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00:00Et on poursuit avec Linn Filon, elle a reçu cette distinction en 1997 pour son métier en gravure sur acier et gaufrage sur laiton.
00:07Bonsoir Linn.
00:09Bonsoir.
00:09Donc vous, vous avez aussi un parcours professionnel très riche, puisque vous avez toujours été, alors vous, vous êtes née avec ça, vous avez toujours adoré les activités manuelles, depuis que vous êtes née ?
00:21Oui, toujours.
00:22C'est-à-dire, racontez-nous.
00:24Bah écoutez, j'ai toujours, autant, aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été vraiment happée par tout ce qui était manuel.
00:33Vous avez un papa qui est aussi dans cet univers-là ?
00:35Alors, mon papa était dessinateur-projeteur, voilà, ma maman a travaillé chez EDF, très compréhensive.
00:43Mais en tous les cas, elle adorait déjà elle-même tout ce qui était manuel, celle qui m'enseignait la couture, notamment, même le bricolage.
00:52Voilà, mon papa dessinait beaucoup, et voilà, entre autres.
00:57Donc, juste après le brevet des collèges, vous vous orientez, vous allez vers une école, l'école supérieure d'art graphique et du livre.
01:05Oui, l'école Estienne.
01:06Voilà, à Paris, dans le 11e, mais à ce moment-là, vous ne savez même pas ce qu'est la gravure.
01:10Pas du tout.
01:11Moi, tout ce que je savais, c'est que, à sortie de la 3e, il était hors de question que j'aille dans un lycée, on va dire, classique.
01:19Oui, oui.
01:20Voilà.
01:20Et c'est ma mère qui m'a, du coup, inscrit un peu, enfin, moi, je n'étais même pas au courant, elle m'a dit, voilà, je t'ai inscrite, et tu vas passer le concours pour rentrer à l'école Estienne.
01:31Donc, vous êtes allée dans cette école, là, vous avez été formée, vous avez découvert tout ce qui touchait à la gravure imprimée, au gaufrage aussi.
01:38Exactement.
01:39Vous avez même fait des emballages pour des parfumeurs de luxe.
01:42Alors, ça, c'est après, au niveau professionnel.
01:44Voilà, vous avez fait votre métier, et puis vous vous êtes vraiment investie dans l'apprentissage, dans les années 90, de tout ce qui était technique de gravure.
01:54Vous êtes spécialisée là-dedans.
01:55Oui, en fait, je suis sortie de l'école, donc j'ai fait 5 ans à l'école Estienne, donc je suis sortie avec un diplôme des métiers d'art, niveau BTS, niveau Bac plus 2.
02:04Et donc là, je suis sortie avec un diplôme de, un DMA2 de gravure en taille douce avec impression, avec une option impression.
02:15C'est-à-dire, la gravure taille douce, c'est ce qu'on appelle les estampes, ou c'est ce qu'on fait maintenant en gravure de timbre, voilà, ce que je réalise d'ailleurs actuellement.
02:23Actuellement, d'accord.
02:24Et quand je suis sortie de l'école, donc j'ai été recrutée de suite par mon professeur de l'époque, enfin un de mes professeurs de l'époque, dans son atelier de gravure.
02:35Et lui, il était spécialisé et déjà meilleur ouvrier de France en gravure héraldique.
02:40Donc il vous a, il vous a lui aussi inspiré, puisqu'il était meilleur ouvrier de France.
02:46Exactement.
02:46C'est lui qui vous a donné envie. Vous vous êtes, très rapidement, vous avez voulu vous inscrire à l'examen.
02:51Alors, oui, parce qu'en fait, l'atelier dans lequel on exerçait avec mon patron, qui s'appelle Gérard Descamps, voilà, pour ne pas le nommer.
03:00Si, si, si, vous avez le droit.
03:01Voilà. Et donc, dans cet atelier, ça s'appelait G4. G comme graveur et 4 parce que c'était 4 artisans qui s'étaient reliés en coopérative artisanale.
03:11Et du coup, sur les 4 artisans et leurs salariés, comme moi j'étais à l'époque, ils étaient déjà 4 meilleurs ouvriers de France.
03:22Donc là, vous vous êtes mis une petite pression toute seule, sauf que vous ne l'avez dit à personne.
03:26Vous vous êtes présentée à l'examen. Vous l'avez dit, vous ne voulez pas du tout le dire aussi.
03:33Vous avez précisé aux équipes qu'en tant que femme dans ce milieu d'hommes, c'est aussi important pour vous d'obtenir cette distinction.
03:40Alors, oui, c'est important, mais à plusieurs niveaux. C'est-à-dire que de 90 à 95, j'étais salariée.
03:46En 95, on s'est associés avec mon ancien patron et ma collègue.
03:49Donc, vous aviez peur du symptôme d'imposteur.
03:52Et ils étaient tous les deux déjà meilleurs ouvriers de France.
03:54Ah ouais, donc ça a joué.
03:55Et en fait, moi, c'était important que je... Il faut quand même recadrer, j'avais 25 ans.
04:03Et du coup, c'était important pour moi de montrer que... Déjà de me prouver que j'avais ma place parmi eux.
04:10Et de leur montrer aussi que j'avais ma place et montrer aussi aux clients.
04:15Enfin, voilà. C'était vraiment un ensemble de circonstances qui ont fait que, pour moi, c'était extrêmement important de montrer ma qualité professionnelle.
04:26Luc Châtel, on parle des hommes, des femmes. C'est équitable ? Il y a plus d'hommes que de femmes ? Est-ce que vous avez déjà une petite...
04:33Il y a 22% de femmes. Dans la dernière promotion, la session de la 27e session, qui vient d'être diplômée, il y avait 22% de femmes diplômées.
04:42Donc, c'est insuffisant. C'est un des sujets du comité d'organisation, de réfléchir comment on promeut davantage l'examen de meilleur ouvrier de France auprès des femmes.
04:51Alors, c'est malheureusement...
04:52Déjà, ça fait le meilleur ouvrier de France. Donc, déjà, ça peut freiner.
04:56Alors, déjà, la question, c'est qu'en fait, certes, il n'y a pas assez de femmes diplômées, mais c'est souvent un problème qui remonte en amont.
05:07C'est-à-dire qu'il y a insuffisamment de femmes dans les métiers concernés.
05:10Donc, c'est aussi avec les organisations professionnelles. On doit se battre pour d'abord féminiser les professions et ensuite attirer les femmes vers cet examen.
05:19Donc, le concours s'est déroulé bien, l'Infillon, ça s'est bien déroulé. Qu'est-ce qu'on vous a demandé ? La catégorie du concours, c'était gravure sur acier ?
05:27Alors, en fait, c'est vraiment la section gravure et après gravure sur acier, parce qu'il y a différentes spécialisations en gravure.
05:37Donc, c'était gravure sur acier et vous avez réalisé deux pièces en gaufrage sur les tons que vous avez apportées ce soir.
05:43Alors, là, c'est une copie, parce que j'ai perdu l'original, voilà. Et ça, c'est l'épreuve.
05:49On s'est passé dans le studio. C'est un métier ? Vous êtes nombreux sur ce métier-là ?
05:55Non.
05:57Parce que ça me paraît être très, très pointuant.
05:59Non, en fait, c'est vraiment des pièces. On fait des matrices destinées au gaufrage papier, tout ce qui est emballage, cartonnage, papeterie, carte de visite.
06:11Bon, là, c'est plutôt des cartes, mais, voilà, peut-être deux lettres et tout ça.
06:17Et c'est vraiment destiné au milieu principalement de la papeterie.
06:21Papeterie et vraiment, c'est les métiers du livre. Voilà, c'est un peu ce que j'ai fait à l'initial.
06:27Oui.
06:28Pour vous, on disait tout à l'heure avec Luc Châtel, c'est au bout de 10-15 ans d'expérience.
06:34Vous, vous n'avez que 27 ans à ce moment-là.
06:36Est-ce que c'était une façon de concrétiser votre savoir-faire ?
06:41C'est-à-dire que c'était le début, ce n'était pas l'aboutissement de quelque chose ?
06:44Non, moi, c'était le tout début.
06:45Surtout que je suis sortie de l'école estienne, je ne savais pas graver en gaufrage.
06:49Et en fait, j'ai appris à l'atelier dans lequel j'ai exercé.
06:54Et donc, moi, je me suis inscrite en 1995, donc j'avais 25 ans, effectivement.
07:02Et l'examen, mes pièces que je devais rendre pour le concours, je les ai réalisées.
07:11Bon, j'avais 26 ans.
07:12Et en fait, donc, ça faisait quelques années que je baignais là-dedans.
07:17Mais c'est vraiment une passion, voilà.
07:21Après, je pense que comme tout métier, voilà, comme la poissanière tout à l'heure,
07:27c'est vraiment des métiers passion.
07:29Mais déjà, parce que c'est des métiers, je ne vais pas dire en voie de disparition,
07:32mais ça reste des métiers très spécifiques, enfin, rares.
07:36Alors, ça fait partie des métiers rares, effectivement.
07:40Et malheureusement, ça fait la deuxième session où ce n'est plus inscrit au concours du meilleur pays de France.
07:45Luc Châtel, je rappelle que vous êtes ce soir sur Europe 1, Luc Châtel,
07:49président du comité d'organisation des expositions du travail,
07:52et donc de cet examen des meilleurs ouvriers de France.
07:54Cela ne figure plus, la distinction de l'île ?
07:57Il n'y a plus de gravure sur métier.
08:00Alors, il n'y a plus pour la prochaine session.
08:02Ça fait partie des classes.
08:04Alors, on ne les ferme pas définitivement.
08:07Non, ça viendra peut-être.
08:08Ça peut revenir.
08:09Il faut qu'il y ait plus de candidats.
08:11Il faut qu'on soit capable de trouver des présidents de jury.
08:13C'est très prenant, des membres de jury.
08:15Voilà, donc ça fait partie d'un tout.
08:16L'île pourrait être président ?
08:17Ah non, c'est de l'éducation nationale, les présidents de jury.
08:19Non, non, non, les présidents de jury, c'est possible.
08:22Alors, l'île, il n'y a pas plus de 50% de meilleurs ouvriers de France dans les jurys.
08:26Ah oui, parce que sinon, c'est un peu biaisé.

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