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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Xavier Niel, fondateur de Free.
Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Xavier Niel, fondateur de Free.
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00:00C'est vrai qu'on a besoin de vous entendre, Xavier Niel, ce matin, juste avant de commencer
00:06ce fameux sommet sur l'IA, auquel vous allez participer naturellement, vous en serez un
00:10membre actif et très participatif.
00:12D'abord, c'est la question qu'on vous pose depuis des mois, peut-être des années.
00:16C'est quoi l'IA ? C'est une menace ou une opportunité de votre point de vue ?
00:19Axel de Tarlay a franchement très bien résumé.
00:22C'est incroyable, je ne sais plus quoi dire.
00:25Il a dit quelque chose de très important, ce n'est pas quelque chose de magique, c'est
00:31statistique.
00:32On lui donne plein d'informations, il va essayer de les organiser, les machines vont les organiser
00:35dans tous les sens pour amener une réponse à une question qu'il ne comprend pas vraiment,
00:39mais il sait que quand on pose ce type de questions, la machine doit répondre ça.
00:43Dans ce cas présenté d'Axel de Tarlay, on a un avantage de plus incroyable, les talents.
00:47On a les meilleurs talents du monde qui sont formés en France.
00:51On a une tradition d'école de mathématiques, de polytechnique, d'autres grandes écoles
00:55qui sont très bonnes.
00:56On a ces talents.
00:57Ça, c'est pour les gagnants, mais évidemment, il y en a plein qui se disent « moi, j'ai
01:01peur d'être l'un des perdants, de perdre mon emploi ».
01:02Vous ne serez pas remplacé par l'intelligence artificielle, vous serez peut-être remplacé
01:06dans votre emploi par quelqu'un qui sait utiliser l'intelligence artificielle.
01:09Et ça, c'est vraiment quelque chose d'important, et c'est l'importance que les gens se saisissent
01:14de ces produits.
01:15Il y a une bonne nouvelle, pour utiliser ces produits, on a par exemple un nouveau produit
01:18qui a été lancé la semaine dernière qui s'appelle le chat qui est plus rapide que
01:21le chat GPT.
01:22C'est un produit français.
01:23Il est gratuit, il est utilisable, tout le monde peut l'essayer aujourd'hui.
01:27Et ça, c'est important d'essayer de comprendre, d'utiliser et de voir ce qu'on est capable
01:31de faire avec ça.
01:32Et ça, c'est disponible pour tout le monde et facilement accessible.
01:33Il y a un partenariat entre Free d'ailleurs et Mistral qui est l'entreprise qui produit
01:37le chat.
01:38On produit ça pour l'intégrer pour nos abonnés.
01:39Mais au-delà de ça, il faut apprendre et comprendre qu'est-ce que l'on peut faire
01:42avec ça.
01:43Et sur ce point de vue, vous nous dites que ça peut toucher des secteurs auxquels on ne
01:46ne s'entend pas forcément.
01:47Les agriculteurs par exemple, vous avez développé une ferme pilote et vous montrez comment l'intelligence
01:52artificielle peut aider les agriculteurs.
01:54L'IA ne va pas dans les champs.
01:55C'est au travers d'une association, c'est un produit disponible gratuitement.
01:59Mais quand on est agriculteur, je ne pense pas qu'on soit devenu agriculteur pour remplir
02:02des formulaires, pour remplir du papier.
02:04Et donc, l'idée, c'est de faire économiser presque 10 heures à tous les agriculteurs
02:08en leur évitant toutes les tâches administratives.
02:11Et aujourd'hui, ça leur prend 10 heures par semaine.
02:13Et donc, on crée une IA gratuite, accessible qui permet aux agriculteurs de gagner ces
02:1710 heures qui sont 10 heures improductives dans leur métier.
02:20C'est un super assistant.
02:21C'est un super assistant.
02:22C'est tout l'idée de l'intelligence artificielle, c'est de simplifier les tâches de notre
02:27vie courante.
02:28Alors, le président hier sur France 2, il a annoncé que 109 milliards d'euros d'investissement
02:31arrivaient en France sur l'IA.
02:33Est-ce que vous vous dites oui, on peut rivaliser en France et en Europe avec les États-Unis
02:38et la Chine ?
02:39Oui.
02:40L'IA, c'est une activité qui va générer des recettes et des revenus.
02:44C'est une activité dans laquelle il est facile d'investir pour les entreprises privées.
02:47C'est-à-dire, on investit 110, mais ça va nous rapporter 500, c'est ça l'idée ?
02:51Oui.
02:52Et donc, il y a des investisseurs.
02:53Donc, c'est dans des data centers, c'est le gros des investissements.
02:54Nous, on investit 2 milliards et demi d'euros dans des data centers en France.
02:59Moi, dans nos activités, on a des data centers dans 25 pays.
03:02Mais la France, on a cette chance énorme, je ne vais pas rafraisser à ce que tu parlais,
03:06mais d'avoir cette énergie nucléaire surabondante.
03:09C'est une énergie propre, pas chère.
03:12Et donc, c'est incroyablement intelligent d'investir dans des data centers en France.
03:17On a aussi des réglementations en France et en Europe.
03:19Alors que Trump est en train de toutes les faire voler en éclats.
03:22Est-ce qu'il faut faire pareil ?
03:23Est-ce qu'il faut libérer cette activité ou est-ce qu'on se met des boulets au pied ?
03:27Je pense qu'on a fait de la régulation peut-être un tout petit peu en avance sur l'intelligence
03:31artificielle en Europe parce qu'on laisse normalement l'innovation et puis après,
03:34on corrige les erreurs de l'innovation.
03:36Mais on a une tradition de respect de la vie privée, de respect d'un certain nombre de principes.
03:41Donc, on les a mis en œuvre.
03:43Maintenant, cette régulation, elle est là.
03:44On est en avance de phase.
03:45Peut-être que le reste, je pense que le reste du monde finira par nous copier à sa vitesse.
03:48Et aujourd'hui...
03:50Donc, vous dites que ces réglementations, c'est plutôt une...
03:51Non, mais regardez le RGPD, le règlement européen sur la vie privée.
03:56Aujourd'hui, il est copié dans le monde entier, le modèle européen.
03:58Donc, parfois, on va un peu vite à réguler.
04:00Maintenant, on fixe des limites.
04:02À nous de les appliquer, de faire marcher tout ça.
04:04Sur les États-Unis, vous avez déjà rencontré personnellement Elon Musk ou pas ?
04:07Oui.
04:08Et alors, vous en avez pensé quoi ?
04:09Parce qu'il est aussi, évidemment, sur ces sujets-là.
04:11Et il est aussi intervenant auprès de Donald Trump pour couper les crédits aux États-Unis.
04:16Je pense que c'est le plus grand entrepreneur du monde.
04:19Et à côté de ça, un garçon qu'on va qualifier de, au minimum, complexe.
04:24Si je vais utiliser un mot difficile, peut-être parfois un connard.
04:28Voilà. Donc, c'est un mélange des deux.
04:29Pourquoi c'est un connard ?
04:31Parce qu'il a des positions tranchées, extrêmes.
04:37Comme il est très intelligent à l'instant donné,
04:38il peut avoir une petite idée, puis il prend sa petite idée, puis il la balance.
04:41Ça peut être une bêtise.
04:42Et donc, après, il la traîne parce qu'il est obligé de la défendre.
04:46Donc, voilà.
04:47Il est dangereux ?
04:48Comme toute personne supérieurement intelligente qui est décomplexée
04:52et qui dit immédiatement ce qu'il pense,
04:54au moins par ses paroles et ses propos,
04:56parce que certaines personnes peuvent prendre ça au premier degré.
04:58Alors, il s'occupe d'optimiser la dépense publique aux États-Unis.
05:02Vous avez peut-être lu ce qu'a dit le nouveau patron du syndicat des PME.
05:05Il dit qu'en France, il faudrait un comité de chef d'entreprise aussi
05:07pour dire à l'État quelles économies il faut faire.
05:10Est-ce que vous dites qu'il a raison et que vous pourriez en faire partie ?
05:12Je pense que parfois, avoir des gestionnaires,
05:16ce n'est pas une mauvaise idée, donc avoir des gestionnaires
05:18dans notre administration, dans notre mode de fonctionnement,
05:21ne serait peut-être pas complètement idiot.
05:22Donc, pourquoi pas un comité de chef d'entreprise ?
05:24Je ne sais pas si c'est un comité de chef d'entreprise.
05:25C'est des gens qui savent…
05:27Vous savez, le problème de l'homme politique,
05:29c'est qu'il a besoin d'être élu.
05:31Donc, il est obligé de mettre en œuvre des choses qui peuvent être démagogiques.
05:34L'avantage d'avoir des gestionnaires qui seraient déconnectés
05:36d'une élection ou du choix, de l'obligation d'être élu,
05:42pourrait apporter quelques avantages dans la gestion de ce pays.
05:43Les chefs d'entreprise, ils sont aussi parfois obligés de suivre le pouvoir,
05:46pas obligés ou pas d'ailleurs, mais je pense à Mark Zuckerberg
05:49quand je dis ça, parce qu'on a beaucoup parlé du fait
05:51qu'il arrêtait le fact-checking sur Facebook et sur Insta.
05:53Ça, ça vous inquiète ou vous dites que c'est le sens de l'histoire ?
05:56Non, ce n'est pas le sens de l'histoire.
05:57Je pense qu'on a besoin de règles, de régulations
05:59et qu'aujourd'hui, il y a une forme de décomplexation.
06:02Les gens sont devenus décomplexés sur ces sujets-là,
06:04notamment aux États-Unis, mais c'est un cycle.
06:07Vous savez, on est aujourd'hui dans un cycle comme ça
06:10et demain, on sera dans un cycle comme ça sur ces sujets-là.
06:12Alors, vous nous avez parlé des chefs d'entreprise,
06:14vous pensez qu'il faut sans doute davantage les écouter.
06:16Écoutez ce qu'Emmanuel Macron leur a dit hier aux chefs d'entreprise,
06:19à certains moments en tout cas.
06:21Beaucoup de débats en ce moment en France qui me paraissent fous.
06:23Je crois, mais quand on dit qu'il faut taxer les entreprises,
06:26il faut faire mal à l'innovation...
06:27Vous lancez un appel à nos capitales d'industrie,
06:29ils veulent parfois délocaliser ou s'en aller.
06:30On l'a entendu il y a quelques temps.
06:32Vous leur dites quoi ? Restez ici.
06:33Soyez patriotes vous-mêmes, menez le débat et expliquez.
06:37Je vous dis, je ne vous ai parfois pas assez entendu,
06:40c'est ces dernières années quand on menait les réformes des retraites.
06:42Et là, quand ils disent qu'on s'en va, qu'est-ce que vous faites ?
06:44Je leur dis, expliquez plutôt tout ce qu'on a bien fait pendant 7 ans.
06:46Parce que c'est trop facile d'être planqué dans son bureau
06:48et de dire, c'est bien, faites le travail,
06:49mais on ne le dit pas trop fort.
06:50Vous avez pris votre téléphone pour Xavier Niel, pour Bernard Arnault ?
06:52Je vous le dis là ce soir, c'est la meilleure manière de parler aux gens.
06:55Voilà, c'était hier sur France 2.
06:56On a reconnu, vous êtes en photo ici, Xavier Niel.
07:00Ils ne sont pas assez patriotes, vos collègues chefs d'entreprise.
07:02Je précise que vous, vous dites, moi, je resterai en France,
07:04même si on me prend tout.
07:05Donc voilà, vous avez une parole assez libre là-dessus.
07:08Je ne sais pas s'ils sont patriotes ou pas patriotes.
07:09Aujourd'hui, il y a un sujet qui n'est pas la hausse des impôts sur les personnes physiques,
07:14c'est la hausse des impôts sur les entreprises.
07:16Et la hausse des impôts sur les entreprises, c'est moins d'investissement,
07:19moins de création d'emplois.
07:21Et voilà, donc aujourd'hui, on a un moment difficile avec ces mesures
07:26qui ont été prises, qui vont passer.
07:28Et donc, les entreprises vont moins avoir de moyens.
07:31Ce qu'il faut voir, c'est que dans le monde entier,
07:32aujourd'hui, les gens sont venus investir en France au cours des sept,
07:35huit dernières années.
07:36Et ça a été incroyable, ça a créé énormément d'emplois dans ce pays
07:39parce que les investisseurs sont venus.
07:40Et on le voit dans l'intelligence artificielle, ils continuent de venir.
07:42Il ne faudrait pas changer, il ne faudrait pas changer ça.
07:45Parce que ces investissements, c'est de l'emploi,
07:47parce que c'est des créations d'infrastructures, c'est l'évolution du pays.
07:50Et ça permet de financer notre modèle social.
07:51Alors, c'est exactement cette surtaxe que Bernard Arnault a critiquée.
07:55Cette phrase, elle était largement commentée.
07:56Il l'a un peu corrigée.
07:57Il a dit, on ne va pas partir, mais les mesures fiscales sont une incitation
08:00à la délocalisation, puisqu'elle taxe le made in France,
08:02mais pas les entreprises délocalisées.
08:04Est-ce que vous dites oui ?
08:05Bien sûr qu'il a raison là-dessus, Bernard Arnault.
08:07Il n'a pas tort, il dit exactement ce que je viens de vous dire,
08:11c'est-à-dire qu'à un moment, la hausse de l'impôt,
08:13c'est autant d'argent que l'on n'a pas pour investir.
08:16Mais c'est, encore une fois, j'espère que c'est un cycle.
08:19Ce qui nous fait toujours peur, je crois, ou ce qui fait peur aux chefs d'entreprise,
08:21c'est quand on va dans un sens, on revient sur les impôts,
08:24on revient rarement, on fait rarement marche arrière.
08:28Donc, on est dans un cycle de hausse d'impôts.
08:31C'est peut-être, c'est la vie, c'est fait, c'est passé.
08:34Ça représente quel surcoût pour votre groupe à vous ?
08:35Plus de 120 millions.
08:38Si vous voulez, on investit chaque année, en France,
08:40à peu près un milliard et demi d'euros dans les infrastructures.
08:44On va passer 100 millions ou 120 millions d'investissements en moins
08:47cette année dans les infrastructures et ces infrastructures,
08:49c'est des gens qui sont sur le terrain à déployer nos réseaux.
08:52C'est de l'humain, c'est des emplois en France.
08:54Et malgré ce contexte difficile, vous êtes un éternel optimiste
08:58et vous voulez continuer à propager un message d'optimisme.
09:02Oui, parce que je pense que ce pays est incroyable et fantastique.
09:05C'est-à-dire qu'on a un mélange à la fois de libéralisme économique
09:08et de protection sociale.
09:10On a un endroit très agréable à vivre où les gens du monde entier,
09:13on est le premier pays touristique, ce n'est pas un hasard.
09:15Donc, si vous voulez, ce pays, il est incroyable.
09:17Et moi, j'ai envie qu'au-delà de ce côté incroyable,
09:19on ait des gens du monde entier qui viennent ici, qui investissent,
09:22qui créent de l'emploi, qui créent des entreprises.
09:23Et j'ai envie que les jeunes créent des startups parce que
09:27aujourd'hui, les 40 premières, les 40 plus grandes entreprises françaises,
09:30elles ont plus de 50 ans.
09:31Aux États-Unis, les 40 premières entreprises américaines, elles ont 20 ans.
09:36J'ai envie que ces jeunes créent des entreprises parce que c'est les emplois
09:38de demain, c'est les grands groupes de demain.
09:40Et moi, ce que je pousse, c'est qu'on ait plus d'entrepreneurs
09:42que les jeunes et envie de se lancer, créer des entreprises,
09:45créer des activités, créer des emplois.
09:46Xavier Aignel, VRP de l'IA à la française aujourd'hui
09:49et pendant deux jours au Salon de l'intelligence artificielle.
09:51Merci d'être venu dans les 4V.
09:52C'est sympa, merci de votre invitation.
09:54Merci à vous deux et merci également à Ronique Lacarie.