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00:00L'icône de toute une génération, Olivier Benkemon, est avec nous pour voir les cinémas.
00:06Ne vous inquiétez pas, personne n'ira vérifier.
00:09Ça va Olivier ?
00:10Ça va très bien, je vous remercie.
00:11Je suis tellement content de recevoir enfin un acteur, réalisateur, écrivain, humoriste
00:17dont les deux premiers spectacles ont été couronnés du Molière de l'humour
00:20et qui revient avec un troisième spectacle qui devrait logiquement lui permettre d'avoir une troisième statuette sur sa cheminée.
00:28Ce qu'il faut surtout c'est qu'il plaise au public et qu'on s'éclate.
00:32Il y a déjà deux personnes qui ont été conquises, c'est nous deux.
00:35Bonjour Alex, c'est déjà un sacré bouche à oreille.
00:37Merci d'avoir accepté de venir de votre refuge loin de Paris, si tôt le matin en plus ça va, ça s'est bien passé.
00:44Ça s'est bien passé.
00:45Je suis désolé, j'ai une voix, on dirait un imitateur de moi-même, mais j'ai un rhume des foins.
00:52Ah, un rhume des foins ?
00:54Un rhume des foins, c'est-à-dire c'est l'époque.
00:55L'allergie quoi.
00:56Là, si on est en plein dans la saison.
00:57Donc si vous m'entendez comme une voix de ventoline, il ne faudra pas s'incoter.
01:04Tout va être sympa, franchement ça passe.
01:06Alors nous, on est venu dimanche dernier au Cirque d'Hiver Boulion à Paris,
01:10voir votre spectacle Alex Lutz qui s'appelle Sex, Grog et Rocking Share.
01:15Et comme tout le public, on était debout à la fin.
01:18C'est vraiment un des tout meilleurs spectacles d'humour que j'ai pu voir dans ma vie.
01:23C'est drôle, c'est intelligent, c'est sensible.
01:26Donc voilà, est-ce que c'est bien la peine de rajouter quelque chose ou est-ce qu'on en reste là ?
01:29Non, c'est vraiment super de dire tout ça.
01:31C'est trop bien, je repars en province.
01:34Oui, attendez 11 heures, s'écoutez.
01:36Votre idée de départ Alex Lutz, c'était de parler du conflit de génération entre les boomers, la vôtre, la jeunesse d'aujourd'hui.
01:45Mais entre temps, il est arrivé quelque chose, c'est le décès de votre père, Gérard Lutz, qui est décédé.
01:51Et donc du coup, il s'est imposé comme le fil rouge du spectacle, c'est ça ?
01:54Oui, j'avais quand même cette envie de faire se chahuter ces générations-là, comme on voit bien comme elles se chahutent en ce moment.
02:03Et que c'est à la fois, alors ça peut être très à couteau tiré, on le voit dans nos actualités ou quoi,
02:09mais c'est aussi quand même aussi sujet à rire, parce que c'est nos familles à tous et à toutes en fait.
02:15C'est ces générations qui tâchent de se comprendre dans une époque qui va très très vite.
02:20Donc c'est aussi des générations qui ont des typologies les unes les autres, finalement assez rapprochées dans l'histoire.
02:28Donc moi j'ai déjà l'impression de vivre tout le temps dans un film d'anticipation, il ne me semble pas être extrêmement vieux.
02:34Et bon ben voilà.
02:36Et donc ça c'était un peu le sujet.
02:37Et c'est vrai que quand mon père est décédé, qui était quand même l'incarnation d'un 68 art boomer,
02:43je me dis je ne peux pas passer à côté de ça, ni de la douleur que ça me provoque jour après jour.
02:50Ni de ce que... c'est aussi des souvenirs et une relecture des choses.
02:57Et je me dis, ben mince, ça colle quand même à ce que j'ai un peu envie de raconter à travers ce spectacle.
03:02Donc il est devenu le fil, mon pépère.
03:05Et alors vous n'êtes pas tout seul sur scène, il y a le musicien Vincent Blanchard qui vous accompagne sur scène.
03:11Il a fait toutes mes musiques depuis des années.
03:13Et de vos films aussi, c'est ça ?
03:15Oui, de Guy, de Catherine et Liliane, de toutes les parodies incroyables qu'on a pu faire.
03:20Et alors vous invoquez avec lui sur scène des légendes du rock, comme les Rolling Stones ou Cat Stevens.
03:24Vous avez vu un tube, on est quatre dans le studio et tout de suite, tout le monde fait un petit quelque chose, un peu de l'apercu.
03:38Moi j'étais persuadé qu'il disait My Lady Dabadi.
03:40Moi aussi, il ne dit pas ça ?
03:41Moi aussi je pensais qu'il disait La Lady Dabadi.
03:44D'Arbanville.
03:45Oui.
03:45Et l'articule pas du tout.
03:49Moi je pensais que c'était pour Jean-Louis Dabadi.
03:51Oui, moi je me disais même petit, je me disais Dabadi, comme tu dirais Badi Bouddha.
03:57Alors c'est le nom de village normand finalement.
04:00Dabville.
04:00Et donc avec cette musique apparaît sur scène, elle exclut un monticule d'affaires en tout genre, ayant appartenu à votre père.
04:09Parce qu'en fait il avait le syndrome de Diogène, il gardait tout.
04:12En fait, il a eu un parcours psychiquement assez chahuté mon père.
04:17Un mec vraiment brillant, plutôt assez drôle, assez anti, pas anti-système, mais un cheveu devait plutôt se découper en huit qu'en quatre.
04:26Il fallait toujours regarder, regarder encore mieux, regarder ce qu'il y a de regarder derrière.
04:32Ce qui était assez chouette.
04:34Un mec qui adorait jouer aux échecs des heures aussi.
04:37Enfin, il avait un truc comme ça très...
04:39Et puis tout ça, avec les années, ça s'est mue quand même en une grosse dépression.
04:45Très très lourde, dont il ne s'est jamais vraiment tiré.
04:49Et ce que je dis dans le spectacle, c'est qu'il y a de très sympa avec la dépression, c'est qu'elle cohabite avec plein d'autres syndromes.
04:54Dont les tocs, Diogène et autres névroses.
04:58Et c'est vrai que Diogène, c'est sans doute ce qui m'a le plus...
05:04Ce qui a été le plus dur à gérer, en fait.
05:06Parce que c'est...
05:08Alors, ce n'était pas un Diogène, c'est dégueulasse de partout, mais il y en avait.
05:12J'étais rien.
05:13C'était très compliqué.
05:14Et vu que ça se mélangeait à un autre syndrome qui fait qu'il était dans une incapacité...
05:20Il savait pertinemment qu'il fallait qu'il fasse des choses, il n'y avait pas de déni et tout ça.
05:24Mais il avait aussi une névrose obsessionnelle compétitive.
05:27Et celle-là, elle vous empêche tout.
05:29C'est-à-dire, tout d'un coup, vous dire, j'ouvre la porte, je ferme la porte.
05:32Est-ce que je sors ? Est-ce que je ne sors pas ? Est-ce que je vais sortir à 14h ? Est-ce que je sors ?
05:35Tout ça, ça devient une décision montéculesque, justement.
05:41Et donc, oui, ça, c'était assez lourd.
05:44Et en même temps, nous, on l'aidait avec ma sœur régulièrement à vider ses appartements, à re-ranger ses appartements.
05:50Ça recommençait derrière et tout ça.
05:53Mais en même temps, il y a du drôle là-dedans.
05:54C'est ça, c'est là où vous transformez tout.
05:58Parce que vous parlez, par exemple, de l'alcool aussi.
06:00Et alors, selon le meilleur ami de votre père, il n'avait pas vraiment de soucis avec l'alcool.
06:04Non, il avait autre chose.
06:06C'est un personnage, Jean-Luc, qui parle un peu comme ça.
06:09« Ton père n'est pas vraiment un problème à proprement parler. »
06:12Alors que le mec est picole le matin, midi et le soir.
06:15Mais ça vient du mot aussi.
06:17Dans le spectacle, je dis « en dernier syndrome »
06:19et puis le fameux, comme on dit bien en France, « avoir un petit souci avec l'alcool ».
06:23Les périphrases sont quand même drôles en France.
06:26Mais d'ailleurs, par rapport à ce problème-là, cette problématique-là,
06:30ô combien difficile et qu'on rencontre tellement de gens,
06:33c'est souvent les périphrases qui sont difficiles.
06:35Quand on dit de quelqu'un, « ça va, Michel, il a fait la fête hier. »
06:39Sous-entendu, « est-ce qu'il n'a pas déconné ? »
06:41Ce genre de phrases, comme ça, qu'on entend beaucoup,
06:44elles sont criminelles, ces phrases ?
06:45Parce que c'est une manière de ne pas dire une chose.
06:48Tout est amoindri.
06:49Tout est amoindri.
06:50J'imagine que les personnes employant ces phrases-là, c'est difficile.
06:54Mais pour la personne qui en souffre,
06:56ça aide le déni aussi, quelque part.
06:59Et vous, quand vous jouez ces personnages-là,
07:00là, on touche vraiment au sublime,
07:02parce que le spectacle, en fait, c'est un mélange de stand-up,
07:05où vous vous adressez donc au public et de sketch,
07:06où vous jouez des personnages.
07:08Et là, c'est vraiment irrésistible.
07:09Vous avez même vous-même eu un fourrir quand on est venu vous voir.
07:12Ah, vous étiez là le jour du fourrir ?
07:14Oui, c'est le personnage de Marie-France.
07:15Vous êtes surpris vous-même, en fait.
07:17Ah, je suis sorti dans les graviers.
07:20Marie-France est exceptionnelle.
07:21Elle est exceptionnelle.
07:22Allez voir ce spectacle Sex, Grog et Rocking Share.
07:25C'est le nom de ce troisième spectacle.
07:27Avoir jusqu'au 27 avril au Cirque d'Hiver Boudlion.
07:29On va continuer à en parler.
07:31Et puis, on va dresser dans un instant,
07:32à l'exclut, votre portrait sonore.
07:33A tout de suite.