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00:00Matin. L'édito politique sur Europe 1, ça y est on a réussi à joindre Vincent Trémolet de Villers. Bonjour Vincent.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour Vincent.
00:08Exceptionnellement au téléphone ce matin, Vincent, le grand jeu diplomatique sur fond de guerre russo-ukrainienne
00:14a figé la politique française. On parle plus d'émission d'Emmanuel Macron, de censure du gouvernement Bayrou. Finalement Vincent, cette crise internationale
00:21serait-elle en train de stabiliser la politique nationale ?
00:24Oui, aujourd'hui la politique nationale est comme pétrifiée face au tumulte trumpien qui désoriente l'économie, la diplomatie, la vie politique et la vie médiatique.
00:33Emmanuel Macron en profite puisque dans cette situation tout ramène au chef de l'État.
00:37Emmanuel Macron est tranquille puisque l'Elysée est repassée de l'ombre à la lumière.
00:41Mais attention Dimitri, ce tableau peut être un trompe-l'œil.
00:44L'effet de rapport tombe en berne quand le vent arrête de souffler et si une trêve s'esquisse entre l'Ukraine et la Russie, la pression
00:50retombera et la politique française se remettra en mouvement.
00:54Vous savez, je ne crois pas aux nouvelles ères, au nouveau monde, où rien ne sera plus jamais comme avant.
00:59Nous l'avons vu avec le Covid ou l'invasion de l'Ukraine. Le monde d'après, comme l'avait dit Michel Houellebecq en une formule historique,
01:05c'est le même monde mais en un peu pire. Une crise internationale
01:09reporte les problèmes mais ne les efface pas. Et si les semaines qui viennent sont décisives dans le désordre du monde, elles sont
01:15explosives pour la politique intérieure. Au-delà des fragilités structurelles d'un pays sur-endetté, étouffé par les normes débordées par la délinquance,
01:23désemparé face à la pression migratoire, donc exposé à de possibles crises internes,
01:27c'est le calendrier politique lui-même qui ressemble à un champ de mine pour le président et pour le gouvernement.
01:32Vous parlez du calendrier législatif, Vincent, parce que le narcotrafic et la fin de vie qui sont à l'agenda,
01:37bon c'est sensible, mais pas de quoi faire descendre non plus les gens dans la rue.
01:41Alors vous savez, quand une structure est fragile, il en faut peu pour qu'elle s'effondre sur elle-même, mais vous avez raison,
01:46on a connu un agenda législatif plus compliqué. Mais c'est un autre calendrier qui compte, Dimitri, il est tridimensionnel
01:53puisque ce calendrier est judiciaire, partisan et institutionnel.
01:56Trois dates essentielles le jalonnent. La première, c'est évidemment celle du 31 mars.
02:01Ce jour-là, nous saurons si le pouvoir judiciaire a décidé de mettre fin à la carrière politique de Marine Le Pen
02:06en demandant l'exécution providoire de sa très probable condamnation.
02:10La favorite de la présidentielle inéligible, la patronne du principal parti d'opposition privé d'élections,
02:16ce serait un cataclysme démocratique dont nul aujourd'hui ne peut mesurer les effets.
02:20On sait simplement qu'il risque d'être dévastateur. Et dans le cas contraire, si l'horizon judiciaire de Marine Le Pen se dégage,
02:27sa détermination politique sera décuplée et dès le lendemain elle partira au combat avec la ferme intention d'accélérer le calendrier,
02:34c'est-à-dire obtenir une dissolution de l'Assemblée et dans la foulée le départ anticipé d'Emmanuel Macron.
02:39Donc politiquement, cette journée du 31 mars est sans doute la plus importante de l'année.
02:43Et alors les deux autres dates, Vincent ?
02:45Alors le 17 mai, LR aura élu son président. Cela peut sembler mineur puisqu'il s'agit d'un parti qui a fait 4% à la présidentielle.
02:52Mais si c'est Bruno Rotailleau qui prend la tête du parti de la droite, et s'il est encore au gouvernement,
02:57il peut alors être tenté de démissionner assez vite pour tracer son chemin présidentiel.
03:03Et le gouvernement Bayrou sans Bruno Rotailleau, c'est comme une valise sans poignée, ça marche beaucoup moins bien.
03:08La troisième date, enfin, c'est celle du 7 juillet et de la possibilité retrouvée pour Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée.
03:16Cette réouverture institutionnelle va mécaniquement augmenter la pression des partis d'opposition et de l'opinion sur le gouvernement.
03:22On voit donc, Dimitri, que la stabilité retrouvée est toute relative.
03:26Comme me le disait un acteur politique clairvoyant et expérimenté,
03:29il y a de l'essence dans l'air et tout le monde a une boîte d'allumettes.
03:33La suite, c'est Johnny Hallyday qui nous la donne, il suffira d'une étincelle.
03:37L'édito politique sur Europe, merci Vincent Trémolet de Villiers.