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Lundi 24 février 2025, retrouvez Florent Wabont (Économiste, ECOFI), Jeanne Asseraf-Bitton (Directeur de la Recherche et Stratégie, BFT-IM) et Frédéric Rozier (Coresponsable de la gestion de portefeuille, Mirabaud) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète, marcher et
00:13analyser plus particulièrement encore les résultats des élections fédérales en Allemagne
00:18et les enjeux de ces résultats d'élections sur l'économie et pour les investisseurs.
00:24Jeanne Asraf Bitton est avec nous, directeure de la recherche et de la stratégie de BFTIM.
00:27Bonsoir Jeanne.
00:28Bonsoir Emmanuel.
00:29Jean-Claude Florent-Vabon, économiste chez ECOFI.
00:31Bonsoir Florent.
00:32Bonsoir Emmanuel.
00:33Et Frédéric Rosier qui nous accompagne également, co-responsable de la gestion de portefeuille
00:36chez Mirabeau.
00:37Bonsoir Frédéric.
00:38Bonsoir Emmanuel.
00:39Merci à vous trois d'être là.
00:40Ravis de vous retrouver Jeanne.
00:41Vous avez la parole pour quelques commentaires à chaud sur ces résultats d'élections
00:45fédérales en Allemagne, l'idée qui avance est celle d'une coalition bipartite entre
00:50les vainqueurs de CDU et de CSU et un des perdants, à savoir le parti SPD d'Olaf
00:56Scholz.
00:57Qu'est-ce que ça peut impliquer ?
00:58En matière de réflexion sur la stratégie économique de l'Allemagne et puis pour les
01:03investisseurs globaux et les marchés financiers ?
01:05D'abord, ce qui est intéressant, il me semble, c'est que le résultat est relativement
01:10proche de ce que les sondages nous indiquaient, donc il n'y a pas de grande surprise.
01:15Bon point pour les sondeurs.
01:16Dans les années qu'on a connues, c'est déjà un point important.
01:20C'est quand même très proche.
01:24Ensuite, ce qui est intéressant, c'est qu'il va y avoir, entre guillemets, s'il
01:30semble, se décider effectivement d'une coalition avec deux grands partis, ce qui
01:34veut dire davantage d'agilité, davantage de prise de décision, probablement en faveur
01:41d'une politique fiscale plus expansionniste, ça c'est vrai, mais de l'autre côté,
01:46on notera quand même que même s'ils devaient inclure les verts, ils n'auraient pas la
01:51majorité des deux tiers qui est nécessaire pour une réforme constitutionnelle.
01:56Alors, est-ce qu'ils en ont vraiment besoin pour arriver à opter pour une politique plus
02:03expansionniste ? Probablement pas.
02:05Mais enfin, c'est moins favorable, on va dire, que s'ils avaient déjà une majorité.
02:10Ça se joue à par gonchots en réalité.
02:12Mais ils n'ont pas la majorité des deux tiers.
02:14Et puis, sinon, peut-être quand même, effectivement, des espèces de scissions importantes avec
02:25l'Allemagne de l'Est, où l'AFD est le premier parti, et de loin.
02:29Dans tous les lenders de l'Est, la carte est une fracture limpide.
02:35Oui, c'est assez étonnant.
02:36Une fracture dont j'ai entendu parler récemment, que je n'attendais pas du tout, et je n'ai
02:41aucune explication en l'occurrence, c'est une fracture dans la population jeune entre
02:47hommes et femmes.
02:48Oui.
02:49Surprenante.
02:50Jeunes femmes allemandes votent à gauche, jeunes hommes allemands votent à droite,
02:54voire très à droite.
02:55Et très à gauche, en l'occurrence, pour les jeunes femmes.
02:57C'est Die Linke, AFD.
02:59Exactement.
03:00Donc, étonnant.
03:01Donc, peut-être des choses...
03:02Donc, c'est le fameux gender gap.
03:04Là, on a l'impression qu'il se passe quelque chose, mais c'est rare.
03:07On ne l'a pas vu dans beaucoup d'endroits, donc il est très prononcé.
03:11Et puis, sinon, on attend clairement une politique...
03:17Alors, je pense que beaucoup de choses vont dépendre de ce que va faire l'Europe en termes
03:22d'augmentation des dépenses militaires.
03:24C'est-à-dire que s'ils font un truc un peu comme pour le Covid, du style, les dépenses
03:29militaires, on ne les compte pas dans les règles, si on les écarte.
03:36Exactement.
03:37Parce que l'Allemagne a quand même dit qu'elle voulait monter, en gros, de 2,1% à 3% du
03:41PIB en termes de dépenses militaires.
03:43Donc, voilà.
03:44Sinon, tout est plus compliqué, parce que si on doit prendre un point de PIB pour augmenter
03:48les dépenses militaires, il faut faire des arbitrages.
03:50Donc, même s'ils arrivent à remonter le niveau de déficit autorisé, c'est compliqué.
03:56Mais je pense que l'Europe va être contrainte, de toute façon, de contourner les règles.
04:00Donc, vous dites, quelle que soit la manière, que ce soit sur le plan ou dans la dimension
04:06européenne ou dans la dimension domestique, l'alliance qui se dessine entre CDU, CSU
04:11et SPD va quand même dans le sens d'une politique budgétaire plus relâchée.
04:17Oui.
04:18Quelle que soit la manière qu'on trouvera.
04:19Oui.
04:20Ce ne sera peut-être pas d'une ampleur très importante et certainement pas pour cette
04:25année.
04:26C'est-à-dire que les impacts sont plutôt…
04:27Budget 2026.
04:28Oui.
04:29Là, le budget 2025 pour jusqu'en mars, je crois encore, mais…
04:31Ce sera pour 2026.
04:32Oui, oui.
04:34Florent, comment vous regardez ? Alors, l'équation politique allemande, bien sûr, est derrière
04:37le degré d'ouverture budgétaire qu'on peut attendre du prochain gouvernement allemand,
04:43la manière de faire, les méthodes, on peut contourner, évidemment, certaines règles.
04:47Il y a beaucoup d'ingénierie fiscale possible de ce point de vue-là.
04:51Quand je regarde la réaction du marché obligataire allemand, spécifiquement, je n'ai pas l'impression
04:54que les investisseurs obligataires se disent qu'il va y avoir un tombereau de dettes
04:58allemandes qui va être mis sur le marché, là, dès demain, comme ça.
05:01Non, parce que comme ça vient d'être dit, ça dépend aussi de ce que va faire l'Europe.
05:04Parce qu'on a parlé, là, il y a quelques temps, d'un plan d'émission de dettes communes.
05:08Alors, ça, forcément, ça fait pression sur les taux plutôt à la baisse, en réalité.
05:15On a déjà vu une petite tension sur les taux allemands, en l'occurrence, la semaine
05:21passée.
05:22Donc, en réalité, c'est le calme plat aujourd'hui, parce que ça avait déjà été plutôt intégré
05:26la fois précédente.
05:27Comme ça vient d'être dit, il n'y a pas vraiment de véritables surprises.
05:31Je rajouterais néanmoins une toute petite nuance, c'est qu'il semblerait qu'entre le
05:35CDU, le CSU et le SPD, il y ait quand même quelques points de discorde sur certaines
05:40mesures.
05:41Puisque le parti qui est arrivé en tête est plutôt pro-business, le SPD modère un peu
05:48le point là-dessus.
05:49Et puis, pour aller chercher la réforme constitutionnelle, comme ce qui vient d'être dit, il va falloir
05:53aller chercher surtout à gauche.
05:54L'AFD a dit qu'elle ne voterait pas cette réforme constitutionnelle, c'est la position
05:58de partie en tout cas de l'AFD et de son leader, Alice Weidel.
06:02Donc, c'est avec D.
06:03Lincoln qu'il faudrait négocier ce point-là.
06:06Et sur le plan de défense, ça va être moins évident.
06:09Sur des plans de dépense gouvernementales pour relancer l'activité, réorienter le
06:14modèle économique allemand, pourquoi pas, je pense.
06:17Effectivement, sur la défense, il va y avoir des réticences et ça va vraiment être important
06:21que l'Europe se montre vraiment très ferme là-dessus sur ce qu'elle va faire.
06:26Et pour conclure, je trouve que ça participe au fameux narratif qu'on avait évoqué la
06:31dernière fois, lorsque j'étais venu début janvier, de regains d'autonomie stratégique
06:35de l'Europe.
06:36Là, on est en plein dedans.
06:37Et il y a pas mal de plans qui ont été annoncés et donc on est vraiment là-dedans.
06:41La position de D.
06:43Lincoln, si je résume, c'est pas d'augmentation du budget de la défense, mais d'accords pour
06:47réformer le frein à l'endettement.
06:49C'est ça.
06:50C'est ce qui semble émerger pour l'instant.
06:51C'est sur ce genre de point que la négociation peut se jouer avec la future coalition.
06:57Et le parti, l'un des partis d'extrême gauche.
07:00Frédéric, vos commentaires sur ces résultats et les réactions de marché.
07:04Je disais, bon, ça bouge peu sur le marché obligataire qui avait peut-être anticipé
07:06effectivement ce résultat assez conforme au sondage.
07:09Sur le marché action, le DAX est positif, mais c'est surtout le MDAX, les valeurs moyennes
07:14allemandes qui surperforment là aujourd'hui.
07:16C'est normal parce que dans le programme, il y avait, d'Alcidew, notamment, il y avait
07:19une baisse de l'IS, à 25% de mémoire le taux proposé.
07:25Donc, après, il faut le financer.
07:27C'est vrai que les Allemands ont cette particularité d'avoir mis dans la Constitution, pour éviter
07:32les dérapages, je crois que c'est l'article 109 de mémoire, et même d'avoir pensé
07:37qui allait se répartir éventuellement les sanctions de l'Europe s'il y avait des dérapages
07:42entre les Landes et le gouvernement fédéral.
07:44Donc, tout était pensé.
07:45Le plan est bien ficelé.
07:48Alors, après, vous savez, c'est comme, voilà, quand vous ficelez, c'est bien un peu dur
07:53de déficeler ça.
07:54Donc, effectivement, il y a une réaction qui est très, réaction pour le marché,
07:58l'énergie, par exemple, des choses qui étaient un peu mises sous pression, notamment avec
08:01les gouvernements précédents, notamment avec l'influence des verts.
08:04Donc, on voit des titres comme E.ON rebondir, le secteur automobile, par exemple.
08:08Les appartements d'énergie, les utilities marchent bien aujourd'hui, et le real estate,
08:13l'immobilier aussi.
08:14Exactement.
08:15Et les logements qui rebondissent également, parce qu'on sait qu'il y a un déficit de
08:18logements très important en Allemagne.
08:20Donc, on voit que le marché se met dans un mode qu'on a trouvé finalement avec la nomination
08:27de Bayrou.
08:28Quelque part, c'est un peu la même réaction, je trouve, sur le marché.
08:32Il n'y a pas une incidence sur les taux comme on l'a eu en France au moment de la nomination
08:35de M. Bayrou, mais plutôt, effectivement, une réaction plutôt pro-business qui s'opère,
08:40notamment sur les valeurs industrielles, énergie et, effectivement, real estate, donc vraiment
08:44les valeurs sensibles notamment à l'investissement et à la baisse de la fiscalité, un mouvement
08:50qu'on avait eu aux États-Unis aussi avec la nomination de Trump et la baisse du IES
08:54qui était souhaitée par M. Trump.
08:56Et le DAX, dans ce contexte, ça reste un indice fort, un indice leader en Europe ?
09:01Alors, il y a beaucoup de valeurs très en retard.
09:03Encore, au sein de l'indice ?
09:05Oui, donc il reste encore, on parlait de l'immobilier, l'immobilier a largement sous-performé également
09:10en Allemagne.
09:11Je ne vous parle même pas d'un Volkswagen qui était un peu en déprime, le secteur
09:14économique est en déprime.
09:15Donc, voilà, il y a un phénomène de rattrapage tout naturellement qui s'opère sur le marché
09:20allemand, à mon avis, qui est effectivement peut-être en train de phase de reprise comme
09:25l'a été le marché français au sein de l'Europe depuis maintenant deux mois.
09:28On est à peu près dans la même phase.
09:29Jeanne, je reste un peu sur l'Allemagne quand même, la perspective d'une politique budgétaire
09:36allemande un peu plus expansionniste, toutes proportions gardées, je crois qu'il faut
09:39avoir bien ça en tête.
09:41Qu'est-ce que ça peut impliquer pour la conjoncture européenne ?
09:45Est-ce qu'à horizon 2026, il y a quelque chose qu'on peut voir à travers des chiffres
09:50économiques en Allemagne ?
09:51Est-ce que c'est le sujet ?
09:52Qu'est-ce que ça peut impliquer pour la Banque centrale européenne également ?
09:56Si on a des changements un peu structurels peut-être dans la façon de fonctionner en
10:00Allemagne ?
10:01Je vais commencer par la deuxième question, parce que je trouve qu'elle est très en lien
10:04avec ce qu'on vient de dire, c'est-à-dire si tant est qu'ils ne font pas des arbitrages
10:09budgétaires, ce qui semble quand même le plus probable, il va falloir augmenter les
10:13émissions de dettes.
10:14Quand on fait juste l'exercice d'augmenter les dépenses militaires de 2,1 à 3 pour
10:21l'Allemagne, 2,1 à 3 pour la France et Italie qui sont à 1,5 et Espagne à 1,3, pareil,
10:27on les remonte à 3.
10:28On s'aperçoit que ça représente quand même sur les émissions brutes allemandes et espagnoles
10:3615% de hausse.
10:38De plus ?
10:39Oui.
10:40Et pour France-Italie, je donne les chiffres arrondis, c'est à peu près 8, 9, 10%.
10:45Et ce qui est intéressant de voir, c'est qu'effectivement les marchés obligataires
10:49ne bougent pas beaucoup.
10:50Ça sous-tend que probablement la BCE est quand même là, elle a des outils, elle a évidemment
10:58le réinvestissement, mais elle a aussi le fameux outil antifragmentation qu'elle peut
11:04parfaitement utiliser si jamais besoin.
11:07C'est-à-dire qu'elle maintient, il y a une espèce de poutre comme ça, et je pense que
11:11ça joue en partie effectivement l'idée que de toute façon la BCE veillera à ce qu'il
11:17n'y ait pas d'incidents majeurs.
11:18Et que l'absorption se fasse correctement.
11:21Et qu'il n'y ait pas de disruptions sur les marchés obligataires si tentés qu'ils doivent
11:24se financer par la dette.
11:26Ça, c'était le deuxième volet de la question.
11:32Maintenant, comment est-ce que ça peut jouer pour la macro de la zone ? Il faut quand même
11:36réaliser cette espèce de dispersion inédite qu'on a depuis un petit moment entre, je
11:43vais surtout parler de l'Espagne, mais entre l'Espagne qui a en gros une croissance plus
11:47forte que les Etats-Unis.
11:48Je citerais le Portugal, la Grèce aussi, parce que c'est le poids lourd, c'est le poids
11:53lourd des périphériques.
11:54Mais n'oublions pas les autres.
11:56Du coup, même le concept de ce qu'on appelait avant sur l'étau les périphériques, c'est
11:59plus très périphérique.
12:00Et puis, de l'autre côté, on a le cœur de l'Europe, et quand on regarde les prévisions
12:07qu'ont fait à la fois la Bundesbank et la Banque de France en décembre, ils donnaient
12:13pour cette année 0,2 % de croissance pour l'Allemagne seulement.
12:17Là, le consensus de marché est à 0,3 %.
12:21C'est un petit peu plus ensuite, mais c'est très faible, alors que vous avez des croissances
12:27très importantes.
12:28Ça fait cinq ans que l'économie allemande stagne.
12:30Et c'est vrai aussi, parce que pour la France, elle ne stagne pas, mais elle ne stagne pas
12:34parce qu'il y a de la dépense publique.
12:36Évidemment.
12:37Je suis désolée, c'est un peu bon.
12:39En revanche, quand vous regardez la demande intérieure privée, elle stagne.
12:42Et donc, on est sur les deux pays-cœur de l'Europe qui ont été un frein absolument
12:47incroyable.
12:48Donc oui, ça serait effectivement un élément majeur, parce qu'on ne voit pas pour l'instant
12:56en quoi la baisse des taux à venir de l'ABCO, etc., pourrait freiner le dynamisme des pays
13:02du Sud.
13:03Il n'y a pas de raison.
13:04Et en plus, il faut réaliser qu'une partie du dynamisme des pays du Sud est liée au
13:09ce qu'on appelait le « New Generation EU », donc les plans qui ont été attribués
13:16et qui sont quand même sur des montants colossaux.
13:18C'est 10 % du PIB, à peu près, pour l'Espagne, pour l'Italie, etc.
13:22En fait, pour la France et l'Allemagne, c'est presque zéro.
13:25Et donc, leurs effets, c'est 2025 et 2026.
13:29Donc, ça veut dire que le momentum est plus élevé, mais le fait qu'il y ait un peu
13:36de reprise, ça pourrait aussi dynamiser la France.
13:39Alors, en attendant la grande révolution fiscale et budgétaire en Allemagne, en intégrant
13:44cette perspective, qu'est-ce qu'on peut dire de la situation conjoncturelle ?
13:48C'est vrai qu'on a vu une Christine Lagarde sur La Dernière Réunion s'accrocher toujours
13:53au récit de la reprise économique en zone euro, pour justifier une approche graduelle,
13:59meeting par meeting, etc.
14:01Ce récit, ce narratif de reprise économique en zone euro, on en a débattu, ne serait-ce
14:06qu'avec les chiffres du quatrième trimestre de PIB, alors on aura plus de détails cette
14:10semaine, pays par pays, mais c'est vrai qu'il n'y a rien eu de très glorieux pour
14:13démarrer 2025, en tout cas, en effet, d'entraînement.
14:16Non, alors, on part d'assez bas, c'est vrai, les surprises ne peuvent que naître
14:21positives.
14:23C'est ce qui s'est passé au début d'année, on a des chiffres qui ont été un peu meilleurs
14:26que ce qu'on anticipait, on s'attend toujours au pire pour l'Europe depuis quelques années,
14:30et puis donc, en réalité, ce qui se passe aujourd'hui, depuis le début de l'année,
14:34c'est aussi le reflet de ce qui se passe sur les marchés d'action européens, c'est
14:37qu'il y a un peu de mieux.
14:38Il y a un peu de mieux, et je rebondis sur ce qui a été dit sur les différences en
14:42termes de croissance au sein de la zone euro, ces différences-là, elles s'expliquent
14:45surtout par la part du secteur manufacturier dans ses économies, c'est-à-dire que les
14:50économies qui ont été le plus impactées par les hausses de taux, c'est évidemment
14:54l'Allemagne, alors il n'y a pas que le fait des hausses de taux, il y a aussi la
14:56Chine, il y a aussi le modèle qui dépendait du cas russe, etc., mais quand on regarde
15:01la part du secteur manufacturier et la sensibilité des économies au taux d'intérêt, aux baisses
15:06de taux d'intérêt de la BCE, on voit qu'il y a une forme de corrélation positive.
15:09Ce qui veut dire qu'en réalité, l'économie espagnole est beaucoup plus servicielle que
15:14manufacturière, contrairement à ce qu'on pourrait penser, et elle a très très bien
15:17fonctionné l'an dernier, et en 2025, si on se dit qu'il reste encore quelques baisses
15:22de taux dans les tuyaux, ça veut dire que ça peut faire des coups de bouse pour ces
15:25économies-là, notamment l'Allemagne, et l'Allemagne c'est quand même le premier
15:28poids dans l'économie, dans le PIB de la zone euro, et donc toute bonne nouvelle qui
15:32pourrait venir d'une politique budgétaire plus expansionniste, de surprises positives
15:37à partir de points très très bas, parce qu'on s'attendait au pire, va faire en sorte
15:41que le consensus révise ses prévisions de croissance à la hausse, en tout cas, nous,
15:45c'est notre scénario.
15:46Puis un autre élément important, mais on y reviendra sans doute, c'est tout ce qui
15:49se passe du côté de la guerre commerciale.
15:50Bien sûr.
15:51Pour le moment, Donald Trump n'a pas abdiqué, on peut même être étonné qu'il n'a pas
15:59forcément beaucoup mentionné l'Europe dans ses discours, un petit peu, mais pas autant
16:02que pendant la campagne.
16:03On y viendra, mais gardez la parole, parce que dans les sujets européens, avant de parler
16:09de la guerre commerciale de Donald Trump, il y a la perspective d'un cessez-le-feu
16:12entre la Russie et l'Ukraine, c'est peut-être le dossier prioritaire du moment, d'ailleurs,
16:17pour Donald Trump, aujourd'hui.
16:19Là aussi, qu'est-ce que ça implique pour l'Europe, pour l'économie européenne, pour
16:25les marchés d'action en Europe ?
16:27C'est difficile de spéculer sur la fin d'une guerre, mais en tout cas, sur le cessez-le-feu
16:32tel que dans les conditions qui ont été évoquées par Donald Trump, on a du mal à
16:36voir quand même l'Europe sortir gagnante de tout ça.
16:39La rhétorique de Donald Trump, c'est quand même durcie, notamment à l'égard de Zelensky,
16:45mais on a de l'autre côté un ministre ukrainien qui dit que les discussions vont bon train
16:50malgré tout avec…
16:51Ça dépend à quel niveau les discussions se tiennent, j'ai l'impression.
16:53Tous les jours, on a des sons de cloches différents, mais si on prend comme hypothèse qu'on
16:58a une résolution du conflit et que, peu importe, les conditions sont importantes, mais admettons
17:04qu'on ait une résolution du conflit, ça veut potentiellement dire un peu moins d'inflation
17:08et un peu plus de croissance.
17:10Et donc ce cocktail-là, finalement, ne change pas véritablement la donne pour la BCE, pour
17:15rebondir sur la question de tout à l'heure, puisque s'il y a un peu moins d'inflation
17:18mais qu'il y a un peu plus de croissance, au final, dans la balance des risques, on
17:21reste…
17:22Ça s'équilibre.
17:23Voilà.
17:24Mais encore une fois, ça va vraiment dépendre des conditions de ce cessez-le-feu et notamment
17:27du flux de gaz par la suite.
17:29Je rappelle, le gaz russe qui n'a jamais été interdit dans les paquets de sanctions
17:35et même les importations de gaz russes en provenance d'Europe, pour des pays comme
17:39la même, a augmenté d'une vingtaine de pourcents, je crois, encore l'an dernier.
17:43Frédéric, sur les implications de marché, notamment, de la perspective d'un cessez-le-feu ?
17:47Alors, on va parler de reconstruction.
17:49Je pense que le marché ne va parler que de ça, d'ailleurs.
17:52Il y a un pays à reconstruire, il y a des infrastructures à reconstruire, il y a toute
17:56l'électricité à refaire, il y a des centrales à bâtir.
17:59On parlait des matières premières avec Trump, mais il y a le ferroviaire, les routes, les
18:05bâtiments.
18:06Donc là, on va en manger.
18:07On va manger de la thématique reconstruction.
18:11En plus, ce sont des secteurs qui n'ont pas tous forcément performé en bourse.
18:16Là, on est tous en train de faire nos calculs, en train de regarder quels sont les acteurs
18:21qui seront les mieux placés, donc les cimentiers, les utilities également, qui vont en profiter,
18:28tous les acteurs de l'énergie qui devraient en profiter.
18:30Après, il faudra aussi avoir l'impact économique, parce que ce sont peut-être des points de
18:33croissance à récupérer derrière si dans une chose équilibrée, parce qu'il ne faudrait
18:39pas non plus que les Américains récupèrent le gâteau.
18:41Qui va financer la reconstruction ? Quel type de financement est-ce qu'on peut mettre sur
18:45la table ? Et derrière, qui va en profiter ?
18:48Si on analyse l'économie américaine, oui, je ne vais pas dire, mais vous enlevez la
18:54tech.
18:55Aujourd'hui, de manière concrète sur les Etats-Unis, aujourd'hui, cherchez les leaders
19:00mondiaux aux Etats-Unis en dehors de la tech.
19:02L'économie mondiale et les gens qui sont susceptibles d'intervenir sur cette reconstruction
19:09sont plus globaux qu'on ne pourrait l'imaginer, donc là, il y a quelque chose à jouer.
19:14Je pense que le marché, ce n'est pas forcément un facteur de hausse immédiate ou de fausse
19:18hausse, parce que vous savez, on vend toujours la nouvelle lorsqu'on est en bourse, mais
19:23je pense que tout de suite, on va avoir une thématique très forte qui va se distinguer,
19:28surtout si on commence à…
19:29Et qui n'est pas payée encore.
19:30Les investisseurs n'ont pas voulu prendre trop d'avance sur cette idée-là, ce thème-là ?
19:35Non, parce qu'on est focalisés sur des thématiques.
19:38C'est dingue à quel point le marché est monomaniaque par moment.
19:42Les magnifiques Unseven, on parlera tout à l'heure des valeurs chinoises, mais il
19:45est très concentré, finalement, le marché.
19:47On va là où on a le plus de certitude, peut-être.
19:49Donc on va lui donner un os à ronger pendant quelques temps et l'os à ronger, le prochain
19:54os à ronger, ce sera évidemment à la fois la reconstruction et peut-être les matières
19:58premières qui suivront dans la foulée.
20:00Jeanne, sur les enjeux autour d'un arrêt du conflit ?
20:03Je rejoins ce qui a été dit, mais j'ai quand même l'impression que la prime de
20:06risque qui était attachée à l'Europe avec le risque à la fois politique, géopolitique,
20:15de vulnérabilité énergétique, elle a quand même diminué et que le fait que les marchés
20:21européens aient repris 10% depuis le début de l'année inclut la probabilité croissante
20:27de voir un cessez-le-feu, ce qui quand même diminue la prime de risque de tous les actifs européens.
20:32Moi, c'est un sentiment auquel je crois.
20:34Ça s'accompagne de ce qui avait été dit, je crois.
20:36C'est-à-dire qu'il y avait un grand pessimisme sur les entreprises et on a vu une saison
20:41des résultats qui n'est pas très bonne sur les profits, mais qui est très bonne
20:45sur les ventes.
20:46Alors c'est quand même avec un taux de surprise positif pour les entreprises européennes,
20:51je crois.
20:52Il y a surpris favorablement.
20:53Donc ça, c'est venu s'ajouter.
20:55Et puis le dernier élément qui, à mon avis, est un élément important, c'est que le momentum
21:01d'activité, donc le taux de surprise, autant aux Etats-Unis, où les marchés anticipaient
21:08que tout était bien dans le meilleur des mondes, donc là, les surprises commencent
21:12à devenir légèrement négatives, c'est quand même rare.
21:15Ça fait deux ans que ça n'était pas arrivé.
21:18La barre était beaucoup plus haute.
21:21Et en revanche, ça remonte quand même pour le réseau, encore que maintenant, là, depuis
21:27un jour, ça retombe un peu.
21:28Mais en tout cas, il y a un momentum qui s'est croisé.
21:31Il y a une petite reconvergence.
21:32Je ne dis pas qu'on va rattraper le...
21:34Mais Chine, Europe, ça va un peu mieux.
21:37Et Japon, Asie, alors Japon, Asie et Europe, les surprises économiques sont un peu plus
21:43positives et elles deviennent négatives aux Etats-Unis.
21:45Oui, ce qui est normal.
21:47Les anticipations, il y a toujours un excès d'optimisme ou de pessimisme et à un moment,
21:52ils commencent à se corriger.
21:53Cette correction, ça a fait que le marché américain ne fait pas grand-chose depuis
21:57le début de l'année, là où les actifs européens font 10 %.
21:59Après, il y a une deuxième phase qui va être effectivement la nature de l'accord
22:05et puis ensuite, qui va profiter de la reconstruction.
22:08Et là, on pourra rentrer dans le détail de cette thématique.
22:10Oui, mais là, pour l'instant, j'ai vraiment l'impression que ce qui va se jouer, c'est
22:15l'accord.
22:16Et puis, certainement quand même, ce qu'on va voir, mais très prochainement, avant même
22:21que se dessine la reconstruction, c'est la capacité de l'Europe à parler d'une voie
22:26et à recouvrer une indépendance stratégique et de défense.
22:32Je crois que c'est la première des priorités érigées par Friedrich Merckx, c'est l'indépendance
22:36en matière de sécurité vis-à-vis des Etats-Unis, un pays qui, comme il le dit, ne s'intéresse
22:41plus à l'Europe.
22:42Mais ils ont l'air de le découvrir.
22:44Obama l'avait dit en 2014, qu'il s'occuperait dorénavant de l'Asie.
22:48Ça fait 10 ans qu'en Europe, personne n'a voulu l'entendre.
22:51Mais bon, à un moment...
22:53Oui, il a fallu une dizaine d'années, effectivement, et quelques élections et une guerre pour
22:57en prendre conscience.
22:58Oui, mais donc, je pense que cette phase-là, si elle est réussie, ça permettra encore
23:03de diminuer la prime de risque.
23:05Et si on parle des Etats-Unis, là, vous avez teasé un petit peu.
23:08Il y a une forme d'épuisement conjoncturel de l'activité américaine.
23:11Ou c'est plus ambigu que ça ?
23:13Je pense qu'il y a un épuisement de l'optimisme.
23:16D'accord.
23:17Ça y est.
23:18C'est le moral.
23:19Ok.
23:20Et puis bon, à un moment, on anticipe que ça va bien.
23:22Ben, ça va bien.
23:23Voilà.
23:24T'entends ?
23:25Oui.
23:26Ça ne peut pas toujours aller mieux.
23:27Ben, non.
23:28Florence, sur l'économie américaine, c'est risqué.
23:30La lecture est toujours très ambigüe.
23:32Beaucoup de bruit.
23:33On trouve des bonnes et des mauvaises nouvelles.
23:34Mais c'est vrai que là, on a une série, depuis les ventes au détail, qui...
23:37L'effet Trump est peut-être déjà un peu passé.
23:41Il a encore 4 ans.
23:43Tout dépend toujours de ce que l'on regarde, en réalité.
23:45C'est-à-dire qu'une statistique vous donne une image très différente des...
23:48Prenons par exemple les PMI, qui ont fait peur au marché vendredi.
23:52PMI des services, qui sont donc passés en dessous de 50.
23:54Le fameux seuil qui sépare la contraction de l'activité et l'expansion de l'activité.
23:58Donc, une petite crainte que le secteur des services flanche.
24:01Mais il y a d'autres indicateurs qui nous montrent que le secteur des services se porte bien.
24:05Les ventes au détail.
24:06Les ventes au détail, c'est intéressant.
24:07Parce que les ventes au détail, on a tendance à l'oublier.
24:10Ça concerne principalement ce qu'on appelle les biens.
24:12C'est un peu technique, mais les biens et les biens durables.
24:15Les biens durables, ce n'est pas le plus gros de la consommation aux Etats-Unis.
24:17Ce sont les services.
24:18C'est le fun.
24:19Ça ne capte pas le fun.
24:20Et dans les ventes au détail, on a la capacité de distinguer un petit peu l'allure des services.
24:27Avec une catégorie en particulier.
24:29Et là, ça va plutôt bien.
24:32Et donc, de ce point de vue-là, en économie, on a un problème.
24:36Quand on est économiste, on a un problème.
24:37C'est la fréquence des données.
24:38Les ventes au détail, c'est mensuel.
24:40Et alors, quand on parle de haute fréquence, à la différence des marchés, nous, ça va être de l'hebdomadaire.
24:45Hebdomadaire, on est très très content.
24:47Il y a quelques séries hebdomadaires privées de ventes au détail qui nous montrent que finalement, ça se passe encore assez bien.
24:54On peut regarder les cartes de crédit, etc.
24:56L'économie américaine se porte bien, mais comme cela a été dit, c'est une question de sentiments.
25:01C'est-à-dire que les marchés se disent, on a écarté totalement le risque de récession.
25:05Voir même maintenant le risque de ralentissement économique.
25:08On se dit que ça va défier la gravité à l'infini.
25:11Et puis finalement, ce dont on se rend compte, c'est que de temps en temps, il y a des petites surprises.
25:14Sur l'emploi, on n'est pas à l'abri non plus qu'il y a un petit mois où ça flanche un peu.
25:18Et donc, il y a des risques de voir le marché faire à nouveau des allers-retours,
25:21notamment sur les anticipations de mouvements de taux de la réserve fédérale américaine.
25:25En 2024, je ne sais plus par où on est passé, mais à un moment, on voyait cette baisse de taux, puis zéro.
25:30Puis on a commencé à parler de hausse de taux pour revenir finalement à 100 points de base de baisse de taux
25:35qui était le scénario central de la Fed depuis un bon moment.
25:39Est-ce qu'on rejoue à ce jeu-là aussi aujourd'hui ?
25:41Le marché a effacé quand même beaucoup des baisses de taux qu'on prévoyait normalement pour cette année.
25:47Alors, c'est vrai qu'il y a cette idée que la Fed a le luxe de pouvoir baisser les taux tant qu'elle veut
25:53et de regarder ce qui se passe, etc.
25:55Mais en réalité, elle fait face à énormément d'incertitudes.
25:58C'est-à-dire qu'on en a parlé un petit peu, c'est que les droits de douane, même s'ils ne sont pas appliqués,
26:04ça génère de l'incertitude. Va-t-il y aller ? Qu'est-ce que ça va donner le 1er avril ?
26:10Quand on fait des calculs, on voit que ça baisse de quasiment 3 à 4 % le revenu disponible des ménages,
26:15et surtout les moins aisés.
26:17Donc ça veut dire moins de croissance et un peu plus d'inflation.
26:21Alors la Fed, qu'est-ce qu'elle fait dans ces conditions-là ?
26:24Elle passe au travers de la hausse d'inflation des droits de douane, peut-être,
26:28mais elle ne passe pas au travers d'une dégradation du marché de l'emploi et de la croissance.
26:32Donc c'est ça l'enjeu.
26:34Ça reprend un peu le schéma que la Fed avait eu sur la première guerre commerciale 2018-2019.
26:40Oui, alors à ceci près qu'elle était dans une phase de hausse de taux.
26:44C'est vrai.
26:45Et qu'à un moment donné, effectivement, Jérôme Powell avait décidé de s'arrêter.
26:49On ne saura jamais, même aujourd'hui, si c'était à cause de Donald Trump ou si c'était de son fait lui.
26:54Et puis ensuite, effectivement, elle a baissé les taux.
26:56Mais c'est parce que l'incertitude et la guerre commerciale avaient généré une baisse de l'activité manufacturière,
27:02une dégradation de l'emploi dans le secteur manufacturier,
27:04et la Fed avait dû agir pour rétablir son...
27:07Même sans exécution de la menace, la seule menace peut avoir une implication sur la fonction de réaction de la Fed.
27:14Quand on regarde les ménages, quand on leur demande quelle anticipation d'inflation ils ont, ça crève le plafond.
27:18C'est beaucoup remonté, c'est beaucoup remonté.
27:20Avec toujours autant de disparité entre démocrate et républicain.
27:23C'est l'incertitude qui s'exprime.
27:25Frédéric, sur les Etats-Unis, la surprise économique négative,
27:29et puis les marchés américains, l'idée que les Trump Trades se sont quand même bien épuisés
27:34au moment même où l'animal est arrivé à la maison de Porsche.
27:38Au moment où il fait ses annonces sur l'IA et on a dit psyche en même temps, là c'est la fin.
27:44Au-delà de ça, c'est un peu avec les résultats de Walmart,
27:48quelque chose à mon avis assez symbolique de la mentalité aussi de consommateurs américains.
27:53C'est que les américains sont toujours dans le ressenti.
27:57Et le ressenti d'un américain les dernières c'était un marché qui montait,
28:00il y a eu l'élection de Trump, il y avait l'épargne qui a disparu,
28:04il y avait beaucoup de choses favorables finalement, on est en plein emploi,
28:07et donc on commence à avoir des petits...
28:10Pas des red flags, mais des petits trucs qui arrivent comme ça.
28:15C'est quoi les petits canaris alors ?
28:17Prenez par exemple, tout bête, en France on se sent loin,
28:20mais les cryptos c'est quand même très agité depuis quelques temps,
28:23avec des fois des grosses baisses, ce genre de choses comme ça.
28:27L'incertitude parce que vous connaissez tous des fonctionnaires
28:30et vous ne savez pas combien Dodge va liquider de fonctionnaires,
28:33donc c'est aussi une incertitude qui arrive.
28:35Ça ne représente pas énormément je crois de la workforce américaine.
28:39C'est le sentiment, ça participe.
28:41Vous allez avoir à la télé des gens sortir comme à l'époque de Neyman avec des cartons.
28:46C'est juste un ressenti, c'est-à-dire que quand vous avez priceé peut-être le meilleur,
28:50quand vous commencez à avoir des petites choses comme ça à droite et à gauche,
28:53avec une incertitude aussi, peut-être avec l'emploi qui va commencer à stagner,
28:58une épeinte qui n'est plus là, des cartes de crédit, les taux des cartes de crédit.
29:01Je rappelle que les taux des cartes de crédit c'est à 30%.
29:04On en parle, mais attention aux taux de défaut des cartes de crédit,
29:07et je sais qu'on n'arrête pas d'en parler, et à chaque fois c'est de plus en plus haut,
29:10mais ça veut dire qu'on a de la réserve en moins.
29:12C'est vrai qu'on pourrait avoir une phase un peu plus délicate sur la conso américaine,
29:17ça ne m'étonnerait pas, et dans ce cas-là le marché, c'est vraiment comme Walmart.
29:21Walmart est vraiment pour moi un révélateur,
29:23ça a été quasiment le meilleur performeur depuis deux ans sur les marchés américains.
29:28On voit que ça commence à bloquer, attention quand même,
29:31et pour le coup en Europe c'est l'inverse puisque nous on était déjà dans cette position.
29:35Et c'est quoi le risque ? Parce que c'est ce qu'on disait en ouverture des missions,
29:38alors que nous on prend 10% en Europe, et puis que la Chine boursière se réveille un peu,
29:43les Etats-Unis ne font rien.
29:46Ne rien faire ça ne veut pas dire plonger de 20% justement,
29:49c'est-à-dire qu'on est encore dans un scénario où les Etats-Unis,
29:51les indices actions américains restent haussiers,
29:56on a marqué des records encore la semaine dernière sur les S&P 500,
30:00donc il n'y a rien de catastrophique du point de vue des niveaux de prix d'indices,
30:04mais c'est la dynamique.
30:05C'est plus large aussi, et il y a un mois et demi les Américains étaient convaincus
30:09qu'ils étaient les plus forts et qu'ils avaient la maîtrise de l'intelligence artificielle,
30:11que c'était le roi du monde.
30:13Ça a pris quand même un petit coup.
30:15Pour le coup on voit avec beaucoup d'annonces du venant des Chinois,
30:19je ne vais pas rentrer dans la technicité,
30:21mais c'est vrai que ce leadership qu'on pensait imposer au monde quelque part,
30:25ça met aussi un petit coup sur la croissance.
30:28Et puis ça ajoute à ça, parce que la question des surcapacités d'infrastructures,
30:31on l'a tous en tête depuis un moment,
30:33et puis là un analyse ou des analyses chez Tim Cohen nous disent,
30:36attention, de source sûre, Microsoft est en train d'abandonner certains contrats de leasing.
30:41On ne sait pas ce que ça peut représenter, c'est peut-être juste des ajustements,
30:44ou c'est peut-être une vision un peu moins rose.
30:47Oui, mais pendant le même temps vous avez Apple qui dit qu'on va accélérer sur les investissements.
30:52Tous les jours, si on est vraiment hypersensible, il faut faire attention à ça,
30:57c'est que tous les jours on a une information inverse.
31:00Tous les jours. Et là, le secteur de l'énergie,
31:03parce que bien sûr T.D. Cohen, c'est aussi la demande d'énergie nécessaire là-dessus.
31:10On voit bien la sensibilité du marché à la moindre micro-nouvelle concernant ses investissements.
31:16Ça c'est un point d'alerte quand même sur le marché,
31:18quand vous avez une hypersensibilité comme ça à la micro-nouvelle,
31:21c'est un point d'attention qui pourrait être les prémices d'un mouvement peut-être plus global
31:28de contraction.
31:29Et comment ça se traduit dans la gestion d'un portefeuille, d'une allocation ?
31:33Il faut déjà être plus prudent.
31:35Comme tout le monde, on a ré-alloué très fortement sur l'Europe,
31:38sur les mid-cap européennes aussi, on en avait parlé la dernière fois.
31:41L'Asie, évidemment, c'est un endroit où il faut être positionné.
31:46Evidemment, oui. Jusqu'à deux ou trois mois, il n'y avait rien d'évident.
31:51On est allé en Asie, peut-être pas par le Japon, je n'en sais rien.
31:55C'est de manière plus équilibrée.
31:57Réduire la voilure sur les technos, c'était aussi quelque chose d'assez évident à faire.
32:02Ce qu'on avait parlé la dernière fois, c'est de jouer l'équipon des rations,
32:06de jouer une économie américaine qui se porte bien
32:09et qui n'est pas centrée uniquement sur la tech.
32:12À mon avis, ça a le mieux à faire pour jouer le début d'année.
32:16Et le marché un peu moins sensible aux variations d'un titre comme NVIDIA
32:20qui va publier cette semaine ?
32:22Avec les marchés d'options, ça peut bouger de 10% dans un sens ou dans l'autre, minimum.
32:26Là, pas le droit à l'erreur.
32:28Mais c'est juste pour NVIDIA ou c'est l'ensemble du marché américain qui est encore concerné ?
32:33Sur NVIDIA, il y a des effets reports.
32:36On s'aperçoit que le fait que NVIDIA bloque a eu un effet un petit peu...
32:41Ça a répandu un petit peu.
32:42On a vu des Intel ressurgir, des IBM ressurgir,
32:46des acteurs plus globaux, plus anciens d'ailleurs,
32:50prendre un peu plus d'importance.
32:52Donc on estime, en tout cas le marché estime,
32:54que NVIDIA a une bonne partie du gâteau.
32:56Mais aujourd'hui, le gâteau est suffisamment important
32:58pour que d'autres acteurs qui ont de la réserve de performance
33:01puissent bien performer dans les mois à venir.
33:03Et c'est ce qui se passe sur le marché.
33:05Jeanne, forces et faiblesses du marché américain, qu'est-ce que vous en dites ?
33:08J'aurais ajouté à ce qui a été dit peut-être deux éléments.
33:11Le premier, c'est le dollar.
33:13C'est-à-dire que la tenue du dollar
33:17permettrait d'absorber beaucoup de choses
33:20en termes de perte de pouvoir d'achat du consommateur américain.
33:23Pour l'instant, ce qu'on voit,
33:25c'est qu'à chaque fois qu'il y a des menaces tarifaires,
33:27le dollar monte.
33:28Donc, attention, c'est peut-être pas un effet...
33:34La corrélation pourrait s'inverser,
33:36on pourrait à un moment franchir un point qui...
33:38Ça peut absorber, c'est-à-dire que si le dollar se rend chérissant,
33:42s'il prend 4% et que de l'autre côté,
33:44les augmentations tarifaires font qu'il y a sa hausse,
33:47du coup, il n'y a pas de perte.
33:49Ça absorbe.
33:50Donc, ça, c'est quand même un élément important
33:52et qui peut être induit par le fait
33:54que s'il y a les relèvements de tarifs,
33:57la fête peut s'arrêter.
33:59Alors que la BCE va au contraire continuer de baisser les taux,
34:03si la fête s'arrête ou que le marché se met à anticiper
34:05que la fête est susceptible de remonter les taux,
34:07ça jouera sur le dollar.
34:09Donc, ça vient quand même absorber.
34:11Le deuxième élément, c'est que le marché financier,
34:14c'est pas neutre le fait qu'il s'arrête de monter.
34:17En fait, quand vous regardez,
34:20il y a un indicateur intéressant de la fête
34:22qui est l'indicateur des conditions financières.
34:24Et elle exprime les conditions financières
34:27en termes de combien elles vont ajouter
34:31ou enlever à la croissance des 12 mois à venir.
34:34Et est parue là, hier, vendredi, je ne sais plus,
34:37celle de janvier.
34:39C'est très intéressant parce que les conditions financières
34:42sont jugées ou estimées par la fête favorables
34:45à la croissance, pas énormément,
34:47mais elles sont censées ajouter 0, 2, 0, 3 points à peu près,
34:50uniquement à cause des marchés d'action.
34:53Le dollar est trop cher.
34:55L'esprit de...
34:57Ce qui joue en négatif, c'est les taux de crédit.
35:00Quasiment pas les taux de la fête.
35:02Le gros du truc, c'est quand même...
35:05Et donc, attention, parce que c'est vrai
35:08qu'aux Etats-Unis, la bonne tenue du marché d'action
35:11est importante pour l'activité.
35:13J'entends.
35:14C'est beaucoup plus important que dans d'autres pays.
35:17La faveur des conditions financières repose aujourd'hui
35:20quasi exclusivement, en grande partie,
35:22sur la bonne tenue des indices d'action.
35:24Si ça ne tient pas, la fête qui a son double objectif
35:28de plein emploi et de trucs,
35:30si elle estime que le plein emploi est menacé,
35:32elle pourra reprendre les baisses de taux
35:34pour compenser le fait que le marché d'action ne tienne pas.
35:37C'est toujours... L'environnement est risconne, là,
35:39après tout ce qu'on a dit.
35:41Voir l'Europe monter, voir la Chine et la tech chinoise
35:45se réveiller avec 10 psyches,
35:47ça nous donne l'idée que les investisseurs
35:50sont risconnes aujourd'hui.
35:52Parce que je vois des flux encore sur le monétaire.
35:54Je regardais les compilations qui sont faites
35:56sur un mois en janvier.
35:58Les flux vont encore beaucoup sur le monétaire.
36:01Est-ce que c'est un effet de latence, de décalage,
36:04en attendant de voir des taux franchement plus bas ?
36:07Ou est-ce que c'est aussi le signe
36:09que tout le monde n'est pas très confortable dans le marché ?
36:11Tout le monde ne participe pas au marché,
36:13dans son ensemble.
36:15Mais c'est ce qui ressort de nos discussions.
36:17Il y a un sentiment positif sur la zone euro
36:19parce qu'on était très pessimistes.
36:21Parce qu'on est très bas.
36:23Le cocktail est très porteur.
36:26La question qu'il faut se poser, je pense,
36:28c'est est-ce qu'on est partis trop vite, trop fort ?
36:31Parce qu'on l'a évoqué,
36:33on est à 10% de surperformance quasiment.
36:35C'est le bon moment pour se poser des questions, 10%.
36:37Jeanne dit oui.
36:39C'est le bon moment pour se poser des questions
36:41quand on a fait un plus 10 sur l'Europe.
36:43Et Jeanne dit oui.
36:45En réalité, ça rejoint absolument tout ce qu'on s'est dit
36:47jusqu'à présent.
36:49Si on voit une politique budgétaire expansionniste
36:51en Allemagne plus expansionniste,
36:53ça va rajouter à ce sentiment
36:55pour que les actions européennes continuent de performer,
36:57la valorisation.
36:59Quand on regarde en absolu,
37:01on va dire que les actions européennes sont bon marché.
37:03Quand on regarde par rapport aux États-Unis,
37:05elles sont franchement décotées.
37:07Franchement décotées.
37:09Ce n'est pas un argument suffisant.
37:11On peut coupler ça avec la BCE.
37:13La BCE, effectivement, on peut avoir des désaccords
37:15sur combien de baisses de taux,
37:17mais on peut se dire qu'au moins il y en aura
37:19au moins deux sur la réunion de mars et d'avril.
37:21Nous, typiquement, dans notre scénario,
37:23on est un peu en décalage parce qu'on ne voit pas
37:25au-delà d'avril.
37:27C'est très grave parce qu'en réalité,
37:29il y a déjà eu des baisses de taux précédemment.
37:31Il y en aura encore un petit peu.
37:33Ça va booster la croissance.
37:35Après, si en plus de sous-star,
37:37la guerre commerciale se termine bien,
37:39on l'espère,
37:41on va voir.
37:43Les potentiels catalystes sont là.
37:45Mais la question, encore une fois,
37:47c'est de savoir si 10% c'est déjà pas trop maintenant.
37:49Est-ce qu'on va peut-être avoir
37:51une petite respiration, etc.
37:53Est-ce que 10% de gains sur l'Europe,
37:55est-ce que c'est déjà trop ?
37:57Qu'est-ce qui pourrait emmener les actions
37:59et les indices actifs en Europe au-delà d'une hausse de 10% ?
38:01Je vais aller à contre-courant sur le dollar.
38:03Je vais rebondir là-dessus.
38:05Moi, je suis...
38:07C'est de l'intuition plutôt négative sur le dollar.
38:11Il y a des arguments pour l'être.
38:13Je vais vous expliquer.
38:15Notre métier, c'est de l'anticipation.
38:17Aujourd'hui, le marché,
38:19il anticipe quoi à différentiel
38:21de taux d'intérêt entre les Etats-Unis et l'Europe ?
38:23C'est déjà intégré.
38:25Il intègre un effet,
38:27on parlait de prime de risque sur l'Europe,
38:29c'est intégré.
38:31Il intègre la croissance,
38:33le différentiel de croissance, c'est intégré.
38:35Et je me dis, si tout ça
38:37ne se met pas dans le scénario
38:39qui est préécrit sur le marché,
38:41attention quand même, parce que je vois le dollar
38:43à 0,4, on est assez éloigné d'ailleurs de la parité des pouvoirs d'achat,
38:45je pense qu'il manque encore 6-7%
38:47pour revenir.
38:49J'imagine assez bien
38:51le dollar revenir, honnêtement,
38:53vers les 1,10, 1,12.
38:55Là, on était en septembre.
38:57Je pense que c'est un mouvement qui,
38:59puisque tout le monde est dans le sens inverse,
39:01on va aller plutôt dans ce sens-là,
39:03juste parce qu'il faut être logique,
39:05si on est dans le scénario pro-européen
39:07dans nos investissements,
39:09si on a un scénario d'incertitude
39:11sur les taux d'intérêt
39:13à la fois aux Etats-Unis et en Europe,
39:15je pense qu'on pourrait avoir une surprise
39:17du côté du dollar.
39:19Je pense qu'on pourrait avoir une surprise
39:21sur le marché américain
39:23par un effet de dépréciation de la monnaie,
39:25peut-être de manière couverte,
39:27mais le carré coûte très cher,
39:29la différence de taux d'intérêt coûte un peu cher,
39:31donc pas négatif sur les marchés,
39:33il pourrait y avoir une phase de consolidation,
39:35et attention au dollar.
39:37Mais l'effet de change peut venir peut-être perturber...
39:39Exactement, attention à ça.
39:41Bon, on suivra le dollar.
39:43Évidemment, la politique du dollar fort est intacte,
39:45répétait il y a encore quelques jours
39:47dans la même phrase,
39:49ou quasiment dans la même semaine...
39:51La grande spéculation du moment,
39:53c'est de savoir si on aura des accords
39:55du Mazda 2 ou de Mar-a-Lago, on verra.
39:57Peut-être pas encore tout de suite,
39:59mais c'est peut-être un sujet de cette mandature de Trump.
40:01Merci beaucoup à vous trois d'avoir été des invités
40:03de Planète Marché.

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