L'économie de guerre c'est quoi ? Quelle forme prend-elle en France ? Reportage à Bourges, chez KNDS, entreprise franco-allemande de la défense. On y produit canons et munitions à un rythme très soutenu.
Regardez RTL Evènement du 14 mars 2025.
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00:00Et notre événement ce matin sur RTL, ce sont ces industriels de la défense qui sont d'ores et déjà passés à l'économie de guerre.
00:09Alors qu'Emmanuel Macron reçoit aujourd'hui plusieurs d'entre eux, nous avons pu, et c'est extrêmement rare, visiter l'une de ces entreprises.
00:15Bonjour Emilie Beaujard.
00:16Bonjour.
00:17C'est vous qui avez pu vous rendre à Bourges chez KNDS.
00:20KNDS c'est une entreprise franco-allemande qui produit des canons et des munitions et ça se fait donc désormais à un rythme très soutenu.
00:27Oui, en ce moment, il y a même des travaux un peu partout, il faut pousser les murs, rigole un des responsables.
00:33Aujourd'hui, tous les bureaux ont été détruits, on les met en extérieur de la surface industrielle pour récupérer des mètres carrés,
00:39puisque chaque mètre carré compte pour monter des armes, démonter, remonter.
00:44Autour de moi, dans cet immense atelier des canons de 9 mètres de long, ce sont ceux qui équipent les fameux canons César.
00:51C'est ici qu'ils sont usinés, assemblés, puis envoyés entre autres à l'Ukraine pour faire face à la demande.
00:56Les cadences ont été multipliées par deux et surtout, on fait maintenant du stock, c'est nouveau.
01:01Laurent Monzauge est chef d'établissement du site KNDS à Bourges.
01:05C'est pour répondre à la demande du ministre des Armées, qui est d'avoir en stock à peu près deux ans de besoin.
01:11Donc, on a à peu près 200 canons d'avance qui sont prêts à être lancés en production.
01:17Passer en économie de guerre, c'est aussi travailler sur des sujets sensibles, des secrets industriels hautement stratégiques.
01:23Un officier de sécurité m'a d'ailleurs suivi pendant toute la visite pour s'assurer que je ne prenais pas en photo des choses sensibles,
01:30comme par exemple le secret de précision du canon César.
01:33Mais comment fait-on, Émilie, pour produire plus ?
01:35Eh bien, il faut investir, beaucoup investir.
01:37L'entreprise a acheté il y a un an un nouveau robot pour sa production d'obus de 155 millimètres.
01:43Cela a permis de passer de 30 000 obus par an à 60 000, a doublé donc les cadences.
01:49Un robot à 5 millions d'euros qui est supervisé par des opérateurs qui se relaient presque en permanence sous la responsabilité de Stéphane Sandoz.
01:58Et nous sommes sur une activité en 3-8 avec volontariat sur le samedi.
02:03Tous les samedis, j'ai des volontaires.
02:04Les forts de guerre dans l'atelier savent ce que c'est.
02:07J'ai beaucoup aussi d'anciens militaires et nous avons fait une douzaine d'embauches sur l'année 2024.
02:12Et ces équipes peuvent encore augmenter les cadences si besoin en travaillant tous les week-ends.
02:17Doubler les cadences, passer de 30 000 à 60 000 obus par an, il y a assez de main-d'oeuvre pour ça ?
02:23Eh bien, c'est là que ça coince un peu.
02:24Il faut des tourneurs-fraiseurs, des contrôleurs, des armuriers, des rectifieurs, des métiers qui connaissent des pénuries depuis plusieurs années.
02:32Frédéric est chef d'équipe dans l'entreprise depuis 1982 et le passage à l'économie de guerre a eu très vite un impact sur son quotidien.
02:40Voilà, un peu plus de pression, plus de quantité, plus de volume.
02:43Avec des gens qui sont partis, qui avaient des connaissances, on ne forme pas les gens comme ça du jour au lendemain sur les machines spécifiques.
02:49Quelqu'un qui serait autonome, ça prend environ, moi je dirais, deux ans.
02:53Sur la chaîne de munitions, un peu plus loin, Elodie, 27 ans, supervise le robot.
02:57Il y a encore quelques mois, elle était vendeuse dans l'alimentaire.
03:00Elle a répondu à une petite annonce.
03:02Donc j'ai postulé et tout de suite, ça a débouché sur de l'intérim directement et c'est début.
03:08Le métier me plaît, c'est-à-dire des fois c'est assez technique.
03:11Mon poste, il est adapté pour que je n'ai pratiquement pas de pièces à porter.
03:15Car un obus de 155 millimètres pèse plus de 30 kilos.
03:19Aujourd'hui, 90% de la production part pour l'Ukraine, mais d'autres pays sont intéressés.
03:24Le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années.
03:27RTL, événement consacré à...