Vendredi 7 février 2025, SMART IMPACT reçoit Olivier Maschino (Fondateur et président, CLAREO) , Clara Pigé (Co-fondatrice et responsable de opérations, Dift) , Valérie de Margerie (Co-fondatrice et présidente, Le Chaînon Manquant) , Sandra Hoibian (Directrice générale, Crédoc) et Thibault Kibler (Co-fondateur, Atypique)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. C'est un grand format de Smart Impact que je vous propose aujourd'hui, une heure d'émission pour creuser les enjeux de transformation environnementale et sociétale avec 25 minutes de grand entretien face à une personnalité qui compte dans notre économie.
00:24C'est Sandra Wabian, la directrice générale du Credoc qui nous dira tout à l'heure si la société française est prête pour l'impact. Dans cette émission, je reçois également Olivier Machineau, le fondateur et président de Clareo.
00:36On fera le bilan de la révolution des LED et des autres innovations en matière d'éclairage. Le débat de ce Smart Impact portera sur la lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire qui touche 10 millions de personnes en France.
00:51Et puis dans notre rubrique Startup, on restera sur ce thème avec Atypique qui propose de remettre dans le circuit de consommation les fruits et légumes rejetés par la grande distribution.
01:00Voilà pour les titres, c'est parti pour ce Smart Impact en format XXL.
01:04L'invité de Smart Impact, c'est Olivier Machineau. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes le fondateur et président de Clareo. Vous l'avez créé en 2012 avec Damien Sipos.
01:20Est-ce que c'était pour accompagner la révolution des LED ? Oui, oui, tout à fait, parce qu'en fait, c'est vrai que l'éclairage LED, c'est une nouvelle technologie.
01:28Et c'est carrément une révolution comme dans d'autres secteurs, par exemple dans le domaine de la photo où tout est passé au numérique. C'est un petit peu la même chose et ça a été une vraie révolution dans l'éclairage.
01:37À quel point ? C'est-à-dire qu'une ampoule LED, c'est beaucoup plus économe en énergie ? Quelles sont ses qualités par rapport à nos vieilles ampoules, de moins en moins d'ailleurs ?
01:46Ça change beaucoup. Déjà en consommation, on divise par 2 jusqu'à 7 la consommation d'électricité d'une part. Et sur la durée de vie, ça n'a rien à voir non plus puisqu'on a des durées de vie qui sont passées de l'ordre de 1 000 heures à 5 à 10 ans.
02:01Donc en termes de renouvellement, il y en a beaucoup moins. Et tout ça est bon pour le développement durable. Évidemment. Et on fera ce bilan. Alors des solutions d'éclairage innovante, c'est pas seulement mettre des LED un peu partout, évidemment.
02:14Est-ce que la clé, c'est aussi la connectivité des produits qu'on installe ?
02:19Alors c'est vrai que l'éclairage est de plus en plus connecté, de plus en plus intelligent. On sort chez nous et puis chez certains confrères tout ce qu'on appelle le smart lighting avec lequel on peut faire beaucoup de choses.
02:30Sur l'éclairage déjà, mais même à l'échelle du bâtiment. Sur l'éclairage, on peut reproduire des lumières d'extérieur. On peut avoir des intensités lumineuses constants sur un plan de travail par exemple.
02:40On peut faire la détection de présence. Et ce qui est important de savoir, c'est que quand on passe à une solution de smart lighting, on divise encore la consommation par deux.
02:49Donc c'est intéressant économiquement, même si l'investissement peut être légèrement supérieur.
02:54Oui, alors effectivement, il y a l'impact sur le budget des entreprises que vous équipez. Et puis il y a l'impact carbone. Est-ce que vous avez pu modéliser ce que vous faites économiser finalement en consommation d'électricité et d'énergie par vos clients ?
03:08Bien sûr. Et quand on fait le bilan carbone d'un produit, de l'approvisionnement des matières premières jusqu'au recyclage en passant par la production, les émissions principales sont liées à l'utilisation du produit.
03:20Et donc c'est plus de 95% des émissions. Donc le rendement du produit et le fait qu'il consomme un minimum est primordial pour le bilan carbone total du produit.
03:32Et quand on prend le transport par exemple, le transport représente moins d'1% des émissions du produit. Parce que même s'il dure quelques semaines, comme le produit a une durée de vie de l'ordre de 5 à 10 ans, c'est assez négligeable en fait.
03:44Effectivement. Économie d'électricité et donc de budget. C'est-à-dire que la rentabilité d'une installation, je rentre jusqu'à la connectivité du smart lighting comme vous parlez, c'est en quoi ?
03:57C'est en quelques années ? Ça dépend évidemment j'imagine de l'ampleur de l'installation. Oui, ça dépend de ce qu'on remplace. Quand on remplace les anciennes technologies que tout le monde connaît, l'halogène, les néons, ce qu'on appelle les tubes fluorescents, les retours sur investissement sont extrêmement courts, de l'ordre de 6 mois.
04:136 mois, c'est ultra rapide. Tout à fait. Donc c'est très rapidement rentable. Et en fait, aujourd'hui, on en est aussi à remplacer des premières technologies d'éclairage LED. Puisqu'entre les premiers produits qui sont sortis il y a une quinzaine d'années et aujourd'hui, on a diminué la consommation, on a divisé la consommation par 4.
04:33Donc même quand on remplace de la LED aujourd'hui, le retour sur investissement, il est plus de l'ordre d'un an ou deux, mais il est quand même assez court alors qu'on remplace de la LED par la LED. Et il y a encore beaucoup d'installations halogènes par exemple ? Ça existe encore ? Ou ces néons là ? Je suis en train de me demander s'il n'y en a pas ici dans notre studio, mais il y en a encore beaucoup.
04:55Alors l'halogène, c'est interdit à la vente déjà depuis 3-4 ans. Et les tubes plus récents, les néons, sont interdits depuis 2023, demi-mois. Mais on en trouve encore d'installer, bien sûr. On en trouve encore d'installer.
05:07Vous vous affichez un chiffre d'affaires de 42 millions d'euros en 2024. Vous dites 10% des Français sont éclairés par Claréo. Comment vous arrivez à ce chiffre ? Parce que ça fait beaucoup quand même.
05:17Eh oui. On est assez fiers d'annoncer qu'on éclaire aujourd'hui 10% des Français. Et en fait, comment ça a été calculé ? On a regardé le nombre de produits vendus depuis la création de Claréo en 2012.
05:29Et on est à 11 millions de produits aujourd'hui vendus. Et quand on fait un petit calcul assez simple d'ailleurs, on arrive à 10% des Français éclairés aujourd'hui par nos solutions, principalement sur le lieu de travail, puisqu'on travaille principalement sur de l'éclairage professionnel.
05:44Est-ce que vous contribuez aussi au bien-être des salariés ou même des utilisateurs des sites que vous avez équipés ?
05:54Oui, vous avez raison. L'objectif de l'éclairage LED et de cette révolution technologique, c'est de faire des économies et d'accompagner la transition énergétique.
06:02Mais en même temps, on peut améliorer fortement le confort des utilisateurs avec la qualité de lumière, avec le pilotage de la lumière comme on en parlait notamment avec le smart lighting.
06:14Et c'est quelque chose d'important, notamment sur le lieu de travail. Les collaborateurs parfois se plaignent parce qu'ils n'ont pas assez de lumière, trop de lumière.
06:21Et avec la LED, on est beaucoup plus précis. Et clairement, il y a pas mal d'études qui montrent que le confort a été beaucoup amélioré.
06:26Vous disiez tout à l'heure « reproduire la lumière extérieure ». Ça veut dire quoi concrètement ?
06:31Ça veut dire qu'on a des solutions intelligentes qui reproduisent le rythme circadien de l'homme. Et vous savez qu'au début de la journée, la lumière est un petit peu plus chaude et moins puissante.
06:43À midi, le soleil tape. La lumière est plus blanche. On parle en Kelvin. Et donc, on est aux alentours de 5 000, 6 000 Kelvin. Et la lumière est plus forte.
06:50Et en fin de journée, au coucher de soleil, la lumière est plus jaune et plus faible. Eh bien en intérieur, on est capable de reproduire ce scénario même quand il fait pas beau.
06:59Ça arrive parfois à Paris. Et donc, on peut avoir une lumière qui correspond à un jour de beau temps en intérieur.
07:06Et il y a des études qui montrent qu'avec ce système, on améliore et le confort des utilisateurs, mais également la productivité, le bien-être au travail, ce qui est important de nos jours.
07:16Évidemment. Est-ce que vos produits sont éco-conscients ? On parlait de cycle de vie tout à l'heure. Est-ce que depuis une douzaine d'années que Clareo existe, vous avez progressé finalement dans l'éco-conception de vos produits ?
07:27Oui. Sur tous les aspects développement durable et RSE, on est assez en avance. On a mis pas mal d'énergie là-dessus. Et aujourd'hui, la majeure partie de nos produits sont éco-conçus.
07:36Alors, ça veut dire quoi ? Il faut rentrer dans le détail.
07:38Alors, ça veut dire qu'ils sont conçus pour émettre un minimum d'émissions. Donc, ça passe par le rendement des produits. C'est-à-dire qu'il faut qu'ils consomment un minimum puisqu'on a vu que c'était très important en termes d'émissions.
07:48Ça passe par la fabrication. Donc, on économise beaucoup sur la matière, sur l'encombrement des produits puisque quand ils sont moins encombrants, ils émettent moins lors du transport par exemple.
07:59Et d'ailleurs, le coût est inférieur. Donc, c'est gagnant-gagnant. Donc, on joue sur un ensemble de choses pour que le produit émette un minimum d'émissions, de CO2, de la conception jusqu'au recyclage.
08:10Et est-ce que c'est aussi grâce à ces efforts que vous avez étendu la durée de garantie de vos produits ?
08:17C'est pas directement lié. Mais c'est vrai que comme on a une fiabilité extrêmement importante sur nos produits, on a annoncé ce mois-ci la garantie 7 ans de nos produits, ce qui est quelque chose d'assez unique sur le marché.
08:29Et ça montre la fiabilité des produits d'éclairage LED. Donc, s'ils sont garantis 7 ans, ça veut dire que leur durée de vie va être bien supérieure. Alors, rendez-vous compte, vous installez dans une entreprise tout un ensemble de luminaires et vous les gardez.
08:43Vous pouvez les garder pour 10 ou 15 ans. Donc, c'est bien économiquement mais c'est aussi et surtout bien pour la planète.
08:49Il y a des fiches environnementales des produits Clareo ?
08:52Oui, ça s'appelle les fiches PEP. Et là, on mesure vraiment. C'est quand même assez énergivore à faire les émissions de la production du produit jusqu'au recyclage.
09:03Et aujourd'hui, il y a une majorité de nos produits qui ont cette fiche PEP. C'est demandé de plus en plus par la réglementation et c'est demandé aussi par nos clients.
09:10Donc, on est assez en avance sur ce sujet-là aussi.
09:12Et qu'est-ce que ça devient une ampoule LED quand elle est vraiment en bout de cycle de vie ? C'est recyclable ?
09:18C'est recyclé à 99 %, ce qui est beaucoup mieux d'ailleurs au passage que les technologies précédentes qui, vous savez, avec les lampes fluocompactes, émettaient du mercure, etc.
09:29Il n'y avait pas beaucoup de métaux rares qu'on a essayé d'enfouir à droite et à gauche. Sur la LED, c'est très très recyclable.
09:36Tous les matériaux sont recyclables. Il n'y a qu'une petite partie du phosphore, vous savez, de la chip LED qui va éclairer qui n'est pas complètement recyclable.
09:43Et donc, il y a des organismes pour ça comme ESR en France avec qui on travaille et qu'on finance pour ce recyclage.
09:50Je voudrais qu'on prenne un ou plusieurs exemples. Il y a des organisations, des services publics qui ont fait appel à vous, par exemple le musée d'Orsay.
09:58Alors évidemment, moi, ça me fait rêver. Est-ce que c'est un bâtiment comme un autre ou est-ce qu'il y a un défi particulier quand on éclaire un musée ?
10:08C'est un musée toujours particulier. C'est vrai qu'on a éclairé une partie du musée d'Orsay puis d'autres bâtiments publics comme la Sorbonne, comme Sciences Po.
10:17Et on est amené parfois à faire vraiment des luminaires sur mesure. Si vous allez à la Sorbonne aujourd'hui dans la bibliothèque, vous allez voir des arches lumineuses uniques développées sur mesure pour ce lieu.
10:28Donc ce sont des lieux uniques qui font appel à des luminaires uniques.
10:32Et à Orsay aussi, parce qu'on parlait du bien-être, il y a aussi une question du bien-être des tableaux. On n'éclaire pas un tableau comme...
10:42Il y a des tableaux qui sont beaucoup plus fragiles que d'autres, par exemple. Vous avez dû tenir compte de ça ?
10:47Oui. Alors dans les musées, ce qui est important, c'est la qualité de la lumière. Ça s'appelle l'IRC si on veut être un petit peu technique. C'est l'indice de rendu des couleurs.
10:54Et effectivement, il faut que la lumière ait un rendu de couleur le plus près possible de ce que voit l'œil. Et donc on atteint des valeurs de 90-95% ou plus.
11:04Donc ce sont des chips, des puces qui vont éclairer assez spécifiques pour avoir ce niveau d'IRC. Et donc c'est d'autant plus important dans ce type de lieu.
11:12Dernière question. Il en reste une minute sur la CSRD, le bilan extra-financier. Je ne suis pas sûr que votre entreprise soit tout de suite concernée.
11:21Vous vous y préparez ? Vous trouvez que c'est trop compliqué ?
11:24Alors on n'est pas éligible pour l'instant. On devrait être éligible peut-être dans quelques années, 3-4 ans d'après nos informations.
11:32Et en plus, apparemment, c'est un petit peu remis en cause. Mais l'idée, c'est de standardiser un petit peu le reporting justement sur les émissions.
11:38Et pour une entreprise qui est plutôt en avance comme la vôtre ?
11:41C'est intéressant parce que s'il n'y a pas de standard, on ne sait pas de quoi on parle. C'est comme les fiches PEP. Il y a des standards.
11:45Donc c'est important de comparer ce qui est comparable et de voir quelles sont les entreprises qui font le plus d'efforts là-dessus avec un standard.
11:52Donc nous, on pense que c'est une bonne chose, mais ce n'est pas pour tout de suite.
11:55Merci beaucoup Olivier Machineau et à bientôt sur BeSmart.
11:58For Change, on passe tout de suite à notre débat, la lutte contre le gaspillage alimentaire au programme.
12:07Smart Cause, c'est une rubrique que l'on vous propose tous les mois en partenariat avec DIFT pour mettre en avant une association.
12:14Et aujourd'hui, c'est le Chez Non Manquant. Bonjour Valérie de Margerie.
12:17Bonjour.
12:18Bienvenue. Vous êtes la cofondatrice, la présidente du Chez Non Manquant. Clara Pigé, bonjour.
12:22Bienvenue à vous aussi, cofondatrice et responsable des opérations de DIFT.
12:27Valérie de Margerie, présentez-nous cette association, le Chez Non Manquant. Quelle est votre cause ?
12:32Alors le Chez Non Manquant, nous avons créé le Chez Non Manquant il y a un peu plus de 10 ans avec une mission simple.
12:37Sauver des surplus alimentaires frais de qualité et les redistribuer immédiatement aux associations de solidarité qui en ont besoin.
12:45En 2014, on va peut-être partir de là, on parlait de 6 millions de personnes en insécurité alimentaire.
12:53C'est un chiffre qui n'a cessé d'augmenter depuis, de manière catastrophique d'ailleurs.
12:57Oui, j'ai vu 10 millions de personnes.
12:59C'est ça, voilà, 10 millions de personnes aujourd'hui. Un français sur trois qui disent privés de nourriture.
13:05Et puis en parallèle, on commençait à parler du gaspillage alimentaire, de son ampleur.
13:11A savoir en France, 10 millions de tonnes de nourriture gaspillées chaque année, malgré l'impact environnemental de leur production.
13:18Voilà, donc des estomacs vides d'un côté, des poubelles pleines de l'autre, ça n'a aucun sens.
13:23Et c'est pour ça qu'on a créé le Chez Non Manquant, en nous concentrant sur ce qui manquait le plus à l'aide alimentaire,
13:28c'est à dire des produits frais variés de qualité.
13:30Et alors combien de tonnes de produits vous avez sauvés en 10 ans ?
13:33Ah, c'est une bonne question. Un peu plus de 2,8 millions de repas.
13:39Donc, eh bien, ça fait combien ?
13:43Ça doit faire beaucoup de tonnes de denrées alimentaires.
13:47Je veux bien que vous nous présentiez DIFT en quelques mots, même si l'entreprise a déjà participé, évidemment,
13:54et nous a déjà présenté d'autres associations que vous accompagnez.
13:57Avec plaisir.
13:58Donc, DIFT, déjà, c'est le nouveau nom de Captain Cause, qui a changé de nom il y a quelques mois.
14:03C'est une société à mission qu'on a structurée avec un objectif, celui de lever des fonds pour des associations
14:09et leur donner de la visibilité.
14:11Et donc, concrètement, on a développé un logiciel et une plateforme qui permet aux entreprises de développer leur générosité
14:18et d'impliquer leurs clients, leurs collaborateurs, leurs communautés dans le choix des causes qui sont financées.
14:23Ça permet de donner de la visibilité à toutes ces initiatives.
14:26Donc, ce sont des entreprises qui mobilisent leurs collaborateurs, leurs salariés, pour donner d'une certaine façon ?
14:32C'est essentiellement leurs clients qui sont mobilisés.
14:34C'est leurs clients, d'accord.
14:35Donc, on a des entreprises qui ont des grands programmes de fidélité, qui proposent de transformer des points qui ont été accumulés en consommant
14:41en dons à des assos, par exemple, ou bien qui, à Noël ou pour les anniversaires des clients, leur offrent un DIFT,
14:47donc un don-cadeau qui sera fléché à une association.
14:50Et ces enjeux de précarité alimentaire, il y a beaucoup d'entreprises qui y sont sensibles, qui s'y associent, d'une certaine façon ?
14:58C'est un sujet qui est très bien compris et entendu par les entreprises.
15:02Donc, elles se lancent dans l'aventure de soutenir ces associations.
15:05L'année dernière, il y avait eu des grands appels qui avaient été faits, notamment par les Restos du Coeur, autour des sujets de précarité alimentaire.
15:11Disons que c'est un sujet qui existe dans le quotidien des gens et qui ne peut pas être ignoré par les entreprises.
15:18Donc, elles se lancent dans l'aventure. Alors, il y a eu des façons assez simples de commencer leur engagement en donnant, par exemple, des invendus.
15:25Donc Valérie me disait tout à l'heure que le point d'entrée du chaînon manquant des entreprises, c'était les restaurants d'entreprise.
15:31Et maintenant, ce qu'il faut développer, c'est le financement des associations, leur fonctionnement, leur développement et le fait qu'elles grandissent.
15:38– Vous nous disiez, le chaînon manquant a été créé il y a 10 ans, les Restos du Coeur.
15:43Ça fait beaucoup plus longtemps. Qu'est-ce que vous apportez de plus ?
15:46Où est-ce que vous vous êtes dit, mais là, il y a vraiment un trou dans la raquette ?
15:50– Oui, la réactivité, en fait, sur ces produits frais, fragiles, rapidement périssables.
15:56Ça peut être des repas préparés ou des produits bruts.
15:58Mais en fait, ce sont des produits à cuisiner ou à consommer dans les deux jours, voire même aujourd'hui.
16:04Donc, on est des champions de la réactivité.
16:06Je vous explique un peu comment ça marche.
16:08Chaque jour, on a des équipes de bénévoles mobiles qui collectent des surplus frais de qualité auprès des professionnels.
16:14Des restaurants d'entreprise, l'événementiel, la boute de production.
16:17Et puis, on les redistribue dans la foulée, dans les deux heures, aux associations qui en ont le plus besoin.
16:22– Est-ce que vous travaillez aussi avec les supermarchés, avec la grande distribution ?
16:26– Oui. Après, je dirais qu'on a innové sur d'autres secteurs. Là-dessus, il y a beaucoup d'acteurs.
16:31– Parce que la loi AJEC a quand même changé la donne.
16:34Il y a une obligation pour les supermarchés de ne plus jeter, de ne plus détruire leurs invendus.
16:40Est-ce que ça vous a obligé, alors vous avez un peu répondu à la question,
16:44mais à organiser une collecte différente, supplémentaire ?
16:48Parce que d'un seul coup, il y a peut-être plus de nourriture qui est arrivée sur ce marché
16:54ou qu'on a eu la capacité de donner, de redistribuer.
16:57– Oui. Alors, on a grandi avec ces lois, nous.
16:59Parce qu'en fait, la première loi Garos, c'est 2015.
17:02Donc, on a accompagné tout ce mouvement.
17:04Et simplement, nous, on s'est engagés sur le secteur principalement de l'événementiel,
17:08de la restauration collective.
17:10Parce qu'on a vraiment cette recherche de produits un peu différents
17:13auxquels les associations n'ont pas accès.
17:15Et on a pensé tout notre dispositif comme ça.
17:19Et après, ça veut dire quoi ?
17:21Ça veut dire qu'on a des plannings de collecte de base pour mobiliser des équipes.
17:26Et puis ensuite, on a des demandes de collecte urgentes qui arrivent tous les jours.
17:30Et c'est tout le défi quotidien de notre équipe de les intégrer sur les circuits en cours.
17:34– Et avec quelles associations vous travaillez ?
17:36Vous êtes l'association des associations, en quelque sorte ?
17:38– Oui, on est un peu aidant des aidants sur la solidarité alimentaire, absolument.
17:42On travaille avec une grande diversité d'associations.
17:45Et justement, on va flécher les produits en fonction des associations.
17:48Donc, si on a des fruits et légumes bruts à cuisiner,
17:50macérates dans des restaurants solidaires.
17:52Si on a des grands plats collectifs à partager au centre d'hébergement.
17:55Ou des sandwichs et des salades aux distributions étudiantes, par exemple.
17:59– Clara Piget, est-ce qu'il y a d'autres projets, d'autres associations
18:03que les entreprises peuvent ou veulent accompagner
18:06sur ces thématiques de lutte contre la précarité alimentaire ?
18:09– Sur la précarité alimentaire, oui, j'en ai deux en tête, notamment.
18:13On travaille avec Hop-Up Food qui est une association
18:17qui pourrait être comparée aux chez nos manquants.
18:19Puisqu'ils mettent aussi en place une interface
18:21entre les personnes qui ont des invendus,
18:23plutôt des épiceries et des magasins généraux, quoi.
18:29Et des personnes qui sont en situation de précarité
18:31et qui voudraient aller chercher des paniers d'invendus
18:33gratuitement auprès de ces magasins.
18:35Donc eux, c'est vraiment une application digitale
18:38et du direct aux bénéficiaires.
18:41Et on travaille aussi par exemple avec Copain,
18:44Valérie mentionnait à l'instant les aides pour les étudiants
18:47qui eux font la distribution.
18:49Donc eux, c'est plutôt des bénéficiaires du chez nos manquants
18:52et le bout de la chaîne.
18:54– Est-ce qu'il y a des enjeux de traçabilité, de sécurité alimentaire ?
18:57J'imagine que oui.
18:58– Oui, c'est un sujet complet.
19:00– Qui est responsable du produit ?
19:02– Il y a pas mal d'enjeux sur ce sujet.
19:04Il y a également la garantie de la chaîne du froid.
19:07Donc nous, on travaille en camionnette réfrigérée.
19:09– Ça veut dire qu'à partir du moment où vous récupérez les produits,
19:13c'est vous qui devenez responsable ?
19:15– Oui, absolument. On en est propriétaire.
19:17– Et jusqu'à ce que vous les livriez aux associations
19:21et elles deviennent responsables à ce moment-là ?
19:23– Elles deviennent responsables à ce moment-là.
19:24Chacun est responsable de la partie de la chaîne alimentaire
19:27qu'ils maîtrisent.
19:28– Est-ce que c'était l'argument donné par certains pour jeter,
19:32avant les lois, vous voyez ce que je veux dire ?
19:34– Oui, il y avait une grande peur.
19:35Les premières années, le sujet c'était d'être crédible.
19:38Donc c'est pour ça qu'on a travaillé tout de suite avec des grands noms.
19:41Notre première action en terrain, c'était Roland Garros.
19:43Donc c'était important de rentrer avec des grands qui allaient…
19:46– Ça rassure les autres après.
19:48– Voilà, de crédibilité.
19:50– Vos bénéficiaires directs, vous disiez,
19:53on est malheureusement autour de 10 millions de personnes
19:56qui sont en précarité alimentaire.
19:59Comment on la définit ?
20:00C'est quoi ?
20:01C'est quand on est obligé de sauter un repas par jour,
20:03c'est quoi le critère ?
20:05– Je vais vous dire là-dessus, je ne vais pas vous répondre clairement
20:08parce qu'en fait, effectivement, il y a l'insécurité alimentaire,
20:11la précarité alimentaire.
20:12En fait, il y a tout un panel un peu de difficultés de se nourrir.
20:17Mais effectivement, aujourd'hui,
20:18on voit énormément de personnes qui sautent des repas.
20:20Ça, c'est assez récent.
20:22Alors qu'avant, on allait plutôt dire,
20:24on ne répond pas à ces besoins nutritionnels.
20:26Aujourd'hui, on parle de faim en France.
20:28C'est assez nouveau.
20:30– Avec une population jeune qui est notamment concernée, Clara Pigé ?
20:35– Les populations qui sont sensibles à toutes ces précarités,
20:38c'est souvent les mêmes, malheureusement.
20:40Quand on parle précarité logement, précarité alimentaire,
20:44ça va être beaucoup les jeunes, donc les étudiants,
20:47jeunes actifs qui ne gagnent pas assez bien leur vie
20:49pour pouvoir subvenir à leurs besoins.
20:51Les familles monoparentales,
20:53donc là, les femmes sont particulièrement touchées.
20:55Donc voilà, c'est des publics qui cumulent les sensibilités
21:00et aussi les difficultés et les fragilités.
21:04Donc oui, c'est des publics qu'on retrouve chez beaucoup d'associations
21:07et parmi les bénéficiaires de beaucoup d'assos qu'on accompagne.
21:10– Est-ce que vous, vous voyez de plus en plus de jeunes
21:12dans cette situation d'insécurité ou de précarité alimentaire ?
21:16Il y a eu la période Covid qui a servi un peu de révélateur.
21:19– Oui, bien sûr, mais effectivement, en fait,
21:21il y a vraiment tout un panel de populations différentes.
21:25Donc les étudiants, bien sûr, depuis le Covid, c'est flagrant.
21:28En fait, nous, toutes les associations qu'on aide,
21:30elles nous disent vous ne faites pas assez.
21:32On est vraiment face à un effet ciseau avec des surplus quand même
21:35qui diminuent globalement parce qu'on progresse sur ces sujets-là.
21:39Et par contre, des besoins qui explosent parce que la précarité explose.
21:42Et donc c'est autant les étudiants, et c'est dramatique, bien sûr,
21:46mais effectivement, des mamans qui ne vont pas manger
21:48pour pouvoir nourrir leurs enfants.
21:50Voilà, c'est vraiment tout un panel.
21:52– Je voudrais qu'on parle des Jeux Olympiques
21:54parce que vous avez été directement impliqué.
21:58Voilà, ça a été un immense succès collectif, populaire,
22:02peut-être aussi un moment de fierté nationale.
22:04On n'en a pas tant que ça, donc on peut se le rappeler.
22:07Mais il y avait quand même cet enjeu de gâchis, de gaspillage alimentaire.
22:12Je ne sais pas, là aussi, vous n'avez peut-être pas le chiffre,
22:14mais j'imagine des tonnes de nourriture qui n'étaient pas forcément consommées.
22:17– Oui. – Et qu'il fallait récupérer.
22:19– Tout à fait. Alors là, je peux vous dire qu'on a collecté,
22:22parce que c'est plus frais, 42 tonnes de nourriture liées au site olympique.
22:30Donc ça fait 80 000 repas frais
22:32distribués juste sur cet événement olympique et paralympique.
22:36C'était aussi une belle visibilité pour nos enjeux,
22:40aux yeux du monde entier, ça c'est quand même très fort.
22:43Et puis on a eu une centaine de bénévoles mobilisés
22:46chaque jour des levées du soleil sur ces sites.
22:49C'est des souvenirs pour la vie,
22:51et même pour moi qui ai porté la flamme olympique.
22:54– Oui, évidemment, ça marque une vie.
22:58Justement, tiens, sur le bénévolat ou les retours des entreprises, des salariés.
23:03Quel retour vous avez des entreprises, des salariés,
23:05qui aident le chénon manquant ?
23:07Mais on peut élargir, évidemment, la question.
23:10– C'est un sujet qui s'est beaucoup développé,
23:12l'engagement des équipes par le bénévolat
23:15ou par le don de temps dans les entreprises.
23:18Il y a des très beaux acteurs qui se sont développés sur le sujet
23:21pour mettre en relation les entreprises qui se disaient,
23:24tiens, j'ai des sujets de gestion de fin de carrière
23:27ou alors pour mes très juniors de les libérer un jour par mois,
23:30deux, trois jours par an pour leur permettre de faire ça.
23:34– Est-ce que ça fait naître parfois des vocations ?
23:36C'est-à-dire le fait d'avoir participé
23:38ou que son entreprise participe à une cause
23:41fait que des gens se disent,
23:42ah ben tiens, je vais devenir bénévole pour cette association ?
23:45– Je ne suis pas la mieux placée pour y répondre
23:47parce qu'on n'est pas sur le terrain à regarder ça tous les jours.
23:49Mais j'ai l'impression que c'est quand même plutôt des gens
23:52qui sont, Valérie complètera peut-être mieux que moi,
23:54qui sont engagés à l'origine et qui ont envie de se libérer de ce temps.
23:58C'est eux qui ont été très demandeurs à l'origine
24:00que leurs employeurs mettent ça en place.
24:02Maintenant, j'imagine qu'il y a des occasions,
24:04avec les JO par exemple, on peut-être fait naître des vocations
24:07parce qu'on se dit, c'est aussi un moment sympa pour s'engager.
24:10– Et ensuite, on découvre une cause et le fait qu'elle est là toute l'année.
24:13– Pour les JO, c'est sûr, ça a été un tournant dans l'association.
24:17Aujourd'hui, on a plein de bénévoles
24:19et pas assez de missions pour les occuper.
24:21Vraiment, ça a été un tournant.
24:23Mais par rapport aux entreprises, effectivement,
24:25les programmes d'engagement collaborateurs
24:27font souvent découvrir l'association aux gens.
24:30C'est peut-être une petite partie,
24:32mais pour nous, c'est beaucoup de monde finalement
24:35qui revient ensuite s'engager dans l'association,
24:37le week-end par exemple.
24:39Donc effectivement, oui, c'est…
24:41– C'est un bon canal de découverte pour nous.
24:43– Des ambassadeurs auprès de la Fondation
24:45et des personnes qui choisissent où vont les fonds aussi.
24:47– Merci beaucoup, merci à toutes les deux
24:49et à bientôt sur Be Smart For Change.
24:51On passe tout de suite à notre rubrique Prête pour l'Impact.
24:54– Be Smart.
24:58– Êtes-vous prête pour l'impact ?
25:00C'est la question que je pose chaque semaine
25:02à une personnalité qui compte dans notre économie.
25:0426 minutes d'entretien pour creuser ces enjeux
25:07de transformation environnementale et sociétale
25:09avec Sandra Wabian aujourd'hui.
25:11Bonjour. – Bonjour.
25:13– Bienvenue, vous êtes la directrice générale du CREDOC,
25:15le Centre de recherche pour l'étude et l'observation
25:17des conditions de vie.
25:19Et vous publiez, c'est chez Flammarion,
25:21la mosaïque française,
25:23comment refaire société aujourd'hui.
25:27Ça veut dire quoi ? On va parler du constat peut-être,
25:29de constat quoi, d'une fracturation,
25:31d'une société où les antagonismes
25:35s'expriment plus violemment.
25:37Alors on le voit quasiment tous les jours
25:39à l'Assemblée nationale, est-ce que c'est vrai ailleurs ?
25:41– Alors, ce que je propose justement dans le livre,
25:44c'est d'essayer d'enlever les lunettes noires
25:46qu'on a régulièrement sur notre société française
25:50et d'essayer de regarder vraiment les constats
25:52sur la cohésion sociale.
25:54Et ce qu'on peut voir, c'est qu'effectivement,
25:56il y a des choses qui vont mal,
25:58des inégalités de patrimoine qui augmentent,
26:00des difficultés dans le monde du travail,
26:02une forme de polarisation parfois des opinions.
26:04Mais il y a aussi des choses qui vont bien
26:06et dont on parle un petit peu moins,
26:08comme par exemple l'engagement des jeunes.
26:10On a des jeunes de plus en plus engagés dans notre société,
26:12ce n'est pas quelque chose qui est forcément
26:14souvent mis en lumière.
26:16On a aussi des enquêtes qui montrent
26:18que la tolérance progresse,
26:20alors ça peut étonner puisqu'on a de plus en plus
26:22de crimes antisémites, racistes,
26:24et puis on voit bien dans l'espace public
26:26qu'il y a beaucoup de tensions.
26:28Mais en fait, quand vous prenez un peu de recul,
26:32il y a 40 ans, il y avait beaucoup moins d'ouvertures
26:34par exemple par rapport au couple de même sexe,
26:36par rapport même à l'immigration.
26:38Donc en fait, quand on regarde un petit peu
26:40sur le temps long,
26:42on a une société qui a quand même avancé.
26:44Mais alors, qu'est-ce qui donne
26:46ce sentiment d'antagonisme ?
26:48On peut toujours se regarder
26:50le nombril de nos médias.
26:52Est-ce que, par exemple,
26:54les médias sociaux, les réseaux sociaux
26:56qui sont de plus en plus,
26:58et on le voit avec l'abandon de la modération
27:00par exemple dans les médias sociaux
27:02du groupe Meta, annoncé par Zuckerberg
27:04après la victoire de Trump,
27:06est-ce que ce sont des lieux d'antagonisme
27:08plus que la société ne l'est vraiment,
27:10d'une certaine façon ?
27:12Alors, les médias sociaux, mais les médias traditionnels aussi.
27:14Oui, aussi.
27:16Puisqu'en fait, comme on le sait,
27:18les médias ont plutôt tendance à parler
27:20des trains qui n'arrivent pas à l'heure.
27:22Et puis, des travaux ont montré
27:24qu'il y avait une forme de polarisation
27:26liée au visionnage de médias.
27:28C'est-à-dire que vous n'allez pas changer d'avis
27:30en regardant les médias,
27:32vous allez plutôt vous conforter dans vos opinions,
27:34voire vous radicaliser un petit peu
27:36en allant vers des médias avec lesquels
27:38vous êtes d'accord au démarrage.
27:40Et donc, le fait qu'on soit dans une société
27:42où on est de plus en plus abreuvé de médias,
27:44où on est aussi un peu obligé de suivre
27:46tout ce qui se passe,
27:48fait aussi que ça, effectivement, participe
27:50de la polarisation.
27:52Et puis, on a une accélération du temps aussi,
27:54une accélération du temps qui est liée
27:56du numérique,
27:58qui arrive à une forme de paradoxe.
28:00C'est-à-dire qu'on a du numérique,
28:02on est censé gagner du temps avec,
28:04et puis, finalement, on passe des heures et des heures dessus.
28:06Et donc, finalement, on court à tous après le temps.
28:08Les Français dorment de moins en moins, par exemple.
28:10Donc, on est, voilà,
28:12tous pris dans une course infernale.
28:14Et cette course, elle n'est pas propice
28:16à la réflexion, à la délibération, au compromis.
28:18Oui, effectivement. Lors d'une émission
28:20sur France Culture,
28:22on va vous proposer une citation de Sandra Wabian.
28:24Vous avez déclaré ceci.
28:26Nous n'insistons pas à une archipélisation
28:28de la société française, au sens où ce ne sont pas
28:30de petites communautés exclusives
28:32qui se font face les unes aux autres,
28:34mais bien à une forme d'émiettement
28:36où les individus ont chacun leur propre identité.
28:38Évidemment,
28:40vous faites référence, j'imagine,
28:42à l'archipel français. C'est le titre d'un livre
28:44qui est signé Jérôme Fourquet.
28:46D'une certaine façon, si je caricature,
28:48vous avez les mêmes chiffres, mais vous n'avez pas
28:50la même lecture de la situation,
28:52on peut dire ça ?
28:54Oui, effectivement. Il y a beaucoup de choses intéressantes
28:56dans les travaux de Jérôme Fourquet, que je suis avec
28:58beaucoup d'attention. Je n'ai pas la même lecture
29:00que lui de la société française.
29:02Pour moi, le phénomène qui domine notre société,
29:04c'est le phénomène de l'individualisation.
29:06L'individualisation, qu'est-ce que c'est ?
29:08C'est le fait que chacun a envie de faire
29:10ses propres choix, de suivre son propre chemin.
29:12Et ça va du fait de donner
29:14un prénom particulier à son enfant
29:16à choisir ses funérailles
29:18avec une cérémonie
29:20particulière,
29:22en passant par le tatouage,
29:24où on va se mettre sur la peau des choses
29:26très particulières qui vont vraiment nous dire
29:28qui on est.
29:30Si on est dans une individualisation,
29:32c'est la mosaïque d'une certaine façon que vous décrivez,
29:34comment on fait société ?
29:36C'est tout l'enjeu,
29:38et notamment parce que
29:40cette individualisation vient
29:42questionner d'anciens modes
29:44de société, et notamment
29:46tout ce qui était institutionnel,
29:48les corps intermédiaires, le fait qu'on pouvait
29:50avoir des représentants
29:52qui pouvaient réorganiser et organiser
29:54la société, aujourd'hui c'est remis en cause.
29:56Donc il faut trouver d'autres moyens
29:58de vivre ensemble en
30:00reconnaissant cette individualité.
30:02La thèse que je propose dans le livre,
30:04c'est le fait de dire qu'on peut être d'accord
30:06ou pas d'accord, mais c'est un chemin que suit
30:08la société française, et la plupart des sociétés
30:10occidentales d'ailleurs, c'est ce chemin
30:12de la singularité, et donc il va falloir
30:14reconnaître les gens, ça veut dire leur trouver une place.
30:16C'est évidemment très exigeant.
30:18Alors ça c'est un enjeu
30:20du quotidien, et puis
30:22il y a des événements particuliers
30:24qui peuvent permettre de faire société.
30:26Je pense évidemment aux Jeux Olympiques et Paralympiques,
30:28le succès des Jeux.
30:30Est-ce que pour vous c'est une preuve
30:32qu'on peut toujours, puisque vous dites
30:34refaisons société, qu'on peut
30:36toujours faire société ?
30:38Ou est-ce qu'il y a un petit côté
30:40phare aveuglant,
30:42et on donne trop d'importance à ce qui s'est passé
30:44il y a quelques semaines cet été ?
30:46On peut parler des Jeux Olympiques en positif, on peut parler aussi du Covid.
30:48À un moment où la société
30:50était face à une menace importante, on a quand même
30:52demandé des efforts très importants aux gens,
30:54de s'enfermer chez eux pendant plusieurs mois,
30:56de renoncer à toutes leurs activités,
30:58et les gens s'y sont prêtés
31:00quand même plutôt de bonne grâce, il n'y a pas tellement
31:02eu de mouvements de contestation,
31:04donc on voit bien que quand on propose un cadre
31:06à la société française, soit un cadre
31:08coercitif comme ça a été pendant la période
31:10Covid, soit un cadre positif
31:12comme ça a été pendant la période des JO,
31:14on a un élan de la société française.
31:16On l'a vu aussi pendant le Grand Débat,
31:18où on a ouvert les portes de la discussion,
31:20et il y a eu des millions de contributions.
31:22Qui servent à caler
31:24les armoires des ministères.
31:26C'est là le problème,
31:28c'est qu'aujourd'hui, tous les outils
31:30qui commencent à émerger pour faire du collectif,
31:32ils sont utilisés comme des gadgets, c'est-à-dire
31:34qu'on les sort un petit peu comme des prétextes,
31:36et puis on les range très vite,
31:38sans en faire quoi que ce soit. Mais il y a un matériau
31:40qui est très intéressant, et
31:42on pourrait s'en saisir, mais il faut
31:44trouver une place à ces nouvelles
31:46expérimentations citoyennes.
31:48Oui, c'est ça, les conventions citoyennes, notamment,
31:50il y en a eu sur le climat, il y en a eu sur la fin de vie.
31:52Alors, la fin de vie,
31:54avec le
31:56chaos politique dans lequel on est,
31:58dont on va peut-être sortir, qui sait,
32:00cette loi, cette réforme,
32:02elle est pour l'instant en sommeil,
32:04mais si on prend la convention citoyenne sur le climat,
32:06elle a fait naître beaucoup d'espoir,
32:08il y a certainement eu une erreur majeure de communication
32:10d'Emmanuel Macron, disant qu'il allait
32:12tout reprendre, ce qu'il n'a pas fait.
32:14Est-ce que, malgré tout, on peut en faire un bilan
32:16relativement positif de cette convention
32:18citoyenne, parce que ça a fait bouger
32:20certaines lignes ? Alors, je pense qu'il faut distinguer
32:22deux choses. Il faut distinguer
32:24l'exercice en lui-même, qui, lui,
32:26est très positif, parce qu'il permet
32:28aux gens de s'exprimer, il permet
32:30aux gens de délibérer,
32:32de faire du compromis. Il faut savoir
32:34que dans la convention citoyenne pour la fin de vie,
32:36on a 40% des gens qui ont changé d'avis
32:38sur des questions quand même très intimes,
32:40sur lesquelles on peut se dire que c'est difficile
32:42de changer d'avis. Donc, en fait, lorsqu'on laisse du temps
32:44aux gens, lorsqu'on leur permet de rencontrer
32:46des experts, de discuter entre eux,
32:48ils arrivent à créer du compromis.
32:50Donc ça, c'est pour l'exercice
32:52en lui-même, et puis ça place...
32:54Ça place institutionnel.
32:57Et aujourd'hui, le problème de ces exercices, c'est que
32:59ce sont des électrons libres, c'est-à-dire qu'on ne sait pas
33:01qui décide à quel moment sur
33:03quel sujet, on ne sait pas quel est
33:05le devenir, en fait, de ce qui va être produit
33:07par ces conventions, donc il faudrait une place institutionnelle.
33:09C'est-à-dire, peut-être
33:11que les délibérations,
33:13les rapports de ces conventions
33:15soient soumis au Parlement, peut-être qu'il y a
33:17un référendum derrière, on peut
33:19imaginer différentes choses. Mais en tout cas,
33:21il faudrait qu'il y ait un cadre institutionnel pour que
33:23effectivement, on fasse
33:25quelque chose de tout ce matériau qui est créé
33:27par les citoyens. – Dans votre livre, vous remettez
33:29en cause l'esprit de compétition.
33:31Alors, je suis
33:33assez d'accord avec vous sur
33:35un aspect des choses, c'est-à-dire le fait que notre société,
33:37on est dans une société de la note permanente,
33:39ce qui est relativement
33:41insupportable, c'est une pression
33:43sur tous qui est assez insupportable.
33:45Et en même temps, la compétition, c'est un moteur
33:47de progrès, parfois personnel.
33:49Donc, je suis un peu partagé là-dessus.
33:51Pourquoi vous remettez en cause l'esprit de compétition ?
33:53– Alors, je pense que
33:55on a organisé
33:57notre société sous un angle
33:59de compétition, parce qu'on s'est dit que
34:01c'était une manière de créer une forme de justice sociale.
34:03C'est-à-dire de se dire,
34:05finalement, les ressources ne sont pas illimitées,
34:07on va essayer de faire courir tout le monde derrière la même ligne
34:09de départ, et puis on verra celui qui
34:11court le plus vite, il aura les meilleures ressources.
34:13Donc, c'est une espèce de forme
34:15de justice sociale. Le problème de
34:17cette organisation, c'est que
34:19d'abord, c'est très difficile de faire courir
34:21tout le monde derrière la même ligne de départ,
34:23puisqu'évidemment, on ne vient pas des mêmes milieux,
34:25on n'a pas les mêmes ressources intellectuelles,
34:27culturelles, patrimoniales, etc.
34:29Bon, mettons ça de côté.
34:31Deuxième problème, admettons qu'on
34:33arrive à mettre tout le monde à égalité,
34:35est-ce qu'on est tous d'accord sur qu'est-ce que c'est que le mérite ?
34:37Il y en a certains qui se lèvent très tôt,
34:39aujourd'hui, par exemple, si on prend les éboueurs,
34:41ils ont un travail difficile,
34:43pénible, et pour autant,
34:45ce n'est pas eux qui obtiennent les meilleures places.
34:47Est-ce que le mérite, c'est les talents ?
34:49Est-ce que c'est l'intelligence ? Est-ce que ce sont les efforts ?
34:51Bon, mettons de côté ce deuxième problème.
34:53Troisième problème,
34:55le problème, c'est que mécaniquement,
34:57forcément, on obtient des gagnants
34:59et des perdants.
35:01Le problème
35:03de cette organisation, c'est que
35:05du côté des gagnants, aujourd'hui, on crée du burn-out,
35:07c'est-à-dire qu'on pousse tellement tout le monde
35:09à courir de plus en plus vite
35:11qu'il y a de l'épuisement, on crée finalement des ressources
35:13presque inexploitées, et du côté
35:15des perdants, on crée du ressentiment,
35:17puisqu'en fait, les gens, non seulement sont
35:19en situation d'échec,
35:21et en plus, on leur dit que c'est de votre faute,
35:23vous n'avez pas fait les bons choix, vous n'avez pas été au bon endroit
35:25sur Parcoursup, vous n'avez pas fait
35:27le bon choix professionnel, etc.
35:29Et donc, ça crée du ressentiment,
35:31et donc, on ne peut pas créer une société unie
35:33dans une société où on est en compétition
35:35permanente.
35:37La transformation environnementale,
35:39évidemment, c'est un changement de société
35:41majeur, on voit qu'il y a des
35:43freins qui sont nombreux, on voit qu'il y a parfois
35:45le refus, et il s'exprime peut-être encore plus en ce moment,
35:47d'un rythme jugé trop
35:49rapide ou trop imposé.
35:51On peut prendre plusieurs exemples, il nous reste
35:53un quart d'heure dans notre entretien,
35:55on va parler de la mobilité, pour commencer. Déjà, le constat.
35:57Le constat, il est évident,
35:59mais je veux bien l'entendre avec vos chiffres, avec votre expertise,
36:01la voiture, ça reste
36:03le moyen de transport publicité des Français.
36:05Oui, tout à fait.
36:07C'est effectivement le principal moyen
36:09de transport, que ce soit pour
36:11les transports du quotidien, ou pour les transports
36:13pour aller en vacances,
36:15pour plusieurs raisons.
36:17D'abord, tout a été organisé
36:19autour de la voiture,
36:21donc finalement, les gens
36:23ont pu se saisir
36:25de cette possibilité
36:27pour s'installer.
36:29Autre phénomène très important, l'augmentation
36:31des prix de l'immobilier, qui a fait que les gens ont dû s'éloigner
36:33des centres-villes, et donc ils sont d'une certaine
36:35manière piégés avec leur voiture, ils ne peuvent pas faire
36:37autre chose. Et puis, ça reste
36:39aujourd'hui
36:41un moyen de transport pas cher,
36:43contrairement à ce qu'on peut dire,
36:45parce que vous pouvez acheter une voiture
36:47d'occasion,
36:49pas une voiture électrique.
36:51Oui, justement, on va en parler.
36:53Mais vous pouvez acheter une voiture d'occasion pas très
36:55chère, et finalement, du coup, avoir plusieurs
36:57voitures dans votre foyer.
36:59Effectivement, ce n'est pas simple
37:01de faire coïncider mobilité
37:03et défense de l'environnement, et c'est
37:05le sens de la question que notre
37:07invité précédent,
37:09Christophe Rollet, le
37:11directeur général de Point S, vous pose.
37:13Ravi de vous poser
37:15une question. Je voudrais savoir,
37:17à votre avis, quels sont
37:19l'impact des mesures, à la fois
37:21de la Commission européenne et des pouvoirs publics
37:23qu'il y a aujourd'hui, sur l'environnement ?
37:25Est-ce que vous pensez sur l'automobile,
37:27qu'ils sont durables et qu'ils permettent aux consommateurs
37:29à la fois d'avoir ces démarches
37:31pour l'environnement, tout
37:33en maintenant son pouvoir d'achat,
37:35sachant qu'à aujourd'hui, et Point S est bien
37:37placé pour le savoir,
37:39la conjugaison, l'addition des deux n'est pas
37:41toujours une équation
37:43solvable. On pourrait le dire autrement,
37:45rouler en voiture électrique, c'est trop cher.
37:47Oui, c'est trop cher. Malgré
37:49les aides, et peut-être que la voiture
37:51électrique n'est pas la seule solution.
37:53Aujourd'hui, la
37:55question, c'est comment les gens peuvent continuer
37:57à avoir de la mobilité
37:59en ayant moins d'impact
38:01sur le climat. Il y a
38:03la piste de la voiture électrique qui a été
38:05beaucoup promue.
38:07Notamment par l'Europe.
38:09Il y a cette borne de
38:112035 avec la fin de la vente
38:13des véhicules thermiques.
38:15Tout à fait. On reste sur un modèle de la voiture
38:17individuelle. On essaie de ne pas trop bouleverser
38:19les modes de vie de la population.
38:21Moi, il me semble qu'un élément qui
38:23manque dans l'équation, c'est tout ce qui est
38:25infrastructure de transport collectif.
38:27Ça peut être des infrastructures lourdes, des trains,
38:29etc. Mais aujourd'hui, il y a aussi d'autres types de
38:31solutions. Par exemple, les cars à haute fréquence.
38:33Vous mettez en place des cars, c'est
38:35moins cher. Vous n'avez pas besoin de 10 ans pour mettre
38:37en place la solution.
38:39Et ça marche très bien. Les gens ont
38:41un moyen de transport qui est régulier, qui est
38:43fiable et qui utilise la route.
38:45Donc, essayer de développer aussi
38:47des solutions de transport
38:49collectif et pas seulement
38:51des solutions de transport individuel.
38:53Mais ça, ça dépend de qui ? Des collectivités locales,
38:55essentiellement. Collectivités locales et
38:57de l'État, de la puissance publique.
38:59Et effectivement, il me semble qu'on fait les choses un petit peu
39:01à l'envers. C'est-à-dire qu'on demande aux gens de changer
39:03leur mode de vie. On leur dit que ce n'est pas bien d'abandonner
39:05votre voiture, elle pollue trop. Mais on n'a
39:07pas vraiment de solution de remplacement.
39:09Et aujourd'hui, la population
39:11est un petit peu piégée.
39:13C'est souvent un argument qu'on entend.
39:15On aurait dû développer les
39:17transports en commun avant d'imposer la voiture
39:19électrique.
39:21On le voit par exemple
39:23dans les grandes villes où il y a eu un
39:25développement des pistes cyclables.
39:27C'est en développant les pistes cyclables que
39:29l'usage du vélo a progressé et pas
39:31l'inverse. Parce que vous demandez aux gens de prendre leur vélo
39:33et ils sont dans une ville où il y a des
39:35dangers permanents, ils ne vont pas les prendre.
39:37Et on en revient au thème
39:39de votre livre, à cette question
39:41de faire société, de cohésion sociale.
39:43Ça signifie quoi ? Ça veut dire qu'on a
39:45des millions de Français qui se sentent
39:47exclus de cette transition environnementale,
39:49en tout cas sur la thématique
39:51de la mobilité. Donc,
39:53avec quel ferment
39:55de fractures sociales,
39:57justement ? C'est certain qu'aujourd'hui
39:59il y a ce sentiment,
40:01et on l'avait vu dans le mouvement des Gilets jaunes,
40:03que c'est toujours au même qu'on
40:05demande des efforts,
40:07et un sentiment un peu d'injustice sociale.
40:09Et l'exemple
40:11le plus emblématique
40:13de ça, c'est par exemple
40:15la question du transport en avion.
40:17C'est-à-dire, les Gilets jaunes disaient
40:19oui mais nous on nous taxe quand on prend la voiture
40:21mais par contre les voyages en avion
40:23eux sont plutôt
40:25favorisés. Donc il y a besoin
40:27d'une forme de justice sociale
40:29pour le coup, d'efforts
40:31qui soient partagés par tous, pour que
40:33les gens se mettent en mouvement. S'ils ont le sentiment
40:35que c'est simplement une partie de la population
40:37et notamment les classes moyennes à qui on demande des efforts,
40:39ça va être compliqué.
40:41Autre thème, les événements climatiques
40:43extrêmes, sécheresses,
40:45canicules, inondations que
40:47l'actualité nous réserve
40:49en ces mois d'hiver.
40:51Ces épisodes se multiplient
40:53et pourtant le climato-scepticisme
40:55il demeure. Comment vous l'expliquez ça ?
40:57Alors, il est quand même beaucoup moins important
40:59qu'il y a une vingtaine d'années.
41:01Aujourd'hui il y a quand même
41:03peu de gens qui remettent en cause le fait
41:05qu'il y a des changements climatiques.
41:07Mais ils disent que ce n'est pas forcément
41:09lié à l'activité humaine. Il y a encore une proportion
41:11relativement importante de Français
41:13qui disent ça. Ou surtout, ils disent
41:15que finalement les solutions, ça peut être des solutions
41:17techniques. C'est-à-dire qu'on va s'en sortir
41:19avec la technologie, on va
41:21trouver des moyens pour capter le CO2
41:23sous terre,
41:25on va trouver des moyens pour se chauffer
41:27en utilisant moins d'énergie.
41:29C'est ce qu'on appelle le techno-solutionnisme.
41:31Et ça c'est un peu l'opinion
41:33dominante dans la société française
41:35qui permet de résoudre l'idée
41:37qu'on n'est pas contre l'environnement,
41:39on n'a pas trop envie de bouger non plus nos modes de vie
41:41et donc on se dit qu'il va y avoir le miracle,
41:43la fée technologie qui va venir nous sauver.
41:45A peu près tous les scénarios
41:47qui sont faits par l'ADEME et d'autres
41:49RTE etc. montrent que ça ne peut pas
41:51être la seule solution. Ça peut être une partie du chemin,
41:53on peut faire une partie des progrès
41:55avec la technologie, mais il va y avoir aussi
41:57besoin de changer les modes de vie.
41:59Prêt pour l'impact, c'est le titre de cette
42:01rubrique, question que je pose
42:03à mes invités, mais là à travers vous
42:05je la pose aux français d'une certaine façon.
42:07Est-ce que vous pensez que les français
42:09sont prêts ?
42:11Vous venez de commencer à répondre à la question
42:13mais finalement à l'inévitable
42:15ou en tout cas aux conséquences du réchauffement climatique
42:17qui est déjà là.
42:19Alors je ne pense pas qu'il y ait une conscience
42:21vraiment complète
42:23de toutes les conséquences
42:25qu'il va y avoir sur le changement climatique.
42:27J'entendais ce matin qu'il y a eu un rapport sur
42:29les pratiques sportives. Comment est-ce que nos pratiques
42:31sportives vont devoir évoluer parce que
42:33les gens
42:35qui font des sports nautiques
42:37le niveau de l'eau va monter,
42:39les sports d'hiver évidemment
42:41sont impactés, mais aussi
42:43les sports de gazon. En fait
42:45toutes nos pratiques quotidiennes
42:47vont être appelées à évoluer.
42:49Je ne suis pas certaine qu'il y ait cette conscience
42:51aussi forte. On sait qu'il va y avoir
42:53un réchauffement climatique, on sait qu'il va y avoir des conséquences
42:55mais on met un petit peu à distance.
42:57Par exemple aujourd'hui, déjà
42:59aujourd'hui, on a à peu près la moitié du
43:01territoire qui est concerné soit par un
43:03risque d'inondation, soit par un risque de sécheresse,
43:05soit par le risque argileux.
43:07C'est-à-dire le fait qu'on puisse avoir
43:09un gonflement rétractation des sols argileux.
43:11C'est quand même énorme.
43:13Je ne suis pas sûre que la population française soit
43:15vraiment consciente de ces difficultés-là.
43:17Est-ce que
43:19le fait d'en être
43:21conscient amènerait forcément
43:23à de nouveaux comportements ?
43:25Pas forcément. C'est ce qu'on a vu dans
43:27beaucoup de travaux en sciences sociales. Ce n'est pas parce que vous savez
43:29quelque chose que vous le faites.
43:31L'exemple typique, c'est celui du fumeur.
43:33Vous savez très bien que c'est mauvais pour vous et pourtant
43:35vous le faites quand même. Dans les changements de comportement,
43:37il peut y avoir d'autres méthodes
43:39que juste la sensibilisation.
43:41Il peut y avoir les méthodes
43:43financières. On vous tape au porte-monnaie
43:45avec les questions de fiscalité.
43:47Ou on vous incite.
43:49On a vu que ça soulève quand même
43:51beaucoup de tensions dans la société française.
43:53Il peut y avoir aussi ce qu'on appelle
43:55les nudges. C'est-à-dire essayer par exemple
43:57des petits coups de pouce. Ou quand vous voyez
43:59que les autres se mettent à agir, vous allez vous aussi
44:01vous mettre à agir.
44:03Je crois aussi beaucoup au discours
44:05sur les bénéfices.
44:07C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on décrit
44:09le changement climatique comme l'apocalypse.
44:11Ça va être la fin du monde. Personne n'a envie
44:13de changer ses comportements pour aller vers la fin du monde.
44:15On se dit qu'on a un comportement
44:17très logique de déni.
44:19Foutu pour foutu, on y va.
44:21Par contre, le fait
44:23de changer ses modes de vie, c'est censé aussi apporter
44:25par exemple si on mange
44:27de manière mieux,
44:29de manière plus bio,
44:31si on s'alimente mieux, on va être en meilleure santé.
44:33S'il y a moins de pollution également.
44:35Par exemple, le levier de la santé,
44:37ça peut être un levier qui fait bouger les comportements
44:39beaucoup plus que le levier environnemental.
44:41C'est un enjeu de communication,
44:43de récit, d'imaginaire
44:45d'une certaine façon.
44:47Je crois beaucoup aux imaginaires et à la place
44:49du discours, du récit.
44:51C'est Harari qui explique
44:53qu'en fait, ce qui différencie les hommes
44:55des animaux, c'est que le récit
44:57leur permet de se mettre en mouvement et ils vont créer
44:59des entreprises, ils vont créer des religions,
45:01ils vont créer des choses qui vont faire que, collectivement,
45:03ils vont se mettre en route. Et moi, je suis assez d'accord
45:05avec ce point de vue.
45:07Yuval Noah Harari, qui est l'auteur de Sapiens
45:09et de Nexus, c'est son dernier
45:11livre sur les réseaux d'information,
45:13toujours voyageur, à l'intelligence
45:15artificielle, livre passionnant que je vous
45:17conseille.
45:19Si on reste face à cette
45:21question des catastrophes naturelles,
45:23ce que disent les Français, 75%
45:25des Français ne se sentent pas bien
45:27préparés face aux inondations.
45:29Le chiffre, c'est 73%
45:31quand on parle des incendies de forêt,
45:33et c'est 59% des Français qui ne se sentent
45:35pas bien préparés quand on parle
45:37de la canicule.
45:39Est-ce qu'on est en train de parler d'éco-anxiété ?
45:41Oui, tout à fait.
45:43C'est une façon
45:45d'incarner l'éco-anxiété ?
45:47La difficulté, c'est qu'aujourd'hui,
45:49on est beaucoup sur l'anxiété,
45:51on dit tout ce qui va mal se passer
45:53et on n'explique pas forcément aux gens ce qu'ils doivent faire.
45:55Et donc, ça crée
45:57une forme d'impuissance
45:59et effectivement
46:01d'éco-anxiété, notamment chez les jeunes,
46:03et qui vient alimenter
46:05le fait qu'on a des problèmes de santé mentale
46:07aujourd'hui, notamment chez les jeunes,
46:09avec le Covid,
46:11mais c'est quand même des signaux un peu alarmants
46:13parce que la jeunesse, c'est aussi celle qui doit
46:15apporter un peu d'énergie dans notre société.
46:17Donc si
46:19on a des taux comme aujourd'hui
46:21de personnes qui sont en syndrome dépressif,
46:23etc., aussi importants, ça doit nous questionner.
46:25C'est l'une des raisons de la baisse de la natalité
46:27aussi dans notre pays ?
46:29C'est plus complexe que ça ?
46:31La baisse de la natalité, alors déjà,
46:33c'est un peu...
46:35Ça serait caricatural de dire éco-anxiété, baisse de la natalité.
46:37Je pense qu'il y a plein de phénomènes.
46:39Il y a le fait qu'on vit moins
46:41en couple, donc
46:43mécaniquement, on fait moins d'enfants.
46:45On se met plus tardivement en couple,
46:47aussi. Également,
46:49le fait qu'on a envie, de la même façon
46:51qu'on a envie d'être un individu autonome,
46:53on a envie que son enfant soit un individu
46:55qui ait toutes les chances de son côté, et donc
46:57peut-être qu'on aura un petit peu moins d'enfants pour pouvoir
46:59s'en occuper un petit peu mieux, donc ça va aussi avec
47:01l'individualisation.
47:03Et puis, il y a
47:05aussi des phénomènes d'inquiétude par rapport
47:07au niveau de vie, par rapport
47:09au chômage, donc...
47:11Et puis après, il y a aussi tout ce qui se joue du côté
47:13de l'égalité homme-femme.
47:15On sait qu'en France, on avait
47:17une natalité assez importante,
47:19notamment parce qu'on a,
47:21par exemple, des systèmes de garde et...
47:23On parlait de miracle français.
47:25C'est vrai qu'en se comparant aux autres pays européens, alors on reste
47:27un pays avec un taux de natalité
47:29plus élevé que les autres, mais notre taux a quand même
47:31bien baissé. Voilà. Donc, il y a peut-être des questions
47:33qui se jouent autour de la place des femmes
47:35et le fait que les femmes ont envie d'avoir vraiment
47:37les mêmes carrières que les hommes aujourd'hui et également
47:39donc, en miroir, la place des hommes.
47:41C'est-à-dire qu'on parle beaucoup du fait qu'il faut que
47:43les femmes évoluent
47:45dans leur carrière, mais il faut aussi que les hommes
47:47évoluent dans leur vie familiale pour qu'il y ait vraiment
47:49une parité.
47:51Je vous pose cette question parce que ça a évidemment des conséquences
47:53économiques et sociales qui sont
47:55importantes. Notre système
47:57de protection sociale,
47:59notre système de retraite, il repose sur un
48:01nombre d'actifs importants. Est-ce qu'il n'y a pas une
48:03forme de déni, là aussi, aujourd'hui,
48:05en France ? Alors, il me semble qu'il y a d'autant
48:07plus une forme de déni qu'il y a
48:09un rejet massif de l'immigration.
48:11Or, ça pourrait être
48:13un des paramètres de l'équation.
48:15On voit bien que... Oui, c'est soit on fait plus de bébés,
48:17soit immigration, soit des robots pour
48:19faire le boulot des humains.
48:21Mais jusqu'à présent, on n'a pas complètement
48:23réussi à remplacer les humains par des robots.
48:25Même si, effectivement, il y a une partie
48:27des tâches qui
48:29sont remplacées.
48:31Donc, il y a, effectivement,
48:33une forme de déni
48:35et une forme de rejet de l'altérité
48:37qui est quand même très forte
48:39dans notre société,
48:41qui pose des questions sur, comme vous le dites,
48:43la pérennité du modèle. Mais c'est vrai
48:45aussi du débat sur les retraites
48:47et le fait de travailler plus longtemps.
48:49C'est-à-dire ? C'est-à-dire
48:51qu'avec cette situation
48:53démographique, il n'y a pas beaucoup de choix
48:55que de travailler plus longtemps. Oui, oui,
48:57c'est vrai. Après, il faut
48:59aussi savoir que le monde
49:01du travail, la pénibilité au travail
49:03a eu tendance à augmenter.
49:05Et donc, les gens sont aussi inquiets de ne pas réussir
49:07à aller jusqu'au bout, en fait, de leur carrière.
49:09Ce n'est pas simplement qu'ils sont flémards
49:11et qu'ils ont envie de se tourner les pouces à la retraite.
49:13Non, je ne suis pas en train de tenir cette histoire-là.
49:15C'est qu'ils sont assez inquiets
49:17de réussir à tenir le rythme.
49:19Et ça, c'est vrai pour les ouvriers.
49:21Mais c'est vrai aussi pour les cadres
49:23qui sont inquiets de ne pas réussir à tenir
49:25le niveau de stress et de productivité
49:27dont on parlait tout à l'heure, permanent.
49:29Je voudrais, il nous reste
49:31une minute trente, qu'on parle quand même de l'eau, du partage
49:33de l'eau, parce que, est-ce que c'est
49:35l'un des thèmes sur lesquels les Français sont peut-être,
49:37justement, on parlait de déni,
49:39les plus réceptifs, c'est-à-dire
49:41les plus conscients, les plus actifs, même, déjà ?
49:43Alors, en tout cas, on a publié récemment
49:45des travaux pour la Caisse des dépôts qui montrent
49:47qu'effectivement, il y a une augmentation
49:49de la proportion de Français qui fait attention
49:51à la manière dont ils utilisent
49:53l'eau, mais
49:55ça va de pair avec un développement
49:57des pratiques qui n'est pas totalement cohérent,
49:59et par exemple, le développement des piscines individuelles
50:01qui mobilisent
50:03beaucoup d'eau. Après,
50:05sur le sujet
50:07de l'eau, il faut savoir que les principaux impacts,
50:09ce ne sont pas les individus, ce sont les entreprises,
50:11et l'agriculture, etc.
50:13Donc, les ménages, c'est une petite
50:15partie du chemin, mais c'est vrai
50:17qu'il y a une prise de conscience par rapport à l'eau
50:19qui n'y avait pas il y a forcément trente ans.
50:21Avec des enjeux de partage.
50:23Guerre de l'eau, le terme,
50:25est certainement trop fort, mais
50:27on voit déjà des frictions,
50:29et on en revient à la question de
50:31faire société, autour de ces enjeux.
50:33Oui, alors il y a des commissions
50:35qui peuvent exister au niveau local
50:37pour essayer de se mettre d'accord entre tous les usages
50:39de l'eau. C'est extrêmement
50:41compliqué, parce que
50:43par exemple, l'activité de tourisme
50:45a besoin de beaucoup d'eau pour se développer,
50:47l'agriculture aussi,
50:49les ménages aussi, et donc,
50:51qui va accepter, finalement, de réduire
50:53son usage de l'eau ? Et effectivement,
50:55il va falloir qu'on crée des cadres de discussion
50:57pour réussir à résoudre ces enjeux,
50:59parce que ça va être des enjeux
51:01de plus en plus importants.
51:02Merci beaucoup, Sandra Wabihan, je rappelle
51:04le titre de votre livre, La Mosaïque
51:06française, comment refaire
51:08société, c'est publié aux éditions.
51:11Flammarion, voilà, on passe tout de suite
51:13à notre rubrique start-up,
51:15la lutte contre le gaspillage alimentaire.
51:20Smartidies avec Thibault Kibler, bonjour.
51:26Bonjour.
51:27Bienvenue, vous êtes le cofondateur,
51:29le directeur général d'Atipic, créé avec
51:31Simon Charmet en mars 2021.
51:34Vous êtes basé à Lyon, c'était quoi l'idée de départ ?
51:36Racontez-moi.
51:37Atipic, c'est l'idée de mon associé,
51:39justement, Simon, fils d'agriculteur dans l'Ardèche,
51:41avec un constat qui était
51:43simple, c'est qu'en fait, en France, on gaspille
51:45des fruits et légumes. Il y a 11% de la production
51:47agricole qui est gaspillée chaque année en France.
51:4911%, c'est un impact énorme du point de vue
51:51environnemental, mais aussi d'un point de vue
51:53économique, parce qu'en fait, 11% de gaspillé,
51:55c'est 11% qui ne va pas dans les poches
51:57des producteurs, c'est un manque à gagner estimé à plus
51:59d'un milliard d'euros. Et c'est ça, le combat d'Atipic,
52:01c'est lutter contre le gaspillage alimentaire. Donc, Atipic,
52:03c'est le premier grossiste de fruits
52:05et légumes moches, on n'aime pas trop ce terme-là,
52:07mais en tout cas, c'est notre combat, c'est lutter
52:09contre le gaspillage alimentaire à la source.
52:11Parce que souvent, ils ne sont pas si moches que ça, ces fruits et légumes.
52:13Qu'est-ce qui fait qu'ils sortent
52:15du circuit de la grande distribution ?
52:17Ou du commerce en général.
52:19Effectivement,
52:21tout simplement, un peu des normes
52:23qui ont été établies, mais qui ne sont même pas des normes légales,
52:25c'est vraiment des normes et des habitudes
52:27de consommation qui ont été mises en place.
52:29C'est nous, consommateurs, mais c'est aussi la grande distribution.
52:31On s'est habitué à moins les acheter, c'est ça ?
52:33Exactement, parce qu'en fait, les produits qu'on vend, ils ressemblent
52:35à ce qu'on peut trouver sur les marchés. C'est un produit
52:37qui est un peu trop gros, un peu trop petit, qui a une tâche
52:39sur la peau. Il y a effectivement
52:41quelques produits qui sont moches, entre guillemets, un peu biscornus,
52:43mais ce n'est même pas
52:4510%, 5% de notre offre.
52:47Quasiment tout ce qu'on vend, c'est vraiment des défauts de calibre
52:49ou des défauts esthétiques qui sont minimes.
52:51Quand je vends une pomme
52:53qui fait 90 grammes, elle est trop petite,
52:55mais elle est toute brillante, elle est parfaite.
52:57En fait, un enfant peut se régaler avec, sans aucun souci.
52:59Donc,
53:01le point de départ, c'est plutôt d'aider
53:03les producteurs, c'est ça ?
53:05À quel point vous les aidez ?
53:07Justement, le point de départ, c'est
53:09vraiment les producteurs. On a même fait un
53:11sondage, on est assez content, récemment,
53:13pour voir ce qu'on a fait avec eux.
53:15Il y a 81% des producteurs avec qui on travaille
53:17qui nous ont dit sauver beaucoup
53:19plus de produits grâce à nous. 66%
53:21qui ont même dit qu'ils ont changé leur méthode de récolte
53:23ou de tri pour pouvoir sauver ces produits.
53:25Donc, on voit qu'on a vraiment un impact à la source
53:27chez les producteurs en proposant ce nouveau
53:29débouché parce que, je leur disais,
53:31un produit qui est gaspillé, oui, ce n'est pas bien
53:33pour la planète, mais ça ne leur apporte rien. Donc, c'est vraiment
53:35une grosse plus-value pour eux que de pouvoir
53:37vendre ces produits-là.
53:39Pourquoi ils ont dû changer leur méthode ?
53:41Parce que, spontanément, ils savaient
53:43reconnaître le fruit qui n'allait pas passer,
53:45c'est ça ?
53:47Il y a deux cas de figure. Il y a les produits
53:49qui sont récoltés en plein champ. Je prends un exemple des carottes,
53:51des patates. Là, c'est des machines
53:53qui passent et tu récoles tout. Là, c'est juste créer
53:55des nouvelles chaînes de tri à la fin. Avant,
53:57c'était des tris qui disaient que ces carottes-là, on ne les vend pas.
53:59Mais il y a aussi des produits plutôt récoltés
54:01dans les arbres, notamment les fruits,
54:03récoltés à la main. En fait, ce n'était même pas récolté, c'était laissé
54:05sur l'arbre. Cela veut dire juste revoir
54:07leur propre quai des charges de récolte pour
54:09élargir leur champ
54:11de choix de produits récoltés.
54:13On est même
54:154 ans après quasiment
54:17la création d'Atypique. Vous en êtes où
54:19du développement ? Comment va
54:21le grossiste ? Le grossiste va bien.
54:23Le grossiste est un peu plus gros maintenant.
54:25On est assez contents. On est maintenant 30 dans les équipes.
54:27On a sauvé plus de 5000 tonnes
54:29de fruits et légumes depuis qu'on s'est lancés. On a
54:31800 clients. On travaille avec des
54:33grands groupes de la restauration collective
54:35comme Sodexo, New-Rest, etc.
54:37On a de la restauration commerciale comme
54:39le groupe Accor. Donc, on est vraiment dans une phase
54:41de grosse expansion. On est à Paris, Lyon,
54:43Marseille. Donc, plein
54:45de beaux projets avec une ambition
54:47assez claire pour nous pour 2025.
54:49C'est réussir à atteindre la rentabilité.
54:51C'est vraiment notre objectif
54:53de cette année. Alors justement, qui sont vos clients ?
54:55Parce que si nous, consommateurs, on s'est
54:57habitués à rejeter ces
54:59fruits et légumes, peut-être poussés un peu par la
55:01grande distribution. Qui vous les achète ?
55:03Vu qu'on est un grossiste,
55:05on livre les professionnels. Comme je t'expliquais
55:07juste avant précédemment,
55:09la restauration collective,
55:11les cantines, les cantines scolaires,
55:13les cantines d'entreprise, les médicaux
55:15sociaux aussi, tout ce qui est EHPAD et hôpitaux.
55:17Et la restauration commerciale.
55:19Donc là, ça peut être tout type de restaurant,
55:21des traiteurs, des cafés. Et on fait
55:23un petit peu d'épicerie. On va même jusqu'aux événements
55:25sportifs. Livrer des grands événements
55:27comme on a livré par exemple le marathon de Paris.
55:29Donc on est capable vraiment d'avoir un champ
55:31de possibles assez large parce qu'on peut livrer
55:33tous les professionnels en fait. Vu que les fruits et légumes sont
55:35pareils. Ils sont juste un peu différents
55:37mais le goût est même.
55:39Est-ce que ça coûte moins cher ? Exactement.
55:41C'est ce que j'allais vous dire. J'allais venir.
55:43Vous me sentez venir là-dessus. Notre positionnement aussi
55:45c'est de se dire, en passant par atypique,
55:47bien sûr vous faites un geste envers la planète, mais aussi
55:49vous faites des économies. Et c'est pas
55:51que le cœur du projet. Parce qu'on se dit, il faut faire des
55:53économies, d'accord. Mais aussi on propose
55:55à tous nos clients un ensemble en fait
55:57de visuels pour communiquer sur la démarche.
55:59Parce que pour nous la démarche prend tout son sens quand en fait
56:01nos clients peuvent aussi communiquer sur le fait
56:03qu'ils luttent contre le gaspillage alimentaire
56:05mais qu'aussi ils puissent sensibiliser
56:07leur convive ou les consommateurs sur
56:09qu'est-ce que c'est le gaspillage alimentaire chez les producteurs.
56:11Donc on fournit des affiches qui expliquent c'est quoi
56:13un produit déclassé, c'est quoi les raisons du déclassement.
56:15Donc ils sont gagnants à la fois financièrement
56:17mais aussi au travers de l'image.
56:19Merci beaucoup Thibault, Kibler et
56:21bon vent à Atypique.
56:23C'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
56:25Merci à toutes et à tous de votre fidélité
56:27à la chaîne des audacieuses et des audacieux.
56:29Salut, je vous dis à demain.