Nous redoutions la chute du gouvernement Bayrou. Nous avons un budget. Faut-il pour autant se sentir soulagé ? N’a-t-on pas troqué l’imminence d’une crise politique contre l’imminence d’une crise financière ?
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Dominique Reynié sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00En toute subjectivité, Dominique Régnier, vous nous dites, Dominique, que la crise des
00:03finances publiques est donc une crise politique.
00:06En tout cas, c'est possiblement en cours.
00:08La chute du gouvernement Bayrou, Nicolas, n'a pas eu lieu et nous avons un budget,
00:12mais n'a-t-on pas troqué l'imminence d'une crise politique contre l'aggravation
00:17d'une crise financière ? En effet, dans ce budget, rien n'annonce une réduction
00:22significative de notre déficit colossal.
00:25Craignons qu'en 2025, il ne soit pas inférieur à 160 milliards d'euros, puisque pour obtenir
00:32le soutien des députés, en particulier des socialistes, il a été décidé d'augmenter
00:36les dépenses de l'État.
00:38En 2025, elles atteindront sans doute 57% du PIB.
00:42Je signale que ce chiffre est discuté, Nicolas.
00:44La moyenne de la zone euro est de 50%, celle de l'Union Européenne est de 49,2%.
00:50Comment l'État imagine-t-il financer la nouvelle hausse de ses dépenses ? C'est
00:54très simple.
00:55Les emprunts, les impôts.
00:56D'abord, le recours à l'emprunt.
00:59Cette année, ils dépasseront nettement 300 milliards d'euros, il est difficile de trouver
01:04les chiffres.
01:05Ensuite, l'augmentation des impôts, le budget prévoit 26,2 milliards d'impôts supplémentaires.
01:10Le gouvernement de François Bayrou a donc survécu pour l'heure, grâce à un accord
01:15de fêtes associant l'EPS, le RN, LR et le groupe central des macronistes.
01:20Un accord de fêtes indicible reposant sur la décision de n'engager aucune réforme.
01:25Mais c'est au risque de perdre le contrôle de nos finances publiques.
01:28Comment le pouvoir peut-il perdre le contrôle de ses finances ?
01:31Les intérêts de la dette que nous payons chaque année aux prêteurs de l'État atteindront
01:36cette année 70 milliards d'euros, soit en gros la moitié du déficit.
01:41L'État est pris dans le piège d'un endettement dont le coût lui-même empêche la réduction
01:46du déficit.
01:48C'est une définition du sur-endettement.
01:49Le mal vient de loin, puisque la dette publique représentait 22% du PIB en 1981 et qu'elle
01:56dépasse aujourd'hui 115%.
01:58Notons que nos gouvernants n'ont pas été capables de réduire les dépenses de l'État
02:03même quand ils avaient de solides majorités parlementaires.
02:05Cette incapacité a donc toujours préoccupé les institutions qui nous prêtent.
02:09Mais ce qui les rassurait jusqu'à présent, c'était l'efficacité coercitive de notre
02:14État à lever l'impôt.
02:15Or, cette époque est révolue.
02:17Depuis une quinzaine d'années, chaque augmentation d'impôt soulève une protestation plus grande,
02:22voire une forme d'insurrection, la crise des bonnets rouges en octobre 2013 ou les
02:26gilets jaunes en novembre 2018.
02:29La préparation du budget 2025 est conforme à ce nouvel état des choses.
02:33Les patrons de nos plus grandes entreprises ont alerté sur la contradiction entre le
02:37maintien de leur performance et leur présence en France, rendue plus difficile selon eux
02:42par l'accroissement de la pression fiscale.
02:44De même, à l'autre bout, les auto-entrepreneurs, visés par une augmentation de leurs impôts,
02:49ont menacé le gouvernement d'une mobilisation, conduisant ce dernier à retirer ou suspendre
02:54son projet.
02:55La question est donc, comment rétablir nos finances publiques quand l'augmentation
02:59des impôts n'est plus acceptée et que les gouvernants demeurent incapables de réduire
03:04les dépenses de l'État ? Il est impérieux de trouver les solutions nous préservant
03:08de la faillite de l'État.
03:10Mais qui pourra et qui s'y risquera à deux ans de la présidentielle ?
03:14NICOLAS ROUX J'y traînerai.
03:15Merci.