Après Citroën et Volkswagen, c'est au tour de Toyota de déclencher des rappels dits "Stop Drive" (demandant de ne plus utiliser le véhicule) liés à des airbags Takata défectueux et potentiellement dangereux, par exemple, la concentration de produits chimiques ou le risque de projection de pièces dans l'habitacle.
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00:00Avec nous, Maître Charles-Henri Copé, bonjour. Vous êtes l'avocat de victime d'airbag Takata.
00:09Merci d'être avec nous face à Pierre-Olivier Marie, rédacteur en chef adjoint de Caradisiac.com.
00:15On en parle ce matin parce que le ministère des Transports a donc pris un arrêté avant-hier
00:18pour contraindre les constructeurs qui ne l'auraient pas encore fait à rappeler les voitures qui sont encore équipées de ces airbags japonais.
00:26On rappelle que Citroën a déjà rappelé des centaines de milliers de véhicules.
00:30Cette fois, c'est Toyota et Mercedes qui y sont contraints.
00:33Pardon, Maître, mais comment se fait-il que tous les constructeurs n'aient pas pris eux-mêmes la mesure du problème
00:38et procédaient à ces rappels d'eux-mêmes avant d'y être contraints par le gouvernement ?
00:43C'est justement l'état de notre droit.
00:44C'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans le droit français qui découle du droit communautaire,
00:48c'est au constructeur de gérer ses rappels et il a la main dessus.
00:51Et c'était une demande des familles de victimes que l'État siffle la fin de la récréation.
00:56Que l'État oblige les constructeurs et les encadre.
01:00Parce que ce défaut d'encadrement a fait que des gens sont morts, des gens ont été blessés,
01:05qu'ils n'auraient pas dû l'être si ces mesures avaient été appliquées.
01:08Donc aujourd'hui, cet arrêté est une bonne chose.
01:09Et c'est la fin, si vous voulez, du champ libre à laisser aux constructeurs
01:13qui n'ont jamais travaillé que pour eux et que dans leur intérêt propre.
01:16Et ça veut dire, Maître, que sans cet arrêté, ces voitures auraient continué à circuler avec un danger potentiel ?
01:22Tout à fait. Le premier décès remonte à maintenant plus de 7 ans en France.
01:25Et en ces temps, qu'est-ce qui s'est passé ?
01:27Trop peu de choses ou trop lentement.
01:30Et l'État a réagi, l'État a pris conscience.
01:33Mais un peu tardivement, pour contraindre ces constructeurs à...
01:36C'est tardif. Des gens auraient pu ne pas mourir, bien sûr.
01:38Mais il faut saluer cet encadrement qui, même tardif, a le mérite d'exister et qui va mettre fin à la gabegie.
01:47Mais pourquoi... Pardon ?
01:49Non, juste, vous voulez bien nous rappeler combien les airbags Takata ont fait de victimes en France ?
01:53En France, il y a 18 décès, 17 en Outre-mer et 19 blessés.
01:58Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ces constructeurs, des constructeurs prestigieux, n'ont-ils pas pris l'initiative, voyant que les autres le faisaient ?
02:06Il n'y avait pas de raison qu'ils ne sachent pas que leur voiture était équipée d'airbags Takata, on est d'accord ?
02:12Ils le savaient. Ils le savaient et c'est tout l'enjeu, si vous voulez, de l'enquête qui va devoir être menée et dans le cadre d'une instruction unique pour laquelle on s'est battus,
02:21pour qu'il y ait des moyens, des ressources pour comprendre comment ces grands opérateurs économiques au Japon, en Allemagne, en Autriche, en Corée,
02:27ont décidé de cacher les choses au mépris de la vie de leurs clients et au mépris de la vie des automobilistes.
02:32Mais aujourd'hui, je crois qu'il y a 30 constructeurs qui ont décidé, évidemment, de changer les airbags des voitures concernées.
02:39Est-ce qu'il y en a d'autres qui ne l'ont pas fait, outre Toyota et Mercedes ?
02:43Parmi les 30, bien sûr. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'il y a une opacité. On n'a pas les chiffres.
02:51Et vous voyez que dans l'arrêté, il y a une obligation sous astreinte financière d'établir une traçabilité pour qu'on sache combien de véhicules sont traités,
02:58combien de véhicules restent à traiter. On n'en sait rien.
03:00Ça, on ne le sait pas.
03:01On n'a pas de précision. On a des ordres de grandeur. Le ministère des Transports a des ordres de grandeur.
03:06C'est anormal parce que les opérateurs privés ne communiquent pas.
03:09Et certains opérateurs sont déjà sous le coup d'amendes et de sanctions financières
03:13parce qu'ils ne communiquent pas les chiffres et qu'ils ne sont pas dans une démarche de transparence.
03:16Donc, ce qu'il faut comprendre, Pierre-Olivier, c'est qu'il y a des centaines, des milliers, des dizaines de milliers de voitures
03:21qui sont potentiellement dangereuses et qui roulent sur nos routes sans que leurs propriétaires sachent qu'ils sont exposés à un danger.
03:29150 modèles issus de 30 constructeurs automobiles différents sont concernés par le scandale des airbags.
03:35Donc, oui, ça fait énormément de voitures aujourd'hui.
03:39Alors, la liste des constructeurs, déjà, est connue.
03:42On peut la consulter sur le site du ministère des Transports.
03:45Il y a quand même un peu de communication qui a été mis en place.
03:48Et vous, en fait, il faut être proactif dans ce cas-là.
03:51Vous devez vous munir du numéro de série de votre véhicule.
03:55Le code VIN, c'est la ligne E de la carte grise.
03:57Vous allez sur le site Internet de votre constructeur ou vous appelez votre garagiste.
04:02Et il va vous dire si votre voiture est oui ou non concernée.
04:06Et c'est donc une voiture qui, en général, sont des voitures qui ont été construites avant 2019.
04:11Et ça fait, effectivement, beaucoup de voitures.
04:13Surtout qu'on a un parc automobile en France qui vieillit.
04:16L'âge moyen du parc, c'est 11 ans.
04:18Donc, oui, il y a beaucoup, beaucoup de voitures concernées.
04:20Donc, on rappelle que les airbags Takata ont été construits par l'entreprise japonaise Takata,
04:24qui n'existe plus, qui a fait faillite depuis.
04:27Est-ce qu'il n'y a pas eu une forme de déni de la part des constructeurs qui se sont dit
04:30« En fait, les problèmes, c'est plutôt dans les Antilles, c'est plutôt dans les régions qui sont très chaudes.
04:35Et donc, en France métropolitaine, en Allemagne, en Italie, il y aura moins de problèmes
04:38parce qu'il fait un peu moins chaud, il y a moins d'humidité, donc tout va bien. »
04:41Oui, oui, c'est un peu une blague.
04:42Là, il y a quelques mois, quand ils ont dit « C'est au sud d'une ligne Clermont-Lyon et au nord… »
04:46On dirait le nuage de Tchernobyl, c'est-à-dire que les airbags n'exploseront pas au-dessus de Lyon-Mordeaux.
04:51Non, non, donc il faut vraiment… Tout le monde est potentiellement concerné
04:55et tout le monde doit regarder la procédure que j'ai évoquée il y a quelques secondes.
04:59Une fois qu'on a regardé, on appelle son concessionnaire.
05:01Et on appelle le concessionnaire et donc, normalement, ils doivent vous donner un rendez-vous dans les plus brefs délais.
05:06L'opération technique, en tant que telle, prend un peu de temps.
05:09En une demi-journée, c'est réglé même pas.
05:10La guerre commerciale, en ce moment, ne perturbe pas la livraison des kits de remplacement ?
05:14A priori, non. A priori, non, mais ce n'est pas impossible.
05:17Est-ce qu'on a sous-estimé ce scandale, maître ?
05:19Clairement, c'est un scandale industriel d'ampleur.
05:22Parce que c'est sans fin, là.
05:23C'est sans fin. Et c'est loin. Ça débute, en définitive.
05:26Parce qu'avec cette pression qui est mise, on connaîtra aussi le problème de gestion des airbags.
05:31Est-ce que les airbags sont présents ? Est-ce qu'il y a des véhicules de remplacement ?
05:33Tous ces désagréments courront à connaître les automobilistes.
05:35Et puis, vous voyez qu'il y a beaucoup d'obligations mises à la charge des fabricants.
05:40Aujourd'hui, ils doivent rechercher activement les gens.
05:43Il ne suffit pas de leur écrire.
05:44Il faut parfois envoyer des démarcheurs, téléphoner.
05:47Ce n'est pas simple de les retrouver.
05:49Pas nécessairement, mais la vie est en cause, la vie est en danger.
05:52Donc, tous les moyens doivent être mis par les constructeurs.
05:55Ce sont eux qui ont distribué ces véhicules en sachant qu'ils étaient défectueux.
05:59Et on a vu avec les rappels organisés par Citroën qu'ensuite, ça ne suit pas dans les garages pour réparer.
06:06Les personnes repartent sans voiture, sans véhicule de courtoisie pour les dépanner.
06:10Donc, le problème va aussi se poser pour les Toyota et les Mercedes qui sont rappelés là.
06:15Oui, bien sûr.
06:16Ce qui était intéressant, c'était que Citroën a pas mal communiqué là-dessus il y a quelques semaines.
06:21Et on sentait que tous les autres, les Ford, Tesla, Toyota, tout le monde se cachait un peu derrière Citroën.
06:26Genre, vas-y, toi.
06:27Mais non, il y a plus de monde que ça.
06:28Merci en tout cas à tous les deux d'avoir été avec nous ce matin à suivre l'économie avec Nicolas Dose.
06:33On va parler de ses craintes en Europe d'une déferlante de colis chinois, ceux qui ne peuvent plus aller aux États-Unis.
06:39Et puis ensuite, ce sera le face-à-face avec Néla Latrousse qui reçoit ce matin Jean-Philippe Tanguy sur BFM et RMC.
06:44A tout de suite.