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00:00Europe 1 matin, 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:04Tout de suite sur Europe 1, Linda Kebab, la policière et l'invité de Sonia Mabroka.
00:17Bonjour Linda Kebab.
00:18Bonjour.
00:19Et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:21Vous êtes policière et secrétaire nationale du syndicat Unité.
00:24Vous êtes aussi l'auteur du livre remarqué intitulé « Gardienne de la paix et de la révolte ».
00:29Je voudrais tout d'abord, Linda Kebab, évoquer avec vous bien sûr les dernières informations au sujet du meurtre de la petite Louise.
00:35Ce sont désormais trois personnes qui sont en garde à vue.
00:38On a appris dans la nuit qu'un troisième suspect a été interpellé, mis à part la mère et son fils.
00:43La mère, je le rappelle, pour non-dénonciation de crime.
00:46On reste toujours prudent à l'heure actuelle.
00:48Malgré tout, l'un des suspects de 23 ans, SDF, serait connu des services de police, dit-on pour de la petite délinquance.
00:55Le choc est immense, évidemment, depuis la découverte du corps de la fillette.
00:58Qu'est-ce qu'on peut dire ?
00:59Qu'est-ce qu'on peut dire ce matin aux parents de France qui ont peur que leurs enfants rentrent tout simplement de l'école comme Louise
01:07et qui ont perdu une forme d'insouciance si encore elle existait ?
01:11Écoutez, je pense que comme l'ensemble de nos compatriotes,
01:14on a évidemment une pensée pour les parents et la famille de cette petite Louise,
01:18mais également une pensée pour ses camarades de classe et tous ceux aujourd'hui qui restent traumatisés
01:22et pour lesquels on espère les collectivités locales, en tout cas autour de la commune,
01:27mais également l'État, débloqueront les moyens nécessaires pour les protéger psychologiquement,
01:31les assister et permettre à leur famille d'être un petit peu plus serein pour les années à venir,
01:37parce que malgré tout, il va falloir garantir à l'ensemble de nos concitoyens que, oui, ce fait est dramatique.
01:43La vie d'un enfant a été horriblement enlevée.
01:46Il faut évidemment se poser la question de comment c'est arrivé.
01:50Vous savez que je ne commente jamais les faits aussi dramatiques soient-ils,
01:53mais néanmoins, l'enquête va permettre de comprendre comment on en est arrivé là.
01:57Le profil, faire un lien avec le profil de l'auteur,
02:00si c'est celui qui est actuellement en place en garde à vue ou un autre,
02:03et en tout cas aussi, et je pense que c'est important et c'est peut-être ce qui nous manque dans notre pays,
02:07comment on aurait pu l'éviter.
02:09Et là où peut-être notre pays pêche, c'est qu'on ne réfléchit jamais à cela,
02:13c'est-à-dire que l'on traite les affaires courantes, certains diront des faits divers,
02:17et puis on passe à autre chose sans jamais remettre en question notre système.
02:21Et peut-être c'est là que le bas blesse,
02:23et c'est peut-être là où les parents de ces millions d'enfants qui peuplent notre pays
02:27attendent des réponses de la part de l'État.
02:29Comment faire en sorte que demain un parent n'aura pas l'inquiétude
02:32de savoir que son enfant sera tué horriblement ?
02:34C'est très important ce que vous dites, apporter des réponses,
02:36sinon il y a un risque, je veux dire, on y pense tous,
02:39et il faut lutter contre ça, c'est de se faire justice soi-même,
02:42c'est de s'armer soi-même, évidemment, pour se protéger et protéger ses proches.
02:46Est-ce que la policière que vous êtes, vous êtes en première ligne, Alina Kebab,
02:49il pense, est-ce que c'est un risque, est-ce que ça peut arriver en France ?
02:52Bien sûr que ça peut arriver à tout instant.
02:55Vous savez, moi je pense à mes collègues,
02:57ceux qui ont évidemment découvert, fait cette découverte dramatique et macabre,
03:02on sort jamais indemne de cette découverte, et j'en sais quelque chose,
03:05on n'oublie jamais ce type d'intervention.
03:08Je pense à ceux qui, sur la voie publique, ont découvert,
03:10je pense à ces services d'investigation et à ces policiers-enquêteurs
03:13qui, aujourd'hui, ont placé en garde à vue trois personnes et qui,
03:17je ne vais pas rentrer dans le détail de l'enquête,
03:19parce qu'il n'est pas question de donner des éléments,
03:21mais tout le monde sait, à travers notamment la téléphonie et la vidéosurveillance,
03:25vont tenter de détricoter les événements étape par étape
03:29jusqu'à confondre les auteurs.
03:31Et j'ai une pensée pour ces policiers, parce que quand on a,
03:36et la multitude de policiers, et j'en fais partie,
03:39est déjà intervenu sur un homicide, sur une personne
03:42dont la vie a été horriblement et injustement retirée,
03:46non seulement on n'en sort pas, mais on a l'intime envie
03:49et l'intime conviction que l'on peut faire mieux.
03:52Et je vous dis sincèrement, madame Mabrouk,
03:54qu'en tant que policier, on aimerait parfois ne pas avoir à intervenir là
03:58et se dire, oh, comme j'aurais aimé que l'État fasse en sorte
04:01que le policier ne soit jamais un acteur de cet événement,
04:04alors qu'à chaque fois, à chaque fait divers,
04:06qu'il s'agisse par exemple de faits de multiréitération,
04:09de faits criminels sur des enfants,
04:11de pédocriminalité suivie de meurtres sur des enfants,
04:14trop souvent on apprend que les auteurs étaient déjà connus
04:17pour des faits similaires, pour des homicides déjà commis,
04:20pour des viols déjà commis, des crimes qui sont prévus
04:23par des peines d'emprisonnement extrêmement longues,
04:25dix, vingt ans parfois la perpétuité,
04:27et pourtant on découvre trop souvent que ces auteurs sont dehors.
04:30Et là, vous parlez de ce continuum, de cette terrible série,
04:34parce qu'on a connu évidemment le drame de Thomas,
04:37il y a ensuite celui d'Elias,
04:39et malheureusement c'est une série qui est trop longue à énumérer.
04:43Les politiques affirment à chaque fois l'Inde à Kébab
04:45qu'ils ne laisseront rien passer.
04:47Aujourd'hui, le garde des Sceaux va recevoir les parents d'Elias,
04:51mais que peut-il leur dire ?
04:53Qu'est-ce qu'un responsable politique aujourd'hui,
04:55face au drame abyssal de parents qui ont perdu un enfant,
04:58tuer, larder de coups de couteau, peut promettre ?
05:01Il ne peut absolument rien promettre,
05:03on va se dire les choses, parce qu'un, ils n'en ont pas les moyens,
05:05et deux, ils ne mettent pas en oeuvre ces moyens.
05:07Ils sont bloqués en...
05:09Alors déjà, souvent quand j'entends, je vous avoue que c'est assez effrayant,
05:13parce que beaucoup de nos concitoyens pensent la même chose,
05:15mais quand on entend des politiques, ils seront lourdement sanctionnés,
05:18nous ne les laisserons pas s'en sortir.
05:20En fait, déjà, un, il y a l'indépendance de la justice,
05:22donc le politique là-dessus n'a absolument pas son mot à dire.
05:24La seule chose sur laquelle le politique peut agir, c'est la prévention,
05:27et éviter que les événements arrivent.
05:29Et donc à chaque fois qu'un événement de ce type arrive,
05:31la seule chose que le politique devrait dire, c'est
05:33nous avons failli, et nous devons travailler à faire en sorte que ça n'arrive plus.
05:36Nous avons failli.
05:37Oui, bien sûr, nous avons failli.
05:38Donc faillite collective.
05:39Bien sûr, c'est une faillite.
05:40Vous savez, quand des faits qui portent atteinte à des enfants
05:42dans un pays aussi pacifié, aussi riche, aussi développé que le nôtre,
05:46arrivent, c'est qu'il y a une faillite collective.
05:49Alors oui, l'humain est capable du pire et du sordide,
05:51mais comment est-ce que des individus qui sont connus des services de police
05:54et de justice parviennent à commettre des faits pareils,
05:57sans qu'ils n'aient été sérieusement pris en charge,
05:59sans que les moyens n'aient été mis en œuvre ?
06:02Vous savez, j'avais écrit pour le journal Le Parisien,
06:06à l'occasion des 80 ans de cette rédaction,
06:08un article pour lequel j'avais auditionné un docteur,
06:12professeur des services psychiatriques de la PHP.
06:15Et pourquoi j'avais tenu à écrire cet article ?
06:17Parce que je disais qu'à chaque fois qu'il y a un événement
06:20au bout duquel on découvre que le profil de l'auteur
06:24fait place à des troubles psychiatriques,
06:27eh bien, on est tous émus de découvrir la mort,
06:29mais personne ne s'interroge
06:31sur comment cet individu a pu se retrouver dans la rue
06:33et commettre ce fait.
06:35Et en fait, c'est, je pense, une question générale.
06:37La question de la justice, de la coercition, de la sanction,
06:40mais également de la prise en charge psychiatrique.
06:42On ne peut pas, d'un côté, dire à longueur de temps,
06:44mais on ne pouvait rien y faire, vous savez,
06:45il souffre de troubles psychiatriques,
06:46et en même temps fermer des liens psychiatriques.
06:48Ça n'a pas de sens.
06:49Et c'est ce qui révolte en grande partie les Français.
06:51Et c'est ce qui révolte en grande partie les Français.
06:52Ultra-rajeunissement des profils, ultra-violence de ces plus jeunes,
06:54c'est ce qui s'est passé, notamment,
06:56lors d'un affrontement de territoire,
06:58rappelons les choses comme cela, à Damary-les-Lys,
07:00pendant un match de foot.
07:01Ce sont des assaillants, en fait,
07:03qui se sont pris à l'une des équipes.
07:05Un jeune de 18 ans était sérieusement, là encore, blessé au couteau.
07:07Il y a un ancien vachement de la société
07:09a déclaré le garde des Sceaux.
07:11Le droit ne protège plus les Français,
07:13dit le ministre de l'Intérieur.
07:15Quand même, les mots sont forts,
07:16prononcés par des ministres eux-mêmes aux responsabilités.
07:18Je le disais, vous, les policiers,
07:20vous êtes en première ligne.
07:21Qu'est-ce qui a changé en quelques années ?
07:23Linda Kebab, vous êtes secrétaire nationale,
07:25vous êtes aussi sur le terrain.
07:26Qu'est-ce qui a changé en quelques années
07:28pour que tous ces faits de société se multiplient ainsi ?
07:30Alors, la première chose, je tiens juste,
07:32je ne commente pas habituellement les paroles politiques,
07:34mais là, quand on dit que le droit ne protège plus les Français,
07:36enfin, le droit, il n'est pas tombé du ciel,
07:38il a été rédigé par le législateur.
07:40Et quand les politiques font eux-mêmes partie du législateur,
07:42je rappelle que le législateur, c'est l'Assemblée nationale et le Sénat,
07:44donc le Parlement,
07:45et quand ce droit-là a été mal rédigé,
07:47il faut aussi être en capacité de reconnaître
07:49qu'il y a eu des erreurs,
07:50qu'il y a eu des erreurs de rédaction, de compréhension,
07:52de prise en compte des besoins de nos concitoyens.
07:54Et donc, oui, si le droit ne protège pas,
07:56dans ces cas-là, il faut le changer.
07:57Ça, c'est la première chose.
07:58On ne peut pas se contenter de faire un diagnostic
08:00sans proposer de stratégie derrière.
08:01Ça n'a pas de sens.
08:02La deuxième chose,
08:03je vous en ai parlé depuis de nombreuses années,
08:05madame Magrouk,
08:06sur votre plateau, parfois, j'ai été ciblée,
08:08notamment par l'extrême-gauche,
08:09qui estimait que j'avais un discours trop réact.
08:11Et pourtant, notre pays connaît depuis 1972,
08:14eh bien, un développement assez néfaste
08:18de la violence des atteintes aux personnes
08:20et également des tentatives d'homicides et des homicides.
08:22En 2022, notre pays, depuis 50 ans,
08:24a passé les 4 000 tentatives d'homicides
08:27et les 1 000 homicides sur une année.
08:29Et quand je dis 1 000 homicides et 4 000 tentatives,
08:31estimons que sur ces 4 000,
08:33la plupart des vies ont été sauvées
08:34par le fait du développement de la médecine
08:36et seulement pour cette raison-là.
08:38Et malgré tout, aujourd'hui,
08:39les atteintes aux personnes sont très peu sanctionnées,
08:42quelles que soient les personnes.
08:43Vous savez, il y a quelques semaines,
08:44il y a un événement qui a révolté
08:46où on a vu une vidéo d'un jeune homme en scooter
08:50qui a foncé délibérément sur un policier.
08:52Ce jeune homme, il a écopé d'une peine de 150 euros,
08:55c'est-à-dire l'amende dont vous écopez
08:59si vous venez à l'idée de pêcher une truite
09:01dans la rivière d'une personne d'un domaine privé.
09:04C'est-à-dire que la vie d'un policier vaut 150 balles.
09:07C'est la même chose, il y a un an ou deux,
09:09lorsque à Nantes, un jeune qui avait volé une voiture
09:12et qui avait fait percuter un policier
09:15et a manqué de le tuer,
09:16policier qui aujourd'hui souffre d'une infirmité permanente,
09:18a écopé de quelques heures de travaux d'intérêt général.
09:21En réalité, c'est une question de réponse pénale,
09:24une question de politique pénale,
09:25de moyens judiciaires et de réponse de la justice.
09:28En fait, ce n'est pas le droit qui ne protège pas les Français,
09:30parce que le droit se change.
09:31C'est ceux qui font le droit.
09:32C'est ceux qui font le droit,
09:33et c'est le système qu'il fait appliquer,
09:35les moyens qu'on lui donne.
09:36C'est très intéressant, l'Inda Kebab,
09:37on poursuit notre entretien sur CNews Europe 1.
09:39C'est le courage de changer les choses.
09:40Une proposition de loi sur la justice des mineurs
09:42arrive demain à l'Assemblée.
09:43Selon notre sondage CSA pour CNews Europe 1,
09:46le JDD, une majorité de Français, d'abord,
09:48souhaitent une refondation de la justice des mineurs
09:50et à la question,
09:51comment faut-il punir les mineurs coupables de crimes graves ?
09:55Eh bien, une majorité, vous allez le voir
09:57sur le sondage qui va s'afficher,
10:00une majorité, une nette majorité,
10:01veulent que ces mineurs soient jugés comme des adultes.
10:05Est-ce que vous le dites également ?
10:06Moi, j'entends tout à fait cette réponse.
10:08Pourquoi ?
10:09Parce qu'aujourd'hui, notre pays,
10:10qui n'a pas connu la guerre depuis des décennies,
10:12qui a, même s'il est toujours perfectible, évidemment,
10:15et a une politique plutôt avancée en matière sociale,
10:18d'éducation et, en tout cas, d'accompagnement des mineurs,
10:21avec cette promesse républicaine,
10:22même si elle est toujours critiquable, évidemment,
10:24mais, en tout cas, qui permet à des enfants
10:25de pouvoir accéder librement à l'école,
10:27eh bien, malgré cela, on a aujourd'hui des mineurs
10:29qui commettent des crimes d'adultes.
10:31Non pas pour des raisons vivrières,
10:33nous ne sommes plus, à l'époque, des misérables,
10:35mais, parfois, gratuitement, pour des raisons futiles,
10:39il y a la question des mineurs,
10:40mais il y a aussi la question de l'environnement du mineur.
10:42Ce qui revient souvent dans le débat,
10:45mais qui, en réalité, n'est jamais traité,
10:46parce que c'est un sujet qui est polémique
10:48et qui éveille les passions,
10:51c'est la question de la parentalité.
10:52On va se dire les choses, Mme Mabrouk.
10:54Ce sont des jeunes hommes qui s'entretuent.
10:57Je ne vais pas du tout être politiquement correcte,
11:00mais, en fait, on a des schémas familiaux
11:02qui accordent une éducation très stricte aux filles,
11:05des filles qui, d'ailleurs, souvent s'en sortent très bien
11:07du fait de cette éducation stricte,
11:08mais qui positionnent leur enfant comme un enfant roi,
11:11au point même qu'il n'a plus aucune limite.
11:13Et donc, du coup, la sanction des mineurs
11:14et la sanction des parents.
11:15J'en parle, ça crée polémique,
11:17le politique en parle, ça crée polémique,
11:18ça fait des passions, des débats,
11:20et, à la fin, on n'a plus rien.
11:21Mais les Français attendent des réponses
11:22et je vous remercie pour cette lucidité,
11:24cette sincérité, et c'est ce que vous voyez sur le terrain.
11:27Mais ça veut dire, aujourd'hui, très concrètement,
11:29on place un mineur en contrôle judiciaire,
11:31puis, après, on le laisse dans la nature.
11:32Absolument.
11:33Avec cette politique de la césure
11:34qui a été mise en oeuvre par M. Dupont-Moretti,
11:36c'est-à-dire, on reconnaît la culpabilité d'un mineur,
11:38on lui dit, tu es coupable du fait que tu as commis,
11:40on revient dans un an, on verra ce que tu seras devenu,
11:42et, potentiellement, on te sanctionnera.
11:44Ça n'a absolument aucun sens,
11:45et, aujourd'hui, on a une multitude de mineurs
11:47qui profitent de cette politique qui a été,
11:49je rappelle, poussée, enfin, mise en oeuvre
11:51sous l'insoufflation du syndicat de la magistrature
11:55pour pousser, en fait, à l'impunité des mineurs.
11:57Or, moi, j'en appelle à tout l'inverse,
11:59à un choc de l'autorité de justice,
12:02c'est-à-dire, notamment, mettre fin au parcours délinquant
12:04avec des très, très courtes peines
12:06qui ne désociabilisent pas,
12:07sur le temps des congés scolaires, encore une fois.
12:09Tant de personnes le demandent, des magistrats,
12:11comme Beatrice Brugère et d'autres.
12:12C'est ça, et, au-delà de ça, au-delà de la demande,
12:14c'est une réflexion qui est poussée.
12:15Après des enquêtes, des auditions, des comparaisons,
12:17puisqu'on parle souvent d'autres pays européens
12:19pour comparer les méthodes de police et de justice entre nous,
12:23eh bien, moi, je vous dis qu'il y a des pays européens
12:25qui ont mis cela en oeuvre, et ça fonctionne.
12:26Sauf que, dès que vous en parlez avec le politique,
12:28il balaie d'une main.
12:29Et qu'est-ce qu'il y a à ce sujet de tabou ?
12:31Linda, c'est le lien entre, souvent, ces mineurs isolés
12:34et l'immigration, un lien qui ne peut pas être reconnu
12:37par une partie de la classe politique.
12:39Au sujet de l'immigration, justement,
12:40et en particulier l'immigration des Comores vers Mayotte,
12:43qualifiée de submersion migratoire par le Premier ministre,
12:45vous avez mis en lumière, en vous rendant sur place,
12:47un trafic à la nationalité française mené depuis les Comores.
12:51Votre vidéo a été largement commentée.
12:54Elle est édifiante, avec en bout de chaîne
12:56des millions d'euros de fraudes aux prestations sociales à Mayotte.
13:00C'est un détournement du droit du sang.
13:02Mais comment c'est possible avec des documents officiels ?
13:06En fait, je fais très bref pour que les auditeurs
13:09et les téléspectateurs nous comprennent.
13:11C'est des Comoriens qui, je pense, et en tout cas je m'avance
13:14avec l'accomplissé d'agent d'État civil aux Comores,
13:17vont changer le nom de la mer,
13:19et donc mettre le nom d'une Mahoraise,
13:22à son insu, il n'est pas au courant.
13:24Et donc, fort de cette filiation de la part d'une Française,
13:28prétendre droit du sang.
13:30Et donc, par le droit du sang,
13:32obtiennent la nationalité française,
13:34des papiers d'identité française, et donc des prestations sociales.
13:36Et cela sans aucun contrôle.
13:38En réalité, au bout du bout du bout,
13:40c'est qu'on va donner du crédit à des documents
13:42qui sont issus des Comores, alors même...
13:44Ce n'est pas une première, ça a déjà eu lieu en métropole,
13:46il y a déjà eu un réseau qui avait été démantelé
13:48il y a quelques années, avec l'incapacité,
13:50vous savez, cette fameuse diplomatie coercitive
13:52de la part de la France, que je critique souvent,
13:54qui est incapable de dire aux Comores
13:56que les documents issus de ce pays
13:58ne devraient plus être reconnus
14:00comme étant authentiques, jusqu'à preuve du contraire.
14:02Parce qu'aujourd'hui,
14:04on a un vrai trafic à la nationalité française
14:06qui vient pourrir, je n'ai pas d'autres termes,
14:08cet archipel de Mayotte,
14:10mais également au-delà de ça,
14:12puisque cette affaire a été découverte par des policiers à La Réunion,
14:14avec des Comoriens devenus Français,
14:16et qui se sont installés à La Réunion.
14:18Je rappelle que La Réunion,
14:20c'est un pays paradisiaque, que tout le monde en vit,
14:22qui est en train de sombrer aujourd'hui
14:24avec, on va dire,
14:26l'insouciance et l'indifférence
14:28de la classe politique.
14:30Et aujourd'hui, à La Réunion, les problèmes maoris
14:32sont en train de se déplacer à La Réunion,
14:34et donc c'est là-bas que les policiers ont découvert
14:36le poteau rose, mettant en œuvre
14:38plus d'un million de préjudices sur un petit réseau,
14:40juste avec une fausse fratrie
14:42de plusieurs dizaines d'individus.
14:44L'endettement, votre mise en lumière de cette affaire,
14:46de ce réseau, illustre aussi
14:48l'incapacité à tordre le bras aux Comores,
14:50et aussi à d'autres pays.
14:52Je voudrais vous faire réagir, parce que c'est le cas notamment
14:54avec l'inquiétude des habitants de Lure, en Haute-Saône,
14:56qui cohabitent avec le frère
14:58d'un terroriste islamiste du Bataclan,
15:00qui est lui-même un ancien combattant de Daesh,
15:02inexpulsable.
15:04Inexpulsable, car ni l'Algérie,
15:06ni le Maroc, dont sont originaires
15:08ses parents, et bien, n'ont délivré
15:10de laisser passer. Qu'est-ce qu'on dit
15:12à ces habitants ?
15:14Cet individu est assigné à résidence
15:16à côté de leur maison.
15:18Assigné à résidence, jusqu'à quand ? Et on sait très bien que ça ne durera pas.
15:20Ad vitam. On n'a aucun
15:22moyen de garantir que jamais il n'entrera
15:24en contact avec d'autres, de nouvelles filières
15:26djihadistes. Et donc, du coup, on ne peut pas,
15:28et encore, on en revient à ce qu'on disait en début de propos,
15:30l'incapacité de la France d'assurer
15:32à ses citoyens,
15:34en tout cas de l'État français,
15:36de ceux qui gouvernent notre pays,
15:38l'incapacité à pouvoir apporter une sécurité.
15:40C'est la question de la diplomatie coercitive,
15:42encore une fois. Est-ce que,
15:44finalement, la déchéance de nationalité ne devrait
15:46pas être de facto appliquée
15:48dès lors ? Et d'ailleurs,
15:50elle est régulièrement mise en oeuvre, vous savez,
15:52notamment sur les affaires de terreuses. Pour ma part, je plaide
15:54qu'elle soit aussi mise en oeuvre pour les affaires de droits communs
15:56à partir du moment où elles viennent
15:58altérer notre équilibre de société.
16:00Et puis, estimer, comme d'autres pays
16:02le font, mais sauf que nous sommes un petit peu pris en laisse,
16:04surtout par l'Union européenne et par
16:06les règles européennes, eh bien,
16:08assumer l'idée que nous puissions expulser
16:10une personne sans tenir compte si,
16:12oui ou non, elle est acceptée par d'autres pays,
16:14ça ne devrait pas être notre problème.
16:16Et malheureusement, nous ne sommes pas
16:18incapacités d'avoir une diplomatie coercitive.
16:20Ça ne devrait pas être notre problème. Merci, Linda Kebab.
16:22Je rappelle le titre de votre ouvrage,
16:24Gardienne de la paix et de la révolte,
16:26que vous tentez de canaliser courageusement
16:28sur le terrain également. Merci à vous.
16:30Bonne journée et à bientôt.