Lundi 14 avril 2025, retrouvez Laurence Bedeau (associée, Elabe) et Paul Luu (Secrétaire exécutif, 4p1000) dans LE CHAMP DES POSSIBLES, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.
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00:00Ce podcast vous est présenté par Veolia.
00:16Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Le Champ des Possibles,
00:20un podcast hors série consacré aux défis de l'agriculture face à la transition écologique.
00:25Dans cette série, nous explorons comment le secteur agricole s'adapte,
00:28innove, se réinvente face aux enjeux climatiques.
00:32Et pour ce premier épisode, nous allons faire une analyse terrain détaillée.
00:36Où en est le secteur ? Quels sont les avancées ? Quels sont les freins ?
00:39Quel est le ressenti des agriculteurs ?
00:40Nous en discutons tout de suite avec mes invités.
00:44J'ai le plaisir d'être entouré de Laurence Bedot, qui est associée du cabinet Elab.
00:47Merci beaucoup d'être avec nous.
00:49Bonjour.
00:49Et Paul Lue, vous êtes secrétaire exécutif de l'initiative internationale 4 pour 1000.
00:55Merci d'être avec nous.
00:56Bonjour.
00:56Alors Laurence Bedot, je me tourne vers vous tout d'abord.
01:00Vous avez mené avec Veolia une étude approfondie pour évaluer la perception des agriculteurs
01:05face à la transition écologique intitulée « Agriculture et transition écologique,
01:09les exploitants face aux murs climatiques ».
01:12Est-ce que vous pouvez tout d'abord nous raconter le contexte de cette étude ?
01:16Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à vous pencher sur le sujet ?
01:19Le mouvement agricole qui a débuté à l'automne 2023 a remis à l'agenda public les difficultés de l'agriculture française.
01:28Mais le traitement qui en a été fait a produit une image, c'est la question qu'on se posait,
01:34mais on se disait peut-être un peu simpliste, d'une opposition, d'un conflit irréductible entre agriculture, d'une part, écologie, d'autre part.
01:43C'est ce qui a motivé cette démarche, d'interroger un échantillon qui soit représentatif du monde agricole dans toute sa diversité.
01:51Quand je parle de diversité, ce sont bien entendu des sujets de génération, mais aussi de régions d'exploitation,
01:57puisqu'on sait qu'en termes de conséquences du dérèglement climatique,
01:59toutes les régions ne vivent pas exactement les mêmes réalités, mais aussi en termes de filières.
02:05C'était très important pour nous d'avoir les petites et les grandes cultures, l'élevage, la viticulture, l'horticulture,
02:10qui là aussi ne sont pas soumis d'abord aux mêmes normes, mais pas soumis non plus aux mêmes contraintes liées à ce dérèglement climatique.
02:17Oui, c'est ça qui est important dans cette étude, c'est qu'elle embrasse vraiment toute la diversité des agriculteurs.
02:22Paul Lue, est-ce que, tout d'abord avant de parler de l'initiative 4 pour 1000,
02:26vous pouvez nous dire quel est le ressenti terrain que vous avez quand vous discutez avec les agriculteurs ?
02:32Est-ce que vous constatez une fragilisation de leurs exploitations face aux dérèglements climatiques ?
02:38Oui, et puis tout d'abord je voudrais vous remercier d'avoir fait cette enquête,
02:42parce que c'est vrai qu'elle apporte un éclairage un peu différent de tout ce qu'on peut voir à travers la presse,
02:48qu'elle soit régionale ou nationale, ou même internationale.
02:51Et ce qui est très intéressant, c'est de voir que dans notre société,
02:56les agriculteurs qui sont vraiment au premier rang de tout ce qui se passe au niveau des changements climatiques,
03:01sont conscients au même niveau que la société elle-même dans son ensemble,
03:06de ces changements climatiques auxquels ils font face,
03:08et sur la nécessité vraiment d'y répondre.
03:12Moi j'ai été vraiment frappé par ça,
03:14j'ai été frappé aussi dans l'étude,
03:16et puis aussi dans les sujets qu'on aborde avec des agriculteurs,
03:20c'est qu'en fait, ces agriculteurs,
03:22ils sont en détresse, on le sent bien,
03:27le fait que 80% d'entre eux soient incapables de se verser un salaire,
03:32soit de se verser un salaire à travers l'activité de tous les jours,
03:36et on ne parle pas de 35 heures,
03:37on parle d'un nombre d'heures très important,
03:41de se verser un salaire qui n'est pas suffisant pour vivre convenablement,
03:4480%, quelle est la profession qui peut supporter une chose pareille ?
03:49Donc là on sent vraiment de la détresse,
03:51et ce mur climatique, comme c'est mentionné dans l'étude,
03:55est vraiment en train d'arriver sur eux,
03:58en plus de tous les autres problèmes qu'ils rencontrent,
04:01et on pourra y revenir,
04:02mais la notion des prix, du juste prix,
04:04de l'impact sur la nature,
04:06qu'ils sont les premiers à déplorer,
04:08parce qu'eux, ils veulent vivre avec la nature,
04:10je crois qu'il faut vraiment qu'on les appuie
04:12et on entende tout ce qui est dit à travers notamment cette enquête.
04:16Oui, Laurence Bedeau,
04:17comment est-ce que vous voyez la chose
04:19à travers les chiffres de cette enquête ?
04:21Est-ce que aussi, concrètement,
04:24on voit que leurs exploitations sont fragilisées
04:27par le dérèglement climatique ?
04:29Oui, et elles le sont déjà,
04:30c'est-à-dire qu'on n'est même plus au stade du mur qui arrive,
04:33il est déjà là.
04:35Trois exploitants sur quatre, aujourd'hui,
04:37nous disent que leur exploitation est déjà fragilisée.
04:41Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
04:42Ça veut dire des récoltes qui sont détruites par la grêle,
04:46par les pluies torrentielles,
04:47des récoltes qui n'ont même pas lieu
04:49parce que la sécheresse a été telle
04:50qu'absolument rien n'a poussé.
04:53C'était hier exceptionnel,
04:55et on en parlait à cette époque,
04:58comme de phénomènes exceptionnels.
04:59Aujourd'hui, j'ai envie de dire,
05:00c'est monnaie courante.
05:02Et là encore, je reviens sur la diversité
05:03de ce monde agricole.
05:05Ces conséquences du dérèglement climatique,
05:07elles ne choisissent pas leurs victimes.
05:08Et aujourd'hui, que l'on parle des petites
05:11ou des grandes cultures,
05:12que l'on parle des éleveurs,
05:14que l'on parle de la viticulture,
05:15dans certaines régions particulièrement touchées,
05:18tous les exploitants de France
05:20sont face à ces difficultés.
05:22Et des difficultés qui aggravent,
05:24parce que poux ne vient pas du dérèglement climatique,
05:27qui aggravent la détresse dont on parlait à l'instant,
05:30qui est elle-même un frein
05:31pour faire la transition écologique.
05:32C'est ça, ça a des conséquences économiques directes.
05:35Absolument.
05:36Mais on est à un tel stade aujourd'hui,
05:38qu'on s'est totalement éloigné de ces débats
05:41qui étaient très liés à se demander
05:43si les agriculteurs étaient pour ou contre
05:45l'écologie, la transition écologique,
05:47l'agroécologie,
05:48quel que soit le terme qu'on a envie d'employer aujourd'hui.
05:51Vous avez aujourd'hui deux tiers des exploitants
05:53qui considèrent qu'adapter leur exploitation
05:56aux conditions climatiques qui changent
05:58est un enjeu vital.
06:00Je dis bien vital,
06:00c'est-à-dire que c'est un mot qu'ils utilisent eux-mêmes.
06:02On est donc en train de parler d'une menace existentielle.
06:05Ce n'est plus une question de croyance,
06:07d'adhésion aux conclusions du rapport du GIEC,
06:10d'opinion, qu'elle soit politique ou autre.
06:13Il s'agit bien d'une expérience et de métiers
06:14qui aujourd'hui, d'abord, sont indispensables
06:17à notre pays, à ses habitants,
06:20et de métiers qui sont mis en danger
06:21par le dérèglement climatique,
06:23que l'on croit ou non d'ailleurs aux origines humaines
06:25du dérèglement en question.
06:27Ce n'est en fait plus le débat,
06:29le dérèglement.
06:30Et là, les conséquences sont extrêmement lourdes,
06:33mais à tel point,
06:34c'est le dernier chiffre là que je citerai,
06:36mais vous avez presque sept exploitants sur dix
06:40qui pensent que la perte de rendement
06:43qui aujourd'hui est provoquée
06:44par le dérèglement climatique et les pollutions
06:46vont être plus importants
06:49que les investissements nécessaires
06:50pour faire la transition écologique dans l'agriculture.
06:53Donc, on voit que c'est des conséquences
06:55qui sont économiques,
06:57mais pourquoi est-ce que ça semble si difficile,
07:00justement, cette transition,
07:01si elle est vitale ?
07:03Alors, c'est là où je reviens
07:04à la question de la détresse.
07:06Elle est si difficile parce que
07:07pour faire cette transition,
07:09il faut effectivement,
07:10sur bon nombre de solutions
07:12qui existent aujourd'hui,
07:14pouvoir faire quelques investissements.
07:16Par définition, un investissement,
07:18ça demande un peu de temps
07:20pour obtenir un retour sur investissement
07:22et puis ça demande, de façon très concrète,
07:24la capacité d'investissement.
07:26De faire cet investissement.
07:26Et là, je vais reprendre ce chiffre
07:28de 80% des exploitants
07:30qui vivent difficilement et difficilement,
07:34on va dire, c'est un euphémisme,
07:36de leur exploitation.
07:38On a en 2024 35% d'entre eux
07:40qui ne se dégagent pas de salaire.
07:42Donc, on n'est même plus à se demander
07:43s'ils peuvent vivre dignement ou pas,
07:45ils survivent.
07:47Le fait de ne pas disposer
07:48disposer de cette possibilité d'investissement
07:52les prend en étau
07:54entre deux menaces existentielles.
07:57La menace économique,
07:58celle de la rentabilité,
08:00et la menace climatique,
08:02la menace également des pollutions.
08:05Vous avez aujourd'hui la plupart des agriculteurs
08:07qui nous expliquent en fait
08:09qu'ils ont une rentabilité
08:10qui est hors de leur contrôle.
08:12C'est aussi ça la grande difficulté.
08:15Hors de leur contrôle, ça veut dire quoi ?
08:16Ça veut dire qu'ils n'ont tout simplement pas la main,
08:18les marges de manœuvre,
08:20pour avoir un impact direct
08:21par les décisions qu'ils prennent,
08:23les choix qu'ils font pour leur exploitation,
08:25pour améliorer leur rentabilité.
08:28Parce qu'ils dépendent de la fluctuation
08:29des cours des matières premières,
08:31de l'importation de produits étrangers
08:33qui ne sont pas soumis
08:34au même cahier des charges sanitaire
08:36ou environnemental ou social,
08:39qu'ils dépendent du prix de vente
08:40qu'ils ne fixent pas eux-mêmes
08:42et qu'ils dépendent de la dépendance d'aide.
08:44Sur tous ces sujets, vous avez entre 2 tiers
08:46et 85% des agriculteurs
08:48qui nous disent aujourd'hui
08:50que leur rentabilité en dépend.
08:53C'est pour ça qu'on dit hors de contrôle
08:55et que la capacité d'investissement,
08:57du coup, elle n'existe pas.
08:59Et vous avez des agriculteurs
09:00qui nous disent aujourd'hui,
09:02encore une fois, dans toute leur diversité,
09:04être dans l'impasse.
09:06Ils identifient très spontanément
09:07les leviers d'action
09:08pour réduire l'impact environnemental
09:11de leur exploitation et l'adapter
09:13aux conséquences du dérèglement climatique.
09:16On parle évidemment de la question de l'eau,
09:18d'en réduire la consommation
09:20et de passer, par exemple,
09:21à la réutilisation des eaux usées.
09:23On parle de la qualité des sols, bien entendu,
09:26la question de la réduction des phyto
09:28et d'un substitut qui serait
09:29les fertilisants organiques.
09:31Mais vous avez en moyenne 2 tiers
09:32qui nous disent,
09:33je ne vois pas comment,
09:34d'un côté, réduire.
09:36C'est ça, faire cette transition.
09:37Et de l'autre, maintenir mon rendement
09:40quand il est déjà,
09:41je le redis pour 35% d'entre eux,
09:43insuffisant pour qu'ils se dégagent en salaire.
09:46Paulus, est-ce que vous constatez aussi
09:47de vos retours terrain ?
09:48Est-ce que vous constatez
09:50qu'il y a des exploitations
09:51qui arrivent à faire cette transition ?
09:54Si oui, comment ?
09:55Alors, on pourra venir sur les solutions.
09:57Effectivement,
09:59il y a les exploitations agricoles
10:00qui arrivent à conduire
10:01cette évolution.
10:04Des fois, je mets un R devant,
10:05Révolution agroécologique.
10:08Et en général,
10:09soit ils le font
10:10parce qu'ils sont conscients
10:11qu'il faut avancer
10:12et ils cherchent des solutions
10:14par eux-mêmes
10:15adaptées à leurs conditions
10:17agro-pédoclimatiques,
10:18soit ils vont chercher des conseils
10:20avec leur père la plupart du temps,
10:23bien plus souvent
10:23que des techniciens
10:24qui leur sont proposés
10:26par les pouvoirs publics
10:28ou par les privés.
10:29Et là, on pourra revenir là-dessus aussi,
10:30sur cet accompagnement technique
10:32de cette évolution,
10:33parce qu'il est extrêmement important.
10:37J'ai tendance à dire,
10:38en général,
10:38que la Révolution verte
10:41qui a conduit
10:41à l'agriculture conventionnelle
10:43telle qu'on la connaît aujourd'hui
10:45à 90-95%,
10:46elle est liée
10:48à des connaissances scientifiques,
10:52plus à d'autres raisons
10:53un peu moins glorieuses,
10:55qui ont notamment
10:56l'utilisation des produits
10:57phytosanitaires
10:58qui est dérivé,
10:58on le sait,
10:59des produits qui étaient utilisés
11:00pendant la guerre.
11:00On en parle beaucoup en ce moment,
11:01et c'est tout à fait d'actualité.
11:03On a retrouvé un usage
11:04pour ces produits.
11:06Et en fait,
11:07tout ceci a défini
11:08ce que j'appelle
11:08un livre de recettes
11:09à une page.
11:11C'est-à-dire qu'on a
11:12une solution
11:13qui satisfait quasiment
11:14à tous les besoins.
11:15On a un problème de sol,
11:17on va mettre des engrais minéraux,
11:19on a des semences améliorées,
11:21on a de la mécanisation,
11:22on a des produits phytosanitaires
11:24lorsqu'on veut parler
11:24de santé des végétaux.
11:26C'est un terme
11:27que je n'aime pas beaucoup,
11:28mais en fait,
11:29on l'utilise beaucoup.
11:29Et globalement,
11:31on a des packages
11:32qui s'adressent
11:33à tel ou tel agriculteur,
11:35quelle que soit la production.
11:36Aujourd'hui,
11:37on se trouve
11:38dans une situation
11:38un peu différente.
11:39On s'aperçoit que,
11:40ce faisant,
11:41l'agriculture conventionnelle,
11:43qu'on a bon ton de critiquer,
11:45mais il ne faut pas oublier
11:46qu'elle a conduit
11:46à une production alimentaire
11:49suffisante pour nourrir.
11:51Je ne fais pas attention
11:53des 800 millions de personnes
11:54qui ont du mal
11:54à se nourrir dans le monde,
11:55je ne les oublie pas.
11:56Mais globalement,
11:57par rapport à 8 milliards
11:59d'êtres humains
11:59sur la planète,
12:00on a réussi à peu près
12:01à nourrir ces êtres humains.
12:03Maintenant,
12:03on s'aperçoit que,
12:04comme on dit
12:05dans le jargon technocratique,
12:06il y a des externalités négatives.
12:08Il faut éliminer
12:09ces externalités négatives
12:10ou les mauvais côtés.
12:12Et la seule chose
12:13qu'on peut faire,
12:14c'est changer la façon
12:15dont on fait de l'agriculture.
12:17Donc,
12:18il faut faire une évolution.
12:20Et pour cela,
12:21il faut qu'on retourne
12:22à quelque chose
12:22de beaucoup plus adapté,
12:23localement,
12:25aux conditions du terrain.
12:27Et pour ce faire,
12:28si on veut vraiment
12:28changer les choses
12:29en profondeur,
12:30il faut travailler
12:31avec des gens
12:32qui vont connaître
12:33l'agriculteur,
12:34qui vont travailler avec lui.
12:36Et c'est pour cela
12:36que les agriculteurs
12:37eux-mêmes se connaissent bien
12:38et ils savent
12:38vers quoi ils peuvent aller
12:39ou ce vers quoi
12:40ils ne peuvent pas aller.
12:41Donc,
12:42on change de modèle
12:43et dans ce cas,
12:45on a besoin
12:46d'un livre de recettes
12:46à 1000 pages
12:47et pas à une page.
12:49Et le problème,
12:49il est là.
12:49C'est comment on passe
12:50de l'un à l'autre ?
12:51Qui le fournit ?
12:52Aujourd'hui,
12:52la science,
12:53je ne dis pas
12:53qu'elle est démunie,
12:54elle a des outils,
12:55il y a des innovations,
12:56on en reparlera,
12:57mais elle a besoin
12:59de se reposer un moment
13:01et de revenir
13:01à des fondamentaux.
13:04Un des points fondamentaux
13:05sur lesquels
13:07il faut insister,
13:07les points fondamentaux
13:08pendant la chère,
13:09si on perd mon français,
13:10c'est qu'en fait,
13:11on a oublié
13:12que tout partait
13:13en agriculture
13:14du sol.
13:16Si on veut arriver
13:17à faire des végétaux
13:19en utilisant
13:20le magnifique mécanisme
13:21de la photosynthèse
13:22qui consiste
13:23à capter du CO2,
13:24donc du carbone
13:25de l'atmosphère,
13:26là où il y en a trop
13:27maintenant,
13:27pour le mettre
13:28dans les plantes
13:29et dans le sol,
13:31eh bien,
13:32il faut avoir
13:32des sols vivants.
13:34Or,
13:34pendant trop longtemps,
13:35on a considéré
13:36nos sols
13:37comme des substrats inertes
13:38sur lesquels
13:39il suffisait de mettre
13:40des engrais minéraux
13:41et de l'eau
13:42et que tout allait pousser.
13:44Bon,
13:44maintenant,
13:44on s'aperçoit
13:45que ce n'est plus vrai.
13:46Et on a atteint,
13:47donc on a atteint
13:47depuis des années,
13:48un palier
13:49au niveau des rendements
13:50qui,
13:52si tout était resté constant
13:53à l'extérieur,
13:54j'allais dire,
13:55d'une exploitation,
13:56eh bien,
13:56on serait sur ce palier
13:57et on y resterait.
13:58Sauf que,
13:59comme on l'a dit
14:00précédemment,
14:01le contexte global,
14:03notamment de changement
14:04climatique,
14:04a fait que,
14:05eh bien,
14:05on n'est plus
14:06en conditions stables.
14:08Et ce qui était
14:08effectivement l'exception
14:10auparavant
14:11devient aujourd'hui
14:11la norme,
14:12avant,
14:12on disait bon an,
14:13mal an.
14:14Bon,
14:15aujourd'hui,
14:15ce n'est pas bon an,
14:16mal an,
14:16c'est mal an,
14:17mal an.
14:18Chaque année est mauvaise
14:19et c'est de pire en pire
14:20d'après certaines filières.
14:22Donc,
14:22voilà,
14:23c'est sur ce sol
14:23qu'il faut travailler
14:24et lorsque vous le souhaiterez,
14:26je pourrai développer
14:27ce qu'est l'initiative
14:284 pour 1000
14:28par rapport à ça.
14:29Oui,
14:29voilà,
14:29on va juste après
14:31passer vraiment
14:31à toutes ces solutions
14:32qui existent
14:32parce qu'il en existe
14:33des solutions.
14:34Mais pour terminer
14:35sur les freins,
14:36c'est vrai qu'on parle
14:36souvent aussi
14:37des normes
14:42qu'est-ce qui leur sort
14:44du sondage ?
14:46C'est vrai qu'on entend
14:46souvent que les agriculteurs
14:48pourraient être
14:48contre ces normes
14:49mais comme vous l'avez dit
14:51tout à l'heure,
14:52il y a des réductions,
14:53c'est assez rédicteur
14:54le langage,
14:55le discours qu'on entend.
14:57Qu'est-ce qu'ils en disent
14:57dans cette étude ?
14:59Au risque de vous surprendre,
15:03vous avez aujourd'hui
15:0475% des agriculteurs
15:05qui trouvent que les normes
15:07elles sont bien utiles
15:08parce que les normes,
15:10si on revient à la base,
15:11elles sont faites
15:12initialement
15:13pour protéger
15:14le consommateur,
15:16protéger
15:17le milieu naturel
15:18qui est
15:19une matière vivante
15:21dont ils dépendent.
15:23Donc,
15:23il n'y a pas d'indifférence
15:25ou bien loin de là.
15:27Mais aussi pour protéger
15:28l'agriculteur
15:28lui-même.
15:30Donc,
15:30le principe
15:31en tant que tel
15:32de la norme
15:33n'est absolument pas
15:34décrié
15:35par l'agriculteur,
15:36bien au contraire.
15:37Là où les choses
15:38se compliquent
15:39considérablement,
15:40c'est qu'on considère
15:41si la norme
15:41est adaptée.
15:43Alors,
15:43adaptée à plusieurs choses,
15:45mais la première,
15:45c'est à la réalité du métier,
15:47au concret,
15:47à la vraie vie,
15:48en fait,
15:48d'un agriculteur.
15:50Et là,
15:51effectivement,
15:52vous retrouvez
15:52deux tiers des agriculteurs
15:53qui estiment
15:54qu'elles ne le sont pas
15:55adaptées.
15:56Pourquoi ?
15:57Parce qu'elles se contredisent
15:58entre elles
15:58que deux normes
15:59peuvent vous contraindre
16:01à faire des choses
16:02qui sont interdites
16:03par l'autre norme.
16:04ça complique
16:05forcément
16:06les choses.
16:07Mais aussi
16:08parce que
16:08beaucoup nous le disent,
16:10ils ont le sentiment
16:11quand ils doivent
16:11la traduire
16:13en acte,
16:14en décision
16:15ou en interdit
16:16parfois,
16:17ils ont ce sentiment
16:18que c'est une écologie
16:19administrative,
16:21illogique
16:21et parfois
16:22idéologique.
16:23Ce ne sont pas mes mots,
16:24ce sont les mots
16:26des agriculteurs.
16:28C'est comme si,
16:29nous disent-ils,
16:30ces normes
16:30avaient été pensées
16:31par des personnes
16:33qui n'avaient jamais
16:34absolument
16:34justement
16:35foulé cette terre
16:36qui aujourd'hui
16:37produit
16:38ce dont nous nous nourrissons.
16:40C'est là
16:40qu'effectivement
16:42il y a une opposition
16:43forte
16:44mais j'insiste encore une fois,
16:45ce n'est pas
16:46contre le principe
16:48de la norme,
16:49c'est contre les normes
16:50telles
16:50qu'elles sont
16:51aujourd'hui pensées
16:52et en partie
16:53inadaptées
16:54à la réalité du métier
16:56et nous distillent
16:56même bien souvent
16:57du climat.
16:58C'est ça,
16:59parce que parfois
16:59elles peuvent être
17:00inadaptées
17:01et ne permettent pas
17:02l'application
17:03de certaines solutions
17:04dont on dispose.
17:07Est-ce que justement
17:08vous pouvez nous donner
17:08un peu plus de détails
17:09sur la solution
17:104 pour 1000
17:11qui pourrait sembler
17:12être un bel axe
17:13de travail ?
17:15Alors,
17:15la solution,
17:16est-ce que c'est la solution ?
17:17Disons que c'est une partie
17:18de la solution.
17:19Je voudrais revenir
17:19sur cette histoire
17:20de normes aussi,
17:21deux minutes aussi.
17:23Premièrement,
17:24il y a effectivement
17:25l'inadaptation des normes.
17:27Deuxièmement,
17:27il y a le nombre
17:27de normes.
17:29Parce qu'elles peuvent
17:30se contenir
17:30parce qu'il n'y en avait
17:30pas trop,
17:31on pourrait s'en sortir.
17:33Troisièmement,
17:34il y a le fait
17:34que lorsqu'on joue
17:35à un jeu,
17:37tout le monde
17:37joue et respecte
17:38les règles du jeu.
17:39Or,
17:39aujourd'hui,
17:40on demande
17:40à nos agriculteurs
17:41européens,
17:43et même encore plus
17:44français,
17:44parce qu'en général,
17:45la France
17:45surjoue
17:47la partition européenne
17:49de ce côté-là,
17:50on leur demande
17:51de respecter
17:51des normes,
17:52mais ils sont
17:54en compétition
17:54avec des gens
17:55qui ne les respectent pas
17:56parce qu'ils n'ont pas
17:56les mêmes normes.
17:58Donc,
17:58du coup,
17:59eux trouvent ça
18:00fondamentalement injuste
18:01et on peut les comprendre.
18:02Si tout le monde
18:03jouait
18:03avec les mêmes règles,
18:05il n'y aurait pas de souci.
18:07On pourrait
18:07très bien vivre
18:08et à ce moment-là,
18:09il y aurait une vraie concurrence.
18:11Au-delà de cette question
18:12de normes
18:13qui,
18:13effectivement,
18:13a focalisé
18:15un peu
18:15les ressentis,
18:18l'énergie,
18:18la protestation
18:19globale
18:20du monde agricole,
18:21et pas seulement,
18:22d'ailleurs,
18:22je pense que
18:23les concitoyens sont d'accord
18:24avec cette idée
18:25qu'il y a trop de normes
18:26de toute façon en France.
18:27On en vient maintenant
18:28à ce qui est proposé
18:29par l'initiative 4 pour 1000.
18:31En fait,
18:32le nom est un petit peu curieux.
18:34Pourquoi 4 pour 1000 ?
18:35Je dis souvent
18:36que ça fait penser
18:36à un produit laitier
18:38à taux réduit
18:42de matière grasse.
18:43Ce n'est pas seulement ça.
18:44Non,
18:45c'est plus sérieusement,
18:46c'est un calcul
18:47qui est un calcul scientifique
18:48qui partait du fait
18:50que dans l'atmosphère,
18:52il y avait
18:52deux à trois fois moins
18:54de carbone
18:55que dans les sols.
18:56Heureusement,
18:57parce que sinon,
18:57on ne serait plus là
18:57pour le dire.
18:59Et les scientifiques
19:00ont dit,
19:01étant donné qu'on relâche
19:03dans l'atmosphère
19:04due aux activités humaines
19:05chaque année
19:05des quantités
19:06non négligeables
19:07de carbone,
19:08en général,
19:09on parle de 4 à 5 gigatonnes
19:11de carbone
19:11chaque année,
19:13par quelle quantité
19:14faudrait-il augmenter
19:15les quantités
19:16de carbone
19:16dans le sol
19:17pour pouvoir compenser,
19:20théoriquement,
19:20c'est vraiment un calcul
19:21très théorique,
19:22tout ce qu'on a relargué
19:23la même année
19:24dans l'atmosphère.
19:25Et là,
19:25le calcul conduit
19:26à 0,4%,
19:28qui correspond
19:29à 4 pour 1000.
19:30C'est-à-dire que
19:31si on arrivait
19:32à augmenter
19:32chaque année
19:33de 0,4%
19:35la quantité
19:35de carbone
19:36dans les sols
19:37de la planète,
19:39on compenserait,
19:40théoriquement,
19:41le flux net
19:42de ce qu'on relâche
19:43dans l'atmosphère.
19:44D'où l'idée
19:45de dire,
19:46si,
19:46finalement,
19:47on utilisait mieux
19:48nos sols
19:49pour stocker
19:51ce carbone
19:51en équivalent
19:53de ce qu'on a
19:54relargué
19:55dans l'atmosphère,
19:55eh bien,
19:56on aurait moins
19:57d'influence
19:57sur le climat.
19:59Idéalement,
19:59on n'en aurait plus,
20:00mais sauf que
20:00ça ne s'est pas stabilisé.
20:01Malheureusement,
20:02ça continue.
20:02La machine s'est
20:03un petit peu emballée.
20:04Donc,
20:05qu'est-ce qui est proposé
20:06par le 4 pour 1000 ?
20:07Concrètement,
20:08c'est de promouvoir
20:09la séquestration
20:10du carbone
20:10dans les sols
20:11par des pratiques
20:11agricoles appropriées
20:12pour lutter
20:14contre le changement
20:14climatique
20:15et également
20:16améliorer
20:18la production
20:19pour avoir
20:20une meilleure
20:20sécurité alimentaire.
20:21Sécurité dans le sens
20:22d'avoir assez à manger.
20:23Parce que stocker
20:24le carbone
20:24dans les sols,
20:25c'est quelque chose
20:26de bénéfique
20:27pour l'agriculture.
20:28Alors,
20:28ça serait gagnant-gagnant
20:30comme disent
20:30nos amis anglo-saxons
20:31puisqu'en fait,
20:32on sait que
20:33quand on augmente
20:33les quantités de carbone
20:34dans le sol
20:34à travers la matière
20:35organique,
20:36on va avoir des sols
20:37qui seront plus fertiles,
20:39on va avoir des sols
20:40qui auront une meilleure
20:41structure
20:41et quand on est
20:42meilleure structure,
20:43ça va leur permettre
20:44notamment de résister
20:45à l'érosion,
20:46éolienne,
20:48hydrique,
20:48ça va leur permettre
20:49aussi de jouer
20:50le rôle un peu
20:51d'éponge
20:52et de faire en sorte
20:52qu'ils vont pouvoir
20:53stocker de l'eau
20:54lorsqu'il pleut beaucoup
20:55pour la rendre disponible
20:57aux végétaux
20:58lorsqu'elle en a besoin
20:59en condition
21:00de stress hydrique.
21:01Et finalement,
21:02on s'aperçoit
21:02que toutes ces conditions-là
21:03pourraient aider
21:05grandement
21:06les agriculteurs
21:06à s'adapter
21:08au changement climatique
21:09qui,
21:09c'est un constat,
21:10a déjà commencé
21:11donc finalement,
21:15on fait d'une pierre
21:16plusieurs coups
21:17et du coup,
21:18on va pouvoir
21:19avoir des sols
21:20plus résilients,
21:21avoir une agriculture
21:22plus résiliente,
21:24augmenter la santé
21:25des sols
21:25et pas la qualité,
21:26la qualité,
21:27elle est intrinsèque
21:27au sol,
21:28mais on va augmenter
21:29sa santé
21:29qui va permettre
21:30donc à l'agriculteur
21:31de mieux vivre
21:32de sa production.
21:34Finalement,
21:34tout le monde
21:34serait gagnant
21:35dans cette histoire.
21:35Et vous avez aussi
21:37écrit le livre
21:38« Les agriculteurs
21:39ont la terre
21:39entre leurs mains »
21:40édition La Butineuse
21:41et donc dans ce livre,
21:42vous affirmez
21:43que l'agriculture
21:43fait partie de la solution.
21:44Est-ce que ça fait partie
21:45de ces exemples
21:47ou comment ça se traduit
21:48concrètement
21:49sur le terrain ?
21:50L'aspect de l'agriculture
21:51fait partie de la solution ?
21:53Alors ça,
21:53c'est une grande découverte
21:56et promotion
21:57de l'initiative 4 pour 1000.
21:58Il y a 10 ans,
21:59lorsque l'initiative est née,
22:02quand on parlait
22:02d'agriculture,
22:03on disait que l'agriculture
22:04c'est la cause
22:05du changement climatique
22:06entre autres
22:06parce que l'agriculture
22:07c'est 25%
22:08des émissions de gaz
22:09à effet de serre.
22:10Et il y a des secteurs
22:11qui n'émettent
22:12que du CO2,
22:13mais l'agriculture
22:14émet du CO2,
22:15du méthane
22:16avec les animaux,
22:17avec le riz.
22:17On oublie souvent
22:18que le riz
22:18produit du méthane.
22:21Donc quand on dit
22:21arrêtez de manger
22:22de la viande,
22:23ce n'est pas une bonne solution.
22:24On peut manger
22:24un petit peu moins
22:25de viande, certes,
22:26mais il faudrait
22:26arrêter de manger du riz.
22:27On ne va pas demander
22:27à nos amis asiatiques
22:28d'arrêter de manger du riz.
22:29Soyez raisonnables.
22:31Et puis il y a aussi
22:32le N2O,
22:33le protoxyde d'azote
22:33qui est dû aux engrais
22:34azotés.
22:37Donc trois formes
22:39finalement de gaz
22:40à effet de serre
22:40produites par la seule
22:41agriculture.
22:4225%,
22:43un quart des émissions totales.
22:44Donc ça,
22:45c'est la partie du problème.
22:47Mais si vous prenez
22:48ce que propose
22:49le 4 pour 1000
22:49et que vous arrivez
22:50chaque année
22:51à stocker
22:52que ce que vous en émettez
22:53dans l'atmosphère,
22:54déjà, vous pourriez stabiliser.
22:56Mais si vous allez plus loin,
22:57vous allez pouvoir
22:58recapturer du carbone
22:59que vous avez largué
23:00dans l'atmosphère.
23:01Et donc vous allez peut-être
23:02atténuer le changement climatique.
23:05Donc là,
23:05il n'est plus seulement question
23:06de s'adapter
23:07au changement climatique,
23:08mais de limiter
23:09ses effets
23:10dans le temps.
23:11Et comme on a tous besoin
23:12de manger au moins
23:13deux fois par jour,
23:15ça permettrait
23:16de remplir
23:17des objectifs
23:18de production
23:19et de remplir
23:20des objectifs
23:21environnementaux.
23:22Et ça,
23:23l'agriculture
23:23est le seul secteur
23:24agricole,
23:25le seul secteur
23:27économique
23:27à pouvoir le faire.
23:28On ne peut pas demander
23:29aux autres secteurs
23:30de faire ça.
23:31Et comment est-ce
23:31qu'on pourrait mieux
23:32accompagner dans cette...
23:34Alors ça,
23:34c'est la vraie question
23:36parce que je vous l'ai dit
23:36tout à l'heure,
23:38on est sur un livre
23:38de recettes
23:39à 1000 pages,
23:40c'est-à-dire qu'il faut
23:40des techniciens
23:41qui soient suffisamment souples,
23:43qui connaissent suffisamment
23:44bien les milieux.
23:46Alors,
23:46je fais confiance aux techniciens,
23:48ils les connaissent
23:49les milieux.
23:49Le tout,
23:50c'est trouver
23:50les nouvelles techniques
23:51qui vont permettre
23:52d'aller dans la bonne direction.
23:54Et là,
23:54on parle d'agroécologie
23:55et ce n'est pas un gros mot,
23:58mais l'agroécologie,
23:59c'est quoi ?
23:59C'est simplement
24:00utiliser la façon
24:01dont fonctionnent
24:03les milieux naturels,
24:04l'écologie,
24:05pour redesigner,
24:07si je peux m'exprimer ainsi,
24:09nos agro-systèmes.
24:10Faire en sorte
24:11qu'on ait la connaissance
24:13de la façon
24:13dont fonctionnent la nature
24:14pour pratiquer
24:17les mêmes choses
24:17au niveau de l'agriculture.
24:19Et avec ça,
24:20on peut faire
24:20des choses extraordinaires.
24:22On parle d'agriculture
24:23de conservation des sols
24:24qui simplement,
24:25en ne laissant jamais
24:26les sols nus,
24:27en ne pratiquant plus
24:29le labour
24:29ou vraiment très faiblement,
24:31et en pratiquant
24:33des rotations culturelles
24:34sur plusieurs années,
24:35ce qu'on a un petit peu
24:36oublié dans certaines régions,
24:38eh bien,
24:38avec la conjonction
24:39de ces trois pratiques,
24:40on peut arriver
24:41à régénérer les sols.
24:43Et pour autant,
24:44ces agriculteurs-là
24:44peuvent utiliser
24:45des engrais minéraux
24:46pour rebooster leur biomasse
24:47s'ils en ont besoin.
24:48Ils peuvent utiliser
24:49du glyphosate
24:50s'ils en ont besoin
24:50pour détruire
24:51leurs couverts végétaux
24:52sans que ça ne pollue
24:54le milieu qui se trouve
24:56en dessous.
24:57Et il y a des preuves
24:58scientifiques qui montrent
24:59qu'on a plus de vie
25:02dans des sols menés
25:04à l'agriculture de conservation
25:05que dans certains sols
25:07menés à l'agriculture biologique,
25:08ce qui est quand même étonnant.
25:10Moi, je ne fais que constater,
25:11je ne suis pas là pour juger.
25:13Donc, ce sont des pistes
25:14extrêmement encourageantes
25:15pour l'avenir.
25:16Laurence Bedeau,
25:17est-ce que les agriculteurs
25:18ont conscience
25:19qu'ils sont acteurs,
25:20qu'ils peuvent être acteurs
25:21de ce changement ?
25:22Comment est-ce qu'ils voient
25:22leur propre métier
25:24eux-mêmes ?
25:26Je pense qu'au-delà
25:27de la conscience,
25:28effectivement,
25:29qu'ils peuvent être acteurs
25:30de ce changement,
25:31ils ressentent
25:31la nécessité de l'être.
25:34Parce que c'est
25:34leur outil de travail,
25:37de travail qui est
25:38d'un métier passion,
25:39on ne devient pas agriculteur
25:40totalement par hasard,
25:42qui est en train de disparaître
25:43ou de s'appauvrir.
25:46Mais je voudrais revenir
25:47un instant sur la question
25:49des freins.
25:50Parce qu'on a beaucoup
25:51parlé des normes,
25:51on a parlé aussi
25:52de la capacité d'investissement
25:54qui n'était pas toujours disponible.
25:56Mais je crois qu'il y a aussi
25:57un sujet qu'il ne faut pas
25:59sous-estimer
25:59et qui pourrait peut-être
26:01être celui le plus simple
26:02à régler face à la complexité
26:04des difficultés
26:06qui se présentent.
26:06C'est une sorte de malentendu
26:09aussi entre les agriculteurs
26:10et leurs consommateurs finaux,
26:12vous, moi.
26:14Il y a la crainte
26:15en adoptant un certain nombre
26:16de solutions,
26:17comme par exemple
26:18les fertilisants organiques
26:19ou la réutilisation
26:20des eaux usées,
26:21notamment pour ceux
26:22qui dépendent beaucoup
26:23de l'irrigation,
26:25que le consommateur
26:26rejette les produits
26:28qui auraient été cultivés
26:29avec des fertilisants organiques
26:31ou des eaux usées
26:32traitées,
26:33par crainte de cet effet
26:34Burke.
26:35Il a été très documenté,
26:36mais il n'y a pas besoin
26:37d'être scientifique
26:38pour comprendre
26:38à quoi on fait allusion.
26:40Or, je pense que c'est important
26:42que consommateurs
26:43et agriculteurs
26:44puissent vraiment dialoguer
26:46sur ce sujet
26:47parce que cet effet Burke,
26:48il a quasiment disparu
26:49aujourd'hui.
26:50Pourquoi ?
26:51Parce que,
26:51Paul le disait en introduction,
26:53les agriculteurs
26:54comme les Français
26:56sont face au mur.
26:57Les Français font
26:58l'expérience du manque d'eau
26:59et pas seulement l'été
27:00aujourd'hui.
27:01Et le manque d'eau,
27:02on parle beaucoup
27:02des conflits d'usages,
27:03mais très concrètement,
27:05c'est aujourd'hui
27:06le risque aussi
27:08de perdre son emploi
27:09quand il dépend de l'eau.
27:10C'est le risque
27:11de devoir renoncer
27:12à une façon de vivre
27:14là où on a grandi.
27:15Donc, les conséquences,
27:16elles sont absolument
27:17colossales.
27:19Et cette compréhension,
27:20cette expérience
27:21des conséquences
27:23a fait bouger les lignes.
27:25Donc, il n'y a plus
27:26d'effet Burke
27:27sur l'idée
27:28de manger un fruit
27:29ou manger un légume
27:31qui aurait été cultivé
27:32avec des eaux usées
27:33traitées, par exemple,
27:35ou qui seraient issues
27:35d'une terre
27:36dans lesquelles
27:36on aurait mis
27:36des fertilisants organiques.
27:38Et c'est essentiel
27:38parce qu'il y a déjà
27:40tellement de difficultés
27:41objectives à lever
27:42que craindre
27:44que le consommateur
27:46n'achète pas
27:47au final
27:47pour des raisons
27:48comme celle-ci
27:49alors qu'elles ont disparu,
27:50c'est quand même dommage.
27:51Tout à fait.
27:52Bien, merci beaucoup
27:53Laurence Bedeau.
27:54Je rappelle que vous êtes
27:54associée du cabinet
27:55Elab.
27:56Merci Paul Lu,
27:57secrétaire exécutif
27:58de l'initiative internationale
27:594 pour 1000.
28:00Merci beaucoup
28:01d'avoir été là
28:01pour ce premier épisode
28:03du Chant des possibles.
28:04Et merci à vous
28:05tous et toutes
28:05de nous avoir suivis.
28:06Ce podcast vous a été présenté
28:09par Veolia.