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Il fête aujourd'hui ses 80 ans et n'a pas perdu sa foi en l'Europe : face à Donald Trump il rêve plus que jamais aux "États-Unis d'Europe". Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen, auteur de "Souvenirs d'un apatride" (Flammarion), est l'invité de RTL.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 avril 2025.

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Transcription
00:00Et tout de suite, l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Dany Cohn-Bendit,
00:08ancien député européen.
00:09Il publie Souvenir d'un apatride aux éditions Miel et Barreaux.
00:13Bonjour et bienvenue sur RTL, Dany Cohn-Bendit.
00:15Bonjour Thomas.
00:16Et bon anniversaire à vous, 80 ans aujourd'hui, une impression pour commencer.
00:21Que dirait le Dany des barricades au Dany d'aujourd'hui à votre avis ?
00:24Oh, ça va, tu te portes bien, aucun problème.
00:28Tu n'as pas trop dévié de tes convictions ?
00:30Mais si, j'ai toujours dévié, mais comme je déviais déjà à l'époque, ce n'est pas grave.
00:34Votre vie, vous la racontez donc dans ce livre Souvenir d'un apatride que vous publiez chez Miel et Barreaux, Amandine le disait.
00:40Dans le livre, Marion von Rettergem vous demande, toi-même, tu n'as pas été fou en 68 ?
00:44Et vous lui répondez, j'ai eu des délires utopiques, j'étais pour la généralisation de l'autogestion,
00:48je partageais l'idéalisation de la classe ouvrière, j'ai eu des folies qui n'étaient pas totalitarisantes.
00:54Et finalement, est-ce que ce n'est pas un point commun que vous avez avec Donald Trump,
00:57cette capacité à vous dire, tout est possible, il n'y a pas de limite, il ne faut rien s'interdire ?
01:01C'est un coup vache là, c'est vraiment...
01:05Non, je ne dis pas que tout est possible et qu'il n'y a pas de limite, je dis simplement,
01:11et encore moins aujourd'hui, je dis, à l'époque, on se libérait d'une morale, d'une vision de la société qui était dépassée.
01:21Mais ce n'était pas sans limite.
01:23Le problème, il est qu'aujourd'hui, Donald Trump, c'est...
01:29Moi, j'ai la force et je n'ai pas de limite parce que ma force n'a pas de limite.
01:34Et donc, je suis le contraire, c'est-à-dire, c'est le pouvoir du fort contre les faibles.
01:39Et donc, moi, je suis pour l'organisation de plus de justice.
01:44Trump, c'est l'anti-justice.
01:46Trump qui a donc dégainé ses droits de douane, François Langlais en parlait à l'instant.
01:50Quand sur ses droits de douane, Emmanuel Macron demande une riposte unie et déterminée de l'Europe,
01:54il demande aux entreprises françaises de stopper leurs investissements aux États-Unis,
01:58bref, qu'il joue le rapport de force. Est-ce qu'il a raison, le président français ?
02:02De jouer le rapport de force, oui, maintenant, il y a une discussion entre François Langlais et des autres économistes
02:09qui conseillent, par exemple, le président de la République, pour comment on répond, il y a plusieurs réponses.
02:16Jouer le rapport de force contre celui qui a la force, vous nous le disiez à l'instant, on est sûr de perdre.
02:20Non, parce que l'Europe aussi a de la force. Si vous faites une taxe numérique, vous touchez les Américains et l'Europe a la force.
02:30C'est justement, c'est ça, c'est qu'on oublie que l'Europe est un marché, un espace qui est équivalent à l'espace américain.
02:38On n'a pas cette force militaire, mais l'Europe a les possibilités.
02:43Il y a le bazooka, je ne dis pas qu'il faut l'emprunter.
02:47On interdit tout échange économique avec les Etats-Unis.
02:50C'est un processus...
02:52C'est un bazooka efficace, non ?
02:54Non, il faut dire, voilà, on met en chemin cette décision, il faut une décision à majorité qualifiée au niveau européen.
03:03On dit à Trump, ou tu reviens en arrière, et nous, on commence dans cette décision.
03:07Puis, on négocie. Mais si vous voulez négocier, vous devez avoir un rapport de force.
03:13On négocie, mais on n'a rien contre toi.
03:15On est gentil, M. Saadet, mais si, je vais t'envoyer de l'argent.
03:19Et M. Hanté, mais si, je vais t'envoyer de l'argent.
03:21Rodolphe Saadet, le patron de CMA-CGM, qui a beaucoup d'investissements prévus, il était dans le bureau de Donald Trump il y a quelques semaines.
03:26Comme un petit garçon, comme un petit garçon.
03:28Bernard Arnault, je crois qu'un quart du chiffre d'affaires de LVMH est réalisé aujourd'hui aux Etats-Unis.
03:33Ils doivent cesser leurs investissements, il doit y avoir une forme de patriotisme économique de leur parti.
03:37Non, je ne demande pas à M. Arnault, ni à M. Saadet.
03:40Ça, c'est à l'Union Européenne de...
03:42Peu décider que tout cesse.
03:44Mais ça, c'est un processus.
03:46Voilà, Trump, si tu continues, nous on va faire ça.
03:50Et en même temps, maintenant, il faut choisir des mesures de rétorsion.
03:54De rétorsion pour ne pas se laisser faire.
03:56Enfin, ce mec, il n'a pas toutes ces...
04:00Il y a des tas de choses qui ne fonctionnent pas dans sa tête.
04:02Et si on se laisse faire, et bien après, l'Europe sera à sa merci.
04:06Il veut détruire l'Europe.
04:08Vance et Trump veulent détruire l'Europe.
04:10Poutine veut détruire l'Europe.
04:12Parce que l'Europe est un espace politico-économique
04:16qui a une autre idée de la liberté et de la démocratie.
04:18C'est ce qu'ils veulent détruire.
04:20On va parler de l'Europe dans un instant.
04:22Mais quelques mots encore sur Emmanuel Macron.
04:24Vous lui consacrez un chapitre dans le livre, Emmanuel Macron,
04:26ou Pourquoi je me suis enflammé, c'est le titre du chapitre.
04:28Vous parlez même d'un coup de foudre.
04:30C'est un amour déçu Emmanuel Macron, vous lui en voulez aujourd'hui ?
04:32Non, je ne l'en veux pas.
04:34Vous l'avez dit très très macroniste.
04:36Mais oui, je raconte.
04:38C'est un homme très brillant,
04:44qui au début, avec son idée d'en même temps,
04:48avait une critique de la situation française,
04:52d'un espace politique français bête et méchant.
04:54La gauche dit A, la droite dit non, c'est B.
04:57La droite dit B, la gauche dit non, c'est A.
04:59Et on discutait pas des contenus.
05:01Donc il dit, je veux dépasser ça.
05:03Il a échoué à ça ?
05:04Il a échoué à ça.
05:06Pourquoi il a échoué ?
05:08Parce que c'est lui, son caractère qui l'empêche.
05:10Lubris ?
05:11Lubris.
05:12Et c'est là que j'explique,
05:14ce que je n'ai pas compris au début,
05:16quand il traverse seul le Louvre,
05:18j'ai trouvé ça fantastique.
05:20J'avais les larmes aux yeux.
05:22Mais en fin de compte, c'est ça, c'était Jupiter.
05:24Il n'y a que moi.
05:26Vous parlez encore, vous échangez encore avec lui ?
05:28Non, depuis le fait que j'ai critiqué durement,
05:32parce que sur la réforme des retraites,
05:34j'étais pour la réforme à points.
05:36Je lui disais, tu dois trouver un compromis
05:38avec Laurent Berger et la CFDT.
05:40Tu ne peux pas faire une réforme des retraites
05:42sans un compromis avec une partie de la société.
05:45Il dit, mais non, Laurent a mal calculé.
05:48Je lui dis, je vais faire un scoop.
05:50Tu le dis à personne, Laurent a été à l'école,
05:52il sait que 2 et 2 ça fait 4.
05:54Qu'est-ce que c'est qu'il n'a pas calculé ?
05:56Voilà, tu trouves un compromis avec la CFDT
05:58et tu fais passer ta réforme des retraites.
06:00C'est là-dessus.
06:02Il s'est montré un technocrate froid.
06:04Technocrate froid.
06:06Vous parlez aussi beaucoup de l'Europe.
06:08C'est un autre anniversaire aujourd'hui,
06:10il y a 11 ans, le 4 avril 2014,
06:12jour de vos 69 ans, vous vidiez votre bureau
06:14de député européen à Bruxelles.
06:16Aujourd'hui, l'Europe crée pas mal de soucis
06:18à Marine Le Pen, l'affaire des assistants parlementaires
06:20du FN pour lequel elle a été condamnée.
06:22Est-ce que ça vaut que la favorite des sondages
06:24soit exclue de la prochaine présidentielle ?
06:26Il y a un sondage qui a été publié ce matin,
06:2849% des français souhaitent
06:30qu'elle soit candidate, c'est plus 7 points en un mois.
06:32Mais,
06:34moi je vous dis,
06:36il y a une justice.
06:38Montesquieu. La liberté,
06:40c'est on peut tout faire
06:42ce que permet la loi.
06:44Il y a une interprétation de la loi pour les juges.
06:46Les juges disent, une personne
06:48qui a touché, qui a
06:50le casse du siècle, 4 millions
06:52pour le majordome du papa,
06:54pour sa femme de ménage,
06:56pour je ne sais pas quoi,
06:58et bien, assistant parlementaire,
07:00assistant parlementaire,
07:02elle juge qu'elle ne devrait pas être candidate
07:04et qu'elle n'aurait pas le droit.
07:06La justice décide,
07:08la cour d'appel va décider,
07:10la cour de cassation va décider,
07:12c'est à eux de décider,
07:14ce n'est pas à la majorité de dire,
07:16c'est au peuple de décider.
07:18Non, il y a le droit,
07:20alors où le droit l'empêche,
07:22où le droit ne l'empêche pas.
07:24La justice, toute la justice.
07:26Je ne dis pas que la justice a toujours raison,
07:28mais si on sort
07:30de cela, si on sort de cette
07:32logique, et tout accusé
07:34veut sortir de cette logique, donc moi y compris,
07:36si on sort de cette logique,
07:38on n'a rien compris sur la démocratie
07:40et la séparation des pouvoirs.
07:42Entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, lequel ou laquelle
07:44vous inquiète ou vous rassure le plus ?
07:46Les deux, mon capitaine. Vous inquiète ou vous rassure ?
07:48Moi, m'inquiète.
07:50Il y en a où deux ?
07:52Ah mais moi,
07:54je ne veux pas vivre dans une société
07:56avec la vision
07:58du Rassemblement National
08:00et je ne veux pas vivre dans une société
08:02avec la vision
08:04de la France Insoumise. Ce sont deux
08:06conceptions autoritaires
08:08de la société.
08:10Ce sont des conceptions,
08:12l'une est une conception
08:14ethnique de la société,
08:16l'autre est une conception
08:18misérabiliste de la société
08:20et les deux sont
08:22un danger pour la démocratie.
08:24Vous avez parfois eu des convictions successives.
08:26Qui sera qui votre candidat pour
08:282027 ? Ça peut être Taillot, ça peut être Édouard Philippe ?
08:30Ah, ni l'un ni l'autre.
08:32Non, alors là, la leçon...
08:34Non, moi je...
08:36Ecoutez, en voyant
08:38un peu, comprenant le paysage
08:40politique, ça sera difficile
08:42pour un homme ou une femme de gauche
08:44d'être élu à la prochaine présidentielle.
08:46Quand on voit le...
08:48Maintenant, à gauche,
08:50moi je serais pour
08:52un regroupement
08:54qui donnerait à
08:56Raphaël Glucksmann et Laurent Berger
08:58de dire, bon voilà,
09:00c'est un pôle de démocratie
09:02ouverte, sociale,
09:04de redéfinir
09:06une écologie sociale
09:08démocratique, et puis
09:10le reste, j'irais voir, le moins
09:12pire. Bon, j'ai dit
09:14en vous taquinant, vous avez eu des certitudes successives.
09:16Précisons que ce n'est pas le cas en football, vous en parlez dans le livre
09:18Entre les Bleus et la Mannschaft, l'équipe de France et l'Allemagne.
09:20Votre cœur n'a jamais vacillé, vous avez toujours été
09:22derrière l'équipe de France. Qu'est-ce que vous
09:24aimeriez qu'il reste de Dani ?
09:26Qu'est-ce que vous aimeriez qu'on dise de Dani
09:28quand vous serez, ou d'ailleurs,
09:30en enfer, au paradis ?
09:32Ah bah, moi d'abord, je veux
09:34que... Je veux être maître de la fin
09:36de ma vie, je me bats pour le droit
09:38le droit à en
09:40finir moi-même si j'en sens la nécessité.
09:42Et sinon,
09:44je veux qu'il reste, bah ce type,
09:46il était toujours déroutant, parce qu'on
09:48l'attendait à un
09:50endroit, et il était de nouveau
09:52dans un autre, et donc
09:54Dani, l'Européen déroutant.
09:56Et il s'est beaucoup amusé ? Ah bah ça,
09:58si on s'amuse pas, c'est pas
10:00la peine de vivre. Merci beaucoup
10:02Dani Cohn-Badit, je renvoie à ce livre, à la fois très politique
10:04et très personnel, un souvenir d'un apatrie
10:06décrit avec Marion von Röntgen.
10:08Alors, c'est votre anniversaire, mais dans un instant,
10:10tenez-vous bien,

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