Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Les retraites, le sujet est toujours d'actualité malgré tous les autres dossiers qui sont sur le bureau de François Bayrou à Matignon.
00:07On va en parler avec François-Xavier Selleret. Merci d'être avec nous.
00:10Vous êtes directeur général de Agirc Arco, la retraite complémentaire qui marche, qui fonctionne très bien
00:15puisque vous avez annoncé un excédent de 4,6 milliards.
00:19On se pose toujours la question, comment ça se fait que cette retraite du privé fonctionne et pas l'autre ?
00:24Je crois que l'Agirc Arco a annoncé des bons résultats.
00:26Et je crois que quand on nous interroge sur c'est quoi la raison ?
00:30Moi je dis souvent, la première raison c'est la gouvernance.
00:32La gouvernance de l'Agirc Arco, ce sont les partenaires sociaux qui depuis 1947 ont un mot d'ordre,
00:38garantir le paiement des retraites à chaque génération sans peser sur les générations futures.
00:44C'est la raison pour laquelle par la négociation, ils pilotent dans la durée, on pilote toujours à 15 ans.
00:50Ils ont aussi prohibé le recours à la dette, donc on n'a pas aucune dette.
00:56Non seulement pas de dette, mais des réserves, puisqu'aujourd'hui elles sont de plus de 85 milliards.
01:01C'est-à-dire que l'argent est là, il est disponible, on n'a pas besoin de créer une dette nouvelle que paierait le contribuable.
01:06Ce qui est important à dire, c'est que le gouvernement, il voit cet argent, est-ce qu'il n'a pas envie de vous le prendre ?
01:11Alors dans l'histoire de l'Agirc Arco, tous les 5 ans, tous les 10 ans, tous les 15 ans, on a manqué de se faire nationaliser, étatiser.
01:18Donc ça c'est vrai que ce n'est pas nouveau, cette histoire-là.
01:20Le deuxième élément qu'on rappelle souvent, c'est que certes l'Agirc Arco est autonome, certes il est piloté par les partenaires sociaux,
01:26mais en comptabilité européenne, les bons résultats de l'Agirc Arco viennent en déduction des déficits publics.
01:31Donc on contribue ainsi au bien commun du pays.
01:33Chaque année on verse 100 milliards de prestations à 14 millions de retraités,
01:38mais surtout on a 27 millions de personnes qui cotisent chaque année,
01:43et en tout 45 millions de personnes ont des droits à l'Agirc Arco, mais ne sont pas encore parties hors retraite.
01:49Donc ils continuent de travailler ?
01:51Ils continuent de travailler. Dans les 40 prochaines années, on sait qu'on doit payer, verser, près de 3 500 milliards d'euros.
01:59Alors c'est à la fois les ressources de la répartition, c'est nos cotisations tous les mois,
02:03mais c'est aussi les réserves dont on parlait tout à l'heure,
02:05elles sont nécessaires et suffisantes pour faire face aux aléas de l'économie et de la démographie.
02:09D'accord, mais les gouvernements successifs ne vous ont pas demandé des conseils ?
02:13Parce que si vous êtes un excellent gestionnaire, pourquoi ne pas venir gérer la caisse nationale d'assurance d'IS ?
02:17Je crois que dans notre pays, souvent, on a considéré que l'État avait le monopole de l'intérêt général.
02:22Donc il le fait mal, vous voulez dire que l'État gère-là ?
02:23Non, ce n'est pas qu'il le fait mal, lui, il a à gérer, il a ses propres contraintes à la démocratie politique.
02:27On sait que nos concitoyens sont exigeants, mais là on est dans le champ d'intervention de la démocratie sociale.
02:34Et donc moi je dis souvent, c'est un bien commun l'Agirc Arco,
02:37c'est un bien commun au service des salariés du privé et aussi au service de notre pays.
02:42Et donc on a besoin de cette double articulation entre le rôle de l'État,
02:45vous savez c'était la phrase de Kennedy,
02:47ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous,
02:49mais ce que vous pouvez faire pour votre pays.
02:51Je crois que l'Agirc Arco montre que les partenaires sociaux, par la négociation,
02:55depuis près de 80 ans, contribuent au bien commun de notre pays
02:58et à celui des salariés du secteur privé.
02:59Pourquoi ils ne le font pas pour la CNAV ?
03:01Là c'est un autre choix qui a été fait,
03:03ou là c'est le gouvernement qui est en première ligne.
03:06Alors tout de même, c'est vrai qu'on voit qu'il y a quand même plus de seniors
03:09qui travaillent dans le privé, déjà c'est une première chose.
03:12Il y a peut-être plus de cotisants aussi,
03:13ce qui manque pour les cotisations de la Caisse Nationale d'Assurance Veillesse.
03:17Est-ce que ce n'est pas ça la recette ?
03:18S'il y a plus de cotisants, il y a moins de déficit ?
03:20C'est votre cas.
03:21Ça c'est vrai, et ça c'est aussi un sujet de consensus.
03:23Je crois que sur l'emploi des seniors,
03:25la France peut encore progresser sur l'emploi des seniors.
03:27Et on sait qu'en France, on est dans la moyenne européenne
03:31sur la tranche d'âge 55-60 ans.
03:33A l'inverse, on est en dessous de la moyenne européenne
03:36sur la tranche d'âge 60-64.
03:38Et donc c'est vrai que si on avait un taux d'emploi des seniors
03:40comparable à ceux des autres pays de l'Union Européenne,
03:43eh bien on aurait plus de personnes au travail,
03:45donc plus de personnes qui cotisent,
03:47et donc plus de personnes qui consomment.
03:48C'est pour ça que chez vous ça marche.
03:49Et donc on aurait aussi effectivement une situation meilleure
03:52pour tout le financement de la protection sociale.
03:55Est-ce que l'État pourrait exiger que l'on fusionne
03:58les deux caisses de retraite ?
03:59Alors il pourrait, il y avait eu un projet il y a quelques années.
04:02Après, c'est deux logiques différentes.
04:04Je crois que si on disait, la logique de la sécurité sociale,
04:08c'est une logique de solidarité,
04:10c'est-à-dire que c'est d'assurer un minimum pour tous.
04:12La logique de l'agir à un coût,
04:13c'est ce qu'on appelle une logique de contributivité,
04:15c'est-à-dire que votre retraite,
04:17elle est proportionnelle à vos cotisations.
04:20Dans tous les pays développés,
04:21c'est un système en points,
04:23et on articule les deux.
04:25Et je crois que fusionner les structures,
04:27ça ne ferait pas fondamentalement des économies,
04:28mais surtout c'est comment on garantit à chacun,
04:31et c'est aussi le consentement à la cotisation,
04:33qu'il aura une retraite qui est proportionnelle à ses cotisations.
04:37Avec l'agir carcon, on est sûr de toucher sa retraite,
04:39alors qu'avec l'autre, ça dépend de l'État
04:41et du bon vouloir de la dette.
04:42En tout cas, je peux vous dire que les partenaires sociaux,
04:45par leur pilotage,
04:46par des projections économiques et démographiques
04:48raisonnables, prudentes,
04:50veulent garantir à tous les salariés du privé,
04:53à tous ceux qui ont été salariés dans le secteur privé,
04:55une retraite pour eux-mêmes,
04:57mais aussi pour les générations suivantes,
04:58parce que la retraite par répartition,
05:00ça fonctionne,
05:01si chaque génération,
05:03non seulement cotise pour ses aînés,
05:05mais elle a garanti que la génération suivante
05:07cotisera aussi pour ses aînés,
05:08sans un euro de dette.
05:09Vous êtes quand même plus rigoureux aussi,
05:11vous n'avez pas revalorisé les retraites
05:12à hauteur de l'inflation.
05:13En tout cas, ce qui est vrai,
05:15c'est que quand les partenaires sociaux
05:16décident de la revalorisation des retraites,
05:17ils regardent l'impact cette année,
05:20mais ils regardent l'impact cumulé
05:21sur les 15 prochaines années.
05:23Et donc, parce qu'ils veulent garantir
05:24que dans 15 ans encore,
05:26on aura suffisamment de sous dans les caisses
05:28pour pouvoir non seulement financer
05:30les revalorisations,
05:30mais garantir pour les générations suivantes
05:32les futures revalorisations.
05:34Donc peut-être que l'État n'est pas un bon gestionnaire ?
05:36Je crois que l'État,
05:36il est soumis à une très forte pression du court terme.
05:38La chance du pilotage des partenaires sociaux
05:40à l'Aginc Arco,
05:41c'est qu'ils peuvent penser moyen-long terme,
05:43ils peuvent penser à la génération suivante.
05:46Et donc, je crois que dans un pays comme le nôtre,
05:48on a besoin des deux,
05:49on a besoin des deux,
05:50de ceux qui sont en charge du court terme
05:52et ceux qui pensent le moyen-long terme.
05:54C'est comme cela que notre pays va bien.
05:55Et peut-être même une troisième retraite
05:57qui serait une retraite volontaire
05:58par capitalisation à ce moment-là.
06:00On a déjà, il y a aujourd'hui 15 millions de Français
06:03qui ont déjà cela.
06:05Après, ce qui est vrai,
06:05c'est que la problématique actuelle,
06:07c'est d'équilibrer la répartition.
06:08Mais si certains,
06:09à titre individuel ou à titre collectif,
06:11et je dis qu'il y a 15 millions de Français
06:12qui aujourd'hui ont en plus,
06:14à titre volontaire,
06:17souvent grâce à leur entreprise,
06:18par la négociation,
06:19ils ont décidé de compléter
06:20ce qui existe déjà.
06:21Et là, c'est un choix,
06:23mais vous savez,
06:24on a aussi près de 2 000 milliards
06:26sur l'assurance-vie.
06:27C'est aussi pour certains
06:28un produit d'épargne retraite.
06:29Mais là, c'est un choix facultatif.
06:31François-Xavier Selleret,
06:32merci d'être venu,
06:34directeur général de Agir Carco,
06:35un modèle à suivre
06:36pour gérer nos retraites.
06:38Merci à vous.
06:38Restez avec nous sur CNews.
06:39Sous-titrage Société Radio-Canada
06:42Sous-titrage Société Radio-Canada
06:43Sous-titrage Société Radio-Canada
06:43Sous-titrage Société Radio-Canada
06:44Sous-titrage Société Radio-Canada