Lors de son investiture, Donald Trump devrait procéder à une affirmation sans précédent de la souveraineté américaine.
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Dominique Reynié sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00Et à 7h21, en toute subjectivité avec le directeur de la Fondation pour l'innovation
00:05politique Dominique Reynier, de quelle puissance, Dominique, notre État peut-il se réclamer
00:12aujourd'hui ?
00:13Tremblons, ai-je envie de dire, Nicolas, lors de son investiture, Donald Trump devrait procéder
00:18à une affirmation sans précédent de la souveraineté américaine.
00:21Au cours de sa campagne électorale, il n'a pas cessé de promettre que son nouveau mandat
00:26serait celui d'un défenseur implacable de la puissance américaine, par l'industrie,
00:31par le commerce, par le dollar, par le déploiement planétaire du droit américain, au point
00:35désormais de chercher à nous imposer la conception de la liberté d'opinion contenue
00:40dans le premier amendement de la Constitution américaine.
00:43L'Union européenne et les États européens vont devoir défendre plus que jamais leur
00:47souveraineté.
00:48Dans notre cas, ce sera impossible sans une profonde réforme de l'État, puisqu'il
00:54est largement responsable du déclin de sa propre puissance.
00:57En effet, en réagissant aux problèmes rencontrés au cours des 50 années passées, non par
01:02des réformes appropriées mais par des dettes devenues colossales, notre État s'est rendu
01:06lui-même dépendant des marchés et des institutions financières.
01:10C'est au point qu'il n'est plus en mesure de payer les intérêts de ses emprunts sans
01:14emprunter à nouveau.
01:15C'est la spirale de la dépendance, le rebours de toute souveraineté.
01:20Non seulement une telle situation nous alienne collectivement, mais plus encore, elle prive
01:25de leur liberté de choix les générations futures, en les contraignant à consacrer
01:29au remboursement de nos dettes actuelles une part considérable des futurs budgets publics
01:35et donc pendant des décennies.
01:37Les majorités parlementaires de demain subiront cette lourde charge, la souveraineté populaire
01:42en sera donc gravement affaiblie.
01:44Et l'État remplit-il, Dominique, toujours ses obligations essentielles ?
01:48Eh bien, Nicolas, l'obligation de l'État, c'est l'équilibre des comptes.
01:51Il n'y parvient plus.
01:52L'obligation de l'État, c'est d'assurer le contrôle de ses frontières.
01:56Or, il échoue à empêcher les entrées irrégulières sur le territoire national et même à expulser
02:01la plupart de ceux auxquels il fait obligation de quitter le territoire français.
02:05L'obligation de l'État, c'est aussi la sécurité.
02:08Le fait qu'elle soit devenue l'une de nos préoccupations les plus importantes est le
02:12signe d'une grave défaillance de ses capacités.
02:15Et face aux dangers extérieurs, dans l'hypothèse d'un conflit dit de haute intensité, on
02:21estime que nos armées ne pourraient tenir qu'une semaine.
02:23Finalement, toutes nos défaillances se sont révélées en même temps que le niveau réel
02:28et catastrophique de notre endettement.
02:30Face aux États-Unis, face à la Chine et même vis-à-vis de nos partenaires européens,
02:35que reste-t-il de la puissance d'un État quand son sur-endettement hypothèque sa souveraineté
02:40et ses capacités à remplir ses devoirs élémentaires ?
02:43Et que reste-t-il de l'obéissance qui lui est due ?