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00:00On part à Fort-de-France, en Martinique, où Cyril Boutier, le directeur éditorial,
00:04a une question à vous poser, Cyril.
00:07Bonjour Jean-Marc Ayrault.
00:09Vous êtes également le président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.
00:13À Paris, un mémorial a été annoncé par le président de la République il y a plusieurs années.
00:17Le projet a plusieurs fois été repoussé.
00:20Il est aujourd'hui annoncé pour 2026.
00:22Avez-vous davantage d'informations sur la mise en place de ce lieu de mémoire ?
00:28Un site a été trouvé en accord avec la ville de Paris et l'État, et ça c'est une bonne chose.
00:32Il y a eu des attermoiements, c'est assez regrettable.
00:36Le ministère de la Culture a failli se retirer.
00:38Donc les choses ont été remises dans les bons rails, parce qu'il y a une impatience.
00:43La France doit se doter d'un mémorial, la mémoire des victimes de l'esclavage.
00:48Et ce n'est pas normal que nous n'en ayons pas.
00:51Il y en a un à Nantes, que j'ai réalisé, mais c'est à Paris, à la capitale, qu'il doit y en exister un autre.
00:57En Guadeloupe, il y a le mémorial Act, qui avait été lancé par Victor Aurel, qui est une très belle réalisation.
01:03Mais la capitale doit se doter de ce monument, de ce lieu de recueillement et de rassemblement.
01:08Plus généralement, cette fondation pour la mémoire de l'esclavage vous prend beaucoup de votre temps.
01:12Vous vous y êtes très engagé.
01:13Je suis très engagé.
01:15Pourquoi est-ce que j'ai été sollicité pour présider cette fondation ?
01:17Il y a un anniversaire qui arrive.
01:18Je vais vous en dire un mot un instant.
01:19Dans un instant, j'ai été sollicité en raison du travail de mémoire qui a été fait à Nantes.
01:25Que Nantes avait regardé ailleurs.
01:28Elle n'avait pas voulu regarder son passé en face de port négrier, de port du commerce triangulaire, d'enrichissement de la ville avec le trafic des esclaves.
01:36Il aurait pu être fait à Bordeaux aussi.
01:37Bordeaux l'a fait plus tard, mais Nantes a été précurseur.
01:40Et ce travail, ça s'est traduit par la réalisation du musée d'histoire de Nantes, par le mémorial dont je viens de vous parler.
01:44Et puis beaucoup d'autres initiatives, beaucoup de travail avec les écoles, les collèges, les lycées, du travail de recherche, des expositions.
01:52Et qui a donné d'ailleurs à Nantes un rayonnement international, non seulement dans les Caraïbes et dans l'océan Indien, mais aussi en Afrique, aux États-Unis et en Amérique en général.
02:00Donc ça, c'est une bonne chose.
02:02Donc cette fondation, pour la mémoire de l'esclavage, a organisé un rendez-vous la semaine prochaine.
02:06C'est très important.
02:07C'est le 17 avril, aux archives nationales à Pierrefitte, où nous allons rappeler qu'il y a 200 ans, le roi Charles X avait signé une ordonnance pour imposer une dette à Haïti pour le prix de son indépendance.
02:24C'était plus qu'une taxe.
02:25Car ce pauvre pays et ces paysans qui ont payé cette dette jusque dans les années 1950 n'avaient pas les moyens de rembourser la dette.
02:31Donc pour rembourser cette dette, ils ont emprunté à des banques françaises.
02:35Donc jusque dans les années 1950, ce petit pays, ce pauvre pays qui avait conquis son indépendance et vaincu l'esclavage, eh bien on lui a fait payer cette dette.
02:43Donc moi, j'attends que le 17 avril, la semaine prochaine, qu'il y ait une parole officielle de la France et du président de la République pour reconnaître cette responsabilité et réparer une injustice, qui est aussi une injustice mémorielle.
02:55C'est très important, quand on s'inscrit dans l'avenir, de regarder son passé pour mieux comprendre.
03:01C'est ce qui manque au débat actuel ?
03:04Oui, parce qu'un peuple qui n'a pas de mémoire est un pays faible.
03:09Parce qu'un jour ou l'autre, de toute façon, ce qui a été occulté, ce qui a été enfoui revient.
03:14Et quand ça revient, ça peut revenir par la mauvaise porte ou par la mauvaise fenêtre.
03:17Et s'agissant de la mémoire de l'esclavage, la mémoire de la colonisation et de ses souffrances, on le voit dans la relation avec l'Algérie,
03:24quand on ne fait pas le travail de mémoire.
03:26Un jour, c'est par la voie communautariste, par la voie identitaire que les choses reviennent.
03:30Alors que l'enjeu, c'est quoi ? C'est la cohésion d'une nation.
03:34C'est sa force collective.
03:35Et ça passe par une vérité et ça passe aussi par la justice, y compris dans la relation avec les anciennes colonies.
03:41Le pays colonisateur a là une vraie responsabilité.
03:44Et je pense que dans notre relation avec nos anciennes colonies, ça joue un rôle.
03:47Est-ce que vous avez un levier avec cette fondation pour agir, par exemple, du quartier La Négresse, par exemple, à Biarritz,
03:55que finalement, il n'est plus question de débaptiser ?
03:58Est-ce que, par exemple, la fondation peut intervenir devant des tribunaux, peut se porter partie civile ?
04:04Comment ça se passe concrètement, en dehors d'organiser un anniversaire, très légitimement ?
04:09Ce n'est pas qu'un anniversaire.
04:10On a produit une note officielle de la fondation sur cette histoire, qui est quand même une histoire méconnue.
04:15Parce que l'histoire d'Haïti, c'est aussi l'histoire de la Révolution française.
04:18Parce qu'en 1791, Toussaint Louverture se révolte pour demander l'abolition de l'esclavage,
04:22qu'ils vont obtenir en battant les armées de Napoléon,
04:25alors que la France avait voté la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
04:29Et qu'est-ce qui se passe après ?
04:30C'est de 1794, c'est l'abolition de l'esclavage par la France,
04:33où la France met enfin ses idéaux en accord avec son engagement.
04:35Vous avez des moyens coercitifs, c'est ça, mon. Est-ce que vous pouvez les mettre en place ?
04:39Je veux dire que la Fondation pour le mémoire de l'esclavage
04:42a organisé des conseils consultatifs.
04:45Et notamment, nous avons un conseil des territoires, dont Bordeaux fait partie.
04:48Et je peux vous dire qu'il y a maintenant beaucoup de choses qui se passent à Bordeaux,
04:51pas seulement au niveau de la municipalité, mais au niveau de la vie associative,
04:54et des problèmes tels que ceux que vous réglez,
04:56ce sont les Bordelais qui le règlent eux-mêmes, étant partenaires de la Fondation.
04:59On n'a pas besoin d'ester en justice pour ça.
05:00Les Unes de France Antille et de France Guyane,
05:03nos partenaires d'en face au territoire, les voici à l'antenne.

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