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Dominique Reynié, politologue.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 toute subjectivité ce matin avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique,
00:05 Dominique Régnier, bonjour !
00:06 Bonjour Nicolas Demorand.
00:07 Dominique, ce matin, vous nous parlez de la crédibilité des oppositions.
00:11 Oui Nicolas, lorsqu'un membre du gouvernement est interrogé sur sa politique par les médias,
00:15 il doit justifier des décisions qui suscitent plus souvent mécontentement que satisfaction.
00:20 Gouverner est difficile, mais plus encore pour ceux qui n'ont pas annoncé ce qu'ils
00:25 allaient faire.
00:26 Et précisément, lorsque les membres de l'opposition sont interrogés, c'est aussi pour s'exprimer
00:31 sur l'action du gouvernement, ce qui est évidemment plus facile.
00:34 On leur demande plus rarement ce qu'ils feraient s'ils étaient au pouvoir.
00:37 Et dans ce cas, les réponses sont alors très générales.
00:40 Il serait pourtant utile et juste d'interroger davantage les oppositions sur ce qu'elles
00:45 proposent, dans le détail, puisqu'elles aspirent à gouverner.
00:48 Je prends aujourd'hui l'exemple de Marine Le Pen.
00:50 En 2017 et en 2022, elle est parvenue au second tour de l'élection présidentielle.
00:55 Ses députés constituent le premier groupe d'opposition à l'Assemblée nationale.
00:58 Donc ça va compte.
00:59 Enfin, elle a prononcé dimanche à Hélène Beaumont un discours qui se voulait très
01:03 offensif.
01:04 Elle y dresse, sans surprise, un sévère réquisitoire contre la politique du président
01:08 Emmanuel Macron.
01:09 Elle fait aussi une série de propositions.
01:11 En insistant explicitement sur le sérieux de son programme, son parti étant connu pour
01:16 être protestataire, elle nous assure qu'il est devenu un parti de gouvernement.
01:20 Voilà qui est intéressant.
01:21 Et quelles sont alors ses propositions ?
01:23 Eh bien Nicolas, il y en a d'abord beaucoup en 25 minutes de discours.
01:27 Ainsi, à propos du manque d'attractivité du métier d'enseignant, vrai problème,
01:32 la candidate du RN dit ne pas se satisfaire des augmentations décidées par le gouvernement
01:36 entre 125 et 250 euros net par mois.
01:39 Et elle ironise sur ce qu'elle appelle les quelques dizaines d'euros, mais sans dire
01:43 ce qu'elle préconise.
01:44 Il en va de même pour ses promesses concernant le domaine de la santé, de l'aide à domicile,
01:49 des EHPAD ou de cette aide massive selon ses termes pour l'accès à la propriété
01:54 des jeunes couples.
01:55 Ce sont autant d'enjeux cruciaux.
01:56 On ne peut pas rejeter a priori l'intérêt de ses propositions.
01:59 Il est pourtant impossible d'en juger.
02:02 On ne sait pas exactement ce qu'elle propose, ni comment elle compte s'y prendre, notamment
02:06 pour financer ses mesures, d'autant plus qu'elle dénonce avec véhémence dans ce
02:09 discours l'envolée de la dette.
02:11 Il ne s'agit pas ici de pointer seulement le RN, mais toutes les oppositions.
02:16 Nos campagnes électorales se sont toujours déroulées ainsi.
02:19 Mais nous sommes arrivés au bout de cette manière de faire.
02:21 Je ne dis pas que cela va cesser, mais je crois que cela ne fonctionne plus.
02:25 Plus du tout.
02:26 Saisissons les prochaines élections européennes pour élever la qualité du débat public.
02:30 Le simplisme ou la démagogie finissent par détruire la démocratie.
02:34 Un seul antidote, rendre des comptes précis aux électeurs.
02:38 Avant, pendant et après les élections.
02:40 La majorité doit rendre des comptes, les oppositions aussi.
02:44 - Dominique Régnier, merci.

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