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Cédric de Linage, mari d’Amélie qui vit avec un lourd handicap, témoigne de son combat au quotidien : «Son projet de vie est de mourir».

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Transcription
00:00– Oui, effectivement, mon épouse est victime d'un accident de la vie,
00:04tout simple, c'est-à-dire qu'elle avait un morceau de viande de travers
00:07et elle s'étouffe, et donc son cerveau manque d'oxygène
00:10et elle tombe dans ce qu'on appelle une anoxycérébrale
00:12et donc elle va rentrer dans un coma.
00:16– Alors Sam, elle est hospitalisée après cet accident
00:20et cinq jours plus tard, vous vous rendez à son chevet
00:23et qu'est-ce que vous réalisez ?
00:26– Eh bien en fait, entre-temps, les médecins ont diagnostiqué une aggravation
00:30avec un état de mal épileptique, et puis je me rends à son chevet
00:33et en fait je découvre qu'ils ont coupé l'alimentation.
00:38Juste après, ils m'annoncent qu'il n'y a plus d'espoir,
00:41qu'il n'y a rien à espérer, qu'Amélie de toute façon ne se réveillera pas,
00:43qu'elle est en fin de vie et que tout va s'arrêter,
00:46et en fait que je n'ai qu'à me laisser convaincre qu'il n'y a plus d'espoir.
00:51– Alors ils ont cessé d'alimenter votre femme,
00:54et personne ne vous a consulté avant de prendre cette décision ?
00:57– Non, sur l'arrêt de l'alimentation, pas du tout.
00:59– Et comment a justifié le médecin cette décision ?
01:04– En fait, il a tout simplement eu un regard,
01:10je pense que dans les discussions qu'on a eues après,
01:13moi j'ai essayé de revenir sur les volontés de mon épouse,
01:16parce que surtout, on ne m'a pas questionné les volontés de mon épouse.
01:20Avant de me questionner moi, il fallait d'abord questionner aussi
01:22les volontés de mon épouse, et en fait, le médecin, lui,
01:25était resté dans une approche, en fait, d'une vie,
01:30d'un état post-relationnel au mieux, c'est ce qu'il voyait,
01:33et il s'est dit, ça c'est une vie qui ne mérite pas d'être vécue,
01:37et moi je sais, donc monsieur, je vais vous le dire,
01:40son projet de vie, c'est de mourir.
01:41– Et qu'est-ce que vous avez dit, votre femme,
01:45avant ce terrible accident, sur cette question ?
01:48– Mon épouse m'était très claire, elle faisait d'ailleurs des chroniques
01:51de bioéthique à la radio, une radio locale, RCM Vendée,
01:55et en fait, elle parlait tout simplement, elle disait très clairement,
02:00même deux heures avant son accident, elle tweetait contre l'euthanasie,
02:04parce que pour elle, toute vie vaut d'être vécue,
02:07et en fait, ce qu'elle ne supporte pas,
02:10et ce qu'elle ne supportait pas, c'est qu'on ne laisse pas une chance
02:12à quelqu'un de vivant, et en fait, en coupant l'alimentation,
02:17les médecins ne lui laissaient aucune chance de vivre.
02:19– Alors, Cédric Delinage, vous avez gardé espoir,
02:23et ça a fini par payer, vous vous êtes battu pour faire entendre
02:26la voix de votre femme, et 15 jours plus tard,
02:29vous arrivez à obtenir la reprise de son alimentation,
02:31comment son état a évolué après cela ?
02:34– Oui, j'ai obtenu la reprise de l'alimentation,
02:37et effectivement, après d'ailleurs l'arrêt de la ventilation,
02:41la ventilation, où en fait, elle a décidé de vivre,
02:44après l'arrêt de la ventilation, et donc j'ai demandé
02:46à ce qu'on reprenne l'alimentation, et après, en fait,
02:48enfin, on a pu arriver dans un dialogue normal
02:51entre soignants, malades et proches,
02:55et bien tout simplement pour une prise en charge
02:57qui était compliquée, on était toujours dans une logique
03:00de probable fin de vie, possible fin de vie,
03:03de possible, probable état possible relationnel,
03:07mais il a tout simplement fallu discuter dans une approche
03:11vraiment de soins palliatifs,
03:13pour se fier à la réalité, et l'accompagner à l'instant,
03:17et le 16 octobre 2014, c'est-à-dire pendant sept semaines,
03:21à peu moins de sept semaines après son accident,
03:22elle s'est réveillée de son handicap.
03:25– D'accord, donc vous avez…
03:26– Non, de son coma, pardon, elle s'est réveillée de son handicap,
03:27et depuis, effectivement, elle reste,
03:30elle a récupéré toute sa mémoire,
03:33elle a récupéré tout son caractère,
03:35je dis qu'on prie son mauvais caractère quand elle veut,
03:38l'amour, c'est tout ça.
03:41Voilà, mais elle est elle-même,
03:43elle est toujours la mère de famille,
03:45la maîtresse de maison, de la maison,
03:47effectivement, par contre, elle est dépendante en tout
03:49pour la vie quotidienne auprès des dents.
03:51– Sous-titrage Société Radio-Canada

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