Mardi 11 mars 2025, SMART IMPACT reçoit Julien Bruneau (cofondateur, iQspot) , Théo Scubla (fondateur, Each One) et Marie Manach (Directrice adjointe, Observatoire de l'Immobilier Durable)
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation
00:13environnementale et sociétale de notre économie et voici le sommaire.
00:17Mon invité, c'était Osku Black, au fondateur et président d'Itch.One, qui milite pour
00:22mieux intégrer la diversité et les personnes immigrées dans les entreprises.
00:27Dans notre débat, on parlera du secteur de l'immobilier tertiaire, comment construire
00:31plus durable, comment le limiter dans les usages quotidiens, les consommations en eau,
00:36en énergie, réponses tout à l'heure et puis dans Smart Ideas, on va découvrir une
00:41fibre végétale que l'on utilise dans l'industrie textile, une chronique signée Alexis Mathieu
00:47où il sera question de biomimétisme.
00:49Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
00:57L'invité de Smart Impact, c'était Osku Black, bonjour, bienvenue, vous êtes le
01:04président d'Itch.One que vous avez créé en 2015, c'était quoi l'idée, quelle ambition
01:08vous aviez ?
01:09En 2015, on s'est rendu compte d'un constat qu'on fait toujours aujourd'hui, c'est que
01:15la France est partagée en deux grands groupes de personnes, quand on parle des personnes
01:17réfugiées et de nouveaux arrivants, ceux qui veulent les aider les pauvres et ceux
01:21qui n'en veulent pas, des pauvres gens.
01:23Or, moi j'ai une troisième conviction, en tout cas, ou plutôt je pense qu'il y a une
01:28troisième voix qui rassemble toutes les personnes comme nous, qui sommes convaincus que quelles
01:32que soient leurs origines, quelles que soient leurs qualifications de départ, quel que
01:35soit leur âge, les personnes réfugiées, les nouveaux arrivants représentent un potentiel
01:39duquel la société n'a pas encore pris la mesure.
01:41Notre volonté c'est de révéler ce potentiel et de montrer que d'un côté on peut redonner
01:46un emploi durable à des personnes qui parfois attendent jusqu'à 10 ans pour retrouver
01:50un emploi durable et à la fois permettre à l'économie de répondre à des besoins
01:54structurels, de tensions sur les recrutements et du coup de créer un système gagnant-gagnant.
01:58Ni dans le discours anxiogène, ni dans le discours misérabiliste, c'est ce que je
02:03comprends en fait, vous refusez, vous cherchez une troisième voix.
02:07Quel bilan vous faites 10 ans après ? Combien de personnes accompagnées ? Quel parcours
02:11vous avez croisé ?
02:12Alors aujourd'hui, H1, c'est plus de 4000 personnes accompagnées en emploi durable.
02:17Juste cette année, c'est près de 1000 personnes qui sont formées et accompagnées
02:20en emploi, sachant que notre rôle c'est de former de manière intensive les personnes,
02:24tant sur le plan du métier qu'ils vont exercer par la suite auprès d'entreprises partenaires
02:28qui recrutent chez H1 après nos formations, que sur le plan social parce que notre rôle
02:34c'est aussi de lever tout ce qu'on appelle les freins périphériques à l'emploi, c'est-à-dire
02:38les problèmes de logement, de garde d'enfants qui pourraient venir se mettre sur la route
02:42de la recherche de la stabilité dans la vie future des personnes qu'on accompagne.
02:45Donc aujourd'hui, c'est des belles histoires, c'est des personnes qui nous disent rêver
02:51effectivement d'évoluer au milieu des livres.
02:53Je pense à une personne qui s'appelle Bayokouba et qui a été embauchée dans un grand magasin
02:57pour s'occuper de tout l'étage des livres et qui revient nous voir et nous parle de
03:03sa passion qui est remplie, des personnes qui arrivent parfois avec aussi des bagages
03:07plus importants et qui font leur vie dans le domaine bancaire.
03:10Donc aujourd'hui, on a une très grande diversité de personnes qu'on accompagne, ces six métiers
03:14sur lesquels on accompagne, dans six secteurs très différents, c'est 78 nationalités
03:19de personnes accompagnées et c'est des vies qui reprennent tout simplement leur cours.
03:23Oui, avec souvent, on s'est vu plusieurs fois et on avait fait une interview ensemble
03:28il y a quelques années.
03:29Moi ce qui m'avait frappé, souvent on parle de talent sous-employé, il n'y a pas que
03:34ça, mais il y a aussi souvent ça.
03:35Absolument, oui, oui, aujourd'hui, d'ailleurs qu'on parle de peu de personnes qui ont peu
03:40de qualifications ou de fortes qualifications, quand les personnes viennent nous voir en
03:44général, elles sont soit dans une situation extrêmement instable en termes d'emploi,
03:51soit dans un chômage de longue durée.
03:53Aujourd'hui, c'est 75% des personnes que l'on accompagne qui sont des publics dits
03:57prioritaires, c'est-à-dire très éloignés de l'emploi.
03:59Donc aujourd'hui, peu importe, je dirais, le niveau de qualification des personnes,
04:04que les personnes aient fait beaucoup d'études ou non, on voit que les personnes sont dans
04:08des situations qui sont bien inférieures à celles qu'elles pourraient espérer, soit
04:12en termes de mobilité sociale, de pouvoir d'achat, et d'ailleurs il y a un indicateur
04:17qui est très important chez nous, c'est qu'une fois que les personnes sont passées
04:19par Itch.one, elles gagnent en moyenne 44% de pouvoir d'achat, et ça nous permet aussi
04:25de montrer à nos partenaires publics qu'ils y gagnent aussi dans ce système.
04:29Mais alors, c'est quoi le modèle économique d'Itch.one ? Vous avez des partenaires, des
04:33mécènes, des entreprises qui vous payent pour former ces gens, c'est quoi le modèle
04:38? Alors Itch.one, c'est une entreprise à mission, donc on a un modèle économique
04:41qui est autofinancé, dans lequel la principale source de nos revenus, c'est la formation
04:45professionnelle.
04:46C'est-à-dire que d'un côté, on a des grands groupes qui s'engagent à recruter
04:50de manière annuelle plusieurs personnes, ça peut aller de cinq à dix personnes par
04:56petite touche, sur plusieurs classes de formation qu'on met en œuvre dans l'année, à parfois
05:00plusieurs centaines de personnes.
05:03Et à côté, on a effectivement nos partenaires de la formation, France Travail, qui viennent
05:07à la demande de ces grands groupes, financer une partie de la formation, ce qui nous permet
05:12aujourd'hui d'avoir à la fois une démarche compétitive pour l'entreprise, qui a cotisé
05:16d'ailleurs pour ces formations, et de l'autre côté, des personnes qui rentrent en formation,
05:22pour qui la formation est gratuite, qui sont rémunérées pendant la formation, donc qui
05:26n'ont rien à payer, et qui derrière, retrouvent un emploi.
05:29Pour les entreprises, c'est parfois, souvent, je ne sais pas, un moyen de combler des vides,
05:37des secteurs qui sont confrontés à la problématique des métiers en tension, qui n'arrivent pas
05:41à recruter, et qui se disent, il faut qu'on élargisse finalement le spectre de notre
05:46champ de recrutement.
05:47Absolument, et particulièrement aujourd'hui, j'ai envie de dire qu'on parle beaucoup en
05:51ce moment de la remontée du chômage.
05:53Ce qui est important, c'est de souligner que, dans le même temps, il y a encore énormément
06:00de difficultés de recrutement, que ce soit sur les métiers de la vente, dans le commerce,
06:06sur les métiers de la logistique, sur les métiers de l'hôtellerie, de la restauration,
06:10sur les métiers du service à la personne, des métiers sur lesquels, aujourd'hui, on
06:13travaille.
06:14Et donc, ce qui est important, effectivement, et c'est aussi notre conviction, c'est qu'on
06:18n'est pas en train juste d'engager des grandes entreprises dans un acte de charité.
06:24Notre rôle, c'est de répondre à leurs besoins, à leurs besoins, je dirais, de difficultés
06:30sur les recrutements, et d'avoir une réponse économique avant tout, parce que c'est en
06:34étant ancré dans l'économique qu'on peut avoir de l'ambition sur le plan social, et
06:37c'est notre conviction.
06:38Vous dites que vous leur proposez à ces entreprises un nouveau standard de l'inclusion.
06:42Qu'est-ce qu'il y a derrière ces mots-là ?
06:45Je dirais qu'il y a plusieurs choses.
06:47La première chose, effectivement, ça recouvre un peu cette notion d'être très pragmatique
06:51dans l'approche.
06:52C'est-à-dire que souvent, quand on parle d'inclusion, on a, et je me permets de caricaturer,
06:57l'histoire de grands groupes qui peuvent se satisfaire d'avoir recruté quelques personnes
07:03issus d'une diversité, quelle qu'elle soit, et donc on a, entre guillemets, des actions
07:08symboliques qui permettent, entre guillemets, de justifier la bonne action de la part du
07:14grand groupe.
07:15Moi, le sujet, ce n'est pas l'action symbolique.
07:17Pour moi, le sujet, c'est de dire qu'il y a des besoins d'un côté, il y a des besoins
07:20de l'autre aussi, au sein de l'économie, et il y a un grand potentiel si on arrive
07:24à faire converger les deux, à faire dialoguer les deux.
07:27Et donc, il faut le faire avec ambition, une ambition de chiffre, une ambition, effectivement,
07:32de qualité en termes d'emploi, et cette ambition, c'est de considérer l'inclusion
07:38pas comme un sujet seulement social, mais comme un sujet social et économique, et ancrer
07:41dans le pragmatisme économique.
07:42C'est aussi ça, le standard de l'inclusion, c'est se donner les moyens d'investir quand
07:46on parle d'inclusion, et pas de faire juste un acte social.
07:48– Vous avez publié, c'était en mars 2023, un livre aux éditions de ChercheMidi,
07:54« Le grand rapprochement », voilà, on le voit s'afficher, « L'entreprise pour
07:57construire une histoire commune », évidemment, le grand rapprochement, on voit bien à quoi
08:02vous faites référence, à ce grand remplacement en théorie fumeuse, voilà, j'assume de
08:08le dire, prouvé par personne, c'est un engagement politique, quand vous choisissez
08:13un titre comme celui-là.
08:14– Au même titre que tous les engagements sont politiques, il n'y a pas de neutralité
08:20dans notre démarche, elle est partisane.
08:21– Non, mais ça pose la question du rôle des chefs d'entreprise aussi, ils doivent
08:24d'une certaine façon faire de la politique, au sens même noble du terme.
08:28– Absolument, ma conviction c'est qu'à partir du moment où une entreprise emploie
08:31des personnes qui sont aussi des citoyens dans leur vie, qu'elle a un impact sur la
08:34vie des personnes qu'elle emploie, sur son écosystème de partenaires, sur le territoire
08:39sur lequel elle est implantée, alors de fait, elle ne peut pas être indépendante du politique
08:42avec un grand P.
08:44Le sujet de mon livre, « Le grand rapprochement », c'est de dire, justement, là où on
08:51observe parfois des idéologies qui sont en dehors du réel, l'entreprise elle a
08:54une force, c'est qu'elle ne peut pas faire abstraction du réel, elle fonctionne avec
08:58le réel, elle fonctionne avec la réalité de ses salariés, la réalité de ses partenaires
09:04et sa réalité économique, et ça c'est une force qui lui permet de trouver des solutions,
09:10de trouver des troisièmes bois pour parfois rapprocher des mondes qui ne se parlent pas
09:13dans la vie de tous les jours.
09:14– Alors autant je ne crois pas au grand emplacement, autant je suis convaincu qu'on
09:18a des problèmes d'intégration, de ghettoïsation, et on ne peut pas les nier et elles ont des
09:23conséquences économiques.
09:25Est-ce que vous vous êtes confronté à des entreprises qui se disent, je ne vais pas
09:34travailler avec vous parce que c'est trop compliqué, c'est des gens qui sont trop
09:37éloignés de l'emploi, qui ont perdu l'habitude de travailler, qui rejettent le modèle français,
09:42enfin je vous fais la liste de tous les a priori, parfois concrets, parfois réels, parfois
09:47fantasmés, qui existent ?
09:48– Alors aujourd'hui on est confronté à des entreprises qui sont en général volontaires
09:52dans la démarche, c'est-à-dire qu'elles voient dans l'idée le gain pragmatique,
09:56elles ont besoin de personnes, elles voient qu'il y a des personnes motivées, elles
09:58se disent, oui, moi aussi je veux en être, après quand on rentre dans les discussions
10:03opérationnelles, sans que ce soit avoué, on sent toujours qu'il y a des préjugés,
10:07des préjugés qui sont ancrés, peu importe la conviction de la personne, sur est-ce
10:12que les personnes réfugiées ont le droit de travailler, donc oui elles ont le droit
10:15de travailler, on explique effectivement qu'on accompagne des personnes qui ont
10:17le titre de séjour, est-ce que dans mes équipes ça va fonctionner ? Alors en général oui
10:23ça fonctionne et on accompagne aussi les équipes, puisque nous on forme les personnes
10:27qu'on accompagne, nos participants à des sujets de savoir-être, de soft skills, de
10:31découverte des codes du travail, mais aussi les équipes qui y accueillent, le sujet c'est
10:36de dire…
10:37– Est-ce que si il est musulman, je mets les pieds dans le plat, est-ce que si il est
10:38musulman il va pouvoir faire la prière à l'usine ?
10:40– Le cas du fait religieux à l'entreprise, c'est un cas auquel on est parfois confronté,
10:45ce qu'on voit dans tous les cas et ce qu'il faut retenir c'est qu'il n'y a pas de
10:49barrière qu'on ne puisse pas lever, la seule barrière elle est mentale et notre
10:54travail c'est de montrer qu'à chaque préjugé on peut avoir une réponse, du temps qu'on
10:58ne traite pas le sujet avec tabou, qu'on parle les choses frontalement et qu'on se
11:04donne les moyens d'investir sur le sujet de l'accueil et de l'intégration qui
11:08est en général un impensé depuis des années et notre échec il est juste dû à notre
11:12absence de volonté d'être actif pour notre avenir, on est plutôt dans une posture
11:17de subir aujourd'hui.
11:18– Avec une dernière question qui justement nous projette dans l'avenir, avec le réchauffement
11:22climatique, les migrations liées au réchauffement climatique font que ces questions qu'on
11:29se pose et auxquelles vous commencez à proposer des réponses, elles vont être exponentielles
11:34c'est-à-dire que les portes de l'Europe ne vont pas rester fermées de toute façon.
11:38– Absolument, on est encore aujourd'hui dans la croyance qu'il pourrait y avoir
11:41un monde dans lequel on pourrait faire sans migration, ce monde, il faut se le dire,
11:44il n'existe pas, ce n'est pas réaliste, donc la seule question qui est face à nous
11:48c'est, est-ce qu'on veut faire avec ou est-ce qu'on veut faire malgré ? Est-ce
11:52qu'on veut choisir notre avenir et en tirer le meilleur ou est-ce qu'on veut le subir ?
11:55On a choisi en tout cas de se donner les moyens, de réveiller le potentiel des personnes
11:58qui sont là, de réveiller le potentiel d'une intégration qui est possible et qu'on voit
12:02aujourd'hui au quotidien quand on s'en donne les moyens.
12:04– Merci beaucoup Théo Scubla, bon vent à Ichwan et à bientôt sur Bismarck Pro-Change.
12:09On passe tout de suite à notre débat, l'avenir du tourisme en montagne.
12:12– Générique de fin –
12:18– Le débat de ce Smart Impact, on parle de l'immobilier tertiaire
12:24et je vous présente mes invités, Marie Manac, bonjour.
12:26– Bonjour.
12:26– Bienvenue, vous êtes directrice adjointe de l'Observatoire de l'Immobilier Durable.
12:29Julien Bruno, bonjour.
12:31– Bonjour.
12:31– Le président, le co-fondateur d'IQspot, quelques questions de présentation
12:36pour démarrer l'Observatoire de l'Immobilier Durable.
12:38Marie Manac, vous représentez combien d'entreprises, combien de partenaires ?
12:42– On représente un peu plus de 150 entreprises du secteur immobilier.
12:46On existe depuis une douzaine d'années.
12:48Initialement, on s'est construit par la réunion de plusieurs maîtres d'ouvrage
12:52dans le tertiaire qui ont voulu mettre en commun leurs indicateurs
12:54et leur consommation énergétique.
12:56De là est né notre baromètre de la performance énergétique
12:58dont on va peut-être parler.
12:59– Bien sûr.
12:59– Et puis depuis, on a élargi nos activités au sujet d'adaptation,
13:02biodiversité, eau, reporting, etc.
13:06– IQspot, c'est quoi ?
13:07C'est un outil de décarbonation du tertiaire, de l'immobilier tertiaire ?
13:10– C'est ça, c'est entre autres un outil où on aide les investisseurs
13:13en immobilier tertiaire à décarboner leur parc de bâtiment sans travaux
13:18et en adaptant, en co-construisant avec eux une action, un plan d'action,
13:22une stratégie un peu dédiée en fonction de leur parc immobilier.
13:25– Donc on n'est pas sur la construction, on est bien d'accord,
13:27on est sur l'usage avec vous.
13:28– Exactement, sur l'usage, l'exploitation du bâtiment
13:30avec un outil qui marche concrètement à mettre des objets connectés
13:34dans les bâtiments pour suivre et piloter les consommations énergétiques.
13:38Et ensuite, on a une plateforme qui analyse ces données-là
13:41et on a des énergies managers en interne pour aider à concrètement
13:45décarboner le bâtiment avec le minimum de travaux.
13:48– Selon l'ADEME, le secteur du bâtiment représente 23%
13:50des émissions de gaz à effet de serre en France.
13:53Ce n'est pas la première fois qu'on voit et qu'on vous propose cette statistique
13:58et à chaque fois, je dis un peu la même chose,
13:59ça veut dire que le secteur est une partie importante du problème
14:03mais aussi de la solution, Marie Manac, donc on va s'appuyer là-dessus.
14:07Vous publiez chaque année le baromètre de l'immobilier responsable.
14:11Tiens, j'ai une question un peu plus conjoncturelle,
14:13le secteur du bâtiment y subit une crise assez majeure
14:16depuis un peu plus d'un an, un an et demi.
14:19Est-ce que les enjeux environnementaux passent un peu à la trappe
14:22quand on est confronté à presque des questions de survie économique ?
14:26– Oui, évidemment, c'est sûr qu'il y a des enjeux
14:28qui viennent se télescoper un petit peu.
14:30En revanche, on se rend quand même compte que parmi nos interlocuteurs,
14:33il y a une vraie prise de conscience qui a émergé,
14:35d'une part sur le sujet de la décarbonation,
14:37de la compréhension des enjeux énergétiques
14:39mais on a aussi de plus en plus une matérialité des risques qui s'accroît,
14:44les risques physiques, l'accès aux ressources par exemple,
14:47la biodiversité qui est un peu en déclin.
14:50Tout ça, ce sont quand même des choses qui sont prises de plus en plus en compte
14:52dans les stratégies des entreprises.
14:54– Ça veut dire quoi ?
14:54Ça veut dire qu'il y a une prise de conscience que la pérennité même
14:58des entreprises du secteur peut être mise en jeu
15:02par le réchauffement climatique et ses conséquences ?
15:03– Absolument, l'objet même de l'immobilier,
15:05c'est d'accueillir des usages, d'accueillir des occupants.
15:07Donc à partir du moment où les risques physiques s'accroient,
15:10on a un sujet de résilience des actifs
15:14et donc de résilience des entreprises qui gèrent ces actifs, c'est indéniable.
15:19– Est-ce que vous le ressentez, vous, avec vos interlocuteurs ?
15:23On va rentrer dans le détail des solutions que vous proposez
15:25mais voilà, ok, t'es bien gentil de venir nous proposer des solutions
15:28de décarbonation mais bon, ce n'est peut-être pas notre priorité en ce moment.
15:32– On ne ressent pas trop que ce n'est pas une priorité,
15:36par contre on ressent qu'effectivement le secteur est quand même très en crise,
15:39que les capacités d'investissement pour mettre en place des choses
15:43dans les bâtiments sont beaucoup plus limitées.
15:45Mais par contre l'enjeu est toujours là, c'est une demande de leurs propres locataires,
15:49c'est de leurs propres investisseurs qui demandent aussi
15:52de rendre des comptes sur tous les aspects USG.
15:54Donc c'est comment combiner ces enjeux qui sont là
15:57mais dans un monde où il n'y a plus trop possibilité d'investir dessus.
15:59– Vous avez lancé à l'automne dernier une nouvelle offre de pilotage automatique à distance,
16:04comment ça marche, de quoi on parle ?
16:06– Alors c'était pour répondre à un des enjeux réglementaires qui montent
16:09qui est le décret BACS, qui est de mettre en place des systèmes de pilotage,
16:13de tout ce qui est chauffage, climatisation dans les bâtiments.
16:16– Qui rentrent en vigueur le 1er janvier, c'est ça ?
16:18– En vigueur le 1er janvier, exactement, pour les bâtiments
16:20en gros d'un peu plus de 2500m², c'est en fonction de la puissance des équipements.
16:25Et donc concrètement, on vient mettre en place des automates
16:28connectés à l'intérieur des bâtiments pour cibler les principaux équipements énergivores,
16:33la chaudière, le groupe froid, la centrale de traitement d'air,
16:36et aider à piloter les horaires de consignes et les températures de consignes
16:40pour vraiment adapter les réglages de ces équipements aux usages réels du bâtiment
16:45et aller chercher les entre 15 et 20% d'économie d'énergie,
16:50finalement, juste en améliorant cet existant.
16:52– Ça veut dire qu'au-delà de cette nouvelle offre,
16:56les solutions que vous proposez avec EQspot,
16:58il n'y a pas besoin de ce qu'on appelle le GTB, la gestion technique du bâtiment,
17:02c'est des investissements moins lourds qu'une GTB ?
17:05– C'est dans ce même domaine, mais effectivement c'est quelque chose de beaucoup plus light
17:09en termes d'équipements qu'on met en place.
17:11La GTB, on peut tout mettre dans ce nom,
17:16on parle souvent plutôt d'investissement entre 30 et 50 euros du mètre carré
17:21pour un bâtiment, donc dans un domaine où l'investissement est très limité,
17:25c'est quand même compliqué, là où nos solutions,
17:27on essaie vraiment de les faire rentrer en dessous du 5 euros du mètre carré
17:30pour que ça soit beaucoup plus léger en capex pour nos clients.
17:33– En matière de construction, de cycle de vie des bâtiments Marimanac,
17:38quels sont encore les progrès à faire ?
17:39Il y en a eu pas mal de faits depuis plusieurs années,
17:41on est souvent partenaire, nous, ici à Bismarck
17:44avec Sparta Impact du salon de l'immobilier bas carbone par exemple,
17:47donc il y a eu des progrès de faits, qu'est-ce qu'on peut faire encore de mieux ?
17:50– C'est sûr que d'un point de vue technologique, technique,
17:53il y a plein de choses qui se mettent en place,
17:54notamment sur le point de vue de la décarbonation,
17:55mais je pense qu'il y a beaucoup d'autres acteurs
17:56qui pourront expliquer les solutions qu'ils proposent.
18:01Nous, à l'Observatoire de l'Immobilier Durable,
18:03on est un peu plus sur le avant la construction justement,
18:05la question de la sobriété foncière, de la sobriété des mètres carrés,
18:08tout ce qui va être mixité d'usages, intensité d'usages aussi,
18:11en fait faire en sorte de faire moins,
18:13d'avoir peut-être des consommations énergétiques qui sont un peu déplacées
18:16pour du coup moins consommer de matériaux aussi.
18:19– Alors prenons un exemple, avant un projet de construction
18:24d'un nouvel immeuble de bureau, qu'est-ce qu'il faut mettre en place ?
18:27Qu'est-ce qu'on peut mettre en place ?
18:28– Déjà c'est questionner la question du nouvel immeuble du bureau,
18:31évidemment, est-ce qu'il y en a besoin ?
18:32Donc ça c'est des questions, il y a tout un tas de professionnels
18:35qui s'emparent de la question en fonction des marchés,
18:36il y a des besoins qui diffèrent, il y a surtout un parc de bureaux
18:41avec plus de millions de mètres carrés vacants qui restent à utiliser,
18:45donc c'est la question de la transformation de la surface, du bon usage,
18:50et donc effectivement la première question…
18:51– De son taux d'usage, il y a des heures où il n'y a plus de salariés,
18:55qu'est-ce qu'on en fait ?
18:56– Exactement, et du coup tout ce qui est chronotopie,
18:58enfin voilà, il y a tout un tas de solutions qu'on va mettre en place
19:03et des acteurs qui se positionnent là-dessus aussi,
19:06donc pour questionner la construction avant même de la mettre en œuvre
19:09et d'envoyer des solutions sur les matériaux par exemple.
19:12– Est-ce que vous voyez, puisque vous disiez que votre observatoire,
19:19pardon cher Cherchelmo, existe depuis une douzaine d'années, c'est ça ?
19:22Quand vous avez démarré il y a 12 ans,
19:25on vous regardait un peu comme des extraterrestres,
19:27aujourd'hui ça y est, tout le monde est prêt à monter dans le bus avec vous,
19:32comment voyez-vous l'évolution ?
19:34– On a de plus en plus, enfin en tout cas la question de l'immobilier durable,
19:38elle prend une place de plus en plus importante dans la stratégie des entreprises,
19:41on ne s'adresse plus qu'aux personnes qui sont spécifiquement dédiées à ces sujets-là,
19:45mais aussi à des personnes qui sont plus dans la stratégie d'entreprise
19:48et qui vont vraiment intégrer ça dans leur évolution,
19:51mais de fait sur les 12 années de l'association,
19:55on a vu un changement des mentalités déjà dans les thématiques qui sont étudiées,
19:59on ne va plus parler que des kilowattheures,
20:01mais on va parler de tout un tas d'autres indicateurs et de thématiques,
20:05et puis voilà, on sent que les sujets se déplacent.
20:07– Et les investisseurs, quels qu'ils soient, institutionnels ou autres,
20:10ils font leur choix en fonction de ces critères ESG de plus en plus ?
20:15– De plus en plus, c'est tout l'objectif de la taxonomie,
20:19de toute cette réglementation qui pousse à plus de transparence,
20:23à plus de reporting extra-financier, pour justement…
20:25– Donc taxonomie, on flèche les investissements
20:27vers les secteurs et les activités vertes, on va dire ça comme ça ?
20:30– Exactement, en tout cas, ça a donné une définition commune
20:33qui n'existait pas auparavant de ce qu'est une activité durable,
20:37avec un peu dans l'espoir que mécaniquement, par effet de marché,
20:42les capitaux, les investissements vont aller vers justement ces activités durables.
20:46– Je reviens à votre activité, vous disiez secteur en crise,
20:51difficulté d'investir, et donc la question qu'on va vous poser tout le temps,
20:54c'est quel retour sur investissement ?
20:55À quelle vitesse on rentabilise ce que vous proposez ?
20:59– On a calé justement, avec ce monde sans trop de capacités d'investissement,
21:03on a calé nous notre propre modèle économique,
21:05sur un format d'abonnement, qui permet déjà de lisser ça
21:08sur beaucoup plus d'années, d'être beaucoup moins compliqué à prendre en œuvre.
21:13Mais ce qu'on voit, il y a différents types de retours d'investissement,
21:16sur la facture énergétique, qui n'est pas forcément ce qui est regardé
21:18par les investisseurs immobiliers, mais là, généralement,
21:21pour un euro d'abonnement, on peut gagner entre 3 et 4 euros
21:24sur la facture énergétique, donc ça permet déjà un premier bon retour
21:27sur investissement, mais surtout, ce qu'on voit,
21:30c'est que c'est de plus en plus critique pour nos clients,
21:33d'avoir justement cette donnée fiable pour répondre
21:36aux différents reportings énergétiques.
21:39– Est-ce que vous… alors il y a évidemment les critères énergétiques,
21:42consommation, etc. Est-ce que l'eau, par exemple,
21:44vous regardez ça aussi dans les bâtiments dans lesquels vous intervenez ?
21:48– Tout à fait, on suit l'eau, en plus de l'énergie, on suit également l'eau,
21:52et c'est effectivement quelque chose qui est de plus en plus regardé, suivi,
21:56pareil, il y a des reportings un peu obligatoires sur ces sujets-là,
22:00pour l'instant, c'est plus des gens qui veulent aller au-delà
22:03de la pure réglementation, mais le suivi de l'eau,
22:06avec la détection de fuite d'eau, de prévenir la bonne personne
22:09dès qu'il y a un problème, c'est de plus en plus demandé.
22:12– On parlait de biodiversité, c'est vrai que les critères
22:16en matière de biodiversité, enfin, c'est plus difficile
22:18de comptabiliser son impact positif en matière de biodiversité
22:21qu'un bilan carbone, donc est-ce que vous, votre rôle,
22:25c'est aussi d'aider à inventer ces critères ?
22:29– C'est beaucoup plus simple pour un porteur ou un acteur immobilier
22:32d'agir à l'échelle de son bâtiment, donc sur les questions d'énergie et d'eau,
22:35par exemple, que d'agir concrètement sur la biodiversité, la pollution,
22:40l'adaptation au changement climatique, parce qu'on dépasse l'échelle de l'actif,
22:43on est tout de suite à l'échelle du quartier, de la ville, etc.
22:46Donc, il y a une forme de dilution des responsabilités aussi qui apparaît,
22:49et c'est tout l'objectif de l'observateur de l'Immobilier Durable,
22:51c'est de mettre autour de la table tous les acteurs,
22:53se parler un peu à livre ouvert pour définir des normes communes,
22:57des objectifs communs et effectivement des indicateurs.
23:00Ce qui est toute une partie de notre travail, c'est vraiment de définir des indicateurs,
23:03y compris sur la biodiversité, pour créer une histoire
23:06et se donner des objectifs communs.
23:08– Est-ce que vous, avec vos solutions, vous entrez dans le bilan extra-financier,
23:14la directive européenne CSRD, c'est-à-dire,
23:16est-ce que vous avez déjà des entreprises suffisamment grandes pour se dire
23:20tiens, on va aller voir IQspot pour améliorer notre bilan extra-financier ?
23:25– On a certains clients qui ont des foncières cotées
23:29qui mettent ces indicateurs-là dans leur reporting extra-financier.
23:33On voit pas mal d'investisseurs qui ont des fonds labellisés ISR ou pareil,
23:38ils sont audités par des auditeurs tiers et ils mettent également ces données-là
23:42dans ces rapports-là et on voit que ces données sont de plus en plus auditées,
23:46d'où le besoin d'avoir de la donnée fiable et complète sur ça,
23:49et c'est ce qu'on apporte.
23:50– Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
23:54On passe tout de suite à SmartID sous forme de chronique.
23:58Aujourd'hui, une bonne idée venue du Japon.
24:01– Générique –
24:07– SmartID sous forme de rubrique aujourd'hui avec Alexis Mathieu.
24:12Bonjour Alexis, bienvenue dans ce nouvel exercice
24:15puisque vous êtes avec Marie-Maria le producteur-programmateur de l'émission.
24:19En France, on est fiers de notre soie, du savoir-faire pour en faire des vêtements,
24:25mais peut-être que le Japon pourrait nous éclipser.
24:28– Possible, puisque l'entreprise Spiber s'inspire de la soie d'araignée
24:33et non du verre, d'où son nom, pour en faire des vêtements.
24:36L'idée, née en 2004 de deux scientifiques,
24:39Kazuibe Sekiyama et Junichi Sugahara, a bien prospéré.
24:45En 2007, ils fondent cette société qui est aujourd'hui valorisée à 1 milliard de dollars.
24:51Elle possède une usine en Thaïlande et s'apprête à en ouvrir une aux Etats-Unis.
24:55– Alors, plus précisément, ils fabriquent des fibres protéiques écoresponsables.
25:00Je dis ça, je ne comprends pas ce que je dis, donc expliquez-moi.
25:02– En fait, les fibres protéiques, ce sont de longues molécules de protéines en forme de filaments.
25:08Et s'inspirer de la soie d'araignée, ce n'est pas anodin
25:11puisque c'est cinq fois plus résistant que l'acier,
25:14bien évidemment plus léger et c'est élastique.
25:17Alors, concrètement, pour créer cette fibre artificielle,
25:19on intègre de l'ADN de fil d'araignée dans un micro-organisme
25:23qui, une fois nourri au glucose, se multiplie.
25:26Kenji Igashi, le directeur du développement durable de Spiber,
25:30explique que ce procédé est très proche du brassage de la bière.
25:34Et ces micro-organismes sont donc ensuite cultivés, purifiés et transformés en poudre.
25:38– En quoi cette innovation peut-être une alternative écologique,
25:42notamment pour le secteur du textile ?
25:44– Selon Kenji Igashi, cette matière aurait une douceur qui s'approche de celle du cashmere
25:50et elle pourrait offrir des propriétés thermiques et respirantes proches de celles de la laine.
25:56Avec ce procédé, on pourrait facilement obtenir des matériaux
26:00qui remplacent la fourrure ou le cuir,
26:01mais sans élevage et sans plastique et sans plantation de coton en cuir.
26:07Et on rappelle que, selon la fondation Hélène MacArthur,
26:09le textile consomme chaque année 93 milliards de mètres cubes d'eau
26:14et que l'on considère que cette industrie est la troisième la plus polluante au monde.
26:18– Et cette entreprise, ce qui est sûr, c'est qu'elle fait parler,
26:20la preuve, on en parle aujourd'hui, puis elle attire aussi, elle attire du monde.
26:23– C'est vrai, le secteur de l'habillement de luxe en particulier est intéressé.
26:28Une collaboration qui a marqué, c'est celle avec North Face.
26:31En 2015, ils créent ensemble une parka, un petit hic, comme la toile d'araignée,
26:36elle se rétrécit au contact de l'eau
26:38et donc on n'a très peu envie de passer d'un 42 à un 36.
26:41– Effectivement, oui.
26:42– Et donc la copie a évidemment été revue pour en sortir une version améliorée en 2019.
26:47– Et cette fibre, elle pourrait trouver sa place dans d'autres secteurs ?
26:50– Oui, absolument, on pourrait aussi la retrouver dans les cosmétiques et dans l'automobile.
26:55A noter aussi que la marque japonaise de vêtements à eau d'or, Goldwin,
26:59entend passer d'ici 2030 à 10% la part de protéines brassées dans ses collections.
27:05– Alors bon, peut-être qu'à Noël, Thomas et Tissa,
27:07on pourra vous offrir des chaussettes en toile d'araignée.
27:09– Vous devriez pas dire ça parce que je vais vous prendre au mot
27:11et je vais m'assurer que j'ai bien une paire de chaussettes sous le sapin à Noël.
27:14Merci beaucoup Alexis, bravo pour cette première chronique.
27:18Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:21Merci à toutes et à tous de votre fidélité à la chaîne des Audacieuses et des Audacieux.
27:26Salut !
27:35– Sous-titrage Société Radio-Canada