Jeudi 13 février 2025, SMART BOURSE reçoit Enguerrand Artaz (Gérant, La Financière de l'Echiquier) , Didier Borowski (Responsable Recherche Politiques Macroéconomiques, Amundi Investment Institute) et Igor de Maack (Dirigeant - Associé, VitalEpargne)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Didier Borowski est à nos côtés, responsable de la recherche en politique macro chez Amundi
00:18Investment Institute.
00:19Bonsoir Didier.
00:20Bonjour Guillaume.
00:21Angueran Artaz nous accompagne également, stratégiste et gérant à la financière
00:25de l'échiquier.
00:26Bonsoir Angueran.
00:27Bonsoir Guillaume.
00:28On est également à nos côtés, directeur associé chez Vital Epargne.
00:31Bonsoir Igor.
00:32Bonsoir Grégoire.
00:33Igor, commençons avec le scénario d'une fin de conflit entre la Russie et l'Ukraine.
00:40Ça faisait partie des priorités annoncées par Donald Trump lors de son mandat.
00:44Au départ, pendant sa campagne, au départ, tout devait s'arrêter dès son Day 1.
00:49Puis évidemment, les choses prennent un peu plus de temps, mais on entre dans la phase
00:52où on est en train de préparer des pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine, sous
00:56l'égide bien sûr de Donald Trump et de son administration.
00:59Qu'est-ce que tout ça peut impliquer pour l'Europe en général ?
01:02Le point positif déjà, c'est que s'il y a la paix, il y aura moins de blessés et
01:07de morts.
01:08Donc déjà, pour un territoire qui est contigué à l'Europe, c'est mieux.
01:10Pour nous les Européens, c'est quand même mieux d'avoir un conflit en moins à gérer
01:14et à financer, puisqu'on a été des gros financeurs et de l'État ukrainien et aussi
01:19de la défense.
01:20Et puis pour le consommateur européen, c'est toujours aussi une espèce de confiance qui
01:25revient, puisque évidemment, avec tout ce qu'on entendait sur les écrans, la guerre
01:30nucléaire, les chars russes sur la Champs-Élysées, ça peut aussi avoir un effet très négatif
01:35et on l'a vu.
01:36Après, il y a beaucoup d'autres conséquences sur des secteurs comme le trafic aérien,
01:40comme l'énergie fossile.
01:42Évidemment, cette guerre allait prendre fin.
01:45Comment, quand et à quelle « sauce » les Belgierans vont être mangés par la proposition
01:52de Trump ?
01:53Ça, ça reste à voir.
01:54Mais évidemment, on l'avait déjà signalé, c'était un chapeau sur le marché action
01:58européen et puis sur l'économie mondiale, de toute façon, même s'il y a eu un impact.
02:03C'est que les dépenses militaires mondiales n'ont jamais été aussi élevées historiquement
02:07en montant.
02:08Donc, il faudra voir aussi si ça continue ou si ça apaise ce genre de tensions.
02:12Mais on ne va pas tout de suite se réjouir.
02:15En tout cas, on change complètement de momentum sur ce sujet-là depuis 2022.
02:20Oui, c'est une vraie question.
02:22C'est-à-dire que vous dites, il y a encore l'idée d'un chapeau qu'on enlèverait.
02:26Il y a encore une partie de la prime de risque sur les actifs européens, sur les actions
02:30européennes qui est directement liée à ce conflit qui a éclaté il y a plus de deux
02:35ans maintenant, qui s'est installé aussi dans l'habitude et la normalité, malheureusement,
02:41du quotidien.
02:42Du point de vue direct, il y a eu des conséquences.
02:43Et du point de vue indirect, il a révélé les fragilités de l'Allemagne.
02:46Il a aussi révélé le fait qu'on était, on le savait, mais on doit toujours nous
02:50le rappeler, dépendants énergétiquement.
02:53Et donc, une Europe qui est écrasée entre les grandes puissances économiques, stratégiques
03:00ou militaires.
03:01Donc, ce conflit, aujourd'hui, peut-être qu'on a eu le sentiment de défendre une cause.
03:06Mais en termes économiques, pour l'Europe et les Européens, et surtout le cœur, puisqu'en
03:10fait, la Scandinavie et l'Europe du Sud se sont plutôt bien débrouillées ces trois
03:13dernières années, ça a été quelque chose d'assez lourd à financer et avec des conséquences
03:19sur la distance, maintenant, entre l'économie allemande et l'appareil énergétique ou industriel
03:27russe, coupée, et puis la France qui, quand même, avec son environnement de consommation
03:33très morose, n'a pas trouvé les chemins d'une vraie croissance.
03:38Bon, on y reviendra, mais ça milite, quand même, en faveur du cas d'investissement
03:44actions européennes.
03:45Enfin, l'idée de se cesser le feu n'est pas totalement intégrée dans les cours des
03:50actions européennes aujourd'hui ?
03:51Non, mais il faut séparer les marchés.
03:54Le CAC 40 était très en retard, parce que sa composition est très, aussi, luxe, automobile.
03:59Le MSCI italien, il a plutôt bien marché.
04:02Donc, il ne faut pas tout mettre dans le même panier, mais le cœur de la zone euro est
04:07attaqué, et c'est le premier concerné par ce conflit.
04:11On a bien vu qu'au nord de l'Europe et au sud, les efforts ont été faits, la croissance
04:16est là, les efforts budgétaires sont faits, donc, non, c'est surtout sur la France et
04:22l'Allemagne que ça a révélé d'énormes fragilités, et on en parlera avec le cas
04:25allemand.
04:26C'est un vrai sujet de modèle économique pour l'Allemagne.
04:28Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on se rerapproche vers la Russie ? Sachant qu'effectivement,
04:33la collusion entre l'Allemagne et la Russie, ça pouvait faire très peur aux Etats-Unis,
04:36parce que c'est, entre guillemets, l'économique idéale.
04:40Est-ce qu'on est prêts à la sortie d'un conflit comme celui-là, à revenir sur les
04:46stratégies antérieures ou dans quelles mesures ?
04:48Probablement pas, probablement pas.
04:49Mais ce sera une question.
04:50Bon, du point de vue d'une stratégie d'investissement, comment on réfléchit à l'idée d'un cessez-le-feu
04:56entre la Russie et l'Ukraine ? Est-ce que ça peut impliquer, bien sûr, pour l'Europe,
05:00mais pour les marchés globaux dans leur ensemble en guérant ?
05:02Probablement que ça peut donner un peu de fiou supplémentaire à ce rebond relatif des
05:07marchés européens qu'on a depuis le début de l'année, qui a déjà été quand même
05:11important.
05:12Mais si on regarde les différentiels de valorisation, notamment par rapport aux Etats-Unis, il y
05:16a potentiellement encore pas mal de chemin à faire.
05:18Donc, sans doute qu'en termes d'amélioration de sentiment, même de volonté des investisseurs
05:23internationaux de revenir sur l'Europe, ça peut aider un peu et continuer à pousser
05:28ce mouvement-là, qui peut être aussi alimenté un peu par une sorte de FOMO, de peur des
05:33investisseurs de louper le train du redémarrage européen.
05:36Donc, pourquoi pas ?
05:37Ils ne partent pas souvent, en plus.
05:39Non, il ne faut vraiment pas le rater, quoi.
05:40Ils partent souvent, mais ils s'arrêtent encore plus souvent.
05:43Ils s'arrêtent encore plus souvent.
05:44Les phases de surperformance de l'Europe, notamment depuis la grande crise financière,
05:49il n'y en a pas beaucoup.
05:50Elles sont assez courtes, par contre, elles sont assez violentes.
05:51Donc, si on les loupe, en somme modo, c'est terminé.
05:55Donc, très probablement que ça peut continuer à améliorer la tendance des actions européennes.
06:01Ça peut aussi avoir une tendance positive sur les taux, parce que si on reparle de l'énergie,
06:07qu'on a une baisse des prix de l'énergie pour les perspectives d'inflation en zone
06:10euro, qui sont déjà plutôt bien orientées, mais potentiellement, ça peut donner encore
06:14un peu plus de confiance dans le fait qu'on retourne sur les cibles de la Banque centrale
06:18relativement rapidement.
06:19Donc, ça peut jouer peut-être aussi à la baisse sur les taux, même si on a pas mal
06:24quand même rebaissé sur les taux européens ces derniers mois, mais potentiellement, en
06:28tout cas, pour les actifs obligataires, c'est plutôt intéressant.
06:32Donc, au global, revenir sur des actifs européens, que ce soit en termes de equity ou en termes
06:39obligataires, ce n'est pas une mauvaise idée.
06:42L'autre chose qu'on peut dire, c'est aussi en termes sectoriels, c'est que potentiellement,
06:46au-delà de la tendance sur les marchés actions, il y a aussi des secteurs qui ont été extrêmement
06:53en souffrance depuis trois ans, qui peuvent peut-être revenir un petit peu, je mettrai
06:58le cas automobile à part, parce que, quand même, avec l'histoire des tarifs douaniers,
07:01on voit quand même que c'est le secteur qui est un peu en première ligne.
07:04L'effet de Damoclès est là, au-dessus de nos têtes.
07:08Voilà, et puis même vis-à-vis du Mexique et du Canada, puisque c'est quand même très
07:12lié aussi au secteur automobile, dont des groupes européens qui sont engagés dans
07:18cette question-là.
07:19Donc, je mettrai un peu de côté.
07:20D'autres secteurs cycliques un peu délaissés, type chimie, etc., potentiellement, que vraiment
07:24tout le monde a oublié, je ne sais même pas si quelqu'un en cours de la chimie en
07:27parle aujourd'hui.
07:28C'est qu'il y a un secteur qui s'appelle le secteur de la chimie en bourse, oui.
07:31Voilà, potentiellement, des secteurs comme ça peuvent peut-être retrouver un peu d'allant.
07:34Ce qui est très intensif énergie, globalement, c'est ça, va pouvoir respirer un peu mieux.
07:39C'est très intensif en énergie.
07:40On voit que ça, en termes de production industrielle, notamment en Allemagne, ça commence à se
07:44stabiliser depuis quelques mois.
07:46Si on a cet effet un peu de baisse des prix de l'énergie, ça peut accélérer le redémarrage
07:51et redonner de l'allant à tous ces secteurs-là.
07:54Peut-être aussi en positionnement, il y a quelque chose à aller chercher.
07:56Et ça peut, je ne sais pas, ça peut surprendre sur l'idée de la reprise de l'économie européenne,
08:02qui est pour l'instant une reprise assez molle, sortie d'un quatrième trimestre, qui n'a
08:06vraiment pas été glorieux.
08:08Ça peut amener des surprises positives sur la macro-européenne au cours de cette année
08:122025 ?
08:14Vu qu'on n'attend rien quasiment sur l'Europe pour 2025, j'ai envie de dire que ça peut
08:18apporter que des surprises positives.
08:20Après, l'amplitude, ça reste à voir parce qu'il y a quand même, on abordera…
08:25On ne double pas la prévision de croissance, par exemple, sur la seule base d'un cessez-le-feu
08:28entre la Russie et l'Ukraine ?
08:29Non, parce que déjà, ça dépendra de la nature de l'accord, ça dépendra aussi des
08:33choix qui sont faits, notamment d'un point de vue énergétique.
08:37Est-ce que demain, l'Allemagne va racheter autant de gaz russe qu'avant, c'est quand
08:41même loin d'être certain.
08:42Et puis, le sujet était très bien abordé avant, ce n'est pas parce qu'on va signer
08:47un cessez-le-feu que toutes les fragilités structurelles de l'économie allemande ou
08:51française vont être réglées en deux mois.
08:53C'est un bon point, ça va permettre une stabilité sur certaines zones.
08:59De là à régler tous les problèmes de l'Europe, on en est quand même…
09:01Oui, ça ne nous exonère pas de notre propre travail à effectuer et des défis à relever.
09:08Didier, sur cette idée, enfin plus qu'une idée, puisque ça y est, on prépare des
09:12pourparlers de paix et on s'engage sur cette voie-là de manière assez concrète.
09:16Déjà, il va falloir bien distinguer pourparler de paix et cessez-le-feu.
09:19Est-ce que c'est un cessez-le-feu sans paix ou est-ce que c'est un accord de paix qui
09:23participe aux négociations ? Est-ce que les Ukrainiens sont bien à la table de négociation
09:28ou c'est un accord entre les Etats-Unis et les Russes ?
09:30Là aussi, ça change beaucoup de choses au niveau de l'Europe, notamment pour tout
09:32ce qui vient d'être mentionné, je suis sur la même note, la problématique en Europe,
09:35c'est une grande problématique de coût de l'énergie, il est clair que le fait de
09:40revenir au statut qu'on hantait en matière d'approvisionnement en gaz va évidemment
09:44dépendre de la nature de l'accord qui sera trouvé, donc attention de ne pas se réjouir
09:48trop vite parce que le diable est dans les détails en ce qui concerne la sécurité de
09:52l'Ukraine et notamment ce qui va assurer la sécurité future de l'Ukraine.
09:56Donc ça, c'est un point à mon avis essentiel.
09:58C'est vrai que la réaction des marchés est liée au fait qu'il y a des chances d'avoir
10:01une surprise très fortement positive, au sens baisse des prix du gaz, et que ça, ça
10:06va favoriser certains segments de l'industrie, on a beaucoup souffert des prix de l'énergie
10:10depuis quelques années, donc on peut comprendre cette première réaction.
10:13Le gaz russe n'a pas été banni ou interdit, contrairement au pétrole russe ?
10:18Oui, il continue, et donc la problématique, c'est si on revenait à ce qui se passait
10:21en 2021, ce serait en termes de flux de gaz, ça donnerait un contre-choc sur les prix
10:26du gaz assez important qui bénéficierait à l'industrie, mais on n'en est pas là,
10:30on n'en est pas là.
10:31Et donc la question qui va se poser, c'est quels sont les termes de cet accord, qui assure
10:35la sécurité de l'Ukraine pendant la période de CSEF ?
10:38Si on écoute l'administration Trump et Donald Trump lui-même, c'est vous les Européens
10:45qui allez vous occuper de sécuriser les frontières, de mettre des troupes là où il faut, et
10:50les estimations qui circulent sur Bloomberg, c'est 3 milliards de budget.
10:54Donc je crois qu'il faut bien distinguer la thématique court terme, on se réjouit
10:59tous évidemment s'il y a un cessez-le-feu qui devient, il était implicitement anticipé
11:03quand même cette année, maintenant il faut regarder à quel horizon il peut survenir
11:06et puis deuxièmement regarder de très près les modalités de l'accord et qui négocie
11:10et qui négocie quoi, parce que ça va dépendre en fait de l'impact économique, et notamment
11:15aussi la mobilisation sur le secteur de la défense, parce que ça c'est un des grands
11:18sujets européens des semaines qui viennent, enfin je veux dire stratégiques pour la décennie
11:22qui vient, mais en termes de politique économique, il y a le livre blanc de la Commission européenne
11:26qui va être publié au mois de mars, on attend évidemment toutes les propositions,
11:30même s'il y en a certaines qui ont commencé à percoler, de modalités de financement,
11:34des fameux 500 milliards d'euros avancés par le plan Draghi mais par la Commission
11:38européenne, qui sont nécessaires en matière d'équipement militaire à l'horizon de la
11:40décennie pour construire une défense qui soit crédible, ça cette thématique-là
11:45c'est une thématique de moyen terme qui ne va pas s'évaluer même si on a un cessez-le-feu,
11:49donc il y a des sujets fondamentaux qui sont là, qui peuvent être bénéfiques à certains
11:53segments de l'industrie européenne dans les années qui viennent, mais qui sont des
11:57vraies dimensions structurelles. Il est normal de se réjouir d'une possibilité de cessez-le-feu,
12:03mais attention de ne pas surestimer l'impact sur la croissance européenne, j'adhère
12:07complètement à ce qui a été dit, il y a des problématiques structurelles, notamment
12:10du côté de l'Allemagne. Oui, oui, j'entends, on va parler de l'Allemagne, mais il n'y
12:14a pas de doute pour vous que ce qui s'organise autour de la défense, de l'amplification
12:19de la défense européenne et de la souveraineté de la défense européenne, ça c'est quelque
12:23chose qui est ancré, il y a une feuille de route, c'est tracé, et on ne va pas dévier
12:28de ça en fonction d'un cessez-le-feu qui se matérialiserait entre la Russie et l'Ukraine,
12:34ou est-ce que c'est un risque ? Le risque c'est que la pression... Qu'on se relâche ? Qu'on
12:38se relâche, alors même que la menace de moyen terme elle est intacte. Vous regardez
12:41tous les think tanks qui travaillent sur les questions militaires, il faut considérer
12:45sérieusement la probabilité d'une attaque russe d'ici cinq ans sur un pays du nord
12:50de l'Europe. Après tout ce qu'on a écrit depuis deux ans sur ce conflit, au moment
12:55du cessez-le-feu, il y a le risque qu'on se relâche ? Le risque c'est de sous-estimer
13:00certains risques comme on l'a fait avec l'Ukraine, et donc il faut avoir... Et à partir du moment
13:03où on a quand même... D'un point de vue historique, c'est un changement complet d'environnement,
13:07c'est-à-dire qu'on n'a plus du tout le parapluie américain, il s'est dit haut et fort par
13:11Donald Trump, donc les Européens doivent considérer un environnement géopolitique
13:15où ils devront assurer eux-mêmes leur sécurité dans des scénarios extrêmes de risques qui
13:19peuvent se matérialiser d'ici cinq à dix ans. La question est ce qu'on y est, on n'y
13:22est pas, donc ce qui a été dit par la Commission européenne et le chiffre que tout le monde
13:25reprend, c'est 500 milliards à minima d'équipements militaires dans la décennie qui vient, ce
13:29qui veut dire, quand on regarde les chiffres de près, qu'on monterait à l'échelle de
13:32l'Union européenne, on est à peu près à deux points de PIB...
13:36Il faut aller à trois, quatre, cinq ? Non, ça irait à deux-huit !
13:39Deux-huit, d'accord. On continuerait sur la même pente que celle
13:42qu'on observe depuis l'avion de la Crimée, et puis on continuerait, mais en renforçant.
13:45Le problème, c'est que tout le monde est assez d'accord sur l'idée qu'il va falloir
13:48faire quelque chose, personne n'est évidemment d'accord sur les leviers de financement qu'il
13:52va falloir mobiliser, parce qu'il va falloir mobiliser de l'épargne privée, et là, évidemment,
13:55on attend tous les leviers qui devront être mobilisés, et du côté de l'argent public,
13:59on est très loin d'un accord en Europe sur l'émission de dettes communes ou des choses
14:03comme ça. Donc ça passera par du fléchage de capitaux privés sur...
14:07Dans un premier temps, notamment il va falloir regarder toute la problématique de réglementation
14:10de la Banque Européenne d'Investissement, je pense que ça c'est quelque chose qui est
14:13très important, c'est-à-dire le financement des biens qui ne sont pas uniquement à usage
14:16dual, mais peuvent être des biens purement militaires, et puis il y a la volonté quand
14:20même de l'Europe de construire toute une chaîne de valeurs dans le secteur de la défense,
14:24incluant aussi des petites entreprises, donc c'est un grand projet à l'horizon de 5-10
14:28ans, mais qui nécessite des financements et qui nécessite de débloquer des financements,
14:34de l'épargner. Ça, c'est ce qui est très difficile sur le plan structurel en Europe.
14:40Alors je dirais simplement un mot, qui est quelque chose qui pourrait être positif,
14:42on a une très grande épargne en Europe, on a même une sur-épargne des ménages sur
14:47la période récente, une partie de cette sur-épargne est probablement liée à ce
14:50qui s'est passé sur les prix de l'énergie et sur le risque géologique. Donc on peut
14:53peut-être escompter des blocages partiels de cette sur-épargne si jamais on va vers
14:58un scénario de paix rassurant sur le fait qu'on n'a pas de risque de réembrasement
15:05régional dans les années qui viennent.
15:08Gors, sur le plan boursier, le secteur de la défense a effectué un retour spectaculaire
15:13et est même devenu un secteur d'investissement investissable par tout un chacun, c'était
15:21particulier. Jusqu'à aujourd'hui, c'était considéré comme un secteur exclu par nature
15:28originellement dans la construction de l'ISR il y a 10-15-20 ans.
15:32Est-ce que c'est un secteur qui s'est normalisé de ce point de vue-là, qui est
15:40devenu un secteur plus généraliste d'une certaine manière, qui a beaucoup progressé
15:44depuis deux ans et est-ce que c'est un secteur qui continue d'être intéressant ?
15:49C'est une dérivée première et seconde des dépenses militaires mondiales. C'est
15:54au top parce que les grandes puissances se dotent d'armes de dissuasion. Ce conflit
16:00ukrainien, c'est un conflit assez particulier parce que c'est un des très rares conflits
16:04dans l'époque moderne où il y a eu finalement un engagement de troupes au sol, quasiment
16:08900 000 contre 600 000, très important sur une ligne de front de 1300 km. Aucune armée
16:14moderne ne l'avait fait depuis peut-être la seconde guerre mondiale ou la guerre de
16:18Corée même si le kilométrage est un peu plus limité. En termes d'engagement d'êtres
16:25humains, c'est la guerre de Corée qui est un peu le métronome. Donc ça ouvre beaucoup
16:31de questions. Après le secteur de la défense, ça a toujours été un secteur très intéressant,
16:36toujours été un secteur assez rentable, la commande publique, on a en France des Thalès,
16:42des Dassault, ça a toujours été des valeurs très entourées.
16:45Mais on ne va pas acheter que de la défense américaine ?
16:46Il faudrait éviter en tant qu'Européens de faire ce que les Polonais ont fait quand
16:51ils sont rentrés dans l'Union Européenne et qu'ils ont acheté des F-16. Vous voyez
16:55bien que là, on a aussi eu la duplication, la superposition de l'OTAN et l'Union Européenne,
17:01la défense qui n'est pas saine et qui a contribué à faire de l'Ukraine un sujet puisqu'en fait
17:06on le voit bien, les Russes ont toujours dit qu'on ne veut pas d'OTAN en Ukraine. Et là
17:10ce que Trump dit, c'est en fait ça débloque le sujet en disant qu'ils ne pourront pas
17:14intégrer l'OTAN. Mais nous, on voit bien qu'on doit se doter de quelque chose à côté
17:19de l'OTAN. Parce que les Américains ont dit, nous on en a marre de financer l'OTAN, on
17:22en a marre de vous défendre et de vous sauver pendant la Deuxième Guerre Mondiale, un peu
17:27avec l'aide des Russes qu'on oublie parfois. Mais voilà, ils disent dotez-vous. Mais il
17:30y a eu des bataillons franco-allemands qui ont été faits, des faits. C'est des projets
17:35qui ont du mal quand même à survivre une période assez longue parce qu'un Français
17:42ne sera jamais un Allemand et vice-versa. Et un destin commun dans la paix, c'est bien
17:48pour préparer la guerre. Je ne suis pas sûr qu'on soit aujourd'hui tout à fait armé
17:52au niveau européen et on n'a pas de leader, on n'a pas de leadership.
17:55Juste un point sur le plan européen. L'idée c'est de monter en puissance dans les échanges
18:01croisés de biens d'équipement. Et donc l'idée c'est sûrement pas de faire ce qu'on a fait
18:05au cours des deux, trois dernières années. On est entre environ les trois quarts des
18:08biens qui ont été importés des Etats-Unis et si on ajoute la Corée, ça fait 84%.
18:11Est-ce qu'on a l'industrie et la production qui permettent aujourd'hui de se doter d'accord ?
18:16Non, mais il y a de toute façon des gains à faire, d'efficacité dans les échanges croisés.
18:20Et ça c'est un projet européen très clair, c'est sur la table, de monter en puissance
18:23dans les échanges croisés de biens militaires. Mais ce n'est pas une problématique de
18:27dynamique de court terme. Il faut bien comprendre que c'est un projet à cinq, dix ans.
18:32En guérant. Au-delà du soulagement géopolitique, il y a toujours l'épée de Damoclès des tarifs
18:38qui reposent sur la tête du reste du monde, hors Etats-Unis. Donc là l'idée c'est après
18:45avoir attaqué Mexique et Canada, puis tout de suite autoriser un report de 30 jours,
18:50je crois, de mémoire, après avoir ciblé, alors ça c'est les classiques de la littérature
18:54trumpienne comme je l'appelle, l'acier et l'aluminium comme au bon vieux temps de la
18:59première guerre commerciale 2018-2019, vient sur la table l'idée de tarifs réciproques.
19:04Qu'est-ce qu'il faut comprendre par là ? Qu'est-ce que ça nous dit de la stratégie
19:09tarifaire commerciale de l'équipe Trump et qu'est-ce que ça implique pour nous en Europe ?
19:14Ah, c'est assez compliqué à définir parce qu'on n'a pas donné beaucoup de détails
19:17sur ce qui était sous-entendu dans tarifs réciproques. On peut vouloir dire beaucoup de choses.
19:21Ils nous chargent, on les chargera. Voilà, je vous le fais simple à la Trump.
19:26Ça peut être une histoire de préciprocité, ça peut être simplement aussi de calquer
19:30les droits de douane américains sur les droits de douane pratiqués par les partenaires commerciaux
19:36vis-à-vis des Etats-Unis. Si c'est ça, si on regarde le taux moyen en fait, ça ne
19:40fait pas augmenter tant que ça, finalement, le taux de droit de douane sur les produits importés aux Etats-Unis.
19:45Généralement, les produits américains sont un peu plus taxés par les pays qui les importent
19:50que les produits étrangers importés par les Américains eux-mêmes. C'est un peu l'idée...
19:56En moyenne, si on prend les résultats d'un produit à l'autre et d'un partenaire commercial à l'autre,
20:00c'est extrêmement variable. En moyenne, un petit peu. Mais on ne parle pas de 10% ou de 20%.
20:06C'est quelques dixièmes, ça se joue sur quelques dixièmes.
20:10Aujourd'hui, le taux moyen d'importation sur les droits de douane aux Etats-Unis, c'est entre 2,5 et 3%.
20:19Si on excepte ce qui vient d'être fait sur le Canada et le Mexique et qui est postponé,
20:24là peut-être qu'on monterait autour de 4%, ce n'est pas dramatique.
20:28Effectivement, si on s'arrête à ça...
20:30Ce n'est pas les 10% ou les 25% ou les 2000% qui ont été évoqués pendant la campagne.
20:38Et on ne sait pas également, est-ce que ça concernera tous les biens et les services ?
20:42Est-ce qu'on entrera dans des négociations de réciprocité ?
20:46Vous faites entrer un peu plus de services américains, notamment sur le domaine bancaire, etc.
20:53C'est un peu un des sujets pour l'Europe.
20:56Parlez de la défense, est-ce que justement dans la balance, il y a très bien vous,
21:01vous vous occupez de votre défense, mais quand même vous continuez...
21:05Prenez du matériel américain, ce serait bien.
21:07Oui, tu parles, oui.
21:09Là-dessus, je pense qu'il ne faut quand même pas se leurrer.
21:13Trump poussera pour un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine
21:20qui soit le plus favorable possible pour les Etats-Unis.
21:23Que quelque part il y ait une contrepartie vis-à-vis de la dépense d'équipements de défense
21:29à destination des Etats-Unis, ça ne me semble pas impossible.
21:31En tout cas, ce sera certainement quelque chose que Trump demandera.
21:35Est-ce qu'il l'obtiendra ? Est-ce que les Européens se soumettront à ça ?
21:40C'est une autre question, mais probablement il le demandera.
21:43Mais tarif réciproque, ce n'est pas non plus le gros bazooka.
21:47Encore une fois, on n'a pas de détails clairs sur ce qu'il entend par tarif réciproque.
21:52Encore une fois, c'est simplement aligné sur ce qui est pratiqué par les partenaires commerciaux.
21:56Effectivement, ce n'est pas un énorme bazooka.
21:58Mais on n'a pas de détails que ça aujourd'hui.
22:01Je suis d'accord.
22:02C'est une menace avec laquelle il va falloir vivre.
22:05C'est une menace tarifaire, j'entends, qui fait déjà des dégâts.
22:09Est-ce qu'il y a même dans la stratégie de Trump l'idée de maintenir cette menace en reportant ?
22:16Là, visiblement, si NBC nous dit que certains tarifs ne seraient peut-être pas tout de suite,
22:20ça pourrait être au 1er avril.
22:21On reporte encore un peu plus.
22:23Et en même temps, en reportant, on maintient toujours la tension avec l'épée de Damoclès au-dessus de la tête.
22:29C'est possible.
22:30Je doute de l'efficacité et de la pertinence de cette stratégie.
22:34Parce que, comme souvent en économie, la peur est pire que le mal.
22:39L'incertitude peut coûter potentiellement plus cher que l'acte lui-même.
22:45Y compris pour l'économie américaine ?
22:47Probablement.
22:48Mais en tout cas, pour l'économie européenne, c'est une certitude.
22:50En tout cas, les études qui ont été faites, notamment par la Commission européenne, vont plutôt dans ce sens.
22:55Puisque l'impact potentiellement de tarifs douaniers américains sur la croissance européenne,
23:01c'est estimé par la Commission européenne autour de 0,4-0,5 points de PIB d'impact négatif.
23:08Tandis qu'une menace poursuite d'une incertitude sur plusieurs trimestres,
23:14c'est estimé potentiellement un impact d'un point de PIB.
23:16Oui, le double.
23:17Finalement, là on le voit bien, la peur acquiert quand même mal.
23:20Mais c'est probablement négatif aussi pour les États-Unis.
23:24Si les entreprises américaines ne savent pas demain quels seront les tarifs,
23:29notamment vis-à-vis du Mexique et du Canada,
23:33parce que là on parle vraiment de choses qui sont imbriquées dans la chaîne de valeur des entreprises américaines,
23:40ça aura nécessairement un impact négatif.
23:43Est-ce que la menace, ce jeu un peu de poker menteur peut durer très longtemps ?
23:49Possible que Trump ait dans l'idée, ça risque de se heurter à la réalité économique assez rapidement.
23:55Igor, je voyais acquiescer entre l'exécution de la menace et l'incertitude générée par la menace.
24:01Oui, en fait ça crée aussi une incertitude sur les régimes d'inflation des deux côtés de l'Atlantique.
24:06Donc si on met des droits de douane, même s'ils sont réciproques, en tout cas à la hausse,
24:11ce qui serait bien c'est qu'ils soient réciproques à la baisse.
24:14Ce qui est un scénario qui peut exister aussi.
24:17On peut s'aligner sur les...
24:19Si les dirigeants économiques et politiques comprennent qu'un droit de douane,
24:24fondamentalement ça entrave le commerce international et donc la croissance du PIB mondial,
24:29ça serait bien mais pour l'instant c'est pas le sujet.
24:31Donc ça implique des pressions sur les exportations européennes,
24:35donc plutôt un contexte déflationniste,
24:38alors que de l'autre côté des Etats-Unis,
24:40plutôt un contexte inflationniste, le prix des biens aurait tendance à un peu monter.
24:44Donc c'est là où on voit que tout va se régler sur la partie banque centrale.
24:48Et en fait, moi mon sentiment, c'est pas tellement qu'il est très intéressé
24:52par augmenter les taxes sur le vin, le camembert, etc.
24:56C'est que lui sa stratégie, c'est qu'il a compris qu'il avait un budget et un déficit structurel
25:02et qu'il faut qu'il agisse non pas sur les taux courts avec les banquiers centraux,
25:06mais sur les taux longs, parce que c'est ça qui finance le budget.
25:08Et donc en fait, il va essayer de jouer sur les deux tableaux,
25:12parce que lui, moi, le narratif de Trump qui compte pour l'économie américaine,
25:16c'est que le coût de l'argent, il l'a dit très vite, très fort,
25:20après les histoires de tarifs, c'est sûr que c'est pas bon pour l'économie mondiale,
25:24mais on voit bien qu'il tâtonne et ça va se régler en négociation.
25:29Parfois il y a des sujets politiques, géopolitiques qui se mettent dedans,
25:32parfois c'est des sujets purement économiques.
25:35C'est vrai qu'avec le Mexique et le Canada, avec lesquels il a un accord de libre-échange,
25:38c'est presque incroyable, mais il n'aime pas Justin Trudeau,
25:42il y a la pression migratoire mexicaine.
25:44Donc en fait, il prend tous les sujets comme ça et puis il lance,
25:46et puis c'est ça m'étonne.
25:48On la connaît, c'est fléché.
25:50Donc moi je pense que le sujet monétaire est très important
25:54et la faute de trajectoire monétaire, tant dans notre zone
25:58où on a besoin que les taux soient de plus en plus bas très vite,
26:02soit aux Etats-Unis où la Fed essaye pour l'instant d'attendre que le soufflet retombe
26:06pour bien voir les effets de tout ça, ça c'est un vrai sujet d'investisseur.
26:10Comment on fait baisser les taux longs aux Etats-Unis puisque c'est l'objectif ?
26:14Musk le rappelle également tous les jours, il dit on va faire baisser les taux longs.
26:18D'abord il faut bien distinguer le narratif des actes.
26:21Bien sûr ça peut créer des tensions entre la réserve fédérale à terme et l'administration Trump.
26:26Je ne crois pas qu'on en soit encore là, on est plutôt dans du déclaratif.
26:30Il n'y a pas de possibilité technique de forcer la réserve fédérale
26:34rapidement à intervenir sur les taux longs.
26:37Et Powell a été questionné là-dessus, il a dit non je n'ai subi aucune pression.
26:41Mais à travers des politiques publiques ou des politiques économiques,
26:44est-ce qu'ils ont moyen de faire baisser les taux longs partant de l'administration américaine ?
26:49Non, la réponse serait une rigueur budgétaire pour faire baisser les taux longs.
26:53Alors il y a ça, l'autre possibilité technique ce serait d'avoir des politiques non orthodoxes.
26:57Non mais ça ce n'est pas le sujet.
26:59Non, par relancer le QI, je ne pensais pas à ça.
27:03Mais je ne sais pas, le pétrole, il nous dit qu'il y a un « drill baby drill »,
27:06est-ce que ça, ça fait baisser les taux longs ?
27:08Non, la problématique elle est budgétaire, il y a un dérapage budgétaire.
27:11La volonté de mettre des tarifs c'est avant tout, et ça a été dit, de générer des recettes fiscales
27:15parce qu'il y a quand même ces baisses d'impôts qui ont été promises
27:18et qu'il va falloir délivrer en tout cas pour respecter ces engagements électoraux.
27:22Et donc il y a ce sujet de recettes fiscales.
27:24Et aujourd'hui ce qui est fait par Musk n'est pas du tout en mesure
27:28de générer des économies à la mesure des baisses de recettes qui vont être induites par les baisses d'impôts.
27:36Donc il y a un sujet clé qui est les finances publiques aux Etats-Unis
27:40avec un dérapage budgétaire si les mesures sont mises en place.
27:43Et en plus de ça, il y a l'inflation qui peut générer un ralentissement de l'économie,
27:46pas immédiatement mais d'ici la fin de l'année,
27:48et ça va être aussi un sujet de préoccupation pour la réserve fédérale.
27:50Mais qui a donc atténu le coût réel de la dette aussi quand même.
27:53Oui, mais il peut y avoir un...
27:54L'effet induit positif qui est un peu pervers mais...
27:56Non mais bien sûr.
27:57Donc il y a une équation très complexe et l'imprévisibilité de Donald Trump
28:01fait qu'aujourd'hui personne n'est vraiment en mesure.
28:03Et donc qu'est-ce que c'est la conséquence pratique en termes de marché ?
28:06C'est qu'on a une volatilité obligataire qui est supérieure à la volatilité sur les actions
28:09et la volatilité obligataire va rester élevée.
28:12Et dit autrement, vu qu'on est dans un environnement où les narratifs
28:15ont l'air de l'emporter dans les dynamiques de marché davantage que...
28:18Narratifs économiques, oui.
28:19Narratifs économiques, on le voit aujourd'hui.
28:22Et donc ça veut dire quoi ?
28:23Ça veut dire qu'on va avoir probablement pas mal de volatilité
28:25sur les anticipations de politiques monétaires.
28:27Je crois qu'on l'a mentionné au début.
28:29En 2024, on a commencé avec 8 baisses de taux et puis finalement ils en ont délivré 4.
28:33Là on commence à voir beaucoup qui disent
28:35la réserve ne pourra pas baisser ses taux d'intérêt.
28:37En revanche, on va avoir de la volatilité.
28:39C'est-à-dire qu'on voit bien que la fenêtre se ferme pour le premier semestre
28:42ou éteint de 6, c'est ce que t'as dit Powell devant les sénateurs
28:45et c'est rationnel.
28:46Et puis dans la deuxième partie de l'année,
28:48si on réenclenche une dynamique de ralentissement économique
28:51et d'inflation sous contrôle, on reviendra avec des idées
28:53de baisse des taux d'intérêt.
28:55Oui, j'entends bien.
28:56Pour l'instant, le marché dit ce ne sera pas avant décembre
28:58mais décembre c'est loin.
28:59Mais ça peut changer.
29:00Oui, puisque c'est des anticipations des investisseurs.
29:03Et ça peut générer de la volatilité sur les taux d'intérêt.
29:07Ça, c'est l'anticipation de marché.
29:09Ça ne veut pas dire que tous les gens au marché pensent
29:11que la prochaine baisse de taux n'aura lieu qu'en décembre.
29:13Et en revanche, pour la Banque Centrale Européenne,
29:15il n'y a pas de raison de voir de pression inflationniste.
29:17Les pressions des inflationnistes devaient se construire.
29:20La feuille de route, c'est clairement l'assouplissement.
29:23Même avec ce qu'on a dit, le soulagement géopolitique,
29:25si ça se traduit par des prix de l'énergie du gaz plus bas,
29:28ça va être plutôt une force des inflationnistes.
29:30Il faut distribuer le crédit.
29:32Ça marche avec des crédits pas chers.
29:35Oui, c'est ce que je veux dire.
29:36Mais tout ce qu'on vient de dire va militer dans le sens
29:38d'une BCE qui va continuer de baisser ses taux.
29:41Qui pourrait le faire peut-être un peu plus vite et plus fort.
29:45Si on a des surprises négatives, parce qu'en revanche,
29:47si on avait des surprises positives sur la consommation,
29:49je pense que la Banque Centrale Européenne...
29:51On en est loin quand même.
29:52Oui, mais c'est ça.
29:53La BCE serait attentive.
29:54Parce qu'aujourd'hui, elle est ce qu'on a,
29:55un ralentissement de l'inflation service,
29:56mais elle ne la voit pas encore dans les faits.
29:58Donc il y a un sujet quand même...
29:59Et Kristina Gehrd est toujours dans l'idée d'une reprise économique
30:01alimentée par la consommation, les salaires réels, etc.
30:04Si on ne prend pas en compte l'Ukraine,
30:05les risques sur l'Europe sont baissés.
30:07En guérant sur Trump, les tarifs dont on a parlé,
30:10mais le DOJ effectivement,
30:12certainement que Trump n'a pas été élu
30:14pour réduire le déficit américain.
30:16Je pense que le working class qui a voté pour Trump
30:18n'a pas élu Trump sur ce sujet-là.
30:21Néanmoins, est-ce qu'on peut imaginer,
30:23pour X ou Y raisons,
30:24qu'il porte une attention particulière quand même
30:26à ce sujet du déficit ?
30:28J'en veux pour preuve la conférence de presse mythique
30:31qu'on a eue dans le Bureau Oval avec Elon Musk debout,
30:34Donald Trump assis,
30:35et Elon Musk expliquant comment on va...
30:37Enfin, pas comment, mais expliquant que l'objectif,
30:40c'est bien sur 2 trillions de déficit
30:42de couper 1 trillion à travers les dépenses fédérales.
30:45Effectivement, sur ça,
30:47je vois ce qui a été dit avant,
30:49le différentiel entre le narratif,
30:51ce qui est possible réellement,
30:53et ce qui sera fait au final.
30:55Il y a une volonté incontestablement
30:58de réduire une partie de la dépense publique.
31:00Ça, c'est réel.
31:02C'est un peu nouveau, d'ailleurs, dans le narratif de Trump.
31:04Alors, pas tellement dans son narratif personnel.
31:07On a ressorti des vieux tweets de 2011
31:10où il disait que pour régler le problème de la dette américaine,
31:12il fallait couper la dépense publique.
31:14Ce n'était pas une histoire de nouvelles recettes.
31:16On voit que là-dessus, il a un petit peu évolué.
31:18En tout cas, ce n'était pas du tout son discours,
31:20d'ailleurs, pendant son premier mandat.
31:22Là-dessus, il y a un petit peu d'évolution.
31:24Qu'est-ce que peut faire Musk ?
31:26Certainement qu'il va essayer de taper partout
31:30où il peut taper.
31:31Le fait est qu'il ne peut pas vraiment taper
31:33sur les dépenses des États fédéraux.
31:36Il n'a pas une si grande marge de manœuvre
31:40qu'il le laisse à penser.
31:41Sur les 6-7 trillions de dollars de dépenses fédérales,
31:43il y en a qui sont déjà inaccessibles
31:45pour Musk et son doge.
31:47Il y en a certaines où il ne touchera pas.
31:49Déjà, toute la partie dépenses de défense,
31:52il ne touchera pas.
31:53Je ne sais pas, il parle du Pentagone,
31:56des budgets de défense.
31:58Il parle de la partie administrative du Pentagone.
32:02Ce n'est pas ce qui représente le plus gros du budget.
32:05Malgré tout, il y a quand même un sujet
32:08qui est peut-être un décalage de timing.
32:11Il y a les baisses d'impôts promises.
32:13Pour l'instant, il n'y a pas vraiment d'avancée
32:16sur ce terrain-là.
32:17Il y a la proposition des sénateurs républicains
32:21de mettre en place ces baisses d'impôts
32:26qui ont été ressorties récemment.
32:28C'est quelque chose qui est toujours sur la table.
32:30Mais pour l'instant, on n'y est pas.
32:32Tandis que là, les travaux du doge sont en train
32:35de se mettre en place, d'accélérer.
32:38Il y a peut-être un risque, même si ce ne sera pas…
32:41Attention, il ne faut pas imaginer qu'Elon Musk
32:44va faire du Rami Ramillet.
32:46On ne va pas demain se retrouver avec 2 %
32:49d'excédent budgétaire aux Etats-Unis.
32:51On va rester avec des déficits budgétaires
32:53importants aux Etats-Unis dans les années qui viennent.
32:56C'est tout à fait certain.
32:57Après, il y a un risque à court terme
32:59qu'on ait une impulsion budgétaire négative.
33:02Ça ne me semble pas impossible, marginalement.
33:05Et ce n'est pas tout à fait anodin
33:07parce qu'on a beaucoup parlé
33:10de l'exceptionnalisme américain en termes de croissance
33:12ces deux dernières années.
33:14Et cet exceptionnalisme s'est quand même accompagné
33:16d'un niveau de déficit budgétaire
33:19supérieur à 5 % deux années consécutives.
33:22Ce n'est jamais arrivé dans l'histoire américaine
33:24en dehors des périodes de récession.
33:26Là, on est en période de croissance
33:28avec un déficit supérieur à 5 %,
33:30avec une contribution de la dépense
33:32et de l'investissement public à la croissance du PIB
33:35qui est sur des niveaux très importants
33:38en dehors, à nouveau, des périodes de récession.
33:40Là, c'est normal, période de récession.
33:42Mais là, on est sur des niveaux très importants.
33:45Presque vulgairement, j'ai envie de dire,
33:47la croissance très forte des Etats-Unis
33:49des deux dernières années,
33:51elle a en partie été subventionnée par la dépense publique.
33:54Si, à partir de là, on a une impulsion budgétaire
33:58un petit peu négative, encore une fois,
34:00il ne faut pas fantasmer sur l'amplitude.
34:02Musk ne va pas couper la moitié des dépenses
34:04publiques américaines demain.
34:06Mais qu'on ait un impact marginalement
34:08un petit peu négatif, ça ne me semble pas improbable.
34:10Et potentiellement, ça peut avoir un impact
34:14un petit peu baissier sur la croissance américaine.
34:17À court terme, peut-être même plus fort
34:19que l'histoire des tarifs qui inquiètent tout le monde.
34:21Et donc, tactiquement, c'est le bon moment de le faire ?
34:23On a un régime à 3% de croissance aujourd'hui aux Etats-Unis.
34:26Dans la séquence, parce que c'est ça qui est intéressant,
34:28c'est l'idée de ce séquençage,
34:30les baisses d'impôts, ça viendra plus tard,
34:33mais là, pour l'instant, avec la croissance qu'on a,
34:35c'est le moment de s'attaquer peut-être
34:37à ces questions de dépenses fédérales.
34:39En tout cas, si on se met dans l'objectif
34:41dont on en parlait juste avant, de dire
34:43il faut faire baisser les taux longs,
34:45faire baisser la dépense budgétaire,
34:47c'est à peu près le seul levier qu'ils peuvent actionner.
34:49Donc, il y a une certaine rationalité
34:51de ce point de vue-là.
34:53Après, il y a ce qui pourra être fait,
34:55et il y a aussi ce qui sera mis en place.
34:57C'est-à-dire que si demain, avec une loi de réconciliation budgétaire,
34:59on fait passer les baisses d'impôts
35:01avec lesquelles sont appliquées,
35:03Musk n'arrivera jamais à compenser cela.
35:05Donc, il y a une question de timing
35:07aussi là-dedans.
35:09Et est-ce qu'il n'y a pas...
35:11Quand même, vous vous rappelez que Trump a été élu
35:13en grande partie à cause de l'inflation.
35:15Et que si demain, par une surstimulation
35:17de la demande, on fait redémarrer l'inflation
35:19et qu'il y a ce risque-là,
35:21est-ce qu'à un moment, ça ne peut pas,
35:23dans l'esprit des Républicains,
35:25dire bon, attendez, on va décaler un peu ça,
35:27on fait d'abord les ajustements budgétaires,
35:29on verra après.
35:31Ce n'est pas impossible.
35:33Mais, là encore, on a un ongoing process.
35:35Les baisses d'impôts telles qu'elles sont
35:37télégraphiées, c'est
35:394 000 milliards sur 10 ans.
35:41C'est ça, c'est ce que j'ai en tête.
35:43Oui, c'est 4 000 ou 4 500.
35:45D'accord.
35:474 502.
35:49C'est autour de
35:514 000 milliards sur 10 ans.
35:53Quelques minutes.
35:55Je reviens à l'Europe avec vous, Didier.
35:57L'Allemagne, donc, élection
35:59le week-end prochain, pas celui-là
36:01mais celui d'après.
36:03Quels vont être les enjeux, là, immédiats
36:05et la séquence à laquelle il faut s'attendre
36:07sortie de l'élection
36:09fédérale allemande, sortie des résultats
36:11des élections fédérales allemandes ?
36:13Malheureusement, c'est un sujet
36:15d'imprévisibilité, encore, parce que
36:17quand on regarde les sondages, il y a de nombreux petits partis
36:19dont l'EFDP, qui sont à la frontière des 5%.
36:215%, c'est ce qui permet d'avoir
36:23des sièges au Bundestag, et en fonction des résultats
36:25et du franchissement de ce seuil,
36:27on a des possibilités de coalitions qui pourront s'ouvrir.
36:29Je donne un exemple. La CDU,
36:31du fait de sa proximité idéologique avec l'EFDP,
36:33pourrait être tentée de faire
36:35pas une coalition à trois, mais en mettant l'EFDP
36:37auquel cas, ça diminuerait beaucoup les anticipations
36:39de stimulation monétaire en Allemagne.
36:41Si, en revanche, l'EFDP
36:43ne franchit pas la barre des 5%,
36:45ça restreint l'espace dépeussis pour la CDU,
36:47donc ça veut dire que les coalitions soient bipartites
36:49ou tripartites. C'est avec l'ESPD et
36:51les Verts. Et là, il y a en effet
36:53des possibilités d'expansion
36:55de stimulus budgétaire un peu plus élevé.
36:57Mais il faut raison garder aussi,
36:59il n'est pas question d'abandonner la règle du frein à l'endettement.
37:01Il est question de l'amender, de la
37:03souplir, de faciliter le financement des infrastructures.
37:05Et la question, c'est jusqu'où ils vont.
37:07On a une limite du déficit structurel
37:09à 0,35% du PIB. Est-ce qu'ils vont
37:11jusqu'à 0,5% ?
37:13Donc là, il y a de la négociation.
37:15Et puis, pour quoi faire ? Et deuxièmement,
37:17la mobilisation des fonds spéciaux. Parce que les fonds spéciaux
37:19ne sont pas anticonstitutionnels. En revanche,
37:21ils peuvent être politiquement rassurants
37:23pour certains partis. Alors là encore,
37:25il faut les deux tiers. C'est le hors-bilan,
37:27les fonds spéciaux. C'est le hors-bilan allemand.
37:29Oui, bien sûr, mais c'est le hors-bilan.
37:31C'est l'institutionnel, c'est le hors-bilan,
37:33qui permet de s'acquérir de la règle constitutionnelle.
37:35Ce qui a fait exploser d'ailleurs
37:37la coalition de Scholz.
37:39Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que...
37:41Alors, le FDP est très opposé à ces fonds spéciaux,
37:43donc évidemment, ça changerait la donne
37:45si le FDP était dans une coalition.
37:47Mais la CDU mentionne... Alors, la CDU est très prudente.
37:49Comme elle ne veut pas précipiter ses électeurs
37:51dans le camp du FDP, elle a tendance à dire
37:53pas de réforme sur le plan budgétaire.
37:55Mais en réalité, Merckx, encore récemment,
37:57a signalé qu'il était prêt à aller à 3% du PIB
37:59en termes de défense de défense. Ce qui veut dire
38:01un fonds spécial de défense dédié à ça.
38:03Et là, il faut une majorité des deux tiers.
38:05Mais quand l'objectif est clairement
38:07de dire qu'on se crée...
38:09La cour constitutionnelle a bien très clairement dit...
38:11Donc si c'est fléché, il sera plus facile
38:13d'obtenir cette barrière des deux tiers
38:15au Parlement. Parce que l'AFD, par exemple,
38:17c'est peu probable qu'ils s'opposent en raison, eux,
38:19des pressions indirectes de l'équipe Trump.
38:21Vous voyez, c'est un jeu de billard à plusieurs bancs.
38:23Donc il y a une incertitude politique.
38:25Nous, notre sentiment, c'est qu'il ne faut quand même pas
38:27tabler sur un big bang en matière budgétaire.
38:29D'abord, une chose, c'est les élections d'un 3 février.
38:31Selon qu'on est à deux ou trois partis,
38:33ça peut mettre des semaines, voire deux mois,
38:35à la coalition. Ensuite, il faut passer un projet
38:37du côté du Parlement.
38:39Ça nous mène à l'été.
38:41Les plans budgétaires, etc., si tant est qu'ils viennent,
38:43ça viendra à l'automne. Donc ça veut dire qu'au plus tôt,
38:45c'est une thématique 2026.
38:47Et c'est une thématique 2026 qui peut, bien sûr,
38:49faire un supplément, un stimulus de l'ordre
38:51de 0,7 points de PIB. Enfin, on est
38:53loin du big bang anticipé.
38:55C'est pas dans le budget 25 qu'on aura déjà
38:57les effets d'électorat ?
38:59C'est impossible. C'est le budget 2026.
39:01Et sur le budget 2026, il y a une grande marge
39:03d'incertitude, parce qu'il va y avoir
39:05de la négociation politique entre les partis.
39:07On va aller d'un stimulus, si on prend en compte
39:09fonds spéciaux et assouplissement
39:11de la règle budgétaire, qui peut aller de 0,6-0,7
39:13points de PIB à 1,5.
39:15Mais 1,5, c'est le scénario haussier.
39:17Le scénario central, c'est
39:19un modeste stimulus budgétaire
39:21à l'horizon 2026-2027
39:23et qui va mettre du temps
39:25à négocier.
39:27Donc attention de ne pas verser non plus
39:29dans un excès d'optimisme sur l'Allemagne.
39:31Rapidement, parce qu'il ne nous reste plus de temps
39:33et qu'on n'aura pas le temps de faire toutes les classes d'actifs,
39:35mais est-ce que tout ce qu'on raconte là,
39:37est-ce que ça valide l'idée
39:39que c'est pas mal d'être investi aujourd'hui en Europe,
39:41d'être un peu plus diversifié ?
39:43Est-ce que l'Europe est un bon moyen de se diversifier
39:45aujourd'hui sur les marchés ?
39:47En tout cas, les actifs européens étaient décotés
39:49pour des raisons qui étaient à la fois de croissance
39:51inficisante et de risques géopolitiques.
39:53Donc il y a une partie des choses qui sont en train de se normaliser.
39:55Il faut quand même être prudent sur la croissance européenne.
39:57Les risques sont encore là,
39:59à la baisse du côté de l'entamement des barrières d'arrivée.
40:01L'Europe, finalement, boursièrement,
40:03a été assez fragmentée.
40:05J'ai cité l'Italie.
40:07On peut regarder aussi les pays scandinaves
40:09qui ne sont pas tous accrochés institutionnellement à l'Europe,
40:11mais qui font partie du bloc.
40:13Donc là, c'est le CAC 40 qui se réveille.
40:15Après, je trouve qu'il y a quelque chose de très sain
40:17qui est en train de se passer.
40:19C'est que tout le monde prend en compte
40:21le sujet d'aides publiques et de déficits.
40:23Et ça, c'est peut-être Javier Millei,
40:25peut-être Donald Trump.
40:27On avait été assez en avance sur ce sujet
40:29après la crise.
40:31Puis, on l'a oublié avec le Covid.
40:33Et ça, quand même, pour le capitalisme,
40:35dans une perspective moyenne, long terme,
40:37faire que les finances soient mieux gérées,
40:39crédibilité, donc moins de dettes,
40:41moins de pression des taux,
40:43c'est quand même un vrai sujet d'avenir.
40:45Les arguments en faveur de l'Europe,
40:47ils sont alignés aujourd'hui ?
40:49Oui, ils sont solides.
40:51Et puis, pour rebondir en disant
40:53qu'il y a de la disparité en Europe,
40:55il faut faire un petit peu de dentelle.
40:57Parce que même, on a l'impression que le DAX,
40:59par exemple, a très bien performé l'année dernière.
41:01Mais si on enlève l'SAP,
41:03l'Energie et Rheinmetall,
41:05c'est quand même beaucoup moins.
41:07Les indices des mid-cap allemands,
41:09rien ne fait du tout.
41:11C'est la même chose sur les S&P 500.
41:13On parle plus souvent de la concentration
41:15des Etats-Unis, moins en Europe.
41:17Mais en fait, elle est beaucoup là.
41:19Et sous la surface, il y a encore
41:21beaucoup de valeurs à aller chercher en Europe,
41:23sur le plan de marché.
41:25Ce soir, Didier Borowski,
41:27Amundi Investment Institute,
41:29Anguerre-en-Arthase, La Financière de l'Échiquier,
41:31Igor Demach, Vital Epargne.