• il y a 22 heures
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l’invité du Face-à-Face de ce lundi 10 février sur BFMTV et RMC. Il évoque notamment le débat sur l'identité nationale, le droit du sol et ses relations avec LFI.

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Transcription
00:00Et bonjour Olivier Faure, vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste, c'est quoi être français ?
00:06C'est quoi être français ?
00:08Pour vous c'est quoi être français ?
00:10C'est tout simplement d'abord vivre en France, c'est ensuite partager un projet et quelles que soient ses origines, sa religion, sa couleur de peau,
00:21la France ça reste un projet et depuis la Révolution Française, ce sont aussi des valeurs essentielles qui sont rappelées au front de nos mairies, de nos écoles,
00:30liberté, égalité, fraternité, auxquelles nous avons rajouté la laïcité.
00:36Et donc ce projet partagé, il permet à des gens qui ont une histoire, qui peuvent plonger ses racines à des milliers de kilomètres de Paris,
00:46de venir consolider ce que nous sommes.
00:50L'identité nationale, ça n'est pas une identité figée, nous sommes tous, même personnellement, appelés à modifier cette identité chaque jour,
00:59en fonction de nos histoires respectives, en fonction de nos apports, en fonction de tout ce que nous vivons.
01:04Et donc plutôt que d'avoir cette vision passéiste, un peu rance disons les choses,
01:09et bien moi je souhaite que nous puissions avoir au moins...
01:13Ça veut dire quoi une vision passéiste ? On va y revenir, j'ai bien compris que dès le début...
01:16Mais conservatrice, avoir cette idée...
01:18C'est quoi l'idée rance et conservatrice ? Ce serait laquelle ?
01:21Ce serait quelle vision de cette identité ou du fait d'être français ?
01:25Cette espèce de rengaine sur une France qui serait blanche, catholique, etc.
01:32La France, ça n'est pas ça. La France est un pays qui est un pays métissé.
01:35Mais qui dit ça aujourd'hui ?
01:36Bah écoutez, je pense qu'à votre micro, Bruno Rotaillot, Gérald Darmanin et toute une série de gens
01:43qui aujourd'hui cherchent à plaider un espèce de retour à des sources fantasmées, ça existe.
01:48Les deux dont vous parlez sont membres du gouvernement.
01:50Oui, absolument.
01:51Un gouvernement que vous n'avez pas censuré.
01:53Olivier Faure, vous allez jusqu'à dire...
01:55On ne va pas censurer le budget.
01:56On va y revenir, mais vous dites quand même ce matin que Bruno Rotaillot ou Gérald Darmanin
02:00ont une vision d'une France qui serait une France blanche et catholique.
02:03Ils ont une vision figée de ce qu'est notre pays.
02:06Avec cette idée qu'il faudrait revenir à des sources fantasmées de ce qu'aurait été la France,
02:11un âge d'or mythique et auquel il faudrait revenir.
02:14La vérité, c'est que tous les pays, et c'est valable pour le nôtre comme pour tous les autres,
02:19il évolue.
02:20Et la France, je le répète, est aujourd'hui un pays métissé, pluriculturel, plurireligieux,
02:25et qui aujourd'hui plonge ses racines à la fois dans son histoire,
02:30mais aussi dans les apports successifs migratoires.
02:32Est-ce qu'il faut changer les règles ?
02:34Et d'abord, est-ce qu'il faut en débattre ?
02:35Quand je vous entends et que vous avez l'air de dire que les choses peuvent évoluer
02:38et qu'elles ont évolué d'ailleurs au fil du temps,
02:40vous considérez-vous que le débat qui est en train de s'installer,
02:43et c'est pour ça évidemment que je vous pose la question,
02:45est finalement salutaire ?
02:47Le fait qu'il y ait un débat, vous dites pourquoi pas, c'est bien ?
02:50Moi ce que je crois, c'est qu'en 2008-2009, Nicolas Sarkozy avait déjà posé le débat
02:55sur l'identité de la France.
02:57Et qu'à l'époque, la gauche avait considéré que c'était un piège.
03:00C'était un piège, c'est vrai.
03:02Mais moi je crois que parfois, il faut prendre son risque,
03:05et plutôt que de laisser la place vide,
03:08qui est ensuite immédiatement occupée par la droite et par l'extrême droite,
03:12il faut que la gauche puisse parler fort de ce qu'elle pense être l'identité du pays.
03:17Vous prendrez votre part dans ce débat ?
03:20Je ne sais pas quelle forme il prendra.
03:22Ce que je dis simplement, c'est qu'on ne peut pas considérer à tout moment
03:25qu'en fuyant le débat, on consolide ses positions.
03:29Je crois au contraire que parfois, il faut affronter frontalement
03:32les positions de la droite et de l'extrême droite.
03:34Et rappeler que la France, c'est la révolution française,
03:37que c'est le Conseil national de la résistance,
03:39que c'est la décolonisation, que c'est aussi la construction européenne.
03:43Et que c'est ça qui forge aujourd'hui notre identité.
03:46Et qu'on n'est pas obligé de toujours considérer que,
03:49comme le débat est piégé, il faut le fuir.
03:51Moi je ne veux pas fuir, je veux au contraire affronter,
03:54me confronter à ce que la droite et l'extrême droite portent aujourd'hui.
03:57Affronter le débat, en débattre, mais jusqu'où ?
04:00Est-ce qu'aujourd'hui, vous estimez qu'il faudrait restreindre le droit du sol ?
04:06Non, pas du tout.
04:07Pas du tout ? En aucune manière ?
04:09Mais justement, si on parle d'identité de la France,
04:12pardon, mais enfin, ça fait 5 siècles que le droit du sol,
04:15bien avant même la révolution française, était déjà la règle.
04:18Tout à fait, depuis 1515 même, pour être tout à fait précis.
04:21Voilà, exactement.
04:22Et donc, on a là un des éléments constitutifs de ce que nous sommes,
04:26qui a été consolidé ensuite par la révolution, par la République.
04:29Mais ensuite, il y a eu des contours.
04:30Il y a eu des contours, il y a eu des ischies.
04:32Il y a la question de l'automaticité ou non de la nationalité française avec le droit du sol.
04:38Et il y a désormais cette question, vous évoquiez vous-même l'idée
04:41qu'être française, c'est partager un certain nombre de valeurs,
04:46et même un projet commun.
04:48Est-ce qu'il faut que ce soit exprimé ?
04:50Ma question c'est, est-ce que partager ce projet,
04:53c'est automatique quand vous naissez en France,
04:55et donc que vous devenez français à 18 ans,
04:58ou est-ce que, comme certains au gouvernement
05:01commencent à le laisser entendre,
05:02il faudrait exprimer la volonté de partager ce projet,
05:06c'est-à-dire demander cette nationalité ?
05:09A peine de ma l'herbe.
05:10Vous, vous avez demandé à quel moment votre nationalité française,
05:15à quel moment allez-vous exprimer votre adhésion au projet ?
05:18Moi non plus, je ne l'ai pas fait.
05:20Oui, mais c'est la question, je ne sais pas si vos deux parents...
05:22Pourquoi le demanderais-je ?
05:23Olivier Faure, votre question est un peu étrange,
05:25parce que vous-même, vous le savez,
05:26il y a deux manières de devenir français.
05:27Oui, bien sûr.
05:28Il y a le droit du sang et le droit du sol.
05:30On ne vous a pas demandé,
05:32parce qu'effectivement, vous rentrez dans la première catégorie.
05:35La question, c'est la deuxième.
05:36Est-ce qu'effectivement, Olivier Faure,
05:38vous considérez aujourd'hui, et ça, ça a évolué,
05:40ça a évolué y compris récemment,
05:41parfois il faut encore faire la démonstration
05:44d'y avoir vécu cinq ans.
05:45Est-ce que ça doit être moins ?
05:46Est-ce que ça doit être plus ?
05:47Je ne vous dis pas forcément qu'il faut le durcir.
05:49Est-ce qu'il faut changer ces règles-là ?
05:51Non, il ne faut pas les changer.
05:52Et ce que je dis simplement, c'est que,
05:54je disais effectivement, la France est un projet.
05:56Au sens où ça n'est pas simplement une histoire,
05:59un patrimoine, une langue,
06:00mais c'est aussi un projet partagé.
06:02Mais ce projet, c'est à nous de le faire partager
06:05à celles et ceux qui vivent sur notre sol.
06:07Et quand vous avez un enfant qui est né en France,
06:09qui ne connaît que la France,
06:10vous voulez lui refuser vraiment
06:12la capacité à devenir français à 18 ans ?
06:15Mais pour quelle autre nationalité ?
06:17Pour quel autre pays qu'il ne connaît pas ?
06:19La vérité, c'est qu'on est là où on vit.
06:23Et la réalité, c'est qu'elle est celle-là.
06:25Et donc, je ne vois pas très bien
06:27quelle est la vision...
06:28Mais donc, il n'y a pas besoin d'exprimer le partage
06:30de ces valeurs dont vous parliez.
06:32Il n'y a pas besoin de les exprimer.
06:34Mais l'expression, elle doit être quotidienne
06:37et elle doit d'abord venir de celles et ceux
06:40qui ont la charge du pays
06:41de faire partager un projet,
06:43de fédérer d'autres projets.
06:44Voilà ce que moi je crois.
06:45Et je ne comprends pas très bien
06:48comment on irait demander à un jeune de 16 ans
06:50de lui demander de partager un projet
06:52qu'il ne connaît pas,
06:53qui n'a pas fait l'effort de le partager avec lui.
06:55Il peut le faire spontanément, vous le savez.
06:57Oui, j'imagine que vous avez bien en tête
06:59toutes les règles.
07:00En France, c'est automatique à 18 ans.
07:01Mais on peut également le demander.
07:03C'est-à-dire, on peut justement, spontanément
07:05avoir cette demande par anticipation.
07:07Ça veut dire, Olivier Faure,
07:09qu'aujourd'hui vous dites
07:10il faut pouvoir en débattre.
07:12Mais la réponse que vous apportez déjà
07:15à ce débat, c'est que ça n'est pas
07:17pour changer la loi.
07:18Oui, absolument.
07:19Moi, je souhaite la confrontation.
07:21Je souhaite qu'on en finisse avec
07:23ces fantasmes qui sont en permanence
07:25véhiculés par une partie de la droite
07:27et par l'extrême droite.
07:28Je vois cet alignement progressif
07:30de ces deux planètes
07:31sur les mêmes sujets.
07:33Je vois que des gens qui autrefois
07:35étaient, en réalité, avec une vision
07:37plus républicaine, plus
07:39affirmée.
07:41Et aujourd'hui, je vois qu'il y a un glissement
07:43progressif d'une partie de la droite
07:45vers les thèmes qui sont ceux de l'extrême droite.
07:47Et donc, ce que je souhaite,
07:49c'est que la bataille culturelle
07:51soit menée par la gauche.
07:52Et que nous n'acceptions pas
07:54de cette lente dérive.
07:55Surtout, que nous n'acceptions pas non plus
07:57de fuir le débat.
07:58Parce que ce débat que nous fuyons,
08:00il laisse un vide.
08:01Et ce vide, il est progressivement
08:02occulté par la droite et l'extrême droite.
08:04Quand vous dites qu'il y a ce glissement,
08:05est-ce que c'est le glissement des partis ?
08:06Ou est-ce que c'est le glissement des Français ?
08:08Quand je vois que les Français eux-mêmes,
08:10et notamment interrogés par l'Institut Ipsos
08:12pour la Tribune Dimanche hier,
08:14disent que 74 des Français estiment
08:16qu'il faudrait une consultation populaire
08:18sur les aspects sociaux de la politique migratoire
08:20et notamment sur une question dont ils considèrent
08:22qu'il faut la poser.
08:23Est-ce qu'il faut ou non un accès au logement
08:25et aux allocations sociales pour les étrangers ?
08:28Est-ce que vous considérez que c'est les Français...
08:30Là, on a dérivé d'un sujet à l'autre d'ailleurs.
08:32Vous le remarquerez.
08:33Tout à fait.
08:34Et on sent bien que c'est aussi ces questions-là
08:36qui agitent.
08:37Est-ce que tout cela, vous estimez que c'est
08:38une sorte de paquet de l'extrême droite
08:40qui aurait contaminé à la fois la classe politique
08:42française et les Français ?
08:44Absolument.
08:45Il y a aujourd'hui une forme d'aversion
08:48entretenue pour l'étranger
08:50qui devient l'ennemi systématique
08:52alors même que rien ne le justifie.
08:54Et là, tout à l'heure,
08:56on parlait des Français,
08:58des jeunes Français qui deviennent...
09:00Qu'ils deviennent à 18 ans ou avant,
09:02s'ils le demandent.
09:03Eh bien, la réalité, c'est qu'on parle
09:04de 30 000 personnes par an.
09:06Et donc, on est là à parler de submersion,
09:09à parler en fait de phénomène migratoire.
09:12Submersion, c'est donc le mot du Premier ministre.
09:13C'est le mot du Premier ministre.
09:14Et qui est surtout d'abord un mot de l'extrême droite.
09:17Et donc, malheureusement, ce que je vois,
09:19c'est que progressivement,
09:21la sémantique utilisée par une partie de la droite,
09:24eh bien, reprend celle de l'extrême droite
09:26et renvoie à des concepts qui sont développés
09:28par l'extrême droite depuis longtemps
09:30et qui font appel à cette idée
09:31que nous soyons aujourd'hui envahis,
09:33que nous soyons à la veille d'un grand remplacement,
09:35grand remplacement qui n'existe nulle part.
09:37Les étrangers en France, c'est moins de 10% de la population.
09:39Est-ce que vous estimez ?
09:41En Suisse, c'est 30%.
09:42Et qui pense qu'aujourd'hui,
09:44les Suisses sont devenus autre chose
09:45qu'est-ce qu'ils ont toujours été ?
09:46Est-ce que vous estimez qu'il faudrait un référendum
09:48sur l'immigration ?
09:49Non, je ne pense pas que ce soit un sujet
09:51qui soit possiblement tranché
09:54par un oui ou un non.
09:56La question est plus complexe.
09:57Ça peut être le débat d'une élection présidentielle.
09:59Ça peut être le débat
10:01qui serait organisé aussi au Parlement.
10:03Mais je ne souhaite pas que ce soit un débat
10:05qui devienne caricatural
10:06et qu'on transforme les étrangers en boucs émissaires.
10:09Ce serait trop simple.
10:10Olivier Faure, est-ce que vous regrettez
10:12d'avoir maintenu, en quelque sorte,
10:14en place ce gouvernement
10:15pour qu'aujourd'hui, comme vous le dites,
10:17un Bruno Retailleau ou un Gérald Darmanin
10:19à vos yeux reprennent le thème de l'extrême droite ?
10:21Ce que nous avons fait, nous l'avons fait
10:23en responsabilité.
10:24Avec l'idée qu'il fallait
10:26un budget pour la France
10:28et que faire tomber le gouvernement
10:29au moment où on adopte le budget,
10:31c'était une très mauvaise idée.
10:32Pour des raisons qui sont simples à comprendre,
10:34jusqu'au mois de juin,
10:35en gros, nous n'aurions pas eu de budget.
10:37Est-ce qu'un grand pays comme la France
10:38peut se passer de budget
10:39pour ses collectivités locales,
10:41pour ses associations,
10:42pour les entreprises qui vivent de la couronne publique ?
10:44Bref, toute une série de conséquences économiques
10:47qui auraient été gravissimes
10:49parce que les entreprises, par exemple,
10:50ont besoin d'un cadre fiscal et social
10:52pour savoir comment avancer.
10:53Est-ce qu'elles investissent ?
10:54Est-ce qu'elles embauchent ?
10:55Donc, il y avait besoin d'un budget.
10:57Donc, il n'y a pas de regret.
10:59En revanche, il y a évidemment
11:01une confusion que je ne voudrais pas entretenir.
11:03C'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'à un moment
11:05on refuse de censurer le gouvernement
11:07pour permettre d'avoir un budget pour la France
11:09qu'il faudrait considérer que nous soutenons
11:11l'ensemble de l'œuvre de ce gouvernement.
11:13Nous n'avons pas soutenu le budget.
11:15Nous avons demandé à ce qu'il y ait un budget,
11:17mais ce budget n'était pas le nôtre
11:19et il n'est toujours pas le nôtre.
11:20Et quant à la politique que je vois
11:22se développer jour après jour,
11:24notamment sur la question migratoire,
11:26il n'y a aucune raison de soutenir ce gouvernement.
11:28Nous sommes aux antipodes de ce que nous portons.
11:30Est-ce que ça veut dire que vous pourriez aller
11:32jusqu'à le faire chuter ?
11:33Ça veut dire que le 19 février prochain,
11:36il y aura ce qu'on appelle un 49.2,
11:38une motion de censure spontanée,
11:40qui ne répond pas à un 49.3,
11:42mais qui portera notamment
11:44sur toutes les questions qui n'ont pas été traitées
11:46jusqu'ici et qui méritent de l'être
11:48parce que nous avons une vision différente
11:50de ce qu'est le pays,
11:52de ce qu'est son avenir,
11:54et de la concorde à créer
11:56entre les Français et les Français.
11:58Olivier Faure, c'est une censure pour du beurre.
12:00Pourquoi pour du beurre ?
12:01C'est une censure pour du beurre.
12:02Vous savez très bien qu'elle n'a aucune chance de passer.
12:04Mais pas moins que celle
12:06qui a été proposée par les Insoumis.
12:08Et d'ailleurs, l'auriez-vous déposée
12:10si vous aviez un doute ?
12:12J'en crois les propos de François Hollande lui-même,
12:14qui jusqu'à preuve du contraire
12:16est quand même membre de votre parti, de vos rangs,
12:18et qui dit qu'en fait,
12:20cette censure du 49.2
12:22que vous déposerez dans quelques jours
12:24n'a pas vocation à censurer pour de vrai.
12:26Ça c'est François Hollande qui le dit pour lui-même.
12:28Je pense que lui n'a pas envie de la voter.
12:30Mais moi ce que je sais,
12:32c'est qu'il y a eu une décision à la fois du parti
12:34et du groupe,
12:36et que la décision était très claire.
12:38On ne censure pas au moment du budget pour laisser un budget à la France.
12:40En revanche, on le censurera
12:42au moment opportun,
12:44c'est-à-dire après la séquence budgétaire.
12:46Pourquoi il le dit ? Mais je n'en sais rien.
12:48Ce que je sais, c'est qu'il ne s'exprime que son nom personnel.
12:50Et que la décision collective
12:52qui a été prise n'est pas celle-là.
12:54Mais est-ce que vous ne vous retrouvez pas finalement, Olivier Faure,
12:56à déposer cette motion de censure pour faire genre ?
12:58C'est-à-dire pour dire, allez regardez,
13:00c'est quand même un peu censuré.
13:02Mais vous avez l'impression que je fais genre ?
13:04Là-dessus, je me demande, honnêtement, vous avez été trouver un truc,
13:06un 49.2 pour pouvoir dire que vous censuriez.
13:08Et en même temps, vous savez très bien,
13:10et d'ailleurs François Hollande, alors je veux bien qu'il ne s'exprime qu'en son nom,
13:12mais il était présent à toutes ces réunions.
13:14Et François Hollande, il dit,
13:16si l'on avait
13:18le moindre signal
13:20sur le fait que le RN s'apprêtait à
13:22signer cette motion de censure avec nous,
13:24à la voter, c'est-à-dire donc à potentiellement faire tomber
13:26le gouvernement, alors on prendrait nos responsabilités.
13:28Sous-entendu, on la retirerait.
13:30Mais vous imaginez le ridicule ?
13:32Vous imaginez
13:34en fait que nous déposions une motion de censure
13:36et qu'ensuite, parce qu'elle a des chances
13:38de passer, on ne la vote pas ?
13:40Non mais attendez, le ridicule
13:42peut tuer. Donc il invente complètement,
13:44il fantasme, pour reprendre notre expression tout à l'heure.
13:46Je ne sais pas s'il fantasme, mais en tout cas,
13:48je trouve que cette position est absurde.
13:50On ne peut pas dire, je souhaite
13:52que le gouvernement tombe, et si le gouvernement tombe,
13:54ah non mais je retire tout, pardon, je me suis trompé.
13:56Donc vous souhaitez vraiment que le gouvernement tombe ?
13:58Mais moi je souhaite que comme pour toutes les positions de censure,
14:00elle aille à son terme, et nous verrons bien
14:02ce qu'il se passera, soit
14:04elle est votée par toute la gauche et
14:06par d'autres à l'extrême droite,
14:08et donc le gouvernement tombera, et ça ne sera pas
14:10un malheur, parce que la réalité c'est qu'il y a déjà
14:12un budget, et donc que nous pourrons continuer
14:14à avancer. Vous souhaitez
14:16que le gouvernement tombe ? Moi je souhaite
14:18qu'il y ait demain une loi de finances rectificative,
14:20je souhaite que demain on puisse corriger ce budget,
14:22donc je préférerais un Premier ministre
14:24ou une Première ministre de gauche plutôt qu'un Premier ministre
14:26de droite, ça me paraît une évidence,
14:28je n'ai pas basculé à droite
14:30d'un seul coup, dans la nuit, sans
14:32m'en rendre compte, ça n'est pas... Pardon, mais
14:34je suis resté un homme de gauche, et je
14:36continue à croire qu'il faut une politique de gauche pour ce pays.
14:38C'est d'abord à vos
14:40partenaires ou ex-partenaires
14:42qui ont fait ce fameux
14:44montage où vous aviez demandé des excuses
14:46Olivier Faure, où on voyait les deux
14:48faces d'une seule et même personne,
14:50Marine Le Pen, et
14:52vous-même étant les deux faces d'une seule
14:54et même personne. Vous aviez demandé des excuses,
14:56Mathilde Panot, ici même, vous les a refusées.
14:58Je regrette,
15:00je regrette cette attitude qui est complètement
15:02incompréhensible
15:04de la part de gens qui
15:06en réalité s'estiment
15:08capables de rassembler la gauche,
15:10mais qui veulent-ils rassembler avec ce type de montage ?
15:12C'est tout simplement
15:14honteux de renvoyer le Parti Socialiste
15:16à l'extrême droite,
15:18et du même coup banaliser
15:20l'extrême droite ? Ça a quel sens ?
15:22Bon, ils l'ont retiré,
15:24subrepticement,
15:26ce qui prouve qu'ils n'étaient pas forcément
15:28très à l'aise avec leurs propres gestes,
15:30mais franchement, il y a des moments
15:32où on se demande ce qui peut traverser leur esprit.
15:34Est-ce qu'aujourd'hui, vous dites
15:36LFI et l'EPS, c'est fini ?
15:38Je dis que
15:40moi, je continue à considérer
15:42qu'il faut rassembler l'ensemble
15:44de la gauche, mais il y a aujourd'hui
15:46des gens, je parle,
15:48je distingue les électeurs
15:50de La France Insoumise, qui sont des gens
15:52parfaitement...
15:54des gens avec qui je suis parfaitement à l'aise,
15:56des gens avec qui je discute chaque semaine,
15:58des gens qui parfois ne comprennent
16:00même pas celui avec
16:02lequel ils ont pourtant parti lié,
16:04je pense à Jean-Luc Mélenchon, et puis
16:06en même temps, il y a parfois
16:08leurs dirigeants,
16:10Jean-Luc Mélenchon, de dérapage en dérapage,
16:12une partie des siens,
16:14qui deviennent incompréhensibles,
16:16illisibles, parce que
16:18qui pense-t-il convaincre
16:20par ce type de comportement, et
16:22comment peuvent-ils penser gagner
16:24un jour une élection quelconque,
16:26en divisant systématiquement la gauche ?
16:28Ça veut dire que pour vous, aujourd'hui, LFI
16:30ne peut plus gagner les élections ?
16:32Je pense qu'aujourd'hui,
16:34LFI fait la démonstration qu'en
16:36s'isolant jour après jour,
16:38en découpant la gauche en petits morceaux,
16:40ils ne peuvent pas gagner, et moi, ce que je souhaite
16:42du plus profond de moi-même, c'est évidemment
16:44d'éviter une catastrophe absolue,
16:46que serait la victoire de l'extrême droite
16:48en 2027, ou avant, si
16:50le chef de l'État devait démissionner, et donc,
16:52ça suppose, non pas de chercher à
16:54découper en rondelles la gauche, mais au contraire,
16:56à faire en sorte que...
16:58Est-ce que ça veut dire qu'au moment où on se parle, vous souhaitez toujours,
17:00vous espérez toujours avoir un candidat commun
17:02LFI-PS pour 2027 ?
17:04Je souhaite un candidat
17:06commun de la gauche,
17:08j'ai compris que les Insoumis auraient leur candidat,
17:10et donc, ils auront leur candidat,
17:12et je souhaite qu'il y ait un candidat commun
17:14pour le reste de la gauche.
17:16Mais s'ils proposaient une forme de
17:18primaire de la gauche allant de LFI
17:20au PS en passant par
17:22les écolos et les communistes ?
17:24Écoutez, ils s'y sont déjà refusés, vous avez entendu Jean-Luc Mélenchon
17:26dire que cette fois-ci, ce sera
17:28tout le projet, rien que le projet des Insoumis,
17:30et je propose,
17:32Jean-Luc Mélenchon, à la gauche,
17:34dans un mouvement de générosité
17:36incroyable, je propose d'avoir
17:38un candidat commun de toute la gauche,
17:40soit celui ou celle qui défend le mieux
17:42le projet que j'ai construit.
17:44En gros, j'ai mon projet, et je serai le candidat.
17:46Bon ben voilà, cette histoire
17:48est terminée, donc maintenant
17:50la question c'est de savoir si le reste de la gauche
17:52et les écologistes sont capables
17:54ou non de produire un candidat
17:56commun qui permette d'arriver à l'élection
17:58présidentielle en fédérant le plus
18:00largement possible la gauche, procéder au second tour.
18:02Écologiste, communiste et socialiste. Olivier Faure,
18:04le 19, il y aura donc votre motion de censure,
18:06le 20 février, à l'agenda,
18:08il y a une proposition de loi défendue
18:10par Gérald Darmanin sur
18:12l'interdiction de mariage
18:14lorsque l'un des époux est en situation irrégulière.
18:16Est-ce que vous avez vu cette histoire ?
18:18Robert Ménard, donc le maire de Béziers,
18:20qui avait refusé, alors qu'il voyait se
18:22présenter en mairie un couple, une femme
18:24de nationalité française, mais un ressortissant
18:26algérien sous le coup d'une obligation
18:28de quitter le territoire, au QTF,
18:30par ailleurs connu des services de police pour vol et pour violence,
18:32il a refusé de les marier. C'était en
18:342023. Et là, il est donc convoqué
18:36devant la justice, cette semaine,
18:38il risque jusqu'à 5 ans de prison et
18:4075 000 euros d'amende.
18:42La contradiction entre le fait
18:44que le mariage est l'un
18:46des motifs d'annulation, justement, possible
18:48au QTF, et justement une
18:50au QTF qui, pour se marier, serait
18:52refusée par un maire. Vous auriez fait
18:54quoi, vous, à la place de Robert Ménard ?
18:56Quand on a face à soi
18:58un mariage qu'on considère comme un mariage
19:00blanc, il est
19:02légitime de s'y opposer. C'est-à-dire que
19:04si un mariage blanc, pour rappel, c'est
19:06un mariage factice et qui a seulement
19:08pour but de permettre... Vous l'auriez donc refusé ?
19:10Si il y a la preuve
19:12qu'on est face à un mariage blanc,
19:14la logique, c'est effectivement de s'y opposer.
19:16Là, la question, ce n'est pas le mariage blanc. On ne sait pas si
19:18l'amour était sincère. Mais précisément,
19:20c'est là où je voulais en venir.
19:22C'est que
19:24si c'est un mariage blanc, c'est-à-dire
19:26si les gens ne se connaissent pas, s'ils n'ont aucune vie commune
19:28qui précède le mariage, si
19:30à l'évidence, personne ne les a jamais vus
19:32ensemble, il faut s'y opposer.
19:34L'OQTF, à vos yeux, n'est pas en soi...
19:36L'OQTF, en soi, n'est pas...
19:38Ça ne veut pas dire que les gens ne s'aiment pas.
19:40Peut-être que ces gens vivaient ensemble
19:42depuis 5 ans, 10 ans, et qu'ils
19:44avaient des liens tels
19:46que le mariage se justifiait pleinement.
19:48Ce qu'il faut rechercher, ce n'est pas de savoir
19:50s'il y a une OQTF, c'est de savoir
19:52si les gens ont véritablement des liens
19:54qui font d'eux
19:56un couple.
19:58Merci, Olivier Faure,
20:00Premier secrétaire du Parti Socialiste
20:02et député de Seine-et-Marne, d'être venu ce matin.

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