Retrouvez la chronique d'Elisabeth Levy
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 8h14, vous êtes sur Sud Radio Elisabeth Lévy, bonjour.
00:08Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
00:10Je sens que vous allez contester une décision de justice ce matin.
00:14Et vous le sentez bien en effet, je ne vois pas d'ailleurs pourquoi les juges seraient absolument la seule corporation de ce pays et du monde insoupçonnable et incritiquable.
00:23N'oubliez pas d'ailleurs ce que disait François Mitterrand, ils ont eu la monarchie, ils auront la république et je dirais bon, je dirais presque que ça a commencé.
00:33Parce que tout de même, hier on disait l'inverse, et bien non, ils ont osé un tribunal mais hors la loi, enfin mais hors course pardon, le chef de l'opposition, ça ne se passe pas en Algérie, en Turquie, en Roumanie, ça se passe chez nous.
00:47Alors vous allez me dire que la justice est indépendante, qu'elle applique la loi, etc.
00:51Sauf que non, c'est une interprétation politique de la loi d'ailleurs, je citerai même Françoise de Gouin à l'appui de cette thèse.
01:00Parce que la présomption d'innocence d'abord, qui n'est pas un colifiché, suppose que le principe, en principe l'appel est suspensif.
01:07Sauf quoi ? Sauf qu'il y a un risque de récidive.
01:10Alors oui, Françoise m'a expliqué qu'ils allaient recommencer puisqu'il y avait un système.
01:13C'est une blague mais bon, et ils troublent à l'ordre public, et voilà, c'est ce qu'a dit Françoise.
01:18La présidente ne veut pas que Marine Le Pen puisse se présenter, elle l'a dit, mais quelles que soient les raisons, pardon, je suis désolé.
01:26Elle le dit donc, et elle dit que ça trouble l'ordre public, en réalité ça trouble sa petite conscience à elle.
01:34Parce que si la France est sacrément troublée ce matin, ce n'est pas à cause de ce qu'a fait Marine Le Pen,
01:41c'est parce que des juges privent les électeurs d'un choix crucial.
01:44Or, toute restriction à des libertés fondamentales comme la liberté du vote, et il peut y avoir des restrictions,
01:50le conseil constitutionnel, votre cher Richard Ferrand l'a rappelé il y a trois jours,
01:59toute restriction à des libertés doit être faite avec la main qui le tremble, elle doit être proportionnée.
02:05La démocratie c'est l'équilibre des pouvoirs, c'est comme ça, c'est Montesquieu.
02:09Et bien quand le juge devient, qui d'ailleurs n'est pas un pouvoir de la Ve République mais une autorité,
02:14quand il devient un arbitre électoral, ce juge qui juge en mon nom, et bien il crée un déséquilibre,
02:20et c'est vertigineux franchement aujourd'hui que trois personnes changent l'avenir de notre pays.
02:26Le droit contre le peuple, moi j'appelle ça un coup d'état judiciaire, et je suis très inquiète, je vous le dis.
02:31Bien, à vous entendre, Marine Le Pen était déjà élue.
02:34Mais évidemment pas Jean-Jacques, mais enfin, vous n'allez pas me dire le contraire,
02:38elle était favorise, qu'on l'aime ou pas, elle est devenue un personnage central de la vie politique,
02:43au demeurant et au passage, plus ils sont normaux et respectables, plus on les rejette, mais ce n'est pas le sujet.
02:49Les grandes consciences aujourd'hui se draguent dans le droit, et pas que les grandes consciences,
02:53les grandes consciences, vous aussi mes amis, et je vous crois tout à fait sincères.
02:56Comment vous osez critiquer la justice, mais ça, c'est très dangereux.
03:01Ils applaudissent les juges, comme ils applaudissaient hier la permuture de C8.
03:05Alors très bien, ils ont le droit pour eux, mais le droit c'est pas des maths.
03:09Si, c'était le droit aussi, le droit c'est pas des maths, le droit c'est aussi une interprétation,
03:14et c'est, comment dire, le sous-texte de la société.
03:18Quel est le message qu'on envoie à cette France des bistrots et des clochers,
03:22qu'on appelle à tort périphérique, d'ailleurs, parce qu'elle est un peu le conservatoire de l'identité nationale,
03:27et bien on lui dit, vous aimez bien Marine Le Pen, vous aimiez TPMP, et bien vous serez privés des deux.
03:32Il ne lui assurera pas, à cette France, que la justice ait une rigueur implacable,
03:36avec Sarkozy, avec Fillon, avec Marine Le Pen, et souvent, malgré tout, compréhensive avec les délinquants ordinaires.
03:42Je vous en donnerai des exemples si vous les faut.
03:45C'est une nouvelle manifestation, ce jugement de la sécession des élites.
03:49Ils savent mieux que nous ce qui est bon pour nous,
03:51ces gens qui fument des clopes et roulent au diésère,
03:54ils polluent les rues et les esprits avec leurs idées Le Penistes.
03:57Ce sont des déplorables à l'esprit étroit, hors de nos vues.
04:00Et bien, si vous vouliez convaincre cette France qu'il y a un système qui la méprise et qui ne veut plus d'elle, c'est tout fait.
04:07Alors, Jordan Bardella appelle, j'en finis, à une mobilisation populaire, alors ça c'est l'inconnu.
04:12Est-ce que les gueux, comme dit Alexandre Jardin, vont s'énerver ?
04:15Revenir sur les ronds-points ? Faire plus peut-être ?
04:18En réalité, je n'y crois pas beaucoup, mais je peux me tromper, évidemment, je me suis trompé lourdement hier.
04:23Le plus probable, c'est qu'ils feront une sorte de contre-sécession
04:27en disant tout ça ne nous concerne plus, ce n'est plus nos oignons,
04:31ce qui se passe à Paris, ce qui se passe dans nos métropoles, ça ne nous regarde plus.
04:36Alors Emmanuel Macron, à gagner, ne sera sans doute pas celui qui passe les clés de l'Elysée à Marine Le Pen,
04:41mais franchement, quel triomphe sans gloire !
04:44Et quel que soit le prochain élu, les juges d'hier ont sacrément sapé sa légitimité.
04:50Alors, vous êtes d'accord avec Elisabeth ?
04:53Non, pas du tout, en aucun cas d'abord, Marine.
04:55Alors, il y a une chose, je voudrais faire juste une remarque.
04:57J'ai remarqué qu'à chaque fois qu'un politique, qu'il soit de droite, de gauche ou d'ailleurs, est condamné,
05:01il y a cri d'offraie. Tout le monde crie au scandale.
05:05Comme si les politiques étaient intouchables.
05:09Moi, je suis désolé de vous dire, les politiques ne sont pas intouchables.
05:12Et dans la longue liste que vous avez faite...
05:15Non, vous allez répondre par le droit, vous n'êtes pas intérêt d'autre chose.
05:18Je voudrais, Elisabeth...
05:19Non, je ne réponds pas par le droit, je fais juste une remarque.
05:22Je ne prends pas, non, non, je n'entre pas dans le dossier, je ne le connais pas suffisamment.
05:26Je fais simplement cette remarque.
05:28Quand vous avez 152 pages d'argumentation, et que l'exécution provisoire, elle est argumentée,
05:33la présidente ne dit pas, je ne veux pas que vous vous présentiez.
05:36Elle dit, je ne veux pas que vous vous présentiez parce que vous risquez de rentrer dans une procédure.
05:41Et si, éventuellement, vous étiez élue, cette procédure serait suspendue.
05:45Donc, ça n'est pas logique, trouble à l'ordre public.
05:47Elle a raison.
05:48Qu'est-ce qu'on reproche à Marine Le Pen ?
05:50Tout ce cirque autour de l'exécution provisoire, que vous ne faites pas d'ailleurs,
05:54et je vous en remercie, Elisabeth, parce que je n'en peux plus de ça.
05:56Tout le monde est en train de s'improviser, docteur Androit.
06:00Eh bien, tout ce cirque, en fait, masque le réel.
06:02Marine Le Pen, elle est condamnée parce qu'elle est reconnue coupable d'un système...
06:05Mais il peut y avoir débat autour de l'exécution provisoire de l'inégalité, pardon !
06:10Non, mais je n'ai pas dit ça, Jean-Jacques.
06:12Je dis juste que, dans la longue liste des gens que vous avez oubliés, Jérôme Cahuzac,
06:19parce que c'est grâce à Jérôme Cahuzac qu'on a cette loi Sapin II qui amène à la condamnation.
06:24C'est la loi Sapin II qui amène à cette condamnation d'hier.
06:27Et la loi Sapin II, elle a été votée sur tous les bords de l'Assemblée.
06:32Vous aviez une femme qui s'appelait Marine Le Pen,
06:34qui, à cette époque, demandait même l'inégibilité à vie, Elisabeth.
06:38C'est ça le sujet.
06:40Je vous écouterai quand vous me répondrez.
06:42Je me suis donné la peine d'argumenter.
06:46D'essayer de vous attirer votre attention, pardonnez-moi, sur la grave situation politique.
06:51Non, il n'y a pas de grave situation.
06:53Il ne peut pas y avoir de grave situation politique, Elisabeth,
06:58puisque, de toute façon, la formation au Rassemblement National sera représentée à la présidentielle.
07:03Il y a quand même des conséquences politiques graves.
07:06Je n'appelle pas ça un débat.
07:08Est-ce que je peux dire un mot ?
07:10Je répète que le trouble à l'ordre public, c'est aux Français de décider
07:15si quand quelqu'un a été condamné ou si quelqu'un doit interrompre.
07:20Si une procédure judiciaire doit être interrompue,
07:25je me fiche que ça blesse Madame la Présidente,
07:27si les Français en décident ainsi.
07:30Elles jugent en mon nom.
07:32Elles jugent au nom du peuple français.
07:34Vous me dites que ce serait très grave,
07:36ce ne serait pas un trouble à l'ordre public,
07:38ce serait un trouble à l'égo des juges.
07:40D'accord ? Que Marine Le Pen soit élue.
07:42Mais ce n'est pas le problème que Marine Le Pen soit élue.
07:46Est-ce que c'est aux Français de juger ou à la justice de juger ?
07:51Je vous pose la question.
07:53Mélenchon dit que le peuple est au-dessus des lois.
07:56Est-ce que je peux vous répondre ?
07:57Il y a une immunité présidentielle.
08:00C'est à cause de cela que Madame la Présidente dit
08:05que je ne veux pas qu'elle puisse se présenter parce qu'elle pourrait gagner.
08:08C'est en réponse à une question.
08:10Elle n'a jamais dit ça.
08:12C'est ce que vient d'expliquer François.
08:14Bon, est-ce que je peux finir ?
08:16Et en ce cas, si elle gagnait, la procédure serait interrompue.
08:22Oui, il me semble que c'est plus grave de saboter une élection présidentielle
08:27que d'attenter à l'égo des juges.
08:29Elisabeth, je vais terminer sur l'égo des juges
08:31parce que moi je trouve ça complètement dingue.
08:33Dépêchez-vous, il est 23.
08:35Je vais finir en disant qu'elle a jugé en votre nom,
08:39la présidente du tribunal, d'ailleurs c'est plusieurs juges,
08:41elle a jugé au nom de la loi française.
08:43La loi française qui a été votée sur l'ensemble des bancs de l'hémicycle
08:47par les parlementaires, après l'affaire Cahuzac,
08:52il n'y a rien de politique.
08:54Elle applique quelque chose qui existe.
08:56Hier matin, c'est marrant, tout le monde n'a pas encombré.
08:58Ah, 8h23 !
09:008h23 !