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00:00Chaque matin, on découvre un métier, métier pour le moins insolite.
00:03La plupart du temps, en tout cas, pratiqué par un tourangeau.
00:06C'est avec vous, Emilie Mendoza, dans C'est mon boulot.
00:08Bonjour Emilie.
00:09Bonjour.
00:10Et quand je dis insolite, c'est vrai que...
00:11Alors évidemment, on sait ce que c'est.
00:12Mais c'est vrai que ce n'est pas un métier qui est très courant.
00:14En tout cas, votre invité ce matin est batteur, batteur de jazz.
00:17Et les amateurs de jazz en Touraine le connaissent bien parce qu'on le trouve tous les lundis
00:21au Strapontin à Tours.
00:22C'est Patrick Filleul.
00:23Bonjour Patrick.
00:24Bonjour.
00:25Je me disais bien que je l'avais déjà vu.
00:26Vous êtes invité dans moult concerts par Mons et par vous.
00:29D'ailleurs, quand on est batteur de jazz, on ne travaille qu'en Touraine ou il faut
00:33s'exporter un petit peu partout en France pour bosser ?
00:36Partout en France, partout dans le monde.
00:38Dans le monde, carrément ?
00:39Partout où on nous appelle.
00:40Alors, est-ce que vous avez des groupes précis ou est-ce que vous travaillez en freelance
00:47? Je dépanne par-ci, je joue avec un tel par-là ?
00:49Moi, je joue avec quatre groupes régulièrement.
00:53Jodie Steinberg, Mélissa, Lesni, mon groupe, mon trio, et puis Swing Together, et puis
01:00j'accompagne aussi le fils de Francis Lemarque, Michel Corbe.
01:04D'ailleurs, on joue samedi à Paris, à Boulogne, je vais être dans le coin.
01:08Donc, qui dit quatre groupes, dit répétition ?
01:11Bien sûr, répétition, travail, et puis travail personnel aussi, tous les matins.
01:15Ça consiste en quoi le travail personnel ?
01:17Comme je te disais, je me lève à 6h tous les matins et je commence par une heure de
01:21tambour silencieux.
01:22Tambour silencieux ?
01:23C'est à dire ?
01:24C'est sur un pad, c'est pour ne pas réveiller les voisins.
01:28Avec un casque ?
01:30Oui, avec un casque et un métonneur.
01:32C'est un peu comme des vocalistes ?
01:34Non, mais c'est une heure minimum.
01:35Il paraît qu'être batteur, c'est la chose la plus compliquée quand on fait de la musique
01:41parce qu'il faut avoir une coordination, un sens de coordination des quatre membres.
01:46Il faut commencer très tôt, il y a le cerveau aussi, les deux mains, les deux pieds.
01:50Mais vous avez commencé très tôt ?
01:51Non, j'ai commencé à quel âge ?
01:53Oui.
01:54A 18 ans.
01:55Par hasard en plus.
01:56Sur le tard, sur le tard alors.
01:58J'ai commencé par faire du punk.
02:00Rien à voir, effectivement on est très loin du jazz.
02:02Et il faut se spécialiser pour réussir à vivre de la batterie ?
02:05C'est obligatoire ?
02:06Non, absolument pas.
02:07Non, moi c'est juste que j'ai voulu faire de la batterie jazz à partir d'une trentaine
02:13d'années quand j'ai rencontré quelqu'un qui m'a poussé à faire ça et puis c'est
02:17la musique que j'aime.
02:18C'est la musique que j'ai toujours entendue tous les matins, réveillée par mon père.
02:22Il y a beaucoup d'impro dans le jazz, c'est vrai.
02:24Il y a peu de choses décrites, il y a peu de partitions.
02:26Les chorus ne sont pas écrits, mais les thèmes sont écrits avec des mises en place.
02:30C'est là où il y a le travail important du tempo et de la mise en place et de la musique.
02:35Est-ce qu'il y a une routine ? Vous nous disiez tous les matins une heure de batterie,
02:40alors qu'on s'imagine souvent les artistes, voilà, aujourd'hui à la cool, demain un
02:46concert.
02:47Non, non, non.
02:48En fait, chacun est différent, mais moi, je me donne vraiment des choses à faire tous
02:55les jours pour pouvoir progresser.
02:57Donc, le travail du tambour, le travail de la batterie, j'apprends les morceaux, même
03:03si je les connais, mais je les rejoue et puis après, il faut chercher les concerts.
03:07Pardonnez la question, mais on dit toujours les musiciens, les artistes, c'est un peu
03:09des saltimbanques.
03:10Est-ce qu'on arrive à en vivre franchement de ce genre de métier ?
03:14Oui, je suis intermittent, je suis intermittent du métier.
03:16Mais c'est un vrai métier, bien sûr, mais on en vit quand même.
03:19J'en vis.
03:20Je ne serai jamais riche, mais j'arrive à manger, à payer mon loyer et à vivre, simplement.
03:27Il faut prendre soin de son corps, puisque moi, je m'imaginais une heure de batterie
03:32le matin, canard de Carpien.
03:33C'est pour ça, pour ne pas avoir mal.
03:35C'est pour ne pas avoir mal.
03:37J'y vais tout doucement, tous les matins, je ne force pas et puis une fois que je sens,
03:41parce que maintenant je connais mes poignets et je sens que ça y est, je peux y aller.
03:45C'est très physique la batterie.
03:46Il y a le film Whiplash, pour ceux qui aiment le jazz et qui veulent découvrir ce qu'est
03:49un batteur de jazz.
03:50Je ne sais pas si c'est une référence.
03:51Non, ce n'est pas mon truc.
03:52Mais il enseigne à la fin.
03:55C'est incroyable le mec, mais ça fait trop militaire pour moi.
03:59Ce n'est pas votre vision du jazz en tout cas ?
04:01Non, pas du tout.
04:02On vous retrouve lundi prochain au Straponta.
04:05Merci beaucoup Patrick d'être venu nous parler du quotidien d'un batteur de jazz.