Avec Alexandre Del Valle, géopolitologue, auteur de "Vers un choc global ?" éd. L'Artilleur
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2025-04-08##
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00:00Jean-Noël Barraud, notre ministre d'affaires étrangères, est allé en Algérie, vient de rentrer, après une journée de discussion, attention,
00:07deux heures et demie d'entretien avec le président Abdelmajid Tebboune, le président algérien, et apparemment,
00:14selon notre ministre d'affaires étrangères, ça s'est bien passé, et il annonce une nouvelle phase dans les relations bilatérales.
00:20Ah oui, il y en a eu des phases, mais bien ça continue. Elles étaient rompues depuis huit mois.
00:25Vous savez qu'Abdelmajid Tebboune a refusé quatre fois de venir en France. En tout cas, il a reporté sa visite quatre fois.
00:32Alors voilà, entretien, etc., etc. Donc il y a eu un appel entre Macron et Tebboune, ils sont allés se voir, et dit Jean-Noël Barraud,
00:44il y a normalisation. Mais Alexandre Delval, d'abord, toujours heureux de vous recevoir, vous êtes géopolitologue,
00:52le dernier de votre plus récent livre fait un choc globale aux élections, l'artilleur. Mais alors, justement, ce choc entre la France et l'Algérie,
01:01Dieu sait s'il y en a eu, mais là, on a l'impression qu'effectivement, vous savez, les gens s'attendent soit qu'il y ait des accords
01:09sur les OQTF, soit se les laisser passer consulaires, soit sur la remise en question du fameux accord de 68, etc.,
01:16soit peut-être, évidemment, beaucoup l'espérait secrètement, qu'il revienne avec Boilem Sansalle dans l'avion, vous savez,
01:23qui est là depuis quelques mois, retenu vraiment, et qui n'a même pas un avocat, parce qu'on lui a refusé la présence François Zimré.
01:33Donc qu'est-ce que ça veut dire ? L'impression qu'on a, c'est que oui, il est rentré, mais est-ce qu'il est rentré bredouille,
01:39ou c'est encore les nouvelles phases et ça va continuer comme ça, à votre avis ?
01:43— Ça ressemble plutôt à une sorte de canossa avec un homme qui vient faire amende honorable en disant au caïd Théboune
01:54« Oui, on a compris. Votre interlocuteur ne doit pas être M. Routaillot. Il est normal que l'Algérie décide qui est l'interlocuteur.
02:02Nous avons bien compris. On gérera peut-être les OQTF si Votre Majesté le veut bien un jour.
02:08Nous le gérons comme Vous le voulez, avec la personne que Vous voulez. Et ce ne sera pas le ministre de l'Intérieur.
02:14Mon ami Amardib m'a expliqué tout à l'heure les côtés même positifs de cet échange. Mais il me dit... Amardib, c'était un grand conseiller d'Ali El-Boubaker,
02:22qui connaît très bien l'Algérie, qui est d'origine algérienne. Et il m'expliquait que l'accord qui a été trouvé pour les OQTF,
02:28ce sera que ça passera par le ministère des Affaires étrangères. Alors on peut dire c'est pas mal, parce qu'il y a un déblocage.
02:34Mais ça veut dire que c'est Tebboune qui va dire aux Français comment va se passer la gestion des UQTF, des OQTF, avec qui, et qui on va rayer, et qui on va interdire.
02:43— Ils ont dit qu'il y a quelques OQTF qui vont peut-être être exécutés. Enfin que l'Algérie va accepter...
02:49— Absolument. De ministère des Affaires étrangères à ministère des Affaires étrangères. Et donc les consulats algériens vont accepter éventuellement
02:55de commencer à coopérer avec les Français à condition que ça soit... Que l'interlocuteur français ne soit pas le ministère de l'Intérieur.
03:01Il y en aura probablement un dans la salle. Il y en aura probablement un dans l'autre ministère. Donc voilà. Ça, ça ressemble un petit peu à un accord un peu de dupe.
03:09Mais surtout, M. Barrot est allé au-delà du canossa. C'est peut-être... C'est l'expression qu'a employée M. Griancourt.
03:15Il y a aussi le côté VRP. Depuis des années, déjà depuis l'ère Chirac, on a beaucoup de diplomates français qui sont en fait des VRP
03:23et qui vont plaider, souvent d'ailleurs sans obtenir de résultats, pour nos entreprises. Il est vrai que l'Algérie achetait plus de biens.
03:31Que la France achetait des biens à l'Algérie. Bon, la France achète du gaz à l'Algérie, mais pas autant qu'avant.
03:38— Mais pas extraordinairement, oui. — Mais quand même, elle achète. Mais en ce qui concerne les biens et services et même les céréales,
03:44c'est plutôt l'Algérie qui achète à la France. Donc la France était ennuyée. Les entreprises se sont plaintes qu'on ait remplacé le blé français par du blé russe.
03:52Et apparemment, ça aussi, c'était dans la balance. Et ce qui est ennuyeux, c'est qu'il n'a pas été question des accords de 68 ni des accords de 2007
04:01de ministre à ministre, Kouchner, etc., pour ce qui concerne les visas que j'appelle de complaisance.
04:06— Oui, et des situations exceptionnelles. Je rappelle, non, justement, pour nos... Vous le savez, vous le savez très très très bien, Alexandre,
04:14mais je rappelle quand même quelque chose. C'est quoi, les accords de 68 ? Les accords de 68, c'est qu'ils confèrent aux Algériens
04:21un statut particulier exceptionnel. C'est-à-dire que contrairement à tous les autres étrangers, tous les autres,
04:27un Algérien n'a pas besoin de visa pour un séjour de plus de 3 mois. Mais il doit demander un certificat de résidence valable 1 an
04:34pour que ce soit de revenu privé familial d'études professionnelles. De plus, cet accord facilite l'accès à un titre de séjour de 10 ans.
04:40Les Algériens peuvent en faire la demande après seulement 3 ans de résidence en France contre 5 ans pour les autres ressortissants.
04:47C'est-à-dire qu'il y a des... Alors et ça, on n'y touche pas. — Ce sont des avantages exorbitants qui ne sont pas logiques.
04:54Par exemple, si vous êtes fils d'Italien ou fils de Portugais, vous êtes à Nantes. Là, probablement, vous y êtes aussi, M. Bercov.
05:02Vous êtes né à l'étranger. Et moi, pareil, on a des parents qui sont nés à l'étranger. Donc un Français de l'extérieur ou un francisé,
05:09il est en général à Nantes. Les Algériens disparaissent des statistiques de ceux qui sont d'origine étrangère.
05:15Il y a toute une gestion de l'État civil en plus des visas et des accords, le droit d'ouvrir des commerces,
05:23l'acquisition de la nationalité, les permis de séjour qui sont différents. Alors très bien. C'est très bien pour les Algériens.
05:29Et je comprends qu'ils veulent garder ce privilège. Mais ce privilège n'est plus adapté au fait qu'il n'y a pas de coopération de l'autre côté,
05:36du chantage permanent. Et en parlant de chantage, ce qu'ont demandé les Algériens aussi, c'est l'extradition d'un ancien ministre algérien
05:44qui réside en France, Delaire Bouteflika, qui s'est enrichi. C'est probablement pas un ange avec les histoires des biens mal acquis, etc.
05:52— Ils ont demandé l'extradition de Leray. — Lui ainsi qu'une autre personne, ça va être beaucoup plus problématique. Eh bien c'est Ferhat Mehdi,
05:59le fameux président du MACC, que vous connaissez probablement. — Ils ont demandé l'extradition, mais que j'ai reçue ici, que j'ai reçue.
06:04— Ah, ça m'étonne pas. Parce que c'est un homme qui est assez alternatif, si j'ose dire. Alors c'est un Kabyle parmi les plus radicaux,
06:13puisqu'il veut carrément l'indépendance de la kabylie, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de Kabyles. Il faut savoir que le pouvoir algérien
06:20est un peu schizophrène avec les Kabyles, parce qu'il est à 80% composé de gens d'origine kabyle. C'est un peu comme les Kurdes en Turquie.
06:27Il y a la moitié avec Erdogan, l'autre moitié séparatiste. Et donc c'est sûr, c'est un sujet très chaud. On peut comprendre...
06:32— Mais ils ont demandé – pardon, c'est intéressant – l'extradition de Ferhat Mehdi.
06:38— Ferhat Mehdi, le chef du MACC, le Mouvement pour l'autonomie de la kabylie, qui est plutôt maintenant à l'indépendance de la kabylie.
06:44En tout cas, il est perçu comme indépendantiste. Donc c'est un ennemi absolu idéologique pour l'Algérie. L'Algérie aurait demandé son extradition,
06:52ainsi que l'ex-ministre algérien qui s'est enrichi et qui était en France. Donc apparemment, ça, ça me paraît difficile que ça soit accepté.
07:01L'ancien ambassadeur français en Algérie, Ghedrian Khoura, a dit que ce n'est pas tout à fait impossible. Ce serait quand même...
07:08Elle a plus que Canossa. Ce seraient les fameuses valeurs de l'hospitalité française. Et donc ce serait compliqué d'extrader quelqu'un, en plus, qui est devenu français.
07:16Pour la petite histoire, on a tué le fils déjà de Ferhat Mehdi en plein Paris il y a une quinzaine d'années. Donc c'est quelqu'un qui a énormément souffert
07:24et qui a payé déjà très très cher le prix de son engagement. — Et Alexandre Delval, juste, est-ce que vous n'avez qu'une parole ?
07:29Je ne sais pas les connaissances que vous avez, etc., parce qu'on n'a pas du tout... Il n'y a pas eu un mot, d'ailleurs, d'un côté qu'un d'un autre.
07:35Pas un mot sur Boualem Sansal, ni du côté français, ni du côté algérien. — Apparemment, ça aurait été vaguement évoqué en disant qu'il pourrait y avoir
07:43une fin négociée. Et probablement, me disait mon ami Amardib, que ce serait probablement lors de la fête nationale algérienne du 5 juillet que probablement...
07:55Enfin ce n'est pas... C'est assez possible qu'une grâce arrive, une sorte de concession royale de quelqu'un qui ferait un geste très magnanime
08:05et qui prendrait ça à son peuple dès lors que j'ai obtenu la peau de Retailleau, qui ne sera plus un interlocuteur, dès lors que...
08:11Carrément, c'est ce qui a été exigé par l'Algérie. On ne veut plus savoir... On ne veut plus aucun rapport avec lui.
08:16— Oui, parce que Thémaud l'a dit. Moi, mon seul référent, c'est Macron. — C'est Macron. C'est Macron. On veut bien recevoir son envoyé Barreau.
08:22On veut bien que les EQTF soient gérés par le ministre. — Mais pas question, Retailleau...
08:26— On a carrément exclu de la gestion des EQTF, selon les Algériens, même le ministère de l'Intérieur. C'est-à-dire qu'il faudrait qu'il soit officieusement là.
08:33Donc c'est quand même assez lourd comme demande. Alors il est vrai aussi que l'Algérie a quand même quelques intérêts.
08:39C'est pas que Canossa. L'Algérie est très isolée en Afrique. Et il est vrai que laisser tout le leadership pan-maghrébin au Maroc,
08:49qui a un fonds national, l'ex-ONA, qui investit partout avec un formidable interventionnisme économique du Maroc
08:57dans toute l'Afrique de l'Ouest, un rayonnement... Peut-être que l'Algérie se sent un peu isolée. D'ailleurs, l'Algérie est isolée.
09:03Même les BRICS n'ont pas voulu faire rentrer l'Algérie dans les BRICS. Ils ont eu le droit au strapontin. Donc il y a peut-être un peu de ça.
09:10Mais on a l'impression quand même que ce pays a un tel pouvoir de nuisance sur la France en raison de la présence de 4 millions d'Algériens officiellement.
09:19Et comme je disais par ailleurs... — 6 millions, on ne sait pas. — Beaucoup plus, parce que beaucoup sont en dehors des statistiques.
09:25Là, on parle des gens qui sont encore répertoriés dans les consuls algériens, qui sont encore de nationalité algérienne.
09:30Mais beaucoup de troisième génération – ce qui est normal, d'ailleurs, je ne m'en indigne pas – sont disparus des statistiques.
09:38Donc en fait, algérien et d'origine algérienne, on a probablement un chiffre nettement supérieur.
09:43— Et ça, ça pèse évidemment sur la manière de négocier ou la manière d'avancer. — Bien sûr. Et moi, je le vois dans les commentaires.
09:48Quand je fais des émissions sur l'Algérie, je reçois... Alors je dis pas que c'est les plus représentatifs, mais ils existent.
09:53Je reçois beaucoup de commentaires assez chauds, il faut vous dire, qui me disent « De toute façon, la France, nous la mettons à l'amende.
10:00La France, on peut la mettre à feu et à sang quand on veut. Nous allons vous faire payer la colonisation pendant au moins 130 ans,
10:06ce que vous nous avez humilié pendant ». — À notre tour de vous coloniser. — Alors ils disent pas ce mot, mais c'est du genre...
10:11— J'ai entendu. — Voilà. On va vous le faire payer. Mais énormément de commentaires. Certains sont même pas méchants contre moi
10:19ou agressifs ou menaçants. C'est une idéologie d'État. D'ailleurs, Théboune le dit très souvent. Ils nous ont colonisés 130 ans.
10:26On va les emmerder pendant 130 ans. Il dit pas le mot « emmerder », mais on va leur faire payer de toutes sortes de manières.
10:32Et donc ça, ça n'a pas été remis en question. Cette ingérence incroyable de l'Algérie qui veut gérer les affaires de la France,
10:39notamment les affaires islamiques, est-ce qu'il est normal... Et mon ami Amardib était l'ancien conseiller de Dalil Boubaker.
10:45Est-ce qu'il est normal que des gens qui n'ont aucune compétence pour gérer le culte, qui n'ont aucune forme de transparence,
10:52qui ont fait des sociétés pour que tous les produits européens qui sont exportés par la France vers l'Algérie soient labellisés halals,
11:00et l'argent va dans les moches... — Ils ont un monopole, effectivement. — Non, mais l'argent va en dehors de la viande halal pour les Français.
11:06La mosquée de Paris a réussi à avoir quelque chose d'incroyable, le monopole de la gestion de la labellisation halal
11:14de toutes sortes de produits qui passent de la France vers l'Algérie. On a carrément une gestion du culte qui est une gestion affairiste.
11:22On a des gens qui ont dit tout et leur contraire, qui ont fait de l'ingérence. On parle d'ingérence française en Algérie.
11:28Mais avec la mosquée de Paris, depuis que Boubaker, qui était un grand patriote français, en plus d'être algérien,
11:33on a des gens qui sont une sorte d'ambassade bisse. D'ailleurs, ça se dit même dans la communauté algérienne, l'ambassade bisse de l'Algérie...
11:40— La mosquée de Paris. — ...et qui fait de l'ingérence dans les élections françaises. Et donc tout ça, c'est pas remis en question.
11:46La France n'est pas arrivée en disant « On va faire des concessions ». Mais en échange, il y a des choses qu'on ne veut plus jamais voir, qu'on ne tolérera pas.
11:53— Et c'est intéressant de voir que Jean-Noël Barraud parle de normalisation. Quelle normalisation ? Donc ce que vous décrivez, c'est ça, l'état normal ?
12:01— Il n'y a rien de normal, en fait. Dans les relations entre la France et l'Algérie, il n'y a rien de normal,
12:04puisqu'il est plus facile pour un Algérien d'avoir plein de documents et d'autorisation et de libre circulation que pour un Tunisien et un Marocain.
12:12Mais à quel titre ? Si l'Algérie avait un rapport un peu filial, une ex-colonie, mais qui a beaucoup d'amitié pour son ancien maire patrie,
12:20on pourrait comprendre qu'il y ait des faveurs. Mais dans la mesure où c'est le pays qui nous en veut le plus, même les Vietnamiens,
12:25qui ont été bombardés au Napalm par les Français et les Américains, ils pourraient nous en vouloir encore plus.
12:30L'Algérie a un discours d'État francophobe depuis, surtout, depuis toujours, mais depuis Bouteflika, et ça a été accentué encore par Théboune.
12:38C'est un discours existentiellement francophobe. Donc il n'y a rien de normal dans cette relation.
12:42— Comme ils ont rétabli, vous vous rappelez, le paragraphe dans l'hymne national algérien, le paragraphe antifrançais qui est dans l'hymne national.
12:50— Oui, absolument. Et quand M. Théboune dit qu'en France, le plan de Rotaïo et de l'extrême-droite, qui n'a plus grand-chose avec l'extrême-droite...
12:58Alors on est quand même très loin des... Il faut aller voir les vrais fachos en Allemagne de l'Est ou dans les pays...
13:04— Ou en Ukraine. — Ou en Ukraine, ou en Turquie, avec les loups gris, pour voir ce que c'est.
13:09Mais quand les Algériens disent à leur peuple qu'en France, il y a toute une droite et une extrême-droite qui planifieraient la déportation massive des Algériens...
13:17— Pour le génocide. — Pour continuer le génocide, absolument. Si vous voulez, là, on est dans une outrance inacceptable.
13:23Et là, il n'a rien obtenu de tout cela, M. Barrou. — Tout à fait. Alexandre Delval, on va continuer à en parler,
13:27parce qu'après cette petite pause, qu'est-ce qui va se passer ? Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que ça dit de la France par rapport à, justement,
13:34ce qui se passe aujourd'hui avec Trump d'un côté, avec Poutine de l'autre ? On va en parler tout de suite après cette petite pause. À tout de suite.
13:41SUDRADIO Bercoff dans tous ses États, midi, 14 h. André Bercoff.
13:47— Pardon. Et nous sommes toujours avec Alexandre Delval, géopolitologue, auteur, son pur et sang libre, et que je vous recommande
13:54vers un choc global sur l'édition L'Artilleur. Alors justement, par rapport à ce qu'on a dit, Alexandre Delval, ce que vous avez dit
14:01sur l'Algérie, la position de l'Algérie et les rapports Algérie-France, que peut-on dire aujourd'hui ? Parce qu'il y a la situation
14:07que vous connaissez au moins aussi bien que moi, ce qui se passe avec le choc tarifaire de Trump au niveau de l'économie mondiale,
14:18avec ce qui se passe entre les pourparlers, avec Poutine bientôt en Arabie saoudite, avec tout cela. Et on se dit « Mais quelle est la position
14:27de la France ? Est-ce que nous sommes devenus spectateurs ? De quoi est la position française, en particulier, et européenne en général ? »
14:37Il faut bien le dire. Je rappelle qu'on, sur la Vendée, vient de dire, 3 jours après avoir dit « Non, non, nous allons rétorquer. On va faire zéro tarif.
14:44Non, non, on a parlé à Trump. Zéro tarif pour tout le monde. » Qu'est-ce que ça veut dire ?
14:48— La France, aujourd'hui, comme l'UE, parce que l'UE n'est pas un sujet géopolitique, elle n'est pas perçue comme une puissance,
14:56puisque pour la défense, on a besoin des Anglais. Déjà, c'est un immense aveu d'impuissance. Quand l'Europe parle de défense,
15:04c'est du quadrilatéral entre 4 ou 5 ou 6 pays qui ont une défense pas trop détruite mais qui a été quand même endommagée.
15:14Et les Anglais sont l'un des 2 pays qui ont la défense la plus capable d'amener une force. Donc on voit bien que l'Europe ne fait rien.
15:21Ce n'est pas Bruxelles qui va faire la défense européenne. Il n'y aura jamais d'armée européenne. La défense, c'est quelque chose de très souverain,
15:29de très régalien. En ce qui concerne les muscles que montrent Starmer et M. Macron, surtout, qui a pris le leadership de tout ça,
15:38ça a commencé il y a un an et demi, quand ils disaient en Europe de l'Est, devant des gens qui sont aux portes de l'ogre russe,
15:44il s'est permis le culot de leur dire « ne soyez pas lâches », alors que la France donnait beaucoup, beaucoup moins, proportionnellement,
15:52même que la Hongrie, en termes d'aide purement financière. Et quand on dit que la Hongrie est pro-russe, ce n'est pas vrai.
15:58Ils ne veulent pas donner d'armes. Ils ne veulent pas être co-belligérants. Mais même des pays comme la Slovaquie, la Hongrie
16:03et tous les pays d'Europe de l'Est, bien sûr, proportionnellement, se sont saignés pour aider leurs voisins ukrainiens.
16:08Et donc on a un président qui donne des ordres – là, ça me fait penser au petit prince – qu'il est obligé de donner.
16:13Par exemple, quand il dit « on va envoyer des troupes alternatives en Ukraine », alors déjà, c'est très loin du front pour la maintien de la paix.
16:19Alors déjà, ça, ça fait très peur aux gens. On leur dit « ce sera loin du front ». Ce sera des troupes de maintien de la paix
16:26qui arriveront une fois qu'il y aura eu une négociation. Alors c'est vrai, c'est très révolutionnaire. Et c'est des forces qui vont remplacer
16:31les Américains. En faire qui ? On ne va pas céder. Or, c'est justement ce que voulait Trump. Trump, il voulait que des troupes européennes
16:39et de l'argent européen prennent le relais des Européens. Pour payer les entreprises américaines qui vont reconstruire l'Ukraine,
16:45ça va être de l'argent européen. Et pour ne pas avoir à risquer une confrontation directe en cas de violation, c'est le feu.
16:52Ce sera des troupes européennes que d'ailleurs Poutine refuse. Ce sera des troupes internationales. Ça va être très compliqué.
16:56— C'est de la gesticulation, c'est de la communication. — Oui, c'est de la com'. Mais ça me fait penser à Mme von der Leyen au début de la guerre,
17:02quand elle s'est fait faire des costumes, des tailleurs au drapeau, aux couleurs du drapeau ukrainien. Si vous voulez, tous ces coquins qui nous gouvernent,
17:09je les appelle « coquins » parce qu'ils n'ont plus le sens de l'intérêt national. Et ils ne sont plus dévoués à une cause, mais à leur cause,
17:16qui est celle et donc la com' qui leur permet de briller. Donc pour eux, c'était un créneau. De même que le Covid, c'était un créneau pour tous ceux
17:22qui veulent faire des expériences pour réduire les libertés. Vous avez fait allusion tout à l'heure. Bientôt, ça va être le renvoi de la censure dans la presse.
17:31Après, la guerre en Ukraine, ça va être un prétexte pour invalider des candidats qui gênent. On l'a bien vu en Hongrie. On a invalidé un candidat.
17:38— On invalide même des élections en Roumanie, par exemple. — Voilà. On a invalidé une élection, par exemple. Oui, pardon, en Roumanie.
17:44On invalide le premier tour d'une élection. Le type est encore fort dans les sondages. On l'interdit de se représenter à la nouvelle élection.
17:51Une autre candidate eurosceptique considérée pas assez atlantiste se présente. Elle est elle-même invalidée. Et bizarrement, un type d'extrême-droite,
18:00autant extrême-droite, voire plus au niveau historique, il a plus un parcours extrême-droite encore que George H.W. Bush, Simeon.
18:06Alors lui, il est invalidé. Pourquoi ? Parce que c'est un facho, mais atlantiste. Alors là, ça va, c'est compatible.
18:11— Un facho atlantiste, ça va. Un facho pas atlantiste... — En fait, le critère de sélection du fascisme de l'Occident globaliste, c'est
18:19vous avez le droit d'être facho, voire même parfois nazi, comme des Croates dans les années 90 ou les Ukrainiens du groupe Azov, si vous êtes atlanto-compatible.
18:26Inversement, si vous n'êtes pas du tout facho mais atlanto-sceptique, alors là, on vous classe dans la catégorie des fachos. Donc c'est très intéressant de voir.
18:34Tout ça, c'est de la com'. Alors on prend le drapeau ukrainien. Macron, à un moment, avait même fait la barbe de quelques jours, le gant de boxe,
18:40un T-shirt à la Zelensky. Et les muscles qu'on n'a pas véritablement extrêmement volumineux non plus, on montre des muscles qu'on n'a pas.
18:48Et tout ça, c'est de la com' parce qu'effectivement, ça marche. Quand il a fait son discours sur la menace existentielle russe, apparemment...
18:54Et c'est là que malheureusement, De Gaulle avait... Et c'est pas méprisant envers mon peuple. Je m'inclus dedans. Mais quand De Gaulle disait
18:59« Les Français sont dévots », il aurait pu le dire de n'importe quel peuple. Les masses, quand vous faites du cerveau reptilien, c'est connu en psychosociologie.
19:07Quand vous actionnez le cerveau reptilien... — Mais quand on fait la fabrique du consensus par une manipulation de masse, eh bien ça marche.
19:15— Alors là, vous paraphrasez un trotskiste, mais très intelligent, Noam Chomsky, avec son livre « La fabrique du consentement », qui est une véritable bible
19:23que je donne à mes étudiants, même s'il est de l'extrême-gauche la plus radicale. Pourquoi ? Parce qu'il rejoint Édouard Bernays, qui était à l'opposé.
19:30C'était plutôt l'homme du... — Le gendre de Freud. — Le gendre de Freud, le maître du marketing. Lui aussi parlait du fait que les habitudes comme les idées,
19:37ça se construit. Et c'est les pros qui le construisent. Donc là, on est en plein dedans. Bernays rêverait d'être dans notre époque. Son oncle disait de lui-même
19:45qu'il était cynique et immoral. — Mais il faut dire que ce conseil, vraiment, de Bernays, il date de 1928. Il est prémonitoire.
19:51— Extraordinaire. Extraordinaire. — Il est totalement visionnaire. — Une société de l'hyper-contrôle, mais qui passe par le consentement acquiescé,
19:56comme la boétie, la soumission volontaire. — La servitude volontaire. — Et c'est pour ça que moi, je soutiens... Et je suis heureux d'être en démocratie,
20:03qu'on me fasse pas dire ce que j'ai pas dit. Je préfère 10 fois la démocratie, puisqu'on est quand même un peu plus libre physiquement.
20:07Mais en démocratie, je soutiens... Et c'est un prochain livre que je ferai. On a plus besoin de mentir et de manipuler et d'influencer en démocratie,
20:14puisqu'on doit susciter le consentement, l'adhésion. Donc forcément, il faut développer beaucoup plus de manipulations.
20:20Là, on est en plein dedans. — Sauf que les effets pervers de la manipulation sont très importants. L'enfer est pavé de bonnes intentions,
20:28comme vous le savez. — Il y a souvent un boomerang, comme le menteur qui ment. Et un jour, il se fait trahir.
20:32— C'est pour ça que vraiment, il faudra peut-être un de ces jours arrêter un peu ce massacre. Merci, Alexandre Bernays. — Merci à vous.