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Avec Thierry Coulhon, président de l'Institut polytechnique de Paris

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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-02-10##

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Transcription
00:00— SUD RADIO — Avec l'intelligence artificielle, on peut faire de très grandes choses.
00:04— LA VÉRITÉ EN FACE — Et donc la France et l'Europe doivent être au cœur de cette révolution pour saisir toutes leurs chances.
00:10C'est le but de ce sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle. Alors je compte sur vous.
00:14— PATRICK ROGER — La vérité en face sur Sud Radio. Patrick Roger déchire le micro.
00:22Matin après matin, on se régale. Les vérités tombent, c'est phénoménal.
00:28— Bah oui, c'est fait par l'intelligence artificielle aussi, ce morceau. Nous recevons Thierry Coulon,
00:34qui est président de l'Institut Polytechnique à Paris, sur le plateau de Saclay. C'est à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.
00:40Bonjour. — Bonjour, Patrick Roger. — Merci d'être avec nous. Pourquoi ? Eh bien parce que, évidemment, il y a ce sommet
00:46aujourd'hui et demain au Grand Palais. Vous, vous avez déjà eu, j'allais dire, ceux qui bossent véritablement,
00:51parce que là, c'est ceux qui pensent, là, qui sont réunis. Et vous, vous avez eu... Non, caricature, mais à peine.
00:57— Vous pensez un peu aussi, peut-être. — Oui, oui, bien sûr, bien sûr, bien sûr. Non, bah bien sûr que vous pensez.
01:00Vous pensez... Pour bosser, vous vous pensez, en fait, quoi, en permanence. Donc la semaine dernière sur le plateau de Saclay.
01:09Justement, alors Polytechnique, tiens, ça vaut le coup quand même d'en parler. Qui va à Polytechnique ?
01:14Quels sont les profils, en fait, de Polytechnique ? Et qu'est-ce qu'ils font par la suite ?
01:17— Alors d'abord, il faut que je vous dise un mot sur l'Institut Polytechnique de Paris. C'est l'école polytechnique,
01:22mais c'est aussi l'ENSTA, une autre école sous tutelle défense. C'est l'ENSAE qui forme les statisticiens de la statistique publique,
01:28statistique économie. C'est Télécom et Télécom Sud Paris, deux superbes écoles de télécommunication.
01:34Et puis les petits derniers qui sont rentrés dans l'Alliance, c'est l'École nationale des pros et chaussées.
01:39Donc ça, ça fait au total 10 000 étudiants, 41 % d'internationaux. Donc c'est une...
01:45— 41 % d'internationaux ? — C'est une belle machine. Oui, parce que dans les cycles ingénieurs, il y a beaucoup d'étudiants étrangers.
01:52Et puis on a développé les masters et les doctorats. Et là, on attire massivement les belles cervelles de la planète.
01:58— Voilà. C'est ça. Donc qui viennent pour apprendre quoi ? Alors ils ne travaillent pas tous, d'ailleurs, sur l'intelligence artificielle.
02:05— Non, non, non. Ils ont des... Si vous voulez, l'idée de ces écoles d'ingénieurs, dont certaines sont nées dans la fin du XVIIe siècle,
02:11d'autres au XXe siècle, c'était et c'est toujours de fournir une très solide formation de base en maths, en stats et en sciences fondamentales, physiques, etc.
02:21Il y a quelques années, on pouvait se dire est-ce que c'est la meilleure manière de former des gens qui, demain,
02:25seront à la tête des entreprises du CAC 40 ou qui, demain, seront dans la haute administration, etc.
02:30Vous saviez, il y avait ce poncif d'eux, ils font trop de maths, ils sont un petit peu dans la lune.
02:34Mais aujourd'hui, l'intelligence artificielle, mais aussi le climat, mais aussi la santé, tous les grands défis d'aujourd'hui,
02:41avec quoi est-ce qu'on les résoudra ? Avec des sciences et des sciences de base et des maths et des stats.
02:46Donc, nos étudiants sont particulièrement bien situés, bien placés pour s'adapter aux défis contemporains, y compris économiques.
02:52— Oui, oui, bien sûr. Alors il y avait déjà beaucoup de questions, juste avant que vous arriviez, avec des auditeurs, je sais pas si vous les avez entendus,
02:57qui, eux, sont beaucoup plus sur la crainte. C'est vrai que quand il y a l'évolution, en fait, de la science, du progrès,
03:03il y a toujours des craintes des dérives, l'exploitation. Le nucléaire, à la base, c'était pas forcément une arme.
03:09C'est devenu en fait une arme, et c'est la même chose. Il y a aussi des dérives possibles avec l'intelligence artificielle.
03:15— Bah il y a une... Si vous voulez, il y a deux phénomènes. D'une part, vous avez une disruption qui part des sciences, des maths et des stats
03:22et de l'informatique, et qui a des impacts économiques, sociétaux, sur la démocratie, sur le travail, sur la vie des gens, qui sont incroyables.
03:30Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que ça va extrêmement vite, et qu'il y a, y compris du point de vue géopolitique,
03:36on voit que des grands équilibres sont en train de se trouver. Donc, que dans une opportunité pareille, il y ait des questions qui se posent,
03:42des questions de régulation, de protection du citoyen, des questions d'innovation, etc., bien entendu.
03:47Dans toute innovation, l'humanité, depuis qu'elle a...
03:51— C'est vrai, mais on a peut-être tendance... Thierry Coulomb, on va pas faire de politique, mais on dit qu'en France et en Europe,
03:58depuis une quinzaine d'années, on a tendance à vouloir avant tout réguler plutôt que créer, quoi.
04:03Alors que les Américains ne nous attendent pas pour ça, ou les Chinois et les Indiens, qui sont les principaux concurrents, quoi.
04:10— Alors, on innove aussi. On innove même beaucoup. C'est pas tout à fait un hasard, effectivement, si on a organisé ces journées scientifiques,
04:17et si on a eu toutes les stars mondiales, et puis un certain nombre de stars françaises qui étaient là.
04:22Donc, dire l'école mathématique française, il n'y a pas besoin d'en faire la publicité.
04:27Donc, on innove aussi. L'Europe est un terrain de jeu fantastique.
04:31Simplement, il faut trouver le bon équilibre entre régulation et protection du citoyen d'une part, innovation d'autre part.
04:36Moi, je suis pas pessimiste sur le fait qu'on va le trouver, que ce sommet devrait aider à le trouver. C'est ce qu'on attend.
04:40— Alors, est-ce qu'on est bien positionnés, justement, pour l'intelligence artificielle en France ?
04:45Et depuis combien de temps on travaille sur ce secteur à Polytechnique et toutes les écoles qui sont sur ce plateau de Saclay ?
04:52Est-ce qu'on est bien positionnés ? — Il y a peut-être d'autres écoles en région ?
04:55— Absolument. D'abord, s'il vous plaît, il y a un écosystème un peu plus large.
05:01Il y a nous, l'Institut Polytechnique de Paris. Il y a nos voisins de l'université Paris-Saclay.
05:04Un certain nombre d'universités dans Paris-Centre, PSL, Sorbonne-Université et d'autres.
05:08Et puis, en province, un certain nombre d'universités.
05:11Il se trouve que c'est le deuxième point qui m'a frappé lors de ces journées scientifiques.
05:15C'est que non seulement on a attiré toutes les stars mondiales, mais que tout le monde était aligné.
05:20Le CNRS, INRIA, les autres IA clusters. Il y a un écosystème français qui est mobilisé.
05:25Alors depuis combien de temps ? Si vous voulez, je vous le disais.
05:27Nous, c'est notre boulot que de coller aux évolutions scientifiques
05:31et aussi d'avoir traditionnellement beaucoup de nos anciens élèves qui se trouvent dans les grandes entreprises.
05:39Ça, c'était classique. Qu'ils fondent leurs start-up, c'est plus nouveau.
05:43— Dans les grandes entreprises, y compris d'ailleurs à l'international. — Évidemment.
05:46— En Californie ou ailleurs. Mais je pense en fait à la Californie.
05:50— C'est là que ça se passe. — Oui. C'est là où ça s'est passé.
05:54Il y en a beaucoup qui viennent de chez vous et qui sont partis là-bas.
05:58Le fondateur de Criteo, aussi, qui a été une dizaine d'années.
06:02— Mine. École des mines. Je connais bien.
06:04— École des mines. Voilà. C'est ça. Et il est allé en fait là-bas.
06:07— Oui. Mais alors les choses sont un peu plus compliquées.
06:10Tout à l'heure, j'étais avec Thomas Clausell, qui a fondé Aukin.
06:13Et Aukin est une boîte à capitaux américains, mais avec beaucoup de Français à l'intérieur,
06:17et qui est très présente en France, qui travaille avec les hôpitaux français.
06:20Il me disait tout à l'heure qu'il a 5 polytechniciens dans son board.
06:23Donc oui, on fournit d'excellentes cervelles, bien positionnées,
06:29ce qui répond à votre première question.
06:31Est-ce qu'on est en train de se les faire piquer ? Peut-être. En tout cas, ils reviennent.
06:35Ça, c'est le point essentiel. C'est qu'il y en ait qui reviennent,
06:38qu'il y en ait qui trouvent qu'ici, il y a un terrain d'investissement favorable.
06:44Et d'autre part, on en attire. C'est l'histoire des 41% internationaux.
06:48C'est qu'avec nos master et doctorat, on attire beaucoup de gens.
06:51— Oui. Alors c'est vrai. Bon. Alors ça, c'est aussi une autre question politique.
06:55Je vais pas vous embêter avec ça. Tirer coulons sur...
06:57Est-ce qu'en France, on peut créer plus facilement, entreprendre,
07:00parce qu'on sait qu'il y a des contraintes, quoi ?
07:02— Ça s'arrange. — Ça s'arrange, vous croyez, vraiment ?
07:04— Il me semble. Une fois de plus, là, on sent...
07:07— On voudrait bien. On voudrait bien. Mais vous avez vu les grands patrons.
07:11Ils disent oui. Ici, on est en permanence taxés, etc.
07:15Donc certains sont obligés de s'exiler, quoi, bien sûr.
07:19— Oui. Écoutez, je me souviens... — Non, mais c'est une difficulté.
07:22— Je me souviens d'une grande réunion qu'il y avait eue à l'Élysée
07:24avec les acteurs de l'intelligence artificielle il y a un an, me semble-t-il.
07:28Et il y avait Eric Schmidt qui était là. Et quelqu'un lui a posé la question.
07:31« M. Schmidt, est-ce que vous pensez... » — Eric Schmidt, on rappelle.
07:33— Ancien Google, etc. Et ancien beaucoup de choses.
07:37Et très impliqué dans les questions d'intelligence artificielle.
07:39Il disait « Vous savez, les États-Unis vont y arriver, la Chine va y arriver,
07:42peut-être le Royaume-Uni, la France, peut-être. »
07:45Et quelqu'un lui disait « Mais vous pensez vraiment le peut-être ?
07:47Vous dites ça par politesse. »
07:48Il a dit « Vous savez, moi, j'ai de l'argent dans les entreprises françaises,
07:51donc j'y crois. »
07:52Je pense qu'il y a quand même un certain nombre de signes
07:54qui montrent qu'on est dans la course et qu'on peut y arriver.
07:56— Oui. Alors bien souvent, on dit « La France seule ne peut pas y arriver.
08:01» Comment ça fonctionne ?
08:02Parce qu'évidemment, il y a Polytechnique qui est là, qui est en France,
08:06et toutes les grandes écoles.
08:08Est-ce qu'il y a des liens pour, évidemment, fonctionner, j'allais dire,
08:12en étoile avec l'Europe, quoi, bien sûr, notre continent ?
08:15— Alors, à notre modeste niveau, on est dans une alliance européenne
08:18qui s'appelle Eurotech.
08:20On est avec qui ?
08:21C'est l'Europe au sens large.
08:22On est avec le Technion, on est avec le PFL,
08:25l'excellente université de technologie suisse,
08:27la Polytechnique fédérale de Lausanne.
08:29On est avec la Technische Universität München,
08:31qui est une machine formidable,
08:33avec les Danois de DTU, et avec Eindhoven.
08:37Donc oui, on a une alliance à 6,
08:39où on réfléchit à ces sujets d'intelligence artificielle,
08:41mais aussi au climat et à toutes les grandes questions qui se posent.
08:44Et c'est l'échelle naturelle, bien sûr.
08:46— Allez, on va continuer d'en parler avec vous,
08:48Thierry Coulomb, président de l'Institut Polytechnique de Paris.
08:51Si vous voulez poser, d'ailleurs, des questions en direct,
08:53dans La Vérité en face, sur Sud Radio,
08:55vous n'hésitez pas, 0826 300 300,
08:58vous connaissez le numéro de téléphone.
09:00Dans un instant, on va voir, justement,
09:02la maîtrise de l'intelligence artificielle.
09:04Est-ce qu'on peut la maîtriser ?
09:06Parce que tout à l'heure, William et Diane
09:08nous parlaient, en fait, des risques.
09:10On va en parler. Et puis avec qui va-t-on travailler,
09:12en fait, demain ? Vous avez parlé des Chinois.
09:14Les Indiens, qui sont à l'honneur, là, aujourd'hui.
09:16Et puis il y a toujours les Américains.
09:18Il y a un certain quand même, Elon Musk,
09:20qui secoue le cocotier, qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas,
09:22mais il l'a secoué déjà depuis quelques années.
09:24On vous écoute jusqu'à 10h, sur Sud Radio.
09:269h10, Sud Radio,
09:28la vérité en face,
09:30Patrick Roger.
09:32La vérité en face,
09:34sur Sud Radio,
09:36Patrick Roger,
09:38déchire le micro,
09:42matin après matin.
09:44Voilà, alors, c'est vrai,
09:46quand on entend cela,
09:48cette création par l'intelligence artificielle,
09:50Thierry Coulon, vous êtes le président
09:52de l'Institut Polytechnique de Paris.
09:54Certains se disent, bah oui,
09:56ça va remplacer énormément de métiers,
09:58de secteurs. Comment vous l'appréhendez,
10:00vous, en fait, cela ?
10:02Je pense pas que ça nous remplace.
10:04Ça va nous aider terriblement.
10:06Si vous voulez, j'ai demandé à Chad Jipiti,
10:08et demain, je demanderai au Chat.
10:10Le Chat, c'est développé
10:12par les Français de Mistral.
10:14Chad Jipiti, je lui ai demandé d'écrire mon discours
10:16de vœux. Ce qu'on a fait
10:18avec mon directeur de cabinet, franchement, était nettement mieux.
10:20J'ai demandé au Chat...
10:22Oui, sauf que vous avez dû mettre une heure
10:24ou deux heures, et que Chad Jipiti vous l'a fait
10:26en une minute, quoi.
10:28Non, mais mon dire-cap utilise régulièrement
10:30ces outils-là, et ensuite,
10:32il peaufine.
10:34De la même manière, j'ai demandé au Chat
10:36de résumer
10:38les journées scientifiques qui ont lieu
10:40à l'Institut Polytechnique de Paris,
10:42et c'est vraiment pas mal. C'est extraordinairement superficiel
10:44par rapport à ce qu'a fait le comité scientifique
10:46en deux jours. Donc, ça va nous aider.
10:48Si vous voulez, le combo gagnant,
10:50c'est la combinaison de l'intelligence humaine
10:52et de l'intelligence artificielle.
10:54En matière de diagnostic, c'est clair.
10:56La systématicité,
10:58le fait de créer des masses de données,
11:00le cerveau humain n'est pas fait pour cela,
11:02mais le cerveau humain est fait pour interpréter
11:04les choses de manière fine.
11:06Chad Jipiti, comme Chat et d'autres
11:08technologies de l'intelligence
11:10artificielle, vont nous simplifier
11:12pour analyser les choses un petit peu, en fait.
11:14C'est ça ?
11:16C'est extraordinairement compliqué. Il est encore plus compliqué
11:18qu'on le pensait. Le monde physique,
11:20le monde biologique, le monde social,
11:22ils sont extraordinairement compliqués.
11:24Et on a besoin d'assistants et d'aides.
11:26Et là, il y a un nombre d'outils fabuleux.
11:28Lorsque j'écoute une présentation
11:30scientifique par mes chercheurs à l'Institut Polytechnique
11:32de Paris, je n'entends pas
11:34une présentation en biologie,
11:36en chimie ou en physique,
11:38sans que l'intelligence artificielle soit utilisée.
11:40Ce qui ne signifie pas du tout que ça remplace
11:42les chercheurs, au contraire.
11:44Tout à l'heure, William, qu'on avait
11:46en ligne au 0826-300-300, il disait
11:48par exemple, les gamins,
11:50certes, ils vont développer l'oral,
11:52mais à l'écrit, ils risquent de céder
11:54beaucoup de l'intelligence artificielle.
11:56Et peut-être qu'ils seront
11:58moins bons demain à l'écrit.
12:00Comment faire face à ça ?
12:02C'est un véritable défi.
12:04Il va falloir réfléchir, il va falloir tenir compte
12:06des transformations.
12:08L'imprimerie a changé beaucoup de choses.
12:10Et là, on est face
12:12à une disruption de cette ampleur-là
12:14qui va affecter effectivement nos capacités
12:16cognitives, mais qui va
12:18affecter la manière dont on fait de l'éducation.
12:20Ce n'est pas pour ça que je suis le
12:22le plus inquiet. Je veux dire qu'il ne faille pas
12:24faire passer des examens, peut-être par une IA,
12:26mais on corrigera beaucoup plus vite
12:28les copies, et il y aura
12:30de l'oral. Ensuite,
12:32on peut imaginer
12:34en matière d'éducation, comment l'IA
12:36peut être un auxiliaire incroyable.
12:38Parce que l'IA aussi individualise
12:40les réponses en tenant
12:42compte d'un grand nombre de données.
12:44Ce qui existe déjà dans le monde
12:46universitaire, pas encore dans les collèges
12:48et lycées, c'est qu'il peut y avoir des détecteurs
12:50des logiciels qui détectent
12:52que des copies ont été
12:54réalisées. Les fameux devoirs à la maison.
12:56Oui, mais une fois de plus,
12:58ce n'est pas l'essentiel. Il va falloir changer
13:00les modalités. L'oral va retrouver
13:02ses lettres de noblesse, l'interaction humaine va retrouver
13:04ses lettres de noblesse, parce qu'un certain nombre de tâches
13:06seront précisément tâches répétitives
13:08qui sont absorbées par l'IA.
13:10Racontez-nous, quand on travaille
13:12à Polytechnique et qu'on sort de Polytechnique
13:14ou des autres écoles,
13:16qu'est-ce que l'on va faire ? On va se servir
13:18de l'intelligence artificielle pour
13:20approfondir la recherche
13:22dans le secteur de la santé,
13:24dans tous les domaines.
13:26Je vais vous dire comment
13:28ça s'est passé pour nous.
13:30D'abord, ces six écoles d'ingénieurs
13:32pour se développer
13:34en un objet inséré dans le
13:361er siècle vraiment international, on a
13:38développé des centres interdisciplinaires.
13:40Ces centres interdisciplinaires, ils ne sont justement pas
13:42par discipline, la physique, les maths, la biologie, etc.,
13:44mais ils repèrent des grands défis de société.
13:46Le dernier, c'est sur les mers
13:48et l'océan. Il y en a un sur la défense
13:50et la sécurité. On a deux écoles militaires
13:52sur l'ingénierie pour la santé, sur l'énergie
13:54pour le climat. Et puis il y en a un qui a été
13:56fondé en 2020
13:58sur l'intelligence artificielle qui s'appelle High Paris.
14:00Il a été construit avec HEC.
14:02HEC est l'Institut Polytechnique de Paris.
14:04Et on va évidemment
14:06faire de la recherche, c'est-à-dire attirer
14:08les meilleurs du monde sur des chairs
14:10spécifiques. On va faire de l'innovation
14:12et on va regarder évidemment
14:14en particulier avec HEC, quelles applications
14:16à la société. Et on va aussi faire
14:18de la formation. De la formation, ça veut dire
14:20qu'on s'est engagé à avoir
14:22plus 1 200 spécialistes
14:24formés au niveau master, doctorat, ingénieur
14:26et puis
14:283600 certifiés, c'est-à-dire des gens
14:30qui sont dans une autre spécialité mais qui
14:32auront, qu'ils soient
14:34physiciens ou économistes,
14:36qui auront une solide
14:38formation en intelligence artificielle.
14:40Donc nous voilà comment on va travailler.
14:42Thierry Coulon, tout à l'heure vous avez dit 41% de vos
14:44élèves sont internationaux,
14:46viennent de l'étranger.
14:48Est-ce que, parce qu'il y a eu
14:50ce risque, il faut tout peser,
14:52il y a eu ce risque il y a quelques années
14:54du pillage de la technologie par les
14:56Chinois et à degrés moins des
14:58Indiens. Comment faites-vous
15:00par rapport à ça ? Alors c'est un pillage
15:02entre guillemets de l'intelligence
15:04artificielle, de l'éducation,
15:06de la recherche.
15:08Comment travaillez-vous sur ce secteur ?
15:10Je ne sais pas si on peut le faire d'ailleurs.
15:12Bien sûr. Ce qui est passionnant dans la période
15:14actuelle, c'est que vous aviez traditionnellement
15:16un monde qui était le monde du savoir où tout
15:18circulait de manière libre. Vous aviez un monde
15:20du privé où vous aviez
15:22des choses qui étaient propriétaires,
15:24et puis vous avez un monde géopolitique où on fait attention
15:26à ce qu'on possède et ce qu'on ne possède pas.
15:28Les deux mondes sont en train de s'interpénétrer
15:30d'une manière extrêmement forte. Alors effectivement
15:32le savoir, ça a de la valeur
15:34et il faut faire attention.
15:36Il ne vous échappe pas que dans l'environnement
15:38polytechnique, Insta,
15:40NSAE, etc., qui sont très liés
15:42à la souveraineté, Télécom aussi,
15:44eh bien on fait un peu attention
15:46et on a les moyens de faire attention. Vous avez le CEA
15:48qui est juste à côté, à Saclay,
15:50sur le nucléaire.
15:52Il y avait une grande naïveté dans le monde
15:54universitaire français aussi,
15:56une espèce de naïveté.
15:58On dit qu'on a formé finalement
16:00des personnes qui
16:02sont allées développer à l'international
16:04autre chose, sans rester en fait sur le territoire.
16:06Il y a cette notion de souveraineté,
16:08mais comment vous pouvez l'enseigner justement
16:10aussi à vos élèves ?
16:12On vous a donné ce bon
16:14enseignement. Il faut qu'ils soient
16:16conscients à la fois qu'on est dans un monde
16:18où on circule, à la fois que la France
16:20et l'Europe ont une position spécifique
16:22en cherchant un équilibre
16:24entre la régulation et l'innovation
16:26qui est protéger le citoyen d'une part
16:28mais être capable d'innover d'autre part
16:30et que d'une certaine manière, ils doivent rendre
16:32au pays
16:34qui leur a donné quelque chose.
16:36Donc ça se raconte.
16:38Il ne faudrait pas faire comme en médecine,
16:40c'est-à-dire que vous allez
16:42rester un certain nombre d'années sur le territoire.
16:44Ce n'est pas l'obligation.
16:46Regardez,
16:48les journées scientifiques
16:50qu'on a organisées à l'Institut Polytechnique
16:52de Paris ont commencé par un exposé
16:54fabuleux de Michael Jordan.
16:56Michael Jordan, ce n'est pas le basketteur,
16:58c'est un prof à Berkeley, qui est un des grands
17:00de l'intelligence artificielle, qui a une vision
17:02qui n'est ni apocalyptique, ni avenir radieux
17:04mais très concrète.
17:06Et Michael Jordan, prof à Berkeley,
17:08il a une chaire INRIA.
17:10Il est en France
17:12et il travaille avec nous.
17:14Donc on peut attirer des grosses pointures.
17:16Qu'est-ce qui les attire ? Parce que
17:18bien souvent, il y a les sirènes de l'argent,
17:20on sait
17:22qu'aux Etats-Unis,
17:24on propose parfois deux, trois fois plus
17:26qu'en France.
17:28Donc un jeune, j'imagine, il se dit, je vais aller gagner
17:30beaucoup d'argent là-bas, et en plus j'aurai des moyens
17:32pour développer la recherche.
17:34Au bout d'un moment,
17:36ils ont envie de revenir, en particulier
17:38parce que nos élèves, c'est un trésor,
17:40je ne suis pas sûr qu'il y ait une concentration
17:42pareille dans beaucoup d'autres endroits
17:44dans le monde, donc ça donne envie
17:46de faire cours à des cervelles
17:48bien oxygénées.
17:50Et puis il y a un environnement de recherche,
17:52un environnement culturel aussi,
17:54l'attractivité de Paris. En tout cas, on la constate.
17:56On la constate avec ce sommet,
17:58on l'a constaté avec les journées scientifiques la semaine dernière,
18:00et on la constate tous les jours. Evidemment, c'est difficile,
18:02évidemment, il faut lutter pour ramener quelqu'un de Princeton
18:04ou d'ailleurs, mais ça nous arrive.
18:06– Parce qu'on parle beaucoup de Paris,
18:08de la région parisienne,
18:10avec ce centre, mais
18:12vous l'avez évoqué tout à l'heure, vous travaillez aussi
18:14avec les grands centres universitaires en région,
18:16à Toulouse, à Bordeaux, à Marseille,
18:18en Bretagne, un peu partout.
18:20– Oui, il se trouve qu'à titre personnel,
18:22si vous voulez, j'étais un peu associé
18:24à une opération il y a quelques années qui s'appelait
18:26les Initiatives d'Excellence et qui a contribué
18:28à ce qu'à Bordeaux, à Marseille,
18:30à Strasbourg, à Grenoble,
18:32il y ait de grandes universités, plus
18:34ex-Marseille 1, 2, 3, 4, mais de grandes universités
18:36qui peuvent jouer au niveau européen et mondial.
18:38Le paysage parisien
18:40s'est simplifié avec
18:42l'université Paris-Saclay, nous,
18:44Paris, PSL, Sorbonne Université,
18:46etc. Donc vous avez un réseau,
18:48s'agissant d'intelligence artificielle,
18:50il y a 9 IA Cluster qui ont été
18:52financées par le gouvernement.
18:54– Cluster dans le sens positif.
18:56– Dans le sens absolument positif,
18:58et pendant ces deux
19:00journées scientifiques, on a vu
19:02les collègues de l'université de Lorraine,
19:04de Nice et d'ailleurs
19:06venir exposer leurs travaux,
19:08et voilà, on a un écosystème qui est très vivant.
19:10– Dans quel secteur
19:12vous espérez le plus
19:14d'applications très
19:16concrètes de l'intelligence artificielle ?
19:18Est-ce que c'est la santé,
19:20le climat,
19:22une nouvelle énergie
19:24de cette manière ?
19:26– L'intelligence artificielle
19:28c'est à la fois une verticale,
19:30et puis c'est comme l'informatique, quelque chose qui va
19:32sans doute avoir une influence sur l'ensemble des activités
19:34humaines. Alors en matière scientifique,
19:36il est clair qu'on pense beaucoup à la santé
19:38parce que le diagnostic va être
19:40modifié.
19:42Dans tous les domaines où on a besoin de
19:44traiter des données
19:46massives, et aussi le domaine de la culture,
19:48si vous vouliez imaginer que tous les corpus
19:50littéraires,
19:52musicaux, etc. soient
19:54facilement accessibles, et Dieu sait qu'il y a des gens
19:56qui y travaillent en France et en Europe,
19:58ça va être absolument fabuleux de ce point de vue-là.
20:00– Ce que l'on dit bien souvent, c'est que
20:02l'intelligence artificielle,
20:04elle vient remplacer,
20:06peut-être, ou compléter le niveau
20:08tertiaire aussi, des emplois
20:10de cadres, qui avant n'étaient pas
20:12menacés, qui vont l'être,
20:14et ça va peut-être redorer le blason
20:16de métiers qui étaient beaucoup plus manuels.
20:18– Alors il y a un monde du matériel,
20:20il y a un monde de l'humain,
20:22du contact humain, etc.
20:24Oui, bien sûr. Paradoxalement,
20:26ça peut avoir cet effet de rééquilibrage.
20:28– Thierry Coulon, souvent, on dit
20:30qu'on avait le meilleur système éducatif au monde,
20:32il s'est dégradé, on voit
20:34ça dans les classements PISA,
20:36quand on vous entend très positif,
20:38enthousiaste,
20:40on se dit, ben oui, mais je croyais que
20:42notre niveau en mathématiques, par exemple,
20:44s'était dégradé. Alors, pour certains,
20:46mais pas pour tout le monde, c'est ça en fait ?
20:48– D'abord, il y a un secteur dans lequel
20:50on est les champions du monde, absolus
20:52et incontestés, et il faut peut-être
20:54que ça cesse, c'est l'autoflagellation.
20:56Ça, c'est le premier point.
20:58Alors, s'agissant
21:00des maths,
21:02il se trouve que, avant
21:04de présider l'Institut Polytechnique de Paris,
21:06je présidais l'Agence d'évaluation de l'enseignement supérieur,
21:08et qu'on a, pendant deux ans, un groupe de mathéutes
21:10très haut niveau, à évaluer
21:12le niveau de la recherche mathématique en France.
21:14On part de très haut, mais il faut faire attention.
21:16Rien n'est acquis.
21:18Et donc, il faut continuer l'effort.
21:20En matière d'intelligence artificielle, il y a un effort soutenu
21:22du gouvernement depuis plusieurs années, il faut continuer
21:24et nous, en tout cas, on est prêts.
21:26– Merci Thierry Coulon, président de l'Institut Polytechnique
21:28de Paris. On va suivre ça, évidemment,
21:30parce que c'est l'avenir,
21:32et même le présent,
21:34vous l'avez dit, on a raté
21:36en partie les évolutions
21:38technologiques qu'on fait autour d'Internet,
21:40parce qu'on s'est fait d'amener le pion par les Américains,
21:42notamment les Asiatiques par la suite.
21:44– Une bonne idée trop tôt. – Voilà, des bonnes idées trop tôt.
21:46Là, on est dedans, donc il faut y aller,
21:48il faut avancer, et ne pas avoir
21:50non plus trop peur, même si,
21:52ben oui, l'intelligence artificielle,
21:54voilà ce qu'elle donne.
21:56♪ Passe sur Sud Radio, Patrick Rocher déchire le micro, matin après matin... ♪
22:07– Je ne sais pas si ça va plaire à l'invité suivante,
22:09de Christine Bouillaud et Gilles Gansman,
22:11puisque c'est la chanteuse Liane Folie.
22:13Les débats continuent, évidemment,
22:15aussi sur Sud Radio, on se retrouve demain.

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