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Avec Fanch Francis, co-fondateur de la start-up Nano Corp (spécialisée dans la cybersécurité et ex analyste forces russes au ministère des Armées)

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-03-18##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04La cyber-guerre.
00:06Est-ce que les Russes, nous ne sommes pas en guerre avec les Russes ?
00:09Que les choses soient claires, mais nous sommes peut-être en cyber-guerre avec les Russes.
00:14Avec nous, Fanch-Francis, bonjour.
00:17Bonjour Jean-Jacques.
00:18Vous êtes co-fondateur de la start-up Nanocorp, spécialisée dans la cybersécurité.
00:24Vous avez analysé les forces russes pour le ministère des Armées pendant 18 ans.
00:29Vous connaissez parfaitement les Russes et notamment les hackers russes.
00:35Est-ce que nous sommes en cyber-guerre avec les Russes ?
00:38Alors la cyber-guerre, cette particularité qu'elle ne se déclare pas, elle s'affronte.
00:45De là à dire qu'on est en cyber-guerre avec les Russes, je ne pense pas.
00:49Les Russes sont clairement un adversaire du cyber-espace, mais pas un ennemi.
00:56Et donc, pour être en guerre, il faut avoir un ennemi.
00:59Le fait que les opérations qu'ils mènent sont ciblées, mais circonscrites,
01:06qu'elles sont en dessous d'un seuil de répliques ou de représailles officielles,
01:13ne permet pas de dire qu'on est en guerre ou qu'ils sont un ennemi.
01:16Oui. Fanch-Francis, les Russes sont très actifs tout de même.
01:23Que visent-ils en France ? Quels organismes visent-ils en France ?
01:29Alors en France, mais pas seulement.
01:32Mais pas seulement, oui.
01:33En Europe de l'Est, dans les Pays-Baltes, aux Etats-Unis,
01:36en fonction de l'entité qui va être active,
01:40si elle est une entité criminelle ou une entité gouvernementale,
01:43comme les unités du GRU ou du FSB ou du SVR,
01:49ils ont plusieurs entités qui travaillent,
01:51il y en a qui vont être spécialisés dans la manipulation de l'information
01:56et l'influence des opinions, et d'autres qui vont être spécialisés,
02:00donc là on va être sur un temps un peu plus long,
02:02dans l'infiltration d'infrastructures critiques,
02:05notamment dans le domaine des télécoms ou de la production d'énergie.
02:09Est-ce qu'on peut dire que les Russes tentent de pénétrer nos télécoms
02:14et nos producteurs d'énergie ?
02:19C'est plus que probable, mais...
02:22C'est plus que probable, ça veut dire quoi ?
02:24Ça veut dire qu'on ne le sait pas ?
02:27Alors moi je ne le sais pas,
02:29je pense que des entités spécialisées de l'ANSI ou du ministère de la Défense
02:34seront mieux informées que moi de la réalité et de l'actualité surtout
02:38de ces tentatives de pénétration.
02:40Mais oui, bien sûr qu'ils cherchent en permanence des failles
02:44et des capacités à exploiter.
02:48Maintenant, ça ne veut pas dire qu'ils les exploitent,
02:50c'est-à-dire qu'ils les gardent au chaud pour...
02:52Oui, j'ai compris.
02:53Les cibles sont bien déterminées,
02:57c'est-à-dire que les télécoms, vous disiez, et l'énergie.
03:03La production d'énergie, et notamment en France,
03:05parce que la France a quand même un statut particulier du point de vue de l'énergie.
03:09Mais ça veut dire quoi, production d'énergie ?
03:11Est-ce que ça veut dire que les Russes, les hackers russes,
03:13peuvent cibler par exemple les centrales nucléaires françaises ?
03:18Les cibler, oui.
03:19Chercher par tout moyen à pénétrer à l'intérieur des systèmes,
03:23sans aucun doute.
03:24Maintenant, il s'agit là...
03:26Pénétrer à l'intérieur des systèmes ?
03:28Je vous interromps encore, Franche Francis,
03:31parce que c'est important.
03:32Pénétrer à l'intérieur des systèmes, ça veut dire quoi ?
03:34Ça veut dire prendre la commande d'une centrale nucléaire ?
03:38Ça veut dire pouvoir désorganiser...
03:44Je ne sais pas moi...
03:47La centrale nucléaire et tout ce qui...
03:51La commande...
03:53Expliquez-nous.
03:55Non, non, en fait ce qu'ils vont faire,
03:56parce que les centrales sont, encore une fois je le répète,
03:59les cibles les plus protégées par tout l'État français.
04:03Oui, j'imagine.
04:04Mais ils ne vont pas aller chercher ces cibles primaires,
04:08mais ils vont aller taper des cibles secondaires.
04:10C'est-à-dire tout ce qui sert à faire qu'une centrale fonctionne.
04:13Donc c'est des centaines, voire des milliers de sous-traitants.
04:17Et c'est en cela qu'ils vont essayer de désorganiser
04:20la chaîne de production d'énergie.
04:22C'est-à-dire qu'ils vont aller vers des cibles secondaires,
04:25beaucoup moins bien protégées,
04:27sous le seuil de radar des infrastructures d'État
04:30en charge de la protection cyber.
04:32Et ils vont aller déstructurer toute la chaîne d'approvisionnement.
04:36Alors ça peut aller des agents d'entretien
04:40jusqu'aux fournisseurs de matériaux,
04:42en passant par la restauration.
04:44Toutes ces cibles secondaires qui font qu'effectivement
04:46la centrale ne peut plus opérer à pleine puissance.
04:49Oui, désorganiser le système
04:52et faire en sorte qu'il fonctionne moins bien.
04:55Ou qu'il ne fonctionne plus.
04:57Voir qu'il ne fonctionne plus, oui.
04:59Et quand vous commencez à avoir un impact,
05:02c'est un pourcentage grandissant d'un système,
05:06en tapant ces centaines, ces milliers de sites annexes
05:11autour de la centrale, opérés par des acteurs
05:15qui seront beaucoup moins bien protégés que la centrale allemande.
05:18On sait que les hackers russes sont très performants.
05:21Est-ce que les hackers français sont aussi très performants ?
05:24Alors, sans aucun doute,
05:27mais peut-être avec un peu moins de pratique.
05:29C'est-à-dire qu'il n'y a aucune bride
05:33sur la lutte informatique offensive russe.
05:37Je l'ai dit,
05:39de nombreux acteurs étatiques, para-étatiques,
05:42groupes criminels agissant avec l'aval de l'État,
05:45opèrent quotidiennement sur l'ensemble du globe.
05:48Donc, ils ont une expérience de la guerre cyber
05:52que les opérateurs français n'ont pas,
05:57quel que soit le niveau de talent.
05:59La guerre se pratique sur le terrain et face à un adversaire,
06:02pas dans une salle d'études.
06:04Donc, aucun doute que les français opèrent des opérations cyber,
06:07mais certainement pas du même volume,
06:10de la même envergure, avec le même impact
06:12que ce qu'on peut attribuer à des opérateurs russes.
06:15Merci Franche-Francis. Merci beaucoup.
06:17C'est une réalité, c'est une sorte de guerre souterraine
06:22dont on ne parle absolument jamais,
06:24mais qui est réelle, qui existe.
06:26Il est 7h47. Merci.

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