Activité physique, alimentation, sommeil, soutien psychologique… Les alternatives sont nombreuses avant de devoir recourir aux médicaments. Mais alors comment convaincre le patient ? Et que lui proposer ? Pour le Dr Érik Bernard, c’est là que le médecin doit avant tout faire preuve de pédagogie. Il explique.
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00:00Souvent, la consultation va commencer avec la carte vitale
00:02et puis se terminer avec la remise d'une ordonnance, d'une prescription.
00:04Et c'est vrai que s'il n'y a pas d'ordonnance,
00:05le patient a l'impression qu'il est venu pour rien ou qu'on n'a rien fait.
00:08Et donc, c'est à nous vraiment de faire preuve de pédagogie,
00:10d'informer, de déconstruire toutes ces fausses croyances.
00:21Il y a à la fois des patients qui sont très attachés à leurs médicaments.
00:24Pour eux, vraiment, une consultation égale une ordonnance des médicaments.
00:27Et à l'inverse, on a de plus en plus de patients aussi
00:29qui, finalement, sont réticents ou ont des inquiétudes vis-à-vis des médicaments
00:32et s'orientent davantage vers des solutions plus naturelles.
00:35Donc, on a vraiment les deux, en fait.
00:39J'ai l'impression qu'il y a quand même une tendance à réduire les prescriptions,
00:42les médicaments.
00:43Les recommandations évoluent avec une diminution des durées de traitement.
00:46Et en même temps, quand on regarde les statistiques,
00:47on sait qu'en France, on reste encore un pays en termes de deux volumes
00:50sur les antibiotiques, les IPP, les benzodiazepines
00:53où encore il y a encore trop de prescriptions, a priori.
00:55Il y a des patients qui ont eu des prescriptions qui sont très anciennes,
00:57qui sont très attachées à leurs médicaments,
00:59avec des traitements qui vont être reconduits au fil du temps.
01:02Et puis, des prescripteurs qui ne requestionnent pas forcément à chaque consultation
01:05l'indication de cette prescription.
01:07Et puis, parfois, des patients qui sont aussi très demandeurs
01:10et qui nous poussent à leur prescrire ces molécules.
01:15C'est d'explorer avec le patient les éventuelles alternatives non médicamenteuses.
01:19Pour certains traitements, par exemple, les IPP,
01:21est-ce que le patient a des maladies, par exemple,
01:23la consommation d'alcool, le tabac,
01:25la durée entre laquelle il va dîner, par exemple, le soir et aller se coucher.
01:28Parfois, en corrigeant un petit peu certaines mauvaises habitudes,
01:30en limitant certains aliments, on peut arriver à soulager les symptômes.
01:33Et puis aussi, quand on arrête ce médicament, les IPP,
01:36ce qui est important, c'est d'expliquer aux patients comment on va le faire,
01:38notamment de le faire de façon progressive, peut-être sur quelques jours,
01:41de vraiment en diminuer un jour sur deux face à une bronchite, face à un virus ORL.
01:45Beaucoup de patients vont demander un antibiotique
01:47parce que ça les rassure, parce qu'ils ont des symptômes,
01:48mais ils ont aussi des maladies,
01:51Beaucoup de patients vont demander un antibiotique
01:52parce que ça les rassure, avec l'impression, finalement,
01:54que ça va les soulager plus rapidement.
01:56Et en fait, quand on leur explique que non, ça ne va pas changer la durée d'évolution
01:59ou prévenir les complications,
02:00à l'inverse, de bien s'hydrater, d'aérer à la maison,
02:03bien laver les mains, se moucher régulièrement,
02:05va aider à mieux soulager leurs symptômes.
02:07Parfois, il y a quand même beaucoup de situations qui vont s'améliorer avec le temps.
02:09Donc, c'est expliquer aussi aux patients qu'on a entendu sa demande,
02:12on a entendu ses symptômes,
02:13mais que peut-être on peut attendre avant de prescrire un médicament.
02:16Et puis parfois, certaines explorations aussi, d'aller faire des examens,
02:19vont nous permettre de comprendre pourquoi le patient est symptomatique.
02:25Par rapport aux symptômes liés à l'anxiété,
02:26c'est vrai que surtout si elle est passagère, occasionnelle,
02:29il y a quand même pas mal d'autres choses,
02:30pas mal d'autres leviers sur lesquels on peut agir.
02:32Et c'est vrai que, notamment, on va revoir justement les habitudes de vie,
02:35l'activité physique, est-ce que c'est un patient qui a l'occasion de bouger ?
02:37Les temps de loisirs, les temps d'activité sociale, d'interaction sociale,
02:40est-ce que ce patient a un sommeil suffisant ?
02:42Si nécessaire, si ces symptômes sont invalidants, sont majeurs dans le temps,
02:46c'est d'envisager peut-être une approche psychothérapeutique.
02:48Dorénavant, les choses sont en train de bouger vis-à-vis de l'assurance maladie,
02:51avec la prise en charge, dans le cas du dispositif, mon soutien psy.
02:53C'est bien aussi d'expliquer aux patients que, face à l'anxiété,
02:56face à des attaques de panier,
02:57les médicaments ne sont pas forcément la seule réponse,
02:59ou en tout cas pas la réponse unique.
03:04Prescrire moins, prescrire mieux, c'est un vrai sujet
03:06et on est très sensibilisés en médecine générale
03:08parce qu'on voit beaucoup de patients, beaucoup de pathologies diverses.
03:10Et c'est vrai que les médicaments, évidemment, ce n'est pas quelque chose d'anodin,
03:14que ce soit par rapport aux risques d'effets secondaires,
03:16aux risques d'interaction par rapport aux autres traitements
03:18que prend éventuellement déjà le patient.
03:19Et puis tous les risques pour certaines classes de médicaments,
03:21de développer une dépendance à mes usages.
03:24Et puis, je pense qu'il ne faut pas oublier non plus l'impact écologique,
03:27c'est vrai qu'on en parle aussi de plus en plus.
03:28C'est un sujet sur lequel les patients sont de plus en plus sensibles,
03:31c'est que les médicaments, ça reste des produits chimiques,
03:33ça reste des produits issus de l'industrie
03:34et que leur empreinte carbone n'est pas neutre.
03:40C'est vraiment important, déjà, d'écouter les patients,
03:42d'écouter leurs souffrances, leurs symptômes, leurs plaintes et d'y répondre.
03:45Souvent, la consultation va commencer avec la carte vitale
03:47et puis se terminer avec la remise d'une ordonnance, d'une prescription.
03:49Et c'est vrai que s'il n'y a pas d'ordonnance,
03:50le patient a l'impression qu'il est venu pour rien ou qu'on n'a rien fait.
03:53Et donc, c'est à nous vraiment de faire preuve de pédagogie,
03:55d'informer, de déconstruire toutes ces fausses croyances
03:57et de proposer d'autres choses aussi, de ne pas repartir sans rien.
04:00Des conseils d'hygiène de vie, des conseils de surveillance.
04:03Je pense aussi à la bronchiolite chez les petits.
04:05Les parents viennent nous voir, on leur explique que c'est une bronchiolite
04:07et on leur explique que ça va guérir tout seul.
04:09Et donc, c'est vraiment important de leur expliquer justement
04:11comment ça va se passer, de les rendre vraiment acteurs de la prise en charge.
04:14Donc souvent, moi, ce que je fais en pratique,
04:15c'est que je leur imprime la feuille d'information aux parents établie par la HAS.
04:22On est plus dans une approche motivationnelle.
04:23Par exemple, un patient qui va prendre une benzodiazépine à visée hypnotique
04:27tous les soirs, il est très attaché.
04:29Docteur, ça fait dix ans que je prends ce traitement, vous n'allez pas me l'arrêter.
04:31Et donc, c'est vraiment de l'accompagner, le patient, dans cette démarche.
04:34Moi, en tant que médecin, mon rôle, c'est de vous informer que ça pose souci,
04:36que ce n'est pas anodin, qu'il y a des effets secondaires à long terme
04:38de poursuivre ce traitement.
04:39Une fois que le patient, il accepte l'idée qu'on peut changer ce médicament,
04:42essayer de l'arrêter ou de le substituer, de le remplacer par d'autres choses.
04:45Et bien, c'est de voir avec lui comment est-ce que c'est le bon moment
04:47pour lui dans sa vie, dans son quotidien.
04:49Et puis après, de mettre en place vraiment un plan de sevrage ou de substitution,
04:52de retravailler son hygiène de vie.
04:57On parle beaucoup d'écoute active, d'empathie.
04:59C'est vraiment écouter, discuter avec les patients, d'accompagner,
05:02de montrer qu'on les entend et puis de ne pas les laisser sans rien.
05:04C'est vraiment proposer autre chose, négocier, travailler avec le patient.
05:07Voilà, une autre approche que le médicament.