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GRAND DÉBAT / Donald Trump devant le Congrès : un exercice d'autocélébration

« Le récap » par Bruno Donnet

Le 4 mars 2025, Donald Trump s'est adressé aux deux chambres du Congrès dans un exercice rituel de la vie politique américaine. Pendant une heure et quarante minutes (ce qui en fait le discours le plus long jamais prononcé devant le Congrès), Donald Trump a présenté les priorités de son mandat dans une atmosphère de tension entre les Républicains et les Démocrates. Il est revenu sur les dépenses que son fidèle soutien, Elon Musk, aurait réussi à arrêter dans sa lutte contre le « gaspillage fédéral ». Il s'est attaqué à son prédécesseur, Joe Biden, qu'il a rendu seul responsable de l'inflation. Le Président américain s'est également attardé sur les nouvelles offensives commerciales contre le Canada, le Mexique et la Chine avant de réitérer son souhait de reprendre le canal de Panama et d'obtenir le Groenland. Donald Trump a souligné les résultats de son contrôle de l'immigration avant de mentionner furtivement et en fin de discours la question de l'aide à l'Ukraine. Entre autocongratulation et séquence émotions dignes des émissions de télé-réalité, ce discours XXL donne-t-il le ton des années Trump à venir ?

Invités :
- Vincent Hugeux, essayiste, journaliste indépendant et enseignant à Sciences Po
- Marie-Cécile Naves, politiste, directrice de recherche à l'IRIS, autrice de « Géopolitique des Etats-Unis » (Eyrolles)
- Gallagher Fenwick, journaliste
- Anne Deysine, juriste, spécialiste des Etats-Unis, professeure émérite à l'université Paris-Nanterre

DÉCRYPTAGE / Que faut-il retenir de l'adresse d'Emmanuel Macron aux Français ?

Face aux évolutions de la guerre en Ukraine et de la politique américaine, Emmanuel Macron a décidé de s'adresser aux Français dans une allocution solennelle à 20h. Lors de ce discours d'une quinzaine de minutes, il revient sur l'aide que la France et l'Europe peuvent apporter à l'Ukraine. La France parviendra-t-elle à retrouver une place centrale dans un monde diplomatique polarisé entre les États-Unis et la Russie ?

Invités :
- Éléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble Pour la République » des Français établis à l'étranger
- Aurélien Saintoul, député « La France Insoumise » des Hauts-de-Seine
- Gallagher Fenwick, journaliste.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:05Musique rythmée
00:00:06Bonsoir. Je suis ravie de vous retrouver ce soir
00:00:09dans Ça vous regarde.
00:00:11À 20h, on suivra ensemble l'allocution
00:00:13du président de la République.
00:00:15Emmanuel Macron veut s'adresser aux Français.
00:00:18Dans ce moment, dit-il, de grandes incertitudes,
00:00:21où le monde est confronté à ses plus grands défis.
00:00:24La parole du chef de l'Etat est très attendue.
00:00:27On l'écoute ensemble et on en débat avec nos invités
00:00:30après son intervention.
00:00:32Avant cela, on parle d'un autre président,
00:00:35Donald Trump. Cette nuit, il a prononcé son discours
00:00:38sur l'état de l'Union.
00:00:39« America is back », l'Amérique est de retour,
00:00:43a-t-il déclaré dans un exercice d'autosatisfaction
00:00:46qui a conquis les Républicains,
00:00:48consterné les Démocrates,
00:00:50décryptage en plateau avec nos experts.
00:00:54Voilà pour le programme.
00:00:55Ça vous regarde, c'est parti.
00:00:57Musique rythmée
00:01:00...
00:01:08Et donc, cette nuit, Trump a fait du Trump.
00:01:12Il s'est félicité d'avoir accompli plus en 43 jours
00:01:15que les autres présidents. En 4 ou 8 ans,
00:01:18on va revenir sur le fond et sur la forme du discours
00:01:22du 47e président des Etats-Unis.
00:01:24On le fait avec nos invités ce soir.
00:01:26Marie-Cécile Nave, bonjour.
00:01:28Vous êtes politiste,
00:01:30directrice de recherche à l'IRIS
00:01:32et autrice de Géopolitique des Etats-Unis.
00:01:35Gallagher Fenwick, bonjour.
00:01:37Vous êtes journaliste,
00:01:38expert des questions internationales.
00:01:40Anne Désines, juriste, spécialiste des Etats-Unis,
00:01:43professeure émérite à l'université Paris-Nanterre
00:01:46et autrice des juges contre l'Amérique
00:01:49aux presses universitaires de Nanterre.
00:01:51Vincent Huges, vous êtes essayiste,
00:01:53journaliste indépendant et enseignant à Sciences Po.
00:01:56Bonsoir à tous les quatre.
00:01:57Vous avez évidemment tout suivi,
00:01:59mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
00:02:02Voilà ce qu'il faut retenir de l'intervention de Donald Trump.
00:02:05C'est le récap de Bruno Deneys.
00:02:07Musique rythmée
00:02:09...
00:02:16Et dans votre récap ce soir, Bruno,
00:02:19on retient beaucoup d'autosatisfaction
00:02:21et un petit peu d'opposition.
00:02:23Oui, dans une mise en scène hautement théâtrale,
00:02:25qui aura tout de même duré une heure et 40 minutes,
00:02:28un record, le toujours très timoré Donald Trump
00:02:32a prononcé un discours qui a commencé comme ceci.
00:02:35America is back.
00:02:37Acclamations
00:02:41L'Amérique est de retour.
00:02:44On allait voir ce qu'on allait voir,
00:02:45mais l'opposition a tout de même tenu à se faire entendre.
00:02:49D'abord, à l'extérieur du Congrès,
00:02:51vous le voyez sur ces images,
00:02:52où des drapeaux ukrainiens ont été brandis,
00:02:55mais également à l'intérieur de la salle
00:02:57où, après avoir sorti des pancartes sur lesquelles on a pu lire faux,
00:03:01un élu démocrate a carrément interrompu le président
00:03:03pour lui rappeler qu'il n'était pas autorisé à faire n'importe quoi.
00:03:07Le président a dit qu'il avait un mandat
00:03:09et j'ai fait clairement comprendre au président
00:03:12qu'il n'avait aucun mandat pour réduire l'aide médicale.
00:03:15Mais ces petits grains de sable n'ont pas empêché
00:03:18la machine Trump de s'emballer
00:03:20et d'annoncer toute une série de nouvelles mesures,
00:03:23dont voici les principales.
00:03:46-"Mon administration va récupérer le canal de Panama
00:03:50et nous avons déjà commencé à le faire."
00:03:53Mais bien au-delà du Panama, c'est bien sûr sur les questions
00:03:56de société que le président américain s'est montré
00:03:59le plus vindicatif.
00:04:01-"Et notre pays ne sera plus woke."
00:04:07-"Quick", terminer le wokisme.
00:04:09Trump s'y est attaqué à plusieurs reprises
00:04:12avant de réclamer une loi interdisant
00:04:14et criminalisant définitivement les changements de sexe
00:04:18sur les enfants, au motif que, désormais...
00:04:22-"Il y a seulement deux genres, masculin et féminin."
00:04:27-"Parons donc sur la différence.
00:04:29Tout le monde est prié de rentrer de gré ou de force
00:04:32dans le moule d'un président américain
00:04:34qui s'est une nouvelle fois montré qu'on ne peut plus décomplexer."
00:04:38-"Nous allons forger la civilisation la plus libre,
00:04:42la plus avancée, la plus dynamique et la plus dominante
00:04:46qui ait jamais existé sur la surface de cette Terre."
00:04:49-"Reste à savoir, Elsa, si la civilisation la plus dominante
00:04:53de toute la création trouvera des partenaires
00:04:55qui acceptent de se soumettre."
00:04:57Merci beaucoup, Bruno.
00:05:00Marie-Cécile Nave, c'est un passage obligé chaque année,
00:05:03ce discours sur l'Etat de l'Union,
00:05:05et là, Trump l'a transformé en un show,
00:05:08quasiment un show de téléréalité.
00:05:10Ce n'est pas encore le discours sur l'Etat de l'Union,
00:05:13mais c'est un détail, un discours à l'adresse du Congrès,
00:05:16mais effectivement, la forme est identique.
00:05:20Oui, tout un cérémonial,
00:05:21avec à la fois les élus de la Chambre des représentants,
00:05:24du Sénat, les membres de la Cour suprême
00:05:27et quelques invités qui ponctuent le rythme
00:05:29de cet événement très protocolaire.
00:05:31Je dirais que c'était très long,
00:05:33c'est un des plus longs...
00:05:35-"Un record".
00:05:36Ca ne m'étonne pas que ce soit un record,
00:05:38c'était très long, et on aurait cru à un nouveau meeting,
00:05:42comme s'il était encore en campagne,
00:05:44de toute façon, même chez Trump,
00:05:46depuis le début, depuis 2016,
00:05:47on ne sait pas trop quand il est président ou en campagne.
00:05:51Un discours aux accents très revanchards,
00:05:53voire vengeurs, très diviseurs aussi,
00:05:56avec la désignation d'ennemis intérieurs divers,
00:05:59toujours les mêmes, les immigrés, les LGBT,
00:06:02ceux qui ne sont pas d'accord avec lui,
00:06:04tous ceux qui ne lui prêtent pas allégeance,
00:06:06et du côté des élus républicains,
00:06:08on a vu une cour de courtisans qui disent oui à tout,
00:06:11même les choses qui remettent en cause,
00:06:13de manière très décomplexée, l'Etat de droit.
00:06:16C'était marquant sur son entrée,
00:06:18il voulait même quasiment le toucher.
00:06:20Donald Trump a surtout dit que tout ça,
00:06:22c'était que le début, il n'entend pas du tout s'arrêter là,
00:06:26il va continuer à faire ce qu'il a promis.
00:06:28-"Piégé par son hubris",
00:06:29cette sorte d'ivresse de puissance,
00:06:32il veut imprimer un rythme fou,
00:06:34car je pense qu'il y a chez lui une sorte d'exaltation,
00:06:37à la fois revancharde et donc exaltée.
00:06:41Deux petites remarques parmi les courtisans
00:06:44qui l'entourent et qui, très souvent,
00:06:48font assaut de loyauté, voire de servilité à son égard.
00:06:52J'ai quand même été marqué par le faciès de Marco Rubio.
00:06:56Chez lui, l'hébétude est une seconde nature,
00:06:58on l'avait déjà remarqué dans le bureau Oval
00:07:01calamiteux échange avec Volodymyr Zelensky,
00:07:04on le sentait très embarrassé,
00:07:06comme s'il avait voulu se fondre dans son canapé
00:07:08ou disparaître sous terre,
00:07:10et là, il y a eu un plan de coupe absolument pénétrant
00:07:13au moment où il remet sur le tapis le Panama,
00:07:17et on voit que Rubio est terriblement embarrassé,
00:07:20alors que les autres, évidemment, sont, encore une fois,
00:07:23dans les loges. Deuxième remarque,
00:07:25de l'autre côté du spectre politique...
00:07:28Voilà. Alors, on a vu, à l'instant,
00:07:30évidemment, la sortie de Al Green,
00:07:33donc cet élu démocrate,
00:07:35mais je me dis que le fait
00:07:38qu'aucun autre élu, à ce moment-là,
00:07:40ne lui emboîte le pas,
00:07:42guidé par sa simple dignité,
00:07:44CNN, la chaîne américaine,
00:07:46a quand même relevé, dans la foulée du discours,
00:07:4913 mensonges
00:07:51ou affirmations grossièrement fallacieuses.
00:07:54Eh bien, ça, ça dit quelque chose aussi, quand même,
00:07:58d'être une sorte de tétanie des démocrates.
00:08:00On a beaucoup ergoté sur le silence assourdissant
00:08:03des anciens présidents, notamment Obama,
00:08:06et je trouve qu'il y a là un facteur d'inquiétude.
00:08:08Justement, Anne Dezine, les démocrates,
00:08:11on les a vus avec leur pancarte,
00:08:13mais effectivement, cet élu, très seul à se manifester,
00:08:16à quitter la salle, il n'y a pas vraiment d'opposition
00:08:19à Donald Trump sur le plan politique ?
00:08:21Est-ce qu'ils sont les moyens de lui dire stop ?
00:08:23Donald Trump dit qu'il signe des décrets,
00:08:26j'arrête l'aide à l'Ukraine du jour au lendemain.
00:08:28Il n'y a pas un moyen de protester, de s'opposer ?
00:08:31Les démocrates sont encore sous le choc
00:08:33et surtout, ils n'ont pas fait l'autocritique.
00:08:36Il y a encore deux camps,
00:08:38un camp qui estime que Harris n'a pas fait campagne
00:08:40suffisamment à gauche,
00:08:42d'autres qui trouvent qu'elle a insuffisamment mis l'accent
00:08:45sur les questions économiques et sociales,
00:08:48donc à la fois...
00:08:50le niveau de vie, le coût de la vie
00:08:52et puis les programmes sociaux,
00:08:54Medicare, Medicaid et Social Security,
00:08:57et quand même, il n'y a pas eu d'autocritique.
00:08:59Il n'y a personne qui dit qu'on est allé trop
00:09:02sur les questions sociales.
00:09:03Le wokisme, il faut voir que dans l'opinion,
00:09:06il y a une majorité, il n'y a pas une majorité forte
00:09:09pour soutenir Trump et certainement pas lorsqu'il démantèle
00:09:12les agences, qu'il limoge les fonctionnaires
00:09:15et qu'il s'apprête à réduire Medicaid,
00:09:17donc l'aide aux démunis, mais il y a une vraie majorité
00:09:20pour trouver que les démocrates en ont trop fait
00:09:23de ceci, de ceux-ci, les prenons-y-elles, etc.
00:09:26Et là, il n'y a aucune autocritique.
00:09:29D'ailleurs, la démocrate qui a fait le contre-discours
00:09:32n'a, à mon avis, pas abordé ces thèmes essentiels
00:09:35parce que Trump est en train de perdre des voix.
00:09:37On voit qu'il y a un retournement dans l'opinion,
00:09:40mais pour qu'il y ait un retournement,
00:09:42en particulier aux prochaines élections de 2026,
00:09:45encore faut-il que les démocrates offrent quelque chose
00:09:48pour lequel les gens veulent voter.
00:09:50Il faut le devoir davantage bientôt.
00:09:52Gallagher-Fenwick, on regarde ça un peu éberlué de France,
00:09:55mais il faut se rappeler, Donald Trump a été
00:09:58non seulement élu, réélu, son programme,
00:10:00il n'a pas caché les choses, c'est-à-dire qu'il a dit,
00:10:03et pourtant, les Américains le soutiennent,
00:10:06même si on le voit, ce soutien s'érode.
00:10:08Comment juge-t-il ces premières semaines à la Maison-Blanche ?
00:10:11Ca dépend des Américains, des Américaines
00:10:14auxquelles vous vous adressez.
00:10:15Ce qui est intéressant, c'est qu'après son discours,
00:10:18il y a eu des sondages qui ont été effectués très rapidement,
00:10:22et vous avez une vaste majorité des sondés
00:10:24qui ont approuvé ce qui a été dit par Donald Trump,
00:10:27voire même qui ont ressenti une fierté.
00:10:29Et vous avez bien sûr, essentiellement,
00:10:31des Républicains qui ont regardé, qui se sont, j'allais dire,
00:10:35par infligé ce discours, parce que c'était quand même très long,
00:10:381h40, mais ça veut aussi dire, il faut le reconnaître,
00:10:41qu'il y a des démocrates qui n'ont pas voté pour Donald Trump,
00:10:45mais qui sont d'accord avec certaines idées,
00:10:47qui sont frustrés par rapport à la présidence Biden,
00:10:50qui trouvent que le coût de la vie est trop cher
00:10:52et qu'il faut faire quelque chose,
00:10:54et qui trouvent aussi que sur la question migratoire,
00:10:57il faut agir. Maintenant, pour moi,
00:10:59ce que j'ai vu, en tous les cas, hier soir,
00:11:02se manifester de manière très concrète
00:11:04dans ce camp démocrate, c'est ce qui était caché jusqu'ici,
00:11:07qui se déroule en coulisses.
00:11:09Vous avez deux écoles chez les démocrates.
00:11:11Une école qui dit que ça fait des années
00:11:14qu'on est poli et décent pendant qu'ils jouent sale.
00:11:16Qu'on bloque tout, qu'on utilise tout ce qu'il y a
00:11:19dans l'arsenal législatif pour faire l'enfer à Donald Trump.
00:11:22Et ils ont les moyens de le faire ?
00:11:24Bien sûr, il y a un arsenal législatif.
00:11:27On sait qu'il y en a, puisque c'est ce que les Républicains ont fait,
00:11:30avec Barack Obama, avec Joe Biden.
00:11:32Et vous avez un autre camp, celui qui est resté poliment
00:11:35dans la salle hier soir et qui n'a pas applaudi,
00:11:38mais qui a fait preuve ou, j'allais dire,
00:11:41montre de la dignité qu'il sied à un Sénacle pareil,
00:11:43parce que, voilà, quand on est élu à la Chambre
00:11:46et au Sénat, on a une certaine image
00:11:48du coeur de la démocratie américaine,
00:11:50la manière dont on doit s'y comporter,
00:11:53et qu'on ne met pas des T-shirts, pas des affiches, etc.
00:11:56Tout ça est en train de déchirer, dans une certaine mesure,
00:11:59un parti démocrate qui est, c'est vrai,
00:12:01partagé entre une forme de tétanie, de sidération,
00:12:04mais aussi d'hésitation sur la meilleure des manières de combattre.
00:12:08Est-ce que la Cour suprême, la Chambre des représentants,
00:12:11le Congrès, est-ce qu'il y a un moyen de bloquer,
00:12:13de mettre des bâtons dans les roues de Donald Trump ?
00:12:16Théoriquement, c'est un système rule of law,
00:12:19primauté du droit, avec des contre-pouvoirs.
00:12:21Mais au Congrès, il n'y a pas de contre-pouvoirs,
00:12:24puisque les Républicains sont majoritaires.
00:12:27Les sénateurs républicains ont accepté toutes les nominations,
00:12:30y compris les pires. Ils acceptent aussi
00:12:32que Musk élimine leurs agences,
00:12:34alors que la création d'une agence et la suppression d'une agence,
00:12:38ça relève du Congrès.
00:12:39Il n'y a plus de contre-pouvoirs, les médias ont peur,
00:12:42les médias font de l'autocensure,
00:12:44paient des dommages d'intérêt plutôt que de s'affronter avec Trump.
00:12:48Il reste le judiciaire.
00:12:49Ce qui est intéressant, c'est que la Cour suprême
00:12:52est très clairement à droite et à droite radicale.
00:12:55Mais là, les démocrates ont utilisé les armes des Républicains,
00:12:58c'est-à-dire qu'ils ont fait du forum shopping,
00:13:01ils ont intenté leurs actions en justice,
00:13:03là où ils savaient qu'il y avait des juges progressistes
00:13:06qui, a priori, stopperaient...
00:13:08Pour le moment, ce sont des ordonnances,
00:13:11pour bloquer tel décret de Trump.
00:13:13Et donc, pour le moment, sur un panorama,
00:13:16grosso modo, les démocrates réussissent à freiner un peu,
00:13:20mais il faut se rendre compte que le dommage sera fait.
00:13:23Les agences sont démantelées, les scientifiques sont au chômage.
00:13:26C'est possible de voir peut-être des contre-pouvoirs
00:13:29s'élever contre Trump ?
00:13:30Non, mais là, la question d'attaquer en justice,
00:13:33et il y a un certain nombre de décisions prises par décret
00:13:36qui sont illégales et probablement même anticonstitutionnelles,
00:13:40il ne faut pas partir du principe
00:13:41que ça va être respecté par l'administration.
00:13:44C'est-à-dire que...
00:13:45Quand bien même la Cour suprême pourrait dire que c'est illégal,
00:13:48il pourrait continuer.
00:13:50La Cour suprême vient aujourd'hui de bloquer un décret
00:13:53sur le gel d'une partie de USAID,
00:13:55donc l'aide au développement.
00:13:58Rien ne laisse supposer que ça ne va pas continuer
00:14:01d'être gelé, d'être bloqué par l'administration.
00:14:04Tout ce que fait Musk, sans aucun mandat,
00:14:06il n'est pas ministre, il n'a pas été confirmé par le Sénat,
00:14:09il a accès à tous les codes sources des administrations fédérales,
00:14:12à toutes les données personnelles de la moitié des Américains,
00:14:16il décide de couper, comme avec un tableau Excel,
00:14:18on coupe de manière aléatoire dans les budgets des administrations,
00:14:22on licencie les fonctionnaires.
00:14:24Une partie de ça, c'est bloqué dans les tribunaux.
00:14:27Il continue de le faire.
00:14:28C'est là aussi qu'il y a une remise en cause de l'Etat de droit,
00:14:31savoir que la séparation des pouvoirs, le trumpisme,
00:14:34s'assoit dessus.
00:14:35Je vous propose de parler d'économie.
00:14:37Donald Trump en a énormément parlé.
00:14:39Il persiste et signe sur les droits de douane.
00:14:42-"Les droits de douane vont rendre les Etats-Unis
00:14:44de nouveau riches et grands.
00:14:46Cela va se produire, et même plutôt rapidement.
00:14:49Il y aura quelques perturbations, mais nous sommes d'accord avec ça,
00:14:52ce ne sera pas grand-chose."
00:14:54-"Vincent Huges, peut-être que pour la première fois,
00:14:57Donald Trump reconnaît qu'il peut y avoir
00:14:59quand même quelques perturbations."
00:15:01-"Et d'ailleurs, depuis ce propos, son secrétaire au commerce,
00:15:04qui s'appelle Howard Lupnick, a nuancé en disant que peut-être,
00:15:08s'agissant du Canada, certaines catégories de produits,
00:15:11il est resté évasif, il a évoqué l'automobile,
00:15:14pourraient y échapper."
00:15:15On a l'impression qu'on est toujours
00:15:17dans ce carousel infernal des annonces.
00:15:19J'observe d'ailleurs que les foyers de résistance éventuels
00:15:24existent aussi en dehors des Etats-Unis.
00:15:26Claudia Scheinbaum, la présidente du Mexique,
00:15:29a fait remarquer que, par exemple,
00:15:3180 % des individus trafiquants arrêtés,
00:15:35s'agissant du fentanyl,
00:15:36à des points d'entrée du territoire américain...
00:15:39-"Une drogue qui fait des ravages aux Etats-Unis."
00:15:42-"C'est un opiacé de synthèse dévastateur."
00:15:44On a eu aussi la réaction de José Raúl Moulinot,
00:15:47le président du Panama, qui a dit qu'il ne cèderait pas le canal
00:15:50et il a rappelé le traité de 1999
00:15:52qui transférait la maîtrise du dit canal...
00:15:55-"Gallagher, Fenwick, sur ces droits de douane,
00:15:58Donald Trump va regarder Wall Street
00:16:00et il va voir si ça plonge et il va revenir en arrière,
00:16:03est-ce que c'est du bluff ?
00:16:04Il va regarder les milieux économiques,
00:16:06j'imagine, lui, qui est milliardaire.
00:16:08Pour avoir regardé les chaînes américaines hier soir,
00:16:11pendant qu'il annonçait ces tarifs,
00:16:13vous aviez un petit bandeau rouge en dessous,
00:16:16le Dow Jones, qui est en train de dégringoler.
00:16:19D'ailleurs, comme l'a très bien dit Vincent,
00:16:21Howard Lutnick, qui avait un peu de friture sur la ligne,
00:16:24disait... -"Secrétaire d'Etat au commerce."
00:16:27La Maison-Blanche vient d'annoncer l'exemption
00:16:30pour les véhicules sur les droits de douane,
00:16:32pour le Mexique et le Canada.
00:16:34Il y a une manière d'avancer à vue.
00:16:36Pour que les gens comprennent ce qu'est en train d'essayer de faire
00:16:40Donald Trump, et moi, je ne suis pas économiste,
00:16:43mais ça me paraît très risqué, c'est de dire que l'Amérique
00:16:46s'est faite arnaquer principalement par ses amis et ses alliés,
00:16:50mot que n'utilise jamais Donald Trump pendant des décennies,
00:16:53c'est terminé, on va faire baisser les impôts
00:16:55et c'est vous, les Européens, les Canadiens, les Mexicains,
00:16:59qui allez payer pour ces baisses d'impôts aux Etats-Unis.
00:17:02On voit bien que...
00:17:03Qu'est-ce qui se passe si demain, l'inflation galope,
00:17:06les prix augmentent ?
00:17:07Donald Trump est dans une réalité alternative.
00:17:10Il dira que c'est pas de sa faute ?
00:17:12Les contre-pouvoirs constitutionnels
00:17:14n'existent pratiquement plus.
00:17:15On a des sortes de contre-pouvoirs implicites.
00:17:18L'opinion, la porte-monnaie ?
00:17:20Oui, le monde des affaires.
00:17:22De même qu'on a les entreprises qui ne veulent pas
00:17:24les droits de douane,
00:17:25parce qu'elles savent les conséquences,
00:17:28on a aussi le secteur de l'agriculture,
00:17:30qui ne veulent pas l'expulsion de tous ces sans-papiers,
00:17:33parce que l'agriculture, de même que le secteur du retail,
00:17:36la distribution, repose sur ces gens sans-papiers.
00:17:39On a une sorte de principe de réalité.
00:17:41Le problème, c'est que les gens,
00:17:43les milliardaires autour de Trump, sont conscients de ces éléments,
00:17:47mais Trump n'écoute pas.
00:17:48Il ne fait que ce qu'il veut.
00:17:50Il n'écoute pas la voie de la raison et de la réalité.
00:17:53Cécile Naaf, Justine Trudeau, Premier ministre du Canada,
00:17:56dit qu'il est en guerre commerciale.
00:17:58Trump dit qu'il n'en fait pas assez pour lutter contre cette guerre.
00:18:02Est-ce que ce qu'on entend dans les pays voisins,
00:18:05les haussementons des voisins des Etats-Unis,
00:18:07ça peut fonctionner chez lui ou il n'est que dans le rapport de force ?
00:18:11J'ai l'impression que cette histoire de droit de douane,
00:18:14que lui présente comme un outil de deal,
00:18:16c'est plus un outil de la diplomatie du gourdin.
00:18:19Ce n'est pas tellement un outil de négociation,
00:18:21parce que, soi-disant, il avait négocié
00:18:24avec le Mexique et le Canada, déjà,
00:18:26dans le cadre, en plus, d'accords que lui-même a scellés en 2020,
00:18:30quand il était au pouvoir lors de son premier mandat,
00:18:33et finalement, non, je reviens dessus,
00:18:35je remets 25 %, etc.
00:18:36Donc, on va voir, en fait, on est vraiment dans l'incertitude,
00:18:40parce que, comme toutes les alliances sont en train d'exploser,
00:18:43les alliances dans lesquelles sont les Etats-Unis,
00:18:46les alliances formelles, commerciales, militaires,
00:18:49tout était en train d'exploser,
00:18:51et tout est en train de se reconfigurer
00:18:53avec, sans doute, de nouvelles coopérations
00:18:56et de nouveaux partenariats.
00:18:57Donc, oui, dans le monde, il va y avoir
00:19:00des mesures de rétorsion et de la riposte,
00:19:02on le voit en Europe pour le militaire
00:19:04et, sans doute, pour le commercial, demain.
00:19:07Et si, demain, cette riposte fait que les Américains
00:19:10doivent dépenser plus, que le coût de la vie augmente,
00:19:13ils pourraient ouvrir les yeux, peut-être se retourner
00:19:16contre Donald Trump ? C'est vraiment cette inflation,
00:19:19qui pourrait l'obliger dans les prochains mois à changer ?
00:19:22Ca, c'est peut-être un peu de pensée magique.
00:19:24Je reviens des Etats-Unis, et l'inflation, c'est une réalité.
00:19:28Pour le moment...
00:19:29Il dit que c'est Joe Biden.
00:19:31Exactement. Donald Trump, ce qu'il a fait,
00:19:33et on l'a beaucoup entendu hier soir,
00:19:35c'était assez lunaire, il a davantage parlé de Joe Biden
00:19:39que de son projet pour les Etats-Unis.
00:19:41Donc, c'est une de ses retournelles
00:19:43d'hommes en campagne de manière permanente,
00:19:45mais il personnifie le problème et dit
00:19:47qu'il a hérité d'une catastrophe, ce qui est faux, économique.
00:19:51Mais c'est évidemment faux, pour moi,
00:19:54pas pour beaucoup d'Américains,
00:19:56qui sont détachés du réel,
00:20:00parce qu'ils habitent dans un écosystème
00:20:02où ils s'informent via les réseaux sociaux, etc.,
00:20:05où on leur dit que tout est de la faute des démocrates,
00:20:08de Joe Biden, etc., alors que le réel, c'est quoi ?
00:20:11Quand vous allez chez Safeway, faire vos courses,
00:20:13les oeufs sont bien plus chers, les fruits et légumes,
00:20:16ils en achètent peu, mais ils sont très chers,
00:20:19donc il y a une vraie augmentation.
00:20:21Elle est déjà là, cette augmentation du coût de la vie,
00:20:24elle n'est pas à venir.
00:20:25Et pour l'instant, c'est ce que disait Marie-Cécile Nave,
00:20:29on va voir où tout cela se dirige,
00:20:32c'est un peu de navigation à vue,
00:20:34en blâmant tout sur les démocrates
00:20:36et sur les amis et les alliés qui arnaquent les Etats-Unis.
00:20:40-"Le coup de l'héritage", ça marche pendant un certain temps,
00:20:43mais votre ticket n'est plus valable.
00:20:45La névrose obsessionnelle sur Biden est quand même très frappante,
00:20:49ça avait déjà été le cas lors de l'impromptu du bureau Oval,
00:20:53on a l'impression que, même sur son ligne mort
00:20:56et dans son dernier souffle, il maudira encore Biden et les siens.
00:20:59Un des facteurs de la fracture avec Zelensky,
00:21:02c'était le refus, en 2019, d'ouvrir une enquête
00:21:04sur les activités affairistes de son fils Hunter.
00:21:07Tout dernier point, vous avez raison d'évoquer Justin Trudeau,
00:21:11le Premier ministre canadien.
00:21:12J'ai été, je dois le dire, estomaqué
00:21:14par la fermeté de son propos,
00:21:16que tous nos spectateurs peuvent retrouver sur un moteur de recherche,
00:21:20c'est sous-titré, et aussi par une autre décision
00:21:23qui est passée peut-être plus inaperçue,
00:21:25le Premier ministre de l'Ontario, Doug Ford,
00:21:28vient d'annuler un contrat avec Starlink.
00:21:30-"Starlink", l'entreprise d'Elon Musk.
00:21:32La porte-parole de la Maison-Blanche dit
00:21:34que les démocrates sont atteints de démence et de haine
00:21:37pour voir les partis de la démence et de la haine,
00:21:40pour voir le niveau des attaques.
00:21:42Vous me direz si ça vous a surpris qu'on en vienne à l'Ukraine,
00:21:45même si Donald Trump en a parlé très tardivement
00:21:47dans les 10 dernières minutes de son discours.
00:21:50On écoute le président des Etats-Unis.
00:21:52-"J'ai reçu une lettre importante du président ukrainien Zelensky.
00:21:56Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler
00:21:59sous la direction énergique du président Trump
00:22:02pour obtenir une paix durable.
00:22:03J'apprécie qu'il ait envoyé cette lettre.
00:22:07Je l'ai reçue il y a peu de temps.
00:22:09Simultanément, nous avons eu des discussions sérieuses
00:22:12avec la Russie et nous avons reçu des signaux forts
00:22:15indiquant qu'ils sont prêts pour la paix.
00:22:17Ne serait-ce pas magnifique ?"
00:22:19Nous, on s'attendait à ce qu'il parle de l'Ukraine très vite.
00:22:23Marie-Cécile Nafe, ça vous a surpris que ça vienne si tard ?
00:22:26Oui, c'est un peu surprenant.
00:22:28Ce qui est encore plus surprenant, c'est le temps sibilin
00:22:31avec lequel il en parle très peu.
00:22:33On aurait pu penser qu'il allait avoir un moment triomphalis
00:22:36pour dire qu'il allait céder à ses demandes, etc.
00:22:39Pas du tout.
00:22:40Parce que, très probablement,
00:22:43les choses sont en train de se discuter en coulisses, etc.
00:22:48Quand il dit qu'il a parlé avec la Russie,
00:22:51ça, on peut lui faire confiance.
00:22:53Ça fait des mois, des années, qu'il en tient des liens étroits
00:22:56avec Vladimir Poutine et peut-être, ce que je pense avec d'autres,
00:23:00qu'il attend l'avis de Poutine sur cette lettre
00:23:03pour pouvoir dire la suite des choses.
00:23:05On suivra l'allocution d'Emmanuel Macron
00:23:07dans moins de sept minutes, qui reviendra sur l'Ukraine.
00:23:10Cette information, Gallagher-Fenwick,
00:23:13on a appris que les Etats-Unis avaient suspendu
00:23:15aussi le partage de renseignements.
00:23:18C'est très important.
00:23:19Il y a l'aide militaire, financière, humanitaire,
00:23:22mais aussi le renseignement fondamental en Ukraine.
00:23:25Ca a été confirmé par John Ratcliffe,
00:23:27le récemment nommé, confirmé patron de la CIA.
00:23:30Une petite nuance à apporter,
00:23:32et ça, c'est tout le caractère sibilin
00:23:34et ambigu de ce propos.
00:23:36Ca fait partie de la technique d'extorsion
00:23:38avec les Ukrainiens.
00:23:39Il n'y a pas tout le renseignement qui est suspendu,
00:23:42non pas arrêté, mais suspendu.
00:23:44On ne sait pas si c'est sur le ciblage
00:23:46ou sur la capacité d'anticipation,
00:23:48mais c'est une manière de tordre le bras aux Ukrainiens
00:23:51en leur disant qu'on rétablira ça
00:23:53le jour où vous serez assis face aux Russes.
00:23:56Ce qui est en train d'être discuté,
00:23:58c'est que les Américains veulent que, le plus rapidement possible,
00:24:01les Ukrainiens soient assis devant les Russes
00:24:04et qu'on arrête la composition de l'équipe ukrainienne.
00:24:07Anne Désine, on a senti aussi dans la volonté de Donald Trump
00:24:10de laisser penser que Volodymyr Zelensky avait cédé,
00:24:13il est d'accord, il m'a écrit une lettre,
00:24:16il est d'accord pour revenir,
00:24:17c'est merveilleux, ça va peut-être s'arrêter bientôt.
00:24:20Il n'y avait pas de triomphalisme visible,
00:24:23mais il était très implicite
00:24:24quand il a détaillé les sujets de la lettre.
00:24:27Je pensais à autre chose, en plus du partage des renseignements,
00:24:30qui est largement limité.
00:24:33Mais si Musk arrêtait de mettre à disposition
00:24:35ses satellites de communication,
00:24:37ce serait un gros problème pour l'Ukraine.
00:24:40C'est intéressant.
00:24:41Et passer au deuxième plan,
00:24:42dont on a beaucoup parlé la semaine dernière,
00:24:45qui est ce fameux accord sur les météorats.
00:24:47C'est quelque chose que veut Trump et qui, quelque part...
00:24:51Il y a deux visions de cet accord.
00:24:53On peut se dire qu'il est très défavorable pour l'Ukraine,
00:24:56mais on peut se dire aussi qu'une fois
00:24:59que les Américains auront un enjeu sur le territoire ukrainien,
00:25:02et qu'il y aura des routes, il y aura de la prospection,
00:25:05peut-être qu'ils feront en sorte que ce territoire
00:25:08soit protégé des incursions de la Russie.
00:25:10Expliquez-nous, Vincent Hugeot,
00:25:12cet accord sur les terres rares.
00:25:14C'est fondamental, parce qu'il est question d'argent,
00:25:17mais aussi de garantie de sécurité.
00:25:19Qu'est-ce que c'est, cet accord ?
00:25:21Il s'agit de donner, en quelque sorte,
00:25:23sur un mode de prédation coloniale,
00:25:25aux Etats-Unis la maîtrise de la quasi-totalité
00:25:28des minerais rares et des terres rares
00:25:30qui ne se trouvent pas toutes sur le territoire ukrainien,
00:25:33et encore moins sur les territoires
00:25:35qui restent sous la souveraineté de Kiev.
00:25:38Il y avait cette obsession pendant la campagne,
00:25:40drill, drill, drill, creuse, creuse,
00:25:43allusion aux gaz de schiste et autres fracturations hydrauliques,
00:25:46mais là, il y a une sorte d'exportation
00:25:50de cette monomanie-là,
00:25:52et je dirais que dans la réaction de Zelensky,
00:25:56qui a quand même, semble-t-il, donné quelques gages
00:25:59de volonté de réparer la relation,
00:26:01c'est pas drill, drill, drill, mais c'est flat, flat, flat,
00:26:05et je pense qu'effectivement, on a senti,
00:26:07dans le propos qu'on regardait ensemble à l'instant,
00:26:10toute la vanité d'un Trump qui dit
00:26:12qu'il va venir à récipicence
00:26:14et il viendra signer cet accord comme je l'exige.
00:26:17On suit ensemble sur LCP à 20h,
00:26:18dans moins de trois minutes, l'allocution du président
00:26:21de la République, qui sera question de l'Ukraine.
00:26:24Gallagher-Fenwick, dans tous ses messages sur Internet,
00:26:27Volodymyr Zelensky rappelle le leadership des Etats-Unis.
00:26:32Est-ce qu'il cède, contraint et forcé,
00:26:35à Donald Trump, après l'altercation dont on a parlé,
00:26:38ou est-ce qu'il joue aussi avec les Européens ?
00:26:41Demain, il sera présent au sommet européen.
00:26:44Il essaie de garder sur les alliés des deux côtés.
00:26:46Je vais citer Volodymyr Zelensky, ce qu'il a dit
00:26:49lors de ce mouvement durant lequel, je trouve,
00:26:52Donald Trump s'est humilié et humilié l'Amérique
00:26:54dans le bureau Oval de la Maison-Blanche.
00:26:57Zelensky ne joue pas. C'est la survie de son pays
00:27:00qui est en jeu, en l'occurrence, au sens noble et propre du terme.
00:27:03L'aide américaine, militairement parlant,
00:27:06c'est 30 % de ce qui est utilisé sur le champ de bataille.
00:27:09Les Européens, c'est 30 %, et l'Ukraine, c'est 40 %
00:27:12de ce qui est utilisé. Est-ce que les Ukrainiens
00:27:15peuvent faire sans pendant six mois, un an ? Oui.
00:27:17Est-ce que ce sera compliqué et effrayant pour eux ? Oui.
00:27:21Zelensky est un adulte et se comporte comme un adulte
00:27:24de la manière la plus digne et décente possible
00:27:27dans des circonstances aussi inquiétantes.
00:27:29Il ne cède pas à Zelensky, contrairement à ce que peut-être
00:27:33Trump essaye d'avoir un peu comme narratif.
00:27:35Il faut faire attention à ne pas toujours prendre
00:27:38pour argent comptant, et même rarement,
00:27:40ce que dit Trump, qui se définit aussi comme le faiseur de paix,
00:27:44alors qu'il confond allègrement et tout à fait sciemment,
00:27:47je pense, cesser le feu et paix, et paix durable.
00:27:50Lui, ce qu'il veut, c'est un cessez-le-feu
00:27:52pour pouvoir se désengager complètement de l'Europe.
00:27:55Et si après, la guerre reprend en Ukraine ou ailleurs,
00:27:58de la part de la Russie, ce n'est pas son problème.
00:28:01Les Européens, débrouillez-vous comme ça.
00:28:03Il peut dire, j'ai fait la paix, c'est plus notre problème.
00:28:07Il a dit hier...
00:28:08Exactement. Il y a un océan entre nous.
00:28:10...entre Maroseuil et Roosevelt.
00:28:12Oui, qu'il le disait, mais en une manière de rapprocher.
00:28:15On n'est pas du même côté de l'océan.
00:28:17Vincent Huges, est-ce que la France et l'Union européenne
00:28:21peuvent se substituer à l'aide américaine ?
00:28:23Très rapidement,
00:28:24puisque je vous couperai la parole pour le président de la République.
00:28:28Je vais être simpliste, mais de manière instantanée et efficace,
00:28:32non. Il y a des atouts dans le dispositif américain,
00:28:35notamment en termes antiaérien, aérien et de renseignement,
00:28:38on vient de l'évoquer à l'instant,
00:28:40que l'Europe ne peut pas procurer d'une manière surestable
00:28:44à l'Ukraine à l'instant T.
00:28:45L'Europe s'y prend trop tard
00:28:47et il y a, hélas, des retards irratrapables en la matière.
00:28:50Anne Désines, est-ce que,
00:28:52dans l'intervention du chef de l'Etat,
00:28:54il ménage aussi parfois un peu Donald Trump, Emmanuel Macron ?
00:28:58Il ne faut pas non plus...
00:28:59L'Europe a fait beaucoup, contrairement au chiffre avancé
00:29:03par Trump. L'Europe a donné autant que les Etats-Unis
00:29:06et a effectivement payé la même somme, 140 milliards de dollars.
00:29:09Donc, il y a des progrès à faire.
00:29:11On n'est pas gagnés, mais nous sommes sur la bonne voie.
00:29:14Merci à vous quatre d'avoir décrypté,
00:29:17de nous aider à comprendre cette Amérique.
00:29:19La question du président de la République en direct sur LCP.
00:29:22On se retrouve après avec nos invités.
00:29:25Françaises, Français, mes chers compatriotes,
00:29:27je m'adresse à vous ce soir en raison de la situation internationale
00:29:31et de ses conséquences pour notre pays et pour l'Europe,
00:29:34et cela après plusieurs semaines d'action diplomatique.
00:29:38Vous êtes, en effet, je le sais, légitimement inquiets
00:29:41devant les événements historiques en cours
00:29:43qui bouleversent l'ordre mondial.
00:29:45La guerre en Ukraine,
00:29:48qui a entraîné près d'un million de morts et de blessés,
00:29:51continue avec la même intensité.
00:29:53Les Etats-Unis d'Amérique, notre allié,
00:29:55ont changé leur position sur cette guerre,
00:29:58soutiennent moins l'Ukraine
00:30:00et laissent planer le doute sur la suite.
00:30:02Dans le même temps, les mêmes Etats-Unis d'Amérique
00:30:05entendent imposer des tarifs douaniers
00:30:08aux produits venant d'Europe.
00:30:10Enfin, le monde continue d'être sans cesse plus brutal
00:30:14et la menace terroriste ne faiblit pas.
00:30:17Au total, notre prospérité et notre sécurité
00:30:21sont devenues plus incertaines,
00:30:24et il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère.
00:30:29La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de 3 ans.
00:30:32Nous avons, dès le 1er jour, décidé de soutenir l'Ukraine
00:30:36et de sanctionner la Russie.
00:30:37Et nous avons bien fait,
00:30:39car c'est non seulement le peuple ukrainien
00:30:41qui lutte avec courage pour sa liberté,
00:30:43mais c'est aussi notre sécurité qui est menacée.
00:30:47En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe,
00:30:50alors personne ne peut plus être sûr de rien,
00:30:53et c'est la loi du plus fort qui s'applique,
00:30:55et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même.
00:30:59L'histoire nous l'a enseigné.
00:31:02Au-delà de l'Ukraine,
00:31:04la menace russe est là et touche les pays d'Europe,
00:31:07nous touche.
00:31:09La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial.
00:31:12Elle a mobilisé sur notre continent
00:31:14des soldats nord-coréens, des équipements iraniens,
00:31:17tout en aidant ces pays à s'armer davantage.
00:31:21La Russie du président Poutine
00:31:23viole nos frontières pour assassiner des opposants,
00:31:26manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
00:31:29Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux
00:31:32pour en bloquer le fonctionnement.
00:31:34La Russie tente de manipuler nos opinions
00:31:37avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux.
00:31:39Et au fond, elle teste nos limites.
00:31:40Elle le fait dans les airs, en mer, dans l'espace
00:31:44et derrière nos écrans.
00:31:46Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
00:31:50Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer,
00:31:54dépensant plus de 40 % de son budget à cette fin.
00:31:58D'ici 2030, elle prévoit d'encore accroître son armée,
00:32:03d'avoir 300 000 soldats supplémentaires,
00:32:053 000 chars, 300 avions de chasse de plus.
00:32:08Qui peut donc croire, dans ce contexte,
00:32:12que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
00:32:16La Russie est devenue, au moment où je vous parle
00:32:19et pour les années à venir, une menace pour la France
00:32:21et pour l'Europe.
00:32:23Je le regrette très profondément.
00:32:25Et je suis convaincu qu'à long terme,
00:32:28la paix se fera sur notre continent
00:32:29avec une Russie redevenue apaisée et pacifique.
00:32:34Mais la situation que je vous décris est celle-là
00:32:36et nous devons faire avec.
00:32:39Alors, face à ce monde de dangers,
00:32:41rester spectateur serait une folie.
00:32:43Il s'agit, sans plus tarder, de prendre des décisions
00:32:47pour l'Ukraine, pour la sécurité des Français,
00:32:49pour la sécurité des Européens.
00:32:52Pour l'Ukraine, d'abord.
00:32:54Toutes les initiatives qui aident à la paix
00:32:56vont dans le bon sens et je veux ce soir les saluer.
00:32:59Nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister
00:33:03jusqu'à ce qu'ils puissent négocier avec la Russie
00:33:05une paix solide pour eux-mêmes et pour nous tous.
00:33:09C'est pour cela que le chemin qui mène à la paix
00:33:11ne peut pas passer par l'abandon de l'Ukraine.
00:33:14Bien au contraire.
00:33:16La paix ne peut pas être conclue à n'importe quel prix
00:33:19et sous le dictat russe.
00:33:21La paix ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine.
00:33:23Elle ne peut pas être son effondrement.
00:33:26Elle ne peut pas davantage se traduire
00:33:28par un cessez-le-feu qui serait trop fragile.
00:33:30Et pourquoi ? Parce que là aussi, nous avons l'expérience du passé.
00:33:33Nous ne pouvons pas oublier que la Russie
00:33:36a commencé d'envahir l'Ukraine dès 2014
00:33:39et que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk.
00:33:42Et la même Russie n'a pas respecté ce cessez-le-feu.
00:33:45Et nous n'avons pas été capables de maintenir les équilibres
00:33:50faute de garanties solides.
00:33:52Aujourd'hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole.
00:33:55L'Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même.
00:33:59Et c'est notre intérêt.
00:34:00Et c'est l'intérêt de la sécurité du continent européen.
00:34:03C'est en ce sens que nous travaillons
00:34:05avec nos amis britanniques, allemands
00:34:07et plusieurs autres pays européens.
00:34:09C'est pourquoi vous m'avez vu ces dernières semaines
00:34:12rassembler plusieurs d'entre eux à Paris,
00:34:14aller les retrouver il y a quelques jours à Londres
00:34:16pour consolider les engagements qui sont nécessaires à l'Ukraine.
00:34:20Une fois la paix signée,
00:34:22pour que l'Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie,
00:34:26il nous faut le préparer.
00:34:28Cela passera à coup sûr par un soutien à l'armée ukrainienne
00:34:30dans la durée.
00:34:31Cela passera aussi, peut-être,
00:34:33par le déploiement de forces européennes.
00:34:35Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui.
00:34:38Elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front.
00:34:40Mais elles seraient là, au contraire,
00:34:42une fois la paix signée,
00:34:44pour en garantir le plein respect.
00:34:47Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris
00:34:50les chefs d'État-major des pays qui souhaitent
00:34:51prendre leurs responsabilités à cet égard.
00:34:55C'est ainsi un plan pour une paix solide,
00:34:58durable, vérifiable,
00:35:01que nous avons préparé avec les Ukrainiens
00:35:04et plusieurs autres partenaires européens,
00:35:06et que j'ai été défendre aux Etats-Unis
00:35:08il y a 15 jours et à travers l'Europe.
00:35:11Et je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés.
00:35:15Mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas.
00:35:21Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
00:35:24les Etats européens doivent,
00:35:26compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire,
00:35:29être capables de mieux se défendre
00:35:32et de dissuader toute nouvelle agression.
00:35:34Oui, quoi qu'il advienne,
00:35:36il nous faut nous équiper davantage,
00:35:40hausser notre position de défense,
00:35:42et cela pour la paix même, pour dissuader.
00:35:46À ce titre, nous restons attachés à l'OTAN
00:35:48et à notre partenariat avec les Etats-Unis d'Amérique.
00:35:51Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance
00:35:55en matière de défense et de sécurité.
00:35:58L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché
00:36:00à Washington ou à Moscou.
00:36:02Et oui, la menace revient à l'Est.
00:36:05Et l'innocence, en quelque sorte, des 30 dernières années,
00:36:08depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue.
00:36:13À Bruxelles demain, lors du Conseil extraordinaire
00:36:15qui réunira les 27 chefs d'État et de gouvernement
00:36:18avec la Commission et le Président du Conseil,
00:36:22nous franchirons des pas décisifs.
00:36:25Plusieurs décisions seront prises,
00:36:26que la France proposait depuis plusieurs années.
00:36:29Les Etats membres pourront accroître leurs dépenses militaires
00:36:33sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.
00:36:36Des financements communs massifs seront décidés
00:36:38pour acheter et produire sur le sol européen
00:36:42des munitions, des chars, des armes,
00:36:44des équipements parmi les plus innovants.
00:36:48J'ai demandé au gouvernement d'être mobilisé
00:36:50pour que, d'une part, cela renforce nos armées,
00:36:52le plus rapidement possible, et, d'autre part,
00:36:54que cela accélère la réindustrialisation
00:36:56dans toutes nos régions.
00:36:58Et je réunirai, avec les ministres compétents,
00:37:01les industriels du secteur dans les prochains jours.
00:37:05L'Europe de la défense, que nous défendons depuis huit ans,
00:37:09devient donc une réalité.
00:37:11Cela veut dire des pays européens
00:37:13davantage prêts à se défendre et à se protéger,
00:37:16qui produisent ensemble les équipements
00:37:18dont ils ont besoin sur leur sol,
00:37:21qui sont prêts à davantage coopérer,
00:37:23à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde.
00:37:26Et c'est une bonne chose.
00:37:28L'Allemagne, la Pologne, le Danemark,
00:37:31les Etats baltes et nombre de nos partenaires
00:37:34ont annoncé des efforts inédits en matière de dépenses militaires.
00:37:39Alors, dans ce temps de l'action qui s'ouvre enfin,
00:37:42la France a un statut particulier.
00:37:45Nous avons l'armée la plus efficace d'Europe.
00:37:48Et grâce aux choix faits par nos aînés
00:37:50après la Deuxième Guerre mondiale,
00:37:52nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
00:37:55Ceux-ci nous protègent beaucoup plus que nombre de nos voisins.
00:37:59Et de plus, nous n'avons pas attendu l'invasion de l'Ukraine
00:38:02pour faire le constat d'un monde inquiétant.
00:38:05Et à travers les deux lois de programmation militaire
00:38:08que j'ai décidées et que les parlements successifs ont votées,
00:38:12nous aurons doublé le budget de nos armées en presque dix ans.
00:38:17Mais compte tenu de l'évolution des menaces,
00:38:19de cette accélération que je viens de décrire,
00:38:22nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires
00:38:26et des investissements supplémentaires
00:38:28qui sont désormais devenus indispensables.
00:38:31J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible.
00:38:34Ce seront de nouveaux investissements
00:38:35qui exigent de mobiliser des financements privés,
00:38:40mais aussi des financements publics,
00:38:42sans que les impôts ne soient augmentés.
00:38:45Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
00:38:50Notre dissuasion nucléaire nous protège.
00:38:53Elle est complète, souveraine, française de bout en bout.
00:38:58Elle a, depuis 1964, de manière explicite,
00:39:01toujours joué un rôle dans la préservation
00:39:03de la paix et de la sécurité en Europe.
00:39:07Mais répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand,
00:39:11j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique
00:39:14sur la protection par notre dissuasion
00:39:17de nos alliés du continent européen.
00:39:20Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été
00:39:23et restera entre les mains du président de la République,
00:39:26chef des armées.
00:39:29Maîtriser notre destin, devenir plus indépendant,
00:39:32nous devons y oeuvrer au plan militaire,
00:39:35mais aussi au plan économique.
00:39:38Oui, l'indépendance économique, technologique,
00:39:40industrielle et financière sont des nécessités.
00:39:43Nous devons aussi nous préparer à ce que les Etats-Unis
00:39:47décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes,
00:39:51comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique.
00:39:55Cette décision incompréhensible,
00:39:57tant pour l'économie américaine que pour la nôtre,
00:40:00aura des conséquences sur certaines de nos filières.
00:40:03Elle accroît la difficulté du moment,
00:40:06mais elle ne restera pas sans réponse de notre part.
00:40:09Alors, tout en préparant la riposte
00:40:12avec nos collègues européens,
00:40:14nous continuerons, comme je l'ai fait, voilà 15 jours,
00:40:17à tout tenter pour convaincre
00:40:19que cette décision nous ferait du mal à tous.
00:40:22Et j'espère, oui, convaincre
00:40:26et en dissuader le président des Etats-Unis d'Amérique.
00:40:30Au total, le moment exige des décisions sans précédent
00:40:34depuis bien des décennies,
00:40:37sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie,
00:40:40sur toutes nos politiques publiques,
00:40:42nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que Naguère.
00:40:45C'est pourquoi j'ai demandé au Premier ministre et à son gouvernement,
00:40:49et j'invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays,
00:40:54à leur côté, à faire des propositions à l'aune de ce nouveau contexte.
00:40:59Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d'hier.
00:41:05Mes chers compatriotes,
00:41:07face à ces défis et ces changements irréversibles,
00:41:12il ne faut céder à aucun excès,
00:41:15ni l'excès des vates en guerre, ni l'excès des défaitistes.
00:41:19La France ne suivra qu'un cap,
00:41:22celui de la volonté pour la paix et la liberté,
00:41:26fidèle en cela à son histoire et à ses principes.
00:41:31Oui, c'est ce en quoi nous croyons, pour notre sécurité,
00:41:35mais c'est ce en quoi nous croyons aussi, pour défendre la démocratie,
00:41:40une certaine idée de la vérité,
00:41:44une certaine idée d'une recherche libre,
00:41:48du respect dans nos sociétés,
00:41:49une certaine idée de la liberté d'expression,
00:41:52qui n'est pas le retour des discours de haine,
00:41:54au fond, une certaine idée de l'humanisme.
00:41:56C'est cela ce que nous portons et qui se joue.
00:42:00Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents.
00:42:04Pour être à la hauteur de cette époque,
00:42:07et que nous nous comparions aux Etats-Unis d'Amérique
00:42:09et à force surrie à la Russie, nous en avons les moyens.
00:42:12Nous devons donc agir en étant unis en Européens
00:42:16et déterminés à nous protéger.
00:42:20C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
00:42:23Les décisions politiques, les équipements militaires,
00:42:25les budgets sont une chose,
00:42:28mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation.
00:42:32Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix.
00:42:37Il ne tient qu'à nous, que nos enfants récoltent demain
00:42:42les dividendes de nos engagements.
00:42:45Alors, nous ferons face, ensemble.
00:42:49Vive la République, vive la France.
00:43:02On a suivi en direct l'allocution du chef de l'Etat
00:43:06pour Emmanuel Macron.
00:43:07Il ne faut céder à aucun excès, ni l'excès des votes en guerre,
00:43:11ni l'excès des défaitistes.
00:43:13On en débat, comme promis, sur ce plateau.
00:43:15Gallagher Fenwick, merci d'être resté avec nous.
00:43:18Vous êtes journaliste, expert des questions internationales.
00:43:21Eleonore Carrois, bonjour.
00:43:22Députée apparentée au groupe Ensemble pour la République,
00:43:25vous êtes élue des Français de l'étranger.
00:43:27Votre circonscription, c'est l'Amérique du Sud.
00:43:29Aurélien Saint-Aoul, bonjour.
00:43:31Députée la France insoumise des Hauts-de-Seine,
00:43:33Eleonore Carrois, cette prise de parole du chef de l'Etat
00:43:36pour rassurer, mais en même temps alerter sur la situation,
00:43:40elle était nécessaire ?
00:43:41Est-ce qu'il a répondu, d'après vous, aux interrogations des Français ?
00:43:44Oui, je pense que cette prise de parole était absolument nécessaire
00:43:48et qu'il fallait avoir ce discours de vérité,
00:43:50rappeler les faits tels qu'ils sont.
00:43:52Il y a eu, au cours des derniers jours,
00:43:54des faits qui ont préoccupé à très juste titre nos compatriotes,
00:43:58que ce soit la réunion entre le président ukrainien
00:44:00Volodymyr Zelensky, le président Donald Trump
00:44:03et son vice-président, Jay Devens, vendredi à la Maison-Blanche,
00:44:07la réunion qui s'est tenue à Londres
00:44:09entre chefs d'Etat européens et alliés,
00:44:11et puis, surtout, demain, il y a ce Conseil extraordinaire
00:44:14de l'Europe, auquel sont invités un certain nombre de pays alliés,
00:44:18et donc il est très important que ce discours puisse se tenir
00:44:21en amont de cette réunion très importante.
00:44:24Aurélien Saint-Aoul, sur ce monde de danger,
00:44:27ce constat, on le sent, on le ressent tous,
00:44:29la menace est plus grande, les Etats-Unis sont prêts
00:44:32à changer complètement de politique internationale.
00:44:35Avez-vous trouvé les mots du chef de l'Etat justes ?
00:44:38C'est difficile à dire, parce qu'en réalité,
00:44:40il a quand même beaucoup enchaîné les poncifs,
00:44:43les tartes à la crème, il a été dans un niveau
00:44:45de généralité très élevé, alors, effectivement,
00:44:48on est dans une situation où on comprend que le monde
00:44:51est dangereux, mais il l'est depuis des années,
00:44:53et il a surtout, il s'est gardé de faire le bilan
00:44:56de huit ans de macronisme, expliquer que, bien sûr,
00:44:59la France n'est pas en danger immédiatement,
00:45:01il me semble que c'était nécessaire,
00:45:03et je l'avais dit lors du débat 50-1 de lundi.
00:45:06Donc je crois qu'il y avait un vrai besoin
00:45:08d'entendre quand même une parole un peu rassurante.
00:45:11De ce point de vue-là, je crois qu'on sera d'accord
00:45:14avec ma collègue, mais c'est vrai
00:45:17qu'il y a un grand absent dans tout ce discours,
00:45:20c'est l'explication des motivations réelles
00:45:22des Etats-Unis dans ce qui se passe et leur rôle,
00:45:25et le fait que Trump est en train de faire du chantage,
00:45:28de faire du chantage au financement de la défense.
00:45:31Il a expliqué qu'il voulait que les Européens
00:45:34payent 5 % du PIB pour rester dans l'OTAN,
00:45:36pour continuer à apporter une forme de sécurité.
00:45:39Vous auriez voulu un bras de fer qu'Emmanuel Macron...
00:45:42Dans un bras de fer avec Donald Trump ?
00:45:44Moi, il me semble que le moment est venu
00:45:46de poser des actes d'indépendance,
00:45:48que ce soit pour la France et pour que ça ait du sens.
00:45:51Il le dit, il faut plus dépendre des Etats-Unis.
00:45:54Il faut poser des actes dans ce sens-là.
00:45:56Jusqu'à présent, en réalité,
00:45:58on a eu des pétitions de principe,
00:46:00mais pas de signes réellement encourageants.
00:46:03M. Merz a écrit sur Twitter, il y a deux jours,
00:46:05qu'il fallait reconstruire des ponts sur l'Atlantique
00:46:08avec Washington.
00:46:10Peter Starmer, lui, n'a rien dit,
00:46:12après l'humiliation de Zelensky et Mélanie non plus.
00:46:15Bien sûr, on comprend qu'il y ait des besoins
00:46:17d'augmentation des financements.
00:46:19Le troisième point qui me paraît dangereux ou inquiétant,
00:46:23c'est la mobilisation de ce contexte particulier
00:46:25pour dire qu'il va falloir faire des sacrifices,
00:46:28des efforts.
00:46:29En réalité, si tout ça ne sert d'abord à pousser
00:46:33un agenda néolibéral, comme on dit...
00:46:35On y reviendra.
00:46:36...dans les budgets sociaux, ça ne sera pas accepté
00:46:39par la population.
00:46:40Gallagher, sur ce qu'il a dit,
00:46:42il n'y a pas de grand secret, ni militaire, ni stratégique,
00:46:46mais sur la menace russe des mots très forts contre la Russie,
00:46:50des mots plutôt de négociations, de tentatives de persuasion
00:46:53avec Donald Trump, et puis des annonces,
00:46:56des réunions des chefs d'Etat-major,
00:46:58des réunions des industriels.
00:46:59Qu'est-ce que vous, vous en ressentez,
00:47:02ça avance, Emmanuel Macron donne des rendez-vous ?
00:47:04Oui, absolument.
00:47:05En fait, ce qu'il est en train d'écrire,
00:47:08me semble-t-il, c'est un basculement
00:47:10que nous vivons et que nous commentons.
00:47:12Il parle de la fin d'une période mal nommée,
00:47:14à savoir celle des dividendes de la paix.
00:47:17Il parle désormais de dividendes des engagements.
00:47:19Il décrit une situation où la guerre classique,
00:47:23au sens classique, est à nos portes,
00:47:25mais au sens hybride, elle est sur notre territoire,
00:47:28puisqu'il parle d'attaques numériques
00:47:30contre nos hôpitaux.
00:47:32Vous pouvez faire mourir des gens...
00:47:34Il dit mer, air, espace, écran.
00:47:36Vraiment, la menace hybride.
00:47:38Oui, voilà.
00:47:39Mais, effectivement, ce qu'il est en train d'annoncer
00:47:42en demi-teinte, mais que tout le monde ressent,
00:47:45c'est que ça va coûter, donc ça va piquer.
00:47:47Maintenant, le diable est dans le détail.
00:47:50Où s'écoupe ?
00:47:51Parce que le pot n'étant pas extensible à l'infini,
00:47:55il va falloir opérer des choix budgétaires
00:47:58qui vont être drastiques,
00:48:00parce que s'il faut réalimenter un effort de défense,
00:48:03de réindustrialisation,
00:48:04il va falloir aller chercher cet argent quelque part.
00:48:07De manière assez ironique, c'est peut-être là
00:48:10que la France va s'inscrire dans la même dynamique
00:48:13que les Etats-Unis, couper de l'aide publique
00:48:15afin de reverser une partie de ces fonds
00:48:19vers de la défense, de l'industrie...
00:48:21On va s'interroger sur ces budgets,
00:48:23le budget de la défense,
00:48:25qui a été considérablement augmenté,
00:48:27mais Emmanuel Macron le dit, il y a des choix à faire,
00:48:30pour revenir sur la situation pour l'Ukraine.
00:48:33Léonore Carrois dit qu'il faut une paix,
00:48:35mais pas une paix fragile, pas un cessez-le-feu fragile.
00:48:38On a senti ces derniers temps
00:48:40que c'était sur cette question
00:48:42qu'il y avait une incompréhension
00:48:43entre les Etats-Unis et l'Ukraine.
00:48:46Volodymyr Zelensky veut la paix,
00:48:47mais il ne veut pas la paix à n'importe quel prix.
00:48:50Emmanuel Macron reprend les éléments
00:48:52du président ukrainien.
00:48:54Ca va au-delà d'une incompréhension
00:48:56entre les Etats-Unis et la France,
00:48:58l'Angleterre et les pays européens.
00:49:00C'est une reprise, de la part de Donald Trump,
00:49:04de certains éléments de Vladimir Poutine
00:49:06qui dit qu'il faut arrêter les combats, point, on verra.
00:49:10Non, nous savons, nous, Européens,
00:49:12que lorsque l'on a fait cela avec la Russie,
00:49:14lorsqu'on parle des accords de Minsk-1 et Minsk-2,
00:49:17qu'en réalité, la Russie n'a pas respecté ses engagements.
00:49:20On sait aussi que la Russie est en train de se réarmer.
00:49:23C'était important de montrer ce graphique,
00:49:25c'était extrêmement pédagogique de voir ce que la Russie
00:49:28est en train de faire.
00:49:30Les nombres de soldats qu'il pourrait y avoir en 2030,
00:49:33l'évolution de l'armée russe.
00:49:34C'est la tendance, en réalité,
00:49:36de ce que la Russie est en train de faire.
00:49:39De là, il faut en tirer des conséquences,
00:49:41qui ne sont pas les conséquences que l'on voudrait,
00:49:44parce que l'objectif, c'est, et ça sera toujours, la paix,
00:49:47mais si l'on soutient réellement un pays qui a été envahi,
00:49:50un Etat souverain qui est l'Ukraine,
00:49:52qui, depuis trois ans, se bat pour sa liberté,
00:49:55il faut aussi prendre, enfin, réellement regarder les faits.
00:49:58C'est là où je pense qu'un certain nombre d'hommes et de femmes
00:50:02politiques en France, et Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen,
00:50:05pour ne pas les nommer, adhèrent également à ce discours
00:50:08de ce soi-disant pacifiste qui veut en arrêter les combats,
00:50:11ce n'est pas du tout le message
00:50:13qu'est en train de nous envoyer Vladimir Poutine.
00:50:16Aurélien Saint-Aul, il le dit, Emmanuel Macron,
00:50:18il faut travailler une paix, mais une paix solide,
00:50:21envisager peut-être des déploiements
00:50:23de forces européennes, mais il rassure en disant,
00:50:26attention, il ne s'agit pas d'envoyer des soldats demain
00:50:29pour combattre. Sur cette notion-là,
00:50:31est-ce que vous êtes rassuré ?
00:50:33Est-ce que, oui, il peut y avoir des soldats européens
00:50:36pour maintenir une paix durable ?
00:50:38Ce que je trouve frappant, quand il évoque précisément
00:50:41le sujet ukrainien, c'est qu'il n'est pas précis du tout
00:50:44et qu'il fait comme s'il avait encore une place
00:50:46à la table des négociations. La réalité, c'est qu'après 3 ans,
00:50:50d'activisme ou pas, je ne sais pas comment il faut qualifier
00:50:53l'action du président de la République en la matière,
00:50:56les Européens et les Français sont hors-jeu.
00:50:58Quand il dit qu'il est allé aux Etats-Unis
00:51:01pour essayer de convaincre Donald Trump,
00:51:03on voit que la parole de la France ne compte pas.
00:51:06Quelques jours après...
00:51:07Le président ukrainien compte peut-être sur les Européens
00:51:10pour contrebalancer ce que dit Donald Trump.
00:51:13Il peut compter dessus, mais Mme Carroix, à l'instant,
00:51:16dit qu'il faut parler des faits. Je suis d'accord avec elle.
00:51:19Quels sont les moyens dont nous disposons réellement
00:51:22pour apporter une aide à l'Ukraine ?
00:51:24Je donne toujours cet exemple, parce qu'il est criant.
00:51:27Les industries, ou en particulier l'industrie française,
00:51:30sont pas en capacité de fournir et le besoin national
00:51:33et le besoin ukrainien, etc., etc.
00:51:35Aujourd'hui, il est clair que M. Zelensky
00:51:38est en train de négocier avec, non pas un revolver sur la tempe,
00:51:41mais deux revolvers sur la tempe,
00:51:43celui de Vladimir Poutine et celui de Donald Trump.
00:51:46Donald Trump se comporte comme un parrain de la mafia
00:51:49qui vous dit qu'il va vous faire une offre
00:51:51que vous ne pouvez pas refuser.
00:51:53Ce sera 500 milliards de minerais et de terres rares
00:51:56ou on vous laisse tomber.
00:51:57Il faut avoir conscience de la réalité des forces en présence
00:52:00et faire semblant et dire que nous allons obtenir
00:52:04une paix durable et avec des vraies garanties.
00:52:08Si le président de la République y arrive,
00:52:10je lui tirerai mon chapeau, mais je crois qu'encore une fois,
00:52:13on joue un air de flûte et c'est pas une bonne chose.
00:52:16Dire des choses sans rapport avec la réalité,
00:52:19en particulier dans le domaine international,
00:52:21c'est préparer des réveils douloureux
00:52:24avec des réactions dans les populations
00:52:26difficiles à comprendre et surtout de vrais chocs
00:52:28et des risques d'effondrement.
00:52:30-"Gallagher-Fenwick", Emmanuel Macron dit
00:52:33qu'il faut que la France et plus généralement l'Europe
00:52:36se tiennent prêts si les Etats-Unis ne sont plus à nos côtés.
00:52:39On en est là, c'est-à-dire qu'on se demande
00:52:41si les Etats-Unis sont un allié.
00:52:43Il l'a dit dans son discours, il faut mieux se défendre
00:52:46car on pourra peut-être demain ne compter que sur nous-mêmes.
00:52:50Il l'a dit de manière, j'allais dire, très polie
00:52:52en ouverture de son allocution, en expliquant que les Etats-Unis
00:52:56sont un sujet de position.
00:52:57Manière de dire, effectivement, qu'on ne peut plus,
00:53:00pour notre défense collective en tant qu'Européens,
00:53:03dépendre de quelques milliers d'électeurs en Pennsylvanie
00:53:06ou dans d'autres Etats pivots et clés
00:53:10tous les quatre ans aux Etats-Unis.
00:53:12Il s'agit donc d'avancer vers une autonomie stratégique,
00:53:15une défense européenne commune.
00:53:17C'est extrêmement compliqué à A27.
00:53:20D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si,
00:53:22avant ce sommet exceptionnel,
00:53:24le président reçoit celui qui sera probablement
00:53:26l'un des personnages les plus problématiques
00:53:29dans les tentatives d'avancer vers cela,
00:53:31le Premier ministre hongrois, Victor Orban.
00:53:34Il se tourne plutôt du côté de la Russie.
00:53:36Il n'est pas si isolé que ça,
00:53:38puisqu'on sait qu'il rejoint par FITSO le Slovaque sur ce sujet.
00:53:41Donc, ça va être très compliqué,
00:53:43mais effectivement, l'Europe n'a pas, n'a plus le choix.
00:53:47M. le député a, à l'instant, parlé, avec juste titre,
00:53:50de ces deux pistolets.
00:53:51Aujourd'hui, l'Europe connaît, dans une certaine mesure,
00:53:54l'Europe d'abord, j'allais dire, du Groenland à l'Estonie,
00:53:58avec deux acteurs majeurs des relations internationales
00:54:02qui ne regardent pas l'Europe d'un bon oeil.
00:54:04E. Carroix, Emmanuel Macron, justement, le dit,
00:54:08ça fait huit ans que je prône une Europe de la défense,
00:54:11donc il la prenait dans le désert.
00:54:13Est-ce qu'aujourd'hui, les partenaires européens
00:54:17sont prêts à y aller ?
00:54:18C'est vrai qu'Aurélien Santoul,
00:54:20vous pouvez, même si vous critiquez Emmanuel Macron,
00:54:23l'Europe de la défense, on l'entend dans ses discours.
00:54:26Pourquoi ça n'a pas pu se faire avant et pourquoi ça se fait maintenant ?
00:54:30On n'a pas d'autre choix ?
00:54:31Vous avez raison, il le dit depuis huit ans,
00:54:34et on peut lui reconnaître cette constance
00:54:36et cette cohérence dans son discours et dans cette volonté
00:54:39de créer une Europe de la défense.
00:54:41Il y a des choses qui ont été faites,
00:54:43il y a cette compétence de la Commission,
00:54:46il y a des armements qui se font ensemble,
00:54:48il y a, justement, dans cette expérience de l'aide à l'Ukraine,
00:54:51des expériences qui ont eu lieu,
00:54:53mais jusqu'à présent, un certain nombre de nos partenaires européens
00:54:57avaient tendance à se dire qu'il vaut mieux se mettre
00:55:00sous le parapluie américain, que ce soit par habitude,
00:55:03que ce soit par facilité.
00:55:05Il y a aussi des partenaires européens
00:55:07qui ont acheté du matériel américain
00:55:09alors qu'ils auraient pu acheter du matériel français.
00:55:12Je pense même, par exemple, aux Suisses.
00:55:14On est très dépendants du matériel militaire américain.
00:55:17Nous, on a fait ce choix d'augmenter,
00:55:19on a doublé le budget de notre défense,
00:55:21on l'a voté ici, au Parlement,
00:55:23on a fait un choix responsable par rapport à notre pays,
00:55:26mais si on veut peser, il faut peser en Européens.
00:55:29Au sein de l'Europe et de ce groupe d'alliés,
00:55:31la France a une place particulière,
00:55:33et le président le rappelait,
00:55:35parce que le général de Gaulle nous a permis
00:55:37d'avoir cette place au Conseil de sécurité de l'ONU,
00:55:40parce que nous sommes une puissance dotée,
00:55:43nous avons une responsabilité qui est autre
00:55:45et des moyens différents.
00:55:46Parce que nous avons la puissance nucléaire, justement.
00:55:49Je vous propose d'écouter le président de la République
00:55:52qui a parlé de ce statut particulier qu'a la France.
00:55:55Grâce aux choix faits par nos aînés
00:55:57après la Deuxième Guerre mondiale,
00:55:59nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
00:56:02Ceci nous protège beaucoup plus que nombre de nos voisins.
00:56:05Elle a, depuis 1964, de manière explicite,
00:56:08toujours joué un rôle dans la préservation
00:56:11de la paix et de la sécurité en Europe.
00:56:13Mais, répondant à l'appel historique,
00:56:16du futur chancelier allemand,
00:56:18j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique
00:56:21sur la protection par notre dissuasion
00:56:23de nos alliés du continent européen.
00:56:27Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été
00:56:30et restera entre les mains du président de la République,
00:56:34chef des armées.
00:56:35Aurélien Saint-Aoul, le président de la République le dit,
00:56:38ce sera lui le maître de la dissuasion nucléaire,
00:56:41mais il veut ouvrir ce débat stratégique.
00:56:44Est-ce que nous pouvons protéger nos voisins européens
00:56:47avec notre arme nucléaire ?
00:56:49Il a choisi à dessin une formule extrêmement floue,
00:56:52la protection par notre dissuasion.
00:56:54Alors, évidemment, avec ce genre de mots,
00:56:58on ne peut pas dire qu'on est ni pour ni contre.
00:57:00Il nous a dit...
00:57:01C'est un autre chef d'Etat qui va décider
00:57:04d'actionner le bouton nucléaire.
00:57:06Je ne suis pas ennemi des discussions,
00:57:08on peut discuter avec tout le monde.
00:57:10Néanmoins, il y a un principe clair,
00:57:12la France a fait le choix d'avoir une dissuasion souveraine
00:57:15et de ne pas dépendre d'un protecteur.
00:57:17Pendant 60 ou 70 ans, on a expliqué clairement
00:57:20que nous ne croyons pas à la possibilité
00:57:22d'être protégés par une autre bombe atomique que la nôtre.
00:57:25J'ai du mal à comprendre ou à savoir comment d'autres
00:57:28pourraient adhérer à l'idée qu'une autre bombe que la leur,
00:57:32d'une certaine façon, puisse les protéger.
00:57:34On verra.
00:57:35Les pays ne peuvent pas s'en doter aujourd'hui.
00:57:38Ils n'ont pas le choix.
00:57:39Il y a une discussion, je ne suis pas dogmatique,
00:57:42mais je ne vois pas comment ils pourraient adhérer à cette idée.
00:57:46Il faut revenir sur la question de l'Europe de la défense.
00:57:49C'est l'élément de langage que les macronistes
00:57:51aiment mettre en avant, mais plusieurs choses.
00:57:54D'abord, ce n'est pas une nouveauté.
00:57:56L'idée d'Europe de la défense figure déjà dans le traité
00:57:59de Maastricht, il y a un pilier européen de l'OTAN.
00:58:02Jusqu'à présent, nos partenaires n'étaient pas favorables.
00:58:05C'est sous cet angle-là que ça a toujours été porté
00:58:08et déclaré.
00:58:09Nicolas Sarkozy, quand il décide de la réintégration
00:58:12du comité...
00:58:14-...du commandement intégré de l'OTAN.
00:58:16-...de l'OTAN, il le fait à ce titre-là
00:58:18et avec ces mêmes éléments de langage.
00:58:20Il n'y avait pas de nouveauté.
00:58:22Deuxième point, il y a une vraie question
00:58:24sur le principe et la légitimité.
00:58:26Est-ce que c'est l'Europe de la Commission européenne
00:58:29ou de Mme Merkel ?
00:58:31On a un problème.
00:58:32Les traités européens ne donnent pas ce genre de prérogative.
00:58:35Il va falloir dire des choses clairement.
00:58:38Et puis, dernier point,
00:58:39sur le bilan de cette Europe de la Défense
00:58:42et ses soi-disant avancées, en réalité,
00:58:44dans bien des circonstances, au nom de l'Europe de la Défense,
00:58:47on a sacrifié un appareil industriel souverain français
00:58:50où on a fait peser un risque très lourd sur des productions.
00:58:54J'alerte sur la question des programmes franco-allemands
00:58:57et sur celui de chars franco-allemands
00:58:59qui met en danger la capacité française à produire des chars.
00:59:02-"Gallagher-Fenwick", sur la dissuasion nucléaire,
00:59:05il veut ouvrir le débat.
00:59:07Ce sera, à votre avis, un des sujets du sommet de demain ?
00:59:10C'est pour ça qu'Emmanuel Macron a voulu dire assez clairement,
00:59:13peut-être pas suffisamment pour les uns,
00:59:15ce qu'il comptait faire.
00:59:17C'est une révolution copernicienne qui est en cours de préparation,
00:59:20qui consisterait, pour les Européens,
00:59:23à développer une culture stratégique commune,
00:59:25ce qui est une tâche sisyphéenne,
00:59:27parce qu'il faut convaincre,
00:59:29mais Donald Trump y aide grandement en ce moment,
00:59:31des Etats baltes, les Allemands et d'autres
00:59:34n'étaient pas intéressés.
00:59:35Tout à l'heure, on parlait du Groenland.
00:59:37Les Danois avaient opté pour la clause de l'opt-out
00:59:40sur les questions de défense.
00:59:42Ils veulent savoir ce que l'Europe peut faire en matière de défense.
00:59:46Juste, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'Emmanuel Macron
00:59:49est volontairement sibilin sur cette question,
00:59:52précisément parce que c'est un des piliers
00:59:54de la dissuasion nucléaire.
00:59:56Il faut avoir une ambiguïté.
00:59:57Mais la ligne de crête qui doit être parcourue,
01:00:00et c'est extrêmement compliqué,
01:00:02c'est qu'il faut à la fois renforcer le caractère,
01:00:05si vous voulez, la dimension européenne
01:00:07de notre dissuasion, en expliquant que nos intérêts vitaux
01:00:10ne s'arrêtent pas à nos frontières,
01:00:12et en même temps, donc, convaincre qu'elle est fiable
01:00:16pour des alliés et des voisins proches,
01:00:18mais sans donner trop de détails
01:00:20pour, précisément, protéger cette ambiguïté stratégique
01:00:24qui est très importante.
01:00:25On peut retenir dans l'allocution du chef de l'Etat
01:00:28sa volonté de rassembler le Premier ministre
01:00:30autour du Premier ministre,
01:00:32les forces politiques, économiques, syndicales,
01:00:35puisqu'il le dit, ça va coûter de l'argent.
01:00:37Emmanuel Macron veut mettre tout le monde autour de la table
01:00:41et il espère avoir une union nationale
01:00:43en disant que l'effort de guerre,
01:00:45on est d'accord pour le mener tous ensemble ?
01:00:47Il y a très peu de choses sur lesquelles on a été d'accord
01:00:51dans cette Assemblée au cours des deux dernières années,
01:00:54et s'il y a un texte qui s'est très bien passé,
01:00:56c'est la loi de programmation militaire.
01:00:59Elle a permis de doubler...
01:01:00Elle a permis d'augmenter les moyens de la défense.
01:01:03Il y a d'autres priorités.
01:01:05Vous me demandez mes priorités personnelles.
01:01:07Il faut augmenter les budgets
01:01:09pour la préservation de la biodiversité.
01:01:11Tous les Français peuvent se rendre compte,
01:01:14quelle que soit leur sensibilité,
01:01:15quelle que soit leur priorité,
01:01:17qu'il faut être à la hauteur de ses enjeux.
01:01:20Aujourd'hui, la place de la France dans le monde
01:01:22exige que l'on la maintienne
01:01:24et que l'on puisse protéger nos alliés et les pays européens.
01:01:27La précédente législature, Aurélien Saint-Aul,
01:01:30est-ce qu'on peut imaginer un Parlement
01:01:33qui se rassemblerait à discuter sur ces questions,
01:01:36sur les choix à faire, privilégier la défense ?
01:01:38Emmanuel Macron l'a dit,
01:01:40on sort le budget de la défense des 3 %,
01:01:42c'est quand même une annonce aussi importante.
01:01:45Est-ce qu'il peut y avoir des discussions
01:01:47autour du Premier ministre, des forces économiques,
01:01:50pour savoir comment faire ?
01:01:52Ce qui est frappant, c'est qu'à chaque fois
01:01:54qu'on a une crise en face de nous,
01:01:56on se rend compte que tout ce qui est posé
01:01:58comme un dogme d'orthodoxie budgétaire ne valait pas.
01:02:01Donc, encore une fois, moi, ce qui me frappe,
01:02:04c'est que quand il y a les questions de crise écologique,
01:02:07comme le dit Mme Carroix, là, c'est pas une crise,
01:02:10on peut faire respecter le 3 %,
01:02:12le mandat de la Banque centrale européenne,
01:02:14qui est exclusivement anti-inflation, etc.
01:02:18Donc, moi, si vous voulez, là, on voit encore le pot au rose.
01:02:22Il y a une façon...
01:02:23La situation est peut-être un peu particulière,
01:02:26on a une guerre aux portes de l'or.
01:02:28Ca signifie profondément quelque chose,
01:02:30à quoi je tiens à le dire,
01:02:32c'est que, fondamentalement, les macronistes
01:02:34et ceux qui nous gouvernent depuis des années
01:02:37n'ont pas compris ce que c'est que l'économie,
01:02:39ce que c'est que l'investissement,
01:02:41ce que c'est que l'endettement,
01:02:43ce que c'est que l'investissement dans la durée.
01:02:46Vous dites qu'il faut mettre plus d'argent
01:02:49dans le budget de la Défense.
01:02:50Pourquoi faire ?
01:02:51Parce qu'encore une fois,
01:02:53madame Carroix vient de parler de la LPM,
01:02:55de la loi de programmation militaire,
01:02:58en disant que c'était un bon moment.
01:03:00Il y a eu une vraie discussion, et c'est très rare.
01:03:03Les macronistes discutent très rarement
01:03:05avec les oppositions et les informent rarement.
01:03:08A l'époque, j'avais rendu hommage au ministre
01:03:10qui avait su créer un climat de discussion.
01:03:13Néanmoins, nous ne l'avons pas voté,
01:03:15cette loi de programmation militaire,
01:03:17et parce que nous avions de bonnes raisons pour cela.
01:03:20Précisément, un des objectifs de la loi de programmation militaire,
01:03:24c'était de faire de nous un allié exemplaire
01:03:26dans l'espace euro-atlantique.
01:03:28C'était écrit noir sur blanc,
01:03:30le meilleur élève de la classe autanienne.
01:03:33Deux ans plus tard, on avait raison de dire
01:03:35qu'on aurait dû poser des actes de rupture.
01:03:37On n'a pas voté pour, parce qu'il y avait un manque
01:03:40criant sur la question du territoire national
01:03:43et des Outre-mer.
01:03:44Ce sont des sujets qui n'ont pas été revus.
01:03:47Aurélien Saint-Oulé, Léonore Carrois,
01:03:49Galawar Fenwick, merci beaucoup.
01:03:51On continuera à parler, évidemment, du sommet européen.
01:03:54Demain, vous aurez la joie de la retrouver,
01:03:57Myriam Mankawa.
01:03:58On continue à suivre ces sujets sur LCP.
01:04:00Je vous souhaite une belle soirée documentaire
01:04:03sur la chaîne parlementaire.
01:04:04SOUS-TITRAGE REX
01:04:07Générique

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