L'État a voulu faire du TGV à outrance et comme il n'y avait pas d'argent, on a fait du TGV,
00:55et on a oublié le reste.
00:56On ne pouvait pas tout faire, on a tout mis sur le TGV.
00:58Malheureusement.
00:59Et donc c'est pour ça que ces deux lignes-là sont en perdition, en grande partie à cause du réseau
01:04et aussi à cause du matériel qui est hors d'âge.
01:06Oui, parce que je disais, rien ne va.
01:08Les rails, les traverses, les poteaux caténaires, les locomotives, tout tombe en panne tout le temps,
01:13sans parler des conducteurs, les contrôleurs, les personnels dans les guerres et les guichets,
01:17on manque de monde aussi.
01:18On manque de monde, mais la faute, la SNCF arrive et elle fait ce qu'elle peut avec les moyens qu'elle a.
01:25Et on a une vraie carence de l'État, comme pour tout le fait revient en France,
01:29à savoir que l'État ne remplit pas son rôle.
01:31Attendez, c'est à l'État de payer pour l'entretien de ces lignes, François Deletroix ?
01:35Bien sûr, c'est l'État qui paye le réseau.
01:36Le réseau, il appartient à la France, il appartient à la République.
01:39C'est à l'État de l'entretenir, comme il entretient les routes.
01:43Or, en France, l'État estime que c'est aux passagers à entretenir.
01:48Si je vous prends l'exemple d'un billet de TGV à 100 euros,
01:51en France, vous avez 40 euros de redevances pour le réseau,
01:55vous avez 10 euros de TVA,
01:58et là-dessus, vous avez un bénéfice que l'État récupère.
02:00C'est comme le paquet de cigarettes, finalement.
02:02Exactement.
02:02Et donc, la SNCF, elle, elle fait rouler ses trains pour 45 euros,
02:06alors que vous avez payé 100.
02:07Si vous êtes en Italie, c'est 15 euros.
02:12Mais il va où cet argent, là ?
02:13C'est 55 euros sur 100,
02:14qui devraient être dévolus à l'entretien du réseau.
02:16Alors, les 40 euros, ils vont au réseau pour entretenir le réseau,
02:18parce que l'État ne veut pas le payer,
02:19et il estime que c'est aux passagers de le payer.
02:21Sauf que quand vous êtes dans votre voiture,
02:23et que vous roulez sur une route de France,
02:24vous ne payez pas de redevances pour rouler sur la route.
02:26Enfin, vous payez un péage, quand même.
02:28Sur l'autoroute, mais pas sur les routes de France.
02:31Sur les nationales, oui.
02:32Et si vous êtes dans un TER qui roule sur une voie régionale,
02:38ils payent une redevance.
02:39Donc, on a un vrai problème en France
02:41de disparité entre le traitement du routier et du ferroviaire.
02:45Mais dites-moi, alors, pour revenir, François Deletrasse,
02:47à ces deux lignes, la ligne Paris-Toulouse par Limoges et Orléans
02:49et Paris-Clairmont-Ferrand,
02:51il y a combien d'usagers sur ces deux lignes, à peu près ?
02:53L'un dans l'autre, ça fait presque 4 millions de personnes par an.
02:564 millions ?
02:57Donc, c'est du monde ?
02:58Oui.
02:58Oui, bien sûr.
02:59Alors là, la semaine prochaine, on va visiter pour la première fois
03:03les nouvelles rames oxygènes.
03:05Évidemment, le constructeur a des mois de retard,
03:07comme pour le TGV, Alstom, pour ne pas le citer.
03:10Et donc, on espère qu'avec ce nouveau matériel,
03:14ça ira un peu mieux.
03:15Mais le matériel neuf sur un réseau vieux,
03:19ça pose problème.
03:20On ne résout pas tous les problèmes.
03:21Alors, il y a un fort sentiment de relégation
03:23qui s'exprime chez les usagers de ces deux lignes.
03:25Il dit, marre d'être des citoyens de seconde zone, François Deletrasse.
03:29Alors, le problème, et dans toute la France,
03:32dès qu'il y a eu des lignes TGV qui ont été construites,
03:34les lignes qui desservaient les territoires ont été supprimées.
03:38Si vous prenez la ligne de l'Est, par exemple,
03:40Metz-Strasbourg,
03:41toutes les villes qui étaient sur le parcours Bar-le-Duc,
03:44Chalons-Champagne, etc.,
03:45sont quasiment plus desservies, sauf par du TER.
03:47Oui, mais clairement, il n'y a pas de TGV qui va clairement faire...
03:49Oui, sauf que, pour financer le TGV,
03:54on a supprimé tout le reste.
03:55Ou on a donné beaucoup moins d'argent au reste.
03:58Ils sont les sacrifiés du TGV.
04:00Exactement.
04:01Il y a même des lignes entières qui ont été supprimées.
04:03Le Strasbourg-Lille, il a été carrément supprimé.
04:06Alors que c'était une ligne très empruntée,
04:08le Paris-Neuvert, pour parler région,
04:12c'était l'État qui l'exploitait.
04:15Et il n'a plus voulu l'exploiter,
04:17c'est la région qui a été obligée de le reprendre.
04:19Alors, vendredi, le ministre des Transports,
04:21Philippe Tabarro, a annoncé,
04:22pour les usagers de ces deux lignes,
04:24des gestes tarifaires.
04:25Il a promis 100 000 billets à 19 euros,
04:2910% de réduction sur un abonnement annuel
04:31qui est quand même à 600 euros, je le précise,
04:32et la généralisation du remboursement à 200%
04:36quand il n'y a plus de 3 heures de retard.
04:39Alors, au-delà du fait que ce soit le ministre
04:40qui communique à la place de la compagnie,
04:423 heures de retard, ça arrive souvent sur ces deux lignes ?
04:44Oui, ça arrive souvent,
04:45mais c'est normal que ce soit le ministre
04:46parce que la SNC fait prestataire de services
04:49pour l'État, pour ces lignes-là.
04:51Donc, c'est la faute de l'État.
04:52C'est la faute de l'État.
04:53C'est l'État qui est responsable,
04:54c'est l'État qui est l'autorité organisatrice.
04:56Donc, c'est la conséquence de nos problèmes
04:57de dépenses publiques aujourd'hui, vous diriez ?
04:59Exactement.
04:59Et des dépenses publiques qui ne sont pas forcément bien orientées.
05:05Et puis, le gros problème en France,
05:07c'est que vous savez que 82% des déplacements
05:10au-delà de 100 km se font en voiture.
05:13Donc, 41% en autosolisme.
05:16Le train, c'est 15%.
05:17L'avion, c'est 1%.
05:19Or, on dit à tout le monde,
05:20prenez le train, prenez le train, prenez le train,
05:22sauf qu'on ne fait rien
05:22pour que les 82% de gens qui sont en voiture
05:25basculent sur le train.
05:27J'ai une dernière question concernant cette grève
05:28qui menace à la SNCF à partir du lundi 5 mai.
05:31C'est un autre sujet.
05:33Enfin bon, on sera dans une semaine de jours fériés,
05:35il y a un week-end de 4 jours,
05:36le pont du 8 mai, dans cette semaine-là.
05:39C'est Sudrail qui a lancé le mouvement,
05:41la CGT s'est ralliée.
05:43Bon, bref, on va...
05:44C'est un collectif de contrôleurs,
05:47WhatsApp, qui a lancé le mouvement.
05:49Et Sudrail s'est raccroché
05:50pour ne pas faire mauvaise figure.
05:53Maintenant, la CGT, le premier syndicat de la compagnie, quand même.
05:56Mais bon, ils se tirent tous une balle dans le pied.
05:57Oui.
05:58Ah bon, vraiment, vous croyez ?
05:58Oui, c'est inadmissible.
06:00Je veux dire, alors qu'on est en cours de discussion
06:02avec une autorité organisatrice,
06:06on ne dit pas je fais grève
06:07parce que je ne suis pas d'accord
06:08avec les discussions qu'on a en cours.
06:10On fait d'abord la discussion.
06:11Si elle n'aboutit pas,
06:13à ce moment-là, on intervient.
06:14Mais là, on a un vrai problème
06:17de négociation en France
06:18de la part des syndicats.
06:19En tant que patron
06:19de la principale fédération des usagers,
06:21François Deletrasse,
06:22vous leur dites quoi ce matin
06:23à ces grévistes dans deux semaines ?
06:25Je leur dis,
06:26on en a marre d'être les dindons de la farce.
06:30Et à un moment, il faut arrêter.
06:31Et alors, le seul point sur lequel ils ont raison,
06:34c'est que l'État exige que la SNC
06:36fasse 1,5 milliard d'euros de bénéfices tous les ans.
06:39Ce 1,5 milliard d'euros,
06:41au lieu de que l'État le récupère,
06:43l'État ferait mieux de le laisser à la SNC
06:46pour faire des investissements,
06:47pour qu'il y ait plus de personnel,
06:49pour qu'il y ait des gens dans les guichets,
06:50etc.
06:51Voilà, la schizophrénie de l'État,
06:53la difficulté d'être une compagnie semi-publique,
06:56enfin, si, totalement publique en l'occurrence,
06:58enfin, non, privée,
06:59mais bon, avec comme actionnaire exclusif l'État.
07:01Exactement, vous avez la juste nuance.
07:04Merci beaucoup François Deletrasse.
07:05Le président de la FNOTE
07:06était avec nous ce matin sur Europe 1,
07:08la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports.
07:12Bonne journée à vous.
07:12Bonne journée à vous.
07:13Bonne journée à vous.

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