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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste.
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00:00Bonjour Olivier Faure, merci d'être avec nous ce matin, journée chargée sur le plan politique et judiciaire
00:07puisque dans un peu plus de deux heures maintenant, Marine Le Pen sera fixée sur son sort,
00:10elle risque d'être inéligible avec application immédiate, même en cas d'appel.
00:15On a entendu un certain nombre de voix ce week-end encore dire finalement
00:20ce ne serait pas démocratique si elle était inéligible même en cas d'appel.
00:23Et vous, vous n'êtes pas d'accord avec ça. Dites-nous pourquoi.
00:26Tout simplement parce que les Françaises et les Français depuis longtemps demandent à ce qu'il n'y ait pas de distinction
00:32entre les puissants et les femmes et les hommes ordinaires
00:37et que la justice doit s'appliquer à toutes et à tous et elle s'applique à toutes et à tous.
00:41Ce n'est pas la première fois que des politiques, si Marine Le Pen était condamnée,
00:46seraient condamnées, y compris à une peine d'inéligibilité.
00:49Rappelez-vous Alain Juppé s'était même exilé au Canada pendant un an parce qu'il avait été jugé inéligible.
00:56Ça a été le cas pour Jacques Chirac. Il y a des réquisitions importantes qui sont requises contre Nicolas Sarkozy.
01:01Marine Le Pen n'a pas à être une exception.
01:04Mais le principe de l'appel qui ne serait pas suspensif sur l'éligibilité,
01:07c'est ça que les Français peuvent avoir du mal à comprendre et notamment ces 11 millions d'électeurs.
01:11Je comprends que ces électeurs et ces électrices aient le sentiment que ce serait une difficulté pour eux.
01:17Ça, c'est une évidence.
01:18En même temps, qui peut comprendre qu'il y ait désormais l'idée que quand vous êtes candidat à l'élection présidentielle,
01:24eh bien la loi ne s'applique pas à vous.
01:25Donc moi, je fais confiance à la justice.
01:28La justice dira ce qui est juste ou pas de faire et je maintiendrai cette décision.
01:33Si elle est jugée inéligible, eh bien je prendrai acte de cette décision.
01:37Si elle ne l'était pas, j'en prendrai acte aussi.
01:39Mais vous savez bien qu'il y aura, si cette décision est prise,
01:42il y aura un procès sans jeu de mots qui sera fait au juge en disant c'est une décision politique.
01:46Est-ce que ça ne risque pas d'affaiblir l'autorité judiciaire en France ?
01:49Mais désormais, il faudrait considérer que les juges devraient se soumettre à l'avocat populiste.
01:55Ils devraient être mis sous tension.
01:57C'est vrai que je regrette que plusieurs membres du gouvernement
02:00aient cherché à peser sur la décision de justice.
02:03La réalité, c'est que vous avez un principe qui est très clair en France,
02:05qui est celui de la séparation des pouvoirs.
02:07Et donc, c'est comme ça que la démocratie s'exerce,
02:10parce qu'il n'y a pas aujourd'hui un pouvoir qui s'imposerait à tous les autres.
02:15Il y a à chaque fois un équilibre qui doit être trouvé.
02:17Et cet équilibre, il passe par le respect de la justice et des magistrats.
02:22On ne peut pas à chaque fois qu'il y a une décision qui nous dérange
02:24dire que ce sont les magistrats qui sont politisés.
02:27C'est le cas, malheureusement, pour chaque procès, dès lors qu'il concerne la politique.
02:31Ils le sont parfois ou jamais, les magistrats politisés ?
02:33Écoutez, peut-être qu'il en existe.
02:35En tout cas, ce que je sais, c'est que c'est une défense systématique
02:38de la part de ceux qui sont en jugement et qui, à chaque fois, dénoncent un complot politique.
02:44La réalité, c'est que les peines qui sont prononcées
02:46sont des peines qui sont malgré tout, à chaque fois, assez légères.
02:49Qu'avez-vous pensé de la décision du Conseil constitutionnel
02:51qui appelle à un jugement proportionné ?
02:55Les termes sont un petit peu ambiguës, mais on croit comprendre
02:57que le Conseil constitutionnel incite plutôt les juges
03:01à ne pas appliquer cette peine d'inéligibilité automatique.
03:06Je crois que le Conseil constitutionnel a demandé à ce que les magistrats
03:10jugent en leur âme et conscience et qu'ils tiennent compte des circonstances
03:14et qu'ils essayent d'évaluer ce qui est le plus juste.
03:18Je ne vais pas, à mon tour, peser sur une décision qui ne m'appartient pas
03:21et je respecterai cette décision, quelle qu'elle soit.
03:24S'il y a une attente aussi forte et une pression aussi puissante,
03:26c'est parce que ça vient à un moment où Marine Le Pen est au plus haut dans les sondages.
03:29Vous avez vu hier dans le journal du dimanche,
03:31selon les scénarios, ça monte jusqu'à 37% d'intentions de vote au premier tour.
03:35Jérôme Gage du PS, que vous connaissez bien, dit que si rien ne se passe,
03:37la pente naturelle, c'est la victoire de Marine Le Pen en 2027.
03:41Est-ce que vous partagez ce diagnostic ou pas ?
03:43Oui, l'évidence, c'est qu'aujourd'hui, l'extrême droite a le vent en poupe
03:48et que quand on voit une gauche qui se divise,
03:51quand on a une droite au pouvoir qui n'arrive pas à faire la démonstration de sa capacité
03:56à répondre aux grandes questions qui sont posées par les Françaises et les Français,
04:00effectivement, ça fait beaucoup de carburant pour l'extrême droite.
04:03Et donc, moi, ce que je souhaite, c'est que nous soyons en mesure, nous,
04:07je pense à la gauche qui est prête à se rassembler, les écologistes, les communistes,
04:12les anciens insoumis, Génération, et bien, je pense que le temps est venu
04:17de faire un pas les uns vers les autres pour produire une candidature commune
04:21parce que la division, elle mène forcément à l'échec.
04:23Est-ce que c'est seulement une division politique ? Est-ce que ce n'est pas sur le fond ?
04:26Est-ce que vous ne regrettez pas que les travailleurs, par exemple,
04:28se soient détournés de vous pour aller au Rassemblement national ?
04:30Est-ce que vous ne vous dites pas qu'on s'est trompé sur certains sujets
04:32et on n'a pas répondu aux attentes des Français,
04:34au-delà des alliances politiques dont vous nous parlez là ?
04:37Je sors d'un tour de France où j'ai rencontré des milliers de Françaises et de Français
04:41très, très éloignés de la vie politique et je vois bien qu'aujourd'hui,
04:44il y a une attente qui est très forte et qu'elle n'est pas satisfaite
04:47parce que nous avons produit jusqu'ici.
04:49Mais je mets en garde aussi celles et ceux qui s'imaginent
04:52que l'ERN pourrait être la solution.
04:54L'ERN n'est pas une solution pour ceux qui, aujourd'hui, travaillent dans la difficulté.
04:59Que veut l'ERN ? Il ne veut pas augmenter le SMIC.
05:01En revanche, il veut mettre fin à l'impôt sur la fortune.
05:05Vous voyez bien que, quand on parle tout à l'heure,
05:07vous avez parlé à l'instant d'un budget qui allait être un cauchemar en 2026.
05:11Mais ce cauchemar, il est lié à quoi ?
05:12Il est lié au fait qu'on a donné beaucoup d'argent,
05:15on a exempté d'impôts et de cotisations les grandes fortunes,
05:19les grandes entreprises.
05:20Pendant ce temps-là, on a fait porter l'achat sur tous les autres.
05:23Il y a une contribution exceptionnelle quand même sur le dernier budget,
05:25une contribution exceptionnelle pour les grandes entreprises.
05:26Oui, qui dure un an.
05:28Qui dure un an alors que les peines auxquelles sont restreintes les Français,
05:31quand on leur demande plus d'impôts,
05:32quand on leur demande aussi de faire baisser le niveau de leurs services publics,
05:37ça, ce n'est pas pour un an, c'est pour toujours.
05:39Et donc, c'est là qu'il y a une vraie différence.
05:41Et ce que la gauche doit produire,
05:42c'est qu'elle doit montrer en quoi elle peut faire vivre la promesse républicaine.
05:47Ce que j'ai entendu pendant ces mois,
05:48pendant ces cinq mois pendant lesquels j'ai fait le tour de France,
05:51c'est que ce qui inquiète aujourd'hui,
05:53c'est le fait que la promesse républicaine ne soit pas tenue.
05:56La promesse républicaine, c'est à la fois le triptyque
05:59« liberté, égalité, fraternité »,
06:01mais c'est aussi un modèle social, un modèle social puissant,
06:04celui de l'État-providence qui, pendant des années,
06:06a permis au plus grand nombre de vivre bien.
06:08C'est aussi la sécurité, c'est aussi la migration,
06:10c'est aussi ces sujets-là qui intéressent les Français.
06:11Bien sûr, évidemment.
06:12Mais pas toujours sous l'angle selon lequel l'extrême droite les aborde,
06:18parce que la réalité, c'est même sur l'immigration.
06:20Ce que nous ont dit les gens, c'est que le sujet migratoire, il faut en parler.
06:24Ce n'est pas un sujet tabou,
06:25ce n'est pas un sujet qu'il faudrait remiser et considérer qu'on ne peut pas en parler.
06:29Mais il faut en parler avec aussi beaucoup de lucidité
06:32et ne pas en faire un sujet qui serait un bouc émissaire de tous nos malheurs.
06:38Il y a également le débat sur la censure qui est en train de remonter.
06:43Manuel Bompard a dit ce week-end, de LFI,
06:45qu'il allait proposer aux écologistes et aux communistes
06:47d'en déposer une avec la France insoumise.
06:49Est-ce que cette éventuelle motion, vous pourriez la faire votre ?
06:53Vous pourriez la voter ou pas ?
06:55Moi, ce que j'ai dit, c'est que tant que le dialogue social se prolonge,
06:58et c'est le cas encore aujourd'hui,
07:00nous devons laisser sa chance au dialogue social.
07:03Vous avez parlé de censure quand même.
07:05Le mot a été prononcé et François Hollande, qui était à votre place la semaine dernière,
07:08il dit mais il ne faut pas prononcer ce mot aujourd'hui, ce sens, ces termes.
07:12Il n'y a pas besoin aujourd'hui de dire censure,
07:14ce qui est un peu une façon de vous tacler.
07:15Vous lui répondez quoi ?
07:17Moi, j'ai été élu par des gens qui ont demandé à ce qu'on revienne
07:21sur la réforme de Mme Borne, portant la retraite à 64 ans.
07:25Peut-être qu'il l'a oublié, moi pas.
07:27Moi, je n'oublie jamais celles et ceux qui m'ont fait confiance
07:30et qui m'ont donné un mandat.
07:31Et donc, je le dis, le dialogue social doit se poursuivre.
07:34C'est ce que nous avons demandé à François Bayrou.
07:36Maintenant, c'est François Bayrou qui a sa propre survie,
07:39entre ses propres mains.
07:40Il avait pris un engagement.
07:41Il avait dit, moi, je souhaite qu'il y ait un dialogue social
07:44qui puisse permettre de revenir sur la réforme.
07:46Et à l'issue de ce dialogue social, je saisirai le Parlement
07:50et je ferai en sorte qu'il ait le dernier mot.
07:51Eh bien, si François Bayrou laisse le dialogue social se prolonger
07:55et s'il donne au Parlement le dernier mot,
07:57alors il n'y aura pas de censure.
07:59Mais si, au contraire, il revient sur sa propre parole
08:03et qu'il montre qu'il n'a absolument aucune capacité
08:07à tenir ses engagements,
08:08alors là, effectivement, il faudra porter une censure.
08:11Vous avez cité la porte-parole du gouvernement
08:13qui parle de cauchemars pour le prochain budget, le 15 avril.
08:16Le ministre de l'Économie, qui est un de vos amis personnels,
08:19par ailleurs, Éric Lombard,
08:20convoque une conférence des finances publiques.
08:21Est-ce que vous y participerez ou pas ?
08:24À ma connaissance, on n'a pas encore été invités,
08:25mais si nous y sommes invités, évidemment que nous y participerons
08:28parce que nous n'avons jamais boudé, à quelque moment que ce soit,
08:32dès lors qu'il s'agit de chercher des solutions
08:35et de chercher éventuellement des compromis.
08:37Moi, je ne suis pas de ceux qui considèrent
08:38que nous n'avons rien à faire avec quiconque.
08:40Ce que je considère, c'est que simplement,
08:42il faut respecter ce que chacun est
08:45et d'où viennent les différentes forces politiques.
08:49Et quand on arrive à se rejoindre dans l'intérêt des Français,
08:52parce qu'il n'y a pas de majorité absolue
08:53et que personne ne peut aujourd'hui dire que ce sera tout son programme
08:57et rien que son programme, effectivement, on avance.
08:59Mais encore faut-il que nous ayons des interlocuteurs
09:01et qu'ils tiennent en parole leurs engagements.
09:03On avance aussi sur la situation au PS.
09:05On a entendu la petite gentillesse que vous avez servie à François Hollande
09:08il y a quelques instants.
09:10Vous préparez dans le même temps votre réélection à la tête du PS
09:12et on voit que c'est un climat tendu, difficile.
09:14Carole Delga a eu des mots durs il y a quelques jours.
09:16Elle parle de fonctionnement clinique.
09:17Elle dit que vous n'écoutez personne.
09:19Vous lui répondez quoi ?
09:21Je dis à Carole Delga qu'il faut qu'elle vienne davantage dans nos réunions
09:24parce que depuis deux ans, depuis que j'ai été réélu à cette fonction,
09:30toutes les décisions, toutes les orientations qu'il se soit agi
09:33du programme pour les Européennes, de la liste pour les Européennes,
09:35de l'adhésion au Nouveau Front Populaire,
09:37de la censure de Michel Barnier ou de la non-censure de François Bayrou,
09:40figurez-vous que ces décisions ont été prises à l'unanimité.
09:45Moins deux voix pour la non-censure de François Bayrou.
09:49Vous voyez qu'en matière de clanisme, il y a peut-être à redire.
09:53Olivier Faure qui rend les coups ce matin dans les 4V. Merci beaucoup.
09:57Merci à vous.