De retour d'un déplacement en Égypte, Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un État palestinien "en juin" à l'occasion d'une conférence qu'elle coprésidera avec l'Arabie saoudite à New York et qui doit aussi conduire à la reconnaissance d'Israël par un certain nombre de pays.
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00:00Emmanuel Macron a donc annoncé que la France pourrait reconnaître un État palestinien au mois de juin à l'occasion d'une conférence qu'elle co-présiderait avec l'Arabie saoudite aux Nations Unies à New York.
00:09Est-ce que c'est un changement de pied important ?
00:10Oui, alors on n'en est encore qu'à la déclaration d'intention et ce n'est pas tout à fait nouveau dans la bouche de Emmanuel Macron.
00:16En février 2024, le chef de l'État avait expliqué que la reconnaissance de l'État palestinien par la France n'était pas un tabou.
00:22Nous le devons aux Palestiniens dont les aspirations ont été trop longtemps piétinées, disait-il.
00:26Et puis en mai 2024, alors que l'Espagne, l'Irlande, la Norvège reconnaissaient l'État palestinien, Emmanuel Macron s'était dit de nouveau totalement prêt à faire la même chose.
00:35Mais qu'il ne pouvait pas agir, il ne pouvait pas s'agir d'une reconnaissance d'émotion, disait le chef de l'État.
00:40Elle devait selon lui arriver à un moment utile.
00:43Eh bien, il semble que nous y sommes.
00:44Et qu'est-ce qui a changé depuis un an ?
00:46Alors d'abord, c'était très compliqué pour ne pas dire impossible pour la France de le faire dans les suites immédiates des massacres terroristes du 7 octobre.
00:53Ça aurait été interprété comme une forme de récompense, de prime aux Hamas et aux terroristes.
00:59Mais aujourd'hui, le contexte a changé.
01:01Il y a eu évidemment la riposte militaire impitoyable d'Israël sur Gaza qui s'est traduite par la destruction totale de la bande de Gaza et des massacres de civils.
01:10Il y a l'équilibre des forces dans la région qui a changé aussi, avec l'affaiblissement du Hezbollah au Liban, la chute du régime Assad en Syrie.
01:15Il y a eu un cessez-le-feu, l'échec du cessez-le-feu, avec la reprise des opérations militaires de Tzal sur la bande de Gaza et une forme de fuite en avant du gouvernement Netanyahou.
01:24Et puis, il y a une volonté de la communauté internationale de sortir, de trouver une issue au conflit, pas forcément avec les mêmes objectifs.
01:30Il y a le plan Trump, vous savez, de verre de Gaza, une rivière, mais il y a aussi un plan arabe qui est en discussion.
01:35Du coup, la reconnaissance par la France d'un État palestinien serait une étape très importante qui marquerait un changement de pied de la part de Emmanuel Macron.
01:41Et concrètement, ça changerait quoi ?
01:42Alors, c'est surtout symbolique. Il y a près de 150 États qui reconnaissent la Palestine aujourd'hui, mais aucune grande puissance occidentale, aucun membre du G7 ne l'a fait.
01:50Donc, ça changerait quoi pour eux d'un point de vue diplomatique ? Ils ont déjà des missions diplomatiques, ils ont déjà un statut d'État observateur aux Nations Unies.
01:57Là, ça leur donnerait un droit de vote. Mais surtout, ça permettrait à la France de sortir d'une forme d'hypocrisie, parce que ça fait des années que la France nous répète qu'il faut une solution à deux États.
02:05Si on veut une solution à deux États, que ce ne soit pas seulement un slogan, il faut bien en reconnaître tous les deux.
02:09Mais attention, dans l'esprit du chef de l'État, la reconnaissance de l'État palestinien doit s'inscrire dans une dynamique collective, dit-il, c'est-à-dire un processus réciproque
02:16qui s'accompagne de la reconnaissance d'Israël par tous ceux qui ne le font pas, vous savez, notamment les pays arabes.
02:21Ça, c'est ce qu'on appelle les accords d'Abraham, qui ont vu le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan, le Maroc reconnaître Israël, mais pas encore l'Arabie saoudite.
02:28Et donc, en juin, ça pourrait être le cas.
02:29Dernière chose, ce n'est pas parce que vous reconnaissez un État qu'il se crée du jour au lendemain.
02:33Il n'y a aujourd'hui, hélas, aucune force politique palestinienne en mesure de mener à bien la création d'un État avec ses institutions, sa police, ses forces armées, ses frontières.
02:42Les frontières, évidemment, ça sera un des sujets le plus délicat.
02:45L'autorité palestinienne, elle est complètement disqualifiée en Cisjordanie par des scandales de corruption et elle n'a plus la légitimité politique pour le faire.
02:51Quant à la bande de Gaza, quel interlocuteur là-bas ?
02:54On ne va pas évidemment choisir le Hamas ni le djihad islamique.
02:57Donc, ça montre que c'est un inatape symbolique, mais qu'on n'y est pas.