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La présidente de l'Assemblée nationale publie "À ma place" aux éditions Buchet Chastel.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 30 avril 2025.

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Transcription
00:00L'invité du 9-10
00:01Nous sommes ensemble jusqu'à 10h et notre invitée ce matin, c'est la première femme présidente de l'Assemblée Nationale dans toute l'histoire,
00:07Yael Broun-Pivet. Bonjour et bienvenue, Yael Broun-Pivet.
00:09Bonjour !
00:10Ce n'est pas une interview comme d'hab, ce n'est pas une interview politique qu'on va faire avec vous.
00:13On vient parler de ce livre, A ma place, que vous publiez chez Boucher-Chastel.
00:17Un livre dans lequel vous racontez votre parcours politique, certes, mais aussi votre parcours de vie,
00:22où l'on vous découvre aussi en tant que femme, en tant que mère.
00:25Et c'est vrai que vous avez eu plusieurs vies, y compris plusieurs vies professionnelles,
00:29Pour commencer, elle rêvait de quoi, la jeune Yael, quand elle était petite fille ?
00:33Elle rêvait d'être avocate, et je suis contente.
00:35Oui, c'est vrai, j'ai réalisé mon rêve dans cette première partie de ma vie, donc oui,
00:40elle rêvait d'être avocate dès le plus jeune âge, je ne sais pas bien pourquoi, mais c'est comme ça.
00:44Vous ne savez pas d'où c'est venu ?
00:46Non, parce que je n'avais personne dans ma famille qui était avocat et qui était dans le monde du droit,
00:49donc j'avais lu un ouvrage qui était le pullover rouge,
00:53qui retracait cette fameuse affaire autour de Christian Ranucci,
00:57mais ça doit venir de là.
00:58Et puis après, l'envie de défendre et d'être du côté de ceux contre qui tout le monde est, en fait.
01:05Et du coup, ça ne vous manque pas ? Cette robe-là ne vous manque pas ?
01:08Non, parce que finalement, j'ai découvert avec l'associatif et le politique la défense de l'intérêt général.
01:14Alors que quand vous êtes avocat, vous défendez par définition des intérêts particuliers.
01:19Et l'intérêt général, il n'y a rien de plus beau.
01:21Alors, on a beaucoup parlé de vous avec Amandine pour préparer, après avoir lu votre bouquin.
01:24Parce qu'on s'est dit, on va avoir devant nous la matrice originelle du macronisme.
01:29Vous aviez une vie loin de la politique.
01:32Vous postulez, vous le racontez dans le livre, par CV pour être candidate au législatif.
01:35Tac, on vous retient. Tac, vous êtes élue, puis présidente de la commission des lois à l'Assemblée,
01:39quelques semaines après votre élection, puis ministre, puis présidente de l'Assemblée.
01:43Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous lancer en politique comme ça ?
01:45Macron, justement, dans sa campagne pour la présidentielle, il prenait l'engagement de la société civile.
01:53Et ça, je crois que c'est nécessaire dans une société de faire participer le plus grand nombre.
01:57Il prenait le dépassement des clivages, la fin des dogmes,
02:01considéré que les idées n'étaient pas forcément tamponnées, droite ou gauche,
02:05et qu'il fallait regarder le fond des choses et se renouveler.
02:09Le progressisme, il proposait des réformes importantes.
02:12On en a fait un certain nombre.
02:15Vous parlez à l'imparfait.
02:18Souvent, on dit que je suis plus marcheuse que Macroniste.
02:21C'est peut-être vrai, mais en tout cas, j'ai une reconnaissance infinie envers le président.
02:26Je suis très loyale, mais il y a évidemment un bilan en demi-teinte.
02:30Il y a des choses qu'on a fait formidablement bien,
02:33et puis il y a des choses qu'on a fait moins bien.
02:35Il faut le reconnaître pour avancer, pour pouvoir faire mieux.
02:38Loyal, et pourtant, ça n'a pas été forcément très simple.
02:41On vous a mis beaucoup de bâtons dans les roues.
02:44Pourquoi ? Parce que vous étiez une femme ou parce que vous étiez novice en politique ?
02:48Les deux, je pense.
02:49La femme, novice, ne faisant pas partie du fameux premier cercle des fidèles.
02:56Et j'ai parlé de ces bâtons dans les roues pour montrer que les chemins n'étaient pas faciles.
03:01Que dans la vie, les places, justement, il faut aller les gagner.
03:04Il faut se battre, il faut les conquérir.
03:06Qu'elles n'arrivent pas comme ça, sur un plateau.
03:08Et donc, il faut se battre, quelles que soient les fonctions.
03:11Et j'imagine que vous, dans votre vie, et vos auditeurs, se sont battus.
03:16Et c'est important de se dépasser et de mener des commorts.
03:18Quand on nous a dit que vous alliez vous occuper de la matière telle,
03:20il n'y a pas un patron qui nous a dit « Allô, tu démissionnes tout de suite ».
03:23Vous, c'est ce qui vous est arrivé ?
03:24Alors, pas le patron.
03:25Pas le patron.
03:26Le son bras droit, Alexis Colère.
03:28Un sergent, un flingueur, en fait.
03:29Voilà.
03:29Mais ça, c'est pour ça que moi, j'ai déjà...
03:31Et vous le racontez dans le livre ?
03:32Mais je le raconte parce que c'est important.
03:34C'est aussi, ça montre, un, que ce n'est pas facile.
03:36Que deux, effectivement, mais tout le monde le dit en politique.
03:39Les ennemis, vous les avez plutôt dans votre propre camp que dans vos camps adverses.
03:44Et puis, ça montre aussi que, parfois, il faut être insubordonné.
03:50Il ne faut pas forcément accepter les consignes qu'on nous donne.
03:53Il faut suivre son chemin.
03:54Il faut suivre ses intuitions.
03:56Il faut suivre ses convictions.
03:58Et moi, j'avais la conviction en 2022 que je pourrais être utile à la présidence de l'Assemblée nationale.
04:05Je pense qu'en toute modestie, je ne me suis pas complètement plantée.
04:08Parce qu'autrement, mes collègues ne m'auraient pas réélu en 2024 à cette même fonction.
04:14Si j'avais été une atroce présidente de l'Assemblée nationale.
04:18L'accès à cette présidence de l'Assemblée, c'était donc le 28 juin 2022.
04:24Madame Yaël Brandpivet, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés,
04:30je la proclame présidente de l'Assemblée nationale
04:34et je l'invite à prendre place au fauteuil présidentiel.
04:40Première femme à accéder à la présidence de l'Assemblée.
04:42Vous en avez encore presque les larmes aux yeux, Yael Brandpivet ?
04:44C'est extrêmement émouvant, vous ne pouvez pas vous imaginer.
04:47Effectivement, et si je ne m'étais pas battue,
04:49il n'y aurait jamais eu encore de première femme présidente de l'Assemblée nationale.
04:52Et donc, c'est aussi un message aux femmes.
04:54Il faut se battre pour obtenir des fonctions.
04:56Là encore, la Macronie avait un candidat qui était un homme.
04:58Et quand vous avez voulu être réélue, la Macronie avait un autre candidat qui était un homme.
05:01Voilà, c'est toujours des hommes.
05:04Donc en fait, il faut aller, il faut se battre, il faut dire que ça vaut le coup.
05:09Et première femme, évidemment, c'est une émotion incroyable
05:12parce que vous brisez un plafond de verre,
05:14j'ai mes filles en face de moi, j'ai ma mère...
05:17Qui vous a, justement, c'est elle aussi qui vous a appris qu'il fallait toujours se battre ?
05:20Exactement, et qu'il ne fallait jamais courber les chines,
05:22et qu'il fallait se redresser, tenir bon et y aller.
05:25Et c'est ce que j'ai fait.
05:27Et c'est vrai qu'à ce moment-là, et puis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
05:30c'est un lieu où tant de femmes, justement, se sont battues.
05:33On pense à Simone Veil, on pense à Gisèle Halimi,
05:36qui a été un petit peu députée.
05:38Et c'est incroyable d'être une parmi toutes celles-là.
05:43Ça pourrait être une posture, j'allais dire,
05:47de se dire ça, vous vous rendez compte, je suis la première, etc.
05:50Mais sincèrement, quand on vous lit, ça semble très sincère.
05:55Mais c'est sincère, et vous savez, au début, vous vous dites,
05:58allez, la première, ce n'est pas important, justement.
06:00C'est, voilà, on accoste chez la case, et puis on passe à autre chose.
06:05Et en fait, je le vois au fur et à mesure que ça a de l'impact chez les femmes,
06:10et que ça a de l'impact chez les jeunes filles.
06:12Et je le vois là, pour les signatures de mon livre, quand je me déplace,
06:16les jeunes filles viennent me voir et elles me disent,
06:18grâce à vous, je vais oser, et grâce à vous, je peux me projeter dans ce type de fonction.
06:23Et là, vous vous rendez compte que, effectivement, première femme, ça veut dire quelque chose.
06:28Et vous écrivez, je ne m'étais jamais revendiquée féministe.
06:31Je le suis devenu en entrant en politique, sans doute,
06:32parce que c'est là que je me suis retrouvé pour la première fois face au sexisme le plus crasse.
06:37Vous avez cinq enfants.
06:38Vous avez eu une vie professionnelle avant.
06:40Vous avez eu une vie qui est surchargée en étant présidente de l'Assemblée nationale.
06:42C'est une question, j'avoue, que je ne poserai sans doute pas un homme.
06:46Mais comment vous faites pour tout concilier ?
06:48Même avec un mari qui est très présent et dont vous parlez aussi dans le bouquin.
06:50Oui.
06:51J'adore ce que je fais.
06:52J'adore ce que je fais.
06:53On va les demander pour 24h.
06:53Ça a du sens.
06:55Oui, mais ça a du sens.
06:56Et je pense que vraiment, quand on aime ce qu'on fait,
07:00quelle que soit l'activité qu'on a, ça nous porte.
07:03Et moi, ça me porte.
07:04Et j'ai le sentiment d'être utile, d'être utile aux Français en ce moment.
07:08Et donc, quand vous avez cette chance de pouvoir leur être utile,
07:13vous ne comptez pas vos heures et je ne me sens pas fatiguée.
07:16À aucun moment, vos enfants ne vous ont dit arrête ?
07:18Au contraire.
07:18Ils disent l'inverse.
07:20Vas-y, fonce.
07:20Un jour où vous vouliez presque tout abandonner,
07:22il y a un mot-fils qui vous dit non, non, t'arrêtes pas.
07:25Exactement.
07:25Et ils continuent.
07:26Ils sont très porteurs.
07:27Et jamais, vous voyez, ils ne m'ont dit
07:29oh, maman, tu travailles trop, oh, maman, t'es jamais là, etc.
07:31Ils sont peinards à la maison.
07:32Au contraire.
07:33Alors, peut-être un peu.
07:34Ils sont contraints de préparer la bouffe.
07:36Oui, c'est le premier qui arrive à la maison.
07:39Le premier arrivé fait le dîner pour les autres et met la table.
07:42Vous racontez aussi votre rôle de patronne des restos du cœur dans votre ville.
07:44Ça, c'était avant, c'était avant la politique.
07:46Ça vous a apporté quoi ?
07:47À l'époque, il n'y avait pas de caméra, il n'y avait pas de micro.
07:49Et là, on se dit, quand on lit ça,
07:51tiens, elle, au moins, elle a eu un job.
07:53Parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup de politiques.
07:54Aujourd'hui, on se dit que c'est des professionnels de la politique
07:55qui n'ont fait que ça dans leur vie
07:56et qui sont loin de nos préoccupations.
07:58En fait, ça m'a apporté peut-être davantage d'empathie,
08:02davantage le sens des autres,
08:05la compréhension aussi de difficultés,
08:08de la rudesse de la vie
08:11pour certains qui sont vraiment assommés par les obstacles.
08:16Qui il faudrait envoyer bosser au Restos du cœur ?
08:18Je pense que c'est intéressant, en tout cas,
08:22de faire une ou deux journées comme ça d'immersion dans ce type de centre.
08:24Moi, je continue à y aller régulièrement.
08:26Je continue à faire les collectes, etc.
08:29Je trouve que ça fait du bien.
08:30Mais c'est aussi, pour moi, finalement,
08:32le sentiment d'utilité, je l'ai eu autant au Restos du cœur
08:35en servant les yaourts et les salades
08:37qu'à la présidence de l'Assemblée nationale.
08:39Ça ne m'intéresse pas, les ordres de la République.
08:41Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir être proche des gens
08:43et les servir.
08:44Bon, on a envie de vous faire un petit quiz ce matin.
08:47Votre livre s'appelle « À ma place ».
08:49Donc, on commence la phrase
08:50et c'est vous qui la finissez, ok ?
08:52D'accord.
08:53J'ai mis un peu de temps !
08:55Vous me regardez, genre, c'est un piège ou pas ?
08:58Yannick Rott-Pivet,
08:59si vous étiez à la place d'Emmanuel Macron,
09:02Oui ?
09:03Finissez la phrase.
09:05Je suis censée vous répondre quoi ?
09:06Je ferais quoi, c'est ça, ce que je voudrais ?
09:08Oui.
09:09Si j'étais à la place d'Emmanuel Macron,
09:13j'aurais été beaucoup plus participative
09:17dans ma façon de piloter la politique de ce pays
09:20et de parler au français.
09:21j'ai trouvé, et je le dis dans mon livre,
09:23que sa pratique du pouvoir a malheureusement été trop verticale.
09:27Si vous étiez à la place de François Bayron ?
09:29Ça vous fait rire ?
09:32Ah, mais c'est tellement difficile d'être à sa place.
09:34En ce moment, il a relevé le gant.
09:36Et en ce moment, c'est pas facile et on l'aide pas beaucoup.
09:39On l'aide pas beaucoup, y compris au sein de votre camp.
09:41Voilà, on l'aide pas beaucoup partout.
09:44On voit bien qu'il y a des combinaisons partout,
09:46des stratégies politiques, etc.,
09:48qui font que sa tâche est particulièrement difficile.
09:50Il a accepté de s'y atteler.
09:52Moi, je fais ce que je peux pour l'aider.
09:54Si vous étiez à la place de Jean-Jacques Goldman ?
09:57Eh bien, je reviendrai sur scène,
09:58je ferai des concerts,
10:00je sortirai de ma réserve.
10:02Vous avez vu ça ?
10:05Ça sort tout seul.
10:06Et vous racontez que vous continuez à aller régulièrement à des concerts ?
10:10Je vais souvent à des concerts.
10:12Dans la fosse.
10:13Dans la fosse.
10:14Vous rendez fou, votre service de sécurité, à chaque fois ?
10:16Oui, mais ils suivent, en fait.
10:18Ils commencent à avoir l'habitude.
10:19Mais vous savez, je les rends fous aussi.
10:21Quand il y avait des casserole-lades,
10:22j'allais toujours au contact des manifestants.
10:24Lorsqu'il y a des événements un peu turbulents,
10:27parfois, on me dit qu'on me conseille d'annuler.
10:29Je refuse.
10:30Je vais toujours au contact des gens.
10:32Et je refuse de renoncer.
10:33C'est là aussi, quand on dit qu'il ne faut pas subir.
10:35C'est ça aussi.
10:36Je pense qu'il faut toujours, toujours, toujours affronter les choses.
10:38Bon, dernière question.
10:39Et là, promis, pas de langue de bois.
10:42Si vous n'étiez pas à votre place,
10:44si vous n'étiez pas présidente de l'Assemblée nationale,
10:46qu'aimeriez-vous pouvoir dire librement ?
10:50C'est la pire des questions.
10:52C'est celle d'abandonnée, vous noterez.
10:54Mais en plus, pas de langue de bois, attention.
10:55Pas de langue de bois.
10:56Non, mais que, en fait, j'aimerais tellement,
10:58et ça pour le coup,
10:59que je sois présidente de l'Assemblée nationale,
11:01au Resto du Coeur, ou peu importe,
11:03j'aimerais tellement que les Français croient en eux.
11:06En fait, je suis désespérée par ce pessimisme ambiant,
11:09alors que la France est un pays incroyable,
11:12avec tellement d'atouts.
11:13Oui, des difficultés, évidemment.
11:15Mais pour résoudre ces difficultés,
11:17il faut croire en soi.
11:18Pour faire tout dans la vie,
11:19il faut avoir un peu de la confiance.
11:21Malheureusement, les Français n'ont pas confiance dans leur pays.
11:24Et ça, c'est vraiment tragique.
11:25Bon, vous restez avec nous.
11:27Il y a Alex Izorek qui arrive.
11:28Il arrive.
11:28C'est parti.

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