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  • 01/04/2025
Comment filmer le travail ?
Découvrez le septième volet de la série de rencontres « Le Documentaire : matière à penser », organisé par la Scam, ARTE, le CNC et La Fémis.

Le programme complet :
11h : Keynote par Alain Supiot, juriste et professeur émérite au Collège de France, spécialiste du droit et du travail, de la Sécurité sociale et de philosophie du droit, accompagné de Marie Viennot, journaliste à France Culture.

11h30 : Dialogue entre Stan Neumann, auteur et documentariste et Christian Corouge, ouvrier, syndicaliste et auteur, modéré par Jennifer Deschamps, journaliste, réalisatrice et productrice.

14h30 : Étude de cas avec Sarah Bellanger, réalisatrice, cadreuse et monteuse, et Maël Mainguy, producteur Les Nouveaux Jours Productions, modéré par Camille Ménager, réalisatrice, présidente de la Commission audiovisuelle et administratrice de la Scam.

16h15 : Table ronde avec Anne-Sophie Reinhardt, autrice et réalisatrice, Julien Goetz et Henri Poulain, auteurs et réalisateurs, Alexe Poukine, autrice et réalisatrice, modérée par Thomas Lafarge, réalisateur et membre de la Commission audiovisuelle de la Scam.

▶ Découvrez les autres parties sur notre chaine, playlist "Le documentaire : matière à penser"

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Transcription
00:00:00Bienvenue aux nouvelles arrivantes et aux nouveaux arrivants.
00:00:05Pour reprendre le cours de nos débats et de nos réflexions,
00:00:10Camille Ménager, présidente de la commission audiovisuelle de l'ASCA,
00:00:13mais surtout réalisatrice, accueille Sarah Bélanger, réalisatrice,
00:00:18Mahel Magui, son producteur.
00:00:21Autour de ces comme ça, et pas que, mais je ne voudrais pas trop déflorer le sujet,
00:00:24donc Camille, je te laisse la parole.
00:00:27Je vous redis qu'à l'issue de cet après-midi, nous vous invitons
00:00:30pour un pot en bas, il y aura à boire, à manger,
00:00:33et puis on pourra poursuivre les débats initiés ici.
00:00:36Bon après-midi.
00:00:38Merci Rémi.
00:00:46Merci, bienvenue à toutes et à tous pour la poursuite de nos échanges
00:00:49dans le cadre de cette septième journée de matière à penser.
00:00:53Bienvenue également à celles et ceux qui sont dans la salle virtuelle d'Arte
00:00:56où vous pouvez suivre tous les échanges de la journée.
00:01:00On a choisi pour l'étude de cas un premier film qui s'appelle C'est comme ça,
00:01:06dont j'ai le plaisir d'accueillir la réalisatrice Sarah Bélanger.
00:01:09Bonjour Sarah.
00:01:10Bonjour, merci beaucoup.
00:01:12Premier film et premier exercice d'en parler comme ça.
00:01:14Oui.
00:01:15Mais tout le monde est très accueillant.
00:01:18Produit par Mahel Magui.
00:01:21Donc Mahel, tu es producteur, alors cofondateur des Nouveaux Jours.
00:01:26Tu m'as dit de préciser que c'était une scope de production.
00:01:29C'est important.
00:01:31À Nantes et également producteur au sein de 1001 films à Rennes.
00:01:36Sarah, tu es chef opératrice, réalisatrice.
00:01:40Tu es filmeuse surtout et c'est ce qui a créé en fait ce premier film.
00:01:45Tu es au départ vraiment une réalisatrice filmeuse.
00:01:49C'est comme ça a été diffusé sur France Télévisions l'été dernier.
00:01:52Il avait été soutenu notamment à la Scam par la Bourse.
00:01:56La Bourse, pardon.
00:01:57Brouillon d'un rêve en 2023.
00:02:00C'est un film qui va nous permettre d'élargir la réflexion autour du thème
00:02:03de comment filmer le travail.
00:02:06Je dirais plutôt comme comment raconter le travail.
00:02:09Il a fait écho à plusieurs moments avec des réflexions qui ont émergé ce matin.
00:02:15C'est assez intéressant pour celles et ceux qui avaient écouté.
00:02:19Il y avait des questions que je pensais te poser qui se sont ajoutées ce matin
00:02:23en écoutant les interventions.
00:02:26Je ne vais vous proposer pas une bande annonce parce que je trouve que ça
00:02:29déflore trop le film d'une façon qui n'est pas la bonne.
00:02:32Je vais vous proposer un premier extrait.
00:02:34Comme ça on rentre un petit peu dans ce que c'est que le film.
00:02:37Et après tu nous raconteras un peu la genèse de ton travail.
00:02:40La régie s'il vous plaît, on va montrer l'extrait numéro un.
00:02:54Je répétais souvent qu'elle n'avait pas d'imagination.
00:02:57Elle me disait, je sais exécuter mais je ne sais pas inventer.
00:03:02T'aurais pas voulu faire couturière ?
00:03:05Si. Petite j'étais couturieuse.
00:03:10J'aimais la couture, toute petite.
00:03:13Quand maman cousait, j'aimais bien ça.
00:03:17À plus grande j'ai quand même dit couturière.
00:03:21Mais j'ai demandé à papa.
00:03:24Mon frère Gilbert lui était parti faire des études.
00:03:27Ils travaillaient et étudiaient.
00:03:30Ils n'ont pas payé d'études.
00:03:33Et puis moi j'ai dit, j'aimerais être couturière.
00:03:36Maintenant on n'a pas les moyens.
00:03:38Faut que t'ailles travailler, gagner de l'argent.
00:03:41Donc je n'ai jamais été couturière.
00:03:47T'es rentré quel mois à l'usine ?
00:03:50Au mois d'avril.
00:03:52Le 5 avril.
00:03:54Là on est en avril ?
00:03:57Oui mais il est passé le 5.
00:04:00Oui, on est le 10.
00:04:06À l'époque, on a été embauché sans CV.
00:04:09Je n'avais jamais fait de CV de ma vie.
00:04:12Je ne sais pas ce que c'est pour moi.
00:04:15On nous convoquait, on nous entretenait d'une heure ou deux.
00:04:18Et vous viendrez demain.
00:04:21C'est quoi le premier truc qui t'a marqué en arrivant ?
00:04:24La sonnette.
00:04:277h30 on commençait.
00:04:30Premier coup de sonnette c'était à 29.
00:04:33Deuxième coup de sonnette c'était à 30.
00:04:36À 30 piles ?
00:04:39Piles.
00:04:42Elle est précise Marie-Jo.
00:04:45Très précise.
00:04:49Au tout départ, ce film est né de ton envie de la filmer.
00:04:52Avant même de penser le travail.
00:04:55Qu'est-ce qui t'a amené vers ce projet ?
00:04:58C'est devenu un film avec le temps.
00:05:01Mais au départ, je n'avais pas l'ambition de faire un film.
00:05:04Je ne viens pas du documentaire.
00:05:07Je suis technicienne.
00:05:10Mais je travaillais principalement dans le spectacle vivant.
00:05:13Je voulais faire des clips.
00:05:16Ma grand-mère est tombée malade en 2019.
00:05:19Elle a été vraiment paralysée.
00:05:22Elle a été très empêchée à ce moment-là.
00:05:25Hospitalisée pendant 8 mois pour de la polyarthrite.
00:05:28Je pense qu'à ce moment-là,
00:05:31je me suis rendu compte qu'elle était fragile.
00:05:34Et qu'elle pouvait peut-être mourir.
00:05:37Je me suis dit qu'il fallait que j'en garde une trace.
00:05:40Mais c'était un peu plus pour moi.
00:05:43Comme les petits-enfants font avec leurs grands-parents.
00:05:46Quand on a eu la chance d'avoir une bonne relation.
00:05:49Petit à petit, je l'ai enregistré.
00:05:52C'est à ce moment-là que j'ai découvert toute son histoire.
00:05:55En tant qu'ouvrière, en tant que militante aussi.
00:05:58Elle a milité pour les droits des ouvrières.
00:06:01Le fait de découvrir ça m'a énormément émue.
00:06:04On n'en parlait pas du tout.
00:06:07Je savais vaguement qu'elle avait travaillé à l'usine.
00:06:10Le fait de découvrir tout ça.
00:06:13Et surtout de se rendre compte qu'il ne reste plus rien aujourd'hui.
00:06:16Je le dis dans le film, mais l'usine a été détruite.
00:06:19Et toutes les archives des ouvrières ont été détruites aussi.
00:06:22Ça a attisé petit à petit ma curiosité.
00:06:25C'est quand j'ai acheté une caméra et que j'ai commencé à la filmer.
00:06:28Avec son naturel et ce que ça créait entre nous.
00:06:31Le fait de fabriquer ce film ensemble.
00:06:34Où je me suis dit, il faut que j'en fasse un film.
00:06:38Où est-ce qu'elle travaillait précisément ? Qu'est-ce qu'elle a fait dans sa vie ?
00:06:41Elle était ouvrière dans une usine textile à Angers.
00:06:44Qui s'appelait Excelsa.
00:06:47C'était une usine assez grande.
00:06:50À l'époque, il y avait plus de 500 ouvrières.
00:06:53Et elle, elle était à la presse.
00:06:56C'était une espèce de grande machine à vapeur.
00:06:59Où elle devait faire ce même geste tous les jours.
00:07:02Pour repasser les pulls.
00:07:06C'est une scène vraiment assez au début du film.
00:07:09On te voit à l'image avec elle.
00:07:12On vous voit ensemble coudre.
00:07:15C'est elle qui t'a appris à coudre ?
00:07:18Vous répétez quelque chose qu'elle t'a appris.
00:07:21Et toi, tu t'en sers pour délier sa parole.
00:07:24Une parole qui a l'air d'être facile.
00:07:27Est-ce que tu as l'impression que de vous mettre ensemble en scène,
00:07:30ça vous a permis de démarrer cet espèce de compagnonnage qu'allait donner le film ?
00:07:34Complètement.
00:07:37J'ai toujours été très proche de ma grand-mère.
00:07:40On a toujours fait pas mal d'activités manuelles ensemble.
00:07:43Dont la couture.
00:07:46Lancer ce film ensemble,
00:07:49c'était mon premier film.
00:07:52J'étais parfois un peu en galère entre le son, l'image.
00:07:55J'essayais de poser ma caméra au bon endroit.
00:07:58Je pense que ça a créé quelque chose.
00:08:01C'est vrai que notre relation avec ma grand-mère,
00:08:04mais même avec mon père plus tard dans le film,
00:08:07elle se crée vraiment autour du fer.
00:08:10Ma grand-mère a vraiment une valeur travail qui est très forte.
00:08:13Du fait d'avoir commencé à travailler très tôt.
00:08:16Elle a commencé à travailler à 12 ans, à l'usine à 20 ans.
00:08:19Et du coup, de me voir comme ça, essayer de faire ce travail-là,
00:08:22d'essayer de mettre beaucoup d'implication et de précision,
00:08:25comme elle aime bien aussi faire.
00:08:28Je pense que ça l'a embarqué.
00:08:31Même si au final, c'est cette valeur-là que j'ai beaucoup remise en question.
00:08:34Même au moment du film, on en parlait pas mal avec Maël.
00:08:37C'est quelque chose que j'ai beaucoup mis à distance
00:08:40en me positionnant politiquement.
00:08:43Mais c'est ça qui a fait que l'entrée par le travail,
00:08:46par mon travail avec son travail,
00:08:49ça a permis vraiment de rentrer dans l'intime paradoxalement.
00:08:52En passant par le fer, par le travail.
00:08:55Alors, tous les deux, vous vous êtes rencontrés sur ce projet,
00:08:58Maël et toi. Quelles étaient tes premières impressions
00:09:01quand elle t'a parlé de ce qu'elle voulait faire
00:09:04en fonction du stade où elle en était quand elle t'a rencontrée ?
00:09:07C'est intéressant de poser la question comme ça.
00:09:10Moi, ce qui m'a intéressé, c'est que je produisais déjà des films
00:09:13autour du monde du travail, de l'engagement aussi.
00:09:16Ce qui était intéressant déjà,
00:09:19au-delà de l'histoire intime, personnelle qui était forte,
00:09:22il y avait un aspect formel dont on parlera tout à l'heure,
00:09:25mais il y avait aussi le bassin ouvrier qui était documenté.
00:09:28C'est-à-dire que ce qui était vraiment important,
00:09:31c'est qu'on a fait beaucoup de films sur des bassins ouvriers
00:09:34extrêmement forts, extrêmement déjà documentés,
00:09:37que là, c'est des usines plus discrètes dans les villes.
00:09:40Il y a une zone qui n'est pas très loin,
00:09:43qui s'appelle Les Mauges aussi,
00:09:46on parle du pays des usines à la campagne,
00:09:49qui est beaucoup plus difficile à mener,
00:09:52parce qu'effectivement, c'est des entités plus petites,
00:09:55où les syndicats sont un peu moins forts,
00:09:58où il y a une sorte en plus de paternalisme patronal
00:10:01qui s'exerce de façon plus évidente.
00:10:04La lutte de Marie-Jo était extrêmement intéressante
00:10:07parce qu'elle-même avait invisibilisé la lutte pour elle,
00:10:10pour sa famille, dans le film,
00:10:13mais j'ai l'impression qu'elle avait été aussi absente
00:10:16des récits documentaires que j'avais pu voir.
00:10:19Moi, ce qui m'a vraiment intéressé,
00:10:22c'est ce regard sociologique.
00:10:25En plus, il y a une dimension dans ce que décrit Sarah
00:10:28qui est intéressante,
00:10:31ça s'appelle comment filmer le travail,
00:10:34et je trouve que c'est comment la filmeuse travaille
00:10:37qui était intéressant.
00:10:40Là, il y a vraiment une démarche de co-construction
00:10:43qui était faisable.
00:10:46On le sait, un film sur ses grands-parents
00:10:49s'est devenu quasiment un genre en soi.
00:10:52L'idée, c'était d'aller au-delà du genre en soi
00:10:55et de mettre le travail de filmage
00:10:58à l'intérieur du processus créatif.
00:11:01C'est ça qui était très intéressant à travailler avec Sarah.
00:11:04On va passer au deuxième extrait
00:11:07pour essayer de comprendre la question des traces.
00:11:10Ensuite, le dispositif de filmage.
00:11:40Alors, il n'y a plus rien, problème.
00:11:43Comment faire ?
00:11:46C'est ça.
00:11:49Dès le départ, la question était
00:11:52comment filmer le travail.
00:11:55C'est ce qu'on a fait.
00:11:58C'est ce qu'on a fait.
00:12:01C'est ce qu'on a fait.
00:12:04C'est ce qu'on a fait.
00:12:07C'est ça.
00:12:10On s'est rencontré avec Maëlle.
00:12:13J'avais déjà testé un dispositif en montage
00:12:16mais qui ne fonctionnait pas
00:12:19avec des archives qui venaient d'autres usines
00:12:22que j'avais pu trouver à droite à gauche.
00:12:25Elle nous racontait son histoire,
00:12:28elle témoignait, elle était très présente
00:12:31et précise.
00:12:34Elle venait très abstraite.
00:12:37On a réfléchi ensemble
00:12:40sur comment matérialiser ce passé dont il ne reste plus rien.
00:12:43Je sais que c'était venu
00:12:46d'une scène que j'avais pu filmer avec elle.
00:12:49Là, on le voit pas mal, il y a pas mal de travaux.
00:12:52Ma grand-mère vit à Verneau.
00:12:55C'est un ancien quartier populaire à Angers.
00:12:58C'était un quartier ouvrier qui est depuis 10 ans
00:13:01où on peut faire des brunchs dans sa rue.
00:13:04Avant, c'était vraiment la non-go zone
00:13:07dans la banlieue d'Angers.
00:13:10Moi, ça m'amusait de la filmer dans ce quartier qui change.
00:13:13Il y a sa petite maison ouvrière qui reste bien debout.
00:13:16Avec ses grues, les personnes qui passent.
00:13:19Il y a plein de terrains vagues autour.
00:13:22Une fois, on se baladait dehors
00:13:25et elle a mimé les gestes de la presse
00:13:28dans le terrain vague où j'ai créé le dispositif.
00:13:31De cette image-là,
00:13:34je me souviens qu'on avait pas mal échangé ensemble.
00:13:37Toute la question, c'était
00:13:40comment étendre le dispositif,
00:13:43comment faire en sorte qu'il ait sa propre narration
00:13:46de cette forme de reconstitution liée au geste de travail.
00:13:49On va le regarder comme ça.
00:13:52Tu vas nous expliquer.
00:13:55C'est un ordre parfait.
00:14:25...
00:14:28...
00:14:31...
00:14:34...
00:14:37...
00:14:40...
00:14:43...
00:14:46...
00:14:49...
00:14:52...
00:14:55...
00:14:58...
00:15:01...
00:15:04...
00:15:07...
00:15:10Les presses, c'était des grandes machines
00:15:13avec un plateau manuel.
00:15:16Il fallait le descendre.
00:15:19On avait un pull sur le plateau du bas.
00:15:22Je mettais mon pull là.
00:15:25Je faisais attention à mon encolure.
00:15:28C'était peut-être une encolure profonde, 15 cm,
00:15:31mais ça pouvait être une encolure de 13 cm aussi.
00:15:34On mettait nos manches comme ça.
00:15:37On mesurait la longueur de nos manches.
00:15:40Il fallait sauter pour attraper le plateau supérieur
00:15:43pour écraser le pull.
00:15:46Au pied, il fallait chauffer la vapeur.
00:15:49Ça, c'était très chaud.
00:15:52Ça nous sortait partout.
00:15:55Il fallait tenir le coup.
00:15:58Au début, je n'ai pas dû les faire,
00:16:01mais au bout d'un moment,
00:16:04il fallait que je fasse 280 pulls
00:16:07à installer.
00:16:10Pulls ou gilets droits,
00:16:13il fallait installer comme il faut le pull.
00:16:16Nous étions payés au rendement.
00:16:19La pièce, autrement dit.
00:16:22Si tu en avais fait 200, tu touchais tant.
00:16:25Si tu en avais fait 230, tu touchais un peu plus.
00:16:28On était chronométrés.
00:16:31Si on y arrivait trop facilement,
00:16:34le chronomètre revenait,
00:16:37et on nous baissait les prix.
00:16:40On n'allait pas trop vite quand on nous chronométrait.
00:16:43Mais pas trop à l'entière non plus.
00:16:46Chaque chronomètreur l'aurait vu.
00:17:01Ah, les bobines de fil.
00:17:04C'est super.
00:17:07C'était des couines comme ça.
00:17:10Nous, on avait ça.
00:17:37...
00:17:40...
00:17:43...
00:17:46...
00:17:49...
00:17:52...
00:17:55...
00:17:58...
00:18:01...
00:18:04...
00:18:07...
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00:18:22...
00:18:25...
00:18:28...
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00:18:34...
00:18:37...
00:18:40...
00:18:43...
00:18:46Merci.
00:18:49Est-ce qu'elle s'est laissée embarquer facilement ?
00:18:52C'était une sorte de proposition que tu lui as faite.
00:18:55Comment elle a réagi
00:18:58quand tu lui as dit
00:19:01je t'emmène refaire les gestes ?
00:19:04Comment tu lui as présenté la situation ?
00:19:07Je lui avais dit
00:19:10je vais te remettre en scène sur un terrain vague
00:19:13à côté de chez toi, tu vas refaire les gestes de l'usine.
00:19:16Elle n'y croyait pas du tout.
00:19:19Même quand elle est arrivée sur le plateau de tournage,
00:19:22elle regardait comme ça.
00:19:25Ça me faisait plaisir.
00:19:28J'y croyais à fond, j'y passais beaucoup de soin.
00:19:31Elle aime bien faire les bons cadres.
00:19:34Je pense que c'est ça qui a fait qu'elle l'a embarquée.
00:19:37En soi, elle n'y croyait pas.
00:19:40Sur un terrain vague, on ne va jamais voir ce que c'est une usine.
00:19:43Je pense qu'elle s'est quand même laissée embarquer
00:19:46parce que
00:19:49par envie de me faire plaisir
00:19:52comme on était dans le faire
00:19:55dans la fabrication,
00:19:58dans comment fabriquer le film.
00:20:01Le fait de comprendre ça,
00:20:04ça lui donnait envie.
00:20:07C'est ce que j'ai ressenti.
00:20:10C'est le fait que tu aies beaucoup filmé le théâtre
00:20:13qui t'a donné envie de matérialiser son travail de cette façon ?
00:20:16Je pense que oui.
00:20:19Ça a forcément influencé le fait d'avoir été
00:20:22beaucoup dans le milieu de la musique et du spectacle vivant avant.
00:20:25Je vois qu'en effet, ça a eu une influence
00:20:28dans la création de ce dispositif-là.
00:20:31Clairement.
00:20:34Dans le film, il y a des scènes
00:20:37qui restent très documentaires
00:20:40où ça permet aux personnages
00:20:43certaines scènes qu'on verra après.
00:20:46Il y a un vrai travail de lumière parce qu'on tourne de nuit.
00:20:49Ça vient vraiment de mes influences
00:20:52en spectacle vivant.
00:20:55Tout ce qui est clips musiques que j'ai pu faire avant de faire ce documentaire.
00:20:58Ce dispositif-là, c'est quelque chose dont vous aviez
00:21:01pas mal parlé ensemble. Toi, Maël, de ton œil
00:21:04de producteur, ça te semblait important à accompagner
00:21:07ou à encourager ?
00:21:10Ce qui était intéressant, c'est que c'est un film d'histoire au présent.
00:21:13D'habitude, on convoque naturellement
00:21:16les archives.
00:21:19Et là, je trouvais que le défi était vraiment hyper intéressant.
00:21:22D'ailleurs, je me souviens que quand on avait discuté au début,
00:21:25on s'était dit rapidement que ce dispositif-là,
00:21:28c'est l'élément un peu
00:21:31finalement majeur du film.
00:21:34On a passé beaucoup de temps à réfléchir à comment le doser.
00:21:37Ce terrain vague n'a pas toujours été là.
00:21:40C'était vraiment intéressant.
00:21:43Pour rebondir sur ce que tu disais, Sarah,
00:21:46ce qui est très touchant aussi, c'est que
00:21:49dans la fabrication du film, qui a été un peu longue,
00:21:52même si les bonnes fées se sont penchées dessus
00:21:55à certains moments, il y a aussi la santé
00:21:58de Marie-Jo, qui était un peu en filigrane
00:22:01et qu'elle n'a pas toujours eu
00:22:04une énergie comme on la voit dans le film.
00:22:07Et ce qui était assez fort, c'est que même si elle a hésité
00:22:10avec le dispositif, ce film-là
00:22:13l'a remis sur pied. C'est ça qui est
00:22:16hyper touchant dans le projet, c'est que
00:22:19en refaisant ces gestes qui l'ont un peu martyrisé
00:22:22tout au long de sa vie, à la fois
00:22:25temporellement, mais aussi dans sa chair,
00:22:28en travaillant avec toi, Sarah, sur ce film-là,
00:22:31ça l'a remis en énergie.
00:22:34Après, elle a suivi le film aussi dans des projections.
00:22:37C'était hyper beau, alors qu'on a eu très peur à un moment donné.
00:22:40Et ça renvoie quand même
00:22:43une image de à quel point
00:22:46son corps était marqué par
00:22:49le travail, les mouvements, et que le fait de les refaire
00:22:52plutôt que d'être une convocation négative
00:22:55est devenu une convocation positive, alors que ça a été
00:22:58très meurtrissant pour elle dans sa carrière.
00:23:02C'était vraiment touchant, ce parallèle-là.
00:23:05On voit d'autres moments du film, on la voit
00:23:08faire des mouvements de gym, etc.
00:23:11Il y a quelque chose de très particulier dans le corps, justement.
00:23:14Est-ce que c'est un élément qui, toi, t'as donné envie
00:23:17justement de reproduire le geste, c'est-à-dire de voir comment elle,
00:23:20on ne l'a pas mis dans les extrêmes,
00:23:23mais on comprend que tous les matins,
00:23:26elle fait ses mouvements de yoga.
00:23:29Oui, finalement, le fait de ne plus avoir
00:23:32aucune trace de cette usine-là, plus de lieux, plus vraiment
00:23:35de personnes pour témoigner, parce que ses collègues ne sont plus en possibilité
00:23:38de le faire, plus de documents, plus rien,
00:23:41finalement, la seule archive qui me restait, c'était elle et son corps.
00:23:44Et en effet, Marie-Jo, après qu'elle ait eu cet épisode
00:23:47un peu compliqué en 2019, elle s'est remise à faire
00:23:50justement sa gym tous les matins pour ne plus avoir de problèmes
00:23:53d'arthrose. Mais en fait, c'est ce qui est un peu
00:23:56terrible d'ailleurs, c'est que finalement,
00:23:59l'arthrose qu'elle a eue à force de faire ce geste-là,
00:24:02qu'on voit dans l'extrait, pour
00:24:05soulager son arthrose, elle doit refaire
00:24:08le même geste. Il faut qu'elle se remette à faire le même mouvement
00:24:11sinon ça se resclérose,
00:24:14parce que les cartilages ont été atrophiés. Et donc oui, je pense que
00:24:17ce dispositif-là, clairement, moi ce que j'aime bien, aussi dans le
00:24:20côté assez théâtral, très minimaliste, et le fait que ce soit
00:24:23implanté sur un terrain vague, c'est aussi que
00:24:26finalement, ça met vraiment l'accent sur l'essentiel en fait,
00:24:29le corps, et juste cette répétition-là et son corps
00:24:32qui est là. Et je pense que
00:24:35c'est ça, c'est que finalement, de ce que tu disais,
00:24:38ça aurait pu être un peu peut-être pathos ou en tout cas
00:24:41dur. Et moi, c'était vraiment pas le film que j'avais envie de faire.
00:24:44J'avais pas envie d'euphémiser la violence qu'elle avait vécue
00:24:47bien sûr, mais je crois que ce dispositif-là, il me permettait
00:24:50aussi de montrer
00:24:53cette violence, que ce soit
00:24:56assez brut et que ce ne soit pas forcément quelque chose
00:24:59de très lourd et très dur, parce que
00:25:02il n'y a pas besoin de beaucoup pour montrer justement la
00:25:05dureté de ce que c'était. Juste en montrant comme ça ces gestes
00:25:08répétitifs, on comprend ce que c'est que d'avoir passé 35 ans de sa vie
00:25:11à refaire toujours la même journée, toujours les mêmes choses.
00:25:14Tout à l'heure, tu as parlé de dosage, c'est quelque chose
00:25:17qui est assez important quand on crée un documentaire à dispositif,
00:25:20si on pouvait catégoriser comme ça les documentaires,
00:25:23c'est justement de bien doser pour pas que les scènes
00:25:26soient factices quelque part.
00:25:29Quand on avait discuté un peu du film en amont,
00:25:32tu me disais que justement cette question de dosage était importante pour que ça reste
00:25:35documentaire, c'est-à-dire que ça ne soit pas des bouts de fiction.
00:25:38Comment tu as réussi à un peu
00:25:41bien le disséminer ?
00:25:44En fait, je pense que oui, dès le départ,
00:25:47c'est vrai que quand on ouvre comme ça un dispositif de reconstitution,
00:25:50on peut partir dans beaucoup de directions, on peut pousser le curseur très loin.
00:25:53Mais pour moi, c'était évident que le cœur du film, c'était
00:25:56quand même les scènes que je filmais avec elle, toute seule,
00:25:59chez elle. Et je ne voulais pas qu'il y ait une rupture entre ces deux
00:26:02univers. J'avais vraiment envie que ce soit lié
00:26:05et qu'en tant que spectateur, on n'ait pas la sensation tout d'un coup de sortir
00:26:08et être dans un tout autre dispositif, qu'on se demande
00:26:11qui est derrière la caméra, etc. Donc pour moi, il fallait vraiment rester
00:26:14dans ce côté assez modeste, en quelque sorte,
00:26:17pas forcément amener beaucoup d'effets. Et je voulais aussi vraiment
00:26:20que ce dispositif-là, même si ça permet quelques scènes
00:26:23un peu oniriques à des moments, ça reste documentaire, que ça fasse avancer
00:26:26la narration. Et comme disait Maëlle, que ça la remet en action
00:26:29et qu'on le sente aussi dans le film, que ça fait évoluer
00:26:32les relations entre les personnes.
00:26:35Ce que je voulais ajouter, ce qui était important aussi,
00:26:38c'était d'ancrer dans le territoire
00:26:41cette usine ou de la réancrer.
00:26:44C'est-à-dire qu'à l'époque du travail de Marie-Jo, ces usines étaient
00:26:47dans un territoire qui était plutôt dans la ville
00:26:50ou en tout cas très visible dans l'espace public
00:26:53et que c'était important de ressignifier ça à ce moment-là.
00:26:56Ça me fait penser à l'extrait qu'on a vu ce matin avec Joseph Pontius
00:26:59où on voit bien qu'aujourd'hui, les usines sont à l'écart des villes.
00:27:02Elles sont en plus engrillagées, on va dire,
00:27:05dans de la tôle et que du coup, cette condition-là
00:27:08n'est même plus visible. Ça me fait penser complètement
00:27:11à la condition carcérale aussi. Avant, les prisons étaient
00:27:14dans les villes. Aujourd'hui, elles ne sont plus du tout dans les villes.
00:27:17Donc ça participait aussi à l'invisibilisation de ce travail ouvrier.
00:27:20Donc l'idée du terrain vague, c'est à la fois montrer une ville
00:27:23en mutation, mais aussi de redire que cette usine-là
00:27:26était au cœur de la ville, là où aujourd'hui s'installent
00:27:29d'autres immeubles et qu'effectivement, c'est ce qui a permis aussi
00:27:32d'évacuer ou d'éliminer des dispositifs
00:27:35plus intemporels,
00:27:38en tout cas, anonymisés comme ça en termes de lieux.
00:27:41Et c'est là qu'un moment donné, le déclic
00:27:44s'est fait.
00:27:47Alors tu es allé chercher d'autres paroles aussi dans le film,
00:27:50toujours dans un cercle intime, on va le comprendre.
00:27:53Je vous propose de montrer le quatrième extrait.
00:28:03C'est comme ça.
00:28:06C'est ce que me répond ma grand-mère quand je lui pose des questions
00:28:09sur son passé. Je ne l'ai jamais vue pleurer
00:28:12ni se plaindre de quoi que ce soit.
00:28:15Dans ma famille, on est pudiques.
00:28:18Je crois que c'est ce qu'on dit des gens qui ne montrent pas leurs émotions.
00:28:33Mon père s'appelle Max, il a 58 ans.
00:28:36Marie-Jo aurait aimé qu'il fasse du violon et de longues études,
00:28:39mais mon père préférait la moto et la mécanique.
00:28:47Il a d'abord travaillé à l'usine avant de monter une entreprise
00:28:50dans la mécanique de précision.
00:28:53Tu fais quoi, là ?
00:28:56Je suis en train de faire un devis sur des pièces.
00:28:59Des pièces en inox.
00:29:02Comme mon père est très occupé,
00:29:05j'ai pris rendez-vous avec lui pour le filmer.
00:29:08Je suis en train de calculer le temps.
00:29:11Je savais que si je lui disais que c'était pour mon travail,
00:29:14il accepterait.
00:29:17Je voulais savoir, tu crois que tu pourrais...
00:29:20faire à peu près un plan
00:29:23de l'usine de Mamie ?
00:29:26Non, je ne me rappelle plus.
00:29:29Parce que c'était grand.
00:29:32L'usine était énorme.
00:29:35Quand j'étais jeune,
00:29:38j'ai dû travailler en juillet et en août.
00:29:41C'est vieux, j'avais 16 ans.
00:29:44Déjà, le site, c'était un vieux bâtiment.
00:29:47C'est maçonné, mais c'est vieux,
00:29:50c'est du début du siècle.
00:29:53Je ne dis pas que tu as l'impression d'entrer dans une prison,
00:29:56mais tu es quand même inquiet de travailler dans un environnement comme ça.
00:29:59Très clairement, il n'y a pas de baby-foot,
00:30:02il n'y a pas de machine à café.
00:30:05On voyait bien qu'on était là pour travailler
00:30:08et pas déroger à tout ce qu'on nous demandait.
00:30:11On ne faisait pas le malin quand on arrivait dans cette boîte-là.
00:30:14Et puis on était fliqués, il y a toujours un chef qui passait,
00:30:17soit avec un chronomètre, soit quelqu'un qui allait vous dire
00:30:20que vous n'allez pas assez vite, que les cartons ne sont pas finis.
00:30:23Ce n'était pas du travail forcé,
00:30:26parce qu'on était payés.
00:30:29Mais malgré tout, ce n'était pas drôle.
00:30:32Je me rappelle, ce n'était pas drôle.
00:30:35Le but du jeu, c'était de gagner des sous pour acheter je ne sais pas quoi.
00:30:38Bref, j'étais jeune, donc j'ai gagné des sous.
00:30:41Malgré tout, je ne me voyais pas faire ma carrière dans ce métier-là.
00:30:44Ce n'est juste pas possible.
00:30:47Humainement, c'est de la folie.
00:30:5040 ans après, je me rappelle de certaines choses,
00:30:53mais c'est vrai que cette pression, on la sentait dès qu'on arrivait.
00:30:56La pression de la direction, de l'encadrement.
00:30:59On avait à peine pointé, c'était une pointeuse.
00:31:02Tu ne connais pas ça, mais tu mets une carte,
00:31:05il y a ton nom, tu pointes, et ça y est, le business, il démarre.
00:31:08Et avec les chiens de garde qui sont derrière,
00:31:11pour savoir si tout se passe bien, si on est dans les clous.
00:31:14Oui, mamie, elle a fait ça des années.
00:31:17Peut-être qu'on s'habitue.
00:31:20Mais moi, je ne m'habituerai jamais à cette façon-là de travailler.
00:31:29Alors, ce n'était pas prévu au départ dans le film.
00:31:32Tu n'avais pas forcément pensé ou voulu
00:31:35ou pensé qu'il allait accepter de parler.
00:31:38Qu'est-ce qui t'a poussé à aller solliciter sa parole ?
00:31:41Parce que finalement, il a des souvenirs, il dit qu'il n'en a pas.
00:31:44Mais il a des choses à dire, en réalité.
00:31:47Oui, je pense une certaine pudeur de ma part.
00:31:50C'était plus difficile pour moi de filmer mon père que de filmer ma grand-mère.
00:31:53Mais je pense qu'à un moment, ça s'est un peu imposé.
00:31:56Je pense que je sentais aussi
00:31:59que ma grand-mère a la tendance
00:32:02à beaucoup fémiser les choses.
00:32:05Pas pour rien que le film s'appelle aussi C'est comme ça.
00:32:08C'est parce qu'en même temps, elle a dû faire avec.
00:32:11Quand elle part de l'usine, à un moment, elle dit
00:32:14c'était un peu barbant.
00:32:17Et donc finalement, cette parole plus dure sur l'usine,
00:32:20je ne pouvais pas forcément l'avoir avec elle à quelques moments.
00:32:23Mais la manière de dépeindre l'usine
00:32:26que je connaissais, en tout cas de mon père,
00:32:29pour le coup, il m'en avait déjà parlé.
00:32:32Je savais comment lui avait vécu les choses en ayant travaillé là-bas.
00:32:35Et c'est ça qui m'a dit
00:32:38qu'il faudrait que j'aille quand même
00:32:41trouver cette parole-là dans le film.
00:32:44Justement aussi dans une question de dosage.
00:32:47Parce que dans le film, il y a aussi un ton.
00:32:50On a vachement travaillé là-dessus avec Stéphanie Goldschmidt, la monteuse du film.
00:32:53C'est de trouver vraiment le ton du film.
00:32:56On rigole, on est quand même avec Marie-Jo.
00:32:59C'est des scènes un peu cocasses, même sur le terrain vague,
00:33:02parce qu'elle fait quand même 1m45, en train de faire ses gestes,
00:33:05et de se balader dans son quartier avec son petit caddie.
00:33:08Il y a des choses assez drôles, assez légères.
00:33:11Et en même temps, je voulais quand même me rendre compte de la dureté de l'usine.
00:33:14L'intervention de mon père, en tout cas, ça m'a permis de ça.
00:33:17Est-ce que tu as essayé de chercher d'autres paroles
00:33:20ou c'était volontaire que de rester dans ce cercle intime pour toi ?
00:33:24Oui, la question s'est posée.
00:33:27Justement, sur le dispositif, je me rappelle, on avait beaucoup échangé.
00:33:30Est-ce qu'on fait intervenir des personnes,
00:33:33peut-être des ouvrières d'aujourd'hui sur le terrain vague ?
00:33:36Mais pour moi, ça aurait pu être très intéressant,
00:33:39mais ça ouvrait complètement un autre registre de films.
00:33:42Et j'avais quand même envie de rester sur ce film à la première personne,
00:33:45parler de cette transmission au sein de cette famille,
00:33:48et de ne pas...
00:33:52Ça élargissait trop et ça faisait...
00:33:55Si c'était des ouvrières qui venaient sur ce terrain-là,
00:33:58parce qu'au final, oui, pardon,
00:34:01je pense à ça, c'est que dans le film,
00:34:04je ne sais pas si il est montré dans les extraits,
00:34:07mais il y a des moments où il y a des comédiennes qui sont là.
00:34:10Des comédiennes qui sont là, c'est vraiment comme des figurantes
00:34:13qui apparaissent de nuit et qui refont les gestes avec Marie-Jo.
00:34:16Et c'était sur cette question-là qu'on s'était posé la question,
00:34:19est-ce que ça reste des comédiennes ? Est-ce qu'on fait venir des ouvrières ?
00:34:23Mais du coup, il aurait fallu aussi, après, les entendre,
00:34:26entendre leur voix, savoir qui elles sont.
00:34:29Et voilà, ça partait sur autre chose. Et pour moi, c'était important
00:34:32que ça reste dans le cadre familial, parce qu'il y avait déjà pas mal
00:34:35de choses à raconter, finalement.
00:34:37Oui, ce qu'on pouvait préciser aussi, mais je ne pense pas qu'on l'ait dit,
00:34:40c'est qu'il n'y avait plus de collègues de Marie-Jo
00:34:43qui étaient en capacité de témoigner.
00:34:46Dans le film, il y en a une qui ne va pas très bien.
00:34:50Et donc, en fait, ce n'était pas seulement l'absence des archives,
00:34:53c'était aussi l'absence des témoins et des personnes qui l'avaient vécu.
00:34:56Et en gros, pour témoigner un peu de toutes les projections
00:35:00qu'il y a eu après avec le film, quand Marie-Jo s'est déplacée avec toi, Sarah,
00:35:03on a senti, chez toute la génération, justement, de ton père et la tienne,
00:35:08mais il y avait beaucoup de gens qui étaient de la génération de ton père,
00:35:11donc des enfants de cette génération-là, qui voyaient le travail
00:35:14de leurs propres parents, c'est-à-dire que le discours de Marie-Jo
00:35:17était complètement universel de ces usines un peu modestes en taille,
00:35:22mais du coup, elle a rendu un peu universel ça,
00:35:25avec l'intimité de ce témoignage-là, et que finalement,
00:35:29c'était le pari de la subjectivité et de l'ultra-intimité
00:35:33pour essayer de rendre ça universel.
00:35:36C'est complètement évident, ce qu'on dit là,
00:35:38mais quand on est dans la construction du film,
00:35:41on se pose plein de questions, du coup, on n'est jamais très sûr de tout ça.
00:35:45On va voir le cinquième extrait, qui commence effectivement
00:35:48avec quelques comédiennes.
00:36:12Mais oui, je pense que si je n'avais pas eu des responsabilités comme ça,
00:36:16je ne sais pas si je serais resté toujours à repenser mes pullovers,
00:36:19je n'en sais rien, ce n'était pas très motivant.
00:36:24Et un jour, monsieur Lestienne m'a dit, vous faites la pluie et le beau temps,
00:36:27l'entreprise, vous.
00:36:29Parce que j'arrivais à entraîner, tu vois,
00:36:32des gens que tu n'aurais jamais pensé il y a quelques années avant.
00:36:37La pluie et le beau temps, tu vois, par le dialogue.
00:36:42Un peu une entraîneuse.
00:36:45Madame Bélanger Marie-Joseph, la parole est à vous.
00:36:49Merci, monsieur le Président.
00:36:51Je vous remercie de me donner la parole.
00:36:54Je peux vous assurer que moi, mes arguments sont vrais.
00:36:57Vous pouvez aller les faire contrôler par huissier, si vous voulez,
00:37:01puisque vous nous avez envoyés les huissiers, pourquoi pas.
00:37:04Donc, nous maintenant, notre action,
00:37:08nous allons persister à continuer à faire la grève.
00:37:15Ça va ?
00:37:16Tu prendras dans tout ça, tu trouveras.
00:37:19Pas de merci à la fin ?
00:37:21Non, non, dis pas des merci, on n'a rien.
00:37:23Faut attendre qu'ils nous donnent.
00:37:35Alors, il y a plusieurs choses dans cet extrait, en fait.
00:37:38Effectivement, la présence de certaines comédiennes.
00:37:40Il y en a une autre qu'on n'a pas montrée, mais où elles apparaissent davantage.
00:37:46Marie-Joséph a une activité syndicale forte et importante pour elle
00:37:49pendant assez longtemps.
00:37:51Je veux que tu nous en dises quelques mots.
00:37:53Et aussi, je me demandais si c'est une histoire de femme.
00:37:56Ce matin, c'était des histoires assez masculines.
00:37:58Là, c'est une histoire assez féminine qui apparaît,
00:38:00d'autant que tu es tuée à l'image, tu es une femme,
00:38:02tu fumes ta grand-mère.
00:38:04C'est quelque chose dont tu avais l'impression qu'on ne le raconte pas souvent,
00:38:08l'histoire des femmes, l'histoire des femmes ouvrières ?
00:38:11Oui, clairement.
00:38:13Quand j'ai commencé à me renseigner sur ces questions-là,
00:38:17parce qu'au début, quand elle m'a dit que l'usine avait été détruite,
00:38:19qu'il ne restait plus rien, j'étais là,
00:38:21c'est un truc de fou, mais comment ça se fait ?
00:38:23Et finalement, je me suis renseignée et je me suis rendue compte
00:38:25que c'était très commun.
00:38:27Que les archives aient été détruites de ces militantes,
00:38:30parce que je dis ces militantes,
00:38:32dans les usines textiles, c'était quand même majoritairement
00:38:34des femmes qui travaillaient.
00:38:36Mais c'était quelque chose de très commun,
00:38:39et ce n'était pas tant parce que c'était dangereux,
00:38:41mais c'est plus qu'on se disait, ça ne va intéresser personne.
00:38:43Et finalement, elle-même, enfin ma grand-mère,
00:38:45quand je lui en parle, même le film commence comme ça,
00:38:48c'est qu'elle se dit, ça ne va intéresser personne ton truc.
00:38:50Et donc, oui, moi, j'ai vraiment été confrontée
00:38:52au fait qu'il y ait peu de choses là-dessus.
00:38:54Et dans mes lectures, j'ai pu lire notamment Michel Perrault,
00:38:57qui travaillait beaucoup là-dessus,
00:38:59qui avait vraiment mis le doigt sur le fait
00:39:01que c'était des histoires qui étaient très peu racontées.
00:39:03Et que finalement, ce qui permettait aux historiennes
00:39:06de raconter cette histoire, c'était des fois des choses,
00:39:09des archives beaucoup plus intimes, des correspondances,
00:39:11d'aller vraiment dans l'archive familiale finalement.
00:39:15Donc oui, ça c'est quelque chose qui m'a guidée depuis le début.
00:39:22Et sur son activité syndicale,
00:39:24ben oui, en fait, très rapidement,
00:39:26donc elle est rentrée en usine en 57, 58.
00:39:29Et quelques années plus tard,
00:39:31elle s'est engagée dans l'action syndicale.
00:39:34Et pour elle, ça a été hyper, hyper important,
00:39:37comme pour, je pense, la plupart de ses collègues
00:39:39qui étaient militantes aussi, parce que c'est vraiment ça.
00:39:42Elles ont tout arrêté l'école, je ne sais pas, à 10, 12 ans.
00:39:45Ma grand-mère, c'est 12 ans.
00:39:47Et ça leur a vraiment donné des clés
00:39:49pour apprendre à s'exprimer,
00:39:52à écrire aussi pour certaines, à se défendre
00:39:56et à développer comme ça une solidarité, faire corps.
00:39:59Et donc ça a été très, très important.
00:40:02Ça a créé une fierté chez elle.
00:40:04Dans la scène qu'on vient de voir,
00:40:06elle est super heureuse de montrer un peu...
00:40:09Ah oui, complètement.
00:40:10Ben oui, surtout cette scène-là, en fait,
00:40:12c'est qu'elle défendait les ouvrières,
00:40:15parce qu'il y avait une vague de licenciements,
00:40:17je crois, dans les années 70.
00:40:19Donc c'est elle qui avait pris la parole
00:40:21face à l'avocat des patrons.
00:40:23Et donc là, elle rejoue cette scène-là.
00:40:26Et elle est hyper... Ouais, elle est fière.
00:40:28Elle est très, très fière.
00:40:30Ça, c'était drôle, parce que ça se voyait tout de suite
00:40:32à l'image qu'elle était contente de rejouer ça.
00:40:35Alors on va montrer un sixième extrait
00:40:37qui va nous permettre de parler d'un autre projet.
00:40:40Mais avant, je vous propose de regarder
00:40:42le sixième extrait qui va nous montrer,
00:40:44finalement, presque une sorte de confrontation
00:40:46entre deux mondes du travail.
00:40:50Je vous ai demandé une vérification supplémentaire
00:40:52pour voir s'il était possible de faire quelque chose.
00:40:54Malheureusement, elle est rejetée, cette demande.
00:40:56On ne va pas avoir la possibilité de réactiver votre compte.
00:40:59J'en suis désolé.
00:41:01On n'a pas de raison.
00:41:03Alors c'est parce que, visiblement,
00:41:05le compte ne correspond plus aux critères de qualité.
00:41:08Et du coup, il n'y a pas la possibilité de le réactiver.
00:41:10C'est pour cette raison-là.
00:41:12Malheureusement, je suis désolé, je vais rester flou là-dessus,
00:41:14parce que je n'ai pas davantage de visibilité dessus.
00:41:17Et que je peux uniquement voir, en tout cas,
00:41:19que le compte est désactivé à l'heure actuelle.
00:41:21Et que c'est une décision qui va donc être définitive.
00:41:25Thomas est embauché comme technicien polyvalent.
00:41:28Sa mission de la semaine consiste à retirer de l'application
00:41:31les livreurs qui n'ont pas d'assez bonne note.
00:41:33Oui, vous faites bien de poser des questions.
00:41:35Est-ce que vous avez d'autres questions ?
00:41:36Ou c'était clair pour vous ?
00:41:39Je vous en prie, je vous souhaite une très bonne journée,
00:41:40bonne continuation.
00:41:41Merci beaucoup.
00:41:42Au revoir.
00:41:44Je trouve que tu parles bien.
00:41:46Hein, Sarah ?
00:41:47Je trouve que je bégaye parfois.
00:41:48Tu parles bien, il s'explique bien.
00:41:51Il est poli.
00:41:52C'est important.
00:41:54Il m'a dit très bonne journée à vous, au revoir.
00:41:57Et bien voilà.
00:41:58Et tu lui as dit vous de même.
00:41:59C'est pas trop dur de passer ces appels-là ?
00:42:03Si, c'est dur.
00:42:04C'est dur parce que c'est beaucoup de...
00:42:08Beaucoup de situations où c'est lourd à annoncer, finalement.
00:42:12C'est le travail d'un...
00:42:14Oui, c'est un travail de RH.
00:42:16C'est le travail de quelqu'un qui serait dans un département RH, en fait.
00:42:19Sauf que c'est ça tout le jeu, en fait, avec cette structure-là.
00:42:23C'est que comme la personne n'est pas salariée,
00:42:26la personne n'est pas virée, à proprement parler.
00:42:29Elle n'est pas licenciée.
00:42:31Et à partir du moment où on considère que c'est un travail à plein temps,
00:42:33oui, annoncer à quelqu'un qu'il est désactivé
00:42:35et qu'il comptait uniquement sur ce travail-là
00:42:36pour se nourrir, lui, sa famille, payer son loyer,
00:42:39en fait, on annonce à la personne qu'elle est virée.
00:42:42Mais c'est d'autres termes, en fait.
00:42:44On utilise d'autres termes.
00:42:47Donc, ça revient au même.
00:42:50Et c'est un ticket de fait sur les 40 de la journée.
00:42:53Qu'est-ce que t'en penses, toi, mamie ?
00:42:54C'est comme quand on disait
00:42:56on va déconstruire plutôt que démolir.
00:42:58Oui, c'est ça.
00:43:00C'est mieux, le mot.
00:43:01On va vous remercier plutôt qu'on va vous revirer.
00:43:04Voilà.
00:43:05Donc, on change le terme, mais le résultat est le même.
00:43:09C'est ça.
00:43:12Désactivé.
00:43:14C'est comme...
00:43:15On voit ça, des fois, sur mon PC.
00:43:20Désactivé.
00:43:22On va désactiver la machine à laver.
00:43:24Oui.
00:43:25Tu vois, on va l'arrêter.
00:43:29En fait, ça reste un peu
00:43:30parce qu'on repense au fait qu'on va devoir rappeler les personnes
00:43:32et c'est pas agréable, quoi.
00:43:37Je sais que j'ai des collègues
00:43:38qui ont peut-être plus de recul là-dessus,
00:43:39mais moi, je l'ai pas, en tout cas.
00:43:44À aucun moment, je me suis dit que j'allais appeler des gens
00:43:46pour leur dire qu'ils allaient être virés, quoi.
00:43:48C'est surtout ça.
00:43:49Mais c'est pas de ta faute, ça.
00:43:51C'est parce qu'on t'a ordonné de le faire.
00:43:53C'est ta décision, c'est pas comme...
00:43:54Mais parce que je suis quelqu'un de polyvalent,
00:43:56donc je peux bien faire ça aussi.
00:43:58C'est comme ça.
00:43:59C'est ce qu'ils te demandaient, c'est pas ça.
00:44:00On nous a expliqué que dans notre contrat,
00:44:02on pouvait être amené à avoir des tâches différentes.
00:44:04Du coup, si appeler des gens pour leur dire qu'ils sont désactivés,
00:44:09c'est une tâche comme une autre,
00:44:11bah oui, on doit le faire, en gros.
00:44:14Donc, voilà.
00:44:23Alors, qui est à l'image ?
00:44:26Tu nous racontes un peu...
00:44:28C'est mon petit frère, Thomas.
00:44:31Alors, Thomas travaille pour un call center.
00:44:34C'est un nomade du travail.
00:44:37Il est en télétravail tout le temps ?
00:44:38Non, non, non, non.
00:44:39Il a des semaines de télétravail qui sont imposées,
00:44:43mais il n'est pas tout le temps en télétravail.
00:44:46Ce qui est assez intéressant, c'est qu'on sent dans ce qu'il fait
00:44:50une forme de nouvelle violence dans le monde du travail.
00:44:54Une violence qu'on comprend assez facilement en 2025.
00:44:58Marie-Jo, elle est gentille.
00:45:02Elle le regarde avec beaucoup de gentillesse,
00:45:05alors qu'on aurait pu se dire qu'elle pourrait critiquer, non ?
00:45:09Qu'est-ce qui se joue selon toi dans cette scène-là ?
00:45:11En quoi elle t'a semblé être intéressante pour le film ?
00:45:15Déjà, moi, ça me semblait intéressant de filmer mon frère
00:45:18parce qu'il y avait quand même cette question,
00:45:20comme le disait tout à l'heure Maëlle,
00:45:22c'est faire un film...
00:45:24Finalement, j'essaye de convoquer le passé,
00:45:26mais pour comprendre le présent.
00:45:28Donc là, ça permettait un ancrage dans...
00:45:30OK, est-ce que les choses ont évolué aujourd'hui ?
00:45:33A priori, pas trop.
00:45:35Mais c'est vrai qu'avec ces nouvelles formes de travail,
00:45:38ces technologies qui sont différentes,
00:45:41ça me permettait d'avoir cette ouverture
00:45:44grâce au travail de mon frère.
00:45:46Et après, cette scène, oui, en effet...
00:45:49Après, elle est quand même assez...
00:45:51Moi, je la connais, peut-être que c'est parce que je le sais,
00:45:53je ne sais pas, mais elle est quand même critique.
00:45:55Après, je pense qu'elle sait aussi qu'à ce moment-là,
00:45:57mon frère sait ce qu'il dit,
00:45:59c'est que se retrouver dans la position de virer des gens,
00:46:02alors que ce n'était pas ce qu'on lui avait...
00:46:04Quand il a été recruté pour faire ce travail,
00:46:06ce n'était absolument pas quelque chose qu'il devait faire.
00:46:09Il devait juste répondre à des appels de clients comme ça.
00:46:11Et il s'est retrouvé à faire ça
00:46:13parce que c'est caché derrière ce qu'il dit,
00:46:15technicien polyvalent.
00:46:17Ah, tiens, finalement, ça, ça rentre dans ta fiche de poste.
00:46:21Et donc, ma grand-mère, je pense qu'elle est très consciente de ça.
00:46:23Elle sait à quel point aujourd'hui,
00:46:25parce que c'était déjà un peu le cas à son époque,
00:46:27mais à quel point c'est peut-être très pernicieux comme système,
00:46:30et que ce n'est pas de sa faute à lui.
00:46:34Après, il peut choisir de démissionner ou pas.
00:46:36Mais je pense qu'elle est contente et rassurée
00:46:39du fait qu'il ait enfin trouvé un travail,
00:46:41parce qu'il a beaucoup galéré.
00:46:43Et là, il a un CDI,
00:46:45donc elle est dans le stress
00:46:49qu'il perde ce travail.
00:46:51Et elle sait aussi très bien ce que c'est d'avoir un travail
00:46:53pour lequel on se lève tous les matins
00:46:55et qu'on n'a absolument pas envie de faire.
00:46:57Et je pense qu'il se retrouve à ce moment-là, malheureusement,
00:46:59dans cette situation.
00:47:02Elle est très critique et en même temps,
00:47:05elle ne va pas lui appuyer sur la tête non plus.
00:47:08Ça reste son petit-fils aussi, en plus.
00:47:10Mais oui, c'est sûr que ça pose plein de questions.
00:47:13Moi, c'est pour ça que je trouvais ça intéressant,
00:47:15parce que je pense que ça nous est presque tous et toutes arrivé,
00:47:18dans la même famille, au sein de la même famille,
00:47:20avoir des personnes qui ont des travaux qu'on ne comprend pas,
00:47:23qui ne sont pas forcément dans nos valeurs.
00:47:25On se retrouve à deux générations d'écart.
00:47:27Des fois, il y a des choses qui se répètent.
00:47:29Les histoires se répètent.
00:47:31Et on n'en a pas toujours conscience aussi.
00:47:33Je trouvais que ça disait beaucoup de choses, en tout cas.
00:47:36C'est une scène qui a été reçue assez différemment
00:47:38en fonction des projections du film.
00:47:41Qu'est-ce qui t'en a été dit ?
00:47:43En fait, oui, c'est ça.
00:47:45C'était assez, peut-être pas clivant,
00:47:47mais soit il y a des personnes
00:47:49qui ont trouvé cette scène justement intéressante
00:47:52sur ce que ça soulevait du rapport au travail
00:47:54et même au sein de notre famille aujourd'hui,
00:47:56qui questionnaient le rapport au travail aujourd'hui
00:47:59et à cette nouvelle forme de violence, comme tu disais.
00:48:02Et en même temps, il y a quelques personnes,
00:48:05en tout cas à l'issue de projections,
00:48:07qui m'ont dit, mon Dieu, il est monstrueux,
00:48:09votre frère, comment c'est possible qu'il fasse un travail pareil ?
00:48:12Et donc moi, ça m'a...
00:48:14C'était quelque chose que je n'ai pas forcément très bien vécu,
00:48:16parce que je ne le voyais vraiment pas comme ça.
00:48:18Même si, bien sûr, je ne défends pas l'entreprise
00:48:20pour laquelle il travaille.
00:48:22Mais évidemment,
00:48:24j'espère qu'il trouvera peut-être autre chose plus tard.
00:48:26Mais voilà, moi, je n'avais pas cette lecture-là des choses,
00:48:29donc c'est vrai que ça m'avait un peu désarçonné.
00:48:32Toi, Noël, tu la vois comment, cette scène ?
00:48:37Bien, parce que nous, dans la construction du film,
00:48:39c'était complètement une autre réflexion.
00:48:42Ce film, c'était aussi refaire famille autour du travail.
00:48:45Et comme tu l'as dit,
00:48:47ton père n'était pas prévu dans le film au départ,
00:48:50donc il y a vraiment cette espèce de trajectoire familiale
00:48:53qui traversait le film.
00:48:55Et ça, c'était, je pense,
00:48:57le propos premier, en fait, narratif,
00:48:59qui était là et qui n'était pas prévu.
00:49:02Après, effectivement, quand on relie avec du recul,
00:49:05c'est-à-dire que partir d'une usine à Angers
00:49:07qui a disparu sur une activité textile
00:49:10qui s'est complètement délocalisée,
00:49:12jusqu'à quelqu'un qui travaille
00:49:15pour des plateformes plutôt internationales,
00:49:19c'était assez inattendu quand même.
00:49:22Donc moi, je trouve que ça frotte,
00:49:25c'est plutôt intéressant, parce que ça re-questionne.
00:49:27C'est-à-dire que, du coup, on idéalise des luttes
00:49:30ou alors on va parler d'un passé
00:49:32et qu'aujourd'hui, finalement, le regard
00:49:34sur cette jeunesse qui travaille
00:49:37pour ces plateformes-là est assez peu questionné.
00:49:40En tout cas, on va la questionner de certaines façons
00:49:42et pas à cet endroit-là.
00:49:44Donc, non, c'était vraiment...
00:49:46Enfin, moi, je la lis comme Sarah et comme toi.
00:49:49Alors, c'est ce qui t'a donné envie
00:49:52du deuxième projet sur lequel tu es en train de travailler.
00:49:55Sarah est en train d'écrire et de développer avec Maëlle
00:49:58un deuxième film sur le monde du travail.
00:50:02Tu veux nous en dire quelques mots, justement,
00:50:04sur ton frère et ses collègues ?
00:50:06Oui, en fait, déjà, cette idée-là,
00:50:09elle est née au moment du montage de C'est comme ça,
00:50:12parce que j'avais tourné cette scène qu'on vient de voir,
00:50:14mais j'en avais tourné d'autres.
00:50:16Un entretien avec mon frère
00:50:18où on discutait justement de notre rapport au travail tous les deux.
00:50:21Une autre scène avec ma grand-mère que j'aimais beaucoup,
00:50:24mais pour des raisons de montage,
00:50:26elles n'avaient pas leur place dans le film,
00:50:28parce que ça reste quand même Marie-Jo, ma grand-mère,
00:50:30qui porte le film.
00:50:31Donc, déjà, à ce moment-là,
00:50:32le fait de faire le deuil de ces séquences-là,
00:50:33ça me trottait un peu dans la tête.
00:50:35Et puis, le fait de...
00:50:37Oui, justement, les débats que ça a suscité
00:50:39après les projections,
00:50:41d'en parler avec d'autres collègues réalisateurs,
00:50:45ça m'a vraiment donné envie de...
00:50:48L'interprétation que certaines personnes pouvaient en faire,
00:50:50ça m'a vraiment donné envie de creuser plus,
00:50:55parce que j'avais l'impression,
00:50:57dans ce qu'ils disaient,
00:50:58que c'était un peu des jeunes sans aucune conscience politique,
00:51:01des gros beaufs qui veulent juste se bourrer la gueule
00:51:03pour pas cher au Portugal.
00:51:05Alors que les choses me semblent...
00:51:06Ils travaillent au Portugal.
00:51:07Voilà, ils travaillent au Portugal,
00:51:08et les choses me semblent un peu plus complexes que ça.
00:51:10Donc, c'est pour ça que j'ai eu envie de...
00:51:14Donc, c'est encore frais,
00:51:15parce que ça fait pas très longtemps que je travaille dessus,
00:51:17mais de rencontrer aussi d'autres personnes.
00:51:19Donc, il y a mon frère qui est toujours au Portugal,
00:51:21qui travaille toujours là-bas.
00:51:23Et j'ai rencontré certains de ses amis aussi, avec le temps.
00:51:26Et donc, là, j'essaye de rencontrer des nouvelles personnes
00:51:29qui ont des...
00:51:30Enfin, voilà, qui travaillent pour, finalement,
00:51:32des entreprises différentes,
00:51:33parce que les call centers,
00:51:34ça se sous-traite pour plein de très grosses entreprises.
00:51:37Donc, il y a Meta, Uber, TikTok, Amazon.
00:51:40Enfin, voilà.
00:51:42Tout ça, tout ça.
00:51:45Des noms qui nous font plaisir.
00:51:47Voilà, plein de choses qui nous font plaisir.
00:51:49Et ça va à la fois...
00:51:50Il y a le centre d'appel.
00:51:51Donc, c'est répondre aux appels des clients, par exemple,
00:51:54qui n'ont pas reçu leur commande,
00:51:55ou leur pas de carbone était froid.
00:51:56Donc, comment gérer ça ?
00:51:58À des fois, des personnes qui modèrent du contenu violent aussi
00:52:02sur les réseaux sociaux.
00:52:03Donc, ça, c'est des trucs vraiment...
00:52:05Enfin, voilà, ils modèrent vraiment des trucs très, très violents.
00:52:08Et voilà.
00:52:10Donc, j'essaye de suivre un peu ces différentes personnes.
00:52:13C'est presque...
00:52:14Comme tu parlais du fait qu'il te manquait à toi
00:52:16une histoire de ces femmes ouvrières,
00:52:18là, tu as l'impression qu'il te manque une histoire aujourd'hui
00:52:20de la jeunesse et du...
00:52:22Enfin, je dis jeunesse, je ne sais pas ce que ça veut dire,
00:52:24mais bon, de 20, 25 ans,
00:52:26et de son rapport au travail ?
00:52:29Oui.
00:52:30Oui.
00:52:31Je pense qu'en tout cas,
00:52:32j'ai toujours envie d'être dans cette question
00:52:34de questionner le rapport au travail.
00:52:36Et je pense que finalement,
00:52:37même si au départ, je pensais partir sur quelque chose
00:52:39de très différent de c'est comme ça.
00:52:40On en discutait, c'est marrant, avec Maëlle, la dernière fois.
00:52:42Il y a des questions qui reviennent, quand même.
00:52:44C'est un peu la question de...
00:52:45Pour eux, ils sont un peu dans un...
00:52:47C'est comme ça aussi, aujourd'hui,
00:52:48parce qu'ils ont fait ce choix de partir au Portugal.
00:52:50Il y a plein de profils différents, en vrai.
00:52:53Ils viennent d'horizons très différents.
00:52:55Mais il y a tout le temps l'idée un peu de fuir quelque chose.
00:52:58Et pour certains, ça va être une forme de précarité.
00:53:02Il y en a une avec qui je suis pas mal en contact
00:53:04qui me racontait qu'elle vient d'une famille très modeste.
00:53:07Elle a fait des études de droit, un master.
00:53:09Elle s'attendait à, ça y est, prendre l'ascenseur social.
00:53:12Et finalement, tout ce qu'on lui a proposé après,
00:53:14c'était que des stages ou des boulots au SMIC payés à Paris.
00:53:16Enfin, payés au SMIC à Paris, où elle pouvait pas se loger, etc.
00:53:20Et donc, il y a un peu toujours cette idée
00:53:22de trouver un point d'échappatoire ou de fuir quelque chose.
00:53:26Et donc, ouais, c'est ça qui m'intéressait, en fait,
00:53:30de rendre compte aujourd'hui.
00:53:33Est-ce que c'est comme ça ?
00:53:35La question du choix, en fait.
00:53:36À quel moment tu décides ?
00:53:38Quelles histoires tu te racontes par rapport au travail,
00:53:41pour continuer d'avancer ?
00:53:43Alors, ça interroge, quelque part, ton propre rapport au travail,
00:53:47puisque c'est un film qui va forcément être,
00:53:49quelle que soit la forme qu'il va prendre,
00:53:51qui va forcément être très différent de C'est comme ça,
00:53:54puisque C'est comme ça, c'était ton cercle intime,
00:53:56la maison de ta grand-mère.
00:53:57Donc, tout est presque facile.
00:53:59Presque.
00:54:01Toutes proportions gardées.
00:54:04Là, tu interroges une histoire,
00:54:06tu veux raconter une histoire qui ne se passe pas en France,
00:54:09dans des endroits, des call centers,
00:54:12on ne précisera pas forcément lequel,
00:54:16que tu ne peux pas filmer,
00:54:17dans lesquels tu ne vas pas aller filmer.
00:54:18Donc, tu cherches d'autres façons de les filmer.
00:54:20On a quelques photos de repérage qu'on peut montrer,
00:54:22parce que c'est quelque part un autre décor.
00:54:25Du coup, pardon, deux questions dans ma question.
00:54:28Déjà, dans quelle mesure, toi, ça change ta façon de travailler ?
00:54:32Puisqu'on raconte souvent les autres,
00:54:34mais quelque part, ce sont aussi des façons de...
00:54:37Toutes ces questions-là montrent aussi comment nous, documentaristes, travaillons.
00:54:42Donc, ça, c'est la première chose.
00:54:45Et autre chose, qu'est-ce qui t'apparaît aujourd'hui comme intéressant,
00:54:50dans ce que tu as déjà vu ?
00:54:51Les décors ?
00:54:52Par exemple, là, c'est pas vraiment très loin de la maison de ta grand-mère.
00:54:56Non, mais ça crée vraiment un univers qui va être très différent.
00:55:01Des questions similaires, mais un univers très différent.
00:55:03Qu'est-ce que ça va...
00:55:05Qu'est-ce que ça t'apporte en ce moment comme questionnement ou réflexion ?
00:55:09En ce moment, c'est pas mal la question, justement, de ma place dans le film.
00:55:13Parce qu'au départ, quand on a commencé à faire quelques petits repérages,
00:55:17moi, je suis partie toute seule avec ma caméra
00:55:20et mon collaborateur artistique qui est dans la salle.
00:55:25C'est mon conjoint.
00:55:29Salut, le collaborateur artistique.
00:55:32Ça reste en famille.
00:55:33Ça reste en famille.
00:55:34Mais voilà, j'étais quand même toujours dans ce geste de filmer seule.
00:55:38Et au départ, je ne savais pas trop comment ça allait se passer
00:55:41parce que j'imaginais quelque chose beaucoup plus en cinéma direct
00:55:44où j'allais suivre un peu des actions, les suivre, eux, dans leur groupe.
00:55:47Et finalement, je me suis rendue compte à l'issue de ces repérages-là
00:55:51que ça ne fonctionnait pas.
00:55:52Et ce qui fonctionnait, c'était quand moi aussi, j'étais en interaction avec eux.
00:55:55Finalement, parce que c'est les questions qu'on se pose ensemble
00:55:59parce que certains deviennent aussi des amis avec le temps
00:56:02qui font que c'est ça qui crée aussi du récit.
00:56:05Je pense que l'enjeu, ça va être en effet de pouvoir développer
00:56:09avec les personnes que je connais moins une certaine proximité.
00:56:16Je pense que c'est ça, c'est un peu l'enjeu du film,
00:56:18de pouvoir garder un peu cet aspect intime qui me tient quand même à cœur.
00:56:21Parce que pour l'instant, on est encore au début,
00:56:24mais je sais que j'ai envie de faire un film de personnages
00:56:27et donc de les suivre un peu, peut-être à des endroits
00:56:30où moi, je ne serais pas forcément allée.
00:56:32Ou en tout cas, aujourd'hui, je ne m'attends pas forcément à aller par là.
00:56:37Comment tu vois ça, toi, Maëlle, de ton œil,
00:56:39en plus de producteur expérimenté,
00:56:41puis sachant que faire un deuxième film,
00:56:43c'est souvent là où les ennuis commencent.
00:56:47Oui, c'est ce que j'allais dire.
00:56:48J'espère que les ennuis ne commencent pas.
00:56:50Je ne sais pas.
00:56:51Déjà le premier, je trouve qu'il a été assez long à faire.
00:56:53Donc, on va se dire que c'était...
00:56:55Non, mais là, c'est vrai qu'on a eu une approche différente.
00:56:58Pour paraphraser ce que disait Sarah,
00:57:00c'est effectivement, moi, ce que je trouve vraiment fort dans l'approche,
00:57:04c'est cette intimité qui est créée.
00:57:06Donc, évidemment, qu'elle est naturelle
00:57:07quand c'est la famille proche comme ça.
00:57:10Et là, du coup, tout le travail avec les personnages,
00:57:13c'est de recréer cette intimité avec les personnages.
00:57:17Et ça, c'est vraiment un travail au long cours.
00:57:20On parlait tout à l'heure de cinéma d'immersion.
00:57:22Il y a vraiment quelque chose à cet endroit-là.
00:57:26Et ce que je trouve assez juste, c'est que...
00:57:30Pour tourner un peu une phrase,
00:57:32c'est qu'aujourd'hui, on dit beaucoup
00:57:36quand on veut, on peut.
00:57:38Alors que là, c'est plutôt quand on peut, on veut.
00:57:40Et c'est vraiment une jeunesse qui est confrontée
00:57:42à cette idée du pouvoir ou du non-pouvoir
00:57:46et qui se retrouve à cet endroit-là.
00:57:50Et qu'un peu loin des regards,
00:57:52ils essayent de se recréer aussi
00:57:55une sorte d'espace comme ça,
00:57:56de rapport au travail différent.
00:57:58Et ça nous renvoie une image de notre propre travail
00:58:01aussi fort que ce que nous renvoie finalement Marie-Jo.
00:58:05Et ça nous renvoie aussi ce qu'on ne veut pas voir.
00:58:08C'est-à-dire que de la même manière
00:58:09qu'on a délocalisé la production de Marie-Jo,
00:58:14on délocalise aussi toutes nos problématiques
00:58:16et notamment l'énorme problème
00:58:18des pâtes Carbo qui sont trop froides à la livraison.
00:58:21J'ai l'impression, mais c'était déjà un peu le cas ce matin,
00:58:24on regarde toujours un peu le travail
00:58:25comme quelque chose de douloureux.
00:58:27Eux et elles, que tu vas aller filmer là-bas,
00:58:33tu as l'impression qu'ils sont heureux dans ce qu'ils font
00:58:35ou ils questionnent même leur propre travail ?
00:58:39Ça dépend des personnes.
00:58:41La plupart sont quand même assez lucides
00:58:43quand même en se disant...
00:58:44En fait, clairement, pour beaucoup,
00:58:46ils voient ça un peu comme une pause.
00:58:48Et dans beaucoup de discours, ça revient un peu
00:58:51quitte à faire un travail chiant,
00:58:53un truc alimentaire relou,
00:58:54autant le faire au soleil.
00:58:56C'est un peu le choix du moins pire finalement.
00:58:58C'est ce que leur promettent aussi les employeurs.
00:59:00Oui, complètement.
00:59:01C'est un peu la promesse de venez, venez.
00:59:03Oui, carrément.
00:59:04Ils jouent vachement là-dessus.
00:59:05Quand on voit un peu les annonces,
00:59:07tu as l'impression que tu vas vivre un Erasmus,
00:59:10rencontrer plein de gens, d'être à l'étranger et tout.
00:59:13Et en fait, ce n'est pas ce qui se passe
00:59:14parce qu'ils se retrouvent...
00:59:16Ils bossent quand même 40 heures par semaine,
00:59:18donc dans des conditions quand même pas faciles.
00:59:20Soit ils sont en télétravail,
00:59:21ils télétravaillent dans leur chambre,
00:59:23et sachant qu'ils sont logés par les entreprises.
00:59:25Il y en a des petites photos de ça.
00:59:27Si nos amis régisseurs peuvent mettre
00:59:30les couloirs ou les chambres.
00:59:36Et donc oui, au final, ils sont assez...
00:59:38Il y a une forme de désillusion aussi.
00:59:39Quand ils arrivent, même si je pense
00:59:40qu'ils ne s'attendent pas forcément non plus à...
00:59:42Ils savent qu'ils vont travailler 40 heures par semaine
00:59:44et que le travail n'est pas forcément passionnant.
00:59:48Mais oui, il y en a quand même qui tombent un peu de haut.
00:59:51Parce qu'au final, il y a des formes de violence
00:59:55qui se rajoutent.
00:59:56Parce que quand ils ont un problème,
00:59:58la hiérarchie, elle est complètement...
01:00:01Immatérielle.
01:00:02Immatérielle, c'est ça.
01:00:03Et quand ils ont un problème,
01:00:05ils envoient un petit truc sur un tchat
01:00:07et ça doit être traité après,
01:00:08mais ils n'ont jamais d'interlocuteur direct.
01:00:11Je pense qu'on arrive, on débarque dans un nouveau pays.
01:00:14Pour certains, c'est la première fois qu'ils partent à l'étranger.
01:00:17Et donc voilà, il y a des difficultés
01:00:19qui se font aussi à cet endroit-là, clairement.
01:00:22Pour spoiler, des parallèles aussi
01:00:24avec l'histoire de Marie-Jo.
01:00:25On ne sait pas encore quelle place ça prendra dans le film,
01:00:27mais là où, encore une fois,
01:00:29son entreprise a été délocalisée,
01:00:32du coup, ce qui plane au-dessus de ses call centers,
01:00:35c'est l'IA, évidemment.
01:00:37Donc en gros, évidemment que ces personnes
01:00:40peuvent être remplacées à tout moment
01:00:42par une intelligence artificielle.
01:00:44Ce qui nous semblait parfois signe de progrès
01:00:47face à un travail qui pouvait être compliqué
01:00:49de modération de contenu,
01:00:50mais mine de rien, c'est quand même
01:00:51la disparition de leur travail.
01:00:54Et là, je sais que tu disais
01:00:56qu'il y avait eu une unité de 500 personnes
01:01:00qui avaient été remplacées par une IA.
01:01:02Je ne sais plus quel est le chiffre.
01:01:04Mais en gros, ce parallèle-là, il existe aussi.
01:01:06C'est ça qui est assez fou,
01:01:08alors qu'on pensait que les mondes
01:01:09étaient complètement étanches,
01:01:11mais qu'en fait, l'histoire se répète.
01:01:15On va prendre quelques questions dans la salle,
01:01:17si jamais vous en avez.
01:01:18Moi, j'en ai juste une dernière.
01:01:20Qu'est-ce que Marie-Jo a pensé du film ?
01:01:24La première fois que je l'ai montrée,
01:01:26elle était morte de rire,
01:01:27donc ça m'a beaucoup soulagée.
01:01:30Ça m'inquiétait parce que je sais
01:01:32qu'il y a un moment dans le film
01:01:34où je la montre quand même plus vulnérable,
01:01:36elle finit par se mettre en colère et à pleurer.
01:01:38Et j'avais un peu peur de comment elle allait recevoir
01:01:40le fait que j'avais choisi de garder ça.
01:01:42Et donc, oui, oui, elle a...
01:01:45Ouais, elle était très contente.
01:01:47Et aujourd'hui, c'est presque son film.
01:01:49Quand elle en parle, ça me fait rire
01:01:50parce qu'on a fait une projection
01:01:51il n'y a pas très longtemps à Angers.
01:01:53Il y a une cousine à elle qui est venue en disant
01:01:55« Oui, pourquoi tu n'as pas mis Albert,
01:01:57donc mon grand-père, dans le film ? »
01:01:58Et elle était « Non, mais ça faisait trop au montage.
01:02:01Je n'ai pas décidé de... »
01:02:03Voilà, c'est elle qui l'a fait le film.
01:02:05C'est son film maintenant, donc c'est très bien.
01:02:07On aurait dû l'inviter aujourd'hui.
01:02:09Vous n'aurez pas été déçus, je pense.
01:02:13Vas-y, Rémi.
01:02:16J'ai bien envie...
01:02:17Ta grand-mère disait au départ
01:02:18« ça va intéresser qui ton truc ? »
01:02:20Fabrice Puchon, ce matin, qui était là,
01:02:22nous disait « Je reçois peu de projets sur le travail.
01:02:25Toi, Stan, il vient te chercher.
01:02:27Je veux bien qu'on parle de ça,
01:02:29Maëlle, avec toi, à profiter de ta présence de producteur. »
01:02:31Alors, diffuseur, producteur...
01:02:33« Où est-ce que ça coince ?
01:02:35Ça n'intéresse pas les films sur le travail ?
01:02:37Ça n'intéresse pas ton truc ?
01:02:39C'est difficile de placer des films sur le travail ?
01:02:42Qu'est-ce qui coince si quelque chose coince ?
01:02:45Stan, peut-être, si tu as aussi des choses à dire,
01:02:47tu peux nous rejoindre.
01:02:48Après tout, tu as aussi l'expérience. »
01:02:51Je ne sais pas si tu poses la question.
01:02:52Déjà, il faut que je me rappelle...
01:02:54Ce que tu l'as proposé à Arte.
01:02:55Qu'est-ce qu'Arte m'a répondu ?
01:02:57Fabrice, je ne sais pas si...
01:02:59En fait, en gros, déjà,
01:03:01pour dire un peu, c'est ce que je disais au départ.
01:03:03Je pense qu'au départ, c'est avant tout
01:03:05perçu comme un film sur la grand-mère de Sarah
01:03:08plutôt qu'un film sur le travail.
01:03:09C'est-à-dire que c'est là où cette sédimentation
01:03:11du travail d'écriture et de réalisation
01:03:13et de ce que devient le film.
01:03:14Le film devient le support d'une étude de cas
01:03:18sur comment le film et le travail.
01:03:20Au départ, c'est un film sur la grand-mère de Sarah
01:03:22qui se trouve qu'effectivement, on a travaillé.
01:03:24Donc, peut-être aussi qu'on l'a mal présenté.
01:03:28Non, mais après, ça a été un parcours aussi.
01:03:30C'était un premier film.
01:03:31On peut le redire aujourd'hui qu'on va dire
01:03:34que si on parle d'Arte précisément,
01:03:36je pense qu'il n'y a pas tant que ça.
01:03:38Non, Arte ou les diffuseurs en général.
01:03:40Oui, mais là, tu parlais d'Arte.
01:03:41Donc, il n'y a pas tant que ça.
01:03:42Donc, je ne sais même pas ce que j'ai eu.
01:03:44Après, ce film, on a mis un peu de temps.
01:03:47Globalement, il a été fait avec une antenne régionale
01:03:50de France Télévisions qui est quand même l'endroit,
01:03:53je ne sais pas comment, quel mot utiliser,
01:03:56mais où on peut avoir un espace de création
01:04:01pour promouvoir ce type de film en grande liberté.
01:04:07Et il a été repris dans la case Lorday,
01:04:12avec Julie Demareuil,
01:04:15mais que ça a quand même été un travail, je pense,
01:04:17d'un an et demi.
01:04:18On nous a un peu fait mariner quand même.
01:04:20Je pense aussi pour que le travail d'écriture
01:04:23soit le plus abouti possible
01:04:25et qu'il a quand même fallu tourner beaucoup
01:04:27pour que le film soit faisable.
01:04:30Mais je ne sais pas si c'est la thématique du travail en lui-même.
01:04:33En tout cas, ce qui est sûr,
01:04:34c'est que la modestie de ce type de bassin ouvrier
01:04:39a effectivement du mal à susciter un intérêt majeur.
01:04:43Ça, c'est sûr.
01:04:44C'est aussi lié au premier film de manière générale.
01:04:47On est peut-être plus...
01:04:49Un diffuseur peut être plus frileux.
01:04:50Alors, j'en fais un autre sur la même zone.
01:04:52Du coup, sur le monde du travail,
01:04:54ce n'est pas un premier film.
01:04:55Et du coup, il reste avec une modestie aussi budgétaire.
01:04:59Pour blaguer, en fait, la première question
01:05:01qu'a posée ton père,
01:05:03en tout cas, c'est à moi, mais à toi,
01:05:04ça doit être d'autres choses,
01:05:05c'était quel a été le budget du film ?
01:05:06Ça m'a fait rire.
01:05:09Alors, quel a été le budget du film ?
01:05:11Je ne sais plus ce que je lui ai répondu.
01:05:15Je peux intervenir, du coup ?
01:05:16Karen, vas-y.
01:05:17Alors, Stanley Mann puis Karen.
01:05:19Pour boucler la boucle,
01:05:23on va poser la question.
01:05:26Alors, moi, j'ai une situation un peu particulière
01:05:28parce qu'en fait, j'ai commencé il y a...
01:05:3289, 90 à peu près.
01:05:34Et ensuite, par une série de hasards,
01:05:39je suis passé de film en film.
01:05:41J'ai toujours fait les films que j'avais envie de faire
01:05:43sans trop de problèmes.
01:05:45Après que l'unité documentaire d'Arte
01:05:50me propose un truc comme Les Ouvriers,
01:05:52c'est directement issu du film que j'avais fait avant
01:05:55qui était un film sur la Révolution russe.
01:05:58Après, je ne sais pas.
01:06:00Peut-être aussi parce que, si vous voulez,
01:06:03le prix à payer pour moi,
01:06:05c'est que je suis absolument incapable
01:06:07de travailler avec les chaînes de services publics
01:06:09en dehors d'Arte.
01:06:12À cause de ma façon de travailler, tout simplement.
01:06:16Voilà.
01:06:18Il y en a peu d'autres.
01:06:20Pardon ?
01:06:22Il y a peu d'autres chaînes publiques.
01:06:24France 3.
01:06:26Il y en a quand même.
01:06:28Et même puisqu'on est entre nous,
01:06:31certaines sections d'Arte,
01:06:34pour moi, c'est absolument impossible.
01:06:36Si vous voulez, après, j'arrête.
01:06:39Mais la condition pour moi,
01:06:42c'est qu'on me laisse totalement tranquille.
01:06:44C'est qu'on me laisse faire ce que je veux faire.
01:06:47Donc, ça limite quand même le champ des possibles.
01:06:50Mais après, bon, c'est...
01:06:52Il y a forcément de l'inertie dans ces systèmes-là.
01:06:55Et ça, c'est évident.
01:06:57Est-ce que c'est lié à des thématiques ?
01:07:00Je...
01:07:02Sans doute.
01:07:04Et puis, bon, après, c'est...
01:07:07C'est l'habituel marécage humain.
01:07:10Ce que soulevait Fabrice Puchot ce matin,
01:07:13c'était...
01:07:15Il dit ne pas recevoir suffisamment de projets.
01:07:17Mais je crois que Karen Mikael...
01:07:19C'est une seconde, Fabrice Puchot.
01:07:21Ça interroge aussi notre propre...
01:07:23Nous, documentaristes, notre propre rapport
01:07:25à ce qu'on voit du monde et à ce qu'on raconte du monde
01:07:27si on ne propose pas assez de projets.
01:07:29Mais je laisse effectivement la parole à Karen Mikael d'Arte.
01:07:31Merci. Alors d'abord, je salue quand même
01:07:33mes camarades concurrents de France Télévisions
01:07:35d'avoir produit ce film, néanmoins.
01:07:38Plusieurs choses, sans doute,
01:07:40parce qu'il y a plein de points qui ont été évoqués.
01:07:42Les premiers films.
01:07:44On sait que les premiers films, nous, on les aime bien.
01:07:46Ils ne sont pas forcément faciles.
01:07:48Ce qui est difficile, c'est l'équation 1-2 inconnu,
01:07:50un producteur pas connu, une réalisatrice pas connue, peut-être.
01:07:52Donc, on ne dit pas qu'on n'y va pas.
01:07:54C'est vrai que ça peut être pas un frein,
01:07:56mais on sait que c'est un accompagnement
01:07:58qui va plus long, et pour le producteur,
01:08:00et peut-être pour le diffuseur.
01:08:02Ça n'empêche en aucun cas les choses,
01:08:04puisque c'est un endroit avec lequel on veut travailler.
01:08:06Mais on sait aussi, et c'est intéressant,
01:08:08que le film, là, précisément,
01:08:10on le lit plus comme un film sur votre grand-mère
01:08:12que l'enjeu de la grand-mère
01:08:14et l'enjeu du travail.
01:08:16Alors, je ne dis pas que, pour autant,
01:08:18mais c'est toujours intéressant de voir
01:08:20pourquoi, à un endroit donné,
01:08:22un personnage suivi ou un contexte
01:08:24va raconter plus large.
01:08:26Et sans doute, je ne sais pas, mais comme tu disais,
01:08:28Maël, il y a peut-être quelque chose de la discussion
01:08:30en amont, de voir jusqu'où porte
01:08:32une proposition qui dépasse
01:08:34peut-être la lecture qu'on en fait.
01:08:36Ça, c'est une première chose.
01:08:38Je vais répondre complètement à ce que disait Fabrice
01:08:40et on se pose des questions. On vient de lancer un concours,
01:08:42n'est-ce pas, avec mes amis
01:08:44ici présents, l'ASCAM,
01:08:46le CNC, qui s'appelle Le jour de paix,
01:08:48qui est la deuxième saison
01:08:50et pourtant elle tourne,
01:08:52où, justement, on trouvait qu'il y avait un déficit
01:08:54quand même de femmes réalisatrices, vous n'allez pas dire l'inverse,
01:08:56et déficit aussi
01:08:58parce que l'idée du monde du travail n'était pas
01:09:00assez évoquée en documentaire. Et donc, on vient
01:09:02de finir ce concours. Je crois que le 2 avril
01:09:04prochain... Mais je l'ai,
01:09:06la date ! Je l'ai, la date !
01:09:08Donc, vous pouvez tous
01:09:10venir parce que, justement,
01:09:12ça a été vraiment quelque chose qu'on a pensé ensemble
01:09:14dans l'équipe et de se dire pourquoi.
01:09:16Et enfin, troisième chose, parce qu'effectivement, on les lit
01:09:18et autres, il y a aussi, nous, des envies.
01:09:20Moi, je sais que j'avais proposé...
01:09:22Il y avait un bouquin génial de comment
01:09:24on vit la religion en entreprise. Ce n'était pas rien,
01:09:26mais c'était aussi l'entreprise, le travail,
01:09:28et il y avait des sujets
01:09:30où on sent que c'était aussi peut-être plus difficile
01:09:32pour les producteurs de s'en emparer.
01:09:34Mais encore une fois, c'est entre nous,
01:09:36c'est un travail commun.
01:09:38Donc, effectivement, la notion du travail
01:09:40qui évolue en plus à une vitesse
01:09:42grand V n'est pas rien. Et juste
01:09:44pour vous dire, on développe aussi quelque chose qui s'appelle
01:09:46Open Space Invaders,
01:09:48avec justement une jeune réalisatrice, pour être
01:09:50un petit morceau sur le
01:09:52web, pareil sur le monde du travail.
01:09:54Donc, on voit bien que ça nous travaille, justement,
01:09:56qu'après le Covid, ça a tellement
01:09:58bougé que peut-être ces notions-là, elles sont
01:10:00tellement... Mais en tout cas,
01:10:02il y a vraiment un enjeu à venir les rattraper,
01:10:04qu'elles soient du monde ouvrier ou
01:10:06un autre monde ouvrier qui, effectivement,
01:10:08les plateformes et autres, où on recommence à mettre
01:10:10des OS, ce n'est pas le même nom, mais c'est le même genre.
01:10:16Oui, moi, j'avais envie
01:10:18de rebondir sur une chose, c'est que, comme tu l'as dit,
01:10:20Camille, tout à l'heure, c'était que
01:10:22souvent les premiers films parlent
01:10:24de films sur les grands-parents.
01:10:26Et là, on passe des films
01:10:28sur sa grand-mère. Alors, c'est vrai que nous,
01:10:30les féministes, quand on travaille, on accompagne
01:10:32souvent l'écriture des premiers films.
01:10:34Alors là, c'est clair que le film sur la
01:10:36famille, sur les parents ou sur les
01:10:38grands-parents est, en général, au fondement
01:10:40de l'écriture de son premier film.
01:10:42Au-delà de ça, je trouvais qu'il y avait quelque chose
01:10:44d'intéressant et j'ai été frappé sur
01:10:46les extraits qui ont été choisis
01:10:48parce que ça va un peu, en fait, être
01:10:50le sujet transversal de toute cette journée
01:10:52autour de filmer le travail.
01:10:54Au fond, il y a quelque chose qui m'a marqué, c'est que
01:10:56vous filmez votre grand-mère
01:10:58dans son rapport au travail,
01:11:00qui est un travail ouvrier, donc un travail
01:11:02subi, un travail,
01:11:04comme dirait Marx, qui est un travail mort.
01:11:06Et puis, au-delà de ça, d'un coup, il y a
01:11:08le rapport à votre père
01:11:10que vous convoquez juste pour, en fait,
01:11:12restituer la part manquante du Peul's
01:11:14qui est le lieu
01:11:16et, en même temps, sa propre expérience du lieu
01:11:18parce qu'il l'a vécu dans cette usine et donc, il peut lui-même
01:11:20raconter, en tant que jeune homme,
01:11:22son expérience. Et de fait, lui,
01:11:24il est devenu chef d'entreprise. Et, en fait,
01:11:26il raconte un truc que, dans l'extrait, on voit qui est juste
01:11:28tout à fait marquant, c'est-à-dire que, quand vous lui demandez
01:11:30mais qu'est-ce que vous faites ? Il dit
01:11:32je suis en train d'étudier une pièce pour calculer le temps
01:11:34qui est au cœur, finalement,
01:11:36de ce qu'on appelle
01:11:38la valeur marchande du travail,
01:11:40c'est-à-dire ce que font les gens
01:11:42et ce que votre grand-mère a subi, c'est-à-dire calculer le temps
01:11:44qu'on met à travailler, à faire une pièce.
01:11:46Et donc, je me demandais, ce qui est fascinant,
01:11:48c'est que vous êtes là entre
01:11:50les deux écarts intergénérationnels,
01:11:52votre grand-mère et votre petit frère.
01:11:54Donc, il dit qu'il y a votre père. On a l'impression que c'est votre père
01:11:56qui a choisi son métier, son travail
01:11:58parce que, d'emblée, il a fait
01:12:00cette expérience ouvrière dans laquelle il a dit
01:12:02je ne veux pas faire
01:12:04cette vie-là, en fait. Et on a l'impression
01:12:06qu'au fond, c'est
01:12:08comme si on écartait d'emblée dans la
01:12:10représentation du travail
01:12:12l'idée que le travail
01:12:14construit, réussi, dans lequel
01:12:16il y a une forme de réussite ou de sublimation
01:12:18de sa propre
01:12:20manière de s'approprier son travail
01:12:22en fait,
01:12:24n'était pas le sujet d'aujourd'hui.
01:12:26Donc, au fond, on est dans une logique ici
01:12:28où filmer le travail, c'est avant tout
01:12:30filmer le travail subi,
01:12:32qui est un travail contraignant et un travail
01:12:34difficile. Donc, voilà. Et je voulais
01:12:36du coup, comme vous avez évoqué le fait que
01:12:38c'était des films de famille,
01:12:40il y avait la grand-mère, votre petit frère,
01:12:42je me demandais si vous aviez écarté d'emblée l'idée
01:12:44dans l'équation familiale que
01:12:46le travail de votre père pouvait être un sujet.
01:12:48C'est une bonne question.
01:12:50Oui.
01:12:52En tout cas, je pense que c'est très juste
01:12:54ce que vous avez dit sur le fait
01:12:56d'avoir, sûrement,
01:12:58j'imagine, mais d'être née de parents ouvriers
01:13:00et ma grand-mère,
01:13:02pour elle, c'était très important que lui,
01:13:04justement, puisse choisir le métier
01:13:06qu'il a envie.
01:13:08Donc, lui, s'est vraiment construit, peut-être,
01:13:10j'imagine, un peu en opposition,
01:13:12dans la volonté de ne pas vouloir
01:13:14subvenir au travail,
01:13:16et de faire quelque chose qu'il a choisi.
01:13:18Après, d'ouvrir sur son travail,
01:13:20ça aurait peut-être amené...
01:13:22Enfin, c'est pareil, je pense que c'est un petit peu
01:13:24la même problématique que c'était pour
01:13:26le travail de mon frère dans le film,
01:13:28c'est que ça ouvrait tout de suite aussi
01:13:30sur d'autres choses,
01:13:32et il y avait déjà tellement de choses
01:13:34autour du portrait de ma grand-mère
01:13:36qui porte quand même le film,
01:13:38autour de son histoire à elle,
01:13:40son passé, sa lutte,
01:13:42tout ce dispositif de reconstitution,
01:13:44le manque d'archives,
01:13:46tout ça, que je pense que les choix
01:13:48se sont faits aussi au montage,
01:13:50parce que même si on a abordé quand même...
01:13:52Il y a quand même une phrase qu'on coupe,
01:13:54ça coupe juste avant l'extrait,
01:13:56sur une dernière phrase, une question que je lui pose
01:13:58à mon père, c'est,
01:14:00qu'est-ce que Mamie t'a transmis ?
01:14:02Et lui, il répond, le travail, la valeur du travail,
01:14:04et le travail bien fait, parce que lui, c'est ce qu'il a retenu
01:14:06de cette histoire-là.
01:14:08Moi, c'est un peu complexe,
01:14:10il y avait aussi mon propre rapport au travail
01:14:12dans le film, et pareil, pour des questions de place,
01:14:14de rythme, de récits, ça ne fonctionnait pas.
01:14:16Mais moi,
01:14:18j'étais vraiment biberonnée à la valeur travail par mon père.
01:14:20Et par, oui, il faut que tu travailles dur,
01:14:22et vraiment ce truc un peu de méritocratie,
01:14:24lui, il a grandi avec ça,
01:14:26ça a plus ou moins peut-être fonctionné pour lui,
01:14:28parce qu'il a commencé ouvrier, il n'a pas fait d'études,
01:14:30il a réussi à,
01:14:32plutôt sur le tard, mais à ouvrir
01:14:34une PME dans la mécanique.
01:14:36Mais voilà,
01:14:38moi, c'est quelque chose aussi que j'ai
01:14:40beaucoup, justement,
01:14:42je me suis beaucoup questionnée,
01:14:44en me positionnant un peu plus politiquement,
01:14:46c'est quelque chose aussi que j'ai rejeté,
01:14:48ça posait plein de questions, et pour moi,
01:14:50c'est tellement un film en soi, de parler de ça,
01:14:52de ce rapport au travail,
01:14:54peut-être que je ferais un film sur mon frère,
01:14:56peut-être que je ferais un film sur mon père après,
01:14:58mais ça ouvrait
01:15:00peut-être une porte,
01:15:02ça méritait un film en soi,
01:15:04finalement, et ça ne pouvait pas avoir sa place là,
01:15:06je trouve, je ne sais pas ce que tu en penses.
01:15:10Non, j'étais d'accord avec ça,
01:15:12j'allais rebondir sur ce qu'a dit Karen,
01:15:14c'est pour ça que ça m'a évoqué quelque chose,
01:15:16et c'était pour reprendre au bon,
01:15:18mais j'ai envie de le dire,
01:15:20et effectivement, dans ce que tu dis,
01:15:22c'est intéressant, et en même temps,
01:15:24ça pose complètement la question
01:15:26de faire émerger des propositions
01:15:28dans notre monde du visuel aujourd'hui,
01:15:30et que c'est extrêmement difficile,
01:15:32et que c'est pour retracer le parcours du film,
01:15:34c'était intéressant,
01:15:36c'est-à-dire que, effectivement,
01:15:38c'était de le rendre visible
01:15:42à l'oreille de tout le monde,
01:15:44et que ce film a eu le pitch
01:15:46du meilleur projet au rendez-vous de l'histoire de Blois,
01:15:48qu'après, il est allé aux rencontres de Lussas,
01:15:50qu'il a bénéficié
01:15:52de la bourse Brouillon d'un rêve,
01:15:54et que, malgré tout ce parcours-là,
01:15:56c'est pour témoigner que ça reste
01:15:58très difficile,
01:16:00et que c'est à l'issue de ce parcours,
01:16:02on va dire,
01:16:04je ne sais pas comment dirait ta grand-mère,
01:16:06propre,
01:16:08c'était du beau travail,
01:16:10c'était du bel ouvrage,
01:16:12et que, malgré ça,
01:16:14ça reste difficile.
01:16:16Donc, effectivement, la question, elle est là,
01:16:18c'est-à-dire que ce hiatus énorme
01:16:20entre l'inondation des propositions
01:16:22qui
01:16:24arrivent sur
01:16:26la table de l'ensemble des diffuseurs,
01:16:28on va dire, nationaux de services publics,
01:16:30et
01:16:32cette parole sur la rareté
01:16:34et la rarefaction de certains sujets
01:16:36pose effectivement question,
01:16:38parce que des sujets, il y en a plein,
01:16:40c'est comment les rendre visibles,
01:16:42ou comment en parler différemment,
01:16:44ou comment créer des zones
01:16:46d'identification pour des propositions
01:16:48qui ne seraient pas comme ça immédiatement identifiables.
01:16:50Parce qu'on le voit bien,
01:16:52dans toutes les chaînes nationales,
01:16:54qu'il y a des producteurs,
01:16:56des productrices qui font plutôt des films d'histoire,
01:16:58ce qui était mon cas,
01:17:00où on est identifié dans des cas d'histoire,
01:17:02d'autres qui font un peu tout,
01:17:04d'autres qui font des primes,
01:17:06et qu'aujourd'hui, ces transfuges de cases,
01:17:08pour les parler comme ça,
01:17:10sont parfois un petit peu compliquées.
01:17:12Et je pense que c'est la même chose
01:17:14pour les réalisateurs et les actrices,
01:17:16et que ça explique aussi les parcours chaotiques
01:17:18et sinueux que doivent prendre
01:17:20ce genre de films.
01:17:22Aujourd'hui, on est face à ce défi-là,
01:17:24parce que je pense que des films sur le travail,
01:17:26il y en a énormément qui sont faits,
01:17:28et je rajoute une autre dimension,
01:17:30qui est un peu géographique,
01:17:32à mon raisonnement,
01:17:34c'est aussi la décentralisation de la création.
01:17:36C'est un film qui s'est fait
01:17:38depuis un autre regard,
01:17:40depuis une autre géographie,
01:17:42qui regarde aussi différemment,
01:17:44et ça, je pense que c'est important aussi
01:17:46de promouvoir une décentralisation
01:17:48des regards.
01:17:50Je pense que ce film, il n'est pas fait
01:17:52tout à fait de la même façon,
01:17:54parce qu'il est fait depuis cet endroit-là aussi.
01:17:56Ce qui est intéressant, c'est qu'on va complètement
01:17:58être face à une problématique qui est Lisbonne,
01:18:00donc c'est pour ça que ça va être
01:18:02vraiment intéressant de comparer un peu
01:18:04les deux approches, où on est en grande proximité
01:18:06géographique et l'autre en éloignement.
01:18:08Mais je pense que c'est aussi une dimension
01:18:10qui est extrêmement importante,
01:18:12et je pense que si on n'avait pas été en proximité
01:18:14comme ça, et ce que je disais sur les usines à la campagne
01:18:16ou autre, il y a une sorte de vécu.
01:18:18Du coup, on a une sensibilité aussi au sujet
01:18:20qui est différente.
01:18:24Est-ce qu'il y a des questions ?
01:18:26Oui.
01:18:28Moi, quand même, je voulais saluer
01:18:30le dispositif.
01:18:34Parce que justement, c'est la bonne question de se dire,
01:18:36nous, en tant que diffuseurs,
01:18:38un dispositif comme celui-ci, et tu parlais
01:18:40très bien du dosage, du fameux dosage,
01:18:42qui est toujours un peu une question qui se pose,
01:18:44jusqu'où un dispositif
01:18:46l'emporte sur le reste ou inversement,
01:18:48jusqu'où il est alibi, coquetterie,
01:18:50ou vraiment narration.
01:18:52Et moi, je voulais savoir si
01:18:54d'emblée, c'était quelque chose
01:18:56qui était vraiment très inscrit,
01:18:58ou ça a beaucoup évolué au fur et à mesure
01:19:00du film. C'est-à-dire, est-ce que
01:19:02vous l'avez vraiment conçu dès le départ, en vous disant
01:19:04voilà, moi, je veux, comme
01:19:06par exemple, on l'avait fait avec,
01:19:08et je vais oublier son nom, bien sûr,
01:19:10sur Vincennes,
01:19:12ou elle avait juste mis, sur l'université de Vincennes,
01:19:14Virginie Linard.
01:19:16Merci. Ou d'emblée, c'était très clair,
01:19:18on met les gens, on les assoit,
01:19:20et comme ça, ils racontent ce territoire en disant,
01:19:22là, il y avait la piscine, là, il y avait la cantine,
01:19:24un lieu qui n'existe plus, mais qu'on fait revivre
01:19:26par les paroles et des gens qui sont assis.
01:19:28Et là, c'est très intéressant de se dire ça,
01:19:30parce que c'est vrai qu'on a envie
01:19:32de revisiter un peu le genre documentaire,
01:19:34de lui amener autre chose.
01:19:36Ma collègue Anne Charbonnel, je crois qu'elle est partie,
01:19:38avait produit un super film qui s'appelait
01:19:40Diana Minimarket, où il y avait des scènes
01:19:42de comédies musicales, parce qu'elle racontait
01:19:44un magasin d'Indiens,
01:19:46je crois que c'était des Indiens,
01:19:48donc elle était passée par là, et en même temps, ça amenait.
01:19:50Mais on sait bien que c'est là où ça frotte,
01:19:52aussi, donc voilà, je repose la question
01:19:54au début, est-ce que ça a été vraiment quelque chose
01:19:56de pensé dès le départ, ou en fait,
01:19:58ça s'est imposé
01:20:00par la suite ? Merci.
01:20:04Non, ça a vraiment évolué,
01:20:06et j'ai envie de dire même jusqu'à la fin,
01:20:08jusqu'à la veille du tournage
01:20:10sur le terrain vague, on a tourné pendant
01:20:12quatre jours, et oui,
01:20:14en fait, il y avait beaucoup d'inconnus,
01:20:16et moi, ce qui était sûr pour moi,
01:20:18c'était, comme vous le dites,
01:20:20que ce ne soit pas une coquetterie, que ça serve vraiment la narration,
01:20:22donc je me préparais
01:20:24à filmer, à tester des choses,
01:20:26je savais qu'il y avait des choses qui allaient marcher avec ma
01:20:28grand-mère, en plus, on avait pu tester quand même
01:20:30le dispositif avant le vrai
01:20:32tournage,
01:20:34mais voilà, je m'apprêtais aussi
01:20:36à potentiellement mettre des choses à la poubelle
01:20:38si ça ne fonctionne pas,
01:20:40si ce n'était pas ce que je voulais raconter,
01:20:42ou en tout cas, si ça ne servait pas à la narration.
01:20:44Donc après, ce qui était super
01:20:46quand même, c'est qu'on a pu faire des tests
01:20:48déjà sur une journée,
01:20:50et j'ai rencontré Stéphanie Goldschmidt,
01:20:52qui est la monteuse du film, je l'ai rencontrée assez tôt
01:20:54dans le processus, donc en fait, ça, c'était
01:20:56génial parce qu'on a pu tester
01:20:58des choses, j'avais déjà beaucoup filmé avec ma grand-mère,
01:21:00et on avait ces petits essais
01:21:02qui avaient été faits sur le terrain vague, et ok, on s'est dit
01:21:04ça, c'est intéressant, ça, on peut aller chercher ça,
01:21:06et le fait d'avoir comme ça, de mettre
01:21:08les mains dans la matière, de voir comment les choses
01:21:10pourraient s'articuler, je pense que ça m'a
01:21:12énormément aidée justement à savoir
01:21:14qu'est-ce qu'allait être de l'ordre de l'onirisme,
01:21:16de l'ordre du documentaire, et pour moi,
01:21:18c'était assez évident, du coup, après ces tests
01:21:20qu'on avait pu faire au montage, que, ok,
01:21:22les scènes de jour, ça va rester des scènes documentaires,
01:21:24il y a une scène où notamment, il y a mon père qui
01:21:26vient sur le terrain vague pour raconter aussi son expérience,
01:21:28et ils discutent entre eux, donc ça,
01:21:30ça reste documentaire, ça fait avancer le récit,
01:21:32et en même temps, des moments qui sont vraiment plus oniriques
01:21:34avec justement les comédiennes,
01:21:36donc ouais, ça s'est vraiment fait au fur et à mesure,
01:21:38jusqu'au bout.
01:21:40Pour compléter ce que tu dis, c'est
01:21:42exactement ça, en fait, dans mon souvenir, mais peut-être que
01:21:44je réinvente la chronologie pour illustrer mon exemple,
01:21:46mais le terrain vague était présent dès le début,
01:21:48et tout ce parcours d'accompagnement a fait
01:21:50qu'on nous a questionnés en permanence,
01:21:52quand je dis on, c'est un on général,
01:21:54non mais pas que les diffuseurs, je veux dire,
01:21:56c'est que du coup, des conseillers,
01:21:58on dit, vous êtes sûrs ? Sarah,
01:22:00est-ce que tu penses vraiment ? Est-ce que tu devrais pas ? Est-ce que tu devrais pas ?
01:22:02Et qu'en fait, on a fait tout un tour
01:22:04complet, voilà.
01:22:06De tout ce qui était possible, tout a été
01:22:08envisagé pour revenir finalement au terrain vague.
01:22:10Je n'ai pas d'analyse
01:22:12de ça, mais ce que je veux dire,
01:22:14c'est que ça a consolidé,
01:22:16voilà,
01:22:18mais ça a mis le doute à énormément
01:22:20de moments
01:22:22dans le film, mais
01:22:24comme tout s'est fait, comme c'est bien à la fin,
01:22:26qu'on est contents et tout, on va dire que c'était extrêmement
01:22:28positif tout ça,
01:22:30mais quand on était en plein questionnement de tourner
01:22:32dans une boîte noire, Marie-Jo,
01:22:34qu'il fallait trouver des hangars désaffectés,
01:22:36tout ça et tout, on était un peu en galère
01:22:38disons-le clairement.
01:22:40Oui, ça a été vachement questionné à toutes les étapes et du coup,
01:22:42à chaque fois, on s'arrêtait.
01:22:44Est-ce que je suis vraiment sûre de faire ça ?
01:22:46Est-ce que ça va vraiment marcher ? Enfin, c'était les questions qu'on me posait.
01:22:48Oui, je sais pas.
01:22:50On va prendre la dernière question
01:22:52de la personne qui avait levé la main et après, on va s'arrêter.
01:22:54C'est juste une bonne question historique.
01:22:56Je passe pour ceux qui sont un peu
01:22:58plus vieux. Je sais pas si vous vous souvenez,
01:23:00dans les années 90, il y avait
01:23:02une chargée de programmes sur France 5
01:23:04qui s'occupait que du travail,
01:23:06Geneviève Boyer, et je me demandais
01:23:08pourquoi ça a disparu.
01:23:10Elle est partie. Et avec son départ,
01:23:12la case est partie de fait.
01:23:14Il n'y a plus de case travail
01:23:16de fait.
01:23:18On n'a pas bien de réponse.
01:23:20Moi, je ne saurais pas répondre. Je ne sais pas si c'est générationnel.
01:23:22Est-ce qu'il faut faire une case
01:23:24Filmer le Travail, par exemple, sur Arte
01:23:26ou sur France Télévisions ? France Télévisions a peut-être
01:23:28plus de chaînes car elles ne vont pas te mettre en difficulté
01:23:30comme ça, au pied du mur.
01:23:32Non, mais cela dit,
01:23:34je rebondis sur ce que tu as dit tout à l'heure.
01:23:36Le 2 avril, notez-le dans vos agendas,
01:23:38c'est une soirée Filmer le Travail puisque, jour de paix,
01:23:40dix réalisatrices, je crois,
01:23:42viennent présenter leurs courts-métrages
01:23:44dédiés au travail, ou détournés.
01:23:46Mais bon, on peut le détourner
01:23:48de manière fort élégante et que ça fonctionne.
01:23:50Deuxième ponctuation historique.
01:23:52Vous disiez
01:23:54qu'il n'y avait pas de films sur des ouvrières.
01:23:56Moi, j'ai fait un film
01:23:58sur Saint-Ouen, d'Archives.
01:24:00Je peux vous dire que des films sur des ouvrières,
01:24:02je n'ai vu que sur 40 heures.
01:24:04Je l'ai dit à Wander.
01:24:06C'était davantage une impression.
01:24:08Parfois, on peut avoir, mais ça questionne aussi.
01:24:10Jean-Pierre Thorne, Wander,
01:24:12il y a des tonnes,
01:24:14de fait, des tonnes.
01:24:16Parce qu'en années 70, on a voulu donner la parole aux femmes ouvrières.
01:24:18C'était davantage une question
01:24:20tournée vers aujourd'hui,
01:24:22ce qu'on raconte aujourd'hui.
01:24:24Non, elle parlait des Archives, de fait.
01:24:26Oui, bon, ce n'est pas grave.
01:24:28Et tant mieux qu'ils existent.
01:24:30Et un film dont Anne-Georget parlait tout à l'heure,
01:24:32effectivement, rend donc grâce
01:24:34à France Télévisions pour avoir produit un film
01:24:36de Jérôme Piccard et Jérôme Lambert
01:24:38et Philippe Piccard, pardon,
01:24:40sur les dentellières, c'est ça,
01:24:42les couturières.
01:24:44Qui, je crois, était diffusée en première partie de soirée.
01:24:52C'était justement pourquoi
01:24:54l'histoire du mouvement ouvrier avait beaucoup plus
01:24:56porté son attention sur la sidérurgie,
01:24:58sur les usines
01:25:02qui étaient majoritairement masculines
01:25:04et finalement assez peu
01:25:06sur le mouvement ouvrier féminin.
01:25:12Le monde ouvrier,
01:25:14même s'il ne l'a jamais été assez,
01:25:16a été quand même bien documenté.
01:25:18Le rapport au travail aujourd'hui,
01:25:20c'est le monde du travail aujourd'hui,
01:25:22qui n'existe pas.
01:25:24Moi, j'ai vu les Lips, tous les films qui ont été faits
01:25:26sur des usines qui ferment,
01:25:28il y a eu une grande tradition
01:25:30du film sur l'ouvrier,
01:25:32formidable, qui a un peu disparu d'ailleurs.
01:25:34Peut-être qu'on peut constater aujourd'hui,
01:25:36c'est qu'aujourd'hui,
01:25:38ce monde du travail-là est beaucoup moins documenté.
01:25:40Kroll a fait
01:25:42avec la gueule de l'emploi, il y a comme ça
01:25:442-3 choses qui sont apparues,
01:25:46mais la violence du monde du travail aujourd'hui,
01:25:48les rapports du monde du travail, les jeunes avec le travail,
01:25:50l'après-Covid, tout ça, qui sont quand même
01:25:52aujourd'hui des choses énormes,
01:25:54mais aussi qui n'existent pas assez.
01:25:56On pense que ce sera l'un des éléments
01:25:58Et une excellente transition !
01:26:00Je vous remercie, je vais passer
01:26:02la parole à mes petits camarades de la suite,
01:26:04Thomas Lafarge, si tu peux descendre.
01:26:06Tu veux peut-être annoncer la suite ?
01:26:08Je vais le faire, si on me remet sous les yeux
01:26:10l'ensemble des noms des intervenants et intervenantes,
01:26:12ce sera plus simple, merci beaucoup.
01:26:14Anne-Sophie Reinhardt pour les derniers des ouvriers en abattoir,
01:26:16Julien Goethe et Henri Poulain pour Invisibles,
01:26:18les travailleurs du clic,
01:26:20et Alex Poukine pour Sauf qu'il peut,
01:26:22et Thomas Lafarge va modérer
01:26:24cette table ronde qui va
01:26:26clôturer la journée. Il est réalisateur
01:26:28et membre de la commission audiovisuelle de l'ASCAM.
01:26:30Merci beaucoup !

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