• il y a 17 heures
Avec Xavier Driencourt, diplomate, ancien ambassadeur de France en Algérie

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##LE_FACE_A_FACE-2025-03-05##

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Transcription
00:00— Alors je ne sais pas si c'est la colérie qui a dominé à l'Assemblée nationale hier, mardi 4 mars.
00:05Je rappelle simplement que la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale a adopté une proposition
00:10de résolution européenne, puisque le Parlement européen a voté dans sa majorité, appelant à la libération immédiate
00:20et inconditionnelle de l'écrivain franco-algérien Moalem Sansal, qui est, comme vous le savez, qui a 80 ans,
00:27qui souffre d'un cancer et qui a des tensions arbitraires selon la résolution. Alors le vote s'est déroulé à main levée
00:34après trois heures de débat. Il n'y a pas eu de contabilité officielle, même si le président de la Commission,
00:39Bruno Fuchs, a relevé le nombre de votes à l'issue du scrutin. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on pourrait penser,
00:44libération de l'écrivain, que la majorité, ou sinon la quasi-totalité ou la totalité de l'Assemblée nationale
00:51ou des députés présents auraient voté pour la libération de Moalem Sansal. Eh bien, cette proposition de résolution européenne
00:58a été soutenue par la droite, mais la gauche, à savoir les élus de la France insoumise, des écologistes et du parti socialiste,
01:09s'il vous plaît, s'est abstenue. L'ex-président de la République, François Hollande, et le patron du PS, Olivier Faure,
01:15n'étaient pas présents à la séance et donc n'ont pas pris part au scrutin. Xavier Driancourt, bonjour.
01:22— Bonjour. — Je rappelle, et on vous connaît, on est toujours heureux de vous accueillir à ce micro.
01:27Vous avez été deux fois ambassadeur de France en Algérie pour une période de 7 ans, en tout 4 et 3.
01:33Qu'est-ce que ça vous inspire, ce vote de vos compatriotes ou de nos représentants à l'Assemblée nationale ?
01:41— Ça m'inspire que cette résolution, elle aurait dû être votée à l'unanimité, en réalité. Et c'est quand même un vrai problème
01:51que les partis de gauche que vous avez cités aient voté contre ou abstenus, et que certaines personnalités aient été absentes.
02:04Parce que la Commission des affaires étrangères, elle envoie ainsi un message quand même à l'Algérie et au Parlement européen.
02:13Alors maintenant, elle a été adoptée. Et elle devra passer sans doute en séance plénière. Donc là aussi, on verra ce que feront les partis de gauche.
02:22— Tout à fait. Ça va être intéressant. Et justement, alors par rapport effectivement à l'ensemble du tableau,
02:29que dit cette affaire censale, notamment sur les relations entre la France et l'Algérie, à l'heure où effectivement on se rappelle
02:37que François Bayrou a parlé de subversion, où Bruno Retailleau s'est dit qu'il est temps quand même, après d'autres,
02:45qu'il faut réviser les accords avec l'Algérie, aussi bien ceux de 68 que d'autres, etc., réviser tout cela en fonction du fait
02:54qu'ils nous ont renvoyé les deux influenceurs qu'on leur avait... qui avaient été expulsés, qu'ils leur pressent, disent
03:02« Oui, mais regardez comment Macron recadre Retailleau et Bayrou », enfin etc. Qu'est-ce que ça dit de l'état présent ?
03:13— Ça dit nos contradictions internes. Parce que pendant plusieurs semaines, depuis l'arrestation de Boilem Sansal le 16 novembre,
03:24en fait, nous avons envoyé des signaux contradictoires. D'un côté, nous n'avons pas réagi en novembre, quand Boilem Sansal a été arrêté.
03:35Et pendant plusieurs semaines, nous avons... — Il y a eu aucune réaction.
03:38— Aucune réaction. Il a fallu attendre 3 semaines pour que la ministre de la Culture réagisse. Ensuite, début janvier,
03:46pour que le président de la République parle du déshonneur de l'Algérie. Et ensuite, il y a eu les affaires que vous avez évoquées
03:54d'expulsion des soi-disant influenceurs. Mais pendant 3 semaines... Donc nous n'avons... Pendant 3 mois, nous n'avons rien fait.
04:02Et en même temps, nous avons provoqué l'Algérie en envoyant Rachida Dati, puis Gérard Larcher au Sahara occidental,
04:12ce qui est le chiffon rouge pour l'Algérie. Donc si vous voulez, les Algériens, ils regardent ce spectacle, une France qui d'un côté
04:22ne réagit pas et qui de l'autre fait de la provocation à leurs yeux. En plus, on a montré les divergences entre M. Retailleau
04:31et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud. Tout ça sur une certaine cacophonie gouvernementale que vous avez rappelée
04:40avec l'intervention du Premier ministre, puis du président de la République. Donc les Algériens, ils disent vraiment les Français,
04:47on peut continuer comme ça. — Oui. C'est ça. C'est un peu n'importe quoi, en tout cas la politique. Mais alors qu'est-ce qui se passe ?
04:54Parce qu'on en avait parlé ici. Vous étiez venu nous en parler de façon très très claire. Qu'est-ce qui fait que, justement,
05:02je dirais presque que la purée de poids s'épaissit entre la France et l'Algérie ? Effectivement, vous avez dit d'un côté, on en dit...
05:09On envoie Gérard Larcher ou Rachida Dati au Sahara occidental, chiffon rouge pour l'Algérie. Et d'ailleurs, c'est ce qui reproche
05:18à William Sansal de dire que ça appartenait au Maroc. Mais qu'est-ce qui fait qu'au lieu d'essayer d'éclaircir tout cela, ça s'épaissit,
05:28c'est une opacité totale et qui amène effectivement à une tension énorme ? Et quand on dit surtout, Xavier Dreyencourt, que oui,
05:36Emmanuel Macron aurait fait ça parce que la diaspora algérienne, forte de plusieurs millions de personnes en France, risque effectivement
05:44de s'enflammer, etc., etc. De quoi c'est le nom, tout cela ? – C'est le nom du fait que nous sommes très timorés face à l'Algérie et que,
05:59comme je le dis souvent, l'Algérie, c'est de la politique étrangère et de la politique intérieure française. Alors on dit que c'est parce qu'il y a
06:06une diaspora algérienne en France. Mais je crois qu'on surestime aussi cette diaspora algérienne qui ne connaît absolument pas Boilem Sansal,
06:15soyons clairs. – Oui, bien sûr. – Et Boilem Sansal n'écrit pas non plus pour les Algériens d'Algérie, parce qu'il écrit en français,
06:24il est publié en France. Mais ce ne sont pas les Algériens de France qui lisent et connaissent Boilem Sansal. Donc je crois qu'on utilise cet argument
06:34pour finalement ne rien faire. C'est ça qui est grave. Et encore une fois, cette affaire montre, je dirais, notre double aveuglement.
06:43Aveuglement diplomatique vis-à-vis de l'Algérie, où pendant encore une fois plusieurs semaines, plusieurs mois maintenant, nous n'avons pas réagi.
06:54Et aveuglement intérieur, où nous fermons les yeux sur les réseaux algériens en France, sur les influenceurs, sur la mosquée de Paris, sur... Voilà.
07:10Donc nous envoyons encore une fois des messages contradictoires à l'Algérie. Et comme l'Algérie nous connaît mieux que nous ne la connaissons,
07:18elle joue là-dessus. — Alors justement, Xavier Tridoncourt, est-ce qu'il y a aussi... On va essayer d'inventorier tout cela, parce que ça risque quand même
07:27de devenir plus que fâcheux à un moment donné. On vous dit aussi... Mais vous savez... Et j'aimerais savoir, parce qu'on entend tout et son contraire.
07:36« Oui, mais attendez, nous avons besoin du pétrole algérien, du gaz algérien », etc. Quel est l'état des choses du point de vue des relations économiques
07:47entre la France et l'Algérie ? — Alors pour le gaz, c'est faux, parce que nous importons seulement 8,7% à 8% de nos besoins en gaz d'origine algérienne,
07:58alors que pour l'Italie, c'est 40%, par exemple. Ce qui explique aussi l'attitude très gentille de l'Italie à l'égard de l'Algérie, la lune de miel entre l'Algérie et l'Italie,
08:10parce que l'Italie, elle, a besoin du gaz. — 40% de gaz... Ah oui, d'accord. — Donc c'est très important pour l'Italie. Nous, nous importons du gaz du Qatar, de Norvège
08:21et des États-Unis, en gros. Mais l'Algérie, c'est très marginal. Et les relations économiques... Les Algériens, depuis plusieurs années, ont déjà écarté la France.
08:31Donc c'est déjà fait. — Depuis plusieurs années. — Depuis plusieurs années. Moi, j'ai assisté à cette dégringolade de la France au cours de mon deuxième mandat.
08:40Ils ont écarté Aéroports de Paris. Ils ont écarté la RATP. Ils ont écarté Suez et annulé des contrats avec Suez. Ils ont écarté Total.
08:50Et ils l'ont empêché de racheter une société américaine en Algérie. Bref, ils ont pris déjà des mesures importantes contre la France. Donc c'est déjà fait.
09:01Et récemment, il y a quelques semaines, ils ont remplacé le blé français, les céréaliers français, avec le monopole de la livraison de blé en Algérie.
09:13Le monopole non pas pour des raisons économiques mais pour des raisons très pratiques, parce que le blé dur français est propre à faire la semoule pour le couscous.
09:23— D'accord. — Et donc les céréaliers français, avec quasiment le monopole de la livraison de la vente de blé... Et Alger, récemment, a remplacé le blé français par du blé russe.
09:36Donc tout est politique. — C'est-à-dire il y a quelques semaines, ça ? — Il y a quelques semaines. — Ah oui. Je crois que c'est très ignoré.
09:41— À la fin 2024. Donc tout est politique en Algérie. Et donc nous avons déjà été écartés du démarché algérien.
09:50— Oui, mais c'est tout à fait important et passionnant de le savoir. C'est-à-dire pratiquement aujourd'hui, vous dites...
09:58— Nous sommes au fond du trou aujourd'hui. Donc voilà pourquoi ne réagissons-nous pas ? — Oui, bien sûr. Et c'est une volonté politique qui date de longtemps.
10:08Enfin ça a été une volonté très délibérée. — Oui. Je dirais pour simplifier qu'en Algérie, tout est politique. L'économie et le commerce, c'est politique.
10:17La langue française, c'est politique. Les visas, c'est politique. — Et nous, nous répondons pas par nos politiques.
10:26— Voilà. Nous répondons avec des arguments cartésiens. — Nous répondons avec des petites fleurs et des marches blanches et des bouquets.
10:35On va en couture à parler. C'est passionnant, avec Xavier Driancourt, tout de suite après cette petite pause.
10:41— Soudradio Bercov, dans tous ses États, midi 14h. André Bercov. — Et nous sommes toujours pour notre plus grand plaisir avec Xavier Driancourt,
10:52ex-ambassadeur de France en Algérie. Je le rappelle à deux reprises. Il a été pendant 7 ans. Donc s'il y a quelqu'un qui connaît effectivement
10:59l'Algérie et la relation entre la franco-algérienne, c'est bien lui. Et justement, on parlait aux rentaines. Xavier Driancourt, c'est quand même intéressant.
11:06J'avoue que ça m'a échappé. Je l'ai pas lu. Mais il y a quelques semaines, même pas, le journal France et l'opinion, l'opinion,
11:15Nicolas Béthoud, le directeur, a interviewé le président algérien Théboune. Qu'est-ce qu'il disait ? Parce qu'il disait beaucoup de choses, Théboune.
11:25— C'est assez révélateur de l'état d'esprit que vous évoquiez juste avant la pause. Il y a toute une série de contre-vérités qui sont annoncées,
11:39énoncées par le président algérien. Alors d'abord, l'énormité absolue, c'est qu'il dit qu'on a arrêté Boilem Sansal parce qu'il avait dîné la veille
11:48au soir avec Xavier Driancourt. Donc vous voyez, méfiez-vous, André Berghoff. En sortant d'ici, vous risquez d'être arrêté.
11:56— Je reçois Xavier Driancourt. Ça me met en danger. Ah, il a dit ça tel quel ? Il a dit tel quel. A dîner avec Driancourt, c'est une condamnation.
12:04— Donc il ne parle plus du Maroc ou des déclarations de Boilem Sansal dans la presse française. Non, il donne ça comme argument.
12:14Il dit également que... Parce qu'il a interrogé sur la question de l'immigration. Et il dit... Mais je vais reprendre des Algériens
12:24qui sont en situation irrégulière aux États-Unis parce que vous comprenez, les États-Unis ont, eux, un problème migratoire.
12:32Mais la France n'en a pas. Or, bon, on connaît la situation en France. Et Didier Lesquy, qui vient parfois sur cette antenne,
12:41disait récemment qu'il y a... — L'Observatoire de l'Immigration, hein, Didier Lesquy.
12:46— Oui. Non, de l'Office français de l'Immigration, qui est le bras séculier du ministère de l'Intérieur.
12:54Et Didier Lesquy est préfet et directeur général de l'OFI. Et Didier Lesquy rappelait qu'en 2024, il y a eu 35 000 Algériens
13:07en situation irrégulière contrôlées. Contrôlées. — 35 000 en situation irrégulière contrôlées.
13:14— Donc si on ajoute ceux qui ne sont pas contrôlés, ça fait peut-être 30 000 en plus. Donc on doit être, disait Didier Lesquy,
13:23autour de 50 000, 60 000 Algériens en situation irrégulière, dont 35 000 ont été contrôlés.
13:30— Et ceux-là, ils ne comptent pas pour le président Tebboune. — Et ceux-là ne posent pas de problème migratoire
13:35pour le président Tebboune. Il dit d'ailleurs qu'il n'y a pas d'Algériens en situation irrégulière. Il dit « Je n'en envoie pas en France ».
13:43En France, vous n'avez que des médecins, des ingénieurs, des cadres qui sont parfaitement intégrés en France.
13:50Donc où est le problème ? — Et donc il dit tout ça d'un journal français, L'Opinion. — Tout à fait.
13:57— Et donc il arbore une parfaite bonne conscience. Enfin en tout cas... — Une parfaite mauvaise foi et une parfaite bonne conscience.
14:07— Oui. Et alors justement... Mais parlons un peu de ça. Et ils se réjouissent. Vous parliez justement des journalistes algériens.
14:14On l'a tous vu. Macron rabroue Retailleau ou le remet à sa place, etc., dans une jubilation que l'on peut d'ailleurs comprendre
14:23si on est journaliste algérien ou autre. Mais justement, parlons un peu de ça même. Est-ce qu'il y a mystère ? Il y a quoi ?
14:32C'est-à-dire comment il se fait ? Encore une fois, il n'y a pas de jugement ni moral ni autre. Il ne s'agit pas d'invectiver ou de juger.
14:40Mais qu'est-ce qui fait qu'entre un président, son premier ministre et son ministre de l'Intérieur, sur une situation aussi importante
14:47et sur une question aussi délicate que celle des rapports France-Algérie, il y a des déclarations... Donc vous les connaissez mieux
14:56que moi, Xavier Trirancourt. Donc d'abord la submersion de la part de François Bayrou. « Il faut revoir les accords »,
15:04dit le même premier ministre. Bruno Retailleau qui dit « Écoute, c'est plus possible. Ça peut pas continuer comme ça,
15:10d'avoir cette espèce de laxisme vis-à-vis de l'Algérie qui vraiment nous bouscule et nous humilie ». Il en parle d'humiliation, Bruno Retailleau.
15:20Et Emmanuel Macron qui dit « Écoutez, la loi de son souhait, on va pas la changer comme ça. Oui, il faut y réfléchir. Il y a des choses à faire.
15:28C'est évident. Mais il faut voir un peu ». D'ailleurs, François Bayrou avait dit « Nous allons faire une commission et dans 4 ou 6 semaines,
15:35on verra ce qu'on va faire ». Toujours, comme disait Récoil, il faut créer une commission quand il y a une crise.
15:41— Ça montre l'extrême difficulté de l'équation politique intérieure française, équation dont jouent les Algériens, encore une fois.
15:53Et nous en voyons là encore des messages contradictoires. Il y a la déclaration de Bruno Retailleau. Il y a cette fameuse note
16:03qui a fuité, dit-on, dans le journal du dimanche de Bruno Retailleau où il détaille les mesures qu'il compte prendre vis-à-vis de l'Algérie.
16:14Il y a la déclaration, la conférence de presse du Premier ministre entourée du même Bruno Retailleau et du ministre des Affaires étrangères.
16:24Et puis là-dessus, cerise sur le gâteau, il y a la déclaration magistrale, majestueuse du président de la République qui dit
16:32« L'accord de 68, c'est moi ». Donc il semble effectivement contredire son Premier ministre. La deuxième chose que ça montre, c'est qu'en fait,
16:42on confond un peu les dossiers, parce qu'on se focalise sur l'accord de 68 et le président de la République en premier.
16:50Mais il y a aussi d'autres accords. Il y a notamment l'accord de 68 révisé en 1994. Et puis en 1994, il y a aussi un autre accord secret
17:04qui porte sur la réadmission des Algériens en Algérie, sur le retour des Algériens et les obligations des consulats algériens en France.
17:15Et en parlant de 1994, et le président de la République et le Premier ministre ont mélangé ces différents textes.
17:24— C'est-à-dire ? Expliquez-nous, sans entrer dans le détail, évidemment, qui nous amènerait loin, en fait, aujourd'hui, par rapport à l'accord de 68.
17:33— Oui. Il a été modifié à plusieurs reprises, dont une fois en 1994. — D'accord.
17:40— Et le Premier ministre comme le président de la République ont parlé de l'accord de 1994 et faisaient référence manifestement à cette révision de l'accord de 68.
17:51Mais il y a aussi en 1994 un autre texte qui est un échange de lettres entre les deux ministres qui porte sur la réadmission des Algériens en Algérie.
18:02— Et qui disait quoi, grosso modo ? — Qui fixe un certain nombre d'obligations aux consulats algériens... — D'accord.
18:09— ...pour reprendre leurs nationaux et délivrer les laissés-passés consulaires. — Les fameux laissés-passés consulaires, oui.
18:16— Et quand le Premier ministre a dit « Mais les Algériens ne respectent pas l'accord de 68 », si, ils le respectent,
18:23puisque l'accord de 68 ne marche que pour l'entrée des Algériens en France, mais pas pour le retour. — Oui, d'accord. Ils n'ont pas évoqué...
18:33— Mais ils n'ont pas évoqué, il n'a pas évoqué cet échange de lettres sur la réadmission, c'est un terme technique.
18:40— C'était avec Bernard Kouchner, qui était à ce moment-là. — Non, c'était... — Non, c'était... — ...94, c'était Alain Juppé qui était ministre.
18:46— Alain Juppé. Et... — Et Dominique de Villepin, directeur de cabinet. — Oui. Il faut se rappeler ça. — D'ailleurs.
18:52— Oui, oui, qui, lui aussi, fait des grands effets de manche en ce moment. Mais justement, Xavier de Riancourt, au fond,
19:00il y a une espèce donc de flou artistique – enfin si on veut, si on peut dire artistique – qui est donné, et qu'aujourd'hui, tout se passe.
19:10Comme si l'Algérie dit « Écoutez, nous, on fait ce qu'on a à faire. La France ne sait pas ce qu'elle veut ».
19:16Et effectivement, on donne l'impression – je dis pas que c'est faux ou pas vrai – mais on donne l'impression que la France ne sait pas ce qu'elle veut.
19:23— On donne l'impression que la France ne sait pas ce qu'elle veut alors que l'Algérie sait ce qu'elle veut. C'est-à-dire qu'est-ce qui va se passer, maintenant ?
19:30Le Premier ministre a fixé un délai de 4 à 6 semaines pour renégocier l'accord de 68. L'Algérie, à mon sens, à mon avis, ne va pas entrer dans la discussion.
19:42Elle va faire le mort. Pourquoi est-ce que les Algériens feraient plaisir à M. Bayrou et à M. Rotaïo ? À mon avis, revoyons-nous dans 4 ou 6 semaines.
19:54— Et là, nous serons au pied du mur. Parce que le Premier ministre a dit « On va dénoncer l'accord de 68 s'il n'est pas renégocié d'ici là ».
20:05Et le président de la République dit « Ah non, l'accord de 68, c'est ma pomme ».
20:10— D'ailleurs, en l'occurrence, le président de la République nous a annoncé un scoop. Il est président de la République, ce qu'on ignorait effectivement
20:18de façon assez drastique depuis. On va en parler avec une petite pause. Et je voudrais justement étendre un peu.
20:24Et on va parler aussi de Russie-Ukraine. On va parler de tout cela avec Xavier Driancourt tout de suite après cette petite pause.
20:30À tout de suite. Et je rappelle 0826 300 300, 0826 300 300 si vous voulez poser des questions et intervenir avec Xavier Driancourt. À tout de suite.
20:41— Soudradio Bercov, dans tous ses états, midi 14h. André Bercov.
20:48— Et nous sommes avec l'ex-ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driancourt. Et on parle effectivement de ces relations, je dirais,
20:58pour le moins opaques, difficiles, en montagne russe entre ces deux pays. Et vous avez parlé justement... On voudrait revenir là-dessus.
21:09Vous avez employé l'expression... Déjà, vous l'avez employée à l'antenne. Mais on vient de parler du double aveuglement.
21:14Comment vous le définissez encore, ce double aveuglement, Xavier Driancourt ?
21:20— Je dirais que cette affaire Boalem-Sensal, puisque dans le fond, tout est parti de là et de la reconnaissance par la France du Sahara marocain,
21:30révèle notre double aveuglement. Aveuglement dans la relation avec l'Algérie, donc sur le plan international, où nous payons aujourd'hui
21:43finalement les incohérences des dernières années, l'absence de continuité dans notre politique vis-à-vis de l'Algérie,
21:54l'absence de fermeté également dans notre politique vis-à-vis de l'Algérie, le fait que nous n'avons jamais dénoncé la répression qu'il y a aussi en Algérie.
22:07— C'est vrai. — Je voyais l'autre jour un dessinateur algérien, Gilles Ainouche, qui était effondré parce qu'il venait d'apprendre
22:16qu'il avait été condamné à 20 ans de prison pour un dessein offensant le président algérien, après avoir été condamné 10 ans de prison déjà pour le même dessein.
22:31Donc il me disait « J'ai 10 ans de prison ». — Ça voulait dire ils ont donné 20 ans en plus. — 20 ans en plus. — Il est en France, lui, heureusement.
22:36— Il est en France. Mais ça veut dire qu'il ne peut pas retourner en Algérie. Et il est condamné pour le même motif que Boalem-Sensal,
22:45c'est-à-dire atteinte à la sûreté de l'État. Donc un dessein et même un dîner, comme l'a dit le président algérien, peuvent constituer une atteinte à la sûreté de l'État.
22:56Donc nous n'avons rien dit pendant des années et des années sur la répression qu'il y a en Algérie, donc aveuglement français et puis aveuglement aujourd'hui
23:05sur ce qui se passe en France, sur les réseaux algériens, sur les influenceurs, sur les réseaux Mediézard, la mosquée de Paris, etc.
23:19— Le monopole de la viande halal, etc., etc., enfin tout ça. — Voilà. Donc là aussi, l'article du journal L'Opinion sur la certification halal par la mosquée de Paris.
23:29Tout ça grâce à un accord de Théboune. Donc voilà, on découvre tout cela aujourd'hui, cette affaire Boalem-Sensal.
23:37En plus, elle souligne les incohérences politiques – vous l'évoquiez juste avant – au sein du gouvernement.
23:45— Alors justement, en fond, ce serait intéressant de faire un peu d'histoire, Xavier Drancourt. Est-ce que ce malentendu ou cette espèce d'ambiguïté,
23:55est-ce qu'elle date de 1962 ? Est-ce qu'on a vraiment voulu... Voilà, on a réglé la chose. Et puis on a laissé sous le boisseau un certain nombre de choses.
24:05Faut pas en parler. Circulez. Il n'y a rien à voir. — Oui, c'est clair. C'est dès 1962 que, dans le fond, le général de Gaulle était trop content
24:15d'avoir enfin réglé l'affaire algérienne et de s'être débarrassé de ce fardeau. Donc il n'y a qu'à relire à la fois les mémoires du général de Gaulle
24:25et puis surtout les confidences faites à l'imperfite. Et il dit parfaitement... Bon, maintenant, le problème est réglé. On passe à autre chose.
24:34Il faut passer à autre chose. Et donc voilà. Il faut fermer les yeux sur tout ça. Et nous avons fermé les yeux à partir de 1962 sur la réalité algérienne
24:46et puis sur la réalité de la relation franco-algérienne. Il faut pas oublier, André Bercoff, qu'en 1962, les accords d'Evian,
24:55ils sont négociés par le gouvernement provisoire algérien, une équipe de 5 ou 6 négociateurs algériens. Et qu'en juillet 1962, il y a un coup d'État en Algérie
25:06qui élimine tous les négociateurs d'Evian. Et donc nous nous sommes... — Ils ont été entièrement éliminés. Ils sont sortis, les gars.
25:13— Ils ont été éliminés, certains physiquement, d'autres exilés. Et donc à partir de juillet 1962, les accords d'Evian datent de mars.
25:22Donc en juillet 1962, la France du général de Gaulle s'est retrouvée face à des gens qui n'avaient pas signé les accords d'Evian,
25:30qui n'étaient pas d'accord sur leur contenu et qui disaient « Nous, écoutez, tout cela ne nous engage pas ». Donc nous avons fermé les yeux
25:39à la fois sur cette réalité et puis sur ce régime militaire, FLN militaire, soviétique en plus, parce que voilà, on voulait tourner la page.
25:51— Oui. Et eux ont dit... C'était très clair. Ils ont dit « Ça ne nous engage pas », quelque part. — « Ça ne nous engage pas ».
25:56— C'est ça. Et on a fait comme si... — On n'entendait pas. Ils pouvaient parler. Mais donc voilà, la réalité, ça date de 1962.
26:04— Donc tout ce qui se passe aujourd'hui, les racines montent à 60 ans et plus. — Les racines remontent à 1962. Et nous le payons aujourd'hui,
26:11parce que pendant 63 ans, nous avons fermé les yeux sur la réalité algérienne. — Oui. C'est ça qui est fondamental.
26:20— Un de vos confrères journalistes à Jeune Afrique, Farid Alilat, qui est un journaliste algérien – il n'est pas binational, il est algérien –,
26:30il est rentré en Algérie au mois de septembre. Et là, à la PAF, à la police des frontières, on lui a dit « Vous reprenez l'avion pour la France.
26:37Vous n'êtes pas autorisé à rentrer dans votre propre pays », puisqu'il n'était que franco-algérien. — Il n'est même pas franco-algérien.
26:44— Il n'est pas franco-algérien. Donc il est rentré en France. Mais la France n'a rien dit, là aussi. Donc après, on s'étonne 6 mois plus tard
26:54qu'ils ne reprennent pas le dénommé d'Oualem ou qu'ils ne reprennent pas. Mais dès le mois de septembre, nous n'avons rien dit pour un journaliste algérien...
27:03— Oui, c'est ça. — ...qui a été expulsé de son propre pays. — ...qui a été expulsé de son propre pays. Donc vous, si vous reveniez à Roissy, on vous disait...
27:10— Mais c'est ça. « Vous n'êtes pas autorisé à rentrer en France ». Donc voilà. Nous payons cette... Oui, une forme de lâcheté vis-à-vis de...
27:20— Mais qu'est-ce qui fait... On peut comprendre encore une fois non pas excusé... Enfin De Gaulle, bon, il se débarrassait du fardeau pour lui,
27:28enfin etc., et il avait fait ce qu'il pensait faire. Mais qu'est-ce qui fait qu'aucun... Parce que si l'on vous suit, Xavier Driancourt,
27:35et ça me paraît frapper au coin du bon sens, aucun gouvernement, régime successif, qu'il soit de droite, de gauche, centriste ou ailleurs,
27:43n'a reposé la question de base. C'est-à-dire qu'on disait « Écoutez, ça va, on fait comme si tout allait bien et on n'en parle pas ».
27:50C'est-à-dire c'est motus et bouche cousue. — Oui. — Un peu. Enfin... — Pour des raisons différentes. Mais les gouvernements de droite,
27:58De Gaulle, Pompidou, puis Valéry Giscard d'Estaing, voulaient plus entendre parler de la question algérienne.
28:06— Même Giscard d'Estaing. — Sous Giscard d'Estaing, en plus, commence à se poser la question de l'immigration, avec, vous vous souvenez,
28:13les arrêts du Conseil d'État... — Le regroupement familial. — Le regroupement familial. — 1976, oui.
28:18— Et puis ensuite, il y a 10 ans, 14 ans, plutôt, de septennat de François Mitterrand. Et l'angélisme de la gauche vis-à-vis de l'Algérie.
28:30En 1981, la première décision, c'est de renégocier le prix du gaz avec l'Algérie pour donner un juste prix, disait François Mitterrand, à l'Algérie.
28:44— Oui, c'est-à-dire on est prêts à racheter plus cher le gaz. — À racheter plus cher le gaz algérien. — Il faut rappeler ça.
28:50— En 1982, Gaston Defer, ministre de l'Intérieur, confie la gestion de la mosquée de Paris au gouvernement algérien.
28:59— Ah, elle ne l'était pas avant. — Elle ne l'était pas avant. — 1982. — 1982. Donc il y a eu... Vous voyez, il y a eu une alternance de
29:08« on veut rien voir », d'abord, ensuite l'angélisme des gouvernements socialistes. — Mais vous avez une dette envers l'Algérie, etc.
29:16— Et puis après, on a, j'allais dire, l'enthousiasme chiracien, où il s'entendait bien avec Bouteflika. Il a fait 3 voyages à Alger,
29:27tout en cajolant aussi le roi du Maroc. Donc la politique de Chirac était parfaitement équilibrée entre les deux.
29:36Et puis à partir de 2005, on est entrés dans cette repentance et dans cette politique mémorielle qui a commencé en 2005,
29:46après un vote à l'Assemblée nationale. — 2005, il y a 20 ans. — Il y a 20 ans, exactement.
29:51— Alors dites-moi, comment a été recueilli, quand en 2017, encore candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron ?
29:58Comment a été recueilli, parce que ça a été finalement un moment fort, quand il a dit, quand même, excusez-lui peu,
30:04la colonisation française en Algérie... — Crime contre l'humanité. — Crime contre l'humanité. Ça a été pris comment ?
30:10— Pour les Algériens d'Algérie... Et le gouvernement algérien, c'était du pain béni, si je puis dire, parce que pour la première fois,
30:20un candidat, non pas un président, mais un candidat déclarait cette formule qu'il n'attendait sans doute pas.
30:30— Sûrement pas, oui. — Et c'est un journaliste algérien, qui reste à faire un an de prison après, qui a posé la question à Emmanuel Macron,
30:40alors candidat... — Il était alger. C'était alger. — Alger, alger. Et donc il a lâché cette formule. Et puis après, il est revenu dessus.
30:48Il a dit non, c'est un crime contre l'humain. C'était de la barbarie. Et le fait est qu'il n'a jamais prononcé une deuxième fois cette phrase.
30:58Et le lendemain, à Toulon, il a présenté des excuses pour avoir dit cela. Donc voilà. Encore une fois, cette incohérence française,
31:12elle continue aujourd'hui. Et les Algériens entendent les deux messages, ce qu'ils veulent bien comprendre.
31:20— Et dites-moi, vous l'avez dit quelque part, vous l'avez écrit aussi. Tout se passe, Xavier de Riencourt, comme si...
31:30Comment dirais-je ? La France était encore, vous savez... Comment dire ? Voir le dernier Français à son dernier soupir,
31:40seul en être la cause et mourir de plaisir, comme disait un certain Racine ou un certain Corneille, j'ai des doutes affreux.
31:47Non mais est-ce que la France est toujours... C'est toujours... Juste un mot, vous savez. Est-ce que vous étiez encore ambassadeur
31:54quand ils ont décidé de rétablir le couplet antifrançais dans l'hymne algérien ? — Non, j'avais quitté Alger. Mais c'est vrai que ce couplet existait déjà.
32:05Mais c'est le cinquième couplet de l'hymne national. Et en général, dans les cérémonies officielles, on ne joue jamais 5 couplets.
32:14On joue le premier, comme en France, la marseillaise. Mais là, ils ont décidé, c'est il y a 2 ou 3 ans, que dans les cérémonies...
32:23— Ah, c'était il y a 2-3 ans, oui. — En présence du président de la République, on jouerait... — Les 5 couplets.
32:30— Mais qui a décidé, vous savez, de réintroduire... — C'est le président algérien. Ça commençait à l'époque, voilà, l'escalade.
32:40— Donc la France... — L'interdiction de l'enseignement du français, l'interdiction des écoles privées qui enseignent en français,
32:48l'hymne national algérien rétabli, et puis les interventions déjà dans la politique française avec Nahel en juin 2023.
33:00Donc tout ça date de... Vous voyez, le tournant, c'est après l'échec du Hirak et la politique du président.
33:10— Donc il s'agit de retrouver un bon émissaire. Cette pelée, cette galeuse nous vient tout le mal.
33:16— C'est tellement pratique. — Bien sûr. On sait ça un peu partout. Et juste un mot. Quand il y a eu disparition du français,
33:24enfin de l'anglophone française enseignée, etc., ce que vous disiez, il y a eu des réactions du côté gouvernement français ou du côté des autorités ?
33:32— Non, non, non. À ma connaissance, non. Non, non, non. — T'es considéré comme une affaire intérieure algérienne.
33:40— Encore une fois, parce que c'est une constante. Depuis 1962, nous fermons les yeux dans le fond sur un sujet qui est épineux,
33:50qui est source de polémiques, qu'on craint toujours que ça fasse de la provocation en France. Donc voilà. Je crois que c'est une constante
34:00parescente, encore une fois. Ça date de 1962. — Oui, c'est ça. Il faut le rappeler. — Mais ça s'est exacerbé ces dernières années,
34:07parce qu'il y a une démarche délibérée quand même des autorités algériennes et puis parce qu'il y a les réseaux sociaux
34:14qui n'existaient pas du temps du général De Gaulle. — Oui, bien sûr, qui amplifient la chose. Mais quand même, il y a des volontés délibérées
34:21au-delà de ça, effectivement, de part et d'autre. Et puis il y a, comme vous dites... En tout cas, on peut le dire.
34:26Nous, il y a un laxisme ou une incohérence ou une opacité, encore une fois, une espèce de brouillard de notre côté à nous, les Français.
34:34— Oui, tout à fait. — Il faut le dire. On va continuer. On va parler de la politique internationale maintenant avec Xavier Triancourt
34:42après cette petite pause. Et n'oubliez pas, on vous attend 0826 300 300. À tout de suite.
34:47— Le Sud. Radio-Bercov, dans tous ses États, midi, 14 h. André Bercov.
34:55— Avec Xavier Triancourt, nous avons longuement parlé de ce qui se passe entre la France et l'Algérie et qui est hélas pas du tout fini.
35:02Quand je dis « hélas », tout le monde souhaiterait des relations plus claires, plus saines et plus apaisées. Mais le moins que l'on puisse dire,
35:10et ce n'est pas encore le cas. Mais j'aimerais avoir le diplomate que vous êtes, Xavier Triancourt. J'aimerais savoir comment vous considérez
35:19ce qui se passe en ce moment entre Trump, Poutine, Zelensky. Vous avez évidemment suivi comme tout le monde le clash d'un côté,
35:29les négociations de l'autre, les bruits de bottes en Europe, la réunion de Londres. On dit « Attention, on va pas laisser faire ».
35:36Ça va pas se passer comme ça. Quel est votre regard là-dessus ? Ça nous intéresse, évidemment.
35:43— Oui. Alors je suis moins spécialiste de ces questions-là, de l'Ukraine en particulier. Mais comme tout le monde, je m'intéresse à cette actualité.
35:53Et il y a déjà quelques semaines, je me demandais si dans le fond, ce que veut Trump, est-ce que ça ne serait pas d'aboutir à un grand marchandage
36:07avec Poutine, un marchandage non seulement sur l'Ukraine mais beaucoup plus général, dans le fond. Trump pourrait dire... On pourrait imaginer cela.
36:20Trump disant à Poutine « Je ferme les yeux sur l'Europe. Moi, ça ne m'intéresse pas ou ça ne m'intéresse plus. La sécurité des Européens,
36:32ça ne m'intéresse pas. Ça ne concerne plus les États-Unis. Donc je ferme les yeux sur l'Europe. L'Ukraine, on refait les frontières. C'est ton problème ».
36:42— On négocie les terres avec compagnie. — Voilà. On voit ça avec Zelensky. Mais c'est pas mon problème. Et on échange de quoi ?
36:50« Toi, Vladimir, tu me laisses agir avec Israël au Moyen-Orient ». Et on l'a vu avec la Syrie. Moscou n'est pas intervenu.
37:04Et on pourrait le voir demain avec l'Iran. C'est-à-dire qu'il pourrait y avoir une sorte de marchandage, dans le fond, de partage du monde
37:14entre ce qui se passe en Europe... Mais Trump-Poutine, aujourd'hui... Mais visiblement, l'Europe, ça ne concerne plus, ça n'intéresse plus
37:25le président américain. Et ce qui l'intéresse, en revanche, c'est l'Iran, Israël et le Moyen-Orient d'une manière générale.
37:34Donc on pourrait très bien imaginer qu'Israël, les monarchies du Golfe avec l'accord tacite de la Russie interviennent et fassent la paix
37:45ou le nettoyage au Moyen-Orient. Et troisième élément de ce marchandage, c'est l'Asie et Taïwan.
37:53— J'allais vous parler Équid de la Chine. — Voilà. Et Taïwan. Donc toi, Vladimir, tu m'aides, tu convainces la Chine à ce qu'elle ferme les yeux sur Taïwan.
38:02On pourrait imaginer un espèce de deal... — Un accord global. — Un accord global. — Oui. Et alors du coup, quand même, c'est intéressant.
38:09Je veux avoir votre avis. Non mais même si vous n'êtes pas sympathiste, vous êtes diplomate, vous suivez tout cela, évidemment, avec minutie.
38:17Équid, des BRICS. Vous savez, on a beaucoup parlé à un moment donné des BRICS. Est-ce que ce qui se passe actuellement, ce rapprochement,
38:23effectivement – on le voit – entre Trump et Poutine, on ne sait pas jusqu'où ça va aller, mais en tout cas c'est parti,
38:31est-ce que ça remet en cause la difficile gestation des BRICS depuis 10 ans ou 15 ans, à votre avis ?
38:37— Non. Les BRICS, c'est quelque chose de différent. Donc c'est ce petit groupe de 5, 6 pays qui, aujourd'hui, est étendu à une dizaine de pays.
38:47Mais je crois que ce qui est important de noter, c'est que les BRICS, comme d'autres groupes, le groupe de Shanghai ou des différents...
38:56Mais c'est vrai, en ce qui concerne les BRICS et ce qu'on appelle aussi le sud global, dans le fond, c'est la remise en cause de l'ordre mondial de 1945
39:09auquel nous étions habitués. Et cette remise en cause, c'est d'une part la sécurité en Europe. Et on voit que Trump lâche la sécurité en Europe
39:19et la sécurité européenne, la couverture nucléaire américaine qui a été mise en place en 1944-1945 après la guerre.
39:29Mais c'est aussi l'architecture générale des Nations unies, et notamment le Conseil de sécurité. Donc derrière les BRICS
39:38et derrière ce sud, non pas radio, mais global, il y a une contestation, une remise en cause de cette architecture onusienne.
39:49Pourquoi la France, comme la Grande-Bretagne, disent-ils, aurait aujourd'hui droit à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité ?
39:59Qu'est-ce que représente la France avec ses 3 500 milliards de dettes ? Qu'est-ce que représente la Grande-Bretagne ?
40:07Alors que nous, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Indonésie, nous sommes des nations émergentes qui devrions avoir un siège au Conseil de sécurité.
40:17Donc vous voyez que tout ça, c'est... Derrière ce grand marchandage Trump-Poutine, il y a aussi d'autres remises en cause.
40:25— Qui ne va pas, évidemment, s'arrêter l'Ukraine et qui est déjà en gestation sur la planète. — Et nous, nous vivons dans l'ère de nos certitudes.
40:35— De nos certitudes et de notre calcul à la petite semaine, il faut le dire. Mais justement, est-ce que ça peut arriver...
40:42Vous avez entendu quand même... Est-ce qu'on croit que c'est possible sans faire du Marc de café et de la voyance ?
40:47Vous savez, un certain Elon Musk, qui compte beaucoup au sein de la politique américaine et qui, en lui-même, a été tout à fait passionnante,
40:54quel que soit ce qu'on peut penser de lui, vu ce qu'il a fait, il a écrit un tweet en disant... Et pourquoi... Évidemment, c'est un langage que lui.
41:02Pourquoi quitterions-nous pas l'OTAN et l'ONU ? Il y a des voix, actuellement, qui disent... Mais attendez, est-ce que vraiment, l'Amérique...
41:10L'OTAN, vous savez ça, Trump l'a dit depuis longtemps. Vous n'avez qu'à payer plus. On paye 50% ou 60% du budget de l'OTAN,
41:17mettant les Européens, si vous voulez, la couverture. Allez-y. 5% du PIB. L'ONU, est-ce qu'à votre avis, cette espèce de redistribution
41:26des cartes du valeurs mondiales peut aller jusqu'à, je dirais, le termitiaire OTAN, en disant... Mais écoutez, le pacte de Varsovie s'est fini depuis longtemps.
41:36Pourquoi pas l'OTAN ? — L'OTAN, c'est pas impossible, parce que pour l'instant, les États-Unis sont un peu sur cette voie sans le dire.
41:47— On dirait. — Mais ils n'ont pas juridiquement quitté l'OTAN, évidemment. — Bien sûr. — Mais s'ils arrivent à obtenir ce qu'ils veulent,
41:54c'est-à-dire un rééquilibrage au sein de l'OTAN, notamment un rééquilibrage financier, dans le fond, ils auraient obtenu satisfaction.
42:03— C'est vrai. — L'ONU, pourquoi pas dans un deuxième temps ? Mais c'est un peu de la politique fiction. Je pense que les États-Unis auraient davantage à perdre
42:14en quittant l'ONU qu'à y gagner. Et puis un mandat de président américain, c'est court. C'est 4 ans.
42:23— C'est vrai. 12 ans, s'il n'obtient pas la majorité, d'ailleurs. — 2 ans, plus 2 ans. Donc faire des choses à ce point irréversibles, c'est quand même dangereux.
42:35— C'est difficile. En revanche... — Mais l'ONU peut être dépouillée de ses apparences, c'est-à-dire les États-Unis sortent d'un certain nombre
42:42d'organisations internationales, quittent l'accord sur l'Iran, quittent l'accord de Paris, quittent un certain nombre d'organisations.
42:53Et finalement, ça revient au même. — Ils ont déjà quitté l'OMS. Ça peut aller beaucoup plus loin. — Ça peut aller beaucoup plus loin.
43:00— C'est fascinant, vraiment, tout cela. Merci, Xavier Driancourt. On a fait un large... Je dirais simplement un large éventail.
43:11On a regardé tout cela. Mais peut-être qu'on pourrait dire que peut-être qu'une certaine passivité est mauvaise conseillère. Voilà. Merci.

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