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00:00Allez, il est l'heure de retrouver Alexandre Devecchio pour son édito. Bonjour Alexandre.
00:06Bonjour Lénaïg.
00:07Alors on va revenir sur cette déclaration du chef de l'État qui a donc annoncé que la France pourrait reconnaître un État palestinien dès le mois de juin.
00:15Mais que changerait, Alexandre, concrètement la reconnaissance d'un État palestinien justement ?
00:18En vérité, pas grand chose Lénaïg. Il s'agirait d'une reconnaissance juridique purement formelle.
00:23Près de 150 pays ont déjà franchi le pas sans attendre la France.
00:27Les derniers en date, l'Espagne, la Norvège, l'Irlande et la Slovénie.
00:31Pour autant, l'autorité palestinienne ne regroupe toujours pas les éléments constitutifs d'un État.
00:36S'il existe bien un peuple palestinien, celui-ci ne dispose toujours pas d'un véritable territoire, ni même d'une réelle puissance publique.
00:44Son territoire est divisé en deux, avec d'un côté la bande de Gaza ravagée par la guerre et toujours contrôlée en partie par le Hamas,
00:51et de l'autre, la Cisjordanie, morcelée par les implantations israéliennes et dirigée par Mahmoud Abbas,
00:57dont le mandat présidentiel a expiré en 2009 et qui est visé par des affaires de corruption.
01:02La France n'a malheureusement pas les leviers pour changer cette situation tragique.
01:06Une telle reconnaissance aurait donc surtout une portée symbolique.
01:09Il s'agirait d'envoyer un message fort aux pays arabes,
01:12mais dans le même temps, cela ne ferait qu'accroître les tensions avec Israël.
01:15Alors même que les relations sont déjà compliquées,
01:18notamment depuis qu'Emmanuel Macron a voulu imposer un embargo sur les livraisons d'armes à l'État hébreu,
01:24ou depuis qu'il a déclaré à l'adresse de Benyamin Netanyahou
01:26qu'on ne défend pas une civilisation en sement soi-même le chaos.
01:29Alexandre, est-ce qu'on peut dire qu'une telle décision s'inscrirait dans la filation de la politique
01:33menée à l'époque par le général de Gaulle ?
01:35Je parlerais plutôt d'une posture gaullienne.
01:37Si le général de Gaulle a mené une politique pro-arabe lorsqu'il était au pouvoir,
01:41rien ne dit qu'il en ferait de même aujourd'hui,
01:43car le contexte a changé de manière radicale.
01:46A l'époque où de Gaulle gouvernait, les nationalistes arabes dominaient la scène politique
01:50et le Hamas n'existait pas.
01:52Surtout la France n'avait pas été elle-même durement touchée par le terrorisme islamisme.
01:56Dans la configuration que nous connaissons,
01:58il est tout à fait possible que le général de Gaulle aurait révisé sa position.
02:02Et alors cette annonce d'Emmanuel Macron, Alexandre Escalier,
02:04est également une manière de faire de la politique intérieure ?
02:06Oui, marginalisée sur la scène politique intérieure depuis la dissolution,
02:10le président de la République multiplie les déclarations tapageuses sur la scène internationale
02:14pour tenter d'exister.
02:16On peut aussi voir dans cette proposition un geste en direction des musulmans de France
02:20que l'on sait pour la plupart attaché à la cause palestinienne.
02:24Reste que dans le contexte de l'après 7 octobre,
02:27le président de la République prend aussi le risque d'apparaître complaisant avec le terrorisme islamiste.
02:32Le Hamas s'est d'ailleurs immédiatement réjoui,
02:35obligeant Emmanuel Macron à clarifier sa position vendredi.
02:38Oui à la sécurité d'Israël,
02:40oui à un État palestinien sans le Hamas,
02:42a-t-il précisé sur X.
02:44Trop tard, le mal était fait.
02:46Macron a donné le point aux communautaristes
02:48et à l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon.
02:50Et c'était l'édito d'Alexandre Devecchio du Figaro.
02:53A demain Alexandre.
02:54Merci, à demain.