Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, était l’invité du Face à Face de ce vendredi 14 mars. Il a été interrogé sur les négociations autour d'une trêve en Ukraine.
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00:00C'est évidemment du temps gagné aussi pour Vladimir Poutine, parce que pendant ce temps-là, sur le terrain, à Koursk notamment, il y a à nouveau des victoires russes.
00:07Il a plus intérêt à attendre quelques jours. Est-ce qu'il joue la montre ?
00:10On verra. Non, il joue la montre depuis le début. Il attend les États-Unis.
00:14Depuis le début, alors. Il y a le débat historique, mais pas historique, mais pas politique aujourd'hui, sur est-ce qu'il ne fallait pas traiter autrement la question russe que l'ukrainienne.
00:21Mais pas maintenant, dans les 10 à 15 années après la fin de l'URSS au début de la Russie.
00:25C'était l'avis ancien de Kissinger, Brzezinski et compagnie, mais là, on est dans un autre monde.
00:29Donc personne ne va empêcher Trump d'arrêter le conflit. Il va arrêter le soutien à l'Ukraine.
00:35Personne ne va l'empêcher d'imposer – je n'ose même pas appeler ça « cesser le feu », il faudrait que je sois d'accord – un arrêt des combats.
00:41– C'est quoi la différence, pardon, entre arrêt des combats et cesser le feu, Hubert Le Drian ?
00:45– C'est ce que se supposerait un accord de part et d'autre. Un vrai accord mutuel. On arrête les combats.
00:50Après, il y a la négociation d'un accord de paix. C'est encore autre chose. Et donc, on ne sait pas jusqu'où va aller Poutine.
00:56Est-ce qu'il va se dire « j'empoche ce que je peux prendre maintenant » ou bien « je demande plus parce que Trump est tellement pressé d'en finir que j'ai une marge de manœuvre ? »
01:04On ne sait pas. Personne ne sait.
01:06– Vous avez dit « on est dans un nouveau monde ».
01:07– Tout ce qui parle du monde entier sur Poutine ne sait par rapport à ça.
01:09– On est dans un nouveau monde. Comment vous le définiriez, ce nouveau monde, Hubert Le Drian ?
01:13– Le nouveau monde, je définis comme étant l'oubli à l'Amérique du XXème siècle.
01:18Toute l'Amérique qui va de Roosevelt à Biden.
01:21– Elle est finie ?
01:22– Oui, on est revenu à l'Amérique du XIXème.
01:24Alors c'est très déstabilisant pour la planète mondialisation heureuse,
01:28la planète multilatéraliste diplomatique et par ailleurs la planète progressiste
01:34parce que c'est les États-Unis qui ont inventé le politiquement correct,
01:37qui a dégénéré en wokies, qui prennent la tête de l'eradication.
01:40Mais ce n'est pas le sujet principal.
01:41– Le politiquement correct a donné le wokisme et aujourd'hui c'est un retour de boomerang.
01:48– Oui, et l'Amérique a pris la tête de l'eradication, vous voyez ce qu'ils disent à ce sujet.
01:52Ce n'est pas notre sujet stratégique principal mais c'est dans le tableau quand même.
01:55Donc les Européens qui ont le plus cru à tout ça, communautés internationales,
02:00négociations multilatérales, valeurs universelles et compagnie,
02:03ce sont les plus déstabilisés avec le Canada par rapport à ça.
02:06Il n'empêche que l'assidération est stérile, qu'il faut dépasser l'assidération comme je dis,
02:12l'indignation, les lamentations et regarder…
02:14– Ça ne sert à rien de se lamenter, désormais il faut faire.
02:16– Qu'est-ce qu'on peut faire en vrai ?
02:18Et là on n'a pas les éléments dans la négociation Trump-Poutine.
02:23Si Poutine dit ça ne me suffit pas, je sais si cela,
02:26la réaction essentielle ce n'est pas la nôtre, on va s'indigner.
02:29Mais la réaction essentielle c'est Trump, il ne peut pas laisser faire n'importe quoi en réalité.